Swami VIVEKANANDA

 

L'INDE BOUDDHISTE

 

(Conférence donnée au Shakespeare Club, Pasadena, Californie, le 2 Février 1900)

(Traduction : Gaura Krishna)

 

 

L'Inde bouddhiste est notre sujet ce soir. Vous avez presque tous, peut-être, lu le poème d'Edwin Arnold sur la vie de Buddha, et certains d'entre vous, ont peut-être pénétré le sujet avec un intérêt plus érudit puisqu'il y a plutôt pas mal de littérature bouddhiste en anglais, en français et en allemand. Le bouddhisme lui-même est le plus intéressant des sujets, car c'est la première éruption historique d'une religion mondiale. Il y a eu de grandes religions avant que le bouddhisme apparaisse, en Inde et ailleurs, mais elles sont plus ou moins confinées à l'intérieur de leurs propres races. Les anciens hindous ou les anciens juifs ou les anciens perses avaient tous une grande religion chacun, mais ces religions étaient plus ou moins raciales. C'est avec le bouddhisme que débute ce phénomène particulier de religion qui commence hardiment à conquérir le monde. En dehors de ses doctrines, des vérités qu'il enseignait et du message qu'il avait à donner, nous nous trouvons face à face avec l'un des énormes cataclysmes du monde. En quelques siècles après sa naissance, les missionnaires de Buddha, allant pieds nus et la tête rasée, s'étaient répandus dans tout le monde civilisé connu et ils avaient même pénétré plus avant, de la Laponie d'un côté aux Iles Philippines de l'autre. Ils s'étaient répandus largement en peu de siècles après la naissance de Buddha; et en Inde même, la religion de Buddha avait à une époque presque avalé les deux tiers de la population.

L'Inde n'a jamais été bouddhiste entièrement. Elle est restée en-dehors. Le bouddhisme a eu le même destin que le christianisme a eu avec les Juifs; la majorité des Juifs s'est tenue à l'écart. Ainsi l'ancienne religion indienne a-t-elle continué de vivre. Mais la comparaison s'arrête ici. Le Christianisme, quoiqu'il n'ait pu prendre en son sein la totalité de la race juive, a pris le pays. Là où existait l'ancienne religion - la religion des Juifs - elle a été conquise en très peu de temps par le christianisme et l'ancienne religion a été dispersée, et ainsi la religion des Juifs vit-elle une vie sporadique dans différentes parties du monde. Mais en Inde cet enfant gigantesque a été absorbé, en fin de compte, par la mère qui lui avait donné naissance, et aujourd'hui le nom même de Buddha est pratiquement inconnu dans l'Inde entière. Vous en savez plus sur le bouddhisme que quatre vingt dix neuf pour cent des indiens. Au mieux ceux de l'Inde ne connaissent que le nom - "Oh, c'était un grand prophète, une grande Incarnation de Dieu ", et çà s'arrête là. L'île de Ceylan reste à Bouddha, et dans quelques parties du pays himalayen il y a encore quelques bouddhistes. Au-delà de çà il n'y en a pas. Mais (le bouddhisme) s'est répandu dans tout le reste de l'Asie.

Il a pourtant le plus grand nombre de fidèles, et il a indirectement modifié l'enseignement de toutes les autres religions. Pas mal de bouddhisme est entré en Asie Mineure. Il y a eu à une époque un combat incessant pour savoir qui prévaudrait des bouddhistes ou des sectes chrétiennes plus tardives. Les (gnostiques) et les autres sectes des premiers Chrétiens étaient plus ou moins bouddhistes dans leurs tendances, et elles se sont toutes fondues dans cette merveilleuse ville d'Alexandrie, et de la fusion sous la loi romaine le christianisme est arrivé. Par son aspect politique et social, le bouddhisme est même plus intéressant que ses (doctrines) et ses dogmes; et en tant que première éruption de l'énorme pouvoir conquérant de la religion, il est aussi très intéressant.

Dans cette lecture du bouddhisme, je suis principalement intéressé par l'Inde du fait qu'elle a été affectée par le bouddhisme, et pour comprendre un peu le bouddhisme et son apparition, nous devons avoir quelques idées sur l'Inde telle qu'elle existait lorsque est né ce grand prophète.

Il y avait déjà en Inde une immense religion avec une Ecriture organisée : les Vedas; et ces Vedas existaient en tant une masse de littérature et non en tant que livre, comme vous trouvez l'Ancien Testament, la Bible. La Bible est une masse de littérature d'époques différentes; différentes personnes y ont écrit, etc. C'est une collection. Les Vedas sont une collection immense. Je ne sais pas - si tous les textes ont été trouvés - personne n'a trouvé tous les textes, personne même en Inde n'a vu tous les livres - si tous les livres étaient connus si cette pièce les contiendrait. C'est une énorme quantité de littérature, portée de génération en génération à partir de Dieu qui a donné les Ecritures. Et en Inde l'idée sur les Ecritures et devenue terriblement orthodoxe. Vous vous plaignez de vos orthodoxies dans votre culte des livres. Si vous aviez l'idée des Hindous, où seriez-vous ? Les Hindous pensent que les Vedas sont la connaissance directe de Dieu, que Dieu a créé tout l'univers dans et par les Vedas, et que tout l'univers existe parce qu'il est dans les Vedas. La vache existe à l'extérieur parce que le mot " vache " se trouve dans les Vedas; l'homme existe à l'extérieur parce que le mot se trouve dans les Vedas. Vous voyez ici le début de cette théorie que les chrétiens ont développé plus tard et exprimé dans le texte : " Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu. " C'est la vieille, l'ancienne théorie de l'Inde. Là-dessus se base toute l'idée des Ecritures. Et voyez, chaque mot est le pouvoir de Dieu. Le mot n'est que la manifestation extérieure au niveau matériel. Ainsi, toute cette manifestation n'est que la manifestation au niveau matériel; et le Verbe (mot) c'est les Vedas, et le Sanskrit est la langue de Dieu. Dieu a parlé un jour. Il a parlé en sanskrit, et c'est la langue divine. Toute autre langue, considèrent-ils, n'est rien de plus qu'un braiement d'animaux ; et pour le montrer ils appellent (Mlechchhas) toute autre nation qui ne parle pas sanskrit, le même mot que les barbares des Grecs. Ils braient, et le sanskrit est la langue divine.

Les Vedas n'ont été écrits par personne; ils coexistaient de toute éternité avec Dieu. Dieu est infini. De même sa connaissance, et par cette connaissance le monde est créé. Leur idée de l'éthique est (qu'une chose est bonne) parce que la loi le dit. Tout est lié par ce livre - rien (ne peut aller) au-delà, parce que la connaissance de Dieu, vous ne pouvez aller au-delà d'elle. C'est l'orthodoxie indienne.

Dans la dernière partie des Vedas vous trouvez ce qu'il y a de plus élevé, le spirituel. Dans les parties antérieures, il y a des portions grossières. Vous citez un passage des Vedas - "Ca n'est pas bon", dites-vous. " Pourquoi ? " "Il y a une indiscutable mauvaise recommandation " - la même que vous voyez dans l'Ancien Testament. Il y a beaucoup de choses dans les anciens livres, des idées curieuses, que nous n'aimerions pas à notre époque actuelle. Vous dites : " Cette doctrine n'est pas bonne du tout; pourquoi, elle choque ma morale ! " Comment avez-vous eu votre idée ? (Simplement) par votre propre pensée ? Allez donc ! Si elle a été ordonnée par Dieu, quel droit avez-vous de la mettre en question ? Lorsque les Vedas disent : "Ne faites pas ceci, c'est immoral", etc. vous n'avez pas plus le droit de le mettre en question. Et c'est le problème. Si vous dites à un hindou : "Mais notre Bible ne dit pas çà", (il répondra) : "Oh, votre Bible ! C'est un bambin de l'histoire. Quelle autre Bible peut exister en dehors des Vedas ? Quel autre livre pourrait exister ? Toute connaissance est en Dieu. Voulez-vous dire qu'Il donne son enseignement par deux Bibles ou plus ? Sa connaissance est venue des Vedas. Voulez-vous dire qu'Il a fait une erreur, alors ? Qu'Il a voulu ensuite faire quelque chose de mieux et qu'il a enseigné une autre Bible à une autre nation ? Vous ne pouvez pas apporter d'autre livre qui soit aussi vieux que les Vedas. Tout le reste a été entièrement copié à partir de çà. " Ils ne vous écouteront pas. Et le chrétien apporte sa Bible. Ils disent : " C'est une fraude. Dieu ne parle qu'une fois, parce qu'Il ne fait jamais d'erreurs."

