Le Soi réel

Swami Rama Tirtha

Conférence donnée le 7 janvier 1903 au Golden Gate Hall de San Francisco

Traduction française : Gaura Krishna

 

Le Dieu Tout-Puissant sous la forme de Mesdames et Messieurs,

Dans le folklore allemand nous entendons parler d'un homme qui avait perdu son ombre. C'est une chose très étrange. Un homme avait perdu son ombre et cet homme dut en souffrir. Tous ses amis l'avaient déserté, toute prospérité l'avait quitté et il se trouvait de ce fait dans un piteux état. Que penseriez-vous d'un homme qui, au lieu de perdre son ombre, perdrait la substance ? Il peut y avoir de l'espoir pour un homme qui ne perd que l'ombre, mais quel espoir peut-il y avoir pour un homme qui perd la substance, le corps ?

Tel est le cas de la majorité des gens de ce monde. La plupart des hommes n'ont pas perdu leur ombre mais leur substance, la réalité. Merveille des merveilles ! Le corps n'est que l'ombre, et le Soi réel, l'Atman véritable, est la réalité. Tout le monde nous parlera de cette ombre, tout le monde nous dira quelque chose et tout sur ce corps, mais comme ils sont peu nombreux ceux qui nous dirons quelque chose et tout sur le réel Soi, l'Âme réelle, l'Atman véritable ! Qu'êtes-vous ? A quoi sert-il de gagner le monde entier et de perdre votre âme ? Les gens tentent de gagner le monde entier mais ils manquent l'Âme, ils manquent l'Atman. Perdu, perdu, perdu. Qu'est-ce qui est perdu ? Le cheval ou le cavalier ? Le cavalier est perdu. Le corps est comme le cheval et l'Atman, le véritable Soi, l'Âme, est comme le cavalier. Le cavalier est perdu, le cheval est là. Tout le monde nous dira quelque chose et tout sur le cheval, mais nous voulons savoir quelque chose sur le cavalier, sur celui qui monte le cheval, sur le propriétaire du cheval. Nous proposons ce soir de connaître ce qu'est le cavalier, le véritable Soi, l'Atman. C'est un sujet profond; c'est un sujet sur lequel les philosophes du monde se sont détérioré le cerveau, sur lequel chacun et tous ont fait de leur mieux. C'est un sujet profond, et il est difficile de rendre justice à se sujet dans ce court laps de temps d'une heure et quelques. Nous tenterons pourtant de le rendre aussi facile que possible en utilisant une illustration ou une histoire.

Ce sujet a été expliqué un jour à un jeune garçon d'environ 15 ou 16 ans, et il l'a parfaitement compris en un court laps de temps. Si ce garçon de 15 ou 16 ans a pu le comprendre, chacun d'entre vous et vous tous serez capables de comprendre parfaitement le sujet, pourvu que vous ayez une attention soutenue, sans partage. La méthode d'exposition sera la même que celle qui fut adoptée dans le cas de ce petit garçon.

Il était une fois le fils d'un roi indien qui, venu voir Rama dans les montagnes, lui posa cette question : "Swami, Swami, qu'est-ce que Dieu ?" C'est une question graave, un problème très difficile. C'est le seul sujet que toutes les théologies et toutes les religions se proposent d'étudier, et tu veux tout savoir en peu de temps. Il dit : "Oui, monsieur, oui, Swami. Où irai-je pour qu'on me l'explique ? Expliquez-le moi." On demanda au garçon : "Cher prince, tu veux savoir ce qu'est Dieu, tu veux faire la connaissance de Dieu mais tu ne sais pas que la règle veut que lorsqu'un homme veut voir un grand personnage, il doit d'abord lui envoyer sa carte, il doit d'abord envoyer au chef son nom et son adresse. Tu veux voir Dieu maintenant. Tu aurais mieux fait d'envoyer ta carte à Dieu; tu aurais mieux fait de faire savoir à Dieu ce que tu es. Donne Lui ta carte. Rama la mettra directement dans les mains de Dieu, Dieu viendra vers toi et tu verras ce qu'est Dieu." "Bien" dit le garçon. "C'est d'accord, c'est raisonnable. Je vais vous faire savoir directement ce que je suis. Je suis le fils du roi etc. etc., je vis dans les Himalayas dans le nord de l'Inde. Voici mon nom." Il l'écrivit sur un morceau de papier. Rama le prit et lut. On ne le mit pas le papier directement dans les mains de Dieu, mais on le rendit au prince et on lui demanda : "Prince, tu ne sais pas ce que tu es. Tu es semblable un illettré, à une personne ignorante qui veut voir ton père, le roi, et qui ne peut pas écrire son propre nom. Est-ce que ton père, le roi, va la recevoir ? Prince, tu ne peux écrire ton nom. Dieu va-t-il te recevoir ? Dis-nous d'abord correctement ce que tu es, et alors Dieu viendra à toi et te recevra les bras ouverts."

