DURGA COMME MAYA

Mental et buddhi

Gaura Krishna

4ème discours - 6 octobre 1997


Om Ganeshaya Namah

 

Mes frères et mes soeurs, pranams

Yogi Ramsuratkumar Jaya Guru raya !

 

Pourquoi chante-t-on le mantra : "Om Ganashaya namah" ? C'est pour suivre ce que nous avons dit hier, pour appeler en nous la sagesse. Comme on l'a vu, Ganesh représente l'intellect éclairé, la buddhi. En ce sens, il est fils de Shivji. Tous les dieux sont des serviteurs de la Conscience. Tous les dieux ne sont pas à l'extérieur, ils sont tous en vous, en nous-mêmes.

Alors, pour bien faire comprendre, je vais essayer de prendre quelques exemples entre la Conscience et Maya.

Dans les Écritures hindoues, vous connaissez tous l'histoire où Shivji et Parvati demandent à leurs deux fils, Kartikeya et Ganesh, de faire le tour de l'Univers. Il y en a un tout de suite qui part comme un fou, et il s'en va, il s'en va au loin, tandis que l'autre réfléchit, va en lui-même et juste fait le tour de Shivji, et il a fait le tour de l'Univers. C'est çà la différence entre manas, la tête, le mental, qui est représenté par Kartikeya, et buddhi, l'Intelligence. Buddhi sait que la Conscience est là, est là-même où l'on est, à l'intérieur de soi, tandis que le mental tout de suite réagit et fonce n'importe comment n'importe où, et Kartikeya est revenu très très longtemps après. C'est çà la différence. Lorsque l'on fait appel à Ganesh, 'Om Ganeshaya Namah', on ne part pas comme un fou, on ne réagit pas. C'est çà c'est une expérience de tous les jours. Lorsque vous êtes à l'usine, que vous travaillez et que votre chef vous fait une remontrance, par exemple, la première des choses, le mental, la tête, tout de suite va dire : "Ah, l'imbécile, il m'énerve celui-là, je vais essayer de le rattraper quelque part", çà ne sert à rien, vous vous emballez, çà c'est Maya, vous êtes pris dans le piège de Maya. Donc la buddhi consiste à se dire : "O.K., c'est la lila du Seigneur et point final." Ça c'est un premier exemple.

Un autre exemple. Vous voyez ici un blanc, vous faire un discours. Automatiquement vous avez des idées : "Oh là, les blancs, oh là!" Mais çà c'est Maya. Est-ce que vous me connaissez ? Vous ne me connaissez pas. Vous connaissez le corps, vous voyez qu'il est blanc, c'est l'apparence çà, Durga Ma, l'énergie, l'apparence que prend Durga Ma, mais l'atma à l'intérieur, vous ne connaissez pas, vous ne me connaissez pas. Mon Guru dit : "Toumhara nam Krishna hai." "Mei Bharatmata ka putra hou" ("Ton nom est Krishna". "Bharat Mata est ma Mère") . Mais vous voyez un corps blanc. Alors automatiquement, ,votre mental s'en va. Si vous disiez "Om Ganeshaya namah", vous iriez à l'intérieur de vous-même et vous verriez l'atman. Et c'est ainsi qu'avec tous nos frères et soeurs on se comporte tous les jours, au lieu de faire appel à Ganesh, à l'intelligence, à la buddhi, à la sagesse qu'il y a en nous, tout de suite on s'en va, on galope, on fait n'importe quoi. Çà, c'était un deuxième exemple.

Un troisième exemple : mon Guru, Yogi Ramsuratkumar, avait jadis un chien. Il avait appelé son chien "Sai Baba". Un jour, un dévot de Satya Sai Baba vient à Tiruvannamalai pour avoir le darshan de Yogi Ramsuratkumar et, pendant la conversation, Yogi Ramsuratkumar appelle son chien : "Eh Sai Baba, Sai Baba, come here !". Le dévot de Satya Sai Baba devient complètement fou : "Comment ? Comment ! Mais c'est une honte ! Un hindou qui appelle son chien Satya Sai Baba ! C'est un sacrilège ! Moi, quand j'aurai un chien je vais l'appeler Yogi Ramsuratkumar !" Çà c'est manas ! Et buddhi, Ramsuratkumar, a répondu aussitôt, en riant : "Ah, tu feras bien, comme cela, à chaque fois que tu appelleras ton chien, tu penseras à moi." C'est çà la différence. Voir toujours l'âme dans les choses, le fond des choses, aller au-delà de Maya.