Réfléchissez-y maintenant. Cette orthodoxie est terrible. Si vous demandez à un hindou de réformer sa société et de faire ceci et cela, il dira : "Est-ce dans les livres ? Si çà n'y est pas, je ne me soucie pas de changer. Attendez. Dans cinq (cents) ans vous trouverez que c'est bon. " Si vous lui dites : "Cette institution sociale que vous avez n'est pas juste ", il dira : " Comment le savez-vous ? " Puis il dira : "Nos institutions sociales en la matière sont les meilleures. Attendez cinq (cents) ans et vos institutions mourront. L'épreuve est la survie des meilleures. Vous vivez, mais il n'y a aucune communauté dans le monde qui vive cinq cents ans d'affilée. Regardez ici ! Nous avons toujours été là ! " C'est ce qu'ils vous diront. Terrible orthodoxie ! Dieu merci j'ai traversé cet océan. (1)

C'était l'orthodoxie de l'Inde. Qu'y avait-il d'autre ? Tout était divisé, toute la société, comme çà l'est aujourd'hui, quoique alors sous une forme bien plus rigoureuse, divisée en castes. Il y a quelque chose d'autre à apprendre. Il y a une tendance à faire continuer les castes ici en Occident. Et je suis moi-même un renégat. J'ai tout brisé. Je ne crois pas dans la caste, individuellement. Il y a de très bonnes choses en elle. Pour moi, que Dieu m'aide ! je n'aurai pas de caste, s'Il m'aide. Vous comprenez ce que j'entends par caste, et vous essayez tous de la créer rapidement (and you are all trying to make it very fast). C'est un commerce héréditaire (pour) l'hindou. L'hindou a dit dans les anciens temps que la vie devait être rendue plus facile et plus douce. Et qu'est-ce qui rend tout vivant ? La compétition. Le commerce héréditaire tue. Vous êtes charpentier ? Très bien, votre fils ne peut être que charpentier. Qu'êtes-vous ? Un forgeron ? Forger devient une caste; vos enfants seront forgerons. Nous ne permettons à personne d'autre d'entrer dans ce commerce, alors vous pouvez être tranquille et y rester. Vous êtes militaire, un combattant ? Faites une caste. Vous êtes prêtres ? Faites une caste. La prêtrise est héréditaire. Etc. Grand pouvoir, rigide ! Cà a un grand côté, c'est que çà rejette la compétition. C'est cela qui a fait vivre la nation alors que les autres nations sont mortes - cette caste. Mais il y a un grand mal : çà contrôle l'individualité. Je dois être charpentier parce que je suis né charpentier, mais je n'aime pas çà. C'est dans le livre, et c'était avant que Buddha naisse. Je vous parle de l'Inde comme elle était avant Buddha. Et vous essayez aujourd'hui ce que vous appelez le socialisme ! De bonnes choses arriveront; mais à long terme vous serez (de la rouille) sur la race. Liberté est le mot d'ordre. Soyez libres ! Un corps libre, un mental libre et une âme libre ! C'est ce que j'ai ressenti toute ma vie ; je préfèrerais faire le mal librement que le bien sous esclavage.

Bien, ces choses pour lesquelles on pleure maintenant en Occident, on les a faites là-bas il y a des âges. La terre a été nationalisée … toutes ces choses par milliers. Il existe des reproches sur cette caste étroite. Les Indiens sont intensément socialistes. Mais, au-delà de çà, il y a une richesse d'individualisme. Ils sont aussi énormément individualistes - c'est à dire, après avoir établi toutes ces règles précises. Ils ont règlementé la manière dont vous devez manger, boire, dormir, mourir ! Tout y est réglementé ; depuis tôt le matin jusqu'au moment où vous allez dormir, vous suivez des règles et la loi. La loi, la loi. Êtes-vous étonnés qu'une nation doive (vivre) sous cela ? La loi c'est la mort. Plus il y a de loi dans un pays, pire c'est pour ce pays. (Mais pour être un individu) nous allons dans les montagnes, où il n'y a pas de loi, pas de gouvernement. Plus vous légiférez, plus il y a de la police et du socialisme, plus il y a de fripouilles. Cet énorme règlement de loi est maintenant là. Dès qu'un enfant naît, il sait qu'il est né esclave : esclave de sa caste d'abord, esclave de sa nation ensuite. Esclave, esclave, esclave. Toutes ses actions : son boire et son manger. Il doit manger d'après une méthode régulière; cette prière-ci avec le premier morceau, cette prière-là avec le second, cette autre prière avec le troisième, et cette prière-là quand il boit de l'eau. Pensez juste à çà ! Et ainsi, jour après jour, çà continue et çà continue.

Mais il y avait des penseurs. Ils savaient que cela ne mènerait pas à une véritable grandeur. Ils laissèrent alors une sortie pour eux tous. Après tout cela, ils ont trouvé que toutes ces règles ne sont valables que pour le monde et pour la vie du monde. Dès que vous ne voulez pas d'argent (et) que vous ne voulez pas d'enfants - pas d'affaires pour ce monde - vous pouvez sortir entièrement libre. Ceux qui sortent ainsi ont été appelés Sannyasins - les gens qui ont abandonné. Ils ne se sont jamais organisés et ils ne le font pas non plus maintenant; c'est un ordre libre d'hommes et de femmes qui refusent de se marier, qui refusent de posséder, et ils n'ont pas de loi - pas même les Védas ne les lient. Ils se tiennent (sur) le sommet des Vedas. Ils sont (à) l'autre pôle (de) nos institutions sociales. Ils sont au-delà de la caste. Ils ont grandi au-delà. Ils sont trop grands pour être liés par ces petites règles et ces petites choses. Seuls deux choses leur sont nécessaires : ils ne doivent pas avoir de possession et ils ne doivent pas se marier. Si vous vous mariez, si vous vous établissez ou si vous avez de la propriété, les règles s'appliquent à vous immédiatement; mais si vous ne faites aucune de ces deux choses, vous êtes libre. Ils étaient les dieux vivants de la race, et c'est parmi eux que nous trouvons quatre vingt dix neuf pour cent de nos grands hommes et femmes.

Dans tout pays, la véritable grandeur d'âme signifie une individualité extraordinaire, et cette individualité, nous ne pouvez pas l'acquérir dans la société. Elle s'agite, elle fume et elle veut mettre la société en pièces. Si la société veut l'en empêcher, cette âme veut faire éclater la société en morceaux. Et ils ont fait un canal facile. Ils disent : " Bon, une fois que vous sortez de la société, alors vous pouvez prêcher et enseigner tout ce que vous voulez. Nous ne vous adorerons que de loin. Aussi y a-t-il eu les hommes et les femmes fantastiques, individualistes, et ce sont les personnes les plus élevées dans toute la société. Si l'une de ces personnes vêtues de jaune et à la tête rasée arrive, le prince même n'ose pas rester assis en sa présence, il doit se lever. Une demi-heure après, l'un de ces sannyasins peut être à la porte d'une des petites maisons des sujets les plus pauvres, content de n'obtenir qu'un morceau de pain. Et il doit se mêler à tous les rangs; il dort actuellement avec un pauvre homme dans sa chaumière; demain (il) dormira sur le lit magnifique d'un roi. Un jour il dîne sur des plateaux d'or dans les palais de rois; le jour suivant il n'a pas de nourriture et il dort sous un arbre. La société considère ces hommes avec grand respect; et certains d'entre eux, juste pour montrer leur individualité, vont essayer de choquer les idées publiques. Mais les gens ne sont jamais choqués aussi longtemps qu'ils se tiennent à ces principes : pureté parfaite et pas de propriété.

