MENTAL EQUILIBRE

Swami RAMA TIRTHA

Conférence donnée le 15 Février 1903 à San Francisco

(Traduction de Gaura Krishna, parue dans RAMA NAMA n° 21 d'août 1995))


Mon propre Moi dans toutes ces formes,

La question posée l'autre jour était : "Un homme peut-il réaliser le Vedanta à l'époque actuelle ?". Et quelqu'un suggéra qu'un homme devait quitter ceci ou cela pour réaliser le Vedanta, et se retirer dans la forêt de l'Himalaya. Mais Rama dit : "Non, non, vous n'avez pas besoin de vous retirer dans la forêt."

De nos jours la plainte habituelle est le manque de temps. Ils disent : "Nous n'avons pas eu le temps, nous devons nous occuper de toutes sortes de travaux; nos parents et nos amis prennent notre temps." Il y a une prière : "Oh Dieu, sauve-moi de mes ennemis", mais la prière que l'homme moderne devrait offrir de manière plus judicieuse serait : "Oh Dieu ! Sauve-moi de mes amis." Les amis nous volent tout notre temps; puis les anxiétés, les peines, les troubles nous enlèvent notre temps. Puis nous devons nous occuper de nos enfants et de nos épouses; nous devons recevoir des visites et faire des visites, nous devons lire des choses; comment pouvons-nous passer du temps pour l'avancement spirituel ? Oh, devoirs ! ils prennent votre temps. Vous ne pouvez même pas avoir le temps de prendre votre dîner correctement. Au nom des devoirs toute votre vie est gaspillée. Mais posons-nous la question de savoir d'où viennent ces devoirs ? Qui vous impose ces devoirs ? Vous-mêmes. En fait c'est vous qui créez vos devoirs. Les devoirs ne devraient pas venir sur vous comme un maître cruel. Vous considérez de votre devoir de vous occuper de votre travail de bureau, mais qui vous a donné ce travail de bureau ? C'est vous-mêmes. Ainsi, si vous considérez de manière ultime la nature des devoirs, vous verrez que vous êtes votre propre maître, et que vous crééer vous-mêmes tous ces devoirs qui vous rendent esclaves de manière absolue. Si vous ressentez cela une fois, il n'y a alors rien dans ce monde qui puisse vous attacher. Tout, originellement, vient de vous. Vous pouvez être très heureux; et vous pouvez ajuster votre position très doucement.

