Réaffirmer le génie civilisationnel

Reasserting the Civilisational Genius
Makarande Paranjape
(disciple de Yogiji)

(in 'Organiser', sept. 2019)

 

 

Aujourd'hui, swaraj veut dire l'augmentation de la forte puissance de l'Inde grâce aux prouesses militaires, à l'émancipation économique et à la diplomatie déterminée, d'une part, associée au pouvoir discret de la culture, de la spiritualité, du yoga, de la cuisine, de la couture, etc.

De Mahatma Gandhi à Narendra Modi, la démocratie indienne, malgré ses divers revers et ses divers échecs, est en quelque sorte une merveille politique. C'est ici que la notion de svaraj peut servir de lentille utile à travers laquelle nous pouvons mesurer ses réalisations. Nous pouvons commencer par nous demander si la démocratie indienne incarne vraiment l'idéal du svaraj, énoncé si éloquemment par plusieurs leaders de la lutte pour la liberté, dont Lokmanya Tilak, Dadabhai Naoroji, Sri Aurobindo et Mahatma Gandhi. En fait, svaraj n'est pas une idée védique contemporaine, mais séculaire, qui remonte à l'Antiquité (des parties de cet essai ont paru dans mes précédents écrits).

Bien que nous ayons complété soixante-douze ans d'indépendance, il est évident que la lutte pour le svaraj est loin d'être terminée. Pour moi, le but central de la compréhension de notre svaraj parampara ou de notre tradition d'autonomie est de nous amener à comprendre ce que signifient réellement liberté, indépendance et démocratie. C'est parce que svaraj est plus que l'indépendance politique; c'est la réévaluation et la réaffirmation de notre génie civilisationnel.

Pour y parvenir, nous devons essayer de réformer toute notre infrastructure intellectuelle, pour cela nous n'avons besoin de rien de moins qu'un nouveau vocabulaire de compréhension de soi. Une telle refonte signifierait, à tout le moins, le réalignement de notre entreprise intellectuelle sur ce que nous avons vraiment recherché et valorisé depuis des millénaires : la recherche de la connaissance de soi, de la vérité, de la vertu, de la beauté et, bien sûr, du bonheur - et l'organisation de nos ressources matérielles de telle manière que notre vie quotidienne mène à ces objectifs. Dans les sections précédentes, nous avons vu comment cette orientation était fournie par nos pursharthas, les objectifs fondamentaux de la vie: Dharma, Artha, Kama et, à la fin, Moksha.

Mais dans nos tentatives pour regagner notre parampara, remplacer simplement les idées occidentales par des idées indiennes à moitié comprises ne suffira pas. Ces langues de l'individualité indienne sont presque aussi colonisées que l'anglais indien. Par conséquent, incorporer des mots indiens dans notre processus de réflexion ne suffira pas. Tout comme le chauvinisme linguistique n'est pas la solution à nos problèmes linguistiques, le chauvinisme conceptuel ne servira pas non plus à nous libérer. Nous devons changer notre mental. Cette transformation fondamentale est bien plus cruciale que les changements superficiels habituellement préconisés par la langue, la religion ou les nationalismes culturels.

Une fois que nous comprenons que le swaraj est le problème, nous ne voyons que parampara n'est pas en opposition dialectique avec son autre, adhunikata (modernité), pas plus que Bharatiyata (le caractère indien) n'est une simple opposition à Pashyatikarana (l'occidentalisation). Parampara, au contraire, est entier, intégral, pas seulement fragmentaire ou antithétique. Ce n'est pas une réaction brutale à la domination des catégories occidentales sur les indiennes, mais c'est une compréhension profonde de la différence qui nous fera avancer. Comme nous l'avons vu, cela peut se faire en ouvrant un dialogue entre Bharatiya parampara et la modernité occidentale afin de créer de nouveaux espaces de connaissance et de svaraj.

Qu'est-ce que Svaraj ?

