Les secrets du Mahabharata
Mahabharat ke Rahasya

Révélations faites en état de transe par la réincarnation du Sringi Rishi,
confiées à Gaura Krishna pour traduction et diffusion

(Traduction du hindi de Raghunath DAYAL
Revue avec notes par Gaura Krishna)

Satyakama et les seize arts


Mes chers Munis ! Je vais vous raconter l'histoire des seize arts qui me vient à l'idée. Je crois que vous connaissez déjà Ma Jabala, mais je vais vous en parler de nouveau. Jabala était une ermite, une recluse et une brahmine. Elle était généreuse et passait son temps au service des grands sages. Son coeur était constamment illuminé par la grandeur, la pureté et la sagesse de l'Atman. Elle avait un fils nommé Satyakama. Quand il eût atteint l'âge de douze ans, il demanda à sa mère la permission de poursuivre ses études dans l'ashram d'un guru. Sa mère fut comblée de joie d'apprendre que son fils s'intéressait à la recherche de l'Atman. L'enfant salua sa mère et partit pour l'ashram du Rishi Gautama. Le rishi l'accueillit respectueusement.

Vers la mi-journée, le rishi demanda à Satyakama la raison pour laquelle il était venu à l'ashram. L'enfant répondit que c'était pour ses études et la recherche de l'Atman. Le guru lui demanda d'abord le nom de son aïeul. Comme l'enfant n'en savait rien, le guru le renvoya chez lui pour se renseigner. Il ne pouvait accepter l'élève s'il ne savait pas qui était son ancêtre. Satyakama se prosterna devant le guru et alla s'enquérir auprès de sa mère. Cette dernière ne put toutefois lui répondre avec précision. Elle dit à son fils que, comme elle était au service de plusieurs sages, elle ne pouvait dire lequel d'entre eux était son procréateur. Il lui était donc impossible de donner une réponse exacte.

Satyakama salua sa mère et retourna à l'ashram. Le guru lui demanda le nom de son ancêtre et Satyakama lui répéta ce que lui avait dit sa mère : elle était au service de plusieurs sages et il était donc difficile pour elle de dire de manière précise quel était son géniteur. Son guru, le Rishi Gautama, fut satisfait de la réponse, car l'enfant et sa mère disaient la vérité. Dire la vérité n'a jamais été une question de gloire ou de déshonneur.

- "Oh, brahmachari, tu es brahmane, ou tu l'es devenu. Tu peux entrer dans mon ashram maintenant", lui dit son professeur avec beaucoup de gratitude. Le soir il partit dormir, mais le rishi n'avait pas sommeil. Il se souciait du statut qu'il avait conféré à l'enfant. Méritait-il le titre ? Il fallait le soumettre à un test pour parvenir à une certitude.

On dit que le lendemain matin, quand Satyakama se présenta devant la porte de son maître, celui-ci le salua et lui demanda son emploi du temps. Le Rishi lui dit : "Mon enfant, il y a 400 vaches dans mon ashram. Prends les et ne revientspas tant que ce chiffre n'aura pas atteint mille." Satyakama lui présenta ses respects et s'en alla dans la forêt dense avec les 400 vaches. Selon son habitude, il faisait ses prières, jeûnait, accomplissait des yajnas et protégeait les vaches.

Quand le nombre de vaches eut atteint 1.000 et alors qu'il faisait ses prières un matin en offrant son premier Ahuti dans le feu de son Yajna, un taureau vint près de lui et lui dit : "Brahmachari, nous sommes maintenant 1.000 et nous devons retourner à l'ashram du guru." Satyakama fut ravi d'apprendre la nouvelle et il dit : "Allons-y".

Au moment du départ, le taureau lui dit : "Il est impératif que tu sois instruit de quatre arts de la vie, qui sont : Prachi Diga : l'est, Dakshini Diga : le sud, Pratichi Diga : l'ouest, et Udichi Diga : le nord. Tu dois aussi connaître l'importance et les fonctions de ces directions dans la vie humaine."

