Le lendemain de l'arrivée de Krishna à l'ashram, lors du darshan de petit déjeuner à 7 heures dans la hutte à l'arrière de l'ashram, Ma Devaki parlait à Bhagavan des déboires de Krishna dans sa profession. Bhagavan a bientôt cité l'Evangile et le sermon sur la montagne avec le passage : "Vous êtes le sel de la terre". Le lendemain quelqu'un est venu avec une Bible et le discours sur la Montagne a été lu plusieurs fois. Et, à deux reprises, Yogiji a demandé à Ma Devaki : "Quelqu'un a-t-il déjà écrit un commentaire sur l'Evangile ?" Le soir-même, Krishna a ressenti qu'il devait s'atteler à la tâche et ne faisait la nuit que de se réveiller et se lever pour la commencer, de manière impérieuse. Le début de ce travail a été offert à Yogiji le jour de son départ pour Nagpur.
En parlant de l'Evangile, notre Père a dit : "Alors, Krishna, relis le !", et, en le relisant, deux choses apparurent : Premièrement, que j'étais un ignorant parce que de nouvelles choses se firent jour en mon mental et que c'est la raison pour laquelle je devais le relire et deuxièmement, que la traduction anglaise que nous avons est mauvaise, même si elle est le fait d'un roi (1)
Par ailleurs, Père a demandé si quelqu'un avait déjà écrit un commentaire de l'Evangile. Avec le mental étroit qui est le mien, nous pouvons tenter, avec l'aide de Père, de nous livrer à un petit commentaire. La question est : "La vie et les enseignements de Jésus". Pour pouvoir mieux les comprendre, la première question à poser semble être : "Qui était Jésus-Christ".
Nous commencerons par le commencement-même de l'Evangile : Le Prologue de l'Evangile de Jean, qui est du pur Vedanta et qui s'ouvre comme une Upanishad. Cela semble être la traduction libre d'une Upanishad.
Voilà déjà qu'apparaît le premier problème au sujet de la traduction. "Le Verbe". Le mot védique aurait été "VAK". Certains traducteurs traduisent par "La Parole". Cela ne peut être, car la parole n'est qu'un organe d'action (karmendriya). Le mot 'Verbe' est meilleur en ce sens qu'il porte en lui la notion d'action, de mouvement. Le mot grec est le bon, et la traduction vient du grec. C'est le mot LOGOS, Logos, qui a donné le mot "logique" : procédant de la cause à l'effet, l'effet émanant de la cause. De Logos a émané toute la création. Existe-t-il un autre nom pour ce Logos ? Oui. Le même Jean, dans l'Apocalypse, dit qu'il est l'AMEN.
Aussi, la bonne traduction est celle-ci :
Et, vous le savez maintenant, 'AMEN' vient de 'AUM' et, comme il a été expliqué par ailleurs dans 'HAMSA', la forme AMEN ayant perdu toute la puissance propre au mantra. Quoiqu'il sera parlé de manière plus approfondie de 'AUM', vous pouvez vous reporter à 'HAMSA' pour avoir déjà un aperçu de ce symbole ultime du Suprême Brahman.
Nous en arrivons donc à la parfaite traduction :
'Aum' est appelé 'le Pranava'. Et, que dit le Bhagavata-Purana (XI-17-10)
C'est à dire EXACTEMENT LA MEME CHOSE. Ainsi, l'Evangile commence avec le Veda, autrement dire avec une citation du Veda.
Lisons les versets suivants, avec l'aide de la traduction française que j'ai dans la tête :
Cela apparaîtra comme une répétition aux lecteurs de 'RAMA NAMA'. Nous discuterons plus amplement de AUM dans 'HAMSA'. Mais déjà il est dit ici que le Nom de Dieu et Dieu lui-même ne sont qu'Un, et que le Nom est identique à Dieu. AUM c'est le triangle primordial, qui a émané du point unique 'dont le centre est partout et la circonférence nulle part.' Au commencement il n'y avait que AUM, l'Indifférencié.
Ainsi toute la création n'est qu'une transformation de AUM, une involution. Tout cela a déjà été exposé dans 'HAMSA'. On voit que l'Evangile ne dit pas autre chose.
Déjà ici il est parlé de la différenciation : Lumière-Ténèbres, à savoir Purusha-Prakrti, Conscience-Nature. La Nature en elle-même, si elle n'est pas liée à la Conscience (voir dans ce même RAMA NAMA les paroles de Sita : Sita liée à Rama), n'est qu'ignorance, voile, illusion. Alors il y a surimposition et les ténèbres ne peuvent comprendre la Lumière.