Swaraj est un très vieux mot védique mais il entre dans le vocabulaire de l'Inde moderne au XIXe siècle. Certains disent que Satyarth Prakash (1875) de Dayanand Saraswati contient son premier usage moderne, mais je n'ai pas pu le trouver. Dayanand cite le védique "'y> Svy< rajte sSvraq œ'", mais il ne l'applique pas à l'indépendance politique vis-à-vis de la Grande-Bretagne. L'utilisation moderne la plus ancienne se trouve probablement dans le pamphlet " Shivajir Mahattva " (1902) de Sakéram Ganesh Deuskar, republié deux ans plus tard sous le nom de " Shivajir Diksha ". Deuskar était un ami de Sri Aurobindo, qui a également commencé à utiliser le mot. En quelques années, alors que la lutte pour la liberté prenait de l'élan, en particulier à cause de la partition du Bengale par Lord Curzon en 1905, il est devenu le mot le plus évocateur et le plus populaire de la liberté politique, qu'elle soit purna ou totale ou partielle dans l'Empire britannique.

Plusieurs leaders politiques importants tels que Bal Gangadhar Tilak, Dadabhai Naoroji et Aurobindo ont utilisé ce terme, à l'instar de Gandhi, qui l'a également adopté, ce qui en fait un mantra domesique dans Hind Swaraj (1909). Ce dernier n'est pas seulement l'un de ses livres les plus importants, mais aussi un exposé détaillé des objectifs et des méthodes de la révolution non violente. Dans le discours du mouvement pour la liberté, bien que svaraj signifie principalement autonomie politique, Gandhi entendait par cela beaucoup plus. Peut-être que lui et les autres connaissaient intuitivement son étymologie, sans toutefois l'expliquer explicitement.

En réalité, svaraj est une adaptation et un raccourcissement du mot sanscrit svarajya, qui est un nom abstrait (voir " Svaraj, l'idéal indien de la liberté : concept politique ou religieux ? " de Mackenzie Brown. Le mot est un composé de sva + raj; sva signifie soi et raj, signifie briller (l'étymologie étant raj d?pnoti). Le mot signifie donc à la fois le rayonnement du soi et le soi qui brille. La racine raj nous donne beaucoup de mots associés au pouvoir, notamment Raja, Rex et Regina.

La symbologie de la lumière est très importante dans les Védas car elle suggère le soleil de la conscience supérieure - tat savitur verenyam, comme dans le Gayatri Mantra. C'est à ce soleil, savitur, qu'Aurobindo fait référence dans son grand poème Savitri. Ainsi, svarat est une personne qui brille par elle-même, et svarajya est un état d'être svarat ou éclairé. En fait, nous pourrions dire que svaraj est un mot très ancien pour illumination, le pouvoir et l'illumination qui proviennent de la maîtrise de soi. Appliquée à un seul individu, sa forme est svarat, un adjectif. C'est un mot qui apparaît plusieurs fois dans les les Rig, Sama et Yajur Vedas, comme il le fera plus tard dans le Ramayana et le Mahabharata. Dans les Upanishads, on peut le trouver dans les Chandogya, Taitteriya et Maitri.

C'est en Inde que l'indépendance politique a été exprimée, même à l'époque moderne, d'une manière aussi radicalement spirituelle en termes d'illumination et d'illumination de soi, et pas seulement en termes de pouvoir politique ou d'indépendance. S'opposer aux colonisateurs et aux impérialistes était donc l'aspect extérieur du svarajya; l'aspect interne était d'avoir un état bon, juste et beau, un ordre social éclairé. Svarajya est donc le principe qui aspire à une meilleure gestion de soi, à une gouvernementalité interne plus efficace, car l'illumination provient de l'ordre intérieur, non de l'oppression. À l'origine, svrajya faisait référence à la gestion interne des pouvoirs et des capacités d'une personne, des sens, des organes et de tous ses différents constituants. Quand ceux-ci étaient bien gouvernés, la personne aussi était tout-puissante. Pour Gandhi, l'homologie entre le corps individuel et le corps politique était une métaphore utile, voire une vérité évidente.

Synonyme de liberté, d'autonomie et d'indépendance, svaraj suggère donc une multitude de possibilités pour l'illumination intérieure et la réalisation de soi. Le mot svaraj est préférable à celui de décolonisation car svaraj n'est contre personne. Un svaraj personnel ne peut qu'aider les autres et contribuer au svaraj des autres. En svaraj, la fusion personnelle et politique se poursuit, l'une menant à l'autre, l'autre menant à la première. Je ne peux être libre que si tous mes frères et soeurs sont libres et ils ne peuvent être libres que si je suis libre. Svaraj nous permet de résister à l'oppression sans haine ni opposition violente. Pour se battre pour le svaraj, Gandhi a développé la praxis du satyagraha ou insistance sur la vérité ou force de la vérité pour les droits du peuple désarmé et appauvri de l'Inde.