Le garçon réfléchit. Il commença à penser et à réfléchir sur le sujet. Il dit : "Swami, Swami, maintenant je vois, maintenant je vois. J'ai fait une erreur en écrivant mon nom. Je ne vous ai donné que l'adresse du corps et je n'ai pas mis ce que je suis."

Un serviteur de ce prince attendait là. Le serviteur ne pouvait pas comprendre. On demanda alors au prince de rendre clair à ce serviteur ce qu'il voulait dire, alors le prince posa cette question au serviteur : "Mr. untel, à qui cette carte appartient-elle ?". L'homme dit : "A moi.", puis prenant un bâton des mains du serviteur le prince lui demanda : "Mr untel, à qui appartient ce bâton ?" L'homme dit : "A moi." "Bien, à qui ce turban qui est le vôtre appartient-il ?" L'homme dit : "A moi." Le prince dit : "Très bien. Si le turban vous appartient, il y a une relation entre le turban et vous; le turban est votre propriété et vous êtes le propriétaire. Alors vous n'êtes pas le turban, le turban est le vôtre." Il dit : "C'est si évident en effet." "Bien, le crayon vous appartient, le crayon est vôtre, et vous n'êtes pas le crayon." Il dit : "Je ne suis pas le crayon parce que le crayon est à moi; c'est ma propriété, je suis le propriétaire." Très bien. Puis le prince demanda à ce serviteur en le prenant par les oreilles : "A qui appartiennent ces oreilles ?" Le serviteur dit : "A moi." Le prince dit : "Très bien, les oreilles vous appartiennent, les oreilles sont les vôtres, par conséquent vous n'êtes pas les oreilles. Très bien. Le nez vous appartient. Comme le nez est vôtre, vous n'êtes pas le nez. De la même manière, à qui est ce corps ?" (en montrant du doigt le corps du serviteur). Le serviteur dit : "Le corps est à moi, ce corps est mien." "Si le corps est à vous, Monsieur le serviteur, c'est que vous n'êtes pas le corps; vous ne pouvez pas être le corps puisque vous dites que le corps est à vous; vous ne pouvez pas être le corps. L'affirmation même : mon corps, mes oreilles, ma tête, ma main, prouve que vous êtes quelque chose d'autre et que le corps avec les oreilles, les mains, les yeux, etc.. est quelque chose d'autre. C'est votre propriété, vous êtes le propriétaire, le maître; le corps est comme votre vêtement et vous êtes le propriétaire. Le corps est comme votre cheval et vous êtes le cavalier. Maintenant, qu'est-ce que vous êtes ?" Le serviteur comprit et fut d'accord avec le prince, disant que lorsque le prince avait mis l'adresse du corps sur le papier et avait voulu dire que cette adresse signifiait la sienne, le prince avait fait une erreur. "Vous n'êtes pas le corps, pas les oreilles, pas le nez, pas les yeux, rien de la sorte. Qu'êtes-vous alors ?" Le prince commença alors à réfléchir et il dit : "Bien, bien, je suis le mental, je suis le mental, je dois être le mental." "En est-il ainsi en vérité ?" La question était maintenant posée à ce prince.

Pouvez-vous maintenant me dire combien d'os vous avez obtenu dans votre corps ? Pouvez-vous dire où se trouve dans votre corps la nourriture que vous avez prise ce matin ? Le prince ne put pas faire de réponse, et ces mots s'échappèrent de ses lèvres : "Bien, mon intellect ne va pas jusque là. Je n'ai pas lu cela. Je n'ai encore rien lu sur la physiologie ou sur l'anatomie. Mon cerveau ne le saisit pas, mon mental ne peut le comprendre."

On demanda alors au prince : "Cher prince, bon garçon, tu dis que ton mental ne peut pas comprendre cela, que ton intellect ne peut pas aller jusque là, que ton cerveau ne peut pas le comprendre. En faisant ces remarques tu confesses ou tu admets que le cerveau est à toi, que le mental est à toi, que l'intellect est à toi. Bien, si l'intellect est à toi, tu n'es pas l'intellect. Si le mental est à toi tu n'es pas le mental. Si le cerveau est à toi, tu n'es pas le cerveau. Ces paroles même qui sont les tiennes montrent que tu es le maître de l'intellect, le propriétaire du cerveau et le souverain du mental. Tu n'es pas le mental ni l'intellect ni le cerveau. Qu'es-tu ? Pense, réfléchis, s'il te plaît. Fais plus attention et fais-nous savoir de manière correcte ce que tu es. Alors Dieu te sera amené et tu verras Dieu, tu seras introduit directement en présence de Dieu. S'il te plaît dis-nous ce que tu es."

Le garçon commença à réfléchir, il réfléchissait, réfléchissait mais il ne put aller plus loin. Le garçon dit : "Mon intellect, mon mental ne peut aller plus loin."

Oh, comme ces paroles sont vraies ! En effet le mental ou l'intellect ne peut atteindre la véritable Divinité ou Dieu au-dedans. L'Atman véritable, le vrai Dieu est au-delà de l'atteinte des mots et du mental.

