La renaissance spirituelle de l'Inde 1830-1980

Dr. Sujatha VIJAYARAGHAVAN

 

La science d'aujourd'hui, après des recherches complexes, admet par exemple que "la science ne sait rien de la nature réelle des constituants de l'atome. Elle connaît seulement les radiations qui en sorte, mais jamais la source elle-même."

Le retour est alors à la source de la vie, à la Vérité. Nulle part sur le chemin nous ne pouvons, nés de l'esprit de l'Inde, arrêter si nous voulons de nouveau peupler une fois de plus notre pays des hommes les plus sages et les plus compatissants.

Qu'une synthèse aussi parfaite de sagesse et d'amour puisse se faire, telle qu'elle puisse distinguer le Divin de l'ignorance du mortel, cela est attesté par la présence vivante de Yogi Ramsuratkumar (né en 1918) à Tiruvannamalai. Le ministère de cet enfant de Dieu est profond, mystérieux, il embrasse tout et ne peut jamais être convenablement compris ni traduit en paroles.

On trouve en Yogi Ramsuratkumar la brillante harmonie des paradoxes qui est le résultat de tout effort spirituel. Se dissimulant dans le rôle d'un Mendiant, il passé tout son temps à donner et non à recevoir. Ses trésors sont ceux qui sont la possession éternelle de tous les hommes de Dieu. Le style de vie même du Yogi est l'illustration de la vérité la plus élevée que le Soi seul est réel. L'indifférence apparente envers les choses extérieures n'est pas un ascétisme sec et force mais la conséquence inévitable chez quelqu'un pour qui le corps, le mental et tous ces accessoires complexes mis ensemble ne forment qu'un immeuble d'habitation, gracieusement porté, de telle sorte que le monde qui ne comprend qu'en termes de forme et de nom puisse se tourner vers lui. En effet, pur un œil inattentif, le Yogi pourrait peut-être passer sans être remarque, se mêlant à l'anonymat de la moyenne indienne. Il n'y a pourtant rien d'ordinaire chez le Yogi. La première chose que l'on remarquerait chez lui est son port royal qui est immédiatement équilibré par la douceur que Sri Sathya Sai décrirait comme "le divin mal de la compassion". Le Yogi est majestueux et répand autour de lui un air déterminé d'autorité qui réduit même au silence les humeurs les plus rebelles.

Demeurant dans son corps physique au cœur du Muktikshetra de Tiruvannamalai, Yogi Ramsuratkumar nage librement dans l'étendue illimitée de la Conscience. Il est la grande colonne de Lumière qui s'élève en haut à partir de la profondeur extrême de ce centre sacré de pèlerinage qui est en lui-même un symbole du Tejas du Divin. Il donne sa direction dans un silence modeste que Sri Ramana Maharshi aurait comparé à une mère qui nourrit son enfant qui s'endort vite. Ses paroles, dites doucement et simplement, descendent cependant avec force sur l'auditeur, avec la joie et le pouvoir intérieurs qui en jaillissent. Même un coup d'œil rapide vers lui nous assure un pas de plus dans le voyage intérieur. Nul ne repart les mains vides car l'amour du Yogi n'est pas limité par les lois de la raison. C'est l'expression spontanée de l'océan infini de l'Amour de Dieu qu'il manifeste. Le royaume infini de la Vérité Eternelle est l'héritage légitime du Yogi, et il est assurément le maître de la destinée même de la vie. Rien n'est au-delà de son soin appliqué.
Yogi Ramsuratkumar est véritablement le Kesi que glorifie le Rig veda (Mandala 10, Sukta 136). Le mot Kesi se rapporte de manière variée au halo de fumée d'Agni ou au cercle autour du soleil ou au mouvement par lequel Vayu se pousse en avant. La vie extraordinaire de Yogi Ramsuratkumar illustre la vérité sur le Kesi qui est un maître des mortels et des dieux, de la terre et du ciel, d'une manière totale et parfaite.

Le Veda parle ainsi du Kesi: "Celui qui est né comme homme et qui devient kesi peut même porter Agni. Il porte Bhumi et Akasa (il tient la terre et le ciel). Il tient les eaux. Il demeure dans le (cinquième élément de l') air. Il flotte dans l'air, Il vit par l'air. C'est lui le cheval subtil de vitesse - la Prana Sakti- qui pousse l'air. Le Kesi qui est sous la forme de Jyoti permet au monde entier de voir l'Unité des choses Cela veut dire qu'il dispense la très haute sagesse de l'Advaïta.