Svaraj signifie donc maîtrise de soi, abstention, refus de régner sur les autres. L'un des clichés à propos de l'Inde est que quelque fût la puissance du pays, elle n'envoyait pas d'expéditions de conquérants dans des pays situés en dehors de la péninsule, d'énormes armées pour conquérir, coloniser et ramener du lucre des expéditions outre-mer. C'est ainsi que se sont comportés les Arabes, les Mongols, les Turcs, les Perses, les Afghans, les Portugais, les Britanniques, les Hollandais, les Français et les autres, venus en Inde pour conquérir ou piller, mais il n'existe aucune trace d'armées indiennes faisant de même envers d'autres pays. Les archives historiques de l'Inde ne montrent pas de désir d'aller gouverner les autres, de leur imposer sa volonté, de les piétiner, de les exploiter économiquement, de les opprimer, de les écraser - ce n'est pas, semble-t-il, la manière indienne. De même, être gouverné par d'autres est également inacceptable pour l'esprit indien; les Indiens, comme d'autres peuples qui se respectent, se sont battus contre cela.

La lutte pour le svaraj s'est poursuivie tout au long de l'histoire indienne, souvent sans être enregistrée. Nous avons d'innombrables exemples de villageois qui protestaient contre des empereurs, bloquaient des routes, refusaient de payer des impôts, jeûnaient, etc. L'empire de Vijayanagara s'est battu pour le svaraj, à l'instar de Chhatrapati Shivaji. Au cours des 150 années de domination britannique, il y a eu une révolte pratiquement chaque année en Inde. Une partie ou l'autre a toujours été en armes contre la domination britannique. La Pax Brittanica était donc une grande illusion. Comment pourrait-il y avoir une paix durable sans svaraj ?

Si svaraj a une orientation anti-impérialiste intrinsèque, il évoque également une position culturaliste-nationaliste dans laquelle le patrimoine de la civilisation est légué, voire embrassé plutôt que mis au rebut. En ce sens, il ne suggère, non pas un universalisme occidental, mais un cosmopolitisme coloré, enraciné dans une notion radicalement différente de " soi ". Mais ce projet n'a rien de " communal " ni de fanatique. C'est la raison pour laquelle je crois que Gandhi s'est attaché à souligner que le svaraj n'était pas une forme de nationalisme étroit ni de jingoïsme. Au lieu de cela, c'est une manière spéciale, coopérative et pluraliste d'être dans le monde.

Si les débats sur la mondialisation, la souveraineté et la culture sont finalement des débats sur la direction que nous souhaitons que l'Inde prenne, il est clair que la modernité et la postmodernité représentent des voies que nous ne devrions pas pleinement accepter. Au mieux, ils fournissent des points d'entrée pratiques pour les vraies questions qui façonnent nos vies. Parce que ces chemins ont pénétré dans notre vie et notre conscience, ils doivent être examinés, compris, peut-être appréciés d'une certaine distance, mais finalement niés ou intégrés dans la quête plus large du svaraj.

Svaraj dans le Contexte Actuel

L'élévation de Narendra Modi au poste de Premier Ministre indien en 2014, je l'ai soutenu dans plusieurs de mes écrits, marque pour l'Inde un tournant décisif. Sa victoire à nouveau, avec un nombre encore plus impressionnant de 303 aux élections générales de 2019, marque définitivement la fin du consensus socialiste nehruvien et laïciste qui a prévalu presque comme religion d'État en Inde pendant près de six décennies d'Inde indépendante. C'est cette combinaison de nationalisme développemental et d'Hindutva inclusif qui s'est révélée être l'idéologie gagnante qui a conduit une seconde fois Modi et le BJP au pouvoir.

A mes yeux, Narendra Modi a compris l'idée du svaraj mieux que ses prédécesseurs et est donc le meilleur instrument pour confirmer et réaliser la prophétie de l'Inde naissante. Sous Modi, l'Inde a progressé davantage, au sens réel du terme, en cinq ans que probablement au cours des six décennies précédentes. Bien entendu, cette grande transformation ne peut être mesurée simplement en termes économiques, bien que les chiffres indiquent que nos taux de croissance sont parmi les plus élevés et que l'inflation est certainement la plus faible depuis l'indépendance.

