avril 1992

La Bhiksha du divin Bhikshu

Ma Devaki

 

L'ETRANGE VISITEUR

 

C'était au mois d'avril 1992. L'été avait été très chaud comme toujours à Tiruvannamalai. Même à 3 heures de l'après-midi, le soleil nous tapait impitoyablement dessus de tout son éclat accablant. Ma première intention de marcher jusqu'à la résidence de Sannidhi street de Bhagavan Sri Ramsuratkumar à partir de Ramana Nagar s'était évaporée intantanément dans la chaleur brûlante dès que j'étais sortie de la maison. Comme un signe d'approbation de Bhagavan, un autorickshaw fit sa soudaine apparition juster au coin comme une invitation irrésistible. Alors que je m'y ruais, je pris une jeune noix de coco en priant qu'elle ne soit pas pour Lui un fardeau. Il y avait eu des moments où il m'avait ordonné" tout de suite de verser le jus dans Sa coque de noix de coco et et de la boire. Mais avec Lui personne ne pouvait considérer quoi que ce soit comme sur.

Quand j'entrais, Il me fit signe de m'asseoir, après avoir indiqué un endroit près de Sa place pour la noix de coco. Avec quelques autres qui étaient déjà assis, nous commençâmes à chanter son Nom sur un signe de Sa tête. Pas même dix minutes s'étaient écoulées lors que, tout soudain, une étrange figure apparut dans l'encadrement de la porte avec des vêtements et un air un peu bizarres ! Tous nos yeux furent attirés sans que l'on s'en rende compte et cloués sur cette vision inattendue. Je pris bientpôt conscience que nous avions tous arrêté de chanter, emportés par cette entrée plutôt effrayante et soudaine dans ce petit espace. Je jetai un regard vers Bhagavan qui, lui aussi, observait le visiteur silencieusement. Le visiteur avait le visage d'un noir : cheveux crépus, nez plat, peau noir de jais et lèvres épaisses. Mais son épaisse lèvre inférieure pendait sous le poids d'un bijou pesant en son centre. Sa langue avait aussi été percée d'un petit bijou qui se tenait confortablement à l'extémité. Mon Dieu, je n'avais jamais vu de langue ornementée auparavant ! Sa peau noire, avec son reflet et ses gestes plutôt féminins me rappelèrent étrangement Ma Kali ! L'arête entre les deux narines de sonnez plutôt plat était aussi perforé avec une sorte de court et étroit baton de bois, probablement sensé être un ornement, qui bien entendu pouvait nous faire demander comment il pouvait respirer naturellement avec tout cela ! Ses oreilles avaient ces grand et lourds bijoux qui ballotaient comme ceux des villageoises indiennes. De nombreux bracelets épais et larges de couleurs rouge, blanc (couche) et noir ornait la moitié de la longueur de ses avant-bras à partir des poignets, sans parler de trois bagues brillantes d'argent à trois doigts de chaque main. Autour de son cou, il y avait un collier de grains ayant laz forme de crânes humains, quoique petits de taille, avec tant d'autres variétés de malas. Il portait un vêtement pour le haut de couleur noire soigneusement frapé autour de ses large épaules, fort à la manière du "Dhupatta" de selvat Kamiz. Sous sa taille était attaché un dhoti de couleur rouge, avec des plis comme un sari. De ses hanches pendait un bouquet touffu de queues de renard, outre deux petites clochettes de bronze ! Ses mains étaient gracieuses comme celles d'une femme, ses foigts étaient longs et effilés, avec des ongles bien coupés et peints ! A vrai dire, au milieu de tous ces ornements étrange, un peu primitifs et même repoussants, il y avait aussi une certaine beauté et une certaine grâce féminines voisines du Divin ! (ou c'est ce qu'il m'a semblé !). Vraiment très intéressant ! Il entra gracieusement et s'assit devant Bhagavan avec les mains jointes en Namaskar. Puis il sourit. Bhagavan le regardait aussi intensément avec un sérieux apparent bient que je pensais avoir détecté une légère courbe autour du coin de ses lèvres qui suggérait un sourire. Quand le noir sourit, Bhagavan sourit et dit au gardien de la grille de fermer la grille et ne n'admettre personne pendant quelque temps. Le sourire du noir s'élargit alors en un large sourire vélant, mon Dieu, une dent longue et faisant saillie de chaque côté de ses rangées de dents qui étaient sinon ordonnées, tout comme Ma Kali ! Comment quelqu'un pouvait-il être en même temps laid et beau ! Je le contemplais avec émerveillement et confusion. Je regardai autour pour voir comment les autres réagissaient. Il y avait un couple assis en face de moi qui avait soumis, plus tôt, une invitation de mariage avec une photo et le nom de Bhagavan dessus. La femme semblait un peu perturbée bien que l'homme regardait de temps en temps du coin de l'oeil mais la plupart du temps leur regard se portait sur Bhagavan. Autrement il y avait une curiosité générale mêlée d'une certaine peur dans l'expression de chacun. Bhagavan et l'étranger se souriaient maintenant l'un l'autre, l'homme toujours avec les mains jointes, Bhagavan étendant le bras pour Son cendrier mais le poussant immédiatement de côté.