Le brahmachari l'écouta attentivement et, le soir venu, il s'assit et médita sur l'existence de ces points cardinaux. Lors de la discussion, il apprit que l'est nous apporte la lumière. Le soleil se lève à l'est et nous offre une vie nouvelle. Il répand la joie et la gaieté dont nous profitons pour améliorer rendre notre vie.

Qu'est-ce que le sud ? Il faut que tu saches que le même dieu habite le sud. La beauté du monde se trouve dans cette direction. Il ne faut pas oublier non plus que la vie d'un être humain ressemble à celle du sud. S'il y a de l'obscurité, il y aura assurément émergence de la lumière comme c'est le cas dans l'est. La direction sud nous procure l'essence de la fête et de la vie. Il est donc impérieux de faire une étude approfondie de la direction sud.

Puis ils se penchèrent sur l'ouest. L'ouest nous fournit l'abondance de la nourriture. La terre en reçoit la fertilité et la capacité de produire de la végétation. La bonne coordination de l'est et de l'ouest nous apporte beaucoup de pluie. Cette pluviosité favorise la pousse d'une végétation luxuriante. Ce qui est important aujourd'hui, c'est de connaître la saison des céréales et des plantes comestibles. Il nous faut aussi connaître les produits agricoles qui nous procurent force et énergie. Rappelons que l'ouest nous procure virilité et épouses. La connaissance des directions nous aide à comprendre les relations qui existent entre elles et l'homme. L'ouest doit toujours être bien organisé et il nous faut l'explorer à fond afin de mieux connaître ses fonctions et ses vertus.

Le brahmachari Satyakama médita sur les qualités particulières de ces directions et il découvrit que sa vie devenait meilleure. Satyakam se pencha ensuite sur les fonctions du nord. Il découvrit que la planète Saturne prenait toujours naissance dans le nord. Il découvrit aussi que Saturne représentait la connaissance. On l'appelle aussi la lumière de la connaissance - "Shanishcharaya namaha". Nous acquérons ainsi la connaissance suprême et nos actions deviennent des modèles que nous appelons "Shani svaha". Maintenant que nous savons que Saturne se trouve dans le nord, il nous faut donc découvrir les vertus et les qualités de cette direction. Il faut que nous sachions que les grandes personnalités naissent quand la course du soleil se trouve dans le nord. Ces personnalités attendent également ce moment précis pour rendre l'âme. Le grand Bhishma du Mahabharata, même couché sur son 'lit' de mort, a attendu l'Uttarayana (cours du soleil vers le nord) pour quitter son corps physique. C'est ici une des interprétations du nord. D'autres disent que l'Uttarayana représente la lumière tandis que Dakshinayana (le cours du soleil vers le sud) représente l'obscurité. Le va et vient de la lumière et de l'obscurité est un processus normal et on peut dire ainsi qu'il existe une lutte perpétuelle entre les deux.

Le brahmachari passa ainsi la nuit à méditer sur les quatre arts de la vie que sont les quatre points cardinaux. Le lendemain, le brahmachari reprit son troupeau et prit le chemin du retour. Le taureau lui dit : "Je t'ai appris les quatre arts de la vie. Le vent va maintenant t'apprendre les quatre autres arts." Satyakama fut enchanté de la nouvelle.

Au crépuscule, il s'arrêta pour le repos du soir. Il fit ses ablutions, ses prières et son havan. Lors des offrandes dans le havan kund, le dieu Vent lui apparut à partir du feu sacré. Satyakama se prosterna devant lui et lui offrit ses respects. Le dieu Vent lui dit : "Satyacam, je vais t'apprendre les quatre autres arts de la vie. Ce sont la terre, le ciel, la mer et l'air". (1)

La terre est perçue comme l'élément essentiel de la vie. L'homme y prend naissance et, à travers sa culture, il découvre une multitude de nourritures et de minéraux. Le but de cet art est de mieux connaître les richesses de la terre. Satyakama médita alors sur ses vertus. Il constata que la terre-mère était couverte d'une végétation exubérante et qu'elle recélait en son sein une grande variété de minéraux. Pour les découvrir et, par la suite, réussir dans la vie, l'homme doit faire des recherches agro-alimentaires et minérales. L'homme, pour subvenir à ses besoins, puise de la terre-mère de la nourriture et des minéraux. Il devient ainsi maître des terres et des animaux domestiques et réclame son droit de propriété sur la richesse terrienne.

