Yogi Ramsuratkumar et Ganeshan

Yogi Ramsuratumar and Ganeshan

par V. Ganesan, petit neveu de Ramana Maharshi
et ex-directeur du Ramana Ashram. Tiré de son livre.

 

...Il est revenu au Ramanasramam en 1959, et c'est la première fois où je l'ai rencontré. J'étais avec mon professeur, T. K. Sundaresa Iyer, quand j'ai remarqué ce "fou" ébouriffé, débraillé en face de moi. Alors que cette pensée me traversait l'esprit, T. K. Sunderesa Iyer s'est tourné vers moi et a dit : "Ce n'est pas un fou, c'est un yogi. Ganesha, c'est un Siddha Purusha. Il a faim, alors va à l'intérieur chercher quelque chose à manger et donne-le lui." L'Ashram manquait de nourriture à cette époque. Malgré cela j'ai tenu à essayer de donner à manger à Ramsuratkumar à chaque fois que c'était possible. Plus tard il m'a dit que c'était T. K. Sundaresa Iyer qui l'avait nommé "Yogi Ramsuratkumar? et que de ce jour-là le nom était resté. Il vivait dans une petite hutte dans un quartier de l'ashram appelé Ramana Nagar et allait marcher de tous les côtés de la colline, beaucoup à la manière de son maître Ramana Maharshi. Quand je faisais le tour de la colline, je le voyais souvent accidentellement dans les cimetières, sautant d''une tombe à l'autre et chantant "Om Sri Ram Jai Ram Jai Jai Ram." Ces années-là, j'ai eu de nombreuses occasions d'avoir des contacts avec Yogi Ramsuratkumar. Je ne savais pas qu'il y avait une corde spirituelle qui nous attachait, Yogi Ramsuratkumar et moi. Plus tard, en 1962, il a commencé à vivre dans le temple ainsi que sous un arbre punnai près de la gare.

Après cela j'ai perdu contact avec lui, plongé comme je l'étais dans le travail de l'ashram, fort occupé au Mountain Path. Pourtant je l'apercevais parfois près du terminus des bus lors de mes voyages à Chennai. Il apparaissait tout à coup, me tendait une fleur et me demandait alors : "Ganesha, donnez-moi une roupie s'il vous plaît." Ce n'est qu'en 1980, après un intervalle de plusieurs années, que je suis revenu en contact avec lui. Le centenaire du Jayanti de Bhagavan était organisé à l'ashram sur une grande échelle, avec un grand nombre de célébrations et de pujas. Un groupe a même parcouru le monde en chantant les chansons de Bhagavan. Un jour, Yogi Ramsuratkumar m'a rencontré et m'a dit : "Ganesha, les gens de Tiruvannamalai n'approuvent pas de qui se passe au Ramanashramam. Ils disent que c'est une institution brahmine et que seul le Sanskrit y est chanté. Du vivant de Bhagavan on chantait le parayanam tamil tiré des Oeuvres Complètes de Bhagavan. Faites-le de nouveau." J'ai essayé, mais à l'exception de deux ou trios vieux dévots, personne ne connaissait l'intégralité des Oeuvres Complètes. J'ai évité de le revoir car il insistait énormément dans sa demande.

Il a résolu ce dilemme consistant à reprendre le parayanam tamil à sa manière inimitable. Mon amie Anuradha s'était établie à Arunachala en 1983. Mon frère Mani avait aussi démissionné de son emploi et était venu s'installer de manière permanente à Tiruvannamalai pour aider au travail de l'ashram. Ensemble, ils m'aidaient à diriger l'ashram du fait que ses activités avaient augmenté de manière significative. Lors de la fête de Karthikai de 1983, Anuradha, Kanakammal (un vieux dévot de Bhagavan) et moi-même nous trouvions près du temple à regarder la procession de l'énorme char en bois. Tout à coup, sorti de nulle part, Yogi Ramsuratkumar est venu attraper ma main et a dit: "Ganesha, ce mendiant vous avait envoyé un mot pour vous voir et vous demander de commencer le parayanam Tamil. Mais vous m'avez évité." Il était dans sa tenue qui consistait en plusieurs châles, portant un bol de coque de noix de coco, des bâtons et un grand éventail. Anuradha a été complètement effrayée par cette vision d'un "fou" qui m'accostait subitement; ça a été son premier darshan de Yogi Ramsuratkumar! J'ai admis l'éviter du fait que j'étais incapable de trouver quelqu'un pour prendre en charge la tâche colossale d'apprendre toutes les Œuvres Complètes de Bhagavan en tamil et d'enseigner aux autres à faire le parayanam. Il s'est instantanément tourné vers Anuradha et a dit : "Elle va prendre cette tâche en charge !" Puis il a disparu dans la foule aussi soudainement qu'il était apparu. Anuradha, encore complètement abasourdie par cette apparition échevelée et la familiarité avec laquelle il s'était adressé à moi, m'a demandé : "Qui est ce fou qui t'accoste et qui te donne des ordres ? De quel parayanam tamil parle-t-il ?"