On demanda au garçon de s'asseoir un moment et de méditer sur ce que son intellect avait atteint jusque là. "Je ne suis pas le corps; je ne suis pas le mental." S'il en est ainsi, ressens-le, mets-le en pratique, répète-le dans le langage du sentiment, dans le langage de l'action; réalise que tu n'es pas le corps. Si tu ne vis que cette pensée, si tu mets en pratique ne serait-ce que cette portion de la vérité, si tu es au-dessus du corps et du mental, tu deviendras libre de toute anxiété, de toute crainte. La peur te quittera lorsque tu t'élèveras au-dessus du niveau du corps ou du mental. Toute anxiété prendra fin, toute peine partira quand tu réaliseras ne serait-ce que cette portion de la Vérité que tu es quelque chose au-delà du corps, au-delà du mental.

Après cela, on aida un peu le garçon à prendre conscience de ce qu'il était, et on lui demanda : "Frère, prince, qu'as-tu fait aujourd'hui ? Peux-tu nous faire savoir, s'il te plaît, le travail ou les actions que tu as accomplies ce matin ?"

Il commença à raconter : "Je me suis réveillé tôt le matin, j'ai pris un bain, j'ai fait ceci et cela, j'ai pris mon petit déjeuner, j'ai beaucoup lu, écrit quelques lettres, j'ai rendu visite à quelques amis, et je suis venu ici présenter mes respects au Swami."

On demanda alors au prince : "Est-ce tout ? N'as-tu pas fait beaucoup plus ? Est-ce tout ? Réfléchis." Il réfléchit et réfléchit encore, puis il mentionna quelques autres choses du même genre. "Ça n'est pas tout; tu as fait des milliers de choses de plus; tu as fait des centaines, des milliers, non, des millions de choses de plus. Tu as fait des actions innombrables, et tu refuses de les mentionner. Cela n'est pas convenable. S'il te plaît, fais-nous savoir ce que tu as fait. Dis-nous tout ce que tu as fait ce matin."

Le prince, en entendant des paroles ausssi étranges selon lesquelles il avait fait des milliers de choses à côté du peu qu'il avait nommées, fut effrayé. "Je n'ai rien fait de plus que ce que je vous ai dit, monsieur, je n'ai rien fait." "Non, tu as fait des millions, des trillions, des quadrillions de choses en plus." Comment çà ?

On demanda au garçon : "Qui regarde le Swami actuellement ?" Il dit : "Moi." "Tu vois-tu ce visage, et le fleuve Ganga qui coule à côté de nous ?" Il dit : "Oui, en effet." "Bien, tu vois la rivière et tu vois le visage du Swami, mais qui fait bouger les six muscles des yeux ? Tu sais, les six muscles des yeux bougent, mais qui fait bouger les muscles ? Ça ne peut pas être quelqu'un d'autre; çà ne peut pas être quelque chose de plus. Ce doit être ton propre Soi qui fait bouger les muscles des yeux dans l'acte de regarder."

Le garçon dit : "Oh, en effet, çà doit être Moi, çà ne peut être rien d'autre."

"Bien, qui regarde maintenant, qui assiste à ce discours ?" Le garçon dit : "Moi, c'est moi." "Bien, si tu vois, si tu assistes au discours, qui fait vibrer les nerfs auditifs ? Ça doit être toi, çà doit être toi. Personne d'autre. Qui a pris un repas ce matin ?" Le garçon dit : "Moi, moi." "Bien, si tu as pris un repas ce matin et que c'est toi qui vas aller aux toilettes pour évacuer, qui est-ce qui assimile et digère la nourriture ? Qui c'est, s'il te plaît ? Dis-nous, si tu la manges ou si tu la rejettes, çà doit être toi qui digères, çà doit être toi-même qui assimiles, çà ne peut être personne d'autre. Ces jours sont révolus où l'on cherchait des causes extérieures pour expliquer les phénomènes de la nature. Quand un homme tombait, on disait que la cause de la chute était un esprit extérieur. La science n'admet pas de telles solutions au problème. La science et la philosophie te requièrent de rechercher la cause d'un phénomène dans le phénomène lui-même."

"Ici tu prends de la nourriture, tu vas aux toilettes et la rejettes. Quand elle est digérée, elle doit être digérée par toi-même, aucun pouvoir extérieur ne vient la digérer; ce doit être ton propre Soi. La cause de la digestion doit aussi être recherchée en toi et non en-dehors de toi."

Bon, jusque là le garçon admettait. On lui demanda alors : "Cher Prince, réfléchis simplement, pense simplement un instant. Le processus de digestion implique des centaines de sortes de mouvements. Dans le processus de digestion, dans la mastication, la salive est émise des glandes de la bouche. Il y a encore le processus suivant d'oxydation. Il y a la formation. Il y a le sang qui court à travers le veines, il y a le même sang qui est changé en muscles de chair, en os et en poils, il y a le processus de la croissance qui fonctionne dans le corps. Il y a énormément de processus qui fonctionnent, et tous ces processus du corps sont reliés au processus d'assimilation et de digestion."