Vient ensuite l'élément éther (2). Nous recevons de l'éther des sons et des mots qui sont produits par d'autres. Les sons et les mots produits par les hommes errent dans l'espace et ne meurent jamais. Plusieurs atomes trouvent refuge dans les mots. Même après la mort, les atomes errent dans l'espace. En outre, l'homme consomme une grande quantité d'aliments et de boissons. La question est souvent posée de savoir où va cette nourriture. La réponse est : dans l'espace. C'est en fait l'éther qui les consomme et les avale. Il est pour l'homme impératif d'explorer l'espace. Si l'éther n'existait pas dans le corps humain, l'espace (éther) n'existerait pas non plus et la vie ne serait jamais aussi élevée. L'homme doit méditer sur ce verset : "¡ brahme vy¡y¡m ridr¡na gatinaschati supraj¡". Il faut étudier profondément ce verset pour mieux comprendre les vertus de l'éther. Où se trouve l'éther ? Y a-t-il un espace ou un outil relatif à l'éther dans le corps humain ? La réponse est : oui. Cet outil s'appelle la sushumna (3) et il se trouve dans le centre ombilical du corps humain (4). La sushumna est l'outil essentiel pour recevoir des sons, mots et phrases ainsi que pour les produire. Lorsque ces mots sortent du centre ombilical (5), on appelle cela 'la voix' et c'est ainsi que ces mots sont communiqués aux autres à travers l'espace.

Un autre élément essentiel de la vie est l'eau. Lorsque le Créateur créa le ciel et la terre, il créa aussi un immense bassin rempli d'eau que l'on appelle la mer. La mer avale tous les produits toxiques de la terre et elle nous offre l'eau pure qui génère la vie sur terre. Satyakama, tu dois découvrir les vertus de la mer. Nous avons chez nous la ferme conviction que lorsque le créateur visite le Yajnashala (6), il vérifie qu'il y a bien un récipient avec de l'eau. Pourquoi ? Le récipient représente la mer. Lorsque nous accomplissons notre yajna (homa), des atomes tant positifs que négatifs émanent du havan kund. L'eau qui se trouve près du kund avale tous les atomes à caractère négatif et elle offre aux devas les atomes positifs. On considère aujourd'hui le kund comme la mer. Les grands sages nous conseillent d'explorer les richesses de la mer, car elle est créatrice de nombreuses choses. Elle nourrit également des millions d'êtres vivants. Pourquoi toutes ces vies dans la mer ? Réponse : les créatures marines consomment toutes les impuretés et purifient la mer. Si l'homme se met en colère, la mer lui reprend de cette colère. S'il se livre à des actes sexuels de manière excessive, les pulsions sensuelles de son corps montent dans l'espace et tombent dans la mer qui les avale et les calme. Toutes les intoxications de la terre sont englouties par la mer.

Le quatrième élément s'appelle air. Quelle est sa fonction ? Il n'a aucune vertu par lui-même. Mais si l'air est imprégné de l'atome de la mer (eau), il devient froid, et s'il est imprégné de feu, il devient chaud et violent. C'est ainsi qu'on doit comprendre l'air. Le corps humain est rempli de plusieurs sortes d'air (7) qui aident à maintenir la vie. Lorsque l'âme quitte le corps, elle erre dans l'atmosphère avec toutes ses vasanas (8) et tombe dans le processus de va et vient (naissance et mort) sur terre. La région de l'air est très vaste. Les yogis font tout pour s'aventurer dans cet air. Ils font maints essais et maintes recherches pour y arriver. C'est cette errance qui active la vie dans le monde."

