10 juin 1992

La Bhiksha du divin Bhikshu

Ma Devaki

 

(paru sans 'Saranagatham de avril 2005)
(mis au présent pour rendre plus vivant)

 

Quelle glorieuse soirée ! Il y avait une telle atmosphère d'intimité et de joie quand les visiteurs se sont assis avec Bhagavan, regardant le ciel qui déversait ses bontés... je vais commencer par le commencement...

C'était le 10 juin 1992. Nous, les soeurs de Sudama, arrivèrent à la résidence de Bhagavan dans Sannidhi street vers 4 heures de l'après-midi et nous fûmes admises immédiatement ! Nous avions apporté deux douces noix de coco et nous les mîmes avec soin à Sa droite. Il donna des fleurs à chacune d'entre nous et nous fit signe de nous asseoir. C'est seulement après que je remarquai une flaque d'eau sous l'une des noix de coco. Après qu'Il ait bu, je m'aventurais à demander : "Bhagavan, puis-je essuyer avec mon sari ?"

- Bhagavan (souriant) : Non, merci.

Le garçon qui garde la grille se sert de son mouchoir et nettoie l'endroit. Puis il s'assied en face de Bhagavan et commençe à éventer. L'auteur français Michel Coquet est assis en face de moi. Dehors, il fait sombre du fait du temps nuageux. Une petite foule s'est amassée et ils commencent à entrer un par un. Une vieille femme qui ressemble à une marchande de légumes s'avance en titubant jusqu'à Bhagavan avec un bâton de marche. Elle tente de se prosterner mais, ce faisant, elle tombe près de Bhagavan, à cause de ce qui semble être un total épuisement. Bhagavan fait signe au garçon de germer la porte. Après un moment, la vieille femme parle dans son Tamil de village : "Sami, voilà trois jours maintenant que je viens ici, je suis restée dehors et je suis repartie. Pas capable du tout de marcher. La tête me tourne. Même pour aller au temple, je ressens de la répugnance et du dégoût. Tout le corps brûle."

- Bhagavan (tendrement) : Ennamma? Mayakkam Varudha? (Qu'est-ce qu'il y a, Amma. Vous vous sentez tourner ?)

- La femme (en tamil) : Oui Sami, même l'année dernière j'étais malade comme cela. Vous m'avez guérie l'année dernière. Cette année, la même maladie s'est emparée de moi. Je ne peux pas balayer ces détritus et ces pelures de fruits comme j'en avais l'habitude. La pensée même de balayer me dégoûte dans mon état actuel.

(Bhagavan donne du sucre candi et lui demande de le manger en lui disant qu'elle sera bien bientôt.

- Bhagavan : Ungallukku Enda Vooru? (Où êtes-vous née ?)

- La femme : Tiruvennainallur.

- Bhagavan : Anga Yarum Erukkangala? Akka, Thangachi, Anna, Thambi, yarum...? (Vous avez quelqu'un là-bas ? Une soeur aînée, une jeune soeur, un frère aîné, un jeune frère ...)

- La femme : Personne, sami.

- Bhagavan : Oho! Sari, enime mayakkam varadhu, soukkiama eruppa, Arunachaleshvarar arul. (Bien, il n'y aura plus de vertige. Vous allez être bien, par la grâce d'Arunachaleshvara !

(La vieille femme part en meilleur état d'esprit et de santé. Bhagavan prend alors l'Indian Express et le Hindu du 2 juin qui portent l'annonce des célébrations d'anniversaire du Kanchi Periyava, y regarde quelque temps et les repose. Il a fait cela tous les jours dans les deux séances depuis quelques jours).

- Bhagavan : C'est aujourd'hui le 9, le 13 c'est l'anniversaire - le jpoint culminant de tous ces jours.

(Il fait de plus en plus sombre dehors).

- Bhagavan (parlant de la vieille balayeuse) : Elle n'a personne - pas de parents. Les riches peuvent vivre dans des maisons pour personnes âgées. Mais des gens comme elle, où vont-ils aller ?

