DEUX JOURS PARMI D'AUTRES
AUX PIEDS DE YOGI RAMSURATKUMAR

(Extrait des notes de C.C. KRISHNA
"Aux pieds de mon Maître - 1995")
(Ces deux jours ont été pris au hasard dans les notes qui n'ont pas
encore été mises en "bon français". Les lecteurs voudront bien pardonner.
 

26 Novembre

Nous allons à la grille pour l’arrivée de Yogiji mais là Mani m'annonce qu’Il ne viendra qu’à 10 heures. Il me demande de venir avec lui et nous faisons pieds nus la pradakshina de l’ashram. Il me dit qu’il ne comprend pas ces gens qui viennent de l’occident et qui n’échangent pas, qui se croient les maîtres, comme M... et ... qui pensent qu’il suffit de demander pour obtenir.

Je vais ensuite prendre le petit déjeuner avec Raja et Shaktivel et nous partons ensuite pour Ramanashram. En cours de route Raja achète des bananes qu’il donne ensuite à manger à toutes les vaches du Ramanashram. Ceci fait, nous nous rendons sur la colline, suivis par un chien de l’ashram. Nous n’allons pas loin. De là je prends quelques vues vidéos sur l’ashram de Yogiji vu d’Arunachala, puis nous rejoignons l’ashram, le cottage et discutons tous les trois.

 

Darshan de 10 h.-

Nous sommes dimanche et il y a plus de monde aujourd’hui. C’est de plus le premier jour du dipam. Il y a plus d’hommes que de femmes mais à la fin du darshan tout sera plein des deux côtés.

Les femmes entrent d’abord. Je m’assois et suis le chant de Aum Sri Ram Jai Ram Jai Jai Ram. Yogiji fait installer la natte et me fais signe d’y venir (Depuis l'arrivée de Krishna, Yogiji a fait poser une natte juste au pieds de l'estrade où il se tient, au centre, et, à chaque darshan, le fait s'y installer.). A ce moment une des soeurs de Sudama chante le mantra et l’autre le reprend. Je le reprends donc avec la seconde (Vijayakka) et bientôt les gens suivent. Après cinq minutes : “ Krishna ! ”. Yogiji m’appelle. Je vais vite m’agenouiller près de lui :

- Yogiji : Krishna, peux-tu conduire le chant pendant quelque temps ? (Krishna, can you lead the song for some time ?)
- Krishna : Oui, Père.
- Yogiji : Alors vas-y. (So, go).

Je vais à l’endroit habituel, reste debout, ferme les yeux, en anjali, et trouve en moi le ton pour ne pas terminer le mantra trop bas. Puis je commence le chant. Alors, vraiment, tout le monde chante ! Je vais chanter ainsi pendant trois quarts d’heure peut-être ! Comme les ventilateurs ne viennent pas sur moi, je finis par suer énormément, les gouttes coulent sur mon visage et mon dos est bientôt trempé. Mais je me sens bien au-dedans. Ainsi Yogiji a-t-il fait que je sois bien concentré et ne pense à rien d’autre (et je redoutais l’inverse, d’ailleurs aujourd’hui sur la natte je gardais les yeux ouverts). Pendant que je chante, je sens que plusieurs personnes viennent près de Yogiji. J’entends parler. Quand quelqu’un est près de lui, je sens que l’attention des gens se reporte sur ce qui se passe car le niveau de décibels décroît pour reprendre juste après.

A un certain moment, comme il semble y avoir du mouvement, j’ouvre les yeux. Je chante depuis au moins une demi-heure. Je vois Shaktivel et d’autres personnes qui amènent près de Yogiji deux jeunes qui semblent être dans une sorte de catalepsie, tremblant comme de graves malades mentaux. Shaktivel et les autres sont obligés de les porter. Je ne sais exactement ce que fait Yogiji du fait que j’ai les yeux fermés. Je ne les ouvre que de temps en temps pour suivre tout de même les opérations. La seconde fois que j’ouvre ainsi les yeux, je vois juste Yogiji “ considérer ” le premier du regard. Puis il fait apporter de l’eau. Je vois le premier boire et redevenir normal ! Au tour du second. On essaie, en lui donnant quelques petites gifles, de le sortir de son état, mais rien n’y fait. Il semble, pour ce que je puis entr’apercevoir lorsque j’ouvre les yeux, qu’on le fasse boire. Bref il redevient lui aussi pratiquement normal et ils sont tous les deux reconduits, sortis d’affaire par Yogiji.

