Ravissante Divinité sous la forme de Mesdames et Messieurs,
On pose la question : "Quand commença le monde ?". En cherchant la définition de 'quand', nous trouvons que cela signifie 'quel temps, quel moment' ? La question est alors : "A quel moment le monde commença-t-il ?" Mais comme le temps est une part et une partie du monde, cela veut dire 'à quel temps le Temps commença-t-il ?' Posé de cette manière, c'est bien entendu ridicule. Où le monde commença-t-il ? Où l'espace commença-t-il ? Il y a aussi la question "Comment le monde commença-t-il ?". De brillants esprits peuvent tenter de répondre à ces questions. Mais Rama les laisse le faire; c'est plus que ce que Rama a soin d'entreprendre. Il y a ceux qui veulent passer leurs journées à essayer de trouver une solution à ces questions mais qu'est-ce que çà peut bien faire ? Ils continuent jusqu'au moment où ils s'arrêtent, confrontés à un mur de pierre complètement impénétrable.
Voici maintenant une paire de pincettes; les pincettes peuvent prendre ceci ou cela ou d'autres choses, mais elles ne peuvent se tourner et prendre la main qui les tient et les guide. Ainsi le trio Temps, Espace, Causation, peut avoir prise sur le phénomène du monde, mais il ne peut prendre ce qui est derrière lui, le Soi.
Quatre hommes furent un jour emmenés à l'hôpital à cause d'une cataracte de l'oeil qu'ils espéraient qu'on opérerait. Naturellement tous ces hommes souffrant de cataracte étaient complètement aveugles et seuls quatre sens leur restaient. Il commencèrent un jour à se disputer sur la couleur de la vitre. L'un dit : "Mon fils qui est étudiant à l'université était ici il m'a dit : 'la vitre est jaune'. Elle doit être jaune." L'autre dit : "Mon oncle qui est commissaire principal était ici l'autre jour et il m'a dit : 'la vitre est rouge'. Il est très intelligent et il sait." Puis le troisième dit qu'un cousin à lui qui était professeur à l'université l'avait appelé, et alors qu'il lui rendait visite il lui avait dit que la vitre était verte. Bien entendu il devait savoir. Ils se querellèrent ainsi sur la couleur de la vitre. Puis ils commencèrent à essayer de trouver par eux-mêmes de quelle couleur était la vitre. Ils mirent d'abord leur langue dessus et essayèrent de la goûter, mais la couleur ne pouvait pas être connue de cette manière. Puis ils frappèrent dessus et écoutèrent le bruit, mais la couleur ne pouvait être distinguée même de cette manière. Ils essayèrent de la sentir et ils la touchèrent. Mais hélas, leurs sens du toucher, de l'odeur, du goût et de l'ouïe ne purent pas leur dire de quelle couleur était la vitre. De la même manière nous ne pouvons connaître par nos sens comment est l'Infini. Alors voyez comme il est impossible de pouvoir connaître l'Infini par les sens; l'Infini devrait nécessairement être plus petit que le fini. Absurde. Ce n'est que par la conscience Cosmique, la conscience Divine, que nous pouvons connaître l'Infini. Rama prend ici une allumette. L'allumette est plus petite que la main qui la tient. Voyez-vous comme il n'est pas possible pour le fini de percevoir l'Infini ? Les sens ne peuvent percevoir ce qui est au-delà d'eux. Ne dépendez de rien d'extérieur à vous pour vous révéler le Soi comme les hommes aveugles auxquels on avait dit la couleur de la vitre et qui prenaient cela pour argent comptant, qu'elle était rouge parce que son cousin l'avait dit, qu'elle était jaune parce que son fils l'avait dit, etc. On me dit qu'H2O produit de l'eau. Est-ce que je le sais ? Non, en dépit du fait que tous les chimistes me disent que c'est vrai. Je ne le sais que lorsque je vais dans un laboratoire et essaie par moi-même, alors seulement cela devient un fait réel pour moi. Vous ne pouvez dépendre de quelque autorité que ce soit qui est extérieure à vous, que ce soit Krishna, Christ ou Buddha. Pour le savoir, vous devez le savoir vous-mêmes. Il peut vous avoir été dit par une autorité réelle, par le professeur par exemple, que la vitre était rouge, mais vous devrez la voir vous même pour le savoir. Un jeune homme dit : "Mon père a un bon estomac, il peut digérer mon dîner à ma place." Le peut-il ? Non, le fils doit digérer son propre dîner. 'Je m'incline devant ces grandes âmes que le monde a connues, mais elles ne peuvent digérer la nourriture à ma place, ce que je dois faire moi-même. Elles ne peuvent me convaincre de mon UNITE AVEC DIEU, je dois le faire moi-même. Ce n'est que par la conscience Cosmique seule que nous connaissons la Vérité. Rama vous parlera de cela plus tard.