- Bhagavan (souriant) : D'où êtes-vous ?

- L'homme : D'Afrique, d'Afrique de l'est, du Kenya, du Maaza. Mais, Babaji, je vis maintenant aux Etats-Unis d'Amérique.

- Bhagavan : Votre langue maternelle ?

- L'homme : Mes tribus vivent au Maaza, Kenya. Elles parlent Swahili, Bantu, Maaza. Mais, Babaji, je suis né aux USA. Je ne connais pas la langue tribale, je parle anglais.

(En vérité, il parlait un anglais excellent, qui me faisait me demander comment on pouvait simplement parler sans l'aide de la lèvre inférieur et prononcer si bien !)

- Bhagavan : Coment vous appelez-vous ?

(Il donna un nom indien).

- Bhagavan (souriant encore) : Êtes-vous hindou ?

- L'homme : Hindou, oui ... avant tout hindou. Pour un musulman, je suis musulman. Pour un chrétien, je suis chrétien (il rit).

- Bhagavan : Que faites-vous aux USA ?

- L'homme : J'enseigne. Vous voyez, notre culte tribal de la Mère Déesse et votre culte de Kali sont pareils : Kali, Mariyamma, Shakta, Shakti. Tout est Ma Kali. Le soleil, la lune, les gens, ici, là, tout est Amma. Partout est Amma. Tout ce que m'enseigne Amma, je l'enseigne aux gens.

- Bhagavan : Oho! Comment en êtes-vous venu à connaître ce mendiant ?

- L'homme (riant) : J'ai rencontré l'un de vos étudiants cet après-midi. Il m'a montré une photo de vous, Babaji. En vous j'ai vu Mère. (Montrant Bhagavan). C'est Mère Kali qui est assise là. Les bénédictions de Babaji sont les bénédictions de Mère Kali. Je les veux. Alors je suis venu.

- Bhagavan (se penchant en avant) : Oho, quand êtes-vous venu en Inde ?

- L'homme : Je viens en Inde tous les 5 ans. Je suis venu voir la Kumbhamela. Quand je suis descendu du train, Mère a dit : La Kumbhamela n'est pas pour toi. A la place, va dans l'Inde du sud."

(Il haussait les épaules à la manière américaine à tous moments et riait d'une manière particulière).

- L'homme : Babaji, tout ce que Mère dit, cet enfant obéit.

(Puis il montra ses malas en disant) : "Ce"ci est un os humain. C'est la terre, la Nature, Mère, Tout un. Tout est Mère. Notre tribu avait l'habitude de s'habiller de cette manière. (Montrant son vêtement noir du haut) : vous voyez, Mère est noire. Akash, de çà Réjas est venu. (Montrant son dhoti rouge) : c'est rajas. Babaji, j'ai rencontré Ma Amritananda Mayi aux U.S.A. Avant de venir à Tiruvannamalai, j'étais avec Ma Amritanandamayi. Nous sommes très proches.