Le Kesi porte un vêtement de couleur jaune comme s'il était recouvert de poussière. Il veille sur le monde entier et s'y meut librement dans l'anthra sans support, dans les régions du dedans et du dehors.

C'est un ami dans ses actions compatissantes et douces envers les homes et les dieux et il fait du bien à tous. Jamais poussé par l'intérêt personnel, il se meut par la volonté de Dieu.

Le Kesi se répand dans tout l'espace - au-dessus et en-dessous - du fond de la mer à l'au-dessus le plus haut. Il se meut librement entre les gandharvas et les apsaras et il joue avec les animaux de la forêt.

Il est le maître de tous les savants érudits, le plus aimant de tous ceux qui aiment. Il est celui dont la Béatitude peut être continuellement expérimentée avec grande joie. Sa vie consiste à rendre les autres heureux."

Le Kesi dit lui-même : "Vous qui êtes des hommes, vous pouvez me voir comme je suis dans un corps d'homme. Mais je ne suis pas le corps fait de nourriture. Je vis par la force de la racine du souffle qui est Prana. Je suis extatique dans la sagesse qui est au-delà de l'atteinte de l'intellect humain."

Comme cela est la vérité sur Yogi Ramsuratkumar, il est impossible de le comprendre. On ne peut que l'aimer et avoir envie d'être aimé de lui.

Yogi Ramsuratkumar réitère la déclaration de Swami Vivekananda, Sri Ramalinga Swami, Sri Aurobindo et Sri Sathya Sai, selon laquelle l'Inde va précéder dans l'âge de Lumière à venir. Il enseigne à tous ceux qui cherchent refuge à ses pieds à devenir de meilleurs travailleurs, de meilleurs dévots, mais plus que cela, de meilleurs et de grands hommes. Le travail de Yogi Ramsuratkumar, pour ce que peut en voir l'intelligence humaine moyenne, est l'alchimie qu'il effectue dans la personnalité des homes. Le Satya Yuga que Sri Sathya Sai Baba promet d'annoncer, le future âge des Surhommes assuré par Sri Aurobindo et la colonie védantique rêvée par Swami Rama Tirtha est le Ram Rajya que Yogi Ramsuratkumar travaille à établir.

C'est un événement fascinant mais assez fréquent enregistré dans les annales de l'histoire que les Maîtres Divins portent souvent un nom qui indique leur ministère particulier. Peut-être certains écarteront-ils de telles interprétations comme étant de la pure imagination poétique. Mais la métaphysique du mysticisme (comme on en a parlé plus tôt au sujet du Surat SabdaYoga) explique les voies mystérieuses par lesquelles le son et le sens des noms influencent leur orbite d'existence. Vivekananda qui a imagine ce nom particulier après quelques expériences avec d'autres est apparu comme le plus grand enseignant de la discrimination védantique. La mystique du Bengale Occidental que l'on a toujours vu dans un état de béatitude divine fut spontanément appelée Anandamayi par l'une de ses dévotes. Sri Sathya Sai qui s'identifie totalement à la Vérité et à la Béatitude Eternelles déclare que son nom Sathya porte le mystère qui existe à son sujet. De même aussi, en voyant la réorganisation gigantesque, vertueuse et miséricordieuse de la vie terrestre à laquelle s'est dédié Yogi Ramsuratkumar, il est clair qu'il est vraiment le fils oint ou kumara de l'éternel Rama qui est la Vérité. Né de l'esprit ou 'Surat' de l'Unique Atma Rama qui est éternel et qui existe comme Pur Esprit, il est le Yogi, le lien symbolique entre la terre et les cieux.

C'est notre gloire nationale que de faire remonter notre descendance aux rishis d'Aryavarta qui erraient sans Pierre pour reposer leur tête et qui ne savaient pas d'où viendrait leur prochain repas. Les forêts dans lesquelles ils entraient étaient en eux-même et les animaux leurs propres pensées et leurs propres émotions auxquelles ils cherchaient à faire face en devenir maîtres. Toujours adonnés au souvenir de Dieu et perdus profondément dans la contemplation de l'Infini, ils regardaient le corps comme un véhicule efficace qui leur permettrait de traverser la mer turbulente de l'irréel et d'atteindre la rive de l'Esprit.