Et ainsi la nuit tira-t-elle à sa fin. Satyakama reprenait son troupeau et le chemin du retour lorsque le dieu Vent lui dit : "Satyakama, le dieu Feu va t'enseigner quatre autres arts de la vie."

Notes :

(1) Ether, air, eau et terre (il n'est pas parlé du feu puisqu'il est présent dans le havan kund.
(2) akasha : éther, espace.
(3) Voir 'HAMSA' : le prana dans le corps subtil.- sushumna nadi.
(4) Non seulement : la susumna va de muladharacakra jusqu'au brahmarandhra.
(5) Manipuracakra.
(6) L'endroit du sacrifice, là où s'accomplit le homa (feu sacrificiel) dans le havan kund.
(7) Les différents pranas (v. HAMSA).
(8) Raghunathji a traduit ici 'cultures', mais il faut l'entendre par 'contenu mental'.

Au crépuscule, il s'arrêta pour le repos du soir. Il s'acquitta de ses obligations quotidiennes : ablutions, prières et yajnas. Lors des offrandes dans le havan kund, le dieu Feu se manifesta et dit : "Satyakama, je vais t'enseigner les quatre autres arts de la vie. Ce sont la lune, le soleil, la foudre et le feu . Celui qui connaît ces quatre arts se voit libéré du cycle de la naissance et de la mort. et atteint une sublime grandeur dans le monde. Il est nécessaire que tu connaisses les vertus de ces arts."

Après le discours du dieu Feu, Satyakama médita sur les vertus de ces arts. Il se pencha d'abord sur la lune et découvrit qu'elle émet plusieurs type de rayons lumineux. La lune emplit les plantes agricoles de sève et de sucs (amrta) et le foetus d'une femme enceinte de vie (amrta). La lune dissémine l'essence de la vie sur terre. Elle apporte parfois une telle fraîcheur qu'elle favorise la production des métaux et des pierres précieuses.

Vient ensuite le soleil. Le jour, il répand ses rayons nommés Indu. Ces rayons pleins de chaleur sucent la sève et le suc et rendent l'élément dur. Ils favorisent la création des métaux et des pierres précieuses. Le soleil, tout autant que la lune, a plusieurs types de rayons, dont le premier éclaire le monde et nous procure la vue. La lumière devient le dieu de la vue et la maîtresse de l'homme. L'oeil commence à fonctionner pleinement et son champ d'activités se traduit par un état supérieur. Au fait, le soleil dispense des millions de rayons nommés Bhag, et l'ensemble de ces rayons est appelé Indra. Il existe un lien très étroit entre les rayons lumineux de la lune et ceux du soleil. Celui qui reçoit ces rayons est un privilégié sur terre.

Satyakama se pencha ensuite sur la foudre, l'énergie électro-magnétique. Les scientifiques découvrent son pouvoir. On se demande très souvent où cette énergie réside, est-ce dans l'espace, dans l'eau, dans le feu ? Non, elle se trouve sur la terre. L'homme, pour l'exploiter, a créé plusieurs types d'équipements. Un jour, mon cher Mahananda m'avait dit que l'énergie électro-magnétique se manifestait à l'intérieur de toute la création terrestre. Sans cette énergie, on ne pourrait jamais produire de sons, il n'y aurait pas de nations, l'homme n'aurait jamais cotoyé son prochain, jamais une planète n'aurait influencé l'autre et c'eût été la fin du monde. C'est pourquoi la connaissance du pouvoir de l'énergie électro-magnétique s'avère obligatoire. Chers scientifiques, cette énergie recèle les richesses de l'homme et elle se manifeste dans la lumière qui aide à la libération.