(Ai-je perçu des 'larmes' dans Sa voix ?)

- Bhagavan : A l'Arabindo Ashram, il y a une pièce pour les personnes âgées et il y a des gens pour s'occuper d'elles. (Avec un sourire particulier) Mais pour des personnes comme ce mendiant ou comme elle, seul Arunachaleshvara voit veiller sur nous. Il y a des ashrams qui envoie les personnes âgées à leurs parents. Les gens qui ont travaillé longtemps sont envoyés à leurs parents quand ils deviennent vieux.

- Un fidèle : S'ils n'ont pas de parents, que vont-ils faire ?

- Bhagavan : Ce mendiant ne sait pas !

- Le fidèle : A Tiruvanmiyur, il y a un hospice 'Vishranthi' et un autre, 'Saicharan'. Même les gens riches viennent y rester - leurs propres filles et fils les y laissent parce qu'ils ne peuvent pas veilleur sur eux.

- Bhagavan : Oh! (se tournant vers l'auteur français) Que faites-vous en France ?

- L'auteur français : J'écris des livres. J'ai écrit à peu près 20 livres. Tous sur la philosophie, sur l'Inde et son message spirituel.

- Bhagavan : Les éditions le vendent-ils ? Est-ce qu'il vous donnent de l'argent ? (sourire).

- L'auteur français (souriant) : Oui, Bhagavan. Pas beaucoup ! Cà va. J'écris principalement pour faire passer le message spirituel. (Une pause). Je veux demander une chose. Il doit y avoir des livres sur Bhagavan. Y en a-t-il un sur Lui que je puis lire ? Je veux écrire sur vous, Bhagavan.

- Bhagavan : Oh! vous voulez écrire sur ce mendiant ? (avec un sourire moqueur) Ce mendiant n'a pas de matière. Ce mendiant n'a rien à donner. Pas de matière. (Faisant des gestes avec la main comme pour dire 'Rien').

- L'auteur français (pas intimidé) : Je veux écrire sur votre message. Je n'ai vu jusqu'alors que des livrets...

- Bhagavan : Mais ce mendiant n'a aucun message à vous donner !

- French author : Je pense que Votre vie est Votre message !

- Bhagavan (souriant) : Vous avez déjà écrit un article sur ce mendiant. (ndt: voir cet article ici, paru dans 'Le Monde Inconnu')

- L'auteur français : Certaines choses peuvent être fausses ou insuffisantes.

- Bhagavan (souriant) : Ca ne fait rien. C'est bon. Les vies de Rama et de Krishna ont tant de matière sur laquelle écrire. Pendant des âges, les vies de Rama et de Krishna ont ispiré, et pendant les âges à venir elle continueront d'inspirer des écrivains, des peintres, des poètes, des scrulpteurs...! Toujours fraîches, nouvelles, éternelles, ETERNELLES!

(Maintenant, Bhagavan allume une cigarette).

Quelquesfois en folie, ce mendiant dit : "Les histoires de Rama et de Krishna sont mes histoires. La vie de Rama, la vie de Krishna, c'est ma vie !" Dans un sens normal ce mendiant ne peut pas parler comme cela. Qui le croira? Peut-être, s'il y a quelque chose dans la vie de ce mendiant qui est comme dans celle de Rama ou dans celle de Krishna, ils pourront le croire ! (Montrant son vêtement et son apparence) Mais pas comme cela... personne ne le croira !

(Quelle déclaration rare, rare, est venue vers moi ! J'ai soudain mal aux yeux, avec des larmes qui ne coulent pas et je ressens que Bhagavan et moi nous connaissons depuis des âges et des âges ! Un sentiment inconnu jusqu'à présent me saisit, envoyant des ondes d'extase dans mon corps. Mes mains se joignent d'elles-mêmes et mon coeur saute, embrasé par la joie et l'émotion. Avant de venir à Yogi Ramsuratkumar, Krishna était mon Ishta Devata...)