Les besoins de ces hommes étaient peu nombreux et en rejetant la l'amour propre et l'ego ils cherchaient à vivre de l'amour des masses. La nourriture est du carburant pour le corps et l'endroit où rester ou une loque à porter une véritable nécessité pour préserver le tabernacle de l'Esprit.

La mendicité a toujours été un exercice religieux important recommandé par de nombreux ordres spirituals. L'Ordre Franciscain qui a été fondé sur cette noble idée, la grande tradition des Sufis qui étaient souvent des mendiants et les anciens Ordres de l'Inde où une telle mendicité n'était le droit et le privilège que de ceux qui avaient le courage d'ordonner au monde de les suivre sont des illustrations appropriées de ceux qui soupirent après la vision de la vérité et qui pour elle mendient avec l'askesis la plus audacieuse. Ces hommes sanctifient la face de la terre en errant parmi les hommes au sein desquels ils reviennent pour bénir et guider. Dans leur état pitoyable, ils gagnent des trésors éternels et ils nous enseigne que de mendier pour la Vérité est la seule manière de rejoindre les rangs des dieux. En appeler au pouvoir le plus grand pour le cadeau le plus précieux qu'il peut donner est le message du bel épisode du Ramayana où le grand Mendiant Vishvamitra demande Rama au Roi Dasaratha qui était lui-même maître des dix sens. Il a aussi été prescrit par nos législateurs tels que Manu et Yajnavalkya que c'était la discipline des maîtres de maison que de cultiver la vertu de charité et d'aider celui qui avait soif de Dieu par leur compréhension douce et toujours prête. La renonciation au monde et la mendicité qui s'ensuit n'ont jamais été considérées comme un crime dans notre pays. Aujourd'hui peut-être, infirmes comme nous sommes du fait de nos fautes et aveuglés par les maladies de l'œil mental, ce ne peut être que par la mendicité dans l'humilité que nous pourrons apprendre une fois de plus à voir, à marcher et à retrouver la santé de l'âme.

Comme Shankara l'a célébré dans sa 'Jivanmuktananda Lahiri', on peut, en la présence de ce grand maître, voir les rôles nombreux et volontaires qu'assume le né-libre de l'Esprit assume pour leur propre joie et pour le bien du monde. Quoique étant une forme éclatante d'absence de passion, Yogi Ramsuratkumar laisse souvent voir l'amour profond et spontané avec lequel il s'attache volontairement à toute la création. Son amour pour l'Inde est ardent comme celui de Swami Dayananda, l'intérêt qu'Il porte aux remèdes sympathiques et réalisables aussi honnête que celui de Swami Vivekananda, sa grande estime pour les libéralités de l'Inde aussi riche que celle de Tagore, sa représentation de la grande Vérité aussi complète que celle de Ramana et son attention, même pour le moindre des hommes, aussi authentique que celle de Sri Sathya Sai.

L'amour que Yogi Ramsuratkumar a pour les homes s'exprime souvent comme amour envers l'Inde. Il verra l'Inde comme un immense essaim dans lequel chaque membre jouerait son tôle sans intérêt personnel. L'harmonie exemplaire et systématique de la colonie d'abeilles, reliées pour la prospérité mutuelle et la force collective, est l'une des nombreuses illustrations simples qu'il tire souvent de la vie pour imprimer une vérité élevée dans le mental de celui qui l'écoute. L'unité avec laquelle les abeilles défendent leur famille est un exemple d'intérêt immédiat pour notre pays. Les Indiens qui entrent dans les jardins éternels du paradis intérieur et qui sucent profondément le nectar des fleurs de l'illumination doivent an cours du temps forger une Inde nouvelle.

Un rapide coup d'œil à l'histoire de l'Inde il y a environ cent cinquante ans mettra en lumière de nombreux leaders divins des hommes. Le génie de ces grands hommes que l'Inde a portés a montré les variations infinies de l'excellence de l'esprit. Des mystiques et des yogis comme Trilinga Swami (1607-1881) et Chhote Paramahamsa.