Un certain pouvoir a du être transféré de Yogi à Anuradha, car elle s'est mise à apprendre les Oeuvres Complètes de Bhagavan par l'entremise de Kanakammal et de Kunju Swami et elle a commencé à chanter dans le sanctuaire de Bhagavan tout ce qu'elle avait appris. De nombreuses femmes ont été attirées vers elle parce qu'elles n'avaient jamais entendu les Oeuvres Complètes de Bhagavan être chantées dans un passé récent. A chaque fois que Kunju Swami enseignait Anuradha, il disait : "Vous devez l'apprendre par coeur, sinon je ne vous enseignerai pas." Elle a bientôt appris par coeur tous les poèmes des Oeuvres Complètes et les a enseignés à toutes les femmes qui étaient intéressées. Ramani, l'épouse de mon frère, était particulièrement enthousiaste à les apprendre. Yogi Ramsuratkumar prenait grand intérêt à voir les progrès du parayanam. Quelques années plus tard, quand Anuradha a eu terminé et préparé six jours de parayanam, Yogi lui a demandé : "Combien de jours de parayanam y a-t-il de prêt?" Quand elle a répondu qu'il y avait six jours de prêts, Yogi lui a demandé : "Et pour le dimanche ?" Anuradha, qui était très audacieuse et vive, a rétorqué : "Le dimanche, c'est Sabbath !" Yogi Ramsuratkumar a éclaté de rire et a dit : " Oh, alors le dimanche sera un jour de repos." Même à l'heure actuelle il n'y a pas de parayanam Tamil au Ramanahsramam le dimanche !

Après cette rencontre, notre échange suivant s'est déroulé en 1986. Je rassemblais des articles de souvenirs de dévots de Ramana Maharshi pour les publier dans The Mountain Path. Anuradha, J. Jayaraman (le bibliothécaire de l'ashram) et moi sommes sortis pour aller voir Yogi à ce sujet-là. Comme nous n'avions pas prévu de prendre de notes, nous avons décidé d'enregistrer la rencontre subrepticement. Jayaraman a testé l'enregistreur hors de la maison de Yogi Ramsuratkumar et s'est assuré qu'il fonctionnait correctement. Mais quand il a essayé de le faire marcher dans la pièce il n'a pas fonctionné ! Yogi Ramsuratkumar s'est mis avec colère à raconter un incident précédent le jour où on l'avait photographié sans permission et il a dit : "Ganesha, les gens n'ont plus aucune courtoisie. Ils essayent de photographier ou d'enregistrer ce mendiant sans le lui demander." Jayaraman et moi avons échangé un regard et je me suis excusé mentalement de cette indiscrétion. Son humeur a changé immédiatement et il a commencé d'un air extasié à raconter ses expériences avec Bhagavan.

"Un jour, alors que j'étais assis en présence de Sri Bhagavan, il a raconté de manière vivante une histoire fascinante qui est aussi fort significative. Un couple d'oiseaux vivait au bord de l'océan. Laissant leurs oeufs dans leur nid, ils volaient vers les lieux éloignés à la recherche de nourriture. Un jour, à leur retour, ils furent atterrés de voir que leur nid, avec les oeufs, avait été dévoré par les vagues de l'océan. Ils se mirent fort en colère contre l'océan et firent très sérieusement le serment de le vider si nécessaire pour retrouver leurs oeufs. Ils commencèrent tout de suite l'opération consistant à vider l'océan en prenant l'eau de mer dans leurs becs, gorgée après gorgée, et en la laissant tomber dans un endroit éloigné. Ils firent cela sans fin et sans se reposer et avec gravité et vivacité. Les jours passaient et ils étaient encore à tremper leurs becs dans l'océan et à voler au loin pour relâcher l'eau. Un jour un grand être passa par là. Voyant les efforts inlassables des deux oiseaux, il leur demanda ce qu'ils faisaient. Les oiseaux expliquèrent que leurs oeufs avaient été emportés dans l'océan et qu'ils étaient déterminés à le vider pour les retrouver. Surpris, le grand être s'exclama : "Quoi ! C'est impossible ! Vous, oiseaux minuscules, comment pouvez-vous espérer vider l'océan, aussi inflexibles que soient vos efforts ?" "Quel doute peut-il y avoir ?" répondirent les oiseaux. "Nous sommes absolument certains que nous finirons par y arriver et par retrouver nos précieux œufs !" Emu par leur énorme foi et par leur énorme dévotion, le grand être mit avec compassion sa main dans l'océan, trouva les oeufs et les rendit aux oiseaux transportés de joie. Sri Bhagavan dit alors : "Vider l'océan, c'est comme connaître Dieu. Seul, sans grâce, c'est impossible. Mais si l'on a la foi et le sérieux inébranlables des deux oiseaux de l'histoire, le guru apparaîtra sans faille et satisfera nos aspirations spirituelles."