Un homme vint un jour voir le Dr J. et lui dit : "Docteur, je suis perdu, perdu. Je suis inapte à tout travail; je ne peux rien faire. Que peut faire un homme en ce monde ?" Le Dr. J. lui demanda quel était le problème. Il dut donner les raisons de sa plainte, et cet homme commença à établir son argument de la manière suivante : "L'homme vit en ce monde pour une période d'une centaine d'années tout au plus, et que sont cent ans comparés à l'infini, à l'éternité. La moitié de ce temps est passé en sommeil. Vous savez que nous dormons chaque jour, et notre enfance est un long sommeil, et notre vieillesse est aussi un temps de débilité et d'impuissance où nous ne pouvons rien faire; notre jeunesse aussi est mal dépensée, passée de mauvaise manière à de mauvaises pensées et à toutes sortes de tentations. Et encore ce qu'il nous reste est passé à nous amuser. Nous jouons un grand jeu, et ce qui reste en dehors de cela est perdu en nous occupant des appels de la nature, en mangeant, en buvant, etc., et ce qui nous reste en dehors de çà part en colère, en envie, en anxiété, en malaises et en peines. Ces choses sont naturelles pour tout homme. Que reste-t-il alors, le peu qu'il nous reste est passé à nous occuper de nos enfants, de nos amis et de nos parents. Que peut faire un homme en ce monde ? Nous devons pleurer pour ceux qui meurent et nous devons nous réjouir à la naissance de nouvelles arrivées. Nous devons perdre tout notre temps de cette manière. Comment un homme peut-il faire quelque chose de solide, quelque chose de réel ? Comment un homme peut-il passer du temps pour réaliser sa Divinité ? Nous ne pouvons pas. Au diable ces églises, au diable ces enseignants et prêcheurs religieux. Dites-leur que les gens de ce monde ne peuvent pas passer leur temps dans la religion, ils n'ont pas de temps pour réaliser leur Divinité. C'est trop pour nous." Le Dr. J. ne sourit pas à ces mots, il ne réprimanda pas cet homme ni ne lui reprocha rien, mais il commença seulement à pleurer et à sympathiser avec lui. Il dit : "Les hommes devraient se suicider, parce qu'il n'ont pas de temps pour de saintes professions. Frère! A votre plainte, j'ai une autre plainte à ajouter, une plainte pire à ajouter." Cet homme demanda au Dr. J. de dire quelle était sa plainte. Le Dr J. commença par un cri moqueur et dit : "Regardez! Il n'y a plus de sol ni de terre pour moi; il n'y a plus de sol ni de terre où poussera assez de blé pour me nourrir, je suis perdu, perdu." "Dr. comment est-ce possible, dit-il ? J'admets que vous mangez trop, vous mangez autant que dix hommes, pourtant il y a assez de sol sur la terre pour produire de la nourriture pour votre estomac; il y a assez de terre pour produire du blé ou des légumes pour votre corps. Pourquoi vous plaignez-vous ?". Le Dr. J. dit : "Regardez, qu'est-ce que cette terre ? Cette terre n'est rien, cette terre est considérée dans les calculs astronomiques comme un point mathématique. Lorsque nous calculons les distances des étoiles et des soleils, nous voyons cette terre comme un rien, comme un zéro, et les trois-quarts de ce zéro ou monde sont occupés par l'eau, et que reste-t-il à part çà ? Notez. Une grande partie est occupée par des sables stériles, une part considérable par des montagnes stériles et des pierres, et une part énorme est occupée par des lacs et des rivières : et encore une partie considérable de cette terre est occupée par des grandes villes comme Londres; et des routes, des voies ferrées, des rues prennent encore une grande partie de cette terre. Que reste-t-il sur cette terre pour l'homme ? Nous supposerons qu'il y a quelque chose qui est laissé pour l'homme en dehors de tout cela. Mais combien d'êtres vivants sont-ils là, qui veulent tirer avantage de la partie insignifiante du sol qui reste ? Il y a beaucoup d'oiseaux, tant de fourmis, tant de chevaux, tant d'éléphants, qui veulent tous rester sur la terre qui reste et qui peut produire quelque chose. Très peu tombe dans la part de l'homme ! Combien d'hommes y-a-t-il dans ce monde ? Regardez Londres, plein de millions et de millions d'hommes; regardez cette population énorme. Ils veulent tous se nourrir de la part insignifiante de ce grand zéro qu'est ce monde. Comment la terre peut-elle produire assez de nourriture pour me satisfaire ? Ma logique me conduit à ce désespoir, à cette triste conclusion que je devrais mourir, parce que je puis trouver nulle terre qui puisse produire de la nourriture pour me nourrir." L'homme lui dit alors : "Docteur, votre argument n'est pas juste; votre logique semble être correcte, mais en dépit de votre logique, cette terre peut vous garder." Et le Dr. J. dit : "Monsieur, si ma plainte est sans fondement, la plainte selon laquelle vous n'avez pas de temps de vous nourrir de nourriture spirituelle est aussi sans fondement. Si la terre est suffisante pour me pourvoir en nourriture matérielle, le temps est aussi suffisant pour votre but. Il peut aussi vous nourrir avec de la nourriture spirituelle." Rama fait ainsi la même réponse à cette question selon laquelle la civilisation actuelle ne permet pas d'avoir le le temps d'obtenir de la nourriture spirituelle. Rama répond à cette question de la même manière que le Dr J. répondit à cette question il y a longtemps. Vous avez assez de temps, même dans ces circonstances, pour avancer spirituellement; vous avez assez de temps, si vous en faites un usage correct.

