YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

 

LIVRE II

 

CHAPITRE 16

SUR LA BONNE CONDUITE

 

1.- Vasishtha reprit en disant : Sache, très intelligent Rama, que la compagnie des vertueux est partout du plus grand profit pour les hommes pour leur traversée de l'océan du monde.

2.- C'est la tonnelle de la compagnie vertueuse qui produit la fleur fraîche de la discrimination qui, chérie par les hommes à l'âme élevée, leur donne ses fruits de prospérité.

3.- La société des érudits fait apparaître la solitude comme de la compagnie, et le mal de la mort aussi bon qu'une fête; et elle transforme une difficulté en facilité.

4.- C'est la société des vertueux qui écarte tous les désastres qui, comme le givre, envahissent les boutons de lotus de nos coeurs; et qui confond le souffle glacé de l'ignorance.

5.- Sache que la société des vertueux est ce qui améliore le mieux l'entendement, ce qui détruit l'arbre de l'ignorance, et ce qui fait disparaître toutes les maladies du mental.

6.- La société des vertueux produit la lumière de la raison, qui est aussi belle de façon charmante qu'un bouquet de fleurs après qu'il ait été arrosé par la pluie.

7.- C'est l'influence de la compagnie des vertueux qui nous enseigne le meilleur mode de vie, qui n'est jamais altéré ou bouché par quoi que ce soit et qui est toujours complet en lui-même.

8.- Que nul homme ne se tienne éloigné de l'association avec les vertueux, même s'il est pris dans une détresse extrême et jeté dans des circonstances sans remède.

9.- La société des vertueux apporte de la lumière pour le droit chemin. Elle détruit l'obscurité intérieure de l'homme par les rayons du soleil de la connaissance.

10.- Quiconque s'est baigné dans le courant frais et clair de la bonne compagnie n'a pas besoin du mérite que l'on retire des actions de charité, des pélerinages, de l'austérité et du sacrifice.

11.- Pour quiconque connaît la société des hommes vertueux dont les vies sont libres de passions et de fautes, de doutes et de noeuds, quelle est l'utilité de l'austérité ou du pélerinage ?

12.- Bénis ceux qui ont l'esprit paisible, que les gens voient avec grande ardeur, car les pauvres hommes aiment les pierres précieuses et les bijoux.

13.- Le mental intelligent, avec son élégance qui lui vient de la bonne compagnie, brille toujours comme la déesse des richesses en compagnie de nymphes féériques.

14.- Aussi est-il renommé pour avoir atteint le sommet du clair entendement, cet homme béni qui jamais ne s'abstient de la compagnie des saints.

15.- Aussi ces croyants sans scrupules, ces hommes saints et ceux qui sont vénérés par le peuple doivent-il être servis par tous les moyens pour (notre) traversée de l'océan du monde.

16.- Il servent de manière certaine de combustile au feu de l'enfer ceux qui négligent cette compagnie des saints qui est connue comme l'eau de pluie pour éteindre les flammes de l'enfer.

17.- Le remède de la sainte association sert à apaiser complètement toutes les afflictions qui viennent de la pauvreté, de la mort et des tribulations des affaires du monde.

18.- Le contentement, la société des vertueux, le raisonnement et le quiétisme sont pour le genre humain les divers moyens de traverser l'océan du monde.

19.- Le contentement est reconnu comme le meilleur profit, la bonne compagnie comme la bonne route, le raisonnement comme la vraie connaissance et le quétisme comme le bonheur le plus grand.

20.- Ce sont les quatre plus surs moyens de briser les entraves du monde, et quiconque les pratique franchit surement les eaux trompeuses de la mer terrestre.

21.- Apprends, toi le meilleur des hommes intelligents, que la pratique de l'une de ces pures vertus conduit aux quatre.

22.- L'une d'elle, séparément, est une meneuse des autres; aussi applique-toi avec diligence à l'une d'elles pour réussir à les obtenir toutes.

23.- L'association avec le bon, le contentement, le bon raisonnement et le bon jugement, joints à la paix et à la tranquillité, servent de navires dans l'océan du monde.

24.- Toute prospérité va à celui qui possède la raison, le contentement, le quiétisme et l'habitude de rester en bonne compagnie, comme les fruits du kalpa ((qui satisfait tous les voeux)).

25.- L'homme qui possède le raisonnement, le contentement, la quiétude et un penchant à rester en bonne compagnie est suivi par toute grâce, comme tous les doigts (???) s'unissent dans la pleine lune.

26.- Le mental heureux qui est rempli de contentement, de quiétude, de pouvoir de raisonnement et d'une tendance à la bonne compagnie rencontre la prospérité et la réussite comme elles vont aux rois guidés par de bons ministres.

27.- C'est pourquoi, ô délice de la race de Raghu, gouverne bravement ton mental et pratique toujours avec diligence l'une des ces vertus.

28.- Emploie ta meilleure virilité à maîtriser ton mental éléphantin, et sache que jusqu'à ce que tu aies maîtrisé l'une de ces vertus cardinales, tu ne pourras faire aucun progrès.

29.- Ô Rama, tu dois mettre ton coeur au travail par l'exercice de ta virilité et le grincement de tes dents pour le succès dans des actions méritoires.

30.- Car que tu sois un dieu, un yaksha, un homme ou un arbre, tu ne peux pas, ô Réma aux longs bras, avoir de meilleure voie jusque là.

31.- Dès que l'une de ces vertus se renforce et qu'elle devient fertile en toi, elle sert à affaiblir la force des fautes de ton mental ingouvernable.

32.- La culture des vertus conduit à leur pleine croissance et à la suppression du vice; mais l'entretien du vice conduira à l'accroissement des vices et à la suppression des bonnes qualités.

33.- Le mental est un désert d'erreurs dans lequel le courant de nos désirs court à pleine force au milieu de ses deux rives du bien et du mal sur lequelles nous nous tenons.

34.- Il emporte et jette l'homme sur cette rive qu'il s'efforce d'atteindre par ces propre efforts; c'est pourquoi, ô Rama, fais comme tu aimes pour atteindre l'une ou l'autre rive.

35.- Essaie par degrés, en employant toute sa force virile, de tourner le cours de tes désirs vers le rivage heureux dans la forêt de ton mental; et sache, Ô Rama à l'esprit élevé, que notre propre disposition est semblable pou nous à un rapide courant auquel on ne doit pas permettre de nous emporter.