Ces hommes, étant très individualistes, essaient toujours de nouvelles théories et de nouveaux plans - en visitant tous les pays. Ils doivent penser à quelque chose de nouveau; ils ne peuvent pas suivre les vielles routines. Les autres essaient tous de nous faire suivre les vieilles routines, en nous forçant tous à penser de la même manière. Mais la nature humaine est plus grande que n'importe quelle folie humaine. Notre grandeur est plus grande que notre faiblesse; les bonnes choses sont plus fortes que les mauvaises. En supposant qu'ils arrivent à nous faire penser selon la même routine, alors nous ne penserions plus à penser, nous mourrions.

C'était là une société qui n'avait pratiquement aucune vitalité, ses membres enfoncés par les chaînes de fer de la loi. Ils étaient forcés de s'aider les uns les autres. On était là sous des règlements terribles : même des règlements sur la manière de respirer, comment se laver la figure et les mains, comment prendre son bain, comment se brosser les dents, etc… ce jusqu'à l'heure de la mort. Et au-delà de toutes ces règles se trouvait l'individualisme merveilleux du sannyasin. Il était là. Et chaque jour une nouvelle secte apparaissait parmi ces hommes et ces femmes forts et individualistes. Les anciens livres sanskrits nous parlent de leur contraste - ils nous parlent d'une femme qui était une vieille chose très bizarre et singulière; (elle était) quelquefois critiquée, mais les gens avaient toujours peur d'elle et lui obéissaient tranquillement. Il y avait ainsi ces grands hommes et ces grandes femmes des temps jadis.

Et à l'intérieur de cette société si opprimée par les règle,s le pouvoir se trouvait entre les mains des prêtres. Dans l'échelle sociale, la caste la plus haute est celle du prêtre, et c'est un business - je ne connais aucun autre mot, c'est pourquoi j'utilise le mot "prêtre ". Cà n'a pas le même sens que dans ce pays, parce que notre prêtre n'est pas un homme qui enseigne la religion ou la philosophie. L'affaire d'un prêtre est d'accomplir tous ces détails précis des règles qui ont été établies. Le prêtre est l'homme qui aide dans ces règles. Il vous marie, il vient pour prier à vos funérailles. Ainsi le prêtre doit être là pour toutes les cérémonies qui sont faites pour un homme ou pour une femme. Dans la société l'idéal est le mariage. (Tout le monde) doit se marier. C'est la règle. Sans mariage, l'homme ne peut pas accomplir de cérémonie religieuse, il n'est que la moitié d'un homme; (il) n'est pas compétent pour officier, même le prêtre ne peut pas officier en tant que prêtre, sauf s'il se marie. La moitié d'un homme ne convient pas à la société.

Le pouvoir des prêtres s'est énormément accru … La politique générale de nos législateurs nationaux était de donner cet honneur aux prêtres. Ils avaient aussi le même plan socialiste que (vous êtes) prêts à (essayer) qui les freinait dans leurs gains. Quelle (était) la motivation ? L'honneur social. Voyez-vous, dans tous les pays le prêtre est le plus élevé dans l'échelle sociale, cela tant qu'en Inde le brahmine le plus pauvre est plus grand que le plus grand roi du pays, de naissance. C'est le noble de l'Inde. Mais la loi ne lui permet pas toujours de devenir riche. La loi le met dans la pauvreté, seulement elle lui donne cet honneur. Il ne peut pas faire un millier de choses, et plus la caste est élevée dans l'échelle sociale et plus ses plaisirs sont restreints. Plus haute est la caste, moindre est le nombre de sortes de nourriture qu'il peut manger, moindre est la quantité de nourriture que cet homme peut manger, moindre le nombre d'occupations dans lesquelles il peut s'engager. Pour vous, sa vie ne serait qu'un train perpétuel de privations, rien de plus que çà. C'est une discipline perpétuelle dans le manger, le boire et dans tout; et toutes les pénalités qui sont requises de la caste la plus basse sont requises dix fois plus de la plus haute. L'homme le plus vil dit un mensonge, son amende est de un dollar. Un brahmine peut payer, disons cent dollars - (car) il connaît mieux.

Mais pour commencer, c'était une grande organisation. Plus tard le temps est venu où eux, ces prêtres, ont commencé à avoir tout le pouvoir entre leurs mains, et à la fin ils ont oublié le secret de leur pouvoir : la pauvreté. Il y avait des hommes que la société nourrissait et habillait de telle sorte qu'ils puissent juste apprendre, enseigner et penser. Au lieu de cela, ils ont commencé à étendre leurs mains pour se cramponner aux richesses de la société. Ils sont devenus des " grippe-sous", pour utiliser votre expression, et ils ont oublié toutes ces choses.

Il y avait ensuite la seconde caste, la caste royale, les militaires. Le pouvoir réel était entre leurs mains. Non seulement cela, ils avaient produit tous nos grands penseurs, et non les Brahmines. C'est curieux. Tous nos grands prophètes, presque sans exception, appartiennent à la caste royale. Le grand homme Krishna était aussi de cette caste; Rama aussi, et tous nos grands philosophes, presque tous (étaient) assis sur le trône ; de là sont venus tous nos grands philosophes de renonciation. Du trône est venue la voix qui a toujours crié : "Renonce". Ces militaires étaient les rois, et ils étaient aussi philosophes; ils étaient les interlocuteurs des Upanishads. En cerveau et en pensée, ils étaient plus grands que les prêtres, et pourtant les prêtres avaient obtenu tout le pouvoir et essayaient de les tyranniser. Et cela a continué ainsi : la compétition politique entre les deux castes, les prêtres et les rois.

Il y a un autre phénomène. Ceux d'entre vous qui ont pu écouter la première conférence savent déjà qu'il y a deux grandes races en Inde : l'une est appelée l'aryenne, l'autre la non aryenne. C'est la race aryenne qui a les trois castes; mais tout le reste est adoubé d'un unique nom : les shudras : sans caste. Ils ne sont pas aryens du tout. (Beaucoup de gens sont venus de l'extérieur de l'Inde et ils ont trouvé les shudras, les aborigènes du pays)(2). Quoiqu'il en soit, ces grandes masses de non-aryens et les gens mélangés parmi eux se sont civilisés peu à peu et ils ont commencé à intriguer pour obtenir les mêmes droits que les aryens. Ils ont voulu entrer dans leurs écoles et leurs collèges; ils ont voulu prendre le cordon sacré des aryens, ils ont voulu accomplir les mêmes cérémonies que les aryens, et ils ont voulu avoir des droits égaux à ceux des aryens en religion et en politique. Et le prêtre brahmine a été le grand adversaire de telles réclamations. Vous voyez, c'est dans la nature des prêtres de tous les pays, ce sont les gens les plus conservateurs, naturellement. Aussi longtemps qu'il y a un commerce, il doit demeurer; c'est dans leur intérêt d'être conservateurs. Aussi cette marée de murmure en-dehors des bornes aryennes, les prêtres essayèrent de toutes leurs forces de la freiner. A l'intérieur des frontières aryennes, il y avait aussi une énorme agitation religieuse, et elle était principalement mené par la caste militaire.