"Lors d'une autre occasion, j'ai été ému de voir la compassion de Sri Bhagavan. Un dévot, Eknath Rao, avait amené dans la pièce un grand bol rempli de fruits coupés en morceaux et il l'a placé devant Sri Bhagavan. Dans le grand bol se trouvait un bol plus petit avec des morceaux coupés spécialement pour Sri Bhagavan. Le sens de l'égalité de Bhagavan était total et bien que sa tolérance envers les dévots fût immense, il n'aurait jamais permis quoi que ce fût de spécial pour lui-même. Quand Bhagavan a remarqué qu'il y avait un bol à part pour lui, il a été fâché et il a brutalement poussé le grand bol de côté. Des morceaux de fruits se sont renversés sur le sol et y ont été laissés. Le dévot a alors commencé à distribuer les morceaux à tous ceux qui étaient dans la pièce. Chacun s'est assis avec quelques morceaux dans la main, ne voulant pas manger avant que Bhagavan en ait. Par compassion pour les dévots, Sri Ramana a tendu la main, a ramassé les morceaux qui étaient tombés par terre et il s'est mis à les manger. Le reste des dévots a alors pu manger aussi."

Yogi Ramsuratkumar continua son récit : "Un jour un dévot a demandé à Bhagavan si un disciple qui n'avait pas réalisé pouvait prendre un autre guru après que son guru ait abandonné le corps. Bhagavan a répondu : "Non, cela n'est pas nécessaire parce que la grâce et les bénédictions du guru continueront même après l'abandon du corps.? Anuradha l'a interrompu immédiatement et a demandé à Yogi Ramsuratkumar : "Si c'est le cas, pourquoi êtes-vous allé voir Swami Ramdas après le mahasamadhi de Bhagavan ?" Yogi Ramsuratkumar l'a regardé avec un doux sourire et a expliqué : "La ferveur divine que j'ai vécue en présence de Bhagavan a commencé à s'affaiblir quand je l'ai quitté et suis allé rester dans les Himalayas. J'ai néanmoins commencé à voir qu'un pouvoir supérieur s'exprimait, m'utilisant comme instrument. Bhagavan Ramana a été d'une influence essentielle pour modeler ce mendiant jusqu'à et état. Après son décès, ce mendiant a eu besoin d'un guru dans le corps. Je n'ai vu aucune contradiction à aller voir Swami Ramdas. C'est Swami Ramdas qui a initié ce mendiant et qui lui a donné cette folie. La vie intérieure des saints comme Ramakrishna Paramahamsa, Bhagavan Sri Ramana Maharshi, Sri Aurobindo, J. Krishnamurti et Swami Ramdas est très très éloignée de ce que nous pouvons percevoir d'eux extérieurement. Ils fonctionnent en étant fixés dans l'infini éternel, qui ne peut jamais être connu. Il n'y a pas là d'individu qui puisse rapporter des différences !"

J'ai eu la grande chance de dialoguer avec Yogi Ramsuratkumar en plusieurs occasions après cela. Il n'est pas exagéré de dire qu'il a joué un rôle primordial dans ma vie. Ce qui suit est un exemple où il est spécifiquement intervenu et a résolu une crise. En 1987, j'étais pris dans un problème qui concernait une presse d'imprimerie. Je tentais d'imprimer localement les publications de l'ashram à un coût moindre pour que nous puissions les vendre dans notre librairie à des prix réduits. Un imprimeur local a offert de prendre la responsabilité d'imprimer nos livres si nous pouvions l'aider à acheter une presse d'imprimerie. La banque lui a accordé un prêt à la condition que je sois le garant. J'ai accepté sans en comprendre pleinement les conséquences. Malheureusement il a fait défaut au remboursement et le directeur de la banque m'a tenu responsable pour le remboursement du prêt. J'étais abasourdi par la situation. La pression montant, j'ai même envisagé de me suicider. Voyant mon désespoir croissant, Anuradha a suggéré de présenter ce problème à Yogi Ramsuratkumar du fait que beaucoup de ses dévots étaient dans l'imprimerie.