Satyakama médita ensuite sur l'art du feu. Sa recherche lui permit de découvrir six grands feux : Garhapatya, Grihapatya, Ahraniya, Nachiketa, Vaagrani et Vaishvanara. Il y a aussi un feu qui brûle dans le coeur du brahmachari. Ce dernier l'avale régulièrement et se sent rempli de joie et de reconnaissance. Le brahmachari accomplissent l'Agnihotra qui le protège et le guide vers la fusion en le Brahman. Il vibre finalement de la joie de la gandeur de l'âme. Il existe aussi des feux relationnels qui brûlent entre mari et femme, entre père et fils, fille et père, père et mère, roi et sujet, planète et planète, etc... En réalité, s'il n'y avait pas de feu il n'y aurait pas de chaleur, s'il n'y avait pas de chaleur il n'y aurait pas de nourriture et il n'y aurait finalement aucune vie,aucune création.

Le brahmane entre d'abord dans le Yajnashala, il allume le feu et l'offre à Shakalya. S'il n'y a pas de feu, il n'y aura pas de Sankalpa. Aussi est-il très important de connaître le pouvoirs du feu. Cette connaissance nous apportera la libération.

Satyakama passa la nuit en réfléchissant sur les quatre arts de la vie. Le matin, il reprit le chemin du retour avec les animaux et le dieu Feu lui dit : "Satyakama, maintenant le dieu Aditya va t'enseigneur les quatre derniers arts de la vie. Tu auras ainsi une éducation complète sur la matière."

Le soir venu, Satyakama s'arrêta avec les animaux pour le repos de la nuit. Il accomplit ses devoirs quotidiens. Lors des offrandes aux feux du havan kunda, le dieu Aditya se présenta devant lui et lui dit : "Satyakama ! Je vais t'inculquer les quatre derniers arts de la vie, qui sont : Man kala (le mental), Chaksu kala (la vue), Shrotra Kala (l'ouïe) et Ghrana Kala (l'odorat).

Je vais d'abord t'instruire de la vertu du mental. Il est impératif de connaître les différents types de réactions sentimentales, la différence entre les amours, les expériences affectives et obéissances qui en découlent. Les mères, par exemple, sont classées en plusieurs catégories : mères, belles-soeurs, filles, épouses et autres. Lorsqu'une personne entre dans la vie conjugale, elle introduit aux autres ses relations affectives : voici mon épouse, celle-là est ma mère, l'autre est ma belle soeur, çà c'est ma grand-mère, ici les membres de ma famille. Comment distingue-t-on les relations ? Cela dépend du Man kala (mental, psyché). Le pouvoir de distinguer les relations entre les corps humains appartient au Man kala, et cet art donne à l'homme de l'estime dans la société. Cet art conduit l'homme jusqu'à Dieu et il devient l'enfant de la cour. Ses réactions et sa virtuosité y jouent. C'est le mental qui fait l'homme haïr son prochain. Il est aussi cause de la honte. Il peut mener l'homme là où il sera déshonoré ou dépossédé de son humanité. Alors méditons aujourd'hui sur Dieu afin de consolider l'image de l'humanité. Si l'homme cesse de réfléchir avec l'aide de sa conscience, il sera dépouillé de sa religion. Qu'est-ce que la religion ? Qu'est-ce que l'humanité ? C'est la vie d'un individu fortifiée d'humanité.

Le deuxième art se nomme Chakshu Kala (la vue). La vue aide l'homme à distinguer la mère de la belle-soeur et des autres membres de la famille. C'est aussi à travers les yeux que l'état regarde les différents sujets sous plusieurs aspects. Chez nous, lorsque quelqu'un commente les bonnes et les mauvaises actions de l'homme, les sages se demandent ce que veut bien dire 'bonnes et mauvaises actions'. Les sages disent : "Dharmagyam Brahma, Dharmavan Ghrini, Dharamagyam Sarvakriti Drishtata" : "Quand les yeux regardent une beauté sans en être influencés, on dit : c'est dharma, mais lorsque le regard est corrompu par la beauté, on dit : c'est adharma." Les bonnes et les mauvaises actions sont donc définies par le Chakshu Kala. C'est la vue de nos deux yeux que nous devons contrôler. Il nous faut consacrer le Chakshu Kala par l'intelligence qui nous permettra de différencier le papa (faute) du punya (mérite). C'est la raison pour laquelle il nous faut connaître les aptitudes de la vie.

