Mon propre Moi sous la forme de Mesdames et Messieurs,
Le Royaume des Cieux est en vous. Comment devez-vous réaliser cela ?
Il y a une très belle histoire qui montre comment réaliser le royaume des Cieux en nous. Il y est dit qu'un jour les Vedas furent pris par un démon et transportés jusqu'au fond de la mer.
Le mot 'Veda' a deux significations. La signification première est connaissance, le royaume des Cieux. La seconde signification est : l'Ecriture la plus sacrée des Hindus..
Le nom de ce démon qui est dit avoir porté les Vedas au fond de la mer, était Shankhasura, qui signifie étymologiquement 'le démon de la conque' ou 'l'insecte demeurant dans la conque."
Afin de dégager les Vedas, afin de rapporter les trésors de connaissance, Dieu s'incarna en poisson, combattit avec le démon, le détruisit et rapporta les Vedas au monde.
Les enfants lisent cette histoire et la prennent littéralement; les gens du commun la lisent et la prennent littéralement, mais il y a dans l'histoire une signification profonde et cachée. L'histoire était destinée à illustrer une vérité générale.
Dieu s'incarna en poisson pour rapporter les Vedas du ver (asticot) qui vivait dans la conque.. Dieu s'incarna en poisson et combattit le démon ou l'insecte au fond de la mer et le détruisit. Quelle est l'utilité de cela ? Le poisson est un animal marin et la conque est elle aussi habitée par une créature de la mer. Maintenant Dieu, le Tout, sous la forme d'un poisson, combattit l'insecte de la mer. L'insecte fut tiré hors de la conque et les vagues de la mer portèrent la conque sur le rivage. Les gens la ramassèrent. On souffla dans la conque et là en sortit le son réverbérant OM, OM, OM. C'est le Veda. Dans ce sens le Veda, la conque, fut apportée du fond de la mer.
Celui qui raconte l'histoire a l'intention de placer une tension particulière sur l'importance du mantra sacré OM. Le but est de montrer que cette syllabe sacrée OM est la fin de la connaissance dans le monde entier. Elle est l'entièreté des Vedas, tout le Royaume des Cieux mis dans une conque, condensé dans son plus petit espace. C'était l'objet de cette histoire.
Les Hindus soufflent dans des conques dans toutes les occasions sacrées et importantes, ils chantent par exemple OM au moment de la mort, de la naissance, de la guerre ou du culte. Heureux celui qui vit, se meut et a son être en OM.
Pour venir à ces Trésors à l'intérieur ou afin que le Royaume des Cieux puisse être découvert, OM est la clé que l'on doit utiliser.
Les gens d'Europe et d'Amérique ne souhaitent pas ramasser quoi que ce soit à moins que cela attire leur intellect. Même si nous ne pouvons pas prouver la vertu de ce mantra par la logique du monde, il n'y a pourtant aucune négation du puissant effet que produit ce mantra chanté de manière appropriée sur le caractère d'un homme, ou de la vertu qu'il a de révéler les secrets intérieurs et de mettre tous les trésors du monde à notre disposition. Un des buts de celui qui raconte l'histoire est de montrer que toute la connaissance des Ecritures sacrées des Hindus fut obtenue lorsque ceux qui écrivirent ces volumes se sont jetés dans des extases en murmurant cette syllabe. Ce mantra est la graine de toute connaissance. L'importance de ce mantra vous sera montrée de différents points de vue. Il est nécessaire de montrer l'importance de ce mantra afin que les gens puissent le prendre de tout leur coeur.
Tout d'abord, le mantra OM n'appartient à aucune langue spéciale. Vous pensez que c'est un mot sanskrit n'appartenant à aucun autre langage, mais ne le rejetez pas. C'est le nom de Dieu. Cette syllabe vous vient de l'intérieur, personne ne vous apprend cette syllabe. Elle vous vient à la naissance. Le cri de l'enfant ressemble remarquablement au son Om, Om, Aam, forme pervertie de OM. Le mot OM vient à tout enfant de l'intérieur.
La véritable manière d'écrire OM est A-U-M. Selon les règles de la grammaire sanskrite, A et U, lorsqu'ils sont joints l'un à l'autre, fusionnent en O. Même le muet peut produire les sons A, U et M. Ainsi OM dans son entièreté, dans ses parties, est apporté au monde par tout le monde, par lui-même. C'est le mot le plus naturel qui puisse arriver à qui que ce soit. Lorsque les enfants sont très heureux dans les rues, leur joie débordante trouve une expression naturelle dans le son bruyant du O prolongé, qui est simplement OM raccourci.