Il y avait déjà la secte des Jaïns (qui était une force) conservatrice en Inde, (même) aujourd'hui encore. C'est une secte très ancienne. Ils se sont déclarés contre la validité des écritures des Hindous, les Vedas. Ils ont écrit quelques livres eux-mêmes, et ils ont dit : " Nos livres sont les seuls livres originaux, les seuls Vedas originaux, et les Vedas qui continuent d'exister actuellement sous ce nom ont été écrits par les brahmines pour duper les gens. " Et ils ont aussi établi le même plan. Vous voyez, il est difficile pour vous de rejoindre les arguments des Hindous sur les écritures. Ils ont aussi clamé que le monde avait été créé au travers de ces livres. Et ils ont été écrits dans la langue populaire. Le sanskrit, alors même, avait cessé d'être le langage parlé - (il avait) juste la même relation (à la langue parlée) que le latin a avec l'italien moderne. Et ils ont écrit tous leurs livres en pali ; et quand un brahmane dit : " Pourquoi vos livres sont-ils en pali ? ", ils répondent : " Le sanskrit est une langue de morts. "

Ils étaient différents dans leurs méthodes et dans leurs manières. Car, voyez-vous, ces écritures hindoues, les Vedas, sont une énorme masse d'accumulations - quelques-unes grossières - jusqu'à ce que vous arriviez là où la religion est enseignée, seulement le spirituel. C'était la partie des Vedas que toutes les sectes prétendaient prêcher. Il y a trois étapes dans les anciens Vedas : premièrement le travail, deuxièmement le culte, troisièmement la connaissance. Lorsqu'un homme se purifie par le travail et le culte, alors Dieu est en cet homme. Il a réalisé qu'Il est déjà là. Lui seulement a pu Le voir parce que le mental est devenu pur. L'homme peut se purifier par le travail et par le culte. C'est tout. Le salut est déjà là. Nous ne le savons pas. C'est pourquoi travail, culte et connaissance sont les trois étapes. Par travail, ils entendent faire du bien aux autres. Cela a, bien entendu, quelque chose en soi, mais principalement, comme pour les brahmines, travail veut dire accomplir ces cérémoniels élaborés : tuer des vaches et tuer des taureaux, tuer des chèvres et toutes sortes d'animaux, qui sont pris fraîchement et jetés dans le feu, etc., " Cà n'est pas du tout du travail , " déclarèrent les Jaïns, parce que blesser les autres ne peut jamais être du bon travail "; et ils dirent : " C'est la preuve que vos Vedas sont de faux Vedas, fabriqués par les prêtres, parce que vous ne voulez pas dire qu'un bon livre va nous ordonner de tuer des animaux et de faire ces choses. Vous ne le croyez pas. Alors toute cette tuerie d'animaux et autres choses que vous voyez dans les Vedas, cela a été écrit par les Brahmines, parce qu'eux seuls en bénéficient. Cà n'est que le prêtre qui empoche l'argent et retourne chez lui. C'est donc pourquoi tout cela est affaire de prêtre.

Une de leurs doctrines était qu'il ne pouvait y avoir aucun Dieu : "Les prêtres ont inventé Dieu, pour que les gens croient en Dieu et leur paient de l'argent ! Non-sens total ! Il n'y a pas de Dieu. Il y a la nature et il y a des âmes, et c'est tout. Les âmes se sont empêtrées dans cette vie et ont mis autour d'elles le vêtement d'homme que vous appelez corps. Maintenant, faites du bon travail." Mais de cela est naturellement venue la doctrine selon laquelle tout ce qui est matière est vil. Ce sont les premiers enseignants de l'ascétisme. Si le corps est le résultat de l'impureté, alors le corps est vil. Si un homme se tient sur une jambe pendant quelque temps : "Bien, c'est une punition". Si la tête se cogne contre un, mur : "Réjouissez-vous, c'est une très bonne punition. " Quelques-uns des fondateurs de (l'Ordre Franciscain) - l'un d'eux était Saint François - se rendaient à un certain endroit pour rencontrer quelqu'un; et St François avait avec lui l'un de ses compagnons, et il commença à parler en se demandant si la personne allait les recevoir ou non, et cet homme suggéra la possibilité qu'il les rejette. St François dit : " Cela n'est pas suffisant, mon frère, mais si, quand nous frappons à la porte, l'homme vient et nous renvoie, cela ne sera pas assez. Mais s'il nous ordonne de nous attacher et qu'il nous donne un fouettement complet, même cela ne sera pas assez. Et puis, s'il nous lie les pieds et les mains et nous fouette jusqu'à ce que nous saignions de chaque pore de notre peau et nous jette dehors dans la neige, cela devrait être suffisant. "

Ces (mêmes) idées ascétiques prévalaient à cette époque. Ces Jaïns furent les premiers grands ascètes, mais ils ont fait du grand travail. " Ne blesse personne et fais du bien à tous ceux que tu peux, et c'est la morale et l'éthique, et c'est tout le travail qu'il y a à faire, et tout le reste est non-sens - les brahmines l'ont créé. Rejette tout. " Puis ils sont partis travailler et ont élaboré complètement cet unique principe, et c'est un idéal fort merveilleux : comment ils ont simplement fait sortir tout ce que nous appelons morale de cet unique grand principe de ne pas blesser et de faire le bien.

Cette secte existait au moins cinq cents ans avant Buddha, et Buddha a existé cinq cent cinquante ans avant Christ.* Ils divisent la totalité de la création animale en trois parties : la plus basse n'a qu'un organe, celui du toucher, la suivante a le toucher et le goût, la suivante a le toucher, le goût et l'ouïe, la suivante le toucher, le goût, l'ouïe et la vue. Et la suivante les cinq organes. Les deux premières - celle avec un organe et celle avec deux - sont invisibles à l'œil nu, et elles se trouvent partout dans l'eau. Terrible chose que de tuer ces (formes de vie). Cette bactériologie n'est venue à l'existence dans le monde moderne que lors des vingt dernières années et avant cela personne n'en connaissait quoi que ce soit. Ils disaient que les organismes les plus bas n'avaient qu'un organe : celui du toucher, rien d'autre. Les suivants, plus grands, étaient aussi invisibles. Et ils savaient tous que si vous faites bouillir l'eau ces animaux sont tous tués. Alors ces moines, s'ils mouraient de soif, ne tuaient jamais ces animaux en buvant de l'eau. Mais si (un moine) se tient devant votre porte et que vous lui donnez un petit peu d'eau bouillie, le péché de tuer les animaux est sur vous, et il en obtiendra le bénéfice. Ils portent ces idées à des extrémités ridicules. Par exemple, en frottant le corps - s'il se baigne - il va devoir tuer nombre d'animalcules; alors il ne se baigne jamais. Il se tue lui-même; il dit que c'est O.K. La vie n'a pas d'attention pour lui; il sera tué et sauvera la vie.

Ces Jaïns étaient là. Il y avait diverses autres sectes d'ascètes; et tandis que cela continuait, il y avait la jalousie politique entre les prêtres et les rois. Puis ces différentes sectes mécontentes se sont levées partout. Et ce fut un plus grand problème : les grandes multitudes de gens voulant les mêmes droits que les aryens, mourant de soif alors que le courant éternel de la nature coulait grâce à eux, et aucun droit de boire une goutte d'eau.

Et cet homme est né : le grand homme Buddha. La plupart d'entre vous ont entendu parlé de lui, de sa vie. Et malgré tous les miracles et toutes les histoires qui se greffent généralement sur tout grand homme, c'est en tout premier lieu l'un des prophètes du monde les plus historiques. Deux sont très historiques : l'un, le plus ancien, Buddha, et l'autre, Mohammed, parce qu'à la fois amis et ennemis se sont mis d'accord sur eux. Nous sommes donc parfaitement surs qu'ils ont été de telles personnes. Quant aux autres personnes, nous ne pouvons qu'accepter ce que les disciples ont dit, pas plus. Notre Krishna, vous savez, le prophète hindou, il est très mythologique. Une grande partie de sa vie, et tout sur lui, n'a été écrite que par ses disciples; alors parfois il semble y avoir trois ou quatre hommes qui apparaissent tous indistinctement comme un seul. Nous ne connaissons pas très nettement au sujet de beaucoup de prophètes, mais pour ce qui est de cet homme, parce qu'amis et ennemis écrivent sur lui, nous sommes surs qu'il y a eu un tel personnage historique. Et si nous analysons toutes les fables, les rapports de miracles et les histoires qui sont généralement amoncelées sur un grand homme dans ce monde, nous trouvons un noyau intérieur; et d'après tout le récit fait sur cet homme, il n'a jamais rien fait pour lui-même, jamais ! Comment savez-vous cela ? Parce que, voyez-vous, quand les fables se greffent sur un homme, les fables doivent être colorées avec le caractère général de cet homme. Aucune fable n'a essayé d'imputer quelque vice ou quelque immoralité que ce soit à l'homme. Même ses ennemis ont des récits favorables.

