Temps et distance étaient perdus

Time and distance were lost

Sri Perumal Raju

 

 

Le Maître Cosmique :

Un jour Shri Rajamanickar Nadar, dévot de Bhagavan, avait organisé une conférence sur Yogi Ramsuratkumar à Pondicherry. Un grand nombre de dévots s'y étaient rassemblés.

Periyavar Ramamurthy y avait aussi été appelé comme invité spécial. Mahalakshmi Amma l'accompagnait. Comme d'habitude, j'avais l'intention d'avoir le darshan de notre Maître avant de partir pour la conférence de Pondicherry. Je suis allé Le voir et lui ai donné les nouvelles.

Le Maître a dit : "Perumal n'a pas besoin d'y aller." Soulagé, je me suis assis avec Lui à la résidence de Sannadhi street. Paix merveilleuse. Il disait quelques paroles et Ses éclats de rire arrivaient par vagues.

Un bus plein de gens, en route pour Pondicherry, arriva de Sivakasi. La plupart d'entre eux voyaient Swamiji pour la première fois. L'un des dévots les plus âgés commença un Bhajan, les autres s'y joignirent et le bruit monta crescendo.

Le visage de notre Swamiji s'attrista. Il me dit plusieurs fois : "Perumal, demande-leur de faire silence." Je leur demandai aussi plusieurs fois d'être silencieux. Mais ils n'écoutaient pas. Le niveau du bruit continuait de monter, je ne savais pas quoi faire. Peut-être pensaient-ils que chanter fort était le summum de la dévotion.

De manière inattendue, une personne âgée du groupe prit du raisin dans les fruits qu'ils avaient apportés et il le mit, ou plutôt l'enfonça, dans la bouche de Swamiji ! Les joues et même les yeux de Swamiji rougirent. Il se leva et s'exclama en criant : "Assez, assez ! Maintenant partez !" et il frappa même une ou deux personnes qui s'entassaient autour de Lui. Je pensai qu'elles avaient de la chance. Je dis aussi 'assez' et je parvins à les pousser dehors. Swamiji aussi les envoya dehors.

Ils continuèrent leurs bhajans en se tenant à l'extérieur de la grille. Swamiji aussi se tenait près de la grille et les regardait. Ils allaient à reculons tout en continuant de contempler Swamiji jusqu'à ce qu'ils arrivent au temple.

J'en viens maintenant à la partie importante de cet article.

Avant que les dévots de Sivakasi arrivent, il y avait un grand soleil. Au fur et à mesure qu'ils faisaient beaucoup de bruit avec les bhajans, le visage de Swamiji rougit. Le ciel clair devint nuageux quand l'émotion de Swamiji arriva à un pic. Le ciel fut couvert de nuages et l'atmosphère s'assombrit.

Quand les dévots de Sivakasi arrivèrent au temple, un sourire fleurit sur le visage de Swamiji et peu de temps après le sourire se transforma en son rire démesuré caractéristique et il rentra dans la maison.

Les nuages dans le ciel se dispersèrent et on ne les vit plus nulle part. Le tonnerre et l'éclair s'en allèrent eux aussi. Les cieux s'éclaircirent et un soleil sans obstacles fut là de nouveau.

Je regardais tout cela, abasourdi par les événements. La voix de mon Maître m'appela et j'allai m'asseoir près de Lui.

Ses émotions étaient réfléchies par le tonnerre et par l'éclair des cieux nuageux. Le Swamiji apparaissait comme le Maître cosmique.

 

Temps et Distance étaient perdus.

Mon cœur était lourd d'un poids inconnu. Mais cela ne m'affectait pas. Je suis allé à Tiruvannamalai et suis arrivé chez Swamiji. Il était autour de 11 heures du soir. Swamiji m'a accueilli avec un sourire et m'a fait asseoir près de Lui.

Il y avait eu un très gros accident de chemin de fer à Tiruvannamalai. Swamiji me demanda si j'en avais entendu parler. Je Lui dis que je l'avais lu dans le journal. Le Swamiji dit :

Il y avait à la gare un Chef de Gare appelé Ramakrishnan. Il avait donné à manger à Bhagavan pendant longtemps. Il est mort dans cet accident de train. Swamiji dit : "Il a donné à manger à ce mendiant pendant très longtemps. Maintenant il est décédé. Que faire, Perumal ?" Alors qu'il continuait de demander : 'que faire Perumal', je continuais de répéter : "Tout ce que Swamiji dit."

Puis Il dit : "Que pouvons-nous faire quand quelqu'un qui nous est proche décède ?" Il dit que si une telle chose doit arriver dans notre vie, nous devons l'accepter comme étant la volonté de Dieu. Si quelqu'un qui nous est proche décède, nous devons l'accepter comme étant la volonté de notre Père. Il répéta cela plusieurs fois.

Pourquoi me dit-il cela tant de fois ? Mes pensées vagabondaient.

Nous fûmes silencieux pendant quelque temps. Tout à coup, il dit : "Perumal va bouger. "Je dis à Swamiji que j'étais venu dans l'intention de rester quelques jours avec Lui. Il dit : "Pas maintenant. Perumal va bouger." C'était comme s'il me quittait de force. Mais je saluai et pris congé.

Il était minuit passé. Un bus arriva un peu plus tard. J'allai jusque Chengam dans ce bus. Plus tard je montai dans un camion, puis dans une camionnette, etc., et j'arrivai enfin à Krishnagii vers 4h40 du matin. J'arrivai au jardin et entrai chez moi. Quelqu'un s'approcha vite de moi et dit : "Le frère aîné semble un peu étrange; s'il vous plaît venez le voir."