Dehors, il commencde à pleuvoir. Au milieu de toutes ces révélations, le ministère 'un par un' de Bhagavan continue comme d'habitude, de manière simultanée. Les gens viennent et sortent, emportant azvec eux la richesse de Son amour,l'attention de des bénédictions pleine de grâce. Bhagavan fait sortir le farçon qui garde la grille pour regarder les nuages, il revient et annonce : "Il y en a plein, Swami !"

- Bhagavan (à Lui-même) : Il va pleuvoir ! (Au garçon de la grille) : Sashi, Mazhai venuma, vendama ? ?" (Veux-tu qu'il pleuve ou non ?)

(Le garçon sourit, ne sachant quoi répondre, et se tient tranquille).

- Bhagavan : Enna Sashi, bhadhil venum venam solla mattingala (Quoi, Sashi, tu ne vas pas répondre si tu le veux ou non ?)

- Sashi : Je veux qu'il pleuve, Sami.

- Bhagavan : Oh, tu le veux !

(Bhagavan continue de fumer. Il bénikt aussi le français, quelquefois levant haut Sa main, quelquefois simplement en le regardan tprofondément).

- Bhagavan (à moi) : Quelqu'un peut-il le croire si ce mendiant (montrant de nouveau son vêtement et le fait qu'il fume), avec cet aspect, dit : "Je suis Rama et Krishna !" Quelqu'un pourrait-il le croire ?.

- Moi-même :Pourquoi ? Nous le croyons tous, Bhagavan ! C'est pourquoi nous vous appelons Bhagavan (Bhagavan rit). Oui, Bhagavan. Nous voulons vous entendre le dire encore et encore, car une telle révélation non seulement nous rend très heureux, mais en plus elle renforce notre conviction. Elle nous donne une nouvelle impulsion et nous propulse en avant.

(Juste alors quelqu'un entre et Bhagavan devient tranquille)

- Bhagavan (après une pause) : Krishna a soulevé une colline sur son petit doigt comme cela (montrant Son petit doigt dirigé vers le haut). Ce mendiant peut-il le faire ?

- Moi-même : Peut-être pas littéralement. Mais vous avez soulagé chacun d'entre nous de nombreuses souffrances. Honnêtement, je sens que vous tenez TOUJOURS une colline invisible au-dessus de nos vies, tout le temps. Quelle protection, quelle direction et quelle aide nous recevons ! Krishna ne l'a fait qu'une seule fois. Mais vous... vous le faites complètement dans nos vies ! ... Tout le temps !

- Bhagavan (souriant) : La Grâce de Père ! Tout est fait par Père ! Ce mendiant n'est Rien.

- Moi-même : Je sens souvent que ce nom 'Sudama' que vous avez donné est significatif. De la même manière que Kuchela est aller vers Krishna dans une pauvreté extrême, nous sommes tous venus à vous dans une pauvreté spirituelle. C'est notre fois qu'un jour vous ferez de nous tous un palais spirituel, tout comme Krishna a transformé Kuchelakutir en un endroit doré !

(Il y a soudain une intense expression sur Son visage et Ses yeux deviennent plus perçants. Il nous bénit de Sa main levée qui tient une cigarette, pendant longtemps).

- Un fidèle : Un jour, un dévot m'a raconté que lors d'une de ses visites, alros qu'il était dehors en attendant que vous ouvriez la porte, il a vu cet endroit rempli de lumière et qu'à cette minute, Swamiji faisait les cent pas et que la minute suivante c'était Krishna qui faisait les cent pas ! Cette vision merveilleuse l'a comblé et l'a rempli d'un grand bonheur.

- Bhagavan : Vraiment ! Tout est grâce de Père !

( Soudain Bhagavan expédie un couple qui était assis en face de nous. Très peu de temps après une forte pluie commence à tombr dehors et il y a même un grondement).

