Brahmopanishad
(traduction et notes : Gaura Krishna)

 

La Brahmopanishad appartient à l'Atharva Veda. Cette Upanishad
traite de la nature de l'Atman qui connaît quatre états de conscience.

 

1.- Om ! Shaunaka, maître de maison de renom, demanda un jour à Bhagavan Pippalada de la famille d'Angira : Dans ce corps, la cité divine de Brahman, installés (dedans), comment créent-ils (les devas) ? De qui ceci constitue-t-il la gloire ? Qui est celui qui devient toute cette gloire ?

1.- Il (Pippadala) lui (Shaunaka) transmit la suprême sagesse du Brahman : Cela est prana (1), l'Atman (2). Il constitue la gloire de l'atman (3), la vie des devas. Il représente à la fois la vie et la mort des devas (4). Ce Brahman qui brille dans la divine Brahmapura (5) en tant que pur Un, dépourvu d'effets de la manifestation (6), brillant par Lui-même, Omnipénétrant, contrôle (le jiva) de la même manière qu'une araignée contrôle la reine des abeilles (7). De la même manière que les araignées, au moyen d'un fil, projettent et retirent la toile, de même aussi le prana se retire en retirant sa création. Le prana appartient aux nadis (8) comme leur devata. Dans le sushupti (sommeil profond) on va jusqu'à sa propre demeure, comme un faucon avec le ciel. On dit : de la même manière que ce Devadatta (11) ne s'enfuit pas même lorsqu'il est frappé avec un bâton, même alors il ne s'attache pas aux conséquences bonnes ou mauvaises des activités prescrites pour l'homme; de la même manière qu'un enfant se réjouit sans motif ni fruit désiré, même ainsi ce Devadatta jouit du bonheur dans cet état. (12). Il sait qu'il est la Lumière Suprême. Désirant la Lumière il jouit de la Lumière. De même il retourne par le même chemin à l'état de rêve, comme une sangsue : de la même manière qu'une sangsue se porte sur les autres points en face, en se fixant d'abord sur le prochain point. Et cet état qu'il n'abandonne pas pour un état suivant est appelé l'état de veille. Tout comme une déité porte les huit coupes sacrificielles en même temps (13). C'est de Lui que la source des Vedas et des Devas pend comme des seins. Particulièrement dans cet état de veille, bien et mal s'obtiennent pour l'être brillant (14), comme c'est ordonné. Cet atman est totalement étendu par lui-même, il est le contrôleur interne des choses et des êtres, il est l'Oiseau (15), le Crabe (16), le Lotus (17), il est le Purusha, le Prana, la propension à tuer, la cause et l'effet, le Brahman et l'Atman, il est le Devata qui fait connaître toutes choses. Quiconque sait tout cela atteint le Brahman transcendant, le support sous-jacent, le principe subjectif.

2.- Maintenant ce Purusha a quatre sièges : l'ombilic, le coeur, la gorge et la tête (18). En eux brille le Brahman à quatre aspects : l'état de veille, de rêve, de sommeil profond, et le quatrième état. Dans l'état de veille, Il est Brahma, dans l'état de rêve Il est Vishnu, dans l'état de sommeil profond Il est Rudra (19); et dans le quatrième état (turiya) Il est le Suprême Un Indestructible; et Il est encore Aditya (soleil), Vishnu, Ishvara, Il est Purusha, Prana, le Jiva, Il est le Feu, l'Ishvara et le Resplendissant; ce Brahman qui est transcendant brille en eux tous ! En Soi-même, Il est dépourvu de mental, d'oreilles, de mains et de pieds, de lumière. Il n'y a pas non plus de mondes existants ou non-existants, ni de Vedas ou d'absence de Vedas, ni de Devas qui existent ou n'existent pas, ni de sacrifices qui existent ou non, ni de mère ni de père ni de belle fille existants ou n'existant pas, ni de fils de Chandala ou de Pulkasa qui existent ou n'existent pas, ni de mendiant existant ou non, ni toutes les créatures ou les ascètes existants ou non; seul l'Unique Brahman Suprême y brille. Dans le fond du coeur se trouve cet Akasha de la Conscience, avec de nombreuses ouvertures, le but de la connaissance, à l'intérieur de l'espace du coeur dans lequel tout ceci (l'univers) se développe et se meut, dans lequel tout ceci est voilé et tissé. (Celui qui sait ceci) connaît pleinement toute la création. Là les Devas, les Rishis, les Pitris n'ont aucun contrôle car, étant pleinement éveillé, on devient le connaisseur de toute vérité.

3.- Dans le coeur vivent les Devas, dans le coeur les Pranas sont installés, dans le coeur existent le suprême Prana et la Lumière comme aussi la Cause immanente avec le cordon aux triples sections et le principe Mahat. (20) Cela existe dans le coeur, c'est à dire dans la Conscience. "Mets le cordon sacrificiel qui est extrêmement sacré, qui se manifeste de toute éternité avec Prajapati, qui incarne la longévité, le renom et la pureté, et puisse-t-il être pour toi force et puissance !"