Lorsque Buddha est né, il était si pur que quiconque regardait son visage de loin abandonnait immédiatement la religion cérémonielle et devenait moine et devenait sauvé. Aussi les dieux tinrent-ils une réunion. Ils dirent : " Nous sommes défaits. " Parce que la plupart des dieux vivent de cérémoniels. Ces sacrifices vont aux dieux et ces sacrifices avaient tous disparu. Les dieux mouraient de faim et (la raison en était) que leur pouvoir avait disparu. Aussi les dieux dirent : " Nous devons trouver un moyen de supprimer cet homme. Il est trop pur pour notre vie." Puis les dieux vinrent et dirent : "Monsieur, nous venons vous demander quelque chose. Nous voulons faire un grand sacrifice et nous entendons faire un immense feu, et nous avons cherché dans le monde entier un endroit pur pour allumer le feu et nous n'avons pas pu en trouver un, et maintenant nous l'avons trouvé. Si vous vous allongez, nous ferons l'immense feu sur votre poitrine. " " D'accord ", dit-il, " allez-y ". Et les dieux construisirent le feu sur la poitrine de Buddha, et ils pensèrentt qu'il était mort, mais il ne l'était pas. Ils firent alors demi-tour et dirent : "Nous sommes défaits." Et tous les dieux commencèrent à le frapper. Pour rien. Ils ne purent pas le tuer. Du dessous la voix vint : "Pourquoi faites-vous toutes ces vaines tentatives ?" "Quiconque vous regarde devient purifié et est sauvé, et personne ne va nous adorer. " "Alors votre tentative est vaine, parce que la pureté ne peut jamais être tuée. " Cette fable a été écrite par ses ennemis, et pourtant dans toute la fable le seul blâme qui s'attache à Buddha est qu'il était un très grand enseignant de la pureté.

Sur ses doctrines, certains d'entre vous en connaissent un peu. C'est sa doctrine qui séduit beaucoup de penseurs modernes que vous appelez agnostiques. Il a été un grand prêcheur de la fraternité de l'humanité : "Aryen ou non aryen, caste ou pas caste, secte ou pas secte, tout le monde a le même droit à Dieu, à la religion et à la liberté. Entrez tous. " Mais quant au reste, il était très agnostique. "Soyez pratiques." Un jour cinq jeunes hommes, nés brahmines, sont venus le voir, se querellant sur une question. Il vinrent le voir et lui demandèrent le chemin de la vérité. Et l'un dit : " Mes gens enseignent cela, et cela est la voie de la vérité. " L'autre dit : " On m'a enseigné cela, et cela est la seule voie de la vérité. " " Quel est le bon chemin, Monsieur ?". " Bien, vous dites que vos gens vous ont enseigné que cela est la vérité et la voie qui mène à Dieu ? " "Oui." " Mais avez-vous vu Dieu ?" "Non monsieur." "Votre père ?" "Non, monsieur." "Votre grand-père ?" "Non, monsieur." "Aucun d'eux n'a vu Dieu ?" "Non. "Bien, et vos professeurs, aucun d'eux n'a vu Dieu ?" "Non." Et il demanda la même chose aux autres. Ils déclarèrent tous qu'aucun n'avait vu Dieu. "Bien," dit Buddha, "un garçon est venu dans un certain village en pleurant, en hurlant et en criant : " Oh, je l'aime tant ! Oh je l'aime tant !" Alors les villageois sont venus; et la seule chose qu'il disait était qu'il l'aimait tant. 'Quelle est celle que vous aimez?" "Je ne sais pas." "Où vit-elle ?" "Je ne sais pas." Mais il l'aimait tant. " Comment est-elle ? " "Cà je ne le sais pas, mais oh, je l'aime tant." Alors Buddha demanda : " Jeune homme, comment appelleriez-vous ce jeune homme ? " " Pourquoi, monsieur, il était fou ! " Et il dirent tous : " Pourquoi, monsieur, ce jeune homme était certainement fou pour crier comme cela à propos d'une femme, pour dire qu'il l'aimait tant alors qu'il ne l'avait jamais vue ou n'avait jamais su si elle existait ou non ? " "N'êtes-vous pas pareils ? Vous dites que ni votre père ni votre grand père n'ont jamais vu ce Dieu, et maintenant vous vous disputez à propos d'une chose que ni vous ni vous ancêtres n'ont jamais connue, et vous essayez mutuellement de vous couper la gorge à ce sujet-là. " Les jeunes hommes demandèrent alors : " Que devons-nous faire ? " " Dites-moi : est-ce que votre père a jamais enseigné que Dieu était toujours en colère ? " " Non, monsieur." " Est-ce que votre père a jamais enseigné que Dieu était le mal? " " Non, monsieur"; Il est toujours pur." " Bien, maintenant, si vous êtes purs et bons et tout çà, ne pensez-vous pas que vous aurez plus de chance de vous rapprocher de ce Dieu qu'en discutant et en essayant de vous couper mutuellement la gorge ? Alors, dites-moi : soyez purs et soyez bons; soyez purs et aimez tout le monde. " Et ce fut (tout).

Vous voyez que de ne pas tuer les animaux et que la charité envers les animaux était une doctrine qui existait déjà quand il est né; mais ce qui a été nouveau avec lui : la démolition de la caste, ce mouvement énorme. Et l'autre chose qui était nouvelle : il a pris quarante de ses disciples et les a envoyés partout dans le monde, en disant : "Allez, mêlez-vous à toutes les races et à toutes les nations et prêchez l'évangile excellent pour le bien de tous, pour le bénéfice de tous. " Et bien entendu il n'a pas été molesté par les hindous. Il est mort à un âge considérable. Il a toute sa vie été un homme très sévère : il n'a jamais cédé à la faiblesse. Je ne crois pas en nombre de ses doctrines; bien sur que non. Je crois que le Vedantisme des anciens Hindous est bien plus réfléchi, qu'il est une philosophie plus grande de la vie. J'aime sa méthode de travail, mais ce que j'aime (le plus) chez cet homme c'est que, parmi tous les prophètes de l'humanité, c'était un homme qui n'a jamais eu de toile d'araignée dans le cerveau, et (qu') il était sain et fort. Quand les royaumes étaient à ses pieds, il est resté le même homme, en maintenant : "Je suis un homme parmi les hommes."

Pourquoi les Hindous meurent-ils pour adorer quelqu'un. Vous verrez, si vous vivez assez longtemps, que je serai adoré par notre peuple. Si vous allez leur enseigner quelque chose là-bas, avant que vous ne mouriez vous serez adoré. Toujours en train d'essayer d'adorer quelqu'un. Et en vivant dans cette race, le mondialement honoré Buddha est mort en déclarant toujours qu'il n'était qu'un homme. Aucun de ses adulateurs n'a pu lui tirer une remarque selon laquelle il était différent d'un autre homme.