Nous l'avons rencontré chez lui et Anuradha lui a parlé du problème : "Ganeshan connaît un stress terrible avec un problème de presse d'imprimerie et il veut se suicider." La réponse toute prête est arrivée : " Ganesha, que nous a enseigné notre Maître Ramana Maharshi ? Vous devez rechercher à la source des pensées et tuer le mental et non pas le corps. Le corps vous a bien servi toutes ces années. Pourquoi s'en prendre au corps ?" Je me suis senti mis au pied du mur et j'ai dit soudainement : "Alors laissez-moi m'enfuir d'Arunachala." Une étincelle de curiosité dans les yeux, Yogi m'a demandé : "Où irez-vous si vous quittez Arunachala?" J'ai dit spontanément : "Kashi, swami !" Voyant là une opportunité, il m'a demandé avec grand enthousiasme : "Promettrez-vous d'aller à Kashi si le problème est résolu ?" J'ai donné mon entier consentement. Il s'est alors tourné vers Anuradha et lui a demandé : "Pourrez-vous assurer le travail relatif à la revue en l'absence de Ganesha?" Elle y a consenti avec plaisir. Il s'est tourné vers moi et m'a demandé : "Dites-moi quel est le problème." Anuradha lui a expliqué le problème en détail.

Une des marques caractéristiques de Yogi Ramsuratkumar était son implication intense et complète dans tout problème qu'il relevait. Il est allé dans tous les détails et, après une compréhension complète du problème, il est resté un moment silencieux, puis il a sorti son paquet de cigarettes et a écrit "Om? et il me l'a donné. Puis il a dit : "Le nom de la personne qui vous aidera est un de mes dévots, S. P. Janarthanan, et voici son adresse." Il m'a demandé d'écrire l'adresse sur le côté clair de l'emballage des cigarettes. Quand je l'ai contacté, il est venu à Tiruvannamalai et sans trop regarder à la presse d'imprimerie il a dit : "Mon maître Yogi Ramsuratkumar m'a demandé de prendre cette presse d'entre vos mains et je paierai tout le montant de cette presse." Je me suis senti instantanément soulagé. Mais mon soulagement a été de courte durée car ses partenaires ont refusé d'approuver cette idée. Il lui a fallu sept autres mois pour finalement prendre la presse et rembourser le prêt. Pendant ce temps je me suis senti complètement tourmenté. Yogi continuait d'être mon seul support et ma seule consolation. Finalement, le "problème de presse? a été résolu. J'étais prêt à remplir ma part du "contrat? ! Avec les bénédictions de Yogi Ramsuratkumar et l'aide du neveu de J. Krishnamurti, G. Narayan, je me suis retiré à Varanasi pour une année entière. Même là j'ai pu sentir la main mystique de Yogi m'aider à l'organisation de mon séjour. J'avais un cottage tout près des rives du Gange et j'y ai passé une année avec un sentiment de quiétude et de calme. Je sentais qu'il me guidait en me libérant de l'implication constante dans l'ashram. Ca a été la première fois après trente ans que j'ai ressenti un nouveau sentiment d'indépendance spirituelle. J'ai vraiment senti que j'étais sevré du karma du service à l'ashram.

Quand je suis retourné à Tiruvannamalai, iI a dit : "Mère Krishnabaï est sur son lit de mort. Allez la voir." En 1960, c'est Mère Krishnabai qui m'avait initialement guidé pour ramener tous les vieux dévots de Bhagavan à l'ashram et pour m'occuper d'eux. Après 27 ans à faire ce "travail", je suis retourné la voir pour lui rapporter le progrès que j'avais fait. Je suis resté deux mois avec elle. Pendant ce temps, me fondant sur mes expériences de Varanasi, je lui ai demandé d'être libéré d'autres devoirs de la vie. Mère m'a demandé combien d'anciens dévots restaient encore à l'ashram. J'ai dit que j'avais ramené cinquante dévots ou plus, que je m'étais occupé d'eux, que j'avais terminé leurs services funèbres et que seulement deux de plus, Kunju Swami et Ramaswami Pillai, étaient encore là. En entendant cela, elle a dit : "Ganesha, vous avez encore du travail à terminer. Mais je vous assure que je comblerai votre prière d'être "personne' et de vous établir dans cet état de quiétude."

