Les secrets du Mahabharata
Mahabharat ke Rahasya

 

Révélation faites en état de transer par la réincarnation du Sringi Rishi,
confiées à Gaura Krishna pour traduction et diffusion)

(Traduction du hindi de Raghunath DAYAL
Revue avec notes par Gaura Krishna)

 

Histoire de la mangouste

Chers Munis! Lors du Treta Yuga, alors que le roi Raghu gouvernait, il arriva qu'il ne plut pas pendant longtemps.. La terre était devenue sèche et chaude et la famine était apparue. Le roi était alarmé. A ce moment, le Maharshi Udanga commença à rassembler des shakalyas (ingrédients pour l'offrande) pour un Mahayajna (grand sacrifice). Cela lui prit à peu près quinze jours. Il réunit tout ce qu’il fallait et il partit dans une grande forêt où il exécuta la cérémonie. Les Devas furent comblés de joie par ses offrandes et il commença par conséquent à pleuvoir.

Cher Munis ! Il arriva qu'une mangouste qui vivait dans le voisinage arriva après que le sacrifice (yajna) fût terminé et elle essaya de se plonger dans les restes du sacrifice mais, comme il n'y avait pas assez d'eau, seule la moitié de son corps se transforma en or. Puis la mangouste commença à passer des jours et des jours dans l'attente qu'un autre sacrifice du même genre puisse se faire pour avoir une chance de se plonger dans les restes de ce sacrifice afin que la moitié restante de son corps puisse aussi devenir de l'or. Des jours passèrent dans cet espoir et le Dvapara Yuga arriva.

Au Dvapara, le roi Yudhisthira accomplit le Rajasuya Yajna. Ce sacrifice fut accompli avec grand éclat. Toutes les ressources royales furent utilisées. La grandeur de ce sacrifice fut au-delà de toute description. La mangouste y arriva aussi et elle se baigna dans les restes du sacrifice. Mais la partie restante de son corps ne se transforma pas en or. Elle devint alors très triste. Le Maharaja Yudhisthira lui dit alors : "Mangouste, pourquoi es-tu si triste ?" La manouste répondit : "Jadis le Maharshi Udanga accomplit un sacrifice qui n'était pas aussi grand que le tien mais qui eut pour résultat de faire venir la pluie. Je tentai alors de plonger mon corps dans les restes de ce sacrifice, mais ceux-ci n'étant pas suffisants, seule une moitié de mon corps put y être plongée et cette moitié se transforma en or. Ô Yudhisthira, tu as toi accompli un si grand sacrifice que j'espérais que la moitié restante de mon corps se transformerait aussi en or si je me plongeais dans les reste de ce sacrifice, aussi y ai-je plongé mon corps mais j'ai été déçue. L'autre moitié de mon corps n'a pas pu se transformer en or. Telle est la raison de ma tristesse. Je suis incapable de comprendre quelle sorte de sacrifice est celui qui n'a pu transformer en or la partie restante de mon corps."

En entendant cela le roi Yudhisthira fut troublé. Voyant son anxiété, la mangouste lui demanda : "Pourquoi es-tu troublé ?" Le Maharaja Yudhisthira répondit : "La raison de mon trouble est d'avoir accompli un tel sacrifice sans qu'il puisse transformer en or la moitié restante de ton corps. Aussi semble-t-il que mon sacrifice ne valait rien."

A ce moment, Maharaj Krishnachandra qui était un yogi qui connaissait les seize kalas (sciences) dit : "Tais-toi, mangouste. Des jours plus sombres sont à venir où toute sorte d'ignorance se répandra dans le monde. Le progrès humain s'arrêtera. A cette époque-là, même cette moitié de ton corps qui est en or ne le restera pas."