Il y avait un homme qui se rendait à cheval dans une rélmgion lointaine. Il lui arriva de passer en Inde près d'une roue persane. Vous savez qu'en Inde l'eau est tirée du puits par une sorte de mécanisme que nous appelons roue persane. On ompe l'eau du puits par la roue persane, cela fait du bruit. Cet homme était en train d'amener sa jument ou son cheval pour boire l'eau qui arrivait du puits par la roue persane. Le cheval n'étant pas habitué à entendre cette sorte de bruit fut un peu effrayé et ne but pas de cette eau. Le cavalier demanda aux paysans qui manoeuvraient cette roue persane d'arrêter le bruit. Les paysans arrêtèrent le bruit en arrêtant la roue; le bruit fut stoppé, mais avec l'arrêt du bruit l'arrivée de l'eau s'arrêta elle aussi. Le cheval n'avait alors pas d'eau à boire; le cheval s'avança vers la citerne où se trouvait l'eau mais il n'y avait pas d'eau du tout. Le cavalier se tourna alors vers les paysans et se plaignit : "Oh fermiers bizarres ! Je vous ai demandé d'arrêter le bruit, je ne vous ai pas demandé d'arrêter l'eau, drôles de bonshommes que vous êtes; vous ne montrerez donc pas de gentillesse à un étranger en permettant à son cheval de boire de l'eau." Les fermiers dirent : "Monsieur, nous souhaitons vous servir du plus profond de notre coeur, de bien vous traiter et de servir de l'eau à votre cheval, mais votre demande est au-delà de notre pouvoir. Nous ne pouvons accéder à votre demande. Si vous voulez avoir de l'eau, si vous voulez que votre cheval boive de l'eau, vous devez l'encourager à boire quand il y a le bruit; parce que quand nous arrêtons le bruit il n'est pas possible d'obtenir de l'eau; l'eau arrive toujours avec ce bruit." De la même manière Rama dit : "Si vous voulez réaliser le Vedanta, réalisez le même au milieu de toutes sortes de bruits, même au coeur de toutes sortes de troubles. Dans ce monde vous ne pourrez jamais, jamais vous trouver dans un état où il n'y aura aucun bruit ni aucun ennui. Vivez sur les hauteurs de l'Himalaya et là aussi vous aurez des problèmes. Vivez comme des sauvages, là aussi vous aurez des ennuis. Allez où vous voulez, ennuis et problèmes ne vous quitteront jamais; ils seront toujours avec vous. Si vous voulez réaliser le Vedanta, réalisez-le alors que le bruit de la roue persane se fait entendre tout autour de vous. Tous les grands hommes ont été produits en dépit d'environnements et de circonstances décourageants; en fait plus dures sont les circonstances et plus pénible encore l'environnement, plus forts sont les hommes qui en sortent. Alors accueillez tous ces troubles et tous ces soucis extérieurs. Vivez le Vedanta même dans cet environnement, et quand vous vivrez le Vedanta, vous verrez alors que cet environnement et que ces circonstances vous cèderont, se rendront à vous, vous deviendront serviles; vous deviendrez leur maître. Est-ce la société qui nous accable ? Est-ce ce monde qui nous contient ? Vous ne vivez pas dans ce monde. Tout le monde vit dans un minuscule petit monde de sa propre création. Comme ils sont peu nombreux les hommes qui vivent en ce monde ! Dans le vaste monde bien peut vivent en vérité; vous vivez dans des petits mondes de votre propre création. Vous avez créé vos mondes autour de vos petits êtres. Il y a des gens qui ne connaissent rien de ce qui est au-delà du cercle domestique, il y a des gens qui ne connaissent rien de ce qui est au-delà du petit monde de leur propre caste. Il y a des gens qui ne connaissent rien de ce qui est au-delà du petit monde formé par leurs femmes, maris et enfants. Vivez au moins dans ce vaste monde; élevez-vous au-dessus des petits mondes insignifiants. Ce n'est pas le vaste monde qui vous empêche, c'est le petit monde de votre propre création qui vous empêche; si vous pouvez vous élever au-dessus, le monde entier se rendra à vous.

Nous allons maintenant illustrer ce petit monde de notre propre création en nous référant à ce qu'est réellement le travail.. Vous dites que vous êtes très occupés, et Rama a observé dans ce pays que les gens se plaignent de ne pas avoir le temps alors que Rama est amusé de voir qu'ils essaient ici toute leur vie de tuer le temps; et pourtant ils se plaignent. Ils ont assez de temps pour se prendre lourdement les mains aussi bien que la tête, et pourtant ils disent qu'ils n'ont pas de temps. Vous mettez le temps dehors par vos propres désirs, vous tuez le temps et pourtant vous dites que vous n'avez pas de temps. Comment cela se fait-il ? La cause de votre plainte est une incompréhension de la nature du travail. Vous appelez 'travail' ce qui en réalité n'est pas du travail. Le travail se définit de manière différente selon les gens. Les scientifiques et les écrivains définissent le travail d'une manière et nous de l'autre. Selon eux vous ne travaillez pas si vous êtes en train de marcher sur un plan, ou, si une balle se déplace sur un plan uni, elle n'effectue aucun travail. Vous ne travaillez que lorsque vous montez, vous ne faites aucun travail lorsque vous bougez de manière horizontale; c'est une manière particulière de définir le travail. La psychologie définit le travail d'une autre manière. Selon la psychologie vous ne travaillez que lorsque votre mental est engagé; si vous faites une chose alors que votre mental n'y est pas engagé, vous ne travaillez pas du tout. Vous respirez, mais selon la psychologie cette respiration n'est pas du travail; votre sang coule dans vos veines, bien que cela soit aussi du travail d'un certain point de vue cela n'est pas du travail selon les psychologues qui donnent une excellente illustration pour montrer ce qu'est le travail en réalité.