Autre chose, autre exemple : Durga Ma, Durga Mata. On va vu que Durga Mata devenait toutes les choses de l'Univers puisqu'elle était Adi shakti, l'Energie primordiale. Cette Adishakti devient tout, que ce soit les tables, les chaises, etc..., tout cela ce sont des formes prises par Adishakti, mais vous appelez çà une chaise, ou un bureau, ou une fenêtre. En fait ce sont des formes de Durga Mata. Donc là aussi c'est une illusion. Nous vivons constamment dans l'illusion. mais si même dans les choses vous voyez Durga Mata, vous respecteriez plus les choses. Si vous voyiez Ram dans les autres, parce que chacun a Ram en lui, vous respecteriez plus les choses. Actuellement nous sommes dans une civilisation où, comme on l'a vu, les jeunes ont perdu leur culture sauf ici, parce que c'est un village béni, mais tout le monde parle en créole. Une seule chose, si tout le monde, si seulement tous les hindous revenaient au salut hindou, anjali : "Namaste", au lieu de se serrer la main, excusez-moi de le dire, comme des crétins, Namaste, c'est le respect. Namasté, qu'est-ce que çà veut dire, c'est le respect de l'autre, çà veut dire : "Toi et moi sommes un", c'est le plus beau salut qui puisse exister. Je vais vous expliquer d'où vient le serrage de main. Parce que c'est tout à fait Maya, vous voyez les blancs faire çà alors automatiquement tout le monde fait çà. On veut faire comme les blancs parce que les blancs ils ont des pantalons qui sont beaux, etc., etc. Çà c'est complètement Maya ! Le serrage des mains, cela vient des temps médiévaux en Europe où il y avait des chevaliers qui se battaient en duel avec des grandes lances et avant le combat ils se rencontraient et ils se serraient la main, ils se serraient la main le plus fort possible, pour dire : "Moi, JE suis le plus fort ! Moi JE vais te battre !", pour bien montrer la force. Et maintenant tout le monde, au lieu de dire (en faisant l'anjali) : "Toi et moi sommes un, en le Seigneur, en Shivji", tout le monde dit : "voilà, çà c'est moi, çà, regarde comme je suis fort !" Voilà ce qu'on est devenus ! Voilà ce qu'est devenue la civilisation hindoue ! C'est absolument déplorable, vraiment déplorable. C'était un autre exemple.

Autre exemple encore : Durga Ma est devenue tout. Elle est devenue aussi la terre, et vous l'appelez Bhumi Ma. Alors d'un côté, vous croyez que Bhumi Ma c'est une déesse, là dans le ciel, non, Bhumi Ma elle est là, là, ici, autour de vous, partout. Et alors vous faites des grandes prières à Bhumi Ma : "Oh Bhumi Ma, oh donne-MOI ci, donne-MOI çà, etc... Bhumi Ma, Bhumi Ma, Bhumi Ma, grande déesse !" Et puis d'un autre côté vous lui jetez toutes vos ordures, sur Bhumi Ma. Vous jetez vos papiers, vos plastiques, vos bouteilles de Coca Cola vides, etc... Non ! Il vaut mieux ne pas faire de prières à Bhumi Ma, mais il vaut mieux respecter Bhumi Ma. Çà c'est une vraie prière ! Çà c'est la vie de tous les jours ! La religion çà n'est pas quelque chose qui se passe dans le ciel, il n'y a pas d'un côté un bureau, ici la pharmacie, la salle de bains, et ici le travail, ici la santé, ici la religion. La religion c'est tout. Votre respiration, çà n'est pas vous qui dites : "oh là là attention, faut pas que j'oublie de respirer sinon je vais mourir !" Non, vous respirez automatiquement, c'est Dieu en vous qui vous fait respirer à chaque seconde. Chaque geste de la vie, chaque seconde de la vie est religion. Religion, çà veut dire 'se re-lier', religare en latin, ce qui relie l'homme, ou la femme, ce qui relie l'être humain à Lui-même, à Dieu en lui. Yoga, qu'est-ce que çà veut dire, yoga ? Çà vient de la racine sanskrite 'yuj-'. Çà veut dire 'relier, unir'. Religion et yoga, ce sont des termes qui veulent dire e-xac-te-ment la-même-chose. Donc il vaut mieux à la limite quelqu'un qui ne croit pas en Dieu du tout, un athée, mais qui respecte Bhumi Ma, que quelqu'un qui dit "ah, Bhumi Ma, donne-moi çà" et qui crache dessus. Imaginez que vous ayez un fils qui vous dit : "Ah Mama j'taime bien ! Ah Mama ! Mei tum se piar karte hou ! Ah Mama Mama !" et puis qu'est-ce qu'il fait ? Il va chercher de la boue et il vous la jette dessus ! On fait exactement la même chose, mais on ne s'en rend pas compte ! Maya ! Maya ! Maya ! Illusion, illusion ! Tout est comme çà. Donc il faut essayer : "Om Ganeshaya Namah", d'aller au fond de soi-même, pour voir où est la vérité profonde des choses.

Hier je me suis fait traduire quelques questions, et il y a des jeunes qui posaient des questions sur la Durga Puja, qu'est-ce qu'il faut mettre, s'il faut mettre des champignons, des noix de coco, des ceci, des cela, etc. Au fond des choses, je dis bien : au fond des choses : peu importe ce que l'on met, peu importe parce que le but, c'est d'offrir son coeur. Le but c'est d'offrir son coeur, et sa tête, pour oublier sa tête. On s'offre soi-même, à Durga Ma ! Alors d'où viennent toutes es pujas, etc... Pourquoi faut-il faire ceci, faut-il faire cela ?