Chers Munis ! tout ce que Krishna a dit s'est réalisé. Comme il a été dit par Mahanandji à plusieurs occasions : à l'époque moderne, l'un déclare être Brahma, d'autres disent qu’à l'époque actuelle il n’est pas nécessaire de faire des actions, un autre dit qu'il est l'incarnation de Krishna et un autre qu'il est une âme libérée. Mais toutes ces affirmations ne font qu'égarer le monde. L’homme doit accéder à la connaissance et doit partager avec le monde quelques éléments essentiels de sa vie. Le monde ne bénéficiera en rien de notre corps, si ce n'est par les intellectuels. Un intellectuel est celui duquel jaillit des flots de nectar. Et tous ceux qui reçoivent ce nectar deviennent immortels. Mon fils ! quel est ce flot ? C’est celui des Vedas. Si l'on apprend les Vedas, on ne restera jamais dans l’ignorance.

Selon les dires de Mahanand, les gens disent que Maharaj (roi) Krishna avait épousé seize mille femmes. Mais à dire vrai ils ne comprennent pas qui sont ces Gopis avec lesquelles Maharaj Krishna Chandra passait son temps. C'étaient les seize mille hymnes des Vedas en compagnie desquels Maharaj Krishna Chandra avait le plaisir de passer ses jours. On dit que Krishna connaissait les seize milles hymnes des Vedas et qu'il s’en servait tous les jours. Il s’asseyait dans un lieu tranquille et méditait sur eux. Il jouait avec les Gopis, Nous devons savoir que le développement humain dépend totalement de ces enseignements. Ces enseignements sont divisés en deux parties : spirituelle et physique. Ce n'est que lorsque l'homme est guidé par les deux qu'il atteint son véritable développement : il atteint le but de sa vie.

Mais bon, je dois revenir à l'histoire de la mangouste.Chers Munis ! la mangouste posa une question à Krishna. « On dit que vous êtes maître des seize arts. Comment les avez-vous appris ?" Krishna lui dit alors que chaque individu est composé de ces seize arts. Celui qui connaît ces seize arts en devient le maître. Chers Munis ! Le corps d’un humain est composé de cinq sens de connaissance, de cinq sens d'action, d'un mental, d'une intelligence, d'une conscience, de l’ego et de Madhuvata, le tout fait seize arts. Celui qui les connaît devient un yogi. Le roi Krishna connaissait bien les sens de connaissance et d'action, on l'appelait le porteur des seize arts.

Chers Munis ! Il faut penser à l’enseignement des Vedas. Selon Mahanand, l’homme d’aujourd’hui tâtonne dans l’obscurité. Le progrès de l’homme ne sera possible que par la propagation et l’enseignement des Vedas. Le véritable progrès de l’homme repose sur l’éducation spirituelle et matérielle. Ce ne sont pas mes principes mais ce sont également les propos tenus par nos ancêtres Rishis. Le roi Krishna, les philosophes et les Rishis jusqu’au Dvapara, ont considéré l’Atman et le Paramatman comme des entités séparées. Je ne peux dire ce qui s’est passé et ce qui ne s’est pas passé au Kaliyuga. On a pris l'Atman et le Paramatman pour une seule entité, je ne saurais vous le dire (1). Mes fils ! chacun son chemin, je n'en ai rien à faire. Concentrons-nous sur l’enseignement suprême que Dieu nous a donné. C’est l’enseignement des Vedas par lequel l’homme progressera. Mes fils ! Je ne dis pas et je n’ai jamais dit que tout ce je dis doit être considéré comme vrai. J’ai toujours dit : tout ce qui vous semble vrai, prenez-le, et ce qui ne vous semble pas vrai, rejetez-le. Je n’aurai pas de peine.

Chers Munis ! L'homme aujourd'hui pense que le corps de la mangouste s'était transformé en or. Mes fils, son corps n'a jamais été transformé en or, cela n'est qu'une expression scientifique. La mangouste avait dit : "Lorsque j'ai reçu les restes du yajna (sacrifice), j'ai ressenti une purification indescriptible de la moitié de mon corps où les restes des offrandes avaient pénétré. J'ai aussi pris les restes des offrandes du yajna de Yuddhisthira mais je n'ai ressenti aucune joie." Le roi Krishna avait répondu à la mangouste : "Mangouste, tes paroles sont justes, mais les temps qui vont venir maintenant seront pire." La mangouste lui demanda alors : "Maharaj Krishna, vous êtes maître de tous les seize arts, pouvez-vous nous décrire le Satya Yuga ?"