Ses derniers mots en mourant ont fait tressaillir mon Coeur. Il était vieux, il souffrait, il était près de la mort, et alors le hors-caste méprisé est venu : il vivait de charogne, d'animaux morts; les hindous ne leur permettent pas d'aller dans les villes - l'un d'eux l'invita à dîner et il y alla avec ses disciples, et le pauvre Chanda, il voulait traiter ce grand enseignant selon ce qu'il pensait être le mieux; alors il avait fait pour lui beaucoup de viande de porc et beaucoup de riz, et Buddha regarda cela. Les disciples (hésitaient) tous, et le Maître dit : "Bien, ne mangez pas, vous auriez mal." Mais il s'assit tranquillement et mangea. L'enseignant de l'égalité devait manger le dîner du (hors-caste) Chanda, même la viande de porc. Il s'est assis et l'a mangée.

Il était déjà en train de mourir. Il sentit la mort venir et il dit : " Etendez quelque chose pour moi sous cet arbre, car je pense que la fin est proche. " Et il était là sous l'arbre, et il s'étendit lui-même, il ne pouvait plus s'asseoir. Et la première chose qu'il fit, il dit : " Va voir ce Chanda et dis lui qu'il a été l'un de mes plus grands bienfaiteurs; pour son repas, je vais au Nirvana. " Alors plusieurs hommes vinrent pour être instruits, et un disciple dit : " Ne vous approchez pas maintenant, le Maître est en train de mourir. " Et dès qu'il entendit cela, le Seigneur dit : "Laissez-les entrer." Et d'autres personnes arrivèrent et les disciples ne voulurent pas les (laisser entrer). Ils revinrent et alors le Maître mourant dit : "Et, O toi Ananda, Je meurs. Ne pleure pas pour moi. Ne pense pas pour moi. Je suis parti. Travaille diligemment à ton propre salut. Chacun d'entre vous est juste ce que je suis. Je ne suis rien d'autre que l'un de vous. Ce que je suis aujourd'hui est ce que j'ai fait moi-même. Ne luttez pas et faites de vous-mêmes ce que je suis… "

Voici les paroles mémorables de Buddha : " Ne croyez pas parce qu'un livre ancien est produit comme autorité. Ne croyez pas parce que votre père a dit (que vous deviez) croire la même chose. Ne croyez pas parce que d'autres personnes aimeraient que vous le croyiez. Eprouvez tout, essayez tout, et alors croyez le, et si vous le trouvez bon pour beaucoup, alors donnez le à tous. " Et avec ces paroles le Maître mourut.

Voyez le bon sens de l'homme. Pas de dieux, pas d'anges, pas de démons - personne. Rien de la sorte. Sévère, sain d'esprit, toutes les cellules du cerveau parfaites et complètes, même au moment de la mort. Pas d'illusion. Je ne suis pas d'accord avec beaucoup de ses doctrines. Vous ne pouvez pas. Mais à mon avis, oh, si j'avais une seule goutte de cette force ! Le philosophe le plus saint d'esprit que le monde ait jamais vu. Son meilleur enseignant et le plus sain d'esprit. Et jamais cet homme ne s'est courbé même devant le pouvoir tyrannique des brahmines. Jamais cet homme ne s'est courbé. Direct et partout le même : pleurant avec le misérable, aidant le misérable, chantant avec celui qui chantait, fort avec le fort, et partout le même homme sain d'esprit et compétent.

Et bien entendu, avec cela je ne peux pas comprendre sa doctrine. Vous savez qu'il niait avoir une âme en l'homme, cela au sens hindou du mot. Maintenant, nous hindous nous croyons tous qu'il y a quelque chose de permanent en l'homme, qui est immuable et qui vit de toute éternité. Et cela en l'homme nous l'appelons Atman, qui est sans commencement et sans fin. Et (nous croyons) qu'il y a quelque chose de permanent dans la nature (et cela nous l'appelons Brahman, qui est aussi sans commencement et sans fin). Il niait ces deux choses. Il disait qu'il n'y avait aucune preuve de quelque chose de permanent. Tout est une simple masse de changement, une masse de pensée dans un changement continuel est ce que vous appelez un mental… La torche mène la procession. Le cercle est une illusion. (Ou prenez l'exemple d'une rivière.) C'est une continuelle rivière qui passe; chaque moment une quantité fraîche d'eau passe. Ainsi est cette vie, ainsi est tout corps, ainsi est tout mental.

Bon, je ne comprends pas cette doctrine - nous Hindous ne l'avons jamais comprise. Mais je peux comprendre la raison qui est derrière. Oh, la gigantesque raison ! Le Maître dit que l'égoïsme est la grande malédiction du monde; que nous sommes égoïstes et que là est la malédiction. Il ne devrait y avoir aucune raison à l'égoïsme. Vous êtes (comme une rivière) qui passe, un phénomène continu. N'ayez aucun Dieu; n'ayez aucune âme ; tenez-vous sur vos pieds et faites le bien pour le bien, pas par peur d'une punition ou pour aller quelque part. Restez saint d'esprit et sans intérêt. L'intérêt est : je veux faire du bien, c'est bien de faire du bien. Formidable ! Formidable ! Je ne sympathise pas du tout avec sa métaphysique, mais mon esprit est jaloux quand je pense à la force morale. Demandez simplement à votre esprit qui d'entre vous peut tenir une heure, compétent et osant comme cet homme. Je ne peux pas cinq minutes. Je deviendrais couard et voudrais un support. Je suis faible, un couard. Et je chauffe en pensant à ce formidable géant. Nous ne pouvons pas approcher cette force. Le monde n'a jamais vu (quoi que ce soit) qui se compare à cette force. Et je n'ai pas encore vu une autre force comme celle-là. Nous sommes tous nés couards. Si nous pouvions nous sauver (nous ne nous soucions de rien d'autre). A l'intérieur se trouve la formidable peur, le formidable intérêt, tout le temps. Notre propre égoïsme fait de nous les couards les plus insignes; notre propre égoïsme est la grande cause de la peur et de la couardise. Et il se tient là : " Faites le bien parce que c'est bien; ne posez plus de questions; c'est suffisant. Un homme fait pour faire le bien par une fable, une histoire, une superstition, il fera le mal dès que l'occasion arrivera. Seul cet homme est bon qui fait le bien pour le bien, et c'est le caractère de l'homme."

"Et que reste-t-il de l'homme" a-t-il été demandé au Maître. " Tout - tout. Mais qu'y a t-il en l'homme ? Ni le corps ni l'âme, mais le caractère. Et cela est laissé pendant des âges. Tout cela est passé et est mort, pour nous ils ont laissé leurs caractères, possessions éternelles pour le reste de l'humanité; et ces caractères travaillent, ils travaillent tout le temps. " Qu'en est-il de Buddha ? Qu'en est-il de Jésus de Nazareth ? Le monde est rempli de leurs caractères. Formidable doctrine !

Descendons un peu - nous ne sommes pas du tout venus au sujet. (Eclat de rires).Je ne dois plus ajouter de mots ce soir …

Et alors, qu'a-t-il fait ? Sa méthode de travail : l'organisation. L'idée que vous avez aujourd'hui de l'église est son caractère. Il a laissé l'église. Il a organisé ces moines et les a rassemblés en un corps. Même le vote au scrutin se trouve là cinq cent soixante ans avant Christ. Organisation minutieuse. L'église fut laissée et elle est devenue un pouvoir formidable et elle a fait une grande œuvre missionnaire en Inde en en dehors de l'Inde. Puis, trois cents ans après, deux cents ans avant Christ, est venu le grand empereur Ashoka, comme il a été appelé par vos historiens occidentaux, le plus divin des monarques, et cet homme a entièrement été converti aux idées de Buddha, et il était à cette époque le plus grand empereur du monde. Son grand père était un contemporain d'Alexandre, et depuis l'époque d'Alexandre l'Inde était devenue plus intimement reliée à la Grèce… On trouve chaque jour en Asie Centrale une inscription ou une autre. L'Inde a tout oublié à propos de Buddha et d'Ashoka et de tout le monde. Mais il y a des piliers, des obélisques, des colonnes, avec des lettres anciennes que personne ne pouvait lire. Quelques-uns des vieux empereurs Moghols ont déclaré qu'ils donneraient des millions à toute personne qui les lirait; mais personne n'a pu. Elles ont été lues lors des trente dernières années; elles sont toutes écrites en pali.

