Vajrasucikopanishad

(Traduction :en anglais : Swami Madhavananda
rendue en français avec notes par Gaura Krishna)

(Le texte devanagari ainsi que la translittération ne peuvent être trouvés que dans l'édition imprimée de RAMA NAMA)

 

Traduction en anglais : S. Radhakrishnan
rendue en français avec texte devanagari reconstitué et notes par Gaura Krishna)

Cette Upanishad, qui appartient au Sama Veda, nous semble importante de nos jours, spécifiquement en ce qu'elle montre bien que la croyance en la caste par la naissance est absolument contraire au sanatana dharma (ou hindouisme), mais que la varna, ou couleur, de nos jours la classe, est une division naturelle de la société et que le brahmane se fait lui-même, qu'il est possible de changer de classe de par son évolution ou en retrouvant le niveau d'évolution atteint dans la vie antérieure. On pourrait dire pour résumer que ni la naissance ni une cérémonie ne font l'initié.

1.- Je vais décrire la doctrine Vajrasuchi qui brûle l'ignorance, condamne ceux qui sont dépourvus de connaissance et exhalte ceux qui sont pourvus de l'oeil de la connaissance.

2.- Le Brahmane, le Kshatriya, le Vaishya et le Shudra sont les quatre varnas. Que le Brahmane est le chef de ces classes est en accord avec les textes védiques et est affirmé par les Smritis. A ce propos il y a un point digne d'investigation. Qui est, en vérité, le Brahmane ? Est-ce l'âme individuelle (jiva) ? Est-ce le corps ? Est-ce la classe basée sur la naissance ? Est-ce la connaissance ? Est-ce les actions ? Est-ce celui qui accomplit les rites ?

3.- De ceux-ci, si l'on prend le Jiva pour le Brahmane, il n'en est pas ainsi, car la forme de l'individu est une seule et même chose dans le grand nombre de corps passés et à venir. Même si le jiva est un, il y a de la place pour plusieurs corps du fait du travail du karma, et dans tous ces corps la forme du jiva est unique. Aussi le jiva n'est-il pas le brahmane.

4.- Si on dit alors que le corps est le brahmane, il n'en est pas ainsi, du fait de l'unité de la nature du corps qui est composé des cinq éléments, dans toutes les classes (varnas) des êtres humains jusqu'aux chandalas, etc.; du fait de la perception des caractères communs du vieil âge et de la mort, de la vertu et du vice, du fait de l'absence de toute régularité dans le fait que le brahmane soit de teint clair, le kshatriya de teint rouge, le vaishya de teint fauve, le shudra de teint sombre et du fait de la disposition des fils et des autres à devenir souillés du meurtre d'un brahmane et d'autres (fautes) en brûlant le corps de leurs pères et d'autres parents. Aussi le corps n'est-il pas le brahmane.

5.- Alors si l'on dit que la naissance (fait) le brahmane, il n'en est pas ainsi, car il y a beaucoup d'espèces parmi les créatures autres que l'homme; beaucoup de sages sont d'origines diverses. Nous savons par les livres sacrés que Rishyashringa est né d'un cerf, Kaushika de l'herbe kusha, Jambuka d'un chacal, Valmiki d'une fourmilière, Vyasa d'une femme pêcheur, Gautama du dos d'un lièvre, Vasishtha d'Urvashi, Agastya d'une jarre en terre. Parmi eux, malgré leur naissance, il y a beaucoup de sages qui ont aussi pris le rang le plus élevé, ayant donné preuve de leur sagesse. Ainsi la naissance ne fait pas le brahmane.

6.- Alors (si l'on dit) que la connaissance (fait) le brahmane, il n'en est rien parce que parmi les kshatriyas et autres y en a beaucoup qui ont vu la Réalité la Plus-Haute et atteint la sagesse. Ainsi la connaissance ne (fait pas) le brahmane.

7.- Alors (si l'on dit) que les oeuvres (font) le brahmane, il n'en est rien, car nous voyons que les oeuvres commencées dans la présente incarnation ou accumulées pendant les vies précédentes ou à commencer dans une future incarnation sont communes à toutes les créatures vivantes et que les hommes de bien accomplissent des oeuvres poussés par leur karma passé. Aussi les oeuvres ne font-elles pas le brahmane.

8.- Alors (si l'on dit) que celui qui accomplit des devoirs religieux est un brahmane, il n'en est rien, car il y a eu beaucoup de kshatriyas et d'autres qui ont donné de l'or. Aussi celui qui accomplit des rites religieux n'est-il pas le brahmane.

9.- Alors, qui en vérité est le brahmane ? Celui qui, après avoir perçu, comme le fruit amalaka dans la paume de sa main, le Soi sans second, dépourvu de distinction de naissance, d'attribut et d'action, dépourvu de toutes fautes comme les six infirmités (1) et les six états (2), de la forme de la vérité, de la sagesse, de la béatutide et de l'éternité; qui est par lui-même, dépourvu de déterminations, base de déterminations sans fin, qui fonctionne comme esprit résidant à l'intérieur de tous les êtres, qui se répand à l'intérieur et à l'extérieur de tous comme l'éther, de la nature de la béatitude, indivisible, incommensurable, uniquement réalisable par l'expérience et qui se manifeste directement et, par l'accomplissement de sa n ature, devient débarrassé des fautes du désir, de l'attachement, etc., et doué des qualités de tranquillité, etc... débarrassé des états d'être, de rancune, d'avidité, d'expectation, de confusion, etc., le mental inaffecté par l'ostentation, l'égoïsme et autres, il vit. Celui seul qui possède toutes ces qualités est le brahmane. Telle est la vue des textes et de la tradition védiques, du savoir et de l'histoire de jadis. L'accomplissement de l'état de brahmane est sinon impossible. Médite sur le Brahman, le Soi qui est Existence-Conscience-Béatitude, sans second; médite sur Brahman qui est sans second. Telle est l'upanishad.

 

Quelques autres textes sur la 'classe'
(pour prouver encore et encore que le système de la caste
par la naissance est tout à fait contraire au Sanatana Dharma
et n'a rien à voir avec le véritable Hindouisme).


(MAHABHARATA, Aranya Parva, 312, 106)

Cher Yaksha, écoute : ni l'étude ni l'érudition ne sont la cause de la re-naissance. La conduite est la base, il n'y a aucun doute là-dessus.

Ô roi des serpents, celui en qui se manifestent la véracité, la charité, la patience, la bonne conduite, la non-blessure, l'austérité et la compassion est un brahmane selon la tradition sacrée.

Ô serpent, celui en qui cette conduite est manifeste est un brahmane,
celui en qui cela est absent, traite-le comme un shudra.
(Mahabharata, Aranya Parva, 180, 20, 27)


(Mahabharata, XII - 269, 34)

Les dieux considèrent comme brahmane celui qui n'a pas de désirs, qui n'entreprend aucun travail, qui ne salue ni ne loue personne, dont le travail a été épuisé mais qui demeure lui-même inchangé.

 

Les quatre varnas (ordres de la société) furent créés par Moi en les classifiant selon le mode prédominant de Prakrti (1) en chacun et en proportion des devoirs correspondants; quoiqu'auteur de cette création, sache que Moi, le Seigneur Immortel, suis un non-acteur.
(Bhagavadgita - 4 - 13)