YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

 

LIVRE V

UPASAMA KHANDA

 

CHAPITRE 79

DESCRIPTION DE LA CONNAISSANCE SPIRITUELLE

 

1.- Rama dit : De même que vous m'avez relaté les méthodes de suspension du mental jusqu'au verrouillement au moyen de pratiques yoguiques, j'espère que vous me direz maintenant avec bonté la manière dont on le porte à l'arrêt au moyen de la connaissance parfaite.

2.- Vasishtha répondit : Par connaissance parfaite on entend la croyance ferme d'un homme en l'existence d'un Soi évident ou Paramatman qui est sans commencement ni fin. C'est ce que les sages entendent par l'expression : "empli de connaissance parfaite".

3.- Sa plénitude consiste à voir toutes les formes visibles comme ces pots et ces images ghatapata, ces pots et ces images (gathapata) et toutes ces centaines de cris d'êtres se manifester dans la plénitude de cet esprit et non pas comme distincts de lui.

4.- C'est la connaissance imparfaite qui cause notre naissance et notre peine, et c'est la connaissance parfaite qui nous en libère; de même que c'est notre vue défectueuse qui nous montre le serpent dans la corde tandis que notre vision totale retire l'erreur.

5.- La connaissance qui est dépourvue de l'imagination et de sa croyance en l'objectif, et qui ne dépend que de sa subjectivité consciente, ne mène qu'à la libération des hommes, ce que rien d'autre ne peut faire.

6.- La connaissance du purement subjectif est identique à celle de l'esprit suprême; mais cette pureté mêlée à la matière objective impure est appelée avidya ou ignorance.

7.- La Conscience est elle-même la chose dont elle est consciente, et il n'y a aucune différence entre elles. L'atman ne fait que se connaître lui-même car il n'y a rien d'autre à côté de lui

8.- "Voir le seul Atman est la vraie lumière de tous les trois mondes" équivaut à l'expression : "Tout ce monde est l'Atman" (1) de la Sruti, et la connaissance de cette vérité constitue la perfection de l'homme.

9.- Le tout étant l'Atman, pourquoi parler d'une entité ou d'une nullité; et quel sens peut-il y avoir dans l'esclavage de la libération ?

10.- Le mental n'est rien d'autre que ses perceptions qui sont manifestées par Dieu Lui-même; et le tout étant un vacuum infini, il n'y a ni esclavage ni libération.

11.- Tout ceci est l'immense Brahman, étendu sous la forme de cette vaste immensité; tu peux donc élargir votre atman invisible de toi-même et au moyen de la connaissance de toi-même.

12.- Par cette vue d'ensemble de Brahman comme tout en tout tu ne peux trouver aucune différence entre un morceau de bois ou une pierre et ton vêtement; alors pourquoi es-tu tant porté à faire ces distinctions ?

13.- Connais l'atman comme la seule substance indestructible, qui demeure tranquille du début à la fin; et sache que cela est aussi la nature de ton atman.

14.- Sache que cet univers sans limite avec tous les corps fixes et immobiles qu'il contient est un vide transcendental où il n'y a pas de place pour quelque joie ou quelque peine que ce soit de ta part.

15.- Les formes de la mort et de la maladie ainsi que celles de l'unité et de la dualité apparaîssent constamment dans l'atman sous forme de vagues interminables dans la mer.

16.- Celui qui demeure dans l'étreinte ferme de son atman avec cette compréhension intérieure n'est jamais tenté de devenir la proie du piège des jouissances de ce monde.

17.- Celui qui a une tête claire pour un jugement correct n'est jamais poussé par la force des plaisirs terrestres, mais il demeure aussi ferme qu'un roc sous les coups des vents doux de l'air.

18.- Les hommes ignorants, irraisonnés et stupides, qui ne sont guidés que par leurs désirs sont la proie d'une misère continuelle, comme les poissons d'un lac asséché sont dévorés sans merci par les grues.

19.- Sachant que le monde est empli de l'esprit et sans la matière d'avidya (ignorance), ferme les yeux à ses phénomènes visibles et reste ferme avec ton essence spirituelle.

20.- La pluralité des choses est la création de l'imagination, sans existence en réalité. C'est comme les formes diverses des vagues de la mer qui ne sont en réalité que son eau. C'est pourquoi l'homme qui dépend de sa foi ferme en l'unité est dit être véritablement libéré et parfait dans sa connaissance.

 

Note : Sarvam kalvidam Brahma.