Je continue de chanter. Après un certain temps, Yogiji appelle : “ Krishna ” et me fait signe de venir près de Lui. J’arrête le chant et vais m’agenouiller. Il me tape dans le dos et me dit de m’asseoir quelque temps près de Lui. Je m’assois, en anjali, les yeux fermés. Yogiji tient mes mains, passe ses mains sur mes bras puis met sa main sur mon dos au bas du cou sans l’ôter une seconde. Après un temps, il demande aux soeurs de Sudama de reprendre Aum Sri Ram. Je reprends le chant, aux pieds de mon Maître qui a sa main sur mon dos. J’ai les yeux fermés. Après un temps il dit : “ Krishna ”. J’ouvre les yeux vers lui. “ Tu peux regagner ta place. ” et il me tape dans le dos. Je retourne sur la natte après l’avoir salué ainsi que Ma Devaki.

Le Ram Nam continue, puis Yogiji demande aux soeurs de Sudama de chanter Yoga Sadguru. J’enregistre subrepticement. C’est drôle, alors que je n’ai commencé l’enregistrement qu’après un certain moment du chant, lorsque celui-ci se termine Yogiji leur demande de le rechanter. Il est donc ainsi enregistré en entier...

Puis deux familles au complet viennent faire leurs offrandes ainsi que d’autres personnes. Yogiji enlèvera une guirlande qu’on lui a mise pour la placer au cou d’une petite fille. Puis il demande à la maman d’Armstrong le photographe de venir chanter Arunachala Shiva et bientôt aux soeurs de Sudama de se lever pour chanter ce mantra toutes les trois. A propos du chant de ce mantra, outre bien entendu le “ Aruna jata ” de la fin, il y a quelquefois des ‘conflits de chant’. La maman d’Armstrong chante d’une traite alors que les soeurs de Sudama mettent une syncope juste avant le dernier Arunachala, le “ A ” ne faisant qu’un demi-temps.

Puis c’est le Ramachandra Mangalam. Mani, comme à l’habitude, arrive. Yogiji fait signe aux soeurs de Sudama de partir. Il m’appelle. Je fonce ! Je suis à sa gauche. Il prend ma main droite et je pose la gauche sur la sienne. Je l’aide à se lever. Il remet sa couverture, change de main et me mène au milieu des gens, jusqu’au bout, puis il change de nouveau de main en faisant demi-tour, revient au centre cette fois sans changer. Je suis donc de ce fait à sa droite. Il sort par l’allée centrale, s’arrête pour l’anjali à Raji et me reprend la main gauche jusqu’à la voiture, monte, me bénit. On ferme la portière et la voiture s’en va. Ma Devaki se retourne, je la salue. Les gens se lèvent et sortent.

Shaktivel, que je retrouve avec Raja, m’apprend alors que les deux jeunes qui ont été amenés près de Yogiji ont “ suivi des cours de méditation avec un professeur... ”. Avant d’apprendre que cette phrase s’applique à eux, je dis en riant : “ Je ne savais pas qu’il existait des professeurs de méditation ! ” Bref, voilà dans quel état ils se sont retrouvés. Puis Shaktivel et Raja préparent leurs bagages. Il a été convenu avec Raja que, lorsque je serai à Madras avant de regagner la France, je loge éventuellement chez lui mais que, de toute manière, j’aille rendre visite à la maman de Ma Devaki. Raja n’est pas sur de revenir à l’ashram avant mon départ.

Nous mangeons ensuite puis je les accompagne jusqu’au croisement avec Sudama. Ils vont s’y arrêter avant d'aller prendre le Point to point de 14 h. Je vais chercher de quoi boire puis rentre à l’ashram. Je vois qu’il y a du nouveau devant le hall circulaire : une stèle où est marqué en relief : “ 78 ” (âge de Yogiji) et, devant, une autre stèle circulaire. Je me renseigne auprès de Mani qui est présent : “ Dessus, il va y avoir un Om et on verra Bhagavan sortir de ce Om. ” Je rentre ensuite au cottage.