- Bhagavan : C'est une très bonne pluie ! Il y a des éclairs et du tonnerre. (Se tournant vers le français) Il veut écrire sur ce mendiant. Mais ce mendiant n'a pas de matière !

- L'auteur français (avec un heureux sourire) : Seulement de l'expérience, Swami !

(Cette conversation fait naître en moi un tas de pensées. Bhagavan continue de dire qu'Il n'a pas de matière... En vérité il s'est mis à mendier volontairement et n'avait absolument aucune possession. Sa Divinité est Son unique possession.

Il peut aussi suggérer qu'en vérité Il est pure conscience et n'a donc RIEN DE MATERIEL... On dit qu'au niveau de la pure conscience, même la création n'existe pas... Le courant de pensées est soudainement rompu quand Bhagavan se lève et sort. Le français me demande si j'ai un livre su Yogiji que je pourrais lui prêter. Avant que je puisse répondre, Bhagavan entre et s'assied.)

- Moi-même : Bhagavan, cet ami français dit qu'il y a un Centre International en France.

- Bhagavan : Quel est cet article : Inde ma mère ...

- Sashi : Oui Swamiji, par J.B. CARCELLE

(ndT : Cet article, portant le nom français de Krishna, est d'abord paru en France, et il paraîtra ensuite en Inde, plusieurs fois). Vous pouvez le lire en cliquant ici).

- L'auteur français : Oui. J.B. Carcelle et moi nous rencontrons quelquefois. Nous parlons de Yogiji. Il est actuellement en Inde, quelque part dans les Himalayas. C'est un homme très agréable, Swamiji.

(n.o.t. : ce jour-là, Krishna était à Gangotri. Il avait déjà eu le darshan de Yogiji en 1990, qui était devenu son guru).

(Il pleut encore dehors. Bhagavan s'étend sur sa natte. Nous chantons Son Nama. Juste alors, une femme arrive et reste dehors. Elle a un parapluie mais elle est complètement trempée. Il est 6 heures moins dix. Le gardien annonce sa présence. Bhagavan se lève immédiatement et lui demande d'ouvrir la porte. Il semble fâché et Il la réprimande en disant :

- Bhagavan : "Eni indha madhiri mazhaila varakkudadhamma (Par la suite, ne venez plus comme cela sous la pluie.)"

- Lady : Quand j'ai quitté la maison, ilne pleuvait pas, Swami...

- Bhagavan (encore en colère) : Oh, ne parlez pas comme cela. Il pleut depuis pas mal de temps ! Ce mendiant n'aime pas quand les gens arrivent trempés comme cela sous la pluie.

Il laisse tomber du prasad dans ses mains et lui dit fentiment en Tamil :

- Bhagavan : "Thuni mathikkanum, Juram wandhudum (Changez de vêtements. (sinon) La fièvre va arriver).

Suelle attention et quelle compassion! Pourtant, comme Il est strict avec les gens ! Toutes Ses paroles de réprimande sont venues de Son amour même et de Sa sollicitude envers les gens. Qui pourrait comprendre cet enfant Divin sensible qui semble parfois un paquet de contradictions !

(Bhagavan s'étend de nouveau).

- Moi-même (avec hésitation) : Bhagavan sait que je note mentalement tout ce qui arrive ici à chaque fois que je fais une visite. J'ai rassemblé ces notes sous le titre : "MIETTES TOMBEES DU BOL D'UN MENDIANT DIVIN."

Bhagavan fait simplement un signe de la tête et dit : "hum" les yeux fermés. Vers 6 heures, la pluie diminue et Il se lève comme s'Il savait ! Puis Il donne des mangues comme prasad et demande avec sollicitude :

- Bhagavan : Comment allez-vous aller ?

Lorsque je réponds "en rickshaw", Il nous quitte immédiatement. En sortant, je ressens que la pluie extérieur est symbolique de la 'Gnana Mashai", la pluie de Ses paroles de sagesse à l'intérieur et je suis heureuse d'être sortie trempée par elle !