Bhagavan Krishna répondit : "Satyuga est la période où les gens apprennent les Vedas. Il n'y a pas de conflit interne, nul n'est en proie à l'attachement ou à la haine. C'est une époque où le Dharma repose sur ses quatre pieds. Au moment où Dharma perd un de ses pieds, on appelle cette époque Treta. C'est le temps où le feu est très puissant mais peu subtil. Puis arrive le Dvapara où le nombre des Devas et des Daityas est égal et Dharma ne tient que sur deux pieds. L'ère où le respect du Dharma vieillit - tout comme le cycle de la vie : enfance, jeunesse, âge adulte et vieillesse - au moment où il ne nous reste que des souvenirs du passé, il faut savoir que c'est le temps du Kaliyuga, où le dharma ne possède qu'un seul pied. Les actions d'adharma dépassent largement celles de Dharma. Narantaka, le fils de Ravana, avait défini le Kaliyuga de la même manière. L'époque où l'on vit avec le monde matériel, où l'on se sert de machines pour répondre à nos besoins, cette période s'appelle le Kaliyuga. Cela ne veut pas dire que l'on n'utilisait pas de machines dans le Satya yuga, le Treta ou le Dvapara."

La mangouste fut satisfaite de la réponse de Krishna. Elle lui dit : "C'est vrai de dire que nous sommes dans le Kaliyuga, mais comment s'appelait votre époque, où Duryodhana avait soif de détruire les Pandavas ?" Krishna répondit : "Mangouste, tu dis la vérité. La réponse est simple. C'était le Dvapara, où le nombre des Devas et celui des Danavas était égal. La moitié de la population était destructrice et l'autre moitié oeuvrait pour le bien d'autrui." La mangouste l'interrogea de nouveau : "Cela veut dire que vous classez Duryodhana dans le rang des Daityas, n'est-ce pas ?" Krishna répondit : "Mangouste, Duryodhana n'était pas un Daitya, mais on l'a classé dans cette catégorie parce que ses actions ressemblaient à celles d'un Daitya. Il a rejeté ma proposition de paix en optant pour la guerre, pour la destruction de ses cousins. Celui qui détruit les Mahatmas s'appelle un Daitya, et jamais un Dharmatma."

Chers Munis, lorsque la mangouste fut sur le point de partir, Krishna lui dit : "Mangouste, ô rishi ! Va chez toi et médite sur le Paramatman, et ne pense plus au yajna de Yuddhisthira. Nous sommes heureux qu'il y ait eu le temps à cette époque pour faire des yajnas, mais viendra le temps où il n'y aura plus rien de la sorte."

Après cette conversation rassurante, la mangouste retourna chez elle. Yuddhisthira était toujours triste et il dit à Krishna : "Mon yajna n'a pas eu les résultats escomptés. La mangouste est repartie bredouille." Krishna le réconforta : "C'est la pure vérité, mais que peut-on faire ? C'était son époque et le présent est la nôtre (2). La politique moderne est d'agir selon les circonstances. C'est dans cette philosophie que réside la véritable évolution de l'homme." Yuddhisthira eut alors le coeur net. (Tritiya Pushpa - 8.3.62).

 

(1) C'est là une des divergences d'avec le Vedanta, divergence prêchée par exemple par Swami Dayananda, le créateur de l'Arya Samaj. Pour notre part, nous ne voyons pas où Krishna fait la distinction entre l'atman et le Paramatman, Lui qui dit dans la Bhagavad Gita : "tous viennent à Moi." Il est d'ailleurs particulier de voir les réserves introduites aussitôt par l'orateur.

(2) Comprendre : le premier a eu les résultats escomptés parce que l'époque à laquelle la mangouste s'était trempée dan sles restes du yajna et avait eu la moitié du corps changée en or était une époque propice aux yajnas, ce qui n'est plus le cas.