- Bhagavan : Oho... ho! Ainsi vous étiez avec Ma Amritanandamayi. Ce mendiant a eu son darshan à Tiruvannamalai quand elle est venue ici. Depuis quand ête-vous à Tiruvannamalai ?

(ndt : ici 'avoir son darshan' veut dire 'voir')

- L'homme : Deux jours maintenant. Mère Kali a dit : "Pas de Khumbamela. Va à Tiruvannamalai. Va voir Babaji." Alors je suis ici devant vous. Je ne suis pas éduqué. Tout ce que Mère m'enseigne, je l'apprends.

(Alors que la conversation se poursuivait, le gardien annonça la venue d'une dévôte, avec sa petite fille qui était un visiteur qui venait souvent. J'eus peur, l'enfant pouvait être effrayée par l'apparence bizarre de cet étrange visiteur. Mais alors qu'elles entraient, l'enfant est venu et s'est assies sur mes genoux et a commencé à le regarder avec intérêt !!)

- L'homme : Voyez, Mère est Amour. Babaji est Amour. Je peux voir. Tous ces gens viennent à vous parce que vous êtes Amour. Leurs yeux brillent de Votre Amour. Vous êtes le Soleil. Ces gens sont comme des étoiles. Je veux être une lune qui rayonne votre lumière sur les gens ...

(Il joignit alors les mains en namaskar avec une grande vénération).

- Bhagavan (avec son regard perçant) : Pendant combien de temps avez-vous été en Amérique ?

- L'homme : J'y suis né, Babaji. Bien que je n'aime pas y vivre, Mère a dit : "Reste en Amérique. Enseigne-leur. Tu n'es pas grand, mais ils ont quelque chose à apprendre de toi." Babaji, j'aime l'Inde. (Mettant soudainement sa main sur la bouche avec un regret sicère) : Oh, je parle trop !

- Bhagavan : Tout va bien. Ce mendiant veut vous entendre parler. S'il vous plaît, continuez.

- L'homme (se relaxant visiblement) : Vous savez, en Amérique, il y a l'argent, le pouvoir. Les gens sont obsedés par eux. Mais l'Inde... L'Inde est l'Enseignant. Le monde a beaucoup à apprendre de l'Inde.

(Je remarquai combien ses gestes étaient gracieux, comme des Bharanatya mudras !)

- Bhagavan : Depuis combien de temps êtes-vous comme cela ?

- Man : Depuis que j'ai 14 ans. J'étais alors un jeune musulman. Mon maître m'a remarqué et m'a dit : "Cà n'est pas ton chemin de culte. Il y a d'autres voies. Il y a un seul Dieu, un seul livre : suis çà et sois un chrétien. Il y a la voie juive. Là tu suis un livre de règles, et du fait tout selon ces règles et deviens juif. Mais il y a une autre voie, où tu dois tout laisser derrière et aller au-delà des livres et de Dieu. Tu dois être hindou. Pense à çà et choisis." Alors j'y ai pensé pendant environ 2 ans, et Mère est venue. Depuis, tout est Mère, tout est paix et harmonie. Je sais quand Mère est contente de moi.

- Bhagavan (sérieusement) : Comment savez-vous que Mère est contente de vous ?

- L'homme (riant) : Bon. Quand Mère est contente de moi, je rest enbonne santé, pas de maladie et tout va bien. (Il inspire bruyamment). Tout est bien. Je suis ici. Je respire bien. Je peux voir et entendre Mère. Mais quand Mère n'est pas contente, même seulement en marchant je peux trébucher sur quelque chose, et développer une maladie. Une fois aux U.S.A. je suis tombé très malade et j'étais en train de mourir, devenant chaque jour de plus en plus malade. Le docteur abandonna. J'ai dit à Mère : "Bien, Mère, si tu veux de moi, laisse-moi vivre. Ceci est à toi. Mais si tu veux que je meurre, prends-moi. Tu es tout pour moi. Ceci est à toi." Le lendemain matin j'étais OK ! Je me suis levé et je sautillais ! Le docteur était abasourdi. Vous savez, si Mère le veut elle peut tout faire. (Prenant de nouveau conscience, avec regret :) Babaji, je parle trop. Vous êtes si calme.