Nous arrivons maintenant à l'homme :
"Il y eut un homme envoyé de Dieu, dont le nom était Jean. Il vint comme témoin, pour porter témoignage de la Lumière, afin que tous les hommes, par lui, puissent croire. Il n'était pas cette Lumière, mais était envoyé pour porter témoignage de la Lumière. Cela était la vraie Lumière, qui éclaire chaque homme qui vient dans le monde. Elle était dans le monde, et le monde a été faite par Elle, et le monde ne l'a pas connue. Elle est venue chez les siens, mais les siens ne L'ont pas reçue. Mais comme beaucoup L'ont reçue, a eux Elle donna le pouvoir de devenir les Fils de Dieu, même à ceux qui croient en Son Nom : qui sont nés non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de la volonté de Dieu. Et AUM s'est fait chair, et il a habité parmi nous, plein de grâce et de Vérité, et nous avons contemplé Sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. "Jean porte témoignage , et il criait, disant : " C'est Lui dont je parlais, Lui qui vient après moi est venu avant moi, car Il était avant moi."
Tout est dit. D'abord ce que dit Père : "Mon Père seul existe, rien d'autre, personne d'autre." Jean est témoin de la Lumière Immortelle, un rishi, un 'voyant' de la Vérité, mais il n'est pas la Lumière Elle-même. Mais celui qui vient après lui, c'est à dire Jésus, Lui est la Lumière, qui toujours fut, et donc avant Jean. Celui qui vient est l'incarnation de cette Lumière. Il est AUM.
Ainsi est-il clairement dit, à propos de JESUS, qu'il est un AVATARA, comme le fut RAMA, comme le fut KRISHNA. Il n'est aucune différence. Il est AUM, le Verbe, incarné. Ainsi que le dit l'Adhyatmaramayana : Il est l'Existence-Conscience-Béatitude Absolue, qui est au-delà du temps, qui existe de toute éternité. Il suffit de se reporter à l'Adhyatmaramayana, tout ce qui est dit à propos de RAMA s'applique à JESUS.
Dans les derniers versets du Prologue que nous avons cités, qu'est-il dit encore ? Il est parlé de l'involution, AUM devenant chair et demeurant parmi nous. C'est exactement ce qui a été dit dans HAMSA, même si ici le détail n'est pas donné (passage par Buddhi, Manas, Ahamkrti etc... jusqu'aux éléments constitutifs du corps, les éléments, les jnanendriyas, les karmendriyas, etc...). Tout est Dieu, involué dans les différents états.
Il est encore dit une chose importante, qui est la même sous une autre forme : "La vraie Lumière éclaire chaque homme qui vient dans le monde." Cela veut clairement dire que tout homme a Dieu en lui, que tout est pénétré par AUM, et que cette Lumière brille en tout homme, et que tout homme, par cette Lumière en lui, a le pouvoir de devenir FILS DE DIEU. Ainsi est balayé dans l'Evangile même ce concept sectaire selon lequel seul Jésus pouvait être fils de Dieu. Le prologue ajoute même à ce propos : les hommes qui sont nés "de la volonté de Dieu". Jésus dans l'Evangile dira d'ailleurs plus loin comme nous le verrons : "Celui qui veut devenir comme Moi...", confirmant ainsi cette vérité, puisque tel est le but même de toute vie.
Aussi, en lisant ces phrases, nous pourrions nous poser la question : "Quelle était donc la nécessité de créer une nouvelle religion ?" Il semble que ce soit comme de nos jours la Mission Ramakrishna qui a tout fait pour devenir religion indépendante extérieure à l'hindouisme alors que Ramakrishna était l'Incarnation-même de l'Hindouisme. Tout comme Jésus qui n'a jamais créé de religion et n'a jamais demandé d'en créer, de même Ramakrishna n'avait jamais de demandé de créer de religion ! Ils étaient la Religion Universelle. La création de religions en leur nom n'obéit qu'à des désirs égoïstes d'argent et de pouvoir.
Il est dit que c'est 'Christ'. Aussi continuons la lecture. Un peu plus loin les juifs approchent Jean qui baptise ! "Je ne suis pas le Christ. - Quoi donc ? Es-tu Eliya ? Es-tu le prophète (Ishaya - Esaïe))". Lorsque l'on met cette phrase dans le stupide ordinateur qu'est la tête, ce petit ordinateur stoppe et donne le message suivant : "Refus. Illogique. Mot inconnu." Une chose est sûre : la phrase parle clairement à propos de la réincarnation. Les juifs croyaient alors en la réincarnation, puisqu'ils demandent à Jean s'il n'est pas Untel ou Untel qui a vécu jadis. Mais elle parle de personnes bien connues dans le passé, Elie et Esaïe. Alors le Christ doit de même être une personne connue aussi bien dans le passé comme les deux autres. Ce qui est illogique est l'article "le" Christ, et le mot inconnu est le mot "Christ". Il n'est pas écrit "le Eliya", mais "Eliya".