Nous avons ensuite le Ghran Kala, le sens olfactif. L'odorat nous aide à distinguer le bon aussi bien que le mauvais. C'est par l'olfaction que l'homme peut comprendre le Prithivi kala, l'art de la terre. Aujourd'hui tous les atomes qui se trouvent dans l'air, dans l'eau et sur la terre sont en fait l'évocation du sens olfactif.

Il lui dit ensuite de réfléchir au Shrotra Kala, l'audition, car nous sommes obligés d'écouter des paroles belles et vraies tout aussi bien que de mauvaises. Lorsque nous écoutons de mauvaises paroles, notre sens auditif est forcé à l'imperfection. Et lorsque nous écoutons des paroles parfaites et des phrases immaculées, elles deviennent notre Shrotra kala. C'est à travers l'audition que nous pénétrons dans le champ de l'honneur et du déshonneur. Avant d'attaquer notre prochain, il nous faut d'abord voir si notre humanité est bien implantée en nous, si elle est consistante. Il faut penser à tout pour vivre convenablement dans ce monde. Il s'avère impératif de connaître les seize arts de la vie pour pouvoir traverser ce monde matériel afin d'atteindre l'au-delà.

Je vous ai parlé aujourd'hui des seize arts de la vie qui sont : Prachi diga, Dakshini diga, Pratichi diga, Udichi Diga, Prithvi kala, Samudra kala, Antariksha kala, Vayu kala, Agni kala, Chandra kala, Surya kala, Vidyuta kala, Mana kala, Ghrana kala, Chakshu kala et Shrotra kala. Celui qui connait ces seize arts est protégé de l'ignorance. Il devient seigneur de la science et occupe une place respectueuse dans la société. L'homme doit toujours travailler à maîtriser ces seize arts. Je me souviens de Krishna, il était maître de ces seize arts et méditait perpétuellement sur eux. Rama n'en possédait que douze. Le fait d'associer sa vie avec ces seize arts est le moyen d'apprendre. On ne peut purifier sa vie sans les acquérir. Il est clair que lorsque l'homme s'associe avec eux, il fait des recherches et sa vie se transforme pour le meilleur.
Lorsque les dieux eurent terminé l'enseignement des arts de la vie, Satyakama médita la nuit durant sur leurs propriétés. Le lendemain matin, il reprit son troupeau et rentra à l'ashram de son guru. Le grand sage Gautama fut ravi de le voir. Il l'accueillit avec joie et luit dit : "Brahmachari, tu es un grand brahmane. Viens, je vais t'apprendre les connaissances divines". Satyakama lui dit alors : "Cher Maître, je vous suis très reconnaissant d'avoir décidé de m'enseigner, mais les dieux m'ont tellement appris que je ne sais comment retenir toutes ces connaissances. Aussi suis-je à vos pieds. Aidez-moi. Mais je suis déjà béni car c'est un grand honneur pour un élève d'être instruit par les dieux." Satyakama se prosterna et attendit les enseignements de son guru.
Aujourd'hui, seul le brahmachari qui écoute et agit selon les conseils de son guru peut devenir intelligent. Celui qui oriente ses actions selon les instructions de son maître devient Brahmanishtha, celui qui médite sur le Brahman. Il atteint la sagesse et traverse l'océan du samsara sans aucune difficulté. Il devient aussi maître de la mort et atteint à la pureté. Il passe le reste de sa vie en méditant sur le Paramatman, en chantant sa gloire et en mettant en pratique les seize arts qui annoblissent la vie.
Tel lest le discours d'aurjoud'hui. Celui qui maîtrise les seize sciences de la vie est perçu comme un incarné. Il médite sur les sciences, fait des recherches et devient Seigneur. Ô mère adorée ! Lorsque tu as donné naissance à Satyakama comme la mère Jabala, tu as immortalisé le nom de mère. Ton nom est vénéré de par le monde. (Dasvan Pushpa, 4.5.68).

A suivre