 

10th June, 1992

Bhiksha from the Divine Bhikshu

Ma Devaki

 

 

 

What a glorious evening it was! There was such an air of intimacy and joy when the visiting devotees sat together with Bhagavan watching the sky pouring its bounties... i shall begin from the beginning...

The day was 10th June 1992. We, the Sudama sisters reached Bhagavan's residence in Sannidhi street around 4:00 PM and were let in at once! We had carried two tender coconuts and placed them carefully on His right side. He gave each of us some flowers and gestured to us to be seated. It was after i sat that i noticed a pool of water under one of the coconuts. When i began to wonder how to wipe it, Bhagavan called the gate boy to give the coconut water in His coconut shell. After He drank, i ventured to ask, "Bhagavan, can i wipe with my saree?"

- Bhagavan (smiling) : No. Thank you.

The gate boy used his hankerchief and cleaned the place. Then he sat down opposite to Bhagavan and began to fan. The French author Michel Coquet was sitting opposite to me. Outside, there was dull light as the weather was cloudy. A small crowd had collected and they began to come in, one by one. One old woman who looked like a vegetable vendor staggered her way to Bhagavan with a walking stick. She tried to prostrate but in the attempt, unfortunately, fell down near Bhagavan, in what seemed like total exhaustion. Bhagavan gestured to the boy to close the gate. After a while, the old woman spoke in her village Tamil, "Sami, for 3 days now, i have been coming here, would stand outside and go back from there. Not able to walk at all. I get dizzy. Even to go to temple, I feel a reluctance and disgust. The whole body is burning."

- Bhagavan (tenderly) : Ennamma? Mayakkam Varudha? (What is it Amma? Do you feel dizzy?)

- Woman (in Tamil) : Yes Sami, even last year, I was sick like this. You also came to me. You cured me last year. This year, the same illness has come over me. I am not able to sweep those litters and fruit peels as I used to do. The very thought of sweeping is disgusting in my present state.

(Bhagavan gave some sugar-candy and asked her to eat it saying she would be alright soon.)

- Bhagavan : Ungallukku Enda Vooru? (What is your native place?)

- Woman : Tiruvennainallur.

- Bhagavan : Anga Yarum Erukkangala? Akka, Thangachi, Anna, Thambi, yarum...? (Anyone there? Your elder sister, younger sister, elder brother, younger brother...?)

- Woman : None, sami.

- Bhagavan : Oho! Sari, enime mayakkam varadhu, soukkiama eruppa, Arunachaleshvarar arul. (Alright, there will be no dizziness anymore. You will be well, Arunachaleshvara's grace!)

(The old woman left in better frame of mind and health. Bhagavan then took the Indian Express and Hindu of 2nd June that carried the announcement of Kanchi Periyava's Birthday celebrations, looked at it for sometime and kept it down. He had been doing it everyday in both the sessions, for quite some days by then).

- Bhagavan : Today is 9th, 13th is birthday - the day of culmination of all these days.

(It was becoming more and more cloudy outside).

- Bhagavan (referring to the old woman sweeper) : She has no one - no relations. If they are rich, they could live in homes for the aged. But people like her - where will they go ?

(Did i detect 'tears' in His voice?)

- Bhagavan : In Arabindo Ashram, there is a room for the aged people and there are people to look after them. (With a peculiar smile) But for people like this beggar and her, only Arunachaleshvara should look after us. Some ashrams send the old people to their relations. People who have been working for a long time, when they become old, they are sent to their relations.

- A devotee : If they don't have any relations, what will they do?

- Bhagavan : This beggar doesn't know!

- Devotee : In Tiruvanmiyur, there is one old age home 'Vishranthi' and another 'Saicharan'. Even rich people come and stay there - their own daughters and sons leave them there because they could not look after them.

- Bhagavan : Oh! (Turning to the French author) What are you doing in France?