Il y avait un homme, retraité et soldat vétéran, qui avait l'habitude de la discipline et de l'exercice militaires à un degré tel que l'accomplissement de ces exercices était pour lui automatique. Cet homme marchait dans la rue avec une lourde cruche de lait ou quelques autres aliments dans les mains. Il portait une lourde cruche dans la main ou sur son épaule. Là dans la rue apparut un plaisantin; il voulait que tout ce lait et l'autre nourriture délicieuse soient répandus dans l'égoût, dans le ruisseau. Cet homme se mit de côté et cria : "Attention !" Vous savez, quand nous disons "attention", on doit laisser tomber les mains. Aussitôt que le vétéran eut entendu ce mot "attention", il laissa tomber les mains et tout le lait et les autres choses qu'il avait tombèrent dans le ruisseau. Tous les badauds et les boutiquiers de la rue en eurent un plaisant moment. Vous avez vu que lorsqu'il a entendu le mot "attention", il a laissé tomber les bras, mais la psychologie dit qu'il n'a fait aucun travail; que ce n'était qu'une action réflexe. L'action réflexe n'est pas un travail, parce que le mental n'y est pas engagé.

Rama demande simplement maintenant: "S'il vous plaît, établissez combien de travail vous effectuez en vingt-quatre heures ?" Lorsque vous mangez, est-ce que c'est du travail ? Non. Lorsque vous faites de nombreuses autres choses du même type, travaillez-vous dans le même sens de travail que celui défini par la psychologie ? Travaillez-vous lorsque vous marchez ? Quand vous faites beaucoup d'autres choses, Rama n'a pas besoin de les mentionner toutes, travaillez-vous ? Non, non. Votre mental ou votre attention se sont pas engagés. Si votre mental ou votre attention ne sont pas occupés par ce que vous avez dans les mains, alors vous n'êtes pas en train de travailler; vous êtes alors en train de perdre votre temps. Ne pourriez-vous pas l'épargner, ne pourriez-vous pas l'utiliser ? Dans certains travaux notre esprit est complètement engagé alors que dans d'autres il est occupé à moitié. Dans un tel travail où notre esprit est à moitié occupé, vous faites la moitié d'un travail, vous pourriez utiliser l'autre moitié de votre attention, et lorsque votre attention est entièrement inoccupée, alors vous pourriez utiliser votre pleine attention. Ainsi en utilisant l'attention de votre esprit vous pouvez accroître votre vie. Vous pouvez faire plus de travail en un jour que vous pourriez en faire en n'utilisant pas l'attention qui n'est pas engagée.

