YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

 

(Traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE II

 

CHAPITRE 18

 

 

1.- Vasishtha dit : Les différentes parties de cet ouvrage comme déjà exposées font apparaître la compréhension, comme des graines semées dans un bon champ ne manquent pas de produire une bonne récolte.

2.- Même les compositions humaines sont acceptables lorsqu'elles enseignent le bon sens ; autrement on doit renoncer même aux Vedas ; parce qu'on demande toujours aux hommes de s'en tenir à la raison.

3.- Des paroles conformes à la raison doivent être reçues, même si elles sont dites par des garçons, autrement on doit les rejeter comme des brins de paille même si elles sont prononcées par celui qui est né du lotus (Brahma).

4.- Quiconque boit d'un puits parce qu'il a été creusé par ses ancêtres et rejette l'eau sacrée du Gange même lorsqu'on la met devant lui est un niais indécrottable.

5.- Comme l'aube naissante s'accompagne invariablement de sa traînée de lumière, de même celui qui assiste de manière inévitable à la lecture de cet ouvrage est accompagné d'un bon jugement.

6.- Que ces leçons soient entendues de la bouche de l'érudit ou qu'on les étudie bien soi-même, elles feront petit à petit leur impression dans le mental par la réflexion constante sur leur sens.

7.- Elles fourniront d'abord une variété d'expressions sanskrites, puis elles répandront devant lui une série de maximes saintes et judicieuses, comme autant de plantes grimpantes ornementales pour décorer la pièce.

8.- Elles produiront une ingéniosité jointe à de telles qualités et d'une telle grandeur qu'elles engagent la bonne grâce des dieux et des rois.

9.- On les appelle intelligents ceux qui connaissent la cause et l'effet des choses et qui sont comme un porte-flambeau à la vue claire dans l'obscurité de la nuit.

10.- Toutes leurs pensées erronées et avides deviennent de plus en plus faibles de la même manière que les régions du ciel sont dégagées de leurs brumes à l'approche de l'automne.

11.- Vos pensées n'ont besoin que de la direction de la raison, comme toute action doit être dûment accomplie pour être couronnée de succès.

12.- L'intellect devient aussi clair qu'un grand lac en automne et il devient calme, comme la mer après avoir été barattée par le mont Mandara.

13.- Comme la flamme d'un chandelier, nettoyé de sa suie et dissipant le linceul de l'obscurité, l'intellect affiné brille de tout son éclat et distingue les choses.

14.- Les maux de la pénurie et de la pauvreté ne peuvent pas les faire succomber, ceux dont la vue perçante peut discerner les maux de leurs contraires (abondance et richesse), de même qu'aucune flèche ne peut percer les parties mortelles d'un soldat revêtu de toute son armure.

15.- Nulle peur de ce monde ne peut intimider le cœur de l'homme sage, si près qu'elle puisse approcher de lui. Tout comme nulle flèche ne peut percer une énorme et solide pierre.

16.- Des doutes tels que " est-ce la destinée ou notre propre mérite qui est la cause de nos naissances et de nos actions " sont ôtés (du mental) tout comme l'obscurité est chassée par la lumière du jour.

17.- Une calme sérénité accompagne le sage à tous moments et dans toutes les situations de la vie; de même la lumière de la raison, comme les rayons solaires, suit la nuit sombre de l'erreur.

18.- L'homme au jugement juste a une âme aussi profonde que l'océan et aussi ferme qu'une montagne, et une calme sérénité semblable à celle du clair de lune brille toujours à l'intérieur de lui.

19.- C'est celui qui arrive doucement à ce qui est appelé 'libération alors que l'on est en vie' qui demeure calme au milieu des tourments sans fin, et il se tient complètement à l'écart des conversations communes.

20.- Son mental est calme et serein en toutes choses, il est pur et plein de lumière céleste, brillant sereinement comme la nuit automnale (brille) de la lumière des rayons de la lune.

21.- Lorsque le soleil de la raison illumine la région ( ?) du mental aucune comète de mauvais présage ne peut apparaître.

22.- Tous les désirs sont en repos chez ceux qui sont élevés ; ils sont purs avec le stable et indifférents à l'inerte, comme le corps des nuages légers de l'automne.

23.- Les calomnies des envieux qui veulent du mal sont vidées de tout contenu (par le sage), comme les gambades des lutins disparaissent à l'approche du jour.