Vers 15h 15 Muttu arrive avec le chai. Il prend deux tasses et nous buvons tous les deux. Cela me touche. Nous partageons le chai avec bonheur.

 

Darshan de 16 h.-

Il y a du monde et, à la fin , le hall sera plein. Les femmes entrent, puis c’est le tour des hommes. M..., que je laisse entrer, va se mettre en première position et les autres hommes se dépêchent pour être au premier rang. Je vais donc pour m’asseoir au second mais Yogiji, qui a certainement vu, a vite fait mettre la natte et je ne suis pas assis que Muttu me dit de venir m’y installer. Plus tard, à la fin de mon séjour, à Madras, Justice Arunachalam me dira qu’il en est de même avec lui, que Yogiji répare toujours les choses que les hommes essaient d’empêcher. Lui c’est M..., pour moi aujourd’hui c’est M...

Aum Sri Ram. Après quelques dix minutes : “ Krishna ! ”. Je vais m’agenouiller.

- Je voudrais que tu mènes le chant - I would want that you lead the song !
- Oui, Père - Yes, Father.

Pendant plus d’une heure encore je vais chanter le mantra et, de même que ce matin, je serai trempé à la fin. Pendant que les gens reprennent, j’inspire, et j’expire en chantant le mantra. Quand, à la fin du mantra, je termine l’expiration, je visualise mon ego partir, puis j’inspire Yogiji et Jésus et Dieu. Lorsque je chante je pense à Jésus, à Ram, à Yogiji. Je n’ouvrirai pas une seule fois les yeux, comme à l’habitude. Je sens des gens passer près de moi quand ils viennent pour les bénédictions.

Puis : “ Krishna ! ”. Je vais vers Yogiji, difficilement. Il me fait signe de me mettre à Ses pieds, mais je ne sais pas si je dois m’asseoir ou rester. Je m’agenouille devant lui et fais l’anjali en me courbant vers lui. Il me prend alors les mains en anjali et ne les lâche pas. Puis il me passe le bras dans le dos. Je me courbe encore plus, tant je suis ému. Je reste ainsi avec son bras autour du cou dans le dos. Comme je suis ému, en plus en face de tout ce monde ! Puis il me fait signe d’aller me rasseoir et je rejoins ma natte, en saluant aussi Ma.

Il demande bientôt aux soeurs de Sudama d’entonner Arunachala Shiva. A un moment il m’appelle, je me précipite, l’aide à se lever, je suis de son côté gauche. C’est lui qui mène ! Nous ferons ainsi deux fois l’allée centrale et deux fois le côté des hommes. Là il demandera à un jeune homme de quel pays il est avec son ami. “ Corée" répondra-t-il. -"Both of you ? (vous deux ?)' - Yes ”. Mon dhoti lâche un peu, et près de Raji je le remonte subrepticement afin de ne pas marcher dessus. Puis Yogiji rejoint sa place. A ce moment, je vois Muttu avec la camera qui enlève mon sac jaune de ma place, certainement pour que nous puissions passer sans encombre. Yogiji me fait signe de me rasseoir.

Après les deux Mangalam, Mani est là. Yogi me dit de venir. Alors que je suis près de Yogiji pour l’aider à se lever, Muttu enlève la natte et prend mon sac jaune. Yogiji lui fait signe de me l’amener. Puis nous sortons ensemble. Il fait des arrêts dans l’allée centrale. A la voiture, Il me serre la main, je reçois alors le parfum de fleurs, puis il me regarde mais cette fois ne sourit pas. Il est sérieux et hoche un peu la tête. La portière fermée, il me bénit tout de même. La voiture part. Ma Devaki se retourne et me sourit. Je suis toujours en anjali.