Le son apparaît dans toute langue : le Sanskrit, le persan, l'anglais, le japonais, tous l'ont dans une forme plus ou moins parfaite. Le son O est utilisé dans les occasions où les gens vont au-delà d'eux-mêmes, lorsqu'ils exultent, lorsqu'ils sont remplis de joie, ce son leur vient naturellement. Lorsque les gens tombent malades ou sont dans les ennuis, lorsqu'ils souffrent d'une peine atroce, quel est le son qui trouve émission par leurs lèvres ? C'est Oh, Uh ou UM qui est une simple corruption de OM. Les prières hébraïques, arabes, anglaises, se terminent avec Amen qui ressemble à OM de manière tout à fait remarquable. La dernière lettre de l'alphabet grec est Omega qui donne au son OM une place prépondérante.
Pourquoi ce son vient-il à tout le monde, pourquoi ce son vient-il des lèvres de quiconque est malade, qu'il soit européen, américain, hindou, persan, japonais ou de toute dénomination ? L'Hindu répond : Ce son est comme un arbre magnifique qui donne une ombre fraîche à l'homme malade rôti par le Soleil brûlant; aussi cette personne malade recherche-t-elle naturellement l'ombre fraîche de l'arbre déployé. C'est ainsi que chacun, lorsqu'il est malade ou qu'il souffre, a recours de manière naturelle à cette syllabe OM, ce son naturel. Elle lui donne un peu de soulagement. Nous voyons qu'elle apporte du soulagement de manière naturelle en toutes circonstances; les malades sont soulagés en chantant ce son. Si elle peut apporter soulagement même au malade et à celui qui souffre, ne peut-elle pas apporter paix et harmonie, si vous la chantez de manière juste ? Nous l'appelons pranava et voulons dire par là quelque chose qui pénètre la vie humaine ou court à travers le prana ou la respiration. Tou animal envoie ce son, il est associé à sa respiration. Si vous respirez vigoureusement de telle manière que vous rendiez votre respiration audible, vous verrez que le son, s'il est représenté par un mot articulé, est Soham, Soham (1) (en respirant par le nez). Ce son est dans la respiration de tous; nous y voyons maintenant S-O-H-A-M.
La grammaire sanskrite est plus développée que toute autre grammaire dans le monde. Elle a analysé de manière parfaite tous les sons et tous les mots. M est appelé une consonne, mais cette consonne est nasale et il est prouvé que M est une consonne qui touche à la 'voyellité'. O et A sont des voyelles selon toutes les grammaires. S et H sont des consonnes. Enlevez les consonnes et nous avons O, A, M, ou OM.
Vous voyez maintenant que les voyelles sont des sons indépendants et que les consonnes sont des sons dépendants, elles ne peuvent pas se tenir seules ou par elles-mêmes. Voici par exemple la consonne K, vous l'appelez Ka, en sanscrit elle est K (E); vous devez joindre une voyelle comme 'e' ou 'a' au son originel de la consonne et alors elle peut être prononcée.
Les consonnes représentent le nom et la forme dans ce monde (2). Tous les noms et toutes les formes dans ce monde sont, comme les consonnes, dépendants. L'un d'entre eux peut-il se tenir seul sans la suprême réalité qui se trouve derrière eux ? Tout phénomène consiste en noms et formes qui ne peuvent être prononcés sans un noumenon ou réalité sous-jacente, un Substratum, Dieu, l'Inconnaissable ou ce que vous pouvez choisir pour le nommer. La réalité sous-jacente est prouvée être l'Existence Absolue, la Connaissance Absolue et la Béatitude Absolue, notées respectivement A, U et M. Ainsi, en Soham les consonnes S et H représentent les noms, figures et formes phénoménaux, et l'OM inhérent représente la réalité sous-jacente.
Si nous avons des jouets faits de sucre mais de formes variées, quelques-uns ayant la forme d'un chien, d'autres d'un boeuf, d'autres d'un lion, d'autres d'un homme, ils diffèrent l'un de l'autre, mais toute la différence repose dans de simples formes, figures et noms. Etant faits d'une seule substance, ils sont tous le même sucre.
Allez à l'océan. Vous y trouverez une ondulation ici et une autre là, une vague déferlante ici et une autre là, différentes de taille et de mouvement mais regardez la Réalité derrière elles, c'est un océan unique, elles sont toutes la même chose, elles sont toutes de l'eau, la différence repose dans la figure et la forme.