Je suis retourné au Ramanashramam en 1989. Trois ans plus tard Kunju Swami est décédé. Vers la fin de 1994, Ramaswami Pillai est décédé lui aussi. Le lendemain j'étais libéré de tous les devoirs de l'ashram. J'avais déjà écrit dans The Mountain Path sur l'abandon de toutes les responsabilités relatives à l'ashram. J'ai emmené ce numéro à Yogi Ramsuratkumar. Il l'a lu et puis il a dit : "Ganesha, accordez-moi une faveur." Il m'a pris la main et il m'a emmené au Ramanashramam rencontrer mon frère aîné Sundaram qui était déjà devenu le Président de l'ashram. Il a dit à Sundaram : "Ne vous faites pas de souci. Bhagavan dirige cet ashram. Tout le monde vous aidera. Soyez courageux, parce que les activités de l'ashram vont continuer de manière ininterrompue." Il a encouragé Sundaram et il m'a permis de partir.

Peu après Yogi a commencé à bâtir son propre ashram. Comme il en avait l'habitude, il s'est impliqué intensément. A chaque fois que j'y suis allé et que je me suis tenu en face de lui après cela, il disait : "Ganesha, nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Retournez chez vous à Ananda Ramana et mettez tout le temps en pratique l'enseignement de Bhagavan." Il me servait de rappel constant du but ultime de la quête spirituelle. Ca a été sa stimulation constante à partager l'enseignement et à le mettre en pratique continuelle qui a remodelé ma vie spirituelle. Il y avait toujours la grâce de Sri Bhagavan et les bénédictions de ses anciens dévots, mais c'est Yogi Ramsuratkumar qui a modelé ma vie de multiples façons. Tous les voyages et le partage que j'ai faits des enseignements de Sri Bhagavan aux U.S et ailleurs ont été faits selon ses instructions.

J'étais avec lui lors de ses derniers jours en 2001 avant qu'il abandonne le corps. Je l'ai prié mentalement à distance et il a immédiatement levé les mains et m'a béni. Après avoir abandonné le corps, j'ai porté son corps avec les autres. Quand son corps allait être enterré, j'ai prié pour avoir l'opportunité de lui faire une dernière offrande. Presque immédiatement, sa proche dévote, Ma Devaki, m'a demandé d'enterrer son bol en coque de noix de coco, son éventail et ses bâtons. Yogi Ramsuratkumar continuait de combler mes désirs après même qu'il ait abandonné le corps !

Je veux terminer ce chapitre avec un souvenir qui me fait encore venir les larmes aux yeux. C'était un jeudi, qui, en Hindi est appelé Guruvar. Je suis allé me prosterner devant lui et j'ai dit : "C'est Guruvar aujourd'hui." Il m'a relevé et alors il a dit : "Ganesha, ton guru est Bhagavan Sri Ramana Maharshi." Puis, avec des larmes d'extase qui lui coulaient des yeux, il a dit : "Le guru de ce mendiant est aussi Bhagavan Sri Ramana Maharshi, Ganesha !" Yogi Ramsuratkumar, toujours établi dans le "JE SUIS", est l'un des plus grands dévots de Sri Bhagavan et donc l'un des plus grands rochers d'Arunachala. Obéissance à Yogi Ramsuratkumar !

by V. Ganesan, grand-nephew of Ramana Maharshi and ex-manager of Ramana Ashram. From his book.

 

...he returned to Ramanasramam in 1959, and this was when I first met him. I was spending time with my teacher, T. K. Sundaresa Iyer, when I noticed this dishevelled, unkempt "madman? in front of me. As the thought flashed across my mind, T. K. Sunderesa Iyer turned to me and said "He is not a madman, he is a yogi. Ganesa, he is a Siddha Purusha. He is hungry, so go inside, get some food and give it to him." Food was scarce in the ashram during those days. Despite this, I made it a point to try and feed Ramsuratkumar whenever possible. Later, he told me that it was T. K. Sundaresa Iyer who named him "Yogi Ramsuratkumar? and that from that point on, the name stuck. He lived in a small hut in a neighborhood of the ashram called Ramana Nagar and went walking all over the hill, much like his master Ramana Maharshi. While walking around the hill, I would often chance to see him in the burial grounds, jumping from one tomb to another, chanting, "Om Sri Ram Jai Ram Jai Jai Ram." During those years, I had many an occasion to have contact with Yogi Ramsuratkumar. I did not know that there was a spiritual cord that was binding Yogi Ramsuratkumar and me. Later in 1962, he started living in the temple, and also under a punnai tree near the railway station.
I lost contact with him after that point as I was immersed in ashram work - being actively involved with The Mountain Path. Still, I sometimes caught sight of him near the bus terminus during my trips to Chennai. He would suddenly appear, hand me a flower and then demand, "Ganesa, please give me a rupee." It was only in 1980, after a gap of several years, that I came into contact with him again. The centenary of Bhagavan?s jayanthi was being organized at the ashram on a grand scale with lots of celebrations and poojas. A group even toured all over the world singing Bhagavan?s songs. One day, Yogi Ramsuratkumar met me and said, "Ganesa, the local people of Tiruvannamalai are not in favour of what is happening at Ramanasramam. They are saying that it is a Brahmin institution and only Sanskrit is chanted there. During Bhagavan?s lifetime, Tamil parayanam from the Collected Works of Bhagavan was being sung. Start that again." I tried, but except for two or three old devotees there was nobody who knew the entire Collected Works. I avoided meeting him again as he was very persistent with this demand.