- Bhagavan (rassurant avec un sourire) : Non, non. Tout va bien. Parlez s'il vous plaît.

- L'homme : Vous savez, je n'ai que deux paquets. Quand des gens veulent venir avec moi, j'insiste sur le fait que je voyage seul. Sur mon chemin que Mère me donne quelque chose de végatarien ou de non végétarien, je mange. Quand je vais dans un restaurant et que tout ce qu'ils ont est un morceau de viande, que peut dire l'enfant ! C'est ce que Mère donne. Alors je prends. Mais habituellement je conseille aux gens d'être végétariens.

(Etrangement, Bhagavan n'a jusqu'alors pas fumé une seule cigarette).

- L'homme : Mère est tout Amour (faisant le geste de Mère qui allaite un enfant) : Mère sait ce dont nous avons besoin, pas ce que nous voulons. Vous savez, il y a longtemps, il y a 10.000 ans, il y avait l'amour, la nature, l'harmonie, l'amour. Mais maintenant, le monde est différent. Avant, il y a 10.000 ans, l'Inde du Sud, l'Australie, l'Afrique étaient tous une seule terre, un seule continent, il n'y avait pas de différence entre les Tamils et les noirs. Elle s'appelait la Lémurie. Ainsi le culte de Mère est similaire entre l'Afrique et l'Inde du sud. Le culte tantrique est mal compris. Ils pensent tous que çà concerne l'union mâle-femelle. Cà n'est que 20 %. Le reste est harmonie, paix, équilibre. En Amérique, 45 % des femmes tuent leurs propres fils ! 78 % des femmes ne peuvent donner naissance que par césarienne - en coupant - pas d'accouchement normal ! Vous voyez, il y a quelque chose qui ne va pas du tout. Les gens n'ont aucune paix mentale. Le Tantra, c'est 80 % harmonie, paix, équilibre. Tout est Mère. Shiva sans Mère est Shava (ndt : 'shava' veut dire 'cadavre' en sanskrit). Mère se tient sur Lui et danse. Mère est très puissante. Nous disons : "ego" ... ee ... go ... (ndt: cela pour une prononciation anglaise). Ce "ee" est une syllabe sanskrite (il la prononce comme 'A'). Ca veut dire "Ahamkar". Aussi A ... A ... go ... go.. go... (ndt : égoïsme, va-t'en, va-t'en, va-t'en) ! Nous devons le faire sortir comme çà. Il doit partir (rire). De la même manière, le mot "swami" est 'sva' ... 'mee' (ndt : 'me = 'je' en anglais). coupé comme cela, çà veut dire : "Je suis Cela". En Inde, c'est beau de voir chacun appeler l'autre "Swa ... mi" (rire). J'ai appris çà de Swami Satchidananda aux U.S.A. (rire). Babaji, ce culte tantrique de la Mère est incompris par les gens. Vous savez, comme je l'ai dit auparavant, pour 80 % c'est de l'équilibre, de la paix et de l'harmnie. Ce dont nous avons tant besoin aujourd'hui !"

