AUM JAI SRI GURU
YOGI RAMSURATKUMAR

Texte de la traduction française du discours de Gaura Krishna
lors du Jayanti de Yogi Ramsuratkumar le 1er décembre 1994

 

 

“ Salutations au Père Saint ! (Salutations to Holy Father)
Salutations à Sainte Mère ! (Salutations to Holy Ma)
Salutations à Bharat Mata ! (1)
Salutations à vous, frères et soeurs bénis et bien aimés !

Comme chacun le sait et le ressent, aujourd’hui est un jour très spécial et important. C’est le premier jayanti en public en la présence même de Père, dans ce lieu spirituel en éclosion. C’est l’occasion et l’expression de l’éclosion et de la diffusion du Message et du Nom partout dans le monde

Et lorsqu’il fut demandé à cet être stupide, de la manière si particulière qui n’appartient qu’à Yogiji, de faire un discours ce jour-même, il ressentit cela comme une grande bénédiction, mais aussi comme la chose la plus difficile qui lui ait jamais été demandée, et sans aucune possibilité d’y échapper.

La plus difficile parce que le plus beau discours aurait été le silence absolu. Il n’y a aucun mot pour parler de Père et le moindre mot qui vient à l’esprit semble vain. Il est au-delà des mots. Mais ce stupide bonhomme devait dire quelque chose !

Alors il pria celui qui apparut dans le monde comme une incarnation de la Musique, un être humble et sale lui aussi, qui l’avait tant aidé, Beethoven, de venir à son secours, parce que seule la musique peut exprimer ce qui est inexprimable. Mais immédiatement, la réponse vint à l’esprit : “ Tout ce que j’ai composé est pour Sa seule Gloire, tout ce que j’ai écrit Le chante. Chaque brin d’herbe, chaque rocher Le chante. Je n’ai fait que transposer en musique les voix de la Nature, afin de permettre aux hommes de comprendre ce qui fait leur grandeur. Cette musique continue d’être jouée et le sera toujours. Il n'y à qu'à fermer les yeux, les oreilles et les autres sens et aller au plus profond de soi, et cette Musique peut alors être entendue. ”

Mais, comme un fait exprès, c’est justement là que se situe tout le problème. Père entend constamment cette musique, parce que c'est la Sienne, et nous pouvons tous la sentir émanant de Lui.

Alors que dire ? Que dire ! Quand ce stupide bonhomme était bébé, il ne pouvait rien dire et ses parents l’ont converti au catholicisme, qu’il a bien entendu quitté par la suite, et il reçut le nom de Jean-Baptiste. Alors il essaya aussi de ce côté et se tourna vers Jean le Baptiste, le mangeur de moustiques, cette âme si grande qui annonçait la venue du Christ. Et la réponse vint avec ses mots-mêmes “ Il tient l’éventail (1) dans sa main. Je ne suis même pas digne de dénouer la courroie de ses sandales ! ” Oh! frères et soeurs ! Que peut dire alors ce moustique, de quoi donc peut-il être digne quand Père n