"Si tu prends de la nourriture, c'est toi-même qui es la cause de la respiration; toi-même qui fais courir le sang dans les veines; toi-même qui fais pousser les cheveux; toi-même qui fais se développer le corps, et note ici combien de processus, combien d'actes, combien d'actions nombreuses tu accomplis à chaque instant."

Le garçon commença à réfléchir et dit : "En effet, en effet, monsieur, dans mon corps, dans ce corps, il y a des milliers de processus que l'intellect ne connaît pas, dont le mental est inconscient, et ils sont pourtant accomplis, et ce doit être moi la cause de tout cela, ce doit être moi qui accomplis tout cela; et j'ai en effet fait une erreur en disant que je n'avais fait que peu de choses, seulement peu de choses et rien de plus, peu de choses qui ont été faites par l'opération du processus de l'intellect ou du mental."

On doit rendre cela encore plus clair. Dans ce corps qui est le tien il existe deux sortes de fonctions qui sont accomplies; il y a deux sortes de travaux qui sont faits, involontairement et volontairement. Les actes volontaires sont ceux qui sont accomplis par l'entremise de l'intellect et du mental; par exemple, lire, écrire, marcher, parler et boire. Ce sont des actions qui sont faites par l'entremise de l'intellect ou du mental. A côté d'elles, il y a des milliers d'actions ou de processus qui sont accomplis de manière directe pour ainsi dire, sans l'entremise ou sans l'intermédiaire du mental ou de l'intellect, par exemple la respiration, la circulation du sang dans les veines, la pousse des cheveux, etc.

Les gens font cette erreur, cette bévue flagrante de n'admettre que ces actions qu'ils accomplissent et qui le sont par l'entremise du mental ou de l'intellect. Toutes les autres actions, tous les autres actes accomplis de manière directe sans l'entremise de l'intellect ou du mental sont complètement niés. Ils sont complètement mis de côté, ils sont entièrement négligés, et du fait de cette négligence et de cette erreur, du fait de l'emprisonnement du Soi réel dans le petit mental, de l'identification de l'Infini au petit cerveau, les gens se rendent misérables et malheureux. Les gens disent : "Oh, Dieu est en moi." Très bien, le Royaume des Cieux est en vous, Dieu est en vous, mais cette amande qui est en vous, cette amande c'est vous-mêmes et non la coque. S'il vous plaît, réfléchissez-y sérieusement. Réfléchissez pour savoir si vous êtes l'amande ou la coque, si vous être Lui qui est en vous, ou si vous êtes la coque qui est au-dehors.

Certains disent : "Monsieur, je mange et la nature digère; monsieur, je vois mais la nature fait bouger les muscles; monsieur, j'entends mais c'est la nature qui fait vibrer les nerfs." Notez au nom de la justice, au nom de la vérité, au nom de la liberté, notez simplement si vous êtes cette nature ou si vous n'êtes que le corps. Notez, vous êtes cette nature. Vous êtes le Dieu infini. Si en mettant de côté tout préjugé, en abandonnant toutes les idées préconçues et en rejetant toutes les superstitions, vous réfléchissez sur le sujet, si vous en discutez, l'approfondissez, le sondez, l'examinez, vous deviendrez du même mental que celui que représente ce que vous appelez Rama. Vous verrez que vous êtes l'amande, la nature, vous êtes la nature entière.

La plupart d'entre vous ont compris le sens de l'argument; mais ce garçon, le prince Indien, ne le comprenait pas tout à fait. "Bien", dit-il, "En vérité, j'ai compris jusqu'au fait que je suis quelque chose au-delà de l'intellect." A ce moment-là le serviteur du prince demanda : "Monsieur, rendez cela plus clair pour moi, je n'ai pas encore tout à fait compris." Bien, on demanda à ce serviteur : 'Mr untel, quand vous allez vous coucher, mourrez-vous ou vivez-vous ?" Le serviteur dit : "Je vis, je ne meurs pas." "Et en ce qui concerne l'intellect ?" Il dit : "Je rêve, l'intellect est encore là." "Et lorsque vous êtes en état de sommeil profond (vous savez qu'il y a un état appelé état de sommeil profond, dans cet état on ne voit même pas de rêve), où est l'intellect, où est le mental ?"

Il commença à réfléchir. "Bien, il passe dans le néant; il n'est plus là, l'intellect n'est pas là, le mental n'y est pas." "Mais êtes-vous là ou non ?" Il dit : "Oh, en vérité je dois être là; je ne peux pas mourir, je reste là." Bien, remarquez ici, même en état de sommeil profond, où l'intellect cesse, où l'intellect est, pour ainsi dire, comme un vêtement mis sur un porte-manteau, sur une colonne de lit, l'intellect est enlevé comme un pardessus et mis sur un porte-manteau, vous êtes encore là, vous ne mourrez pas. Le garçon dit : "L'intellect n'est pas là, et je ne meurs pas. Je ne comprends pas tout à fait."