En outre, l'accès aux services et aux programmes gouvernementaux, qu'il s'agisse de Jandhan, d'Ujjwala, de Saubhagya, de Swachh Bharat, etc., est sans précédent. Un gouvernement propre, dirigé par un Premier ministre charismatique et fort, composé de ministres et de responsables qui ont tenu parole, a corrigé le déficit de confiance entre les citoyens et les élites dirigeantes. La montée concomitante de l'Inde sur la scène mondiale, grâce à la doctrine Modi, a entraîné un bond en avant dans le respect accordé à l'Inde. En outre, l'amélioration de la sécurité nationale aux frontières et la réduction de la criminalité, du non-respect de la loi et de la violence au foyer suggèrent une ère de paix et de stabilité. Dernier point mais non le moindre, une nouvelle fierté de notre identité, de notre culture et de notre patrimoine, en particulier pour la majorité hindoue, a mis fin au dégoût de soi et au complexe d'infériorité civilisationnelle qui sévit depuis des siècles.

Modi a gagné son mandat et sa popularité en assurant la bonne gouvernance et le développement. En outre, après le verdict de 2019, le signal n'a pas été jusqu'à présent un nationalisme hindou belligérant ou triomphaliste, mais un Hindutva inclusif. Le nouveau gouvernement a également essayé de toucher toutes les couches de la population, et pas seulement les hindous, avec des programmes spéciaux pour leur éducation, leur édification et la sauvegarde de leurs droits. Pour moi, donc, le nouveau nationalisme que représente Modi 2.0 est le svaraj dans ses multiples dimensions.

Aujourd'hui, svaraj signifie l'augmentation la puissance de l'Inde par ses prouesses militaires, son autonomisation économique et sa diplomatie déterminée d'un côté, associé à Soumya Shakti, le pouvoir discret de la culture, de la spiritualité, du yoga, de la cuisine, de la couture, etc. de l'autre. Ensemble, ils ne représentent rien de moins que le rajeunissement, le renouveau et la montée de l'Inde. Cela peut sembler hyperbolique ou trop enthousiaste. Mais le moral de la nation est certainement optimiste.

 

 

Today, swaraj means the augmentation of India's hard power through military prowess, economic empowerment, and determined diplomacy, on the one hand, combined with soft power of culture, spirituality, yoga, cuisine, couture and so on

From Mahatma Gandhi to Narendra Modi, the Indian democracy, despite its various drawbacks and failures, is somewhat of a political marvel. Here is where the notion of swaraj may serve as a useful lens through which we can measure its achievements. We can start by asking whether Indian democracy really embodies the ideal of swaraj, so eloquently enunciated by several leaders of the freedom struggle including Lokmanya Tilak, Dadabhai Naoroji, Sri Aurobindo and Mahatma Gandhi. In fact, swaraj is not a contemporary, but age-old Vedic idea, going back to ancient times (Portions of this essay have appeared in my earlier writings).

Though we have completed seventy-two years of Independence, it is obvious that the struggle for swaraj is far from over. To me, the central purpose of understanding our swaraj parampara or tradition of autonomy is to bring us closer to understanding what freedom, independence, and democracy really mean. That is because swaraj is more than political independence; it is the reassessment and reassertion of our civilisational genius.

To achieve this, we must try to overhaul our entire intellectual infrastructure, for which we need nothing less than a new vocabulary of self-understanding. Such an overhauling would mean, at the least, the realignment of our intellectual enterprise with what we have truly sought and valued for millennia-the pursuit of self-knowledge, truth, virtue, beauty, and, of course, happiness-and the organisation of our material resources in such a way that our daily life conduces to these aims. In the previous sections we saw how this orientation was provided by our pursharthas, the cardinal aims of life-Dharma, Artha, Kama, and, ultimately, Moksha.


But in our attempts to regain our parampara, merely substituting Western ideas by half-understood Indian ones will not do. These languages of Indian selfhood are almost as colonised as Indian English is. Therefore, sprinkling some Indian words into our thinking process will not suffice. Just as language chauvinism is not the answer to our language-problems, conceptual chauvinism will not serve to liberate us either. We need to change our minds. This fundamental transformation is far more crucial than the superficial changes that are usually advocated by language, religion, or cultural nationalists.