Puis vient l’aarti. Il y a du monde. Alors que je suis près de Raji, le coréen vient me parler. Il est en Inde pour faire une étude sur la spiritualité hindoue. Je lui dis de venir au cottage avec son ami. Là je lui explique rapidement la vie de Yogiji jusqu’à aujourd’hui et je réponds à ses questions. Vers 18h 30 Kannan arrive, en dhoti, pour enregistrer. Je dis alors aux coréens que je dois me séparer d’eux mais qu’ils peuvent revenir. Je leur dis : demain à 13h.

Puis j’enregistre Kannan avec le magnétophone et la caméra, en plaçant des bougies pour que l’atmosphère soit recueillie et intérieure, cela avec la photo de Yogiji et Devaki Ma. A la fin de la séance, Kannan me dit qu’il préparera ce soir un discours en anglais et viendra demain pour que je l’enregistre.

Je rejoins ensuite Mani à son cottage et nous mangeons. Raghu, que j’estime décidément de plus en plus (c’est lui qui habite Pondichérry et qui m’avait emmené jusqu’au Vrindavan Hotel l’année dernière en repartant chez lui) me dit qu’il voudrait que nous fassions tous les deux une Pada Puja à Yogiji.

Dans le réfectoire a été installée la télévision et le lecteur de cassettes. Nous nous y rendons après le repas. Il y a Mani, Raghu, Armstrong, Raja, et d’autres, qui vont prendre des notes suivant les indications de Mani. En fait, on prépare la cassette sur l’ashram qui doit être faite pour le Jayanti. On reprend donc toutes les vidéos prises sur Yogiji et l’ashram depuis le début pour prendre les moments importants. Raghu est allongé par terre, la tête sur les genoux d’un employé. Je reste jusque 21h 45 mais, fatigué, je rentre et écris ces notes avant de m’endormir.

 

27 Novembre

Je suis réveillé vers 5h mais ai bien dormi.

 

Darshan de 7 h.-

Après l’installation dans la hutte, où en plus des personnes habituelles (Yogiji bien entendu, Ma Devaki, les soeurs de Sudama, Mani, Raji et Krishna) il n’y a que Chandrasekhar. C’est le silence. Puis Aum Sri Ram Jai Ram Jai Jai Ram est entonné, puis vient la lecture de Swami Ramdas très importante comme d’habitude et qui vient à point. Il y explique notamment aujourd’hui qu’il n’a reçu de diksha de personne. Et aussi que les gens se moquent mais finissent par comprendre. Il y donne un exemple vécu avec un avocat. Je pense bien entendu à R... avec sa diksha !

Puis Aum Sri Ram est de nouveau chanté, et vient ensuite la distribution des hibiscus par Yogiji. Puis c'est le petit déjeuner.

La lumière se fait encore plus en moi. Yogiji est partout. Certains diraient : une extension de conscience, mais non. C’est juste devenir soi, tout. Impossible à décrire. Il n’en reste pas moins que cela est toujours mental et je comprends alors complètement que rien n’est possible sans la grâce du guru. Les larmes me viennent aux yeux et je m’efforce de les réprimer.

Chant tamil Raghunatha puis Yogiji dit aux femmes de partir. Ma Devaki revient : la présence de Yogiji est souhaitée à 10 h. Yogi dit qu’il avait donné son accord sur l’horaire mais qu’ils (ceux qui l’attendent pour dix heures) ont changé maintenant. “ Let me see - Laissez-moi voir ” dit-il.

On se lève. Yogiji me tend la main. Je fonce donc et le reconduis à la voiture. Comme d’habitude le parfum de fleurs m’embrasse.

Yogiji m’éclaire de plus en plus.

Il sait tout. Il est tout. La fausse “ personnalité ” qu’est le soi-disant individu n’est qu’une modification de la conscience.

 

Darshan de 10 h.-

Oh Dieu, Yogiji, Tu me prends dans les sphères...