C'est en fait la première fois dans l'histoire qu'apparaît le mot "Christ" qui n'apparaît nulle part ailleurs auparavant. Et pourtant le texte veut qu'on le connaisse. On est censé le connaître. Alors on vient nous dire (notamment des écclésiastiques) : ce mot vient du grec Kristos (christos) qui signifie "oint", ajoutant bien entendu "Oint du Seigneur". Mais il semble que ce ne soit qu'une explication 'après-coup'. Pour ma part, lors de mes études de grec, je n'ai jamais rencontré ce mot. Il semble que sa première apparition en grec soit justement avec les évangiles ! Si c'est "oint", pourquoi alors mettre l'article "le" devant, s'agissant d'un adjectif ? Le sens de la phrase veut qu'il n'y ait pas d'article et que le nom soit un nom comme celui d'Eliya ou du prophète, Ishaya. Alors seulement elle est logique. Le texte grec en notre possession porte cependant l'article "o" (le) :
20 kai wmologhsen kai ouk hrnhsato kai wmologhsen oti ouk eimi egw o cristoj 21 kai hrwthsan auton ti oun hliaj ei su kai legei ouk eimi o profhthj ei su kai apekriqh ou 22 eipon oun autw tij ei ina apokrisin dwmen toij pemyasin hmaj ti legeij peri seautou
D'où vient donc ce mot "Christ ?"
Une autre chose concernant le mot "Christ". Pourquoi est-il écrit avec un "Ch". Une des explications est qu'il permet de parler de l'ère du Poisson. "Poisson" se dit en grec Ichtus (avec ch) : Icquj, dont chaque lettre représente un symbole, le nom signifiant alors : "Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur" (Iesos Christos Theou Uios ...). Certains écrivent Christos avec un 'kappa' grec, soit KRISTOS.
Enfin une autre chose relative aux langues. Nous avons déjà vu les changements qui se font, comme le "S" sanscrit qui devient "H" en persan. Il existe un mot sanscrit qui est "sthana" qui a donné en anglais le mot "stand" (se tenir). Nous le trouvons dans des mots comme "Afganisthan, Hindusthan, etc", "là où se tiennent les Afghans, là où se tiennent les Hindus, etc..." En latin cela a donné par exemple le mot "status", en français les mots "statut, statue, station", etc... Nous pouvons ainsi voir que le "N" sanscrit a été remplacé par la lettre "T".
Maintenant, en retournant au mot KRIST et en remplaçant le "T" par le "N" original, la phrase devient celle-ci :
Nous nous sommes aperçus que cette assimilation de CHRIST avec KRISHNA n'était pas nouvelle. L'un des premiers à avoir fait cette assimilation est d'ailleurs un français, Louis Jacolliot, qui est né en 1837. Il était encore jeune lorsqu'il se rendit à Pondicherry et il apprit le sanscrit avec les brahmanes, ainsi que le tamil. Il vivait avec les indiens et adopta leurs coutumes, leurs manières et leurs langues. Il est l'auteur de plus de 15 livres publiéS dans "Les Etudes indianistes". Il apprit aussi le hindi et demeura en Inde un quart de siècle. Il publia "la Bible en Inde" en 1868. Page 360, nous lisons :
"KRISTNA, ou CHRISTNA, signifie en sanscrit 'Dieu, promis par Dieu, saint".
Un grand érudit en sanscrit, qui a traduit nombre d'écritures indiennes, Max MÜLLER, dit ceci : "Le propos du livre de M. Jacolliot est que notre civilisation, notre religion, nos légendes, nos dieux, nous sont venus de l'Inde après être passés par l'Egypte, la Perse, la Judée, la Grèce et l'Italie.... Comme le nom de Christ ou Christos n'est pas hébreu, d'où peut-il venir si ce n'est de Krishna, le fils de Devaki ou, comme l'écrit M. Jacolliot, Devanaguy ? Il est difficile, non, tout à fait impossible, de critiquer ou de réfuter une telle affirmation, et pourtant il est nécessaire de le faire, car l'intérêt est tel, je devrais plutôt dire la curiosité fiévreuse, excitée par tout ce qui touche à l'ancienne religion, que le livre de M. Jacolliot a produit une impression très large et très profonde." Ainsi Max Müller reconnaît qu'il est impossible de contredire, mais il le fait tout de même compte tenu de ses propres croyances religieuses... Jacolliot répondit en prouvant que ses conclusions n'avaient strictement rien de fantastique.
Certains sont même allés plus loin. Le nom hébreu de JESUS est YESHOUA et ils disent que cela vient de YASHODA, la mère nourricière de KRISHNA. Ainsi JESUS-CHRIST voudrait-il dire : KRISHNA de YASHODA. Mais quelquefois, en voulant prouver le plus on prouve le moins. Jésus était connu en INDE sous le nom de ISSA ou ISHA ou ESHA. Maintenant il faut voir que dans l'Evangile seul le narrateur utilise le nom de JESUS.
Il est une autre chose dont nous avons déjà parlé. Au début de l'Evangile de Matthieu, on donne la généalogie de JESUS, commençant par ABRAHAM, dont la femme se nommait SARA. Ce Père de la race n'est-il autre que BRAHMA dont l'épouse (la shakti, l'énergie) est SARA-SVATI ?
Autre chose encore. On lit dans l'Ecriture : "Et ils lui donneront le nom d'EMMANUEL" (Celui qui apporte la Lumière ('El (comme dans 'No-El, le nouveau soleil'). Et voilà qu'il n'est pas nommé Emmanuel, mais Jésus ...