Once we understand that swaraj is the issue, we see parampara not in dialectical opposition with its other, adhunikata (modernity), nor is Bharatiyata (Indianness) a mere opposition to Pashyatikarana (Westernisation). Parampara, instead, is whole, integral, not just fragmentary or antithetical. Not a knee-jerk reaction to the domination of Western categories over Indian ones, but a deep understanding of the difference will take us forward. This can be done, as we have seen, by opening a dialogue between Bharatiya parampara and Western modernity so as to create new spaces of knowledge and swaraj.

What is Swaraj?

Swaraj is a very old Vedic word but comes into the vocabulary of modern India in the nineteenth century. Some say Dayanand Saraswati's Satyarth Prakash (1875) contains its first modern usage, but I have not been able to find it. Dayanand quotes the Vedic 'y> Svy< rajte sSvraq œ', but does not apply it to political independence from Britain. The earliest modern use is probably in Sakharam Ganesh Deuskar's pamphlet "Shivajir Mahattva" (1902), republished two years later as 'Shivajir Diksha'. Deuskar was a friend of Sri Aurobindo, who also began to use the word. In a few years, with the struggle for freedom acquiring momentum especially because of Lord Curzon's partition of Bengal in 1905, it became the most evocative and popular of indigenous words for political freedom, whether purna or total or partial within the British Empire.

Several important political leaders like Bal Gangadhar Tilak, Dadabhai Naoroji and Aurobindo used the word, as did Gandhi, who also adopted the word, making it a household mantra in Hind Swaraj (1909). The latter is not only one of his most important books, but also a comprehensive statement of the aims and methods of non-violent revolution. In the discourse of the freedom movement, though swaraj mostly signifies political autonomy, Gandhi meant much more by it. Perhaps, he and others were intuitively aware with its etymology, though they did not explicitly explain it.

Actually swaraj is an adaptation and shortening of the Sanskrit word swarajya, which is an abstract noun (See C. Mackenzie Brown's 'Swaraj, the Indian Ideal of Freedom: A Political or Religious Concept?). The word is a compound of swa+raj; swa means self and raj, means to shine (the etymology being raj deepnoti). Hence, the word means both the shining of the self and the self that shines. The root raj gives us many words associated with power including Raja, Rex and Regina.

The symbology of light is very important in the Vedas because it suggests the sun of higher consciousness - tat savitur verenyam, as in the Gayatri Mantra. It is to that sun, savitur, that Aurobindo refers in his great poem, Savitri. So, svarat is a self-luminous person, and swarajya is a state of being svarat or enlightened. We might actually say that swaraj is a very ancient word for enlightenment, the power and illumination that come from the mastery of the self. When applied to a single individual, its form is svarat, an adjective. It is a word that occurs many times in the Rig, Sama, and Yajur Vedas, as it does later in the Ramayana and the Mahabharata. In the Upanishads, it can be found in the Chandogya, Taitteriya and Maitri.

It is in India that political Independence came to be expressed even in modern times in so radically spiritual a manner in terms of enlightenment and self-illumination, not merely political power or independence. Opposing the colonisers and imperialists was thus the external aspect of swarajya; the internal aspect was to have a good, just, and beautiful state, an enlightened social order. Swarajya is, therefore, the principle that aspires for better self-management, more effective inner governmentality, because illumination comes from internal order, not oppression. Originally, swrajya referred to the inner management of a person's powers and capacities, of the senses, organs and of all the different constituents of the person. When these were well-governed, the person too would be all-powerful. For Gandhi, the homology between the individual body and the body politic was a useful metaphor if not a self-evident truth.

Synonymous with liberty, freedom and independence, swaraj thus suggests a host of possibilities for inner illumination and self-realisation. The word swaraj is preferable to decolonisation because swaraj is not anti-anyone. One's own swaraj can only help others and contribute to the swaraj of others. In swaraj the personal and the political merge, one leading to the other, the other leading back to the one. I cannot be free unless all my brothers and sisters are free and they cannot be free unless I am free. Swaraj allows us to resist oppression without hatred and violent opposition. To fight for swaraj, Gandhi developed the praxis of satyagraha or insistence on truth or truth-force for the rights of the disarmed and impoverished people of India.


