YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

(Traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE I

 

CHAPITRE 11

CONSOLATION DE RAMA

1.- Vishvamitra dit : Si tel est le cas, vous qui êtes intelligent pouvez aller tout de suite persuader ce descendant de Raghu de venir jusqu'ici; comme le font les cerfs (pour les autres cerfs de la meute).

2.- Cette stupeur de Rama n'est pas causé par un accident d'affection; c'est, je pense, le développement de cette buddhi qui apparaît à partir du raisonnement correct des hommes sans passion.

3.- Que Rama vienne ici un moment, et ici nous chasseront en un instant l'illusion, comme le vent chasse les nuages des sommets montagneux.

4.- Une fois que mon raisonnement aura fait disparaître son hébétude, il sera capable de se reposer dans cet éat heureux du mental auquel nous sommes parvenus.

5.- Non seulement il atteindra la vérité pure et une compréhension claire de tranquillité ininterrompue, mais il obtiendra une rondeur et une beauté de visage et de teint comme on en retire d'une potion d'ambroisie.

6.- Il suivra alors de tout son coeur l'accomplissement total du cours convenable de ses devoirs sans exemption, ce qui contribuera à son honneur.

7.- Il deviendra fort d'une connaissance des deux mondes, et sera exempté des états de plaisir et de peine et alors il regardera l'or et les pierres d'un oeil indifférent.

8.- Après qque le chef des sages eût parlé de cette manière, le roi reprit sa fermeté de mental et il envoya héralts après hérauts pour lui amener Rama.

9.- A ce moment même Rama se préparait à se lever de son siège dans le palais pour venir voir son père, de la manière dont le soleil se lève à parti des montagnes à l'est.

10.- Entouré de quelques-uns de ses serviteurs, il arriva avec ses deux frères à la salle sanctifiée de son père qui ressemblait au paradis du roi des dieux.

11.- Il vit à distance son royal père assis au milieu de l'assemblée des princes, comme Indra entouré par les dieux.

12.- Il était accompagné de chaque côté par les sages Vasishtha et Vishvamitra et respectueusement entouré par son équipe de ministres, tous bien versés dans l'interpétation de tous les Shastras.

13.- Il était éventé par de charmantes jeunes filles, agitant les beaux éventails chauri dans leurs mains et égalant en beauté les déesses qui président sur les quatre points cardinaux des cieux.

14.- Vasishtha, Vishvamitra et les autres sages, avecv Dasaratha et ses chefs, virent Rama venir à distance, beau comme Skanda lui-même.

15.- Par ses qualités de douceur et de gravité, il ressemblait à l'Himalaya et il était estimé par tous pour sa profondeur et sa netteté.

16.- Il était beau et bien proportionné, prometteur dans son aspect, mais humble et magnanime dans son mental. Avec lecharme et la douceur de sa personne, il possédait tout le talent viril.

17.- Il était en pleine jeunesse et il était pourtant aussi majestueux qu'un homme d'un certain âge. Il n'était ni morose ni joyeux mais il semblait être pleinement satisfait de lui-même comme s'il avait obtenu tous les objets de son désir.

18.- Il était bon juge du monde et possédait toutes les saintes vertus. Sa pureté mentale était une attraction pour toutes les vertus qui se rencontraient en lui.

19.- Le réceptacle de son mental était rempli de sa magnanimité et de vertus honorables, et la candeur de sa conduite le montrait dans la lumière de la perfection.

20.- Doté de ces diverses vertus et décoré de son collier et de son bel appareil, Rama, le support de la race de Raghu, approchait le visage souriant.

21.- Il inclina la tête vers son père avec les pierres présieuses étincelantes qui tremblaient dans ses nattes et qui donnaient à sa tête l'apparence gracieuse du Sumeru secoué par un tremblement de terre.

22.- Rama aux yeux de lotus montait saluer les pieds de son père auquel parlait le seigneur des sages

23.- Rama salua tout d'abord son père, puis les deux honorables sages, il salua ensuite les brahmanes, puis ses parents et enfin ses aînés et ses amis admirateurs.

24.- Il reçut ensuite et retourna les salutations des chefs et des princes qui s'inclinèrent devant lui avec un mouvement gracieux de leurs têtes et des paroles respectueuses.

25.- Rama à la beauté d'un dieu et à l'égalité mentale s'approcha de la présence sacrée de son père avec les bénédictions des deux sages.

26.- Pendant qu'il saluait les pieds de son père, le seigneur de la terre embrassa sa tête et on visage à plusieurs reprises et il l'etreignit avec tendresse.

27.- En même temps, lui le destructeur de ses ennemis, etreignit Lakshmana et Satrughna avec une affection aussi intense que le cygne qui embrasse les fleurs de lotus.

28.- "Mon fils, assieds-toi sur mes genoux", dit le roi à Rama qui s'asseya cependant sur une belle pièce de tissu étendue sur le sol par ses serviteurs.

29.- Le roi dit : "Ô mon fils et réceptacle de bénédictions, tu as atteint l'âge de raison, alors ne te mets pas dans cet état de mortification comme le fait celui qui a l'esprit lourd du fait de ses folles compréhensions.

30.- Sache que c'est en suivant la direction de ses aînés, de ses guides et des brahmanes que l'on atteint au mérite et non pas par sa persistance dans l'erreur.

31.- La série de nos maleurs restera à distance aussi longtemps que nous ne permettrons pas aux semences de l'erreur d'avoir accès à nous."

32.- Vasishtha dit : "Ô prince aux bras forts, tu es vraiment héroïque d'avoir conquis tes appétits du monde qui sont en même temps aussi difficiles à éradiquer qu'ils sont redoutables dans leur action.

33.- Pourquoi te permets-tu comme l'illétré de te noyer dans cette mer houleuse d'erreurs qui cause en toi une telle inactivité morne ?"

34.- Vishvamitra dit : "Pourquoi tes yeux sont-ils aussi instables que les bouquets tremblotant de lotus bleus ? Tu devrais abandonner cette instabilité et nous dire quel est ce chagrin qui se trouve en ton mental.

35.- Quelles sont ces pensées, et quels sont leurs noms et leurs natures, leur nombre et leurs causes, qui infestent ton mental comme ses maladies de la même manière que les souris sapent une étoffe.

36.- Je suis enclin à penser que tu n'es pas personne à être troublée par ces maux et ces humeurs maussades auxquels seuls sont sujets les êtres vils et indignes.

37.- Duis-ùmoi le désir ardent de ton coeur, Ô Rama sans péché, et ils seront apaisés d'une manière qui empêchera leur réapparition."

38.- Rama, l'étendard de la race de Raghu, ayant écouté le discours raisonnable et bien tourné du sage bien intentionné, se débarrassé de son affliction, comme le paon au grondement d'un nuage dans l'espoir d'atteindre son objectif.