L'agnostique et le libre-penseur, chacun d'eux dit : 'Je vais enquêter moi-même.', et nous voyons comme il va loin. Il dit que la lumière est dans cette allumette. Comment allons-nous le découvrir ? Alors il coupe l'allumette en petits morceaux, mais il ne peut trouver la lumière. Alors il la pulvérise, mais il ne peut toujours pas trouver la lumière. Il dit ainsi que la vie est dans ce corps. Il prend le corps et le coupe en morceaux, la vie ne peut être trouvée, il écrase les os, mais la vie n'est pas là. Il dit que s'il y a une REALITE, Je dois être Cela, mais elle est inconnaissable. C'est vrai pour aussi loin qu'il est allé, mais il n'a pas encore développé la conscience Cosmique; il a entièrement utilisé la conscience locale pour connaître l'Infini, mais il est évident qu'il ne pourra jamais le connaître de cette manière. Voyons maintenant si nous pouvons atteindre l'Infini par la raison. Au plus nous pouvons savoir qu'il y a l'Infini, mais nous ne pouvons dire ce qu'il est. Tout comme lorsqu'une personne vient par derrière et vous bande les yeux, vous savez qu'il y a quelqu'un et que ce doit être un ami, car aucun étranger n'oserait prendre la liberté de faire cela, mais vous ne pouvez pas dire qui c'est. C'est comme une balle lancée contre un mur, la balle atteindra le mur, mais elle rebondira. La raison ne peut pénétrer l'Infini. Si l'Infini pouvait être connu, nous aurions immédiatement une dualité établie au lieu d'une unité, et ni le connaisseur ni le connu ne serait l'Infini. Mais par la conscience Cosmique, nous voyons que l'universalité est établie.
Pour ce qui est maintenant du développement de cette conscience de Dieu, Rama va d'abord vous parler un peu sur l'enfant. L'enfant n'a pas la conscience Cosmique, ni de conscience locale. Voici que nous avons un minuscule bébé. Que sait-il ? Attendons-nous qu'il en connaisse un peu sur lui avant de lui parler ? Non. Attendons-nous qu'il sache à propos des objets qui l'entourent avant que nous parlions à l'enfant ? Non. Quand le bébé est très petit, on lui donne un nom, disons Johnie. Les parents appellent alors le bébé par son nom, ils lui parlent et lui parlent de différentes choses; lui disent comme il est doux, comme il est beau, comme il leur est cher. Ils lui parlent de maman et de papa. Comme le bébé devient un peu plus âgé et joue de lui-même, il va émettre des sons, inintelligibles pour la plupart; mais en entendant 'ma' et 'pa' si fréquemment, la petite chose imite aussi ces sons, et la mère dit alors au père : "Oh, le bébé t'appelle" quand il dit 'pa'. Le père dit au bébé "Viens ici". L'enfant connaît-il ce que çà signifie ? Non, c'est seulement par les bras tendus et cajoleurs du père que l'enfant reçoit l'impression du fait qui est d'aller vers lui. Nous voyons ainsi que cette conscience locale se développe en association avec ceux en qui elle vit. Ainsi la conscience Cosmique se développe en s'associant avec ceux qui l'ont, qui réalisent leur Divinité. Nous n'avons qu'à nous associer avec ceux chez qui le chagrin est grand pour nous sentir très chargés; nous n'avons qu'à nous associer avec ceux qui sont pleins de soleil et de vie pour nous sentir joyeux; et ainsi par l'association cette conscience est-elle enflammée. Que l'association soit avec la nature, avec les illuminés ou avec les écrits des illuminés, cela n'a pas d'importance, mais l'association allume cela à l'intérieur. Le parent appelle Johnie Johnie jusqu'à ce que l'enfant devienne Johnie, il aurait tout aussi bien pu être Willy. N'en est-il pas ainsi ? Trois ou quatre enfants peuvent dormir dans la même chambre. Johnie est appelé. Johnie est le seul qui répond à l'appel, pas Willy. Willy ne se réveille pas malgré l'appel bruyant; ce n'est pas lui qui a été appelé.