Bien, on demanda au garçon : "Quand tu te réveilles après avoir joui du sommeil profond, quand tu te réveilles, ne fais tu pas d'affirmations du genre : 'J'ai dormi profondément cette nuit, cette nuit je n'ai pas rêvé.". Ne fais-tu pas de remarques de ce style ?" Il dit : "Oui". Bien. Ce point est très subtil. Vous allez tous devoir écouter attentivement. Lorsqu'après s'être éveillé de l'état de sommeil profond, on fait cette remarque : "J'ai dormi si profondément que je n'ai pas vu de rêves, que je n'ai vu aucun fleuve, aucune montagne, dans cet état il n'y avait pas de mère, ni de père, ni de maison, ni de famille, rien de la sorte; tout était mort et parti; il n'y avait rien, rien, il n'y avait rien. J'ai dormi et il n'y avait rien." Cette affirmation est semblable à celle que fait un homme qui a rendu témoignage de la désolation d'un endroit et qui a dit : "Au plus profond de la nuit, à tel et tel endroit, il n'y avait pas un seul homme." On demanda à cet homme d'écrire cette affirmation. Il la mit sur papier. Le magistrat lui demanda : "Bien, cette affirmation est-elle vraie ?" Il dit : "Oui, monsieur." "Bien, cette affirmation est-elle faite par ouï-dire ou est-elle fondée sur votre propre témoignage, êtes-vous témoin ?" Il dit : "Oui, monsieur, je suis témoin. Cela n'est pas basé sur ouï-dire." "Vous êtes témoin qu'au moment mentionné sur le papier et à l'endroit mentionné sur le papier, il n'y avait pas un seul être humain de présent ?" Il dit : "Oui." "Qu'êtes-vous ? Êtes-vous un être humain ou non ?". Il dit : "Oui, je suis un être humain." "Bien, alors, si cette affirmation est vraie selon vous, selon nous elle doit être fausse parce que, comme vous étiez présent et que vous êtes un être humain, la vérité qu'il n'y avait pas un seul être humain de présent n'est pas vraie littéralement. Vous étiez présent. Pour que cette affirmation puisse être vraie pour vous, elle doit être fausse pour nous, parce que pour qu'il puisse n'y avoir personne, il doit y avoir quelqu'un, au moins vous-même, de présent à ce moment-là."

Ainsi lorsque vous vous réveillez après avoir joui de l'état de sommeil profond et que vous faites cette remarque : "Je n'ai rien vu dans le rêve;" bien, nous pouvons dire que vous devez avoir été présent; il n'y avait pas de père, ni de mère, ni de mari, ni de femme, ni de maison, ni de rivière, ni de famille présents dans cet état, mais vous devez avoir été présent; le témoignage même que vous donnez, l'évidence même que vous apportez prouve que vous ne dormiez pas, que vous n'êtes pas allé vous coucher, car si vous aviez été endormi, qui nous aurait parlé du néant de cela ? Vous êtes quelque chose au-delà de l'intellect; l'intellect était endormi, le cerveau était au repos d'une certaine manière, mais vous n'étiez pas endormi. Si vous aviez été endormi, qui aurait fait couler le sang dans les vaisseaux sanguins, qui aurait continué le processus de digestion dans l'estomac ? Qui aurait continué le processus de croissance de votre corps, si vraiment vous étiez tombé dans l'état de sommeil profond ? Vous êtes ainsi quelque chose qui n'est jamais endormi. L"'intellect dort, mais pas vous. "Je suis au-delà de l'intellect, du mental et du corps."

Le garçon dit alors : "Monsieur, monsieur, j'ai compris et je suis arrivé à savoir que je suis un pouvoir Divin, que je suis le pouvoir Infini qui jamais ne dort, jamais ne change. Dans mon adolescence, le corps est différent, dans mon enfance le mental n'était pas le même que celui que j'ai maintenant, le corps n'était pas le même que celui que j'ai maintenant. Dans mon enfance, mon intellect, mon cerveau, mon corps et mon mental étaient entièrement différents de ceux qu'il sont maintenant." Les médecins nous disent qu'après sept ans, l'ensemble du système connaît un changement complet; le corps change à chaque instant et à chaque seconde le mental change, et les pensées mentales, les idées mentales que tu avais dans ton enfance, où sont-elles maintenant ? Enfant tu regardais le soleil comme un beau gâteau mangé par les anges, la lune comme une belle pièce d'argent, les étoiles étaient aussi grosses que des diamants. Où ces idées sont-elles passées ? Ton mental, ton intellect a subi un changement complet, total. Mais tu dis pourtant : "Quand j'étais enfant, quand j'étais garçon, quand je grandirai jusqu'à l'âge de soixante dix ans." Tu fais encore des remarques qui montrent que tu es quelque chose qui était le même dans l'enfance, qui est le même dans l'adolescence, qui sera le même à l'âge de soixante dix ans. Quand tu dis : "Je suis allé dormir, je suis entré dans l'état de sommeil profond, etc.", quand tu fais des remarques de ce genre, cela montre qu'il y a le vrai "Je" en toi, le véritable Soi en toi, qui demeure le même dans le rêve, qui demeure le même dans l'état de sommeil profond, qui demeure le même à l'état de veille. Il y a quelque chose en toi qui demeure le même lorsque tu es évanoui, qui demeure le même lorsque tu te baignes, quand tu écris. Pense simplement, réfléchis, remarque seulement, s'il te plaît. N'es-tu pas quelque chose qui demeure le même en toutes circonstances, immuable en son être, le même hier, aujourd'hui et à jamais ? Si oui, réfléchis simplement un peu plus, pense un peu plus et tu seras immédiatement amené face à face avec Dieu. Tu le sais, la promesse était : connais-toi toi-même, écris ta bonne adresse sur le papier, et Dieu sera immédiatement introduit.