24.- Le mental qui est fixé à la base solide de la vertu et mis sous le ( ?) de la patience n'est pas secoué par les accidents mais il demeure comme une plante dans un tableau.

25.- L'homme qui sait ne tombe pas dans les trappes qui traînent dans les affaires de ce monde, car quel est celui qui sait qui tombera dans le fossé ?

26.- Le mental du sage se réjouit autant d'agir en conformité aux préceptes des bons livres et aux exemples des vertueux que les femmes chastes aiment se maintenir dans les limites de leurs appartements intérieurs.

27.- Des innombrables millions d'atomes qui composent cet univers, chacun d'eux est vu à la lumière d'un monde dans le mental du philosophe absorbé.

28.- L'homme dont le mental est purifié par une connaissance des préceptes de la libération ne se plaint ni ne se réjouit de la perte ou du gain des objets de plaisir.

29.- Les hommes au mental sans entraves considèrent l'apparition ou la disparition de tout monde atomique comme une vague fluctuante de la mer.

30.- Ils ne se chagrinent pas non plus des évènements non souhaités ni ne languissent pour leurs chances souhaitées ; et sachant bien que tous les accidents sont les conséquences de leurs actions, ils demeurent aussi insensibles que des arbres.

31.- Ces hommes paraissent être des gens normaux, et ils vivent de ce qu'ils obtiennent ; qu'ils rencontrent quelque chose d'agréable ou de fâcheux, leur mental demeure vierge.

32.- Ayant compris la totalité de ce Shastra et l'ayant lu et y ayant bien réfléchi et médité dessus, ils maintiennent leur silence comme dans le cas d'une malédiction ou d'une bénédiction.

33.- Ce Shastra est facile à comprendre, et il est orné d'images. C'est un poème rempli de saveurs et embelli de magnifiques comparaisons.

34.- On peut s'y enseigner soi-même si l'on a une petite connaissance des mots et de leurs sens, mais celui qui ne comprend pas bien la signification doit l'apprendre d'un pandit.

35.- Après avoir écouté, réfléchi et compris cet ouvrage, on n'a plus besoin de pratiquer des austérités, ni besoin de méditation ou de répétition des Mantras ou autres rites, et un homme n'a besoin de rien d'autre dans ce monde pour atteindre sa libération.

36.- Par l'étude profonde de cet ouvrage et par sa lecture répétée, un homme arrive à une érudition peu commune à côté de la purification de son âme.

37.- L'ego et le non-ego, à savoir celui qui voit et la vue, ne sont tous deux que des chimères de l'imagination, et c'est leur seule annihilation qui conduit insensiblement à la vision de l'atman.

38.- L'erreur de la réalité de l'ego et du monde perceptible disparaîtront comme des visions dans un rêve, car qui, connaissant la fausseté des rêves, tombera dans l'erreur ?

39.- Comme un palais imaginaire ne donne ni joie ni chagrin à qui que ce soit, c'est le cas de la fausse conception du monde.

40.- Comme personne n'a peur d'un serpent qu'il voit en peinture, de même la vue d'un serpent vivant ne terrifie ni ne réjouit celui qui la connaît.

41.- Et comme c'est la connaissance du serpent peint qui ôte notre peur en tant que serpent, de même notre conviction de l'irréalité du monde doit faire disparaître notre erreur à propos de son existence.

42.- Même le fait de cueillir une fleur ou d'arracher sa petite feuille est accompagné d'un petit effort, mais aucun effort n'est nécessaire pour obtenir l'état béni (de yoga).

43.- Il y a une action des membres du corps, accompagnée de l'acte de cueillir ou de détacher une fleur, mais dans l'autre cas nous n'avez qu'à concentrer votre mental et à ne faire aucun effort avec votre corps.

44.- N'importe qui, assis à l'aise et nourri de sa nourriture habituelle, et qui ne s'adonne pas aux plaisirs grossiers ni ne transgresse les règles de la bonne conduite, peut le pratiquer facilement.

45.- Vous pouvez retirer du bonheur en tout endroit et à tout moment de vos propres observations, comme aussi de votre association avec ce qui est bon où qu'on puisse le trouver. Ceci est une règle optionnelle.

46.- Ce sont les moyens d'obtenir une connaissance de la plus haute sagesse, d'apporter la paix dans ce monde et de nous sauver de la peine de renaître dans la matrice.