Il y a du monde aujourd’hui. Dès que je rentre, Muttu installe la natte et je vais m'y placer. Aum Sri Ram. Après un quart d’heure, Yogiji m’appelle : “ Sing the song - chante le chant ”. Aum Sri Ram. Je suis très concentré. Ram est partout. Ram est en tout. Il enveloppe tout, Il est tout. Je suis Ram. Il chante, il répond, il résonne, Ram, Ram, Ram. Je suis très concentré. Il y a même des mouches qui viennent sur les cils et sur les paupières, attirées par la sueur, mais le corps ne bouge pas. Après une demi-heure peut-être, j’entends : “ Krishna ! ”. Yogiji me fait alors signe de rejoindre ma place et la maman d’Armstrong vient chanter Arunachala Shiva. Comme je suis bien alors que je me rassois ! Mon corps est nettoyé, je suis presque sans corps ! Mes lèvres chantent toutes seules Arunachala Shiva. Shiva est partout. Puis les deux soeurs de Sudama, à la demande de Yogiji, la rejoignent pour chanter.

Alors qu’à un moment j’ouvre les yeux, je vois Yogiji debout. Il a demandé à Muttu d’aller chercher trois tasses d’eau et Il les offre lui-même aux femmes qui chantent. Puis, après un instant, il vient et, en passant devant moi, me tend la main. Je me lève comme un ressort. Yogiji me prend très très fermement la main et me mène. Il me mène littéralement. Cela est très symbolique, cela veut dire qu’Il me mène. Je ressens l’Union : Yogiji est la Conscience qui est partout. Mon corps connaît une vibration sublime, et je donne la main à une incarnation du Divin qui me mène. Oui, maintenant, Yogiji, Ram, est partout, n’est plus seulement dans le corps de ce mendiant !

En revenant s’asseoir, Yogiji ne quitte pas ma main. Il s’assoit et de sa main me fait signe de m’asseoir aussi ! Je suis assis à Ses pieds et cela jusqu’à la fin du darshan ! Mon Dieu, encore une bénédiction plus grande, comme pour signifier : “ Oui, Krishna, tu es sur la bonne voie. ”

Je suis assis à Ses pieds, au bas de l’estrade, en anjali. Mon corps a pris de l’ “ éthérisation ”. Je sens l’union avec le Tout. Les chants continuent. Oh Dieu, Oh Yogiji, à Tes pieds, cela veut dire “ Surrender ”. “ Surrender, Krishna, surrender ! ” O Père, accorde-moi ce surrender, je suis si bien à Tes pieds ! Un moment, je me rends compte que j’avais totalement oublié que j’avais des jambes et que l’une d’elles est complètement engourdie.

Après quelque temps, Yogiji demande à la soeur de Sudama de chanter deux chansons en tamil, puis le chant sur les paroles de Tirumular. Lorsqu’elle a terminé, il lui dit : “ Chante cela trois fois ”. Puis il lui demande d’en expliquer le texte mais, avant qu’elle puisse le faire, Mani arrive car il y a des personnes qui doivent venir près de Yogiji pour les bénédictions. Viennent donc les plateaux, les bénédictions et le prasad. Arrive un homme de 87 ans. C’est facile pour moi de le savoir puisqu’étant assis près de Yogiji j’entends tout ce qui se dit lorsque c’est en anglais. Viennent ensuite deux hommes. Yogiji rit très fort avec l’un d’entre eux et lui tape dessus. Avec l’aide de Mani, cet homme dit à Yogiji que les deux Shankaracharyas de Kanchi vont venir pour le Dipam et qu’ils viendront à l’ashram. Il ajoute qu’il y a quatre mois Sri Jayendra Sarasvati a demandé des nouvelles de l’ashram et de Bhagavan.

- Qu’ont-ils dit sur ce mendiant ?

Je ne comprends pas la réponse. Yogiji finit par les bénir et arrêter l’entretien, disant à Mani qu’il va falloir partir. Il se tourne alors vers Rajalakshmi et lui dit :

- N’hésite pas, parle, avec du tamil simple.

Et Rajalakshmi explique le texte de Tirumular. A la fin elle vient faire l’anjali à Yogiji qui retire la guirlande qui lui avait été passée par quelqu’un autour du cou. Il lui dit :

- Crois-tu que tu mérites cette guirlande ? ...... Oui !

Et Il lui met autour du cou. Puis il demande le Ramachandra Mangalam et le mangalam de fin. Il met alors sa main gauche sur mon genou droit. Le mangalam est chanté plusieurs fois ... Puis, au lieu de partir, Yogiji donne le livre à Vijayalakshmi et lui demande d’expliquer le texte de Tirumular en anglais. Elle se lève de l’estrade, en descend et vient saluer Yogiji, mais c’est lui qui la salue, et, prenant ses mains qui tiennent le livre, les porte à ses yeux.