Alors le garçon, le prince, attendu qu'il savait sur lui-même, qu'il en était venu à savoir qu'il était quelque chose qui ne changeait pas, quelque chose de constant, quelque chose qui ne dormait jamais, voulait connaître ce que Dieu était. On demanda au prince : "Frère, remarque, vois ces arbres qui poussent. Le pouvoir qui fait pousser cet arbre est-il différent du pouvoir qui fait pousser celui-là ?" Il dit : "Non, non, ce doit certainement être le même pouvoir." "Maintenant, le pouvoir qui fait pousser tous ces arbres est-il différent du pouvoir qui fait grandir le corps des animaux ?" Il dit : "Non, non, il ne peut être différent, ce doit être le même." "Maintenant, le pouvoir, la force qui fait mouvoir les étoiles, est-il différent du pouvoir qui fait couler les rivières ?" Il dit : "Il ne peut être différent, ce doit être le même."

Bien, alors le pouvoir qui fait pousser ces arbres ne peut être différent du pouvoir qui fait grandir ton corps, il ne peut être différent du pouvoir qui fait pousser tes cheveux. Le même pouvoir universel de la nature, la même Divinité universelle ou l'Inconnaissable, qui fait briller les étoiles, qui fait cligner tes yeux, le même pouvoir qui est la cause de la croissance de ce poil de corps qui tu appelles tien, le même pouvoir fait circuler le sang dans les veines de chacun et de tous. En vérité, et alors, qu'es-tu ? N'es-tu pas ce pouvoir qui fait pousser tes cheveux, qui fait couler le sang dans tes veines, qui te fait digérer la nourriture ? N'es-tu pas ce pouvoir ? Ce pouvoir qui est au-delà de l'intellect, du mental, en vérité tu l'es. S'il en est ainsi, tu es le même pouvoir qui gouverne la force de l'Univers entier, tu es la même Divinité, tu es le même Dieu, le même Inconnaissable, la même énergie, la même force, la même substance que tu peux appeler comme tu veux, la même Divinité, le Tout qui est présent partout. Le même, tu es le même.

Le garçon fut étonné et il dit : "Vraiment, vraiment je voulais connaître Dieu. J'ai posé la question : qu'est-ce que Dieu, et je trouve mon propre Soi, mon véritable Atman est Dieu. Qu'ai-je demandé, qu'ai-je demandé, quelle question stupide ai-je posée ! Je devais me connaître moi-même. Je devais connaître qui je suis, et Dieu fut connu." Ainsi Dieu fut-il connu.

La seule difficulté dans la manière de réaliser cette vérité, c'est que les gens jouent le rôle des enfants. Vous savez, les enfants prennent goût à un genre particulier d'assiette et ne veulent rien manger sauf si çà leur est servi dans les assiettes de leur goût. Ils disent : "Je vais manger dans mon plat, je vais manger dans mon assiette, je ne mangerai rien dans une autre assiette." Ô enfants ! voyez, çà n'est pas seulement une assiette particulière qui est la vôtre; toutes les assiettes de la maison sont vôtres; toutes les assiettes dorées sont les vôtres. C'est une erreur. Si les gens de ce monde se connaissaient eux-mêmes, ils verraient que le véritable Soi est Dieu Tout-Puissant, est le Pouvoir Infini, mais ils ont pris goût pour cette assiette particulière, cette tête particulière, ce cerveau particulier. "Ce qui n'est fait que par le mental est fait par moi. Ce qui est fait par le mental ou l'intellect, cela est mien, et je ne veux rien d'autre; je refuse tout le reste. Je n'aurai que ce qui m'est servi dans cette assiette particulière." Ici arrive l'égoïsme. Ils veulent obtenir tout ce qui est fait au travers de cette assiette et ils s'attribuent le mérite de cette assiette, ils veulent tout avoir, tout accumuler autour de cette petite assiette qu'ils disent être particulièrement à eux, avec laquelle ils se sont identifiés. C'est la cause de tout égoïsme, de toute anxiété et de toute misère. Débarrassez-vous de cette fausse notion; réalisez que votre véritable Soi est le Tout; élevez-vous au-dessus de l'égoïsme intéressé, vous êtes heureux actuellement, vous êtes un avec l'univers entier. C'est une erreur du même genre que celle que le prince a faite. Le prince a posé une colle. Où habitez-vous ? Et il a nommé la métropole de l'état. "C'est l'endroit où j'habite." Ô garçon, cette métropole de l'état n'est pas le seul endroit que tu as obtenu. L'état entier, le pays entier est le tien. Tu vis dans cette métropole, cette capitale de l'état, alors que cette capitale n'est pas le seul endroit qui soit le tien, l'étant entier est tien, ce paysage magnifique, ces scènes féeriques, ces grands décors himalayens, tout cela t'appartient, et pas seulement cette petite ville particulière.