C'est du fait de l'ignorance qu'une personne peut demander à celui qui a réalisé son unité avec le Soi de créer un brin d'herbe. Le demandeur peut dire : "Maintenant regardez, vous vous appelez vous-même Dieu, que pouvez-vous faire ? Dieu a créé l'univers et vous ne pouvez même pas créer un brin d'herbe, et pourtant vous vous appelez Dieu. Montrez-moi ce que vous pouvez faire." Jésus ne fut-il pas tenté de la même manière ? Il ne fit pas attention aux tentations de Satan qui le poussaient à se jeter de la montagne, mais il lui dit : "Arrière de moi." Tout pouvoir était sien, mais pourquoi aurait-il du accomplir quelque chose pour un incroyant ? Des myriades de myriades de miracles ne pourraient faire croire celui qui doute. Il ne réaliserait pas le Soi, jusqu'à ce que lui aussi ait la Conscience Universelle née en lui. Maintenant lorsque Rama dit : "Je suis Dieu", que veut dire Rama ? Cette petite personnalité ? Non, pas cela. Ce mental ? Non, pas cela. C'est comme ceci : supposez qu'un homme soit Maître es Arts et reçoive le diplôme, supposez qu'il soit roi et ait le titre de roi, cela serait quelque chose d'extérieur à sa personnalité, quelque chose de rajouté, pour ainsi dire. De la même manière, vous pouvez dire que le serpent est noir, çà n'est pas le serpent mais quelque chose d'extérieur au serpent, un attribut du serpent. Mais lorsque vous dites que le serpent est une corde, cela est une proposition entièrement différente; je suis roi, roi est un titre, une position, mais lorsque vous dites je suis Dieu, cela veut dire le petit ego que vous ne voyez plus, vous voyez la corde et non le serpent. Ce serpent était une illusion. Dans votre ignorance vous preniez la corde pour un serpent, mais cela n'était pas la vérité, c'était réellement une corde. Ainsi cette personnalité est-elle une hallucination : Je suis Dieu et Dieu seul, L'UN ETERNEL, LE TOUT, il n'y a pas du tout de rival.
Pour expliquer cela un peu plus, voici deux vagues. Est-ce que l'eau est différente dans une forme de ce qu'elle est dans l'autre ? Non, l'eau est exactement la même. L'eau est exactement la même dans l'océan entier. Nous avons ici une forme et là une autre. Est-ce que le Soi est différent en cette forme de ce qu'il est dans celle-là ? Non, l'Un seulement est Tout, Cela est sans second. Ces corps sont tous des corps du Soi. Ils sont tous miens; il n'y a aucune différence. Dans différentes langues, nous appelons la lumière de manière différente. En anglais nous l'appelons 'light', en allemand 'Licht' etc. C'est la lumière dans chaque cas, n'est-ce pas ? La lumière est exactement la même, quand bien même nous la connaissons sous différents noms. Les noms ne font aucune différence pour le Soi; Il doit être Tout.