(Etrangement, pendant toute cette session Bhagavan n'a ni fumé ni parlé. Alors que j'écoutais le discours non-stop du visiteur et que je notais tout mentalement, une chose qu'il avait dite sur Shiva qui était Shava sans la Mère m'agaçait au fond de mon mental. "Ne sait-il pas que Shiva est le substratum statique de tout ce qui se meut ? Mais pour Shiva, il n'y aurait aucune danse cosmique ni de Kali Ma?" pensais-je. Comme pour réaffirmer ma pensée, je vis les mains de Bhagavan se lever en bénédiction et, avec un perçant regard divin, Il continua de bénir le visiteur pendant un temps qui semblaz long. De son côté, les yeux du noir s'élargirent, impressionnés, comme s'il voyait, assis devant lui, sojn propre Ishta Devata. Puis sa tête se courba en extrême humilité, les yeux mi-clos et ses mains tombèrent dans un feste spontané de Namaskar.

La scène qui se déroulait devant moi resta gravée en ma mémoire de manière indélébile. Bhagavan avec sa brillante couleur bleue dorée et les cheveux tressés ressemblait en tout au Seigneur Shiva tandit que l'adorateur noir de la Mère, la bouche maintenant fermement fermée, la tête courbée, le corps orné de tous ces ornemejnts fantastiques assis gracieusement de manière méditative me rappelèrent un des aspects féminins de la Divinité. Quand, par un geste soudain, la main de Bhagavan s'allongea vers la main noire de jais du visiteur, cela me sembla comme le Purusha soutenant Prakriti et sa danse consmique et cela créa en moi une sorte de "bhava". J'avais les yeux fixés sur Yogi Ramsuratkumar avec une vénération et un émerveillement sans pensée. Lorsque l'étrange visiteur partit, il y avait sur son visage un air de paix profonde et de contentement profond tandis qu'un magnifique sourire ornait les lèvres de Bhagavan.

Pourtant, imprévisible comme toujours, tout ce que notre Bhagavan dit à la fin, et cela d'une voix d'émerveillement innocent, fut :

- Bhagavan : "Ainsi, aujourd'hui nous avons rencontré un noir ! Il y a quelques années j'en ai rencontré un. C'est la deuxième fois. D. as-tu vu ... il avait quelque chose au nez! ... Il a dit qu'il était hindou!".

*

(note du trad. : la première fois que Yogiji rencontra un noir, çà n'était pas du tout le même genre de personne, mais tout à l'opposé. Ce noir était du Gabon. Il faisait partie de l'Association Yogi Ramsuratkumar que Krishna avait créée en France. Il vint un jour voir Krishna en France et voulait que Krishna lui accorde tout ce qu'il voulait pour sa vie. Il était venu dans l'Association pour des intérêts personnels. Krishna lui dit qu'il ne pouvait pas. Il dit à Krishna : "Si tu ne veux pas m'accorder cela, alors je vais aller voir ton Maître." Alors, cette personne prit un avion pour Chennai et alla vite à Tiruvannamalai. Entretemps,Krishna avait envoyé une lettre à Yogiji pour lui dire qu'il n'avait pas envoyé cette personne, mais sa lettre arriva trop tard ...)

 

10th June, 1992

Bhiksha from the Divine Bhikshu

Ma Devaki

 

THE STRANGE VISITOR

 

It was the month of April in 1992. The summer had been fiercely hot as always, in Tiruvannamalai. Even at 3:30 PM three and half hours after the noon, the sun was blazing down on us ruthlessly with all its oppressive brilliance. My original intention of walking upto Sannidhi street residence of Bhagavan Sri Yogi Ramsuratkumar from Ramana Nagar, evaporated instantly in the burning heat as soon as i set out from the house. As though in approval from Bhagavan, an autorickshaw made its sudden appearance around the corner in an irresistible invitation. As i rushed along, i picked up a tender coconut with a prayer, that it should not be a burden to Him. There were times when He would straightaway command me to pour the water into His coconut shell and drink it. But one could never take anything for granted with Him.