Au Satya Yuga, il y a très très longtemps, il y a des millions d'années, et non pas il y a des milliers d'années comme on le croit - çà c'est Maya aussi, qui fait croire que l'homme a commencé seulement il y a 5.000 ans - pendant le Satya Yug, au temps des rishis, les rishis avaient une conscience divine, ils étaient en harmonie complète avec le Sanatana Dharma, avec la Loi Eternelle, avec la Conscience Divine. C'est pour cela que les mantras leur venaient automatiquement. Il y a quatre âges dans un Mahayuga : Satya Yug, Treta Yug, Dvapar Yug, Kali Yug. A la fin du Satya Yug, la conscience de l'homme n'est plus divine. On pourrait dire qu'à cause du désir, et la tête qui commence à marcher, l'illusion commence à venir et le 4/4 de conscience, d'une conscience de 100 % la conscience à la fin du Satya Yug est de 75 % et l'ego, le mental, de 25 %. Alors, au début du Treta Yug on ne comprend plus bien le Veda, déjà, et c'est pour çà qu'après les Puranas sont venus. En fait, il est complètement fou de rejeter les Puranas, toute la vérité est aussi dans les Puranas, même si c'est la Smriti, mais elle y est sous forme symbolique, sous forme de symboles, comme Ganesh est un symbole, sous forme de symboles. Si vous ne faites pas appel à buddhi, jamais vous ne comprendrez, jamais vous ne comprendrez les Écritures. J'ai donné un exemple hier pour expliquer, je ne me rappelle plus ... J'avais aussi expliqué quel était le véritable sens intérieur du Ramayana. Si vous ne faites pas appel à buddhi, vous n'y arriverez jamais. A la fin du Treta Yug, la Conscience est de 50 % et l'ego de 50 %. L'ego devient de plus en plus fort, et au bout d'un moment même l'homme n'arrive plus à comprendre le sens des Puranas. Il croit effectivement qu'il y a Ganesh dans le ciel, il commence à croire çà. Alors là çà devient dramatique, mais c'est comme çà. L'inconscience, l'Ignorance gagne du terrain. Alors, à la fin du Dvapar Yug, qu'est-ce qu'on fait ? On en vient au rituel, et c'est là où naissent les pujas. Vous ne verrez jamais Krishna dans un mandir, vous ne verrez jamais Ram dans un mandir. Si vous l'avez vu, dites-le moi. Jamais, jamais ! A cette époque là, çà n'était pas nécessaire pour l'être humain parce que l'homme avait parfaitement conscience que "Sarvam kalu idam Brahma", que Dieu était partout, que Dieu était tout, que Durga Ma était toutes les choses. Il n'y avait pas besoin. Maintenant l'homme est devenu tellement ignorant qu'il a besoin d'un mandir, qu'il a besoin de faire des pujas. Alors pourquoi en fait faut-il toutes qualités de... il ne faut pas les mêmes herbes pour ceci, les mêmes herbes pour cela, çà dépend des dieux, etc... ? En fait, c'est pour obliger l'être humain à se concentrer sur la déité, sur la divinité à laquelle il va rendre culte. C'est pour que l'esprit sache exactement, pense toujours à Durga Ma. Le temps qu'il prépare toutes ces affaires, il est obligé de penser à Durga Ma, c'est fait pour çà. Mais hélas, encore maintenant, les gens ont complètement oublié le sens du rituel et ils ne pensent plus à Durga Ma, ils pensent : "Ah, il faut... ah, j'ai oublié le til'anis là, ah !". Ils pensent à çà seulement, ils ne pensent plus à Durga Ma ! Alors maintenant, pour le Kali Yug, tous les grands sages ont dit : il n'y a plus qu'une seule chose, et çà c'est la plus grande des choses pour le Kali Yug, c'est la répétition, le japa du Nom Divin, le japa du Nom de Dieu. Pourquoi ? C'est très simple. Au début du Satya Yug, l'homme avait, vivait dans la Conscience Divine. A notre époque, au Kali Yug, l'homme ne vit plus dans la Conscience Divine, il vit dans la Conscience de ses chaussures ou des vêtements qu'il va porter demain, ou etc. Il a complètement oublié le Divin. Donc il s'est complètement oublié lui-même. Le but de toute ces pujas, maintenant, c'est de faire en sorte que l'on se souvienne de Dieu, que l'on prenne conscience que Dieu est partout. Et pourquoi dit-on qu'il faut faire le japa du Nom de Dieu, RamNam, etc... Parce que si vous avez sur les lèvres, constamment, le Nom de Dieu, vous avez constamment dans l'esprit la pensée de Dieu. Et c'est le seul moyen dans un monde, dans notre monde qui devient de plus en plus fou, surtout à Maurice où vous voulez imiter les occidentaux et voyez les occidentaux... Il y a en France 4 fois la population de Maurice qui est au chômage, mais vous voulez imiter ces gens-là ! O.K. ! Mais enfin, voyez ce que çà donne ! Quand on va dans l'illusion, on tombe.

 

Durga Mata ki Jai !

Yogi Ramsuratkumar ki Jai !

Rama Nam ki jai !

Chitrakut ki jai !

(Suite : 5ème discours)