En 1893, il y a un siècle, Swami Vivekananda prenait
conscience avec angoisse que les jours de Bharat védiques,
itihasiques, puraniques de dévotion envers la Divinité
- la ligne de vie de la spiritualité - était en
train de s'évanouir doucement du fait de l'invasion étrangère
et des changements politiques. Vivekananda ressentait que les
Indiens, qui devaient leur hérédité aux Rishis,
avaient oublié la Divinité qui leur avait été
donnée et qu'ils étaient plongés dans l'ignorance
alourdie par l'esclavage. Swami Vivekananda tonitrua que la renaissance
de l'Inde ne pouvait se faire que sur la base et sur la puissante
fondation de la spiritualité.
C'est à peu près à cette époque, en
1894, que le Kanchi Mahaswamigal, Jagatguru Sri Chandrasekara
Sarasvati Swamigal, souvent mentionné comme Paramacharya
par Yogi Ramsuratkumar, eut son avatar en tant que Swaminathan
à Villupuram. Vingt quatre ans plus tard, en 1918, Yogi
Ramsuratkumar prenait sa divine naissance dans un village proche
de Varanasi dans le giron du Gange. Selon les paroles de Krishna
Paramatma dans la 'Gita' selon lesquelles à chaque fois
que la vertu et la vérité déclinent alors
que le prévalent le vice, la tyrannie et le mensonge, ou
en d'autres termes à chaque fois que la société
oublie ses devoirs et s'en va vers le chaos, "Je prends naissance
pour relever le Dharma", ces deux libérateurs sont
arrivés dans cette lignée et nous sommes bénis
d'avoir vécu dans ces périodes d' 'avatars'.
Il est bien connu que les évènements qui approchent
projètent d'abord leur ombre. Le jeune Swaminathan s'en
alla dormir une nuit avec la promesse de son père de le
réveiller quand la déité du Temple d'Illammai
Aakiyar de Chidambaram serait sortie en procession la veille du
Kumbabhishekam. C'était la volonté de Dieu que le
père et le fils passent la nuit à dormir pour apprendre,
le lendemain matin, qu'il y avait eu un incendie pendant la procession
où plusieurs personnes avaient été blessées
ou avaient péri. C'était prédestiné
que ce sauveur de notre Dharma et de notre Culture soit bientôt
après l' 'Acharya', et Dieu avait pour cela pavé
la voie. Personnification de la simplicité, le Paramacharya
pratiquait, probablement plus qu'il ne prêchait, purement
à notre profit, ne retirant rien pour lui car sa totale
communion avec Dieu le laissait libre de désirs. Le Paramacharya
avait remarqué que Yogiji était un grand mahan et
Sa Sainteté Bala Periyaval a dit à cet auteur que
Yogiji continuait le travail de Ramana Maharishi.
Yogiji, comme le Paramacharya, montra des signes d'intense
soif spirituelle alors même qu'il était enfant. Il
avait une dévotion extraordinaire envers le Gange. Assis
sur ses rives le jeune Yogiji ressentit une paix descendre sur
lui. Regardant les étoiles et écoutant la douce
musique de Ganga en maintes occasions, il s'endormait sur ses
rives. Il était magnétiquement attiré par
les saints et les sadhus des rives du Gange et il s'engagea lui-même
dans le nama japa. De profondes expériences mystiques rendirent
Yogiji conscient de Sa mission spirituelle qui le conduisit à
Sri Aurobindo, Sri Ramana Maharishi et Papa Ramdas. Les expériences
des dévots avec le Kanchi Mahaswamigal et Yogi Ramsuratkumar
sont extatiques et diverses, mais elles dépassent le domaine
de cet article. Cet article se propose de mettre en lumière
deux exemples que Yogi Ramsuratkumar a lui-même racontés
à l'auteur et qu'Il a approuvés après quelques
corrections mineures quand le manuscrit a été prêt.
Toutes les fois que la conversation avait le 'Paramacharya' pour
sujet, Yogiji partait en extase et il a maintes fois fait remarqué
à cet auteur que le monde entier avait une lourde dette
de gratitude envers le Paramacharya qui était le seul responsable
de la préservation de nos Vedas et de notre Culture. Il
est très significatif de mentionner que la première
photo que Bhagavan permit de mettre pour orner les murs de Son
Ashram fut celle du Paramacharya et qu'elle a pendant très
longtemps été la seule photo. Selon Son ordre, la
lampe qui a été allumée ce jour-là
sous la photo continue de brûler, même aujourd'hui,
sans interruption.