La première inscription est : " … "

Et alors il a écrit cette inscription, décrivant la terreur et le malheur de la guerre; puis il s'est converti à la religion. Puis il a dit : " Dorénavant que nul de mes descendants ne pense acquérir de la gloire en conquérant d'autres races. S'ils veulent de la gloire, qu'ils aident les autres races; qu'ils envoient des professeurs de sciences et des professeurs de religion. Une gloire gagnée par l'épée n'est pas du tout de la gloire. " Et ensuite vous voyez comment il envoie des missionnaires, même à Alexandrie … Vous vous étonnez de trouver dans toute cette partie du pays des sectes qui apparaissent immédiatement, appelées Thérapeutes, Esséniens, et tous, végétariens extrêmes, etc. Ce grand empereur Ashoka a construit des hôpitaux pour les hommes et pour les animaux. Les inscriptions montrent qu'ils commandent des hôpitaux, qu'ils construisent des hôpitaux pour les hommes et pour les animaux. C'est-à-dire que lorsqu'un animal devient vieux, si je suis pauvre et que je ne peux pas le garder plus longtemps, je ne le tue pas par pitié. Ces hôpitaux sont soutenus par la charité publique. Les commerçants côtiers paient autant sur chaque quintal qu'ils vendent et tout cela va à l'hôpital; ainsi personne n'est touché. Si vous avez une vache qui est vieille - n'importe quoi - et que vous ne voulez pas la garder, envoyez-la à l'hôpital; ils la gardent, même jusqu'aux rats, aux souris et tout ce que vous envoyez. Seulement vous savez, nos femmes essaient quelquefois de tuer ces animaux. Elles vont les voir en grand nombre et elles apportent toutes sortes de gâteaux; les animaux sont très souvent tués par cette nourriture. Il a clamé que les animaux devaient être autant sous la protection du gouvernement que l'homme. Pourquoi devrait-on permettre de tuer les animaux ? (Il n'y) a aucune raison. Mais il dit qu'avant de defendre de tuer les animaux même pour la nourriture, les gens doivent être pourvus de toutes sortes de légumes. Il a donc envoyé collecter toutes les sortes de légumes et il les a plantés en Inde; puis, dès qu'ils ont été introduits, l'ordre a été : désormais, quiconque tue un animal sera puni. Un gouvernement doit être un gouvernement; les animaux doivent aussi être protégés. Qu'a à faire un homme à tuer une vache, une chèvre, ou n'importe quel autre animal pour la nourriture ?

Le Bouddhisme a ainsi été et était devenu un grand pouvoir politique en Inde. Il tomba aussi peu à peu en morceaux - après tout, cette formidable entreprise missionnaire. Mais on doit dire à leur crédit qu'ils n'ont jamais pris l'épée pour prêcher la religion. A part la religion bouddhiste, il n'y a pas une religion dans le monde qui n'ait pu faire un pas sans effusion de sang, pas une qui n'ait pu avoir une centaine de milliers de convertis par le seul pouvoir cérébral. Non, non. Tout le temps. Et c'est exactement ce que vous vous apprêtez à faire aux Philippines. C'est votre méthode. Rendez-les religieux par l'épée. C'est ce que prêchent vos prêtres. Conquérez-les et tuez-les pour qu'ils puissant avoir la religion. Une merveilleuse manière de prêcher la religion !

Vous savez comment ce grand empereur Ashoka a été converti. Ce grand empereur n'était pas si bon dans sa jeunesse. (Il avait un frère). Et les deux frères se sont querellés et l'autre frère battit celui-là, et par vengeance l'empereur voulut le tuer. L'empereur apprit qu'il s'était réfugié chez un moine bouddhiste. Je vous ai dit comme nos moines sont très saints; personne ne les approcherait. L'empereur vint lui-même. Il dit : "Livrez-moi l'homme." Le moine lui prêcha alors : "La vengeance est mauvaise. Désarmez la colère par l'amour. La colère ne se guérit pas par la colère ni la haine par la haine. Dissolvez la colère par l'amour. Guérissez la haine par l'amour. Ami, si pour un mal tu en rends un autre, tu ne guéris pas le premier mal, mais tu ajoutes un autre mal au monde. " L'empereur dit : " C'est très bien, fou que tu es. Es-tu prêt à donner ta vie, à donner ta vie pour cet homme ? " " Je suis prêt, monsieur." Et il sortit. Et l'empereur tira son épée, et il dit : " Sois prêt. " Et alors qu'il allait frapper, il regarda le visage de l'homme. Il n'y avait pas un clignement dans ces yeux. L'empereur arrêta, et il dit : "Dis-moi, moine, où as-tu appris cette force, pauvre mendiant, pour ne pas cligner des yeux?" Et alors il prêcha de nouveau. " Continue, moine, " dit-il, " c'est beau ", dit-il. Après cela, il (tomba sous) le charme du Maître, le charme de Buddha.

Il y a eu trois choses dans le bouddhisme : le Buddha lui-même, sa loi, son église. Tout était d'abord très simple. Quand le Maître mourut, ils dirent avant sa mort : "Qu'allons-nous faire de vous ?" "Rien. " "Quels monuments allons-nous construire sur vous ?" Il dit : "Faites juste un petit tas si vous voulez, ou simplement ne faites rien." Bientôt sont apparus d'énormes temples et tout le bazar. L'utilisation d'images était inconnue avant. Je dis que çà a été la première utilisation d'images. Il y a des images de Buddha et de tous les saints, ne faisant rien et priant. Tout ce bazar s'est multiplié avec cette organisation. Puis ces monastères sont devenus riches. C'est ici que se trouve la véritable cause de la chute. La vie monastique est très bonne pour quelques-uns ; mais quand vous la prêchez d'une telle manière que tout homme ou toute femme intelligent abandonne immédiatement la vie sociale, quand vous trouvez des monastères dans toute l'Inde, certains contenant cent mille moines, quelquefois vingt mille moines dans un seul bâtiment - bâtiments énormes, gigantesques que ces monastères, éparpillés dans toute l'Inde et, bien entendu, des centres d'enseignement, et tout çà - qui va rester pour avoir une descendance, pour perpétuer la race ? Seuls les débiles. Tous les esprits forts et vigoureux sont partis. Et alors vient la décadence nationale par la pure perte de vigueur.

Je vais vous parler de cette merveilleuse fraternité. Elle est grande. Mais théorie et idée sont une chose et le travail réel en est une autre. L'idée est très grande : pratiquer la non-résistance et tout cela, mais si nous sortons tous dans la rue et pratiquons la non-résistance, il ne restera pas grand-chose de cette ville. C'est-à-dire que l'idée est bonne, mais personne n'a encore trouvé de solution pratique sur la manière de l'atteindre.