Celui qui est éclairé doit rejeter le cordon extérieur en l'enlevant avec la touffe de cheveux sacrée sur la tête; le Suprême Brahman en tant qu'Omnipénétrant (ou éternel) est le cordon, et il (celui qui est éclairé) doit mettre ceci (le Brahman).

Le Sutra (cordon) est appelé ainsi parce qu'il perce et commence (21). Ce sutra constitue l'Etat Suprême (22). Celui qui connaît ce Sutra est le Vipra (sage), il est parvenu au-delà des Vedas.

Par Cela tout ceci (l'univers) est transfixé, comme une collection de pierres précieuses est enfilée sur un fil. Le Yogi qui est le connaisseur de tous les Yoga et le voyant de la vérité devrait mettre ce cordon.

Etabli dans l'état du Yoga le plus élevé, le sage devrait enlever le cordon extérieur. Celui qui est réellement conscient de soi doit mettre le cordon constitué de la conscience de Brahman.

A cause du port de ce sutra, il ne peuvent ni devenir contaminés ni sales, ceux qui ont ce cordon en eux, ceux qui ont ce cordon sacrificiel de la connaissance.

Eux, parmi les hommes, connaissent le Sutra, ils portent le cordon sacrificiel, ceux qui sont dévoués à Jnana (la Connaissance), qui ont cette Jnana pour touffe de cheveux sacrée, cette Jnana pour cordon sacré.

Pour eux Jnana est le purificateur le plus grand, Jnana est ce qu'il y a de mieux en tant que tel. Ceux qui ont cette Jnana pour touffe de cheveux sont aussi non-différents d'elle que l'est le feu de sa flamme. Le sage est dit être un Shikhi (porteur de la touffe de cheveux), tandis que les autres sont de simples cultivateurs de cheveux. (23)

Mais ceux des classes comme les brahmanes ...qui ont le droit d'accomplir des travaux védiques doivent mettre ce cordon sacré, car surement ce cordon est décrété faire partie de tels travaux.

Celui qui a Jnana comme touffe de cheveux ainsi que pour cordon sacré a tout ce qui caractérise l'état de Brahmane, aussi connais ceux qui connaissent le Brahman !

Ce cordon sacré est, aussi, la purification (même) et ce qui est la fin de tout; et celui qui porte ce cordon sacré est le sage, il est Yajna lui-même aussi bien que celui qui connaît le Yajna.

L'unique Dieu en tous les êtres demeure caché, omnipénétrant et Soi de tous les êtres, contrôlant et surveillant toutes les actions, vivant en toutes les créatures et Témoin, l'Intelligence Suprême, l'Un sans second, sans attributs.

L'unique Être Intelligent parmi les nombreux inactifs, Lui qui fait les nombreux à partir de ce qui est un; les hommes sages qui découvrent cet Atman, la paix éternelle est leur, non aux autres.

Ayant fait de soi-même l'Arani (24) et du Pranava (25) l'arani supérieur, et les frottant ensemble par la pratique de la méditation, vois Le dans sa réalité cachée.

Comme l'araignée tisse sa toile (en dehors d'elle) et la retire, de même le jiva sort de et rentre dans les états de veille et de rêve respectivement.

Le corps ressemble au calice d'un lotus, plein de cavités et la face tournée vers le bas. Sache que cela est la grande demeure de l'univers entier.

Sache que l'état de veille a pour centre les yeux; l'état de rêve doit être assigné à la gorge; l'état de sommeil profond se trouve dans le coeur; et le quatrième état se trouve à la couronne de la tête (26).

Du fait qu'un individu tient son atman dans le Paramatman au moyen de Prajna (compréhension spirituelle), nous avons ce qui est appelé sandhya et dhyana, de même que l'adoration associée au Sandhya (27).

Le Sandhya par méditation est dépourvu de toute offrande de liquide ainsi que de tout effort du corps et de la parole; c'est le principe unificateur pour toutes les créatures, et ceci est réellement le Sandhya pour les Ekadandis (28).

De quoi, sans L'atteindre, la parole retombe avec le mental, cela est la Béatitude (absolue) de cet être incarné, le connaissant le sage est libéré.

(Et la Béatitude est vraiment) l'Atman qui pénètre l'univers entier, comme le beurre dans le lait.

Ceci est la Brahmopanishad, ou la sagesse suprême du Brahman, sous la forme d'une unité de l'Atman de tous, fondée sur la discipline spirituelle (tapas), c'est Vidya ou science de l'Atman.

 

Ici se termine la Brahmopanishad qui appartient à l'Atharvaveda.