When i entered, He gestured to me to be seated, after pointing out a place near His seat for the coconut. With a few others already seated, we began singing His name at His nod. Hardly ten minutes passed, when all of a sudden, a strange figure appeared at the doorway with somewhat bizarre attire and appearance! All our eyes were caught unawares and transfixed on this unexpected sight. i realised soon, we had all stopped singing, carried away by this rather startling and sudden entry into that space. i stole a glance at Bhagavan who too was observing the visitor silently. The visitor had the face of a negro - curly hair, flat nose, jet-black skin and thick lips. But his thick lower lip was hanging down with the weight of a heavy jewel at its centre. His tongue had been pierced too with a small jewel sitting snugly at the tip. My God, i had never seen an ornamented tongue ever before! His black skin with its sheen and his rather feminine gestures, strangely remininded me of Mother Kali! The bridge between the two nostrils of his rather flat nose was punctured too with a short narrow wooden stick, probably meant to be an ornament, which of course made one wonder how he could breathe naturally with all that! His ears had those big weighty jewels dingle-dangling like those of Indian village women. Many thick and large sized bangles of red, white (Conch) and black colours were adorning half the length of his forearms from the wrists upwards, not to mention the three shining silver rings on three fingers of each hand. Around his neck, there was a necklace of human skull-shaped beads albeit small in size, made of human bones, along with so many other varieties of malas. He wore a black coloured upper cloth neatly draped around his broad shoulders much in the fashion of the "Dhuppatta" of selvar Kameez. Below his waist was tied a red coloured dhoti with pleats like a saree. From his hips, hung a bunch of bushy fox-tails apart from two small bronze bells! His hands were graceful like a woman's, his fingers long and tapering with well-cut and painted nails! Indeed amidst all those strange, somewhat primitive and even repelling adornments, there was also a certaine feminine beauty and grace bordering on the Divine! (or so it seemed to me!) Very interesting indeed! He walked in gracefully and sat before Bhagavan with his hands folded in Namaskar. And then he smiled. Bhagavan was also watching him intensely with an apparent seriousness though i thought i detected a slight curving around the corner of his lips in suggestion of a smile. When the negro smiled, Bhagavan grinned and told the gateboy to close the gate and not allow anyone for some time. Now, the negro's smile widened into a grin revealing my god, one tooth long and jutting out on each side of his otherwise neat rows of teeth, just like Ma Kali! How could someone be at once ugly and beautiful! i found myself gaping at him in wonder and confusion. i looked around to see how others were reacting. There was a couple seated opposite to me who had earlier submitted a wedding invitation with Bhagavan's picture and name on it. The lady looked a little disturbed though the man was looking out of the corner of his eyes now and then but mostly their gaze was on Bhagavan. Otherwise, there was a general curiosity mixed with a certain fear in everyone's countenance. Now, both Bhagavan and the stranger were grinning at each other, the man still with folded hands, Bhagavan reaching out for His ash-tray, but pushing it aside immediately.

- Bhagavan (smiling) : Where are you from?

- Man : From Africa - East Africa - Kenya - Maaza. But, Babaji, now I live in United States of Ameridca.

- Bhagavan : Your mother tongue?

- Man : My tribes live in Maaza, Kenya. They speak Swahili, Bantu, Maaza. But Babaji, I was born in USA. I do not know the tribal language. I speak English.

(Indeed, he spoke excellent Engish making me wonder again how any one could talk at all without the help of the lower lip, and prononce so well at that !)

- Bhagavan : What is your name ?

(He gave an Indian name)

- Bhagavan (smiling again) : Are you a Hindu?

- Man : Hindu, yes ... before a Hindu. To a muslim, I am a Muslim. To a Christian I am a Christian (laughed).

- Bhagavan : What do you do in USA?

- Man : Teach - you see, our tribal worship of Mother Goddess and your Kali worship are the same - Kali - Mariyamma - Shakta - Shakti. Every thing is Mother Kali. The sun, moon, people, here, there - everything is Amma. Everywhere is Amma. Whatever Amma teaches me, I teach people.

- Bhagavan : Oho! How did you come to know this beggar?

- Man (laughing) : I met one of your students this afternoon. He showed me a picture of you, Babaji. In you I saw Mother. (Pointing to Bhagavan) It is Mother Kali seated there. Babaji's Blessings are Ma Kali's blessings. I want them. So I came.