Ramassez le diamant si brillant, si étincelant, si éclatant, si dur qu'il peut facilement couper du fer; puis prenez du charbon si doux qu'il peut facilement laisser une marque sur du papier, si sale, si laid, si sans valeur. Les chimistes nous disent qu'il n'y a en réalité aucune différence entre les deux. Les deux sont le même carbone, aucune différence que ce soit entre les deux. Alors ce qui fait la différence apparente, c'est la différence dans la figure et la forme. La condition et la différence des particules de carbone dans l'une sont différentes de celles qui se trouvent dans l'autre, la différence n'est que dans la forme.
De la même manière selon la Philosophie Hindoue, toutes les divisions particulières de ce monde sont dues au nom et à la forme. Si vous plongez profondément dans le fond, si vous analysez la Réalité sous-jacente dans tous les noms et toutes les formes, vous verrez qu'il y a Un principe inchangeable, éternel , immuable derrière tous. Cette Réalité existe par elle-même. Cette Réalité peut être comparée aux sons des voyelles, et le nom et la forme peuvent l'être au sons des consonnes. Ainsi, dans Soham, 's' et 'h' représentant le nom et la forme, quelque chose de dépendant étant omis, seule demeure la Réalité et nous arrivons à la syllabe AUM - OM. OM est ainsi la réalité qui court à travers votre respiration. Elle est présente en toute respiration dans le monde, elle est le nom le plus naturel de la Puissance qui est derrière toutes les différences, toutes les divisions, toutes les séparations, le nom le plus naturel pour la Réalité.
Le Professeur Max Muller et d'autres philosophes avec lui ont prouvé que toute pensée est reliée au langage comme les côtés pile et face d'une même pièce. L'un ne peut exister sans l'autre. Pouvez-vous voir cet objet, la table, sans penser à elle ? Pouvez-vous percevoir quelque chose d'autre sans y penser en conséquence ? Le mot même 'percevoir' signifie pensée mentale.
Pensée et langage sont identiques (3); vous ne pouvez penser sans langage. L'enfant ne connaît aucun langage et n'a aucune pensée. Laissez l'enfant commencer à penser, il ne le peut pas jusqu'à ce qu'il ait un langage. La mère souffle les noms dans l'oreille de l'enfant, la signification des noms sont soufflés dans le coeur de l'enfant. La signification est reliée au mot comme le cavalier au cheval. Sur le cheval des mots le cavalier de la signification se promène dans l'âme de l'enfant.
Nous ne pouvons penser sans langage. Pensée et langage sont un, et nous avons déjà vu que le monde et la pensée sont aussi un. Aussi, langage et pensée étant d'une certaine manière identiques, et la pensée et le monde étant aussi identiques, mot et monde sont parents l'un de l'autre, aucun objet dans ce monde n'est observé sans pensée. Essayez de voir un objet et ne laissez pas sa conception entrer dans votre esprit; ce sera impossible. En fait percevoir le tableau veut dire penser au tableau.
Tous les objets de ce monde sont la contrepartie des idées correspondantes. Rien dans ce monde n'est perçu sans pensée; et il ne peut y avoir aucune pensée sans langage. Le monde est relié au langage comme l'avers et le revers d'une même pièce. Ceci vous dit la vérité réelle ou la signification réelle de "Au commencement était le verbe, le verbe était avec Dieu et le verbe était Dieu." (4)
Nous voulons maintenant avoir un simple mot ou un simple son qui représentera le monde entier. Nous voulons un mot qui représentera le pouvoir, l'énergie, la force, la substance gouvernante, la chose-en-elle-même qui soutient l'univers.
Dans toutes les langues nous avons des sons qui viennent de la gorge, d'autres qui viennent des lèvres, d'autres de l'arrière de la bouche près du palais. Il n'y a pas un simple son dans quelque langage que ce soit qui sorte d'une région des organes vocaux au-dessous de la gorge. La gorge est la frontière, ou plutôt une frontière de l'étendue des organes vocaux et les lèvres en sont une autre. Rien ne vient de l'extérieur des lèvres. (5)
Nous avons ici A-U-M; le son A est guttural. Cela vient d'une frontière des organes vocaux.
U (ou) vient exactement du milieu de l'étendue des sons, du milieu des régions vocales près du palais.