He solved this dilemma of starting the Tamil parayanam in his own inimitable style. My friend Anuradha had settled in Arunachala in 1983. My brother Mani had also resigned his job and moved permanently to Tiruvannamalai to help with ashram work. Together, they were helping me manage the ashram as its activities had grown significantly. During the Karthikai festival in 1983, Anuradha, Kanakammal (an old devotee of Bhagavan) and I were near the temple witnessing the procession of the huge wooden car. Suddenly, out of nowhere, Yogi Ramsuratkumar came and caught my hand and said, "Ganesa, this beggar has been sending word to you to meet you and ask you to start the Tamil parayanam. But you have been avoiding me." He was in his garb of several shawls, carrying a coconut shell bowl, sticks and a large fan. Anuradha was quite frightened with this vision of a "madman? suddenly accosting me - this was her first darshan of Yogi Ramsuratkumar! I admitted that I was avoiding him as I was unable to find someone to take on the colossal task of learning all the Collected Works of Bhagavan in Tamil and teaching these to others to do parayanam. He instantaneously turned towards Anuradha and said, "She will take up this task!" He then disappeared into the crowd as abruptly as he had appeared. Anuradha, still quite stunned by his dishevelled appearance and the familiarity with which he addressed me, asked, "Who is this madman who accosts you and gives orders to you? What is this Tamil parayanam he is referring to?"

Some power must have been transferred from Yogi to Anuradha because she started learning the Collected Works of Bhagavan from Kanakammal and Kunju Swami and started singing whatever she had learnt, in Bhagavan?s shrine. Many ladies were attracted to her singing because they had never heard Bhagavan?s Collected Works being sung in the recent past. Whenever Kunju Swami taught Anuradha, he used to say, "You have to learn it by heart otherwise I will not teach you." She soon learned every poem in the Collected Works by heart and taught all the ladies who were interested. Ramani, my brother?s wife, was especially keen on learning them. Yogi Ramsuratkumar took a close interest in the progress of the parayanam. A few years later, when Anuradha had completed and prepared six days of parayanam, Yogi asked her, "How many days of parayanam are ready?" When she replied that six days of it were ready, Yogi asked her, "What about Sunday?" Anuradha, who is very bold and quick witted, retorted, "Sunday is Sabbath!" Yogi Ramsuratkumar burst into peals of laughter and said, "Oh, then Sunday will be a rest day." Even to this day, there is no Tamil parayanam in Ramanasramam on Sundays!

After that meeting, our next interaction was in 1986. I was collecting articles of the reminiscences of devotees of Ramana Maharshi for publication in The Mountain Path. Anuradha, J. Jayaraman (the ashram librarian) and I set out to meet Yogi in this regard. Since we were not planning on taking notes, we had decided on recording the meeting surreptitiously. Jayaraman tested the recorder outside Yogi Ramsuratkumar?s residence and made sure it was working properly. However, when he tried to operate the recorder in the room it wouldn?t work! Yogi Ramsuratkumar started angrily narrating an earlier incident in the day where he was photographed without permission and said, "Ganesa, people have no courtesy these days. They try to photograph or record this beggar without asking him." Jayaraman and I exchanged a look and I mentally apologized for this indiscretion. Immediately, his mood changed and he ecstatically started recounting his experiences with Bhagavan.

