BHARAT, notre Mère à tous

 

 

L'astrophysique moderne
confirme-t-elle la cosmologie védique ?
( Swami Jitatmananda - Ramakrishna Math - Hyderabad)
(extrait de 'Physique moderne et Vedanta')

 

L'univers a eu un commencement

Les développements récents en astrophysique semblent se rapprocher de l'ancienne cosmologie indienne. La conception védique très ancienne de l'univers passant par des cycles de création (sthiti) et de dissolution (pralaya) était considérée jusque dans les années 20 comme mythologique par la science moderne. Mais Swami Vivekananda, à la fin même du dix-neuvième siècle, parlait des spéculations cosmologiques des orientaux : "Elles vous apparaîtront merveilleusement en accord avec les dernières découvertes de la science moderne; et là où il y a différence, vous verrez que c'est la science moderne qui est en manque et non elles."

Au dix-neuvième siècle la conception occidentale de l'univers fut considérablement influencée par la théologie dogmatique qui soutenait que le monde avait été créé un vendredi après-midi de l'année 5004 av. J.C. Mais en 1900 la science occidentale avait déjà commencé à aller au-delà de la théologie dogmatique et les rationnalistes avaient commencé à exprimer librement leurs vues. Si Swami Vivekananda n'avait pas prêché les mêmes idées védiques en Occident ne serait-ce que cinquante ans plus tôt, il aurait été, comme Ingersol lui dit, 'pendu, ... brûlé vif ou dilapidé en dehors du village.'

Même après que l'immensité du temps cosmogonique vint à être reconnu par la science occidentale, le concept d'un univers statique et éternel persista dans la pensée générale des scientifiques occidentaux jusque dans les années 20. Même Einstein considérait cet univers comme un 'univers fermé'. Avec son intellect prodigieux, Einstein calcula le rayon de cet univers statique : environ 35 milliards d'années-lumière. Il développa même le concept d'une constante cosmologique qui maintiendrait l'univers constant.

Mais le premier coup à ce concept d'un univers fermé fut porté au début des années 20 lorsqu'Edwin Hubble et Humason découvrirent pourl a première fois que la ligne spectrale de galaxies lointaines montrait un décalage vers le rouge. Ils dirent qu'en théorie ce 'décalage vers le rouge' signifiait que les galaxies lointaines s'éloignaient plus vite que les galaxies plus proches de notre système. Selon leurs calculs, la galaxie dans l'amas de l'Hydre s'éloigne de nous à la vitesse de 61.000 km/s. Cette découverte, qui fait date, fit concevoir aux astrophysiciens l'univers comme subissant une expansion après une explosion primitive qu'ils appelèrent 'Big Bang'.

Hormis ces idées de Big Bang, l'univers, selon la loi de la Thermodynamique, progresse vers une 'mort chaude' lorsque toutes les galaxies et toutes les étoiles auront brûlé leur énergie sous forme de chaleur et de radiation et que l'univers entier aura atteint une température uniforme. Qu'est-ce que cette 'mort chaude' ? Elle a une ressemblance frappante avec le concept indien de 'Pralaya' ou de dissolution. Lincoln Barnett écrit sur cet état avec une rare clarté :

" ... Tout l'espace connaîtra la même température. Aucune énergie ne pourra être utilisée car elle sera entièrement distribuée de manière uniforme dans tout le cosmos. Il n'y aura aucune lumière, aucune vie, aucune chaleur - rien qu'une stagnation perpétuelle et irrévocable. Le temps lui-même se terminera. Car l'entropie est la mesure du hasard. Et il n'y a aucun moyen d'éviter cette destinée..."

'L'important corollaire philosophique' et 'l'inférence à laquelle on ne peut échapper' à partir de cet épuisement de l'univers vers un état au-delà du temps et du courant d'énergie est que, écrit Lincoln Barnett, "tout a eu un commencement".