- Bhagavan (leaning forward) : Oho, when did you come to India?

- Man : I come to India every 5 years. I came to witness Kumbhamela. When I got down from the train, Mother said, Kumbhamela is not for you. Instead, go around South India.

(He shrugged his shoulders in American fashion every now and then and laughed in a certain peculiar way).

- Man : Babaji, whatever Mother says, this child obeys.

(Then he showed his malas saying:) "This is human bone. This is earth - Nature - Mother - All one. Everything is Mother. Our tribe used to dress up this way. (Pointing his black upper cloth) you see Mother is black. - Akash - From this Rajas - red came. (Pointing to his red dhoti) This is rajas. Babaji, I met Amritanandamayi in U.S.A. So before I came here to Tiruvannamalai, I was with Mata Amritanandamayi - we are very close.

- Bhagavan : Oho... ho! So you were with Mata Amritanandamayi. This beggar had her darshan in Tiruvannamalai when she came here. How long have you been in Tiruvannamalai?

(n.o.t : here, 'to have her darshan' means 'to see her').

- Man : Two days now. You see, Mother Kali said, "No Kumbhamela. Go to Tiruvannamalai. Go and see Babaji." So I am here before you. I am uneducated. Whatever Mother teaches me, I learn.

(While the conversation was going on, the gate-boy announced the coming of a lady-devotee, with her girl child who was a frequent visitor. I was afraid, the child might get frightened by the odd appearance of that strange visitor. But as they came in, the child came and sat in my lap and began to watch him with interest!!)

- Man : See, Mother is Love. Babaji is Love. I can see. All these people come to you because you are Love. Their eyes are shining with Your Love. You are the Sun. These people are like stars. I want to be a moon shining your light on people...

(Now he folded his hands innamaskar with great reverence).

- Bhagavan (with His catchy penetrating look) : How long have you been in America?

- Man : I was born there, Babaji. Though I don't like living there, Mother said "Stay in America. Teach them. You are not great. But they have something to learn from you." Babji, I love India. (Suddenly putting his hand on his mouth with genuine regret) Oh! I talk too much.

- Bhagavan : It is alright. This beggar wants to hear you talk, please go on.

- Man (relaxing visibly) : You see, in America, there is money, power. People are obsessed with them. But India... India is the Teacher. The world has much to learn from India.

(i noticed how graceful his gestures were, like Bharatnatya mudras !)

- Bhagavan : How long you have been like this?

- Man : Since when I was 14. Then I was a muslim boy. My teacher noticed me and said "This is not your way of worship. There are other ways. There is one God, one book - follow that and be a Christian. There is the jewish way. There you follow one book of rules, and do everything by those rules and be a jew. But there is another way - where you must leave everything behind and go beyond books and God. You must be a Hindu. Think about it and choose." So, I thought about it for 2 years, and then Mother came. From then on everything is Mother - everything is peace and harmony. I know when Mother is happy with me.

- Bhagavan (seriously) : How do you know mother is happy with you?

- Man (laughing) : Well. When Mother is happy with me, I stay healthy, no disease and everything goes well. (He breathed in loudly). Everything is good. I am here. I breathe well. I am able to see and hear Mother. But when Mother is not happy, even while simply walking I would stumble upon something - develop disease. Once in U.S.A., I fell very sick and I was dying, getting more and more sick everyday. The doctor gave up. I told Mother, "Well, Mother, If you want me, let me live. This is yours. But if you want me to die, you take me. You are everything to me. This is yours." Next morning I was OK! I got up and was jumping about!! The doctor was stunned. You see, if Mother wants she can do anything. (Again realizing with regret) Babaji, I talk too much. You are so quiet.

- Bhagavan (reassuring with a smile) : No, no. It's alright, my friend. Please talk.

- Man : You see, I have only two small packs. When people want to come with me, I insist I travel alone. On my way, whatever Mother gives vegetarian or non-vegetarian, I eat. When I go to a house, all they have is only a piece of meat, what can the child say! This is what Mother gives. So I take. But I usually advise people to keep to vegetarian diet.