M est un son labial et nasal à la fin ou à l'extrémité des organes vocaux ou régions vocales. A représente ainsi le début de l'étendue des sons; U représente le milieu et M représente la fin. Il couvre le champ entier. OM, OM est le nom le plus naturel. Ici apparaît une question. Il y a beaucoup d'autres sons qui sont situés dans la gorge, comme A. De la même manière U et M ont beaucoup de sons parents. Pourquoi une autre gutturale ne pourrait-elle pas être choisie arbitrairement et jointe avec un quelconque autre son apparenté à U et aussi à n'importe quel son labial du même genre pour former un mot qui représente toutes les langues ?
De la même manière, de tous les sons qui viennent de la même région, U est le seul d'entre eux qui puisse être appelé le seigneur, le chef, le monarque. C'est une voyelle, un son apporté par tout enfant. Un muet l'a avec lui, il n'est pas enseigné par les autres, il vient de lui-même et est en conséquence le meilleur représentant de son espèce. M est la meilleure représentation de toutes les labiales. Il y a à son sujet une autre particularité. Il est nasal et couvre toute l'étendue du nez qui est le siège de la respiration. Nous voyons ainsi que s'il peut y avoir quelque nom qui soit parfait, c'est OM. C'est le représentant (le symbole) de tous les langages. C'est le représentant de toute pensée. C'est le représentant du monde entier.
Tout le Vedanta, non, toute la philosophie des Hindus n'est que l'exposition de cette syllabe OM. OM couvre l'univers entier. Il n'y a pas une loi, pas une force dans le monde entier, pas un objet au monde qui ne soit compris par la syllabe OM. Un par un vous verrez que tous les plans de l'être, tous les mondes, toutes les phases de l'existence sont couverts par cette syllabe A-U-M, OM.
Il y a deux sortes de sons: articulés et inarticulés. Nous les appelons Varnatmaka et Dhvanyatmaka. Ces noms sanskrits sont pleins de signification. Varnatmaka signifie littéralement "des sons qui peuvent être mis en noir et blanc"; Dhvanyatmaka veut dire "des sons qui ne peuvent être écrits". Tout langage ordinaire est Varnatmaka. Le langage du sentiment est Dhvanyatmaka; il ne peut être exprimé par des caractères ou des mots écrits.
Un homme rit. Pouvez-vous exprimer cela dans un langage écrit ? Pouvez-vous représenter çà sur du papier ? Un homme pleure, cela vous ne pouvez le mettre sur du papier. C'est Dhvavanyatmaka. Vous voyez que dans les sons articulés ou le langage naturel, Dhvanyatmaka a une intention qui ne peut être rendue par Varnatmaka. Supposons que l'un d'entre vous aille dans un pays étranger, ou qu'un étranger vienne dans votre pays. Il ne peut parler ni comprendre votre langue. Il demande quelque chose, il veut peut-être acheter quelque chose. Vous ne le comprenez pas. Peut-être cet homme a-t-il faim, demande-t-il quelque chose à manger; ne comprenant pas sa langue vous ne répondez pas à ses besoins. L'homme commence à pleurer et à verser des larmes. Alors vous comprenez, alors vous voyez. Ce langage du sentiment est compris partout, mais le langage Varnatmaka ou artificiel n'est compris que par ceux qui l'ont appris. Le langage artificiel est pas compris partout.
Vous commencez à rire, tous comprennent que quelque chose de drôle ou d'amusant vous est arrivé ou est en vous. Voici un homme qui joue d'un instrument, disons du violon; vous connaissez l'harmonie. Le langage musical est Dhvanyatmaka et il est compris par tout le monde. Nous lisons dans Le Marchand de Venise :
Le langage de la musique n'est pas du même genre que le langage de notre pensée. Il a un usage particulier, il y a un charme à son propos. Que la science puisse ou non prouver comment et pourquoi la musique produit une telle influence charmante sur vous, il n'empêche que cela demeure un fait. Si la science ne peut pas le prouver, alors elle en est à blâmer. De la même manière OM a un charme, une efficacité, une vertu qui porte directement sous contrôle le mental de celui qui le chante, qui porte directement tout sentiment et toute pensée dans un état d'harmonie; qui apporte paix et repos à l'âme et met le mental dans un état où il est un avec Dieu. La science peut ne pas l'expliquer, mais c'est un fait qui peut être vérifié par expérimentation. Malheur à la science si elle va contre la vérité reliée à l'efficacité de la syllabe sacrée OM.