Swaraj thus means self-restraint, forbearance, refusal to rule over others. One of the clichés about India is that no matter how powerful the country was, it did not send expeditions of conquerors to countries outside the peninsula, huge armies to conquer, colonise, and bring back pelf from overseas expeditions. This is how the Arabs, Mongols, Turks, Persians, Afghans, Portuguese, British, Dutch, French and the others behaved, coming to India to conquer or plunder, but there is no record of Indian armies doing the same in other lands. The historical record of India does not show a desire to go and rule other people, to enforce its will on them, to trample them, to exploit them economically, to oppress them, to crush them - that is not, it would seem, the Indian way. But, by the same token, to be ruled by others is also unacceptable to the Indian spirit; Indians, too, like other self-respecting peoples, have fought against it.

Throughout Indian history, the struggle for swaraj has gone on, often unrecorded. We have innumerable instances of villagers protesting against emperors, blocking roads, refusing to pay taxes, fasting and so on. The Vijayanagara Empire fought for swaraj, as did Chhatrapati Shivaji. In the 150 years of British rule, there was a revolt practically every single year in India. Some part or the other was always up in arms against British rule. So, Pax Brittanica was a great illusion. How could there be lasting peace without swaraj?

While swaraj has an inbuilt anti-imperialistic orientation, it also evokes a culturalist-nationalist position in which one's civilisational heritage is owned up, even embraced, rather than discarded. It that sense, it suggests not a Western type of universalism, but a colourful cosmopolitanism, rooted in a radically different notion of 'self'. But there is nothing 'communal' or fanatical about this project. That is why I believe that Gandhi took great pains to emphasise that swaraj is not a form of narrow nationalism or jingoism. Instead, it is a special, cooperative and pluralistic way of being in the world.

If debates on globalisation, sovereignty and culture, are ultimately, debates about which way we want India to go, it is clear that both modernity and post-modernity represent paths which we should not fully accept. At best, they provide convenient points of entry to the real questions that shape our lives. Because these paths have made inroads into our own life and consciousness, they must to be examined, understood, possibly appreciated from a distance, but ultimately negated or incorporated into the broader quest for swaraj.

Swaraj in Today's Context

Narendra Modi's elevation to the post of India's Prime Minister in 2014, I have argued in several of my writings, marks a watershed for India. His winning again, with an even more impressive count of 303 in the 2019 general elections definitely signifies the end of the Nehruvian socialist, secularist consensus that prevailed almost as a state religion in India for some six decades of independent India. It was this combination of developmental nationalism and inclusive Hindutva which proved to be the winning ideology that swept Modi and the BJP to power a second time.

To my mind, Narendra Modi has understood the idea of swaraj better than his predecessors and is, therefore, the best instrument to confirm and fulfil the prophecy of rising India. Under Modi, India has progressed more, in the real sense of the word, in five years than possibly in the whole of its previous six decades. This great transformation cannot, of course, be measured merely in economic terms, although the figures indicate that our growth rates are among the highest and the inflation certainly the lowest since independence.

In addition, access to government services and schemes, whether Jandhan, Ujjwala, Saubhagya, Swachh Bharat, etc., has been unprecedented. A clean government led by a charismatic and strong Prime Minister with ministers and officials who deliver have redressed the trust deficit between the citizenry and the ruling elites. The concomitant rise of India on the world stage, thanks to the Modi doctrine, has led to a quantum leap in the respect accorded to India. Furthermore, improvement of both national security on the borders and reduction in crime, lawlessness, and violence on the home front suggest an era of peace and stability. Last but not the least, a new pride in our identity, culture and heritage, especially for the Hindu majority, have ended the self-loathing and civilisational inferiority complex which has plagued us for centuries.

Modi earned his mandate and popularity by delivering on good governance and development. Moreover, after the 2019 verdict, the signalling so far has not been belligerent or triumphalist Hindu nationalism, but inclusive Hindutva. The new government has also tried to reach out to all sections of the populace, not just Hindus, with special schemes for their education, upliftment and the safeguarding of their rights. To me, therefore, the new nationalism that Modi 2.0 represents is swaraj in its manifold dimensions.

Today, swaraj means the augmentation of India's hard power through military prowess, economic empowerment, and determined diplomacy, on the one hand, combined with Soumya Shakti, the soft power of culture, spirituality, yoga, cuisine, couture, and so on, on the other hand. Together they add up to nothing less than India's rejuvenation, renewal, and rise. This may sound hyperbolic or over-enthusiastic. But the mood of the nation is certainly upbeat.