- French author : Writing books. I have written about 20 books. All on philosophy, India and Its spiritual message.

- Bhagavan : Do the publishers sell it? Do they give you money (smile).

- French author (smiling) : Yes, Bhagavan. But not much! It is alright. I write mainly for passing on spiritual message. (A pause). I want to ask one thing. There must be books onBhagavan. Is there any book on Him which I can read? I want to write on you, Bhagavan.

- Bhagavan : Oh! you want to write on this beggar? (Derisive smile). This beggar has no material. This beggar has nothing to give. No material. (Gesturing with hands as if to say 'Nothing').

- French author (undaunted) : I want to write on your message. I have seen only booklets so far...

- Bhagavan : But this beggar has no message to give you!

- French author : I think Your life is Your message!

- Bhagavan (smiling) : You have already written an article on this beggar. (not : to see this article, published in "The Unknown world", click here.)

- French author : Some of it could be wrong or insufficient.

- Bhagavan (smiling) : It doesn't matter. It's alright. Lives of Rama and Krishna have so much material to write on. For ages, lives of Rama and Krishna have been inspiring and for ages to come, it will continue to inspire writers, painters, poets, sculptors...! Always fresh, new, everlasting, EVERLASTING!

(Bhagavan now lighted a cigarette).

Sometimes, in madness, this beggar says, "Stories of Rama and Krishna are my stories. Life of Rama, Life of Krishna is my life!". In normal sense, this beggar cannot talk like that. Will anybody believe it? Perhaps... if there is something in this beggar's life like Rama's or like Krishna's, they may believe it! (Now pointing to His fress and appearance) But not like this... nobody would believe it!

(What a rare, rare declaration had come my way! Suddenly I found my eyes aching with unshed tears and i felt that Bhagavan and I had known each other for ages and ages!! A strong hitherto unknown feeling gripped me sending waves of ectasy through my body. My hands folded themselves and my heart leapt, aflame with joy and thrill. Before i came to Yogi Ramsuratkumar, Krishna was my Ishta Devata...)

It began to rain outside. Amidst all these revelations, Bhagavan's one by one ministry was also going on as usual, simultaneously. People came in and went out, carrying with them, the richness of His love, care and gracious blessings. Bhagavan sent out the gate boy twice to look for the clouds, who came back and announced, "Plenty of them, Swami!"

- Bhagavan (to Himself) : It's going to rain ! (To the gate boy) Sashi, Mazhai venuma, vendama? (Do you want the rain or not?)

(The boy smiled not knowing what to say and kept quiet).

- Bhagavan : Enna Sashi, bhadhil venum venam solla mattingala? (What, Sashi, will you not reply whether you want it or not?)

- The gate boy : O want it to rain, Sami.

- Bhagavan : Oh, you want it!

(Bhagavan kept smoking. He also blessed the French man, sometimes raising His hand high, sometimes merely looking at him deeply).

- Bhagavan (to me) : Can anybody believe it if this beggar (pointing again to his dress and smoking) looking like this, says, I am Rama and Krishna! Can anybody believe it?

- Self : Why, we all believe it, Bhagavan! That is why we address you as Bhagavan (Bhagavan laughed). Yes Bhagavan. We want to hear you say it again and again, for such revelations not only makes us very happy, but also strenghtens our conviction. It gives us a fresh impetus and propels us forward.

(Just then, someone came in, and with that Bhagavan became quiet).

- Bhagavan (after a pause) : Krishna lifted a hill on his little finger like this (showing His little finger upwards). Can this beggar do it?

- Self : Perhaps not literally, yes. But you have relieved every one of us from different sufferings. Honestly, i feel that you are ALWAYS holding an invisible hill over our lives all the time. What protedction, what guidance and help we receive! Krishna did it only once. But you... you are doing it all through our lives!... all the time!

- Bhagavan : Oh! (smiling) Father's Grace ! It is all done by Father. This beggar is Nothing.