C'est l'erreur que font les gens. On peut appeler cet intellect ou ce cerveau la métropole ou la capitale de votre vrai Soi, l'Atman. Vous n'avez aucun droit de revendiquer cela pour vous-mêmes et de dénier tout le reste; cette petite métropole du cerveau, cette métropole du mental ou de l'intellect n'est pas le seul endroit que vous ayez obtenu. Le vaste monde, l'univers entier est vôtre. Les soleils, les étoiles, les lunes, les terres, les planètes, les voies lactées, tout cela est vôtre. Prenez conscience de cela. Retrouvez votre droit de naissance et toute anxiété, toute misère cessera.

Les gens parlent de liberté; les gens parlent de salut. Qu'est-ce qui vous a d'abord attaché ? Si vous voulez être libre, si vous voulez obtenir le salut, vous devez savoir quelle est la cause de votre servitude. C'est exactement comme le singe de la fable. En Inde, on attrape le singe d'une très étrange manière. On fixe un grand bol à col étroit dans le sol, et on y met quelques noix et autres aliments que les singes aiment. Les singes montent et fourrent leurs mains dans le bol à col étroit et remplissent leurs mains de noix. Le poing devient gros et il ne peut sortir. Là on attrape le singe; il ne peut pas sortir. On l'attrape bizarrement, étrangement.

Nous demandons ce qui vous a d'abord attaché. Vous vous êtes mis vous-mêmes en servitude et en esclavage. Voici le vaste monde entier, une immense forêt magnifique; et dans ce grand bois magnifique de l'univers entier on trouve un récipient à col étroit. Qu'est-ce que ce récipient à col étroit ? C'est votre cerveau; ce petit cerveau, à col étroit. Dedans se trouvent quelques noix et les gens se sont emparés de ces noix et tout ce qui a été fait par l'entremiise du cerveau ou par l'intermédiaire de cet intellect est possédé par soi-même. "Je suis le mental". est ce que tout le monde dit; tout le monde s'est pratiquement identifié au mental, "Je suis le mental", "Je suis l'intellect", et il prend une grosse poignées de ces noix du récipient à col étroit. C'est ce qui vous rend esclaves, c'est ce qui vous rend esclaves de l'anxiété, esclave de la peur, esclaves des tentations, esclaves de toutes sortes de troubles. C'est ce qui vous attache; c'est la cause de toute la souffrance de ce monde. Si vous voulez le salut, si vous voulez la liberté, lâchez simplement prise, libérez votre main. Toute la forêt est vôtre, vous pouvez sauter d'arbre en arbre et manger toutes les noix et tous les fruits du bois, ils sont tous vôtres. Le monde entier est vôtre; débarrassez-vous simplement de cette ignorance égoïste et vous serez libre, vous êtes votre propre sauveur.

Créant une famine là où existe l'abondance,
(Est-ce juste ? Non, ce n'est pas juste, ce n'est pas convenable.)
Créant une famine là où existe l'abondance,
Voici ton ennemi, si cruel envers ton petit soi,
Il ne doit pas en être ainsi, cela ne doit pas se faire,
Dans ton propre bourgeon tu t'ensevelis, content,
Tu gaspilles et es grippe-sou.
Ne sois pas grippe-sou, ne sois pas pingre.

C'est pingrerie que de donner toute cette propriété et de te confiner que dans les quelques choses de ce petit cerveau.

Tu verras que ton cerveau deviendra d'un pouvoir infini si tu réalises ton unité avec le Tout. Aussi mets-toi en parfaite harmonie avec le monde entier.

