YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

 

(Traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE II

 

CHAPITRE 19

CONSTATATION DE LA VERITABLE PREUVE

 

 

1.- C'est la similitude d'une propriété particulière qui constitue une comparaison, attendu qu'une complète similitude entre la comparaison et l'objet comparé détruit leur différence.

2.- De la connaissance de paraboles vient la connaissance de l'âme unique dont traitent les Shastras, et la paix qui règne sur la méditation du Verbe Sacré est appelée Extinction.

3.- Aussi est-il vain de parler d'accord (partiel ou total des propriétés) de l'exemple et de sur quoi porte l'exemple, il est suffisant de comprendre le sens de la parole sacrée d'une manière ou d'une autre.

4.- Sache que ta paix est ton bien le meilleur, et veille à la préserver. Lorsque tu as obtenu de la nourriture pour ton repas, il est inutile de parler de la manière dont tu l'as obtenue.

5.- Une cause est comparée à quelque chose qui n'est pas du tout une cause, de même l'est une comparaison donnée pour exprimer un accord partiel qui a un certain rapport avec l'objet comparé.

6.- Nous ne devons pas être absorbés dans les plaisirs du monde au point d'être dépourvus de toute sensibilité, comme des grenouilles aveugles qui sont générées et qui grossissent au milieu des pierres.

7.- Sois attentif à ces paraboles et apprends d'elles quelle est ta meilleure situation, tous les hommes raisonnables doivent se tenir aux leçons des œuvres religieuses pour leur paix intérieure.

8.- Comme (ils doivent aussi se tenir) aux préceptes des shastras, aux règles de l'humanité, à la prudence et à la connaissance spirituelle, et aussi à la pratique continue des actes de mérite religieux.

9.- Que les sages continuent leurs recherches jusqu'à ce qu'ils puissent obtenir leur paix intérieure et jusqu'à ce qu'ils puissent arriver à turya (quatrième état de félicité) connu sous le nom de tranquillité indestructible.

10.- Celui qui a atteint le quatrième état de félicité tranquille a véritablement dépassé les limites de l'océan du monde, qu'il soit en vie ou non, qu'il soit chef de famille ou ascète.

11.- Un tel homme demeure ferme à sa place comme la mer calme non perturbée par le mont Mandara, qu'il ait accompli ou non ses devoirs selon les Srutis et les Smritis.

12.- Lorsqu'il y a un accord partiel entre la comparaison et la nature de l'objet comparé, il (l'accord) doit être mûrement considéré pour la bonne compréhension du point en question et il ne doit pas devenir objet de controverse.

13.- A partir de toute discussion tu peux comprendre ce qui t'est expliqué, mais celui qui conteste de manière idiote est aveugle à la fois au bon et au mauvais raisonnement.

14.- La notion de soi (âme ou Dieu) étant évidente par elle-même dans le domaine de notre conscience à l'intérieur du mental, qui que ce soit qui bavarde de manière vide de sens sur cette vérité est dit être vague dans sa compréhension.

15.- C'est en partie par orgueil et en partie du fait de leurs doutes que les ignorants sont conduits à discuter sur leurs cognitions et obscurcissent ainsi la région de leur entendement intérieur, tout comme les nuages ombragent le clair firmament.

16.- De toutes sortes de preuves c'est l'évidence de la perception qui constitue leur source, tout comme la mer est la cause essentielle de toutes ses eaux. C'est cela seulement qui est utilisé ici, comme tu vas l'apprendre ci-dessous.

17.- La substance de toutes les sensations est dite être l'appréhension suprasensible ((de la connaissance intérieure des choses)) par les sages, et c'est vraiment leur juste conception qui est signifiée par leur perception.

18.- Ainsi, la notion, la connaissance et la certitude (des choses) comme provenant des paroles, sont appelées 'la triple perception', comme nous l'avons de l'âme vivante.

19.- Cette âme est conscience et égoïsme, et elle est d'une désinence masculine, et la connaissance de l'objet par lequel elle se manifeste à nous est appelé catégorie.

20.- Elle se manifeste sous la forme du monde qui passe par les actions et changements divers de sa volition et de son choix, tout comme l'eau se montre sous la forme de ses vagues et de ses bulles.

21.- Avant, elle était sans cause, puis elle s'est développée comme cause de tout dans son acte de création au commencement de la création, et elle est devenue perceptible par elle-même.

22.- La causalité fut un produit de la discrimination de l'âme vivante qui était dans un état d'inexistence ((auparavant)), jusqu'à ce qu'elle devienne manifeste comme existante sous la forme du monde matériel.

23.- La raison dit que l'être qui est absolument le même détruit le corps qui a été produit par lui et qu'il se manifeste dans sa grandeur transcendantale.

24.- Quand l'homme qui raisonne vient à connaître l'atman (âme), par sa raison il voit devant lui la présence de l'être indescriptible.

25.- Le mental étant libre de désir, les organes des sens sont libérés de leur action, l'âme devient dénuée des résultats de ses actions passées comme de celles qu'elle a laissées non accomplies.

26.- Le mental étant mis à l'aise et étant libéré de ses désirs, les organes d'action sont empêchés d'agir, comme un moteur quand il est arrêté dans son mouvement.

27.- C'est la volupté qui est considérée comme la cause qui met en marche le mécanisme du mental, tout comme la corde attachée au rondin et fixée au cou d'un bélier le pousse à combattre.

28.- La vue d'objets extérieurs et les desseins du mental intérieur (antahkarana, organe interne) mettent en action tous les hommes, comme la force intérieure de l'air met les vents en mouvement.

29.- Toute connaissance spirituelle est sacrée où qu'on la trouve en quiconque, elle ajoute de l'éclat au corps et au mental, semblable à celui de la région étendue du ciel.

30.- Il voit les apparences de tous les objets visibles, et il maintient sa position au milieu d'eux. Il voit l'esprit dans la même lumière dans laquelle il se présente en n'importe quel endroit.

31.- Où que l'âme universelle apparaisse elle-même dans n'importe quelle lumière, elle y demeure sur le champ sous la même forme sous laquelle elle se montre à nous.

32.- L'âme universelle étant la même en tous, celui qui regarde et l'objet regardé sont tous deux le même être. Celui qui regarde et la chose regardée étant un, leur apparence d'être autrement est complètement irréelle.

33.- En conséquence le monde est sans cause. Toute existence est à l'évidence Brahman même, la cause perceptible de tout. En conséquence la perception est la base de la preuve, et l'inférence et autre, comme analogie ou témoignage verbal, n'en sont que des parties.

34.- Maintenant, que les adorateurs du destin qui appliquent le terme 'destinée' à tous leurs efforts rejeter leur fausse croyance, et que les braves exercent leur caractère pour atteindre leur état le plus élevé.

35.- Continue, ô Rama, à réfléchir aux doctrines vraies et claires des enseignants successifs ((de l'humanité)), jusqu'à ce que tu puisses arriver en ton mental à une conception claire de l'Etre infiniment suprême.