Je me rendis au lit de mon frère. Sa femme était assise d'un côté et je m'assis de l'autre. Mon frère ouvrit les yeux et me regarda, il prit ma main droite, la mit sur sa poitrine et ferma les yeux. Ma belle-sœur se mit à pleurer peu de temps après. Mon frère décéda bientôt après. Alors tout ce qui devait être fait le fut.

Je compris plus tard que lorsque Swamiji m'avait dit avant de me quitter : "Si quelqu'un qui nous est proche décède, nous devons l'accepter comme étant la volonté de Dieu", Il savait ce qui allait arriver. C'est la raison pour laquelle il m'avait tout de suite renvoyé.

Pas seulement cela; il avait arrangé les choses pour le bus, le camion et la camionnette à l'heure voulue et aux endroits appropriés de telle sorte que je puisse arriver à Krishnagiri à temps pour me permettre d'être présent quand mon frère est décédé.

Temps, espace, devoir, tout disparaît en la présence de mon Maître.

Où qu'Il soit le Cosmos L'attend - Il est Lui-même le Cosmos.

(Original en tamil, traduction française à partir de la traduction anglaise de Ravi) (Saranagatam Sept. 2015)

The Cosmic Master

Once Shri Rajamanickar Nadar, Bhagav an's devotee had organised a conference on Yogi Ramsurtkumar at Pondicherry. A large numbeer of devotees congregated there.

Periyavar Ramamurthy had also been called as a special invitee. Mahalakshmi Amma accompanied him. As usual, I intended to have darshan of our Master before leaving for the conference at Pondicherry. I went to Him and gave Him the news.

The Master said, "Perumal need not go." Relieved. I sat with Him at the Sannadhi street residence. Wonderful peace. He would utter a few words and His peals of laughter would come in waves.

Bus load of persons came fro Sivakasi enroute to Pondicherry. Most of them were seeing Swamiji for the first time. One of the aged and senior devotees started a Bhajan, others joined in and the noise rose to a crescendo.

Our Swamiji's face saddened He said to me, "Ask them to be silent Perumal" several times. I also requested them to be silent several times. But they did not listen. The noise level went on increasing, I did not know what to do. Perhaps they thought that loud singing is the height of devotion.

Unexpectedly an aged person in the group brought a grape from the fruits that they had brought and placed it or rather thrust it in Swamiji's mouth! Swamiji's checks and even eyes reddened. He rose and exclaimed loudly "Enough, enough! Go now!" And even hit one or two persons crowding around Him. I thought they were fortunate. I also said enough and succeeded in pushing them out. Swamiji also sent them out.

They continued their bhajans, standing outside the gate. Swamiji also stood near the gate and was looking at them. They moved backwards as they continued to gaze at Swamiji until they reached the temple.

Now I am coming to the important ppart of this article.

Before the Sivakasi devotees came it was very sunny. As they created a lot of noise in the name of Bhajan Swamiji's face reddened. The clear skies became overcast when Swamiji's emotion reached a high. The sky was cove red with clouds and the atmosphere darkened.

When the Sivakasi devotees reached the temple a smile blossomed on the face of Swamiji and in a little while the smile changed into His characteristic unbounded laughter and he entered the house.

The clouds in the sky dispersed and were nowhere to be seen. The thunder and lightning had gone too. The skies cleared and the unobstructed sunlight was there again.

I was watching all this, stunned by the happenings. My Master's voice called me and I went and sat near Him.

His emotions were reflected by the thunder and lightening of the clouded skies. The Swamiji appeared as the cosmic Master.

Time and Distance were Lost.


My heart was heavy with an unknown weight. But it did not affect me. I went to Tiruvannamalai and reached Swamiji. It was around 11 p.m. Swamiji with a smile welcomed me and sat me near Himself.

There had been a very big railway accident in Tiruvannamalai. Swamiji asked me whether I knew about it. I told Him that I had read about it in the newspaper. The Swamji said,

There was a Station Master called Ramakrishnan at the station. He was providing food to Bhagavan for a long time. He died in that train accident. Swamiji said, "He was feeding this beggar for a very long time. Now he has passed away. What to do Perumal?"

As He continued to ask what to do Perumal ? I continued to reply, "Whatever Swamiji says."

Then He said, "What can we do when somebody close to us pass away?" He said should such a thing happen in our lives we should accept it as God's will. If somebody near to us passes away we should accept it as our Father's ill. He repeated it a few times.

Why is he telling this to me so many times? My thoughts wandered.

We were silent for a little while. Suddenly He said "Perumal will move." I told Swamiji that I had come with the intention of staying with Him for a few days. He said, "Not now. Perumal will move." It was if He was forcibly leaving me. But I saluted and took leave.

It was past midnight. Bus came a little later. I went upto Chengam in that bus. Later I took rides on a lorry, van, etc., and finally reached Krishnagiri at about 4.30 a.m.

I reached the garden and entered my house. Some one approached me hastily and said, "Elder brother appears a little strange; please come and see him."
I went to my brother's bed. His wife was sitting on tone side and I sat on the other side.

My brother opened his eyes slowly looked at me, took my right hand, placed it on his chest and closed his eyes? My sister in law started crying after a little while. My brother passed away soon after. Then whatever was required to be done was done.

I later understood that when Swamiji's told me, "I some one close to us passes away we accept it as God's will" before leaving me, He knew what was about to happen. That was why he sent me back immediately.

Not only that; he had arranged for the bus, lorry and van at the correct time in the appropriate places so that I might reach Krishnagiri on time to enable me to be present when my brother passed away.

Time, space, duty, everything disappears in the presence of my Master.

Wherever He is the Cosmos is waiting for Him - He Himself is the Cosmos.

(English rendering by Ravi) (Saranagatam, Sept. 2015)