Tout tombe à pic, ô Maître; c’est le texte sur le guru : “ Tu atteindras Dieu dans cette vie si tu vois le Guru ”. Et je suis alors près de Yogiji ! Oh Yogi, Tes voies sont impénétrables. Sans paroles, tu dis tout !

Yogiji a sa main sur mon genou, car ma jambe droite est en équerre contre l’estrade. Il demande de rechanter le Ramachandra Mangalam et le mangalam final, puis dit aux femmes de partir. Je dois me pousser un tout petit peu pour que Rajalakshmi puisse prendre son sac qui est dans mon dos contre le mur.

Alors Yogiji pousse sur mon genou pour se lever. Je quitte donc la position assise et m’agenouille. Il prend ma main. Je l’aide à se lever. Nous atteignons le croisement d’allées quand Il se baisse pour ramasser mon sac jaune ! Je suis atterré ! Je veux dire non, mais peut-on dire “ non ” à son Seigneur ? Alors sort de ma bouche un “ Nhhhhhh ” alors que je me baisse sans lâcher sa main. Yogiji rit et nous ramassons ensemble sans nous lâcher la main. La sienne serre bien la mienne et c’est lui qui mène. Nous sortons par le côté droit (hommes). Comme Raji est occupée à la porte, Yogiji va à son petit bureau par terre, y porte deux fois sa main droite qu'il porte ensuite puis à son front ! Raji se retourne, il bénit. Puis il monte dans la voiture. Yogiji est alors dans un “ good mood ”.

Je vais manger et rentre à 13h 05. Kannan me demande si j’ai quelque chose pour une plaie qu’il s’est faite au talon. Je réponds par l’affirmative et il me dit alors qu’il viendra au cottage ce soir. A 13h25 les coréens ne sont pas venus. C’est qu’ils ne devaient pas venir. Je prends alors pansement et antiseptique et vais à l’entrée pour le pied de Kannan. Muttu filme ...

Si Yogiji était un homme ‘normal’, il ne pourrait tenir. Il est en don de soi perpétuel ! Perpétuel ! Quand je l’aide à se lever, il est toujours trempé !

A 15h20, Muttu vient avec le chai et deux tasses. Super ! Il m’explique que le lait arrive à l’ashram le matin à 4h 30 et, l’après-midi, deux litres à 14h30.

A 15h30, on vient mettre des barres aux fenêtres pour poser des rideaux. A 15h50, je dis à ceux qui s’en occupent de laisser la clef du cottage chez Mani , et je rejoins l’extérieur du réfectoire pour l’attente du darshan. Mani me dit que la vidéocassette est prête. Du moins ajoute-t-il, il y aura deux cassettes et la durée totale sera de 6 heures !

A 16 heures, Yogiji n’est pas arrivé. Mani dit à M... qu’il a tout arrangé pour l’arrivée des américains. Ils auront une maison plus le cottage n° 5. M... va vers lui et lui demande, du fait les américains ne peuvent boire de l’eau, s’il peut leur fournir un pack d’eau minérale Bisleri !!! Je suis stupéfait !! Comme s’ils ne pouvaient aller en chercher eux-mêmes !!! Mani lui dit : “ Et s’il n’y a pas de Bisleri ? ” (l’air de dire : “ vous vous foutez de moi ”). Et l’autre répond : “ Alors de la Pondicherry ”, et il demande que cela ne soit pas trop cher !!! Je comprends mieux ce que Mani me disait lorsque nous faisions ensemble la pradakshina autour de l’ashram !