"Once, when I was seated in the presence of Sri Bhagavan, he vividly narrated a fascinating story which is also highly significant. There lived a pair of birds by the side of the ocean. Leaving their eggs in their nest, they would fly to far off places in search of food. One day, on their return, they were aghast to find that their nest along with the eggs had been devoured by the waves of the sea. They became very angry with the ocean and in all seriousness vowed that they would empty it, if necessary, in order to retrieve their eggs. They immediately started the operation of emptying the ocean by taking the sea water in their beaks, mouthful by mouthful, and dropping it at a far off place. They did this endlessly without rest and with all earnestness and alertness. Days passed and they were still one-pointedly dipping their beaks into the ocean and flying away to dispose off the water. One day, a great being happened to pass by. Observing the tireless efforts of the two birds, he asked them what they were up to. The birds explained that their eggs had been washed into the ocean and that they were determined to empty it in order to retrieve them. Surprised, the great being exclaimed, "What! This is impossible! Can you two tiny birds ever hope to empty the ocean, however relentless your efforts may be?? "What doubt can there be?? replied the birds. "We are absolutely certain that we shall eventually succeed and retrieve our precious eggs!? Moved by their tremendous faith and devotion, the great being compassionately put his hands into the ocean, found the eggs, and returned them to the overjoyed birds. Sri Bhagavan then said: "Emptying the ocean is analogous to knowing God. Alone, without grace, it is impossible. But if one has the unshakeable faith and earnestness of the two birds in the story, the guru will appear without fail and fulfill one?s spiritual aspirations.?"

"On another occasion, I was thrilled to witness the compassion of Sri Bhagavan. A devotee, Eknath Rao, brought into the hall a bowl filled with fruits cut into pieces and placed it before Sri Bhagavan. Within the large bowl was a smaller bowl with pieces cut specially for Sri Bhagavan. Bhagavan?s sense of equality was total and although his tolerance towards devotees was immense, he would never permit anything special for himself. When Bhagavan noticed a separate bowl for himself, he was annoyed and pushed the big bowl aside roughly. A few pieces of fruit spilled on to the floor and were left there. The devotee then began to distribute the pieces to all in the hall. Everyone sat with a few pieces in their hands, not wanting to eat since Bhagavan himself did not have any. Out of compassion for the devotees, Sri Ramana reached down, picked up the pieces that had fallen on the floor and began to eat. The rest of the devotees were then able to eat too."

Yogi Ramsuratkumar continued, with his narration: "Once, a devotee asked Bhagavan whether a disciple who has not realized can take to another guru after his guru drops the body. Bhagavan replied, "No, there is no need because the guru?s grace and blessings will continue even when the body is dropped.?" Anuradha promptly interrupted and asked Yogi Ramsuratkumar, "If that is the case, why did you go to Swami Ramdas after Bhagavan?s mahasamadhi?" Yogi Ramsuratkumar looked at her with a benign smile and explained, "The divine fervour that I experienced in Bhagavan?s presence began to wane when I left him and went to stay in the Himalayas. Nevertheless, I had begun to see that a higher power was expressing itself, using me as an instrument. Bhagavan Ramana was a principal influence in shaping this beggar to this state. After his passing away, this beggar needed a guru in the body. I did not see any conflict in going to Swami Ramdas. It was Swami Ramdas who initiated this beggar and gave him this madness. The inner life of saints like Ramakrishna Paramahamsa, Bhagavan Sri Ramana Maharshi, Sri Aurobindo, J. Krishnamurti and Swami Ramdas is far, far removed from what we can externally perceive of them. They operate rooted in the eternal infinite, which can never be known. There is no individual there to report differences!"

I had the good fortune of interacting with Yogi Ramsuratkumar on several occasions after this. It is no exaggeration to say that he played a pivotal role in my life. The following is an example where he specifically stepped in and resolved a crisis. In 1987, I was caught up in a problem involving a printing press. I was trying to print the ashram publications locally at a lower cost so that we could sell them in our bookstore at reduced prices. A local printer offered to take this responsibility of printing our books if I could help him purchase a printing press. The bank gave him a loan on the condition that I was the guarantor. I agreed without fully understanding the consequences of this. Unfortunately, he defaulted on the loan and the bank manager held me liable to repay the loan. I was bewildered about the situation. As the pressure mounted, I even contemplated suicide. Seeing my increasing desperation and depression, Anuradha suggested that we take this problem to Yogi Ramsuratkumar as many of his devotees were in the printing business.
We met him at his house and Anuradha told him about the problem, "Ganesan is going through a lot of stress with a printing press issue and he wants to commit suicide". Pat came the response: "Ganesa, what did our master Ramana Maharshi teach us? You have to enquire into the source of thoughts and kill the mind and not the body. The body has served you well all these years. Why take it out on the body?" I felt cornered and blurted out, "Let me then run away from Arunachala." With a spark of inquisitiveness in his eyes, Yogi asked me, "Where will you go if you leave Arunachala?" I spontaneously said, "Kashi, swami!" Seeing an opportunity, he asked me with intense enthusiasm, "Will you promise to go to Kashi if the problem is solved?" I expressed my full consent. He then turned to Anuradha and asked her, "Will you be able to do the magazine work in the absence of Ganesa?" She readily agreed. He turned to me and asked, "Tell me what the problem is." Anuradha explained the issue in detail.