Ce corps est un corps continu. Comment serait-il si la main entreprenait de vivre par elle-même et disait : "Je suis celle qui gagne le pain, je veux tout posséder." Au lieu de mettre la nourriture dans la bouche, laissant l'estomac la digérer et l'alimentation être distribuée, la nourriture serait injectée dans la main. Ridicule, n'est-ce pas ? Si les dollars étaient attachés à la main ou qu'une guêpe jaune la pique, il y aurait un enflement et une souffrance. Mais si la main était coupée, il y aurait une peine et une misère constantes; car elle appartient au tout. Ainsi si la nourriture est digérée par l'estomac, la main prend la part de nutrition qui lui est due. Le tout travaille ensemble. Ainsi lorsque nous nous coupons du tout, nous souffrons et souffrons jusqu'à ce que nous réalisions notre universalité. Il ne peut y avoir de repos dans cet accomplissement. Lorsque la conscience Universelle est développée, nous voyons que tous les corps sont interdépendants; ils sont tous miens, il n'y a aucune séparation (1)
Un jour un Swami se rendit chez un bijoutier et lui dit : "Apportez votre plus bel anneau et mettez-le au doigt de Dieu." Puis il alla chez le cordonnier et lui dit : "Apportez vos plus belles chaussures et mettez les aux pieds de Dieu." Puis il se rendit chez le tailleur et lui dit : "Mettez votre plus beau costume sur le corps de Dieu.", voulant dire par là son corps. Lorsque les gens entendirent cela ils l'appelèrent blasphémateur et dirent : "Emmenez-le, il doit être mis en prison." Avant qu'ils l'emmènent le Swami demanda à être entendu, disant qu'ils voulait leur dire quelque chose avant d'être jeté en prison. Il leur dit : "A qui est ce monde ?" Ils répondirent : "A Dieu." "A qui sont les étoiles et le soleil ?" - "A Dieu." "A qui sont les champs et tout ce qu'ils contiennent ?" - "A Dieu." "Le croyez-vous ?" Ils répondirent : "Très certainement, c'est la vérité." Il dit alors : "A qui est ce corps ?" et ils dirent A Dieu .. ces pieds ? A Dieu... Ce doigt ?.. A Dieu. C'était à Dieu en vérité. Comme par leur propre raisonnement ils les amena à voir que ce qu'il avait dit était juste, rien bien entendu ne put lui être fait. Ils étaient des ignorants et n'avaient pas regardé aussi profondément que l'avait fait le Swami.
En Inde, lorsqu'une personne meurt on dit qu'elle abandonne le corps; ici vous dites qu'elle abandonne (rend) l'esprit. L'expression utilisée là-bas est plus correcte que celle qui est employée ici, car elle indique que l'esprit était quelque chose d'autre que le corps. On dit aussi là-bas : "Le souffle sorti de lui." Il y avait une fois trois hommes assis ensemble et qui buvaient beaucoup; ils devinrent tous très ivres. L'un d'eux dit : "Ayons un petit pique-nique', et ils envoyèrent l'un d'entre eux chercher de la viande et d'autres choses pour qu'ils puissent passer un bon moment. Alors qu'il était parti, l'un des deux qui restaient commença à se sentir bizarre et dit à son partenaire : "Le souffle est en train de sortir de moi." L'autre dit : "Non, non, le souffle ne doit pas sortir de toi." Et il prit le nez du malade pour que le souffle ne puisse pas s'échapper; il lui boucha les oreilles et lui tint la bouche fermée, pensant ainsi garder le souffle dans le corps, mais nous savons fort bien ce qu'il pouvait faire ainsi. Mais il ne comprenait pas la vérité et l'inefficacité d'un tel acte.
Krishna allait donner une fête. Tous les ministres furent invités, mais il n'avait pas invité sa bien-aimée, Radha. Le premier ministre le pressa de lui envoyer une invitation, mais il ne voulut pas l'entendre et dit : "Non." Cependant, le premier ministre ne tint pas compte de lui et alla voir Radha pour l'informer de la fête que Krishna allait donner. Elle lui dit : "Quand vous avez une fête, vous envoyez des invitations à vos amis, mais vous ne vous envoyez pas d'invitation à vous-mêmes, n'est-ce pas ? Je sais que Krishna va avoir une fête. Nous sommes un."
Un jour la bien-aimée de Majnun dit qu'elle ne se sentait pas bien et rien ne semblait lui faire du bien. On envoya alors chercher le médecin. Selon l'ancienne coutume, il alla immédiatement chez Laili pour tirer un peu de sang, c'est à dire qu'il fit une petite entaille dans le bras pensant par là faire sortir du sang, mais aucun sang ne sortit de Laili. De Majnun il coula cependant; telle était l'union de ces amants.
(1) V. Yogiji : "Nothing is separated, nothing isolated." "Rien n'est séparé, rien n'est isolé."
(2) Swami Rama Tirtha veut bien entendu dire par là que même la connaissance mentale et intellectuelle doit un jour être mise aux orties car nous devons aller au-delà d'elle pour percevoir la Vérité.