- Self : I often feel that this name 'Sudama' you have given is significant. Like Kuchela went to Sri Krishna in utter poverty, we have all come to you in spiritual poverty. It is our faith that one day, you will make everyone of us a Spiritual Mansion, just as Krishna turned Kuchelakutir into a golden place!

(There was a sudden intense expression on His face and His eyes became sharper. He blessed us with His raised cigarette hand, for a long time).

- A devotee : Once, a devotee told me that on one of his visits, when he stood outside waiting for you to open the door, he saw this place full of light and that one minute, Swamiji was walking up and down here - next minute it was Krishna walking up and down! This beautiful sight overwhelmed him and filled him with great bliss.

- Bhagavan : Is it ! All Father's Grace !

(Suddenly Bhagavan packed off one couple seated opposite to us. Very soon after that it began to rain heavily ourtside and there was even rumbling).

- Bhagavan : It is a very good rain ! Thre's lightening and thunder. (Turning to the French man) He wants to write on this beggar. But this beggar has no material !

- French author (with a happy smile) : Only experience, Swami !

(This conversation started a train of thoughts in me... Bhagavan keeps saying He has no material... Indeed He had taken to begging voluntarily and had no material possessions at all. His Divinity is His only possession. He could also be hinting that in truth, He was pure consciousness and hence had NOTHING MATERIAL... They say from the level of pure consciousness, even creation doesn't exist... Suddenly the stream of thoughts was broken when Bhagavan got up and went inside. The French man asked me if i had any book on Yogiji that i could lend to him. Before i answered, Bhagavan came out and sat.)

- Self : Bhagavan, this French friend sayus there is an International Youth Centre in France.

- Bhagavan : What is that article - India my mother...

- Sashi : Yes Swamiji - by J.B. CARCELLE.

(n.o.t. : This article, with the French name of Krishna, has been published first in France. It will be published in India afterwards, several times. You can read it in clicking here).

- French author : Yes! J.B.Carcelle and I meet each other sometimes. We talk about Yogiji. Now he is in India, somewhere inthe Himalayas. He is a nice man Swamiji.

(n.o.t. : this very day, Krishna was in Gangotri. Krishna had already got Yogiji's darshan in 1990, and Yogiji had become his guru).

(Outside, it was still pouring. Bhagavan lazy down on His mat. We were chanting His Nama. Just then one lady came and stood outside. She had an umbrella but was completely drenched. The time was 5:50 PM. The gateboy announced her presence. Bhagavan got up immediately ans asked him to open the gate. He seemed annoyed and rebuked her saying:

- Bhagavan : "Eni indha madhiri mazhaila varakkudadhamma (Do not come like this in the rain hereafter)."

- Lady : When I started from home, there was no rain, Swami...

- Bhagavan (still angry) : Oh, do not talk like this. It has been raining for quite sometime! This beggar doesn't like it if people come drenched like this in the rain.

He dropped some prasad into her hands and said softly in Tamil,

- Bhagavan : "Thuni mathikkanum, Juram wandhudum (Change the clothes. (otherwise) Fever would develop).

What care and compassion! Yet, how strict He was with people! All His words of admonition were born of His very love and concern for people. Who could understand this sensitive Divine child who seemed a bundle of contradictions at times!

(Bhagavan lay down again).

- Self (hesitantly) : Bhagavan knows i note down mentally all that takes place here whenever i visit. i have collected them under the title "CRUMBS FROM A DIVINE BEGGAR'S BOWL."

Bhagavan simply nodded His head in acknowledgement and said "umm" with closed eyes. Around 6, there was some let up in the rain and He got up as if He knew! Then He gave mangoes as prasad and asked concernedly:

- Bhagavan : How will you people go?

When i replied "by autoriskchaw", He left us immediately. As i came out, i felt that the rain outside was symbolic of the "Gnana Mazhai", the rain of His words of wisdom inside and i was happy i came out drenched in that!