47.- Mais des personnes telles que celles qui ont peur de ce cours (évolution), et qui s'adonnent aux plaisirs vicieux du monde, doivent être considérées comme trop viles, et pas meilleures que des matières fécales et des vers des intestins de leur mère.

48.- Ecoute maintenant, Rama, ce que je vais dire concernant le progrès de la connaissance et l'amélioration de la compréhension d'une autre manière.

49.- Ecoute maintenant la nouvelle méthode par laquelle ce Shastra est appris et son véritable sens interprété (aux personnes) au moyen de son Exposition.

50.- Cette chose qui sert à expliquer la signification non apparente (d'un passage) par son illustration par quelque chose qui est bien connu, et qui peut être utile pour aider à la compréhension, est appelé comparaison ou exemple.

51.- Il est difficile de comprendre le sens donné avant sans exemple, tout comme il est inutile d'avoir un socle de lampe à la maison sans y mettre une lampe la nuit.

52.- Toutes les comparaisons et tous les exemples que j'ai utilisés pour te faire comprendre viennent d'une cause ou d'une autre, mais ils conduisent tous à la connaissance du Brahman sans cause.

53.- Toutes les comparaisons et tous les objets comparés servent à exprimer la cause et l'effet, ils s'appliquent à tous les cas sauf à Brahman.

54.- Les exemples qui sont donnés pour expliquer la nature de Brahman doivent être pris dans leur sens restreint (et non dans leur sens général).

55.- Tous les exemples sont donnés ici comme explicatifs de la nature divine, ils doivent être compris comme appartenant à un monde vu dans un rêve.

56.- Dans de tels cas, aucun exemple corporel ne peut s'appliquer au Brahman incorporel, et aucune expression optionnelle ou ambigüe ne peut donner une idée définie de Lui.

57.- Ceux qui trouvent à redire sur les exemples de nature imparfaite ou contradictoire ne peuvent blâmer notre comparaison de l'apparence du monde à une vision dans un rêve.

58.- Une non-entité antérieure et postérieure est considérée comme existante au moment présent (comme le monde visible n'a pas été et ne sera pas). Ainsi les états de veille et de rêve sont-ils connus être semblables depuis notre enfance.

59.- La comparaison de l'existence du monde avec l'état de rêve est exact dans tous les exemples tels que nos désirs, nos pensées, nos plaisirs et nos déplaisirs, et tous les autres actes sont semblables dans les deux états.

60.- Cet ouvrage, et les autres qui ont été composés par d'autres auteurs sur les moyens de salut, ont tous poursuivi le même plan dans leur explication de ce qui peut être connu.

61.- La ressemblance du monde à un rêve se trouve aussi dans les Srutis ou Vedanta. Elle ne s'explique pas en un mot, mais elle demande une suite continue de cours.

62.- La comparaison du monde à des images dans le rêve ou à une utopie imaginaire du mental est aussi donnée dans des exemples de ce genre en préférence à d'autres.

63.- Toutes les fois qu'une causalité est montrée par une comparaison de quelque chose qui n'est pas une cause, là la comparaison s'applique à un attribut particulier et non à tous ses attributs généraux.

64.- La similitude partielle de la comparaison avec une propriété de l'objet comparé est reconnue sans hésitation par les érudits dans toutes leurs illustrations.

65.- La lumière de la signification se compare à une lampe dans sa seule brillance, sans regarder son support ou son socle, l'huile ou la mèche.

66.- L'objet comparé doit être compris dans sa capacité d'admettre une comparaison partielle, comme dans l'exemple du sens et de la lumière la comparaison consiste dans la clarté des deux.

67.- Quand la connaissance de la chose qui peut être connue vient d'une propriété particulière de la comparaison, elle est accordée come une comparaison convenable, en comprenant le sens d'une grande parole.

68.- Nous ne devons pas couvrir d'ombre notre intellect par une mauvaise logique, ni mettre à zéro notre sens commun par un scepticisme profane.

69.- Par notre raisonnement, nous avons bien pesé la verbosité de nos adversaires d'opinions, et nous n'avons jamais mis de côté les paroles sacrées des Vedas, même lorsqu'elles varient avec les opinions de nos familles.

70.- O Rama ! Nous avons emmagasiné dans notre mental les vérités qui résultent des voix unanimes de tous les Shastras, par quoi il sera évident que nous avons atteint l'objet de notre croyance, en dehors des systèmes fabriqués de Shastras hérétiques.