One of the hallmarks of Yogi Ramsuratkumar was his intense and complete involvement in any problem that he took up. He went into all the details and after a thorough understanding of the issue, remained silent for a moment, then took out his cigarette packet and wrote "Om? and gave it to me. He then said, "The name of the person who will help you is one of my devotees, S. P. Janarthanan, and this is his address." He directed me to write down the address on the plain side of the cigarette wrapper. When I contacted him, he came to Tiruvannamalai and without so much as looking at the printing press said, "My master Yogi Ramsuratkumar has asked me to take this press off your hands and I will pay the entire amount of this press." I felt instantly relieved. But my relief was short lived as his partners refused to endorse this idea. It took another seven months for him to finally take the press and clear the loan. I felt completely harassed during this time. Yogi continued to be my only support and solace. Finally, the "press problem? was solved. I was ready to fulfil my part of the "deal?! With Yogi Ramsuratkumar?s blessings and the help of J. Krishnamurti?s nephew G. Narayan, I retreated to Varanasi for an entire year. Even there, I could feel Yogi?s mystic hand helping me with the staying arrangements. I had a cottage right on the banks of the Ganges and spent a year there with a sense of quietude and dispassion. I felt he was guiding me by freeing me from the continuous involvement in the ashram. It was for the first time after nearly thirty years that I felt a new sense of spiritual independence. I actually felt that I was being weaned away from the karma of service to the ashram.
When I came back to Tiruvannamalai, he said, "Mother Krishnabai is on her death bed. Go and see her." In 1960, it was Mother Krishnabai who had initially guided me to bring back all the old devotees of Bhagavan to the ashram and attend on them. After twenty seven years of doing this "work? I returned to her to report the progress that I had made. I stayed with her for two months. During this time, building on my experiences in Varanasi, I asked her that I be released from life?s further duties. Mother asked me how many old devotees were still remaining in the ashram. I said I had brought back almost fifty or more old devotees, attended on them, completed their funeral services and only two more, Kunju Swami and Ramaswami Pillai, were left. On hearing this, she said, "Ganesa, you have some more work to complete. But, I assure you that I will fulfill your prayer to be a "nobody? and establish you in that state of quietude."
In 1989, I returned to Ramanasramam. Three years later, Kunju Swami passed away. Towards the end of 1994, Ramaswami Pillai also passed away. The very next day I got released from ashram duties. I had already written in The Mountain Path about relinquishing all responsibilities in the ashram. I took that issue to Yogi Ramsuratkumar. He read it and then said, "Ganesa, do me a favour." He held my hand and took me to Ramanasramam to meet my elder brother Sundaram who had already become the president of the ashram. He told Sundaram, "Do not be worried. Bhagavan is managing this ashram. Everyone will help you. Be bold, because the ashram activities will go on uninterruptedly." He encouraged Sundaram and allowed me to leave.

Soon after, Yogi started building his own ashram. As was his wont, he was intensely involved. Whenever I went and stood in front of him after this, he would say, "Ganesa, we have spent a lot of time together. Go back to your home Ananda Ramana and put Bhagavan?s teaching into practice all the time." He served as a constant reminder to me of the ultimate goal of one?s spiritual quest. It was his constant prodding to share the teaching and put it into continuous practice that reshaped my spiritual life. There was always the grace of Sri Bhagavan and the blessings of his old devotees, but it was Yogi Ramsuratkumar who moulded my life in many ways. All the travelling and the sharing I have done of Sri Bhagavan?s teachings in the U.S. and elsewhere, was done on his instruction.

I was with him during his last days in 2001 before he dropped the body. I mentally prayed to him from a distance and he immediately raised his hands and blessed me. After he dropped the body, I carried his body along with the others. When his body was to be interred, I prayed that I get an opportunity to make a final offering to him. Almost immediately, his close devotee, Ma Devaki, requested me to inter his coconut shell bowl, fan and sticks. Yogi Ramsuratkumar continued to fulfill my desires even after he dropped the body!

I want to end this chapter with a recollection that still brings tears to my eyes. It was a Thursday, which in Hindi is called Guruvar. I went and prostrated to him and said, "Today is Guruvar." He lifted me up and then said, "Ganesa, your guru is Bhagavan Sri Ramana Maharshi." Then, with tears of ecstasy flowing from his eyes, he said, "This beggar?s guru is also Bhagavan Sri Ramana Maharshi, Ganesa!" Yogi Ramsuratkumar, ever established in the "I AM?, is one of the greatest devotees of Sri Bhagavan and therefore, one of the biggest boulders of Arunachala. Obeisance to Yogi Ramsuratkumar!

Saranagatam, December 2015