Illustrons cela par une autre histoire. Deux garçons se rencontrèrent dans la rue. Ils étaient amis. L'un d'eux pressa son camarade pour aller avec à l'église et d'y entendre un sermon, ou de la musique ou quelque chose d'autre. L'autre plaida pour le jeu. Quelle était l'utilité d'aller perdre du temps en allant à l'église et d'y entendre un sermon monotone ? Ils feraient mieux de jouer. Ils ne parvinrent pas à se mettre d'accord, aussi l'un se rendit-il à l'église et l'autre partit pour trouver quelque jeu. Mais lorsque le garçon qui était allé à l'église se trouva lui-même en face du prêcheur, il ne put pas du tout comprendre ni jouir du sermon; il était perdu et se repentit d'être allé à l'église. Il commença alors à penser au terrain de jeu. Il commença à penser au garçon qui se réjouissait de jouer avec ses amis. Il passa deux longues heures à l'église, mais pendant tout ce temps son esprit était au terrain de jeu. Maintenant le garçon qui était allé au terrain n'y trouva aucune compagnie agréable, aucun autre garçon qui put venir jouer avec lui. Il se trouva seul et il se sentit très solitaire. Il pensa à l'église, mais il pensa alors qu'il était trop tard pour y aller. Il resta sur le terrain, mais son esprit était toujours à l'église, il était pour ainsi dire tout le temps dans l'église. Après deux heures, ces deux garçons se rencontrèrent de nouveau dans la rue. L'un dit qu'il était désolé de n'être pas allé à l'église et l'autre qu'il était désolé de n'être pas venu sur le terrain de jeu. C'est ce qui arrive partout avec les hommes. Vos esprits ne sont pas là où sont vos corps. Combien y en a-t-il aujourd'hui qui écoutent la conférence; très peu peuvent s'arranger pour rester dans la salle; l'esprit s'en va; l'esprit est avec l'enfant ou d'autres amis; l'esprit erre de place en place, de sujet en sujet. Selon la psychologie vous faites quelque chose lorsque votre esprit fait quelque chose. Quelquefois, alors que votre corps fait une action particulière, vous ne faites pas cette action. Lorsque votre corps est dans l'église, quand vous offrez des prières, quand vous écoutez des conférences, quand vous n'écoutez pas de conférences, et quelquefois quand votre corps est dans la rue, quand votre corps se promène, en réalité vous êtes là avec Dieu. Votre esprit est avec Dieu. Très souvent des gens qui étaient accusés de fautes et de crimes étaient en réalité dévotes et pieuses : leur esprit était avec Dieu. Quelquefois les gens que l'on considère pieux et saints ont des esprits sales. Nous voyons quelquefois le méchant absolu prospérer. Le Vedanta dit que ce n'est pas leur méchanceté qui apporte la prospérité. Dans leur coeur ils ont habité avec Dieu; aussi ne tirez pas d'inférences à partir des actions extérieures des gens. Si un homme commet un meurtre ou un vol, vous ne devez pas le mépriser.

Rama va maintenant vous raconter une histoire, racontée par un voleur très réputé en Inde. Rama était enfant à l'époque et il entendait ce grand voleur raconter cette histoire à un de ses amis. Mais il advint que Rama fut présent à cette occasion. Il se trouva qu'il était dans la forêt du village. C'était alors un petit enfant. Le voleur ne fit aucun secret pour raconter l'histoire en présence du petit garçon dont il ne pensait rien, et il raconta librement l'histoire. Cette histoire va maintenant vous conduire dans le secret de toute l'affaire. Ce voleur raconta la manière dont un jour il s'arrangea pour s'introduire dans la maison d'un homme riche et emporter les bijoux de la maison. Il dit qu'il avait été mis au courant de ces bijoux que l'homme riche avait récemment mis dans la maison. Il arriva pour s'introduire dans la maison, mais ne il put trouver aucun moyen ni aucune méthode pour le faire. En réfléchissant et en réfléchissant encore il fit un plan; il remarqua qu'il y avait près de la maison un arbre gigantesque qui poussait, et il vit que cet arbre se trouvait en face de la fenêtre du second étage de la maison. Il combina alors le plan de venir se balancer la nuit quand il ferait noir, de mettre une corde au sommet de l'arbre. Il fabriqua une sorte de trapèze et commença à se balancer sur le trapèze, et il se balança et se balança en ce chaud pays. C'était l'été, et il avait appris que les gens de la maison dormaient au quatrième étage, qu'ils n'étaient pas au second. Quand le trapèze parvint à la fenêtre, il donna un coup de pied à la fenêtre puis il fit de même une seconde fois et au troisième coup la guillotine de la fenêtre céda. Alors, au septième ou huitième essai, en faisant tomber la guillotine de la fenêtre ou de la porte il entra dans la maison, et il avait quelques cordes avec lui. Il lança les cordes et fit monter deux ou trois de ses compagnons. Il commença alors à réfléchir à l'endroit où l'on pourrait trouver les bijoux. Il concentra son esprit; son esprit était totalement fondu en concentration. Il dit alors que les gens ne gardaient pas leurs bijoux aux endroits où les voleurs pensaient les trouver; les gens gardent leurs bijoux là où l'on s'attend le moins à les trouver. Il commença alors à creuser là où l'on s'attendait le moins à trouver les bijoux. Ils étaient enterrés dans le sol. C'était comme cela que les gens faisaient à l'époque, et certaines personnes le font aujourd'hui en Inde, mais ils commencent maintenant à mettre leur argent dans des banques. Les gens avaient l'habitude de garder leur argent enterré dans le sol. Il prit l'argent et entendit alors un bruit en haut. Rama ne peut oublier la description qu'il donna alors de son état d'esprit. Il raconta qu'avec ses compagnons, après avoir pris l'argent, ils avaient entendu ce son, et que ce son avait envoyé un frisson dans leur corps. Leur être entier palpitait, tremblait, frémissait, frissonnait; ils tremblaient de la tête aux pieds. Il dit alors que cela avait été un moment de mort. Il s'étaient vus morts, et ils s'étaient alors dit que même un petit rat aurait pu venir les tuer. Le son, en réalité, n'était que le bruit de rats. Là il dit qu'il s'était repenti, qu'il avait prié Dieu, qu'il avait abandonné son corps et s'en était remis entièrement à Dieu. Là il s'était résigné, s'était repenti et avait demandé à Dieu de lui pardonner, et il était alors dans un état de samadhi, dans lequel le mental est l'absence de mental, où tous les intérêts égoïstes disparaissent. Et il était là dans un état d'esprit très étrange, merveilleux, lui et tous ses compagnons. Il avait alors prié : "O Dieu, sauve-moi et je me ferai ermite, je deviendrai sannyasi, je deviendrai moine, je consacrerai entièrement ma vie à Ton service, O Seigneur ! Sauve-moi, sauve-moi.". Il offrait ici une prière excessivement fervente, venant du coeur, une prière très sincère qui venait du fond de son coeur et de son âme. C'était une prière qui résonnait de toute la profondeur de son être entier, fondu en Dieu qu'il était à ce moment. Quel fut le résultat ? Tous les sons se sont calmés et lui et ses compagnons sont sortis indemnes de la maison. Ils sont sortis indemnes. Notez maintenant : Ne jugez pas les choses à partir des actions extérieures; l'homme n'est pas ce que sont ses actions, l'homme est ce que sont ses pensées. Un homme qui vit dans une maison de mauvaise réputation peut être un saint. Nous savons que le Seigneur Bouddha s'est rendu dans la maison d'un courtisan, Bouddha était pieux. Nous savons que le Seigneur Christ a vécu dans la maison de Marie-Madeleine, la femme que les gens allaient lapider, mais Christ est Dieu. Nous savons qu'il y a eu en Inde beaucoup de sauveurs comme Christ. Ils ont vécu en compagnie de gens de mauvaise réputation. Ils étaient réellement Dieu. Ne jugez pas un homme par ses fréquentations, ne jugez pas un homme par ses actes. Ne jugez personne. Un homme est ce que sont ses pensées. Les gens qui vivent en prison vivent souvent dans le ciel. Bunyan a écrit ses 'Progrès du Pélerin' en prison. La grande oeuvre de Milton sortit alors qu'il était en prison et qu'il était aussi aveugle. Daniel de Foe a écrit 'Robinson Crusoe' en prison. Sir Walter Releigh a écrit son 'Histoire du monde' en prison. Nous espérons que notre environnement puisse être comme ceci ou comme cela; mais nous vivons là où nos pensées vivent.