Yogiji n’arrive que vers 16h 30. Les femmes entrent, Muttu met la natte, je vais m’y asseoir. Aum Sri Ram. Après une dizaine de minutes : “ Krishna ! ”. Yogiji me fait signe de chanter, je rejoins la place et chante pendant environ 10 minutes mais ne parviens pas au même état de concentration que ce matin. Puis “ Krishna !” et Yogiji me fait signe de rejoindre ma place. Alors que je chantais, une femme s’est assise entre les soeurs de Sudama et moi. Un homme est aussi venu qui a parlé une trentaine de secondes avec Père. Père appelle un homme qui est déjà venu chanter un jour. Il a avec lui le dernier livre de chants en tamil sur Yogiji, et il lui est demandé de chanter. Il s’exécute pour une chanson puis Père lui demande d’en chanter une seconde, ce qu’il fait. Puis des shlokas sont chantés et d’autres personnes dans l’assistance (peut-être le brahmane qui va venir après) les chantent aussi. Puis Yogiji lui demande une autre chanson. Il commence mais bientôt le Maître l’arrête. Il semble lui demander une chanson particulière ou sur un sujet particulier et de ne pas continuer si une telle chanson ne figure pas dans le livre. Comme cela ne s’y trouve pas, cet homme rejoint sa place.

Il me semble qu’Arunachala Shiva a été entonné. L’homme de l’hôtel Udipi Brindavan est venu aussi près de Yogiji à qui il a mis une guirlande de fleurs. Après un certain temps, Yogiji me fait signe de venir. Il va se lever. Je me rends vite près de Lui, Il me prend la main et me fait asseoir à son côté ! D’autres personnes viennent, l’une d’elles semble être un prêtre. Puis Ma Devaki lit une lettre à Yogiji qui fait alors venir le brahmane, mais il se trouve qu’il y a erreur sur la personne et que la lettre n’a pas de rapport avec lui. La bonne personne est appelée : c’est un musulman au beau visage et au beau regard. Yogiji et lui s’expriment en hindi. Père le bénit ‘à la manière musulmane’. Puis le prêtre vient et Yogiji lui demande de chanter. C’est pendant qu’il chante, je crois, que Yogiji se lève. Il me serre très fort la main et nous faisons le tour. Je vois un blanc barbu qui semble très recueilli. En revenant, Père change de main : il prend ma main derrière son dos et ainsi, de la sienne, me fait asseoir à ma place. Arunachala Shiva est repris jusqu’aux mangalam. Puis Yogiji me fait signe et nous sortons. Alors que nous sommes dans l’allée centrale, voilà qu’une homme veut lui toucher les pieds. Yogiji pousse alors un “ Hoh ! ” pour que l’autre ne s’exécute pas. Arrêt à Raji. Petite station comme d’habitude à la portière de la voiture. Yogiji serre ma main puis tourne son visage vers moi. Je le regarde après un temps, son regard est très perçant mais très rapide. Il monte dans la voiture et Ravi ferme la portière. Mon Père me bénit. La voiture démarre. Ma Devaki se retourne et sourit.

Puis c’est l’aarti. Raji me demande d’empêcher quiconque de sortir pendant l’aarti. A la fin du rituel, un monsieur vient me voir :

- Krishna Sir, j’ai reçu l’autorisation de Devaki Ma de vous demander ceci. Et il me donne une carte de visite. Nous éditons une revue spirituelle et nous faisons un numéro spécial pour le Dipam et le Jayanti. Pourriez-vous écrire, en anglais, votre expérience avec Bhagavan ?
- Vous avez la permission de Devaki Ma ?
- De Bhagavan.
- Ce sera fait.

Il lui faut avant le 21 décembre. Comme je pars le 17, j’ai le temps mais je vais m’y atteler rapidement afin que l’article soit le meilleur possible. “ 4 ou 5 pages ” a-t-il dit. Le nom de la revue est “ GNANAVAZZHII ”, ce qui signifie “ LA VOIE DE LA CONNAISSANCE ”.

C’est Yogiji qui m’envoie cela, bien entendu.

Je rentre et travaille à l’article. Et j’en viens à noter : “ Je sais que le total surrender viendra, parce que par Sa grâce il doit venir. Et regardez ses voies : en écrivant ces mots, je viens juste de lire un mot de Père dans un livre de chansons tamiles : “ Il dit fermement qu’une fois qu’un disciple a été accepté, le Guru prend soin de lui même lorsqu’il laisse son corps mortel et qu’aussi le disciple n’a rien à craindre pour son développement spirituel. ”