Que notre univers a eu un commencement dans quelque lointain passé est aujourd'hui encore établi par la découverte effarante que les protons tombent aussi en décadence. On a d'abord pensé que le proton, qui est la particule la plus stable du noyau d'un atome, vivait toujours. A la fin des années 60 le physicien soviétique Andrei Sakharov prédit que les protons, comme toutes les autres particules nucléaires, déclinaient aussi; cette décadence du proton signifie que l'univers disparaît lentement, ce qui présuppose évidemment que l'univers a eu un commencement. La première expérience du déclin du proton à donner un résultat positif fut faite par les Mines Kolar Gold en Inde par des scientifiques de l'Institut Tata de Recherche Fondamentale (TIFR), Mumbai, et par leurs collègues japonais.

Les découvertes menant à la confirmation du fait que l'univers avait eu un commencement dans quelque lointain Big Bang, et aura un 'effondrement' en un 'Big Crunch' dans quelque lointain futur, fit retirer à Einstein son concept de constante cosmologique. Il regretta même de l'avoir inventée pour maintenir sa théorie d'un univers statique.

 

La mort des étoiles et des trous noirs :

La naissance de notre univers à partir d'un état d'existence très dense et sombre fut longtemps un sujet de grand intérêt pour les scientifiques. Il y a environ deux siècles, un astronome anglais, John Michell, signala qu'une étoile lourde, suffisamment compacte, pouvait même forcer des particules à graviter autour d'elle. La tendance d'une étoile à attirer veut dire de plus en plus de particules dans le même petit volume. Le principe d'exclusion donne une limite à l'étroitesse dans laquelle nous pouvons serrer la matière. Si la masse d'une étoile qui s'écroule est plus lourde que 1,44 fois la masse du soleil (c'est la célèbre limite de Chandrasekhar), elle n'aura alors aucune défense contre la pression gravitationnelle. Dans ce cas la matière est en fin de compte compressée dans une masse infiniment dense qui donne naissance à un trou noir.

Selon la loi de la gravitation, un trou noir avalera tout ce qui arrive à être dans sa périphérie d'attraction et il augmentera naturellement en masse et en taille. Mais Hawkins découvrit, en appliquant la mécanique quantique aux trous noirs, que les trous noirs pouvaient aussi rétrécir. Michael Harwood, écrivant sur Hawkins, dit : "Les résultats surprirent et consternèrent Hawkins ... En d'autres termes, les trous noirs pouvaient perdre de la masse et diminuer de taille. Ils pouvaient même en fin de compte s'évaporer."

Le deuxième verset du NASADIYA SUKTA dit : "Cela sans vibration commença à vibrer de par son propre pouvoir, il n'y avait rien au-delà de cela." En interprétant ces shlokas, Vivekananda dit : "Le prana existait alors mais il n'y avait en lui aucun mouvement; Anidavatam signifie 'existant sans vibration'. La vibration avait cessé. Alors, quand le Kalpa commence après un immense intervalle, l'Anidavadam commence à vibrer, et le prana donne de plus en plus de souffle à l'akasha. Les atomes se condensent et, au fur et à mesure qu'ils se condensent, différents éléments se forment."

On peut se demander comment les sages védiques pouvaient connaître la nature de l'univers au temps de son origine lorsqu'ils n'existaient pas eux-mêmes. Ils ont découvert les vérités cosmologiques non pas par l'observation empirique mais au travers d'une vision intuitive obtenue dans le Samadhi. Le samadhi est un processus de retrait des sens dans le mental, du mental dans l'intellect, et de l'intellect dans la pure conscience. En d'autres termes, le samadhi est le contraire de la création, un retour à l'état primordial incréé. Dans ce voyage de retour (conduit dans les profondeurs de la conscience), le voyant illuminé découvre les étapes par lesquelles l'univers externe est passé lors de sa création.

Ce que les sages védiques ont découvert par leur intuition mystique, les scientifiques modernes le confirment à l'aide d'instruments sophistiqués. Amaury de Rincourt écrit : "Le fait fondamental est que la physique fondamentale trouve un écho remarquable dans la métaphysique orientale et non dans l'occidentale; et que l'un des premiers éléments de cette conjonction est la vision moniste, et non pas monothéiste, de la réalité sous-jacente".