Sri Chandramouli, qui réside maintenant à Tiruvannamalai
et qui était alors au Kanchi Pitam, demanda la permission
du Mahaswamigal de se rendre à Tiruvannamalai pour avoir
le darshan de Yogiji. On ne donna pas suite à sa requête
ce jour-là et le demandeur fut désappointé.
Cependant le lendemain, jour anniversaire du sage de Tiruvannamalai,
le Paramacharya ordonna à Chandramouli d'aller voir Yogiji,
avec le prasad spécial d'Ekambareshvarar, dans le samadhi
duquel le saint de Kanchi avait fait des arrangements pour des
abhishekas, des archanas et des homas exclusifs ce matin-là.
Se souvenant de cet épisode, Bhagavan dit avec esprit :
" Paramacharya est toujours très bienveillant envers
ce mendiant."
Un autre exemple dépeint l'unisson des longueurs d'ondes
des Mahatmas, indépendamment des scrupules des gens ordinaires.
Le Paramacharya ordonna à Sri Chandramouli de se rendre
à Tiruvannamalai avec 500 Rs du Kanchi Math pour mettre
Yogiji dans un taxi et le conduire au madam de Sri Bodendra Sarasvati
Swamigal à Govindapuram en demandant à Yogiji d'y
passer quelques heures, en apparence en méditation, avant
qu'il ne soit escorté pour retourner à Tiruvannamalai.
Quand Sri Chandramouli apporta ce message à Yogiji, le
Juge de District et sa fille se trouvaient en sa présence.
Comme la plupart d'entre nous le savent, Yogiji proclame toujours
que "Tout ce qu'il connaît, c'est le Ram Ram. Le Ram
Nam est tout et il doit être chanté vingt quatre
heures sur vingt quatre. Je fais comme mon Maître me l'a
ordonné. C'est suffisant pour ce mendiant." Peu y
croient et beaucoup le vivent, le Ram Nam est souvent entendu
à Govindapuram. Peut-être était-ce la raison
de l'ordre que le Paramacharya avait donné à Sri
Chandramouli. Stupéfait et surpris de la mission confiée
à Sri Chandramouli, Yogiji se trouvait dans une situation
embarrassante, car il n'avait pas quitté Tiruvannamalai
depuis 1959. Swamiji,, en profonde méditation, rechercha
une direction appropriée, de "Son Père"
je suppose, car Il demandait toujours à Père de
bénir ses dévots, affirmant : "Père
existe est et n'est rien d'autre qu'un mendiant". Une claire
inspiration lui dit de se rendre à Kanchipuram et non à
Govindapuram, car les deux n'étaient pas différents.
Swamiji, avec ceux qui se trouvaient là, se rendit à
la station de taxi et il commença son voyage vers Kanchipuram
avec l'émissaire.
Quand le duo arriva à Kanchi, le Paramacharya avait terminé
sa routine et ses rituels quotidiens et il s'était retiré
derrière les portes fermées. Yogiji désira
que Sri Chadramouli informe le Paramacharya de Son arrivée,
mais ce dernier avait peur que l'Acharya ne l'esquinte pour n'avoir
pas obéi à son ordre. Béni par Yogiji, prenant
son courage à deux mains, Sri Chandramouli, tapa doucement
à la porte pour que le Paramacharya, prêt et radieux,
vienne offrir le darshan à Son invité dont le "tout
sachant" avait attendre l'arrivée.
L'appeleur et l'appelé devaient savoir, je suppose, que Govindapuram et Kanchipuram, étaient un en caractère unique, car notre Acharya est le descendant de Sri Sri Bodendra Sarasvati Swamigal. Pour utiliser les mots de Yogiji, " Ce mendiant s'est prosterné devant le Paramacharya, qui a béni ce mendiant avec beaucoup de compassion et a demandé si ce mendiant appartenait à Surya Vamsa. Ce mendiant n'a pas pu répondre." Les deux saints se trouvèrent face à face pendant quelque temps - les mots n'ont pas de place après que les yeux se soient rencontrés.
Quand le moment du départ approcha, le Paramacharya chargea Yogiji de prasadam de la Déesse Kamakshi et de Lui-même, que Yogiji emporta à Tiruvannamalai. Et il a ajouté avec une allégresse qui se voyait : "Ce mendiant a distribué le prasad à tous les dévots au Temple d'Annamalaiar, pour leur avantage. Le Paramacharya a un amour immense et de l'intérêt pour ce mendiant." Je dois me hâter d'ajouter que j'ai obtenu la permission et les bénédictions de Yogiji pour raconter ces évènements qu'Il a aimablement répété pour laisser une impression durable en mon esprit.
Recherchons la bienveillance de ces perles divines - les plus purs rayons de sérénité - pour que revienne notre gloire spirituelle passée et pour une paix soutenue dans le monde.