Oh, nous ne pouvons attendre plus longtemps,
Ô âme, nous prenons aussi le bateau,
Nous nous lançons aussi sur les mers sans chemins
Sans peur des rivages inconnus, pour voguer sur les vagues de l'extase.
Au milieu des vents flottants (toi me pressant sur toi, moi te pressant sur toi, Ô Âme).
Fredonnant librement, chantant notre chant de Dieu,
Chantonnant notre chant de douce exploration
Avec rire et beaucoup de baisers,
(Laisse les autres désapprouver, laisse les autres pleurer pour le péché, le remords, l'humiliation)
Ô âme, tu me plais, et je te plais.
Ah, plus que tout prêtre, Ô âme, nous aussi croyons en Dieu,
Mais nous n'osons pas badiner avec le mystère de Dieu.
Ô âme, tu me plais, et je te plais.
Voguant sur ces mers ou sur les collines, ou marchant dans la nuit,
Des pensées, de silencieuses pensées du Temps, de l'Espace et de la Mort, comme des eaux qui coulent,
Me portent en vérité comme par les régions infinies,
Dont je respire l'air, dont j'entends les murmures; laisse-moi partout,
Baigne moi, Ô Dieu, en toi, en montant vers toi
Moi et mon âme pour nous ranger près de toi
Ô toi transcendant,
Sans nom, la fibre et le souffle.
Lumière de la lumière, répandant des univers, toi leur centre,
Toi puissant centre du vrai, du bien, de l'affection,
Toi, fontaine morale, spirituelle - source de l'affection, toi réservoir,
(Ô mon âme pensive -Ô soif insatisfaite - n'attends-tu pas là ?
Ne nous attends-tu pas, heureuse, quelque part là, parfait compagnon ?)
Toi pouls - toi moteur des étoiles, des soleils, des systèmes,
De ce qui, en cercle, se meut en ordre, en sûreté, harmonieux,
Au travers des vastitudes sans forme de l'espace,
Comment penser, comment respirer un simple souffle, comment parler si, hors de moi,
Je n'ai pu me lancer vers ces univers supérieurs ?
Promptement je me ratatine à la pensée de Dieu,
A la Nature et ses merveilles, au Temps, à l'Espace et à la Mort,
Mais que moi, tournant, je t'appelle, Ô âme, toi, moi véritable,
Et hop, gentiment tu maîtrises les globes,
Tu mates le Temps, souris satisfait à la Mort,
Et emplis, envahis la vastitude de l'Espace.
Plus grande que les étoiles ou les soleils,
Bondissante, Ô âme, tu voyages;
Quel amour autre que le tien et le nôtre pourrait s'amplifier plus largement ?
Quelles aspirations, quels souhaits plus forts que les tiens et les nôtres, O âme ?
Quels rêves de l'idéal ? Quels plans de pureté, de perfection, de force ?
Quel gai consentement d'abandonner tout par amour des autres ?
De tout souffrir par amour des autres ?
Considérant d'avance, Ô âme, lorsque, le temps achevé,
Les mers toutes traversées, les caps désagrégés, le voyage fait,
Entourée, tu attraperas, affronteras Dieu, te rendras le but atteint,
Comme plein d'amitié, d'amour complet, le Frère Aîné trouvé,
Le Benjamin fond de tendresse dans ses bras.

Voguez, marchez vers le vrai Soi; débarrassez-vous de toute cette superstition, de cette superstition du corps. Débarrassez-vous de cet hypnotisme de ce petit corps; vous vous êtes hypnotisés vous-mêmes dans le cerveau ou le corps. Débarrassez-vous de cela, voguez, marchez vers l'éternité, la réalité, le véritable Soi; voyage jusqu'à plus que l'Inde.

Voyage jusqu'à plus que l'Inde !
Tes ailes sont-elles vraiment plumées pour te tels vols lointains ?
Ô âme, entreprends-tu vraiment de tels voyages ?
T'amuses-tu sur des eaux comme celles-ci ?
Fais-tu résonner en bas le Sanskrit et les Védas ?
Que ton penchant soit alors satisfait.
Voyage vers vous, vous rivages, vous redoutables énigmes anciennes !
Voyage vers vous, pour vous maîtriser, vous problèmes étouffants,
Vous, jetés avec les épaves des squelettes qui, vivants, ne vous ont jamais atteint.
Voyage jusqu'à plus que l'Inde !
Ô Secret de la terre et du ciel !
De vous, Ô eaux de la mer ! Ô criques et rivières sinueuses !
De vous, Ô bois et champs ! de vous fortes montagnes de mon pays !
De vous, ô prairies ! de vous, rochers gris !
Ô matin rouge !ö nuages ! ö pluie, neiges !
Ô jour et nuit, voyage vers vous !

Elevez-vous au-dessus du corps, et vous deviendrez toutes ces choses, vous obtiendrez un passage vers tout cela. Vous réaliserez que vous êtes tout cela.

Ô soleil, lune et vous toutes, étoiles ! Sirius et Jupiter !
Voyage vers vous !
Voyage, voyage immédiat ! le sang brûle dans mes veines !
Au loin, ô âme ! lève l'ancre immédiatement !
Coupe les amarres - tire au dehors - déferle chaque voile !
Ne sommes-nous pas restés ici assez longtemps comme des arbres dans le sol ?
Ne nous sommes-nous pas vautrés ici assez longtemps, mangeant et buvant comme de pures brutes ?
Ne nous sommes-nous pas obscurcis et étourdis assez longtemps avec des livres ?
Fais voile - ne gouverne que pour des eaux profondes,
Ô âme téméraire, explorant, moi avec toi, et toi avec moi,
Car nous sommes la limite où le marin n'a pas encore osé aller
Et nous allons risquer le navire, nous-mêmes et tout
Ô mon âme courageuse !
Ô navigue plus loin, plus loin !
Ô joie audacieuse, mais sûre ! Ne sont-elles pas toutes les mers de Dieu ?
Ô plus loin, vogue plus loin !

Om ! Om ! Om !