(Strangely, Bhagavan had not smoked even a single cigarette so far).

- Man : Mother is all Love (with the gesture of Mother breast-feeding a child). Mother knows what we need, not what we want. You see, once upon a time, 10,000 years ago, it was Love, it was nature, harmony, love. But now, the world is different. Before, 10,000 years back, South India, Australia, Africa were all one piece of land, one continent, no difference between Tamils and negros. It was called Lemuria. So Mother-worship is similar between Africa and South India. Tantric worship is misunderstood. They all think it is about male and female union. That is only 20%. The rest is harmony, peace, balance. In America, 45% women kill their own sons! 78% women can give birth only by caesarian - by cutting - no normal delivery! You see, something is very wrong. People have no peace of mind. Tantric is 80% harmony, peace, balance. Everything is Mother. Shiva is Shava without Mother. Mother stands on Him and dances. Mother is very powerful. We say "ego"... ee ... go ... This 'ee' is a sanskrit syllabe (He prononced it as 'A'). It means "Ahamkar". So A ... A ... go ... Go ... Go ...! We should drive it out like that. It should go (laughter). Likewise, the word 'Swami' is 'sva' ... 'mee'. Split like that, it means "I am That." In India, it is nice that everyone calls the other "Swa... mi" (laughter). I learnt this from Swami Satchidananda in U.S.A. (laughter). Babaji, this Tantric worship of Mother is misunderstood by people. You see, as I said before, 80% of it is bazlance, peace and harmony. What we nee badly today!"

(Strangely, throughout this session, Bhagavan had neither smoked not talked. While I listened to the non-stop talk of the visitor and made a mental note of it all, something that he said about Shiva being Shava without Mother kept nagging at me, at the back of my mind. "Doesn't he know Shiva is the static substratum of all that moves? But for Shiva, there would be no cosmic dance nor Ma Kali either?" i tought to myself. As though in reaffirmation of my thoughts, i found Bhagavan's hands rising up in benediction and with a sharp divine look, He kept blessing the visitor for what seemed like a long time. For his part, the negro's eyes widened awestruck, as if he was witnessing his own Ishta Devata seated before him. Then his head bent in utter humility, his eyes closed half-way and his hands fell into a spontaneous gesture of Namaskar.

The scene that stretched before me got indelibly etched in my memory. Bhagavan with His radiant golden hue and matted hair looked everybit the Lord Shiva while the black Mother-worshipper with his mouth now firmly shut, head bent, his body adorned with all those fantastic ornaments sitting gracefully in a meditative mood reminded one of the feminine aspects of the Divinity. When, in a sudden gesture, Bhagavan's hand reached out to the visitor's jet-black hand, it seemed to me like the Purusha sustaining Prakriti and her cosmic dance, creating a certain "bhava" in me. i found myself staring at Yogi Ramsuratkumar in a mindless awe and wonder. When the strange visitor left, there was a look of deep peace and contentment on his face while a beautiful smile adorned Bhagavan lips.

Yet, unpredictable as ever, all our Bhagavan said at last and that, in a voice of innocent wonder was,

- Bhagavan : "So, today we have met az negro! A few years back i met one. This is the second time. D. did you see... he had something on his nose!... He said he is a Hindu!"

*

(note from G.K. : the first time Yogiji met a negro, it was not at all the same kind of person, but the complete opposite. This negro was from Gabon. He was part of the Yogi Ramsuratkumar Association Krishna had created in France. Once he came to visit Krishna in France and wanted Krishna to grant him what he wanted in his life. He had come in the Association for selfish interests. Krishna said he could not. He told Krishna : If you don't want to give me that, I will go and see your Master." So, this people took a flight to Chennai and rushed to Tiruvannamalai. By the time, Krishna had sent a letter to Yogiji to tell him that he had not sent this man, but his letter arrived too late...)