Il y a quelque chose dans la caste, pour autant qu'elle veuille dire sang; il y a certainement une chose telle que l'hérédité. Maintenant essayez de (comprendre) : pourquoi ne mélangez-vous pas votre sang avec les Noirs, avec les Indiens d'Amérique ? La Nature ne vous le permet pas. La Nature ne vous permet pas de mélanger votre sang avec eux. Il y a le travail inconscient qui sauve la race. C'était la caste aryenne. Notez bien, je ne dis pas qu'ils ne sont pas nos égaux. Ils doivent avoir les mêmes privilèges et les mêmes avantages et tout, mais nous savons que si certaines races se mélangent, elles se dégradent. Avec la caste stricte des aryens et des non aryens, ce mur a été démoli jusqu'à un certain point, et des hordes de ces races barbares sont entrées avec leurs étranges superstitions, manières et coutumes. Pensez à cela : pas assez de décence pour porter des vêtements, consommation de charogne, etc. Mais avec lui est apparu son fétiche, son sacrifice humain, sa superstition, son diabolisme. Il le gardait derrière, (il est resté) décent pendant quelques années. Après çà il a sorti toutes (ces) choses. Et ce fut dégradant pour toute la race. Puis le sang s'est mélangé; les (intermariages) sont apparus avec toutes sortes de races non mélangeables. Puis la race s'est effondrée. . Mis, à long terme, cela s'est révélé positif. Si vous mélangez des Noirs avec des Indiens Américains, à coup sur cette civilisation va s'écrouler. Mais des centaines et des centaines d'années après, de ce mélange sortira une race gigantesque une fois de plus, plus forte que jamais; mais, sur le moment, vous devrez souffrir. Les Hindous croient - c'est une croyance particulière, je pense; et je ne sais pas, je n'ai rien à y opposer, je n'ai rien trouvé à y opposer - ils croient qu'il n'y avait qu'une race civilisée : les Aryens. Jusqu'à ce qu'il donne son sang, aucune autre race ne pouvait être civilisée. Aucun enseignement ne le fera. L'Aryen donne son sang à une race et alors elle devient civilisée. Le seul enseignement ne marche pas. Il serait un exemple dans votre pays : voulez-vous donner votre sang à la race noire ? Il obtiendrait alors une culture plus haute.

L'hindou aime la caste. Je peux avoir une petite infection de cette superstition, je ne sais pas. J'aime d'idéal du Maître. Grand ! Mais, pour moi, je ne pense pas que sa mise en œuvre ait été très pratique; et ce fut l'une des grandes causes qui ont mené à la chute de la nation indienne, dans le long terme. Mais cela a causé cette fusion formidable. Là où tant de races différentes fusionnent, se mêlent toutes - un homme blanc comme vous, ou un jaune, avec un autre homme aussi noir que je le suis, et tous les degrés entre ces deux extrêmes, chaque race gardant ses coutumes, ses manières et tout - à long terme une fusion a lieu, et de cette fusion viendra un bouleversement formidable; mais, pour un temps, le géant doit dormir. Tel est l'effet d'une telle fusion.

Quand le bouddhisme a décliné de cette manière, la réaction inévitable est apparue. Il n'y a qu'une seule entité dans le monde entier. C'est un monde unitaire. La diversité n'est que service de l'oeil. C'est tout un. L'idée d'unité et ce que nous appelons monisme - sans dualité - est l'idée en Inde. Cette doctrine a toujours existé en Inde; (elle a été) mise en avant à chaque fois que le matérialisme et le scepticisme ont tout démoli. Quand le bouddhisme a tout cassé en introduisant toutes sortes de barbares étrangers en Inde - leurs manières, leurs coutumes et leurs choses - il y a eu une réaction, et cette réaction a été menée par un jeune moine [Shankaracharya]. Et [au lieu] de prêcher de nouvelles doctrines et de toujours avoir de nouvelles idées et de créer des sectes, il a fait revivre les Vedas : et l'hindouisme moderne a ainsi un mélange d'hindouisme ancien sur lequel prédominent les Vedantistes. Mais, voyez-vous, ce qui meurt une fois ne revient jamais à la vie, et ces cérémoniels de l'[Hindouisme] ne sont jamais revenus à la vie. Vous serez étonnés si je vous dis que, selon les vieux cérémoniels, celui qui ne mange pas de bœuf n'est pas un bon hindou. En certaines occasions il devait sacrifier un taureau et le manger. C'est écoeurant maintenant. Ils peuvent différer l'un de l'autre en quoi que ce soit en Inde, mais en cela ils sont unis : ils ne mangent jamais de bœuf. Les anciens sacrifices et les anciens dieux ont tous disparu ; l'Inde moderne appartient à la partie spirituelle des Vedas.

Le Bouddhisme a été la première secte en Inde. Ils ont été les premiers à dire : " Notre voie est la seule. Tant que vous ne rejoignez pas notre église, vous ne pouvez pas être sauvés. " C'est ce qu'ils disaient : " C'est le bon chemin. " Mais, étant de sang hindou, ils ne pouvaient pas être des sectaires avec un cœur de pierre aussi dur que dans les autres pays. Pour vous il y aura le salut : personne ne se fourvoie pour toujours. Non. Non. [Il y avait] trop de sang hindou en eux pour çà. Le coeur n'était pas autant de pierre que çà. Mais vous devez les rejoindre.

Mais, vous le savez, l'idée hindoue est de ne rejoindre personne. Où que vous soyez, il y a un point à partir duquel vous pouvez partir vers le centre. Très bien. Il - l'hindouisme - a cet avantage : son secret est que doctrines et dogmes ne veulent rien dire, c'est ce que vous êtes qui importe. Vous pouvez parler de toutes les meilleures philosophies que le monde a jamais produites, [mais] si dans votre comportement vous êtes fou, cela ne compte pas; et si vous êtes bon dans votre comportement, vous avez plus de chances. Ceci étant, le Védantiste peut attendre tout le monde. Le Védantisme enseigne qu'il n'y a qu'une seule existence et qu'une chose réelle, et que c'est Dieu. C'est au-delà de tout temps, de tout espace et de toute causation et de tout. Vous ne pouvez jamais Le définir. Vous ne pouvez jamais dire ce qu'Il est si ce n'est qu'Il est Existence Absolue, Connaissance Absolue, Bonheur Absolu. Il est la seule réalité. De tout Il est la réalité; de vous, de moi, du mur et de [tout] partout. C'est de Sa Connaissance que dépend toute notre connaissance; c'est de Sa Félicité que dépend notre plaisir; et Il est l'unique réalité. Et lorsque l'homme réalise cela, il sait que " Je suis la seule réalité, parce que Je suis Lui - ce qui est réel en moi est Lui aussi. " De telle sorte que lorsqu'un homme est parfaitement pur et bon et au-delà de toute grossièreté, il trouve, comme Jésus l'a trouvé : "Moi et Mon Père sommes un." Le Védantiste a la patience d'attendre tout le monde. Où que vous soyez, cela est ce qu'il y a de plus élevé : "Moi et mon Père sommes un. " Réalisez-le. Si une image vous aide, les images sont les bienvenues. Si l'adoration d'un grand homme vous aide, adorez-le. Si adorer Mohammed vous aide, allez-y. Seulement soyez sincères; et si vous êtes sincère, dit le Védantisme, vous êtes sur d'être porté jusqu'à votre but. Personne ne sera laissé. Votre cœur, qui contient toute vérité, se révèlera chapitre après chapitre, jusqu'à ce que vous connaissiez la vérité ultime : " Mon Père et moi sommes Un." Et qu'est-ce que le salut ? De vivre avec Dieu. Où ? N'importe où. Ici ce moment. Un instant dans le temps infini est tout à fait aussi bon que tout autre moment. Cela est la vieille doctrine des Vedas, voyez-vous. Elle est revenue à la vie. Le Bouddhisme est mort en Inde. Il a laissé sa marque de leur charité, ses animaux, etc.; et le Védantisme reconquiert l'Inde d'un bout à l'autre.

 

 

* Les dates du Jaina Buddha n'étaient pas connues avec précision à cette époque.

 

 

(1) Swami Vivekananda parle ici aux Américains. Il était quelque peu irrité par la société indienne telle qu'elle existait alors et n'hésitait pas à la critiquer. Mais lui-même parlera des Vedas comme de l'exhalaison divine … Il dira lui-même dans d'autres conférences que les Vedas sont la shruti et que si la smriti ou autres les contredisent en quelque point, ce sont les Vedas qui doivent faire autorité.

(2) Cela suit la théorie de l'invasion aryenne qui depuis a été trouvée fausse. D'ailleurs Swami Vivekananda lui-même l'a dit plus tard avec force. La théorie des castes qu'il donne ici ne semble pas tout à fait être la bonne.