Venons-en maintenant à l'interprétation de l'histoire de cette mort, c'est à dire de cette "mort-dans-la-vie". Notez simplement : Rama dit que le succès vous arrive comme résultat de votre unisson avec le Tout. Le succès est toujours le résultat de la bonté en vous, le résultat de votre absorption et de votre immersion dans la Divinité. C'est toujours le cas. C'était un voleur, il a réussi. Vous réussirez tous. La réussite du voleur a été la conséquence de cette disposition vraie, sincère, fervente, de prière, dans laquelle il se trouvait. Il a découvert où se trouvait le trésor par immersion et absorption dans la Déité, dans le Tout. Il a réussi, et même la réussite d'un voleur est le résultat du Vedanta mis en pratique. Maintenant le succès de chacun et de tous est toujours dû à cela. Nous voyons là encore que c'était un voleur, qu'iil a commis un vol, que ce n'était pas bien. Voler les autres est un péché : voler les autres, évidemment, sera puni le moment venu, cela amènera sur lui une punition, et cet argent qu'il a obtenu par le vol, ce crime qu'il a commis, cette rupture de l'harmonie Divine apportera sur lui la désolation, mais nous voyons que la réussite du voleur a été la conséquence de son sentiment d'harmonie et d'unisson avec le Tout, de son absorption dans la Divinité, de l'abandon de son corps, de son élévation au-dessus du corps pour ce court instant, de la crucifixion de son corps, de l'écrasement de sa chair. Son surpassement de tout intérêt corporel est ce qui a apporté le succès, mais son penchant pour le vol et l'intrigue ont amené sur lui la peur de la punition, la terreur et la crainte. Nous faisons une erreur lorsque nous pensons qu'un homme est entièrement mauvais, même un voleur a une disposition à la prière et la divinité en lui. Même les Christs, les missionnaires, les swamis ou les enseignants ont en eux des mauvaises tendances. Nous faisons une erreur lorsque nous adorons des personnalités sans accepter le mauvais côté d'un homme avec son bon côté; aussi essayez toujours de tamiser la vérité à partir de l'erreur.

Comment un homme peut-il, dans les circonstances présentes, parvenir à la réalisation de l'Esprit ? La réponse dépendra de la nature de l'homme lui-même. Les hommes de ce monde peuvent être généralement divisés selon trois sortes de tempérament, trois sortes d'esprit. Il y en a dont les esprits sont de la nature de l'équilibre instable, il y en a d'autres dont la concentration ou la paix de l'esprit peuvent être de la nature de l'équilibre stable, il y en a d'autres qui sont toujours en équilibre neutre. Qu'est-ce que l'équilibre instable ? Placez le stylo verticalement sur la paume de la main, il ne reste jamais (ici Rama place le crayon sur sa paume en position verticale) il ne peut pas être au repos pendant une seconde, toute bouffée de vent le jetera en bas. Ceci est appelé équilibre instable. Ternez le crayon par un bout (ici Rama tient le crayon entre ses doigts et le garde pendant comme un pendule). Il est au repos, mais étant un pendule, il oscillera quelquefois mais après un moment stoppera de nouveau. Cet équilibre peut être perturbé mais il est bientôt regagné. Dans la première position du crayon, l'équilibre ne peut pas être retrouvé. Mais il y a une troisième sorte d'équilibre. Placez le crayon horizontalement (ici Rama pose le crayon sur la table), il est au repos. Placez-le comme cela, il est au repos. Dans cette position, où que vous placiez le crayon, il est au repos. Il est tout le temps en équilibre. De la même manière il y a des gens dont l'esprit est tout le temps perturbé, tout le temps distrait, ils ne peuvent être en équilibre : ils ne peuvent être au repos. Les circonstances extérieures leur apportent du repos, mais il sont de nouveau distraits. Il y a d'autres personnes dont l'esprit est normalement calme, recueilli et tranquille, mais une fois perturbés ils vont osciller pendant un long, long moment, et la majorité des hommes de ce monde est de cette nature. Vous vous promenez dans la rue, quelqu'un arrive, vous serre la main et fait quelque remarque qui n'est pas un compliment, mais une critique, cynique. Il s'en va mais l'action est faite, il a fait la remarque et il est parti. L'effet de cette perturbation continue pendant des heures et des heures, quelquefois des jours et des jours, des semaines et des semaines, des mois et des mois, quelquefois des années et des années. L'effet de cette remarque reste et l'esprit oscille, une fois perturbé il oscille, allant de haut en bas, et cet état d'esprit, cet état d'oscillation de l'esprit ruine votre vie, il vous dérobe tout votre temps. Notez simplement maintenant. Les actions ou les faits ne prennent pas beaucoup de temps. L'action a été le premier mouvement qui a été donné, mais les effets qui s'ensuivent, ou disons les oscillations de votre esprit, vous dérobent la plupart de votre vie. Si vous pouvez empêcher ces oscillations particulières, si vous pouvez surmonter cette perturbation intérieure, si vous pouvez résister ou amener sous votre contrôle cette hésitation ou cette vibration continue de l'esprit et cette palpitation, si vous pouvez la surmonter, votre vie sera la vie de millions d'hommes. Même vos trente ans de vie peuvent être équivalents à des centaines et des centaines d'années. Notez la maladie de votre esprit, la maladie psychologique qui vous fait souffrir. Connaissez cette maladie et soignez la. La maladie de votre esprit est la tendance à l'oscillation : lorsque la chose est faite l'esprit continue à osciller entre une larme et un sourire. Ce ne sont que des hommes-pendules. Maintenant la troisième sorte d'hommes est celle des héros, les âmes libérées. Ce sont des hommes dont l'esprit ne peut pas être perturbé par quelque circonstance que ce soit; que quelque chose advienne, ils ne sont pas perturbés, ils restent au repos. Mettez-les sur les vagues remuantes de l'océan houleux, même chose. Mettez-les à la guerre, pareil. Vous êtes amis, vous leur parlez aujourd'hui, vous faites toutes sortes de remarques, ils ne répondent rien aux remarques. Au moment où vous partez, l'esprit est aussi frais et pur que toujours. Restez avec un homme libre pendant mille ans, puis partez, vous n'y aurez laissé aucune perturbation. Le miroir vous renvoie votre visage. Vous savez que le miroir ne décrit pas exactement votre visage. Si vous avez une boucle d'oreille à l'oreille gauche, vous allez la trouver à l'oreille droite du miroir, et ainsi la droite devient la gauche et la gauche devient la droite. Vous restez devant le miroir pendant cent ans et pendant cent ans le miroir vous répond. Quittez le miroir, le miroir est le même, ainsi est-ce le cas de l'âme libérée ou d'un homme de sagesse. C'est un miroir sur lequel l'étain extérieur ne peut laisser aucun point de souillure, un homme que rien ne peut polluer et qui reste aussi libre que jamais. Vous pouvez venir et le prier tout le temps, partez et son esprit après cela ne ruminera pas l'aliment de votre prière. Vous arrivez et et faites des remarques critiques et cyniques, vous partez et il ne ruminera pas vos critiques. Libre, libre. Il croit en sa Divinité.

Rama dit maintenant que si vous étudiez réellement le Vedanta et gardez les enseignements Védantiques devant vous de manière continuelle, et si à partir d'autosuggestions telles que 'Om', ou à partir d'autres sources, par des autosuggestions dans la bonne direction, vous vous rappelez votre Divin-ité et gardez la réalité devant vous; votre esprit, s'il était auparavant en équilibre instable, deviendra en équilibre stable, et s'il était en équilibre stable il acquérira l'équilibre neutre par degrés; et ce Vedanta, cette vérité, vous devez la garder tout le temps devant vous. Rama va maintenant vous donner quelques aides et assistances extérieures pour rester continuellement dans cet état. Essayez et vous verrez que bien que cela ne soit pas prêché par les gens, c'est pourtant un merveilleux conseil. Vous le noterez. Lorsque les gens viennent pour avoir un entretien avec Rama, ils font quelquefois des remarques - des remarques critiques, cyniques, puis ils s'en vont. Savez-vous comment Rama reste à l'abri de leurs suggestions ? Il y a différents moyens. L'un d'eux est celui-ci : vous voyez ce petit livre devant vous. C'est un livre merveilleux, il a été écrit par un homme dont on ne peut trouver l'égal. Cet homme n'est pas connu, il n'est pas vénéré en Inde. Ce livre n'est pas un livre célèbre comme la Bhagavad Gita; il n'a pas été écrit par Krishna, il a été écrit par un homme qui fut inconnu de nom et de réputation. Mais voici un homme qui vous donne tous les Christs, les Krishnas, les Buddhas, eux tous. Rama prend ce livre (1). Il est en sanscrit, vous savez, et quand Rama lit un des vers de ce livre, c'est assez pour essuyer et laver toute pollution de vies et de vies; il a une fois jeté Rama dans un état d'extase. Un vers de ce petit livre attire le coeur et élève, réaffirme la Divin-ité en Rama. Il détruit la basse nature et déchire d'un coup en deux le voile de Maya. Aussi Rama vous dit que vous pouvez garder un livre de ce genre. Vous pouvez avoir quelques psaumes qui vous élèvent, qui vous inspirent, vous pouvez avoir quelques chansons qui vous inspirent immédiatement, vous pouvez avoir quelques poèmes qui vous charment; vous pouvez avoir, disons la Bible, vous pouvez avoir le Sermon sur la Montagne. Vous pouvez noter les passages de vos auteurs préférés, les passages qui vous inspirent ou quoi que ce soit qui vous élève. Vous pouvez avoir un petit carnet sur lequel vous collectionnez toutes ces citations qui vous inspirent ou vous élèvent, qui vous remplissent de prière. Vous pouvez avoir ce livre. Vous pouvez avoir le poème écrit à la fin de ce livre. "Oh, plein à ras bord est ma coupe de Joie", ce poème, et vous pouvez avoir tout ce qui vous remue. Gardez toujours cela à portée de la main et après vous être mêlé à ou avoir permis à votre esprit quelque compagnie antipathique, au lieu de permettre à votre esprit d'osciller, au lieu de permettre à votre esprit de demeurer dans un état perturbé, oscillant tout le temps, prenez aussitôt un passage qui inspire et stabilisez votre esprit.

Vous voyez que Rama vous a dit la cause, la maladie mentale. Rama a exposé devant vous la maladie générale de l'âme humaine. La maladie générale est cette tendance à l'oscillation, et Rama vous a dit comment vous pouvez conserver l'esprit stable.

Nous continuerons ce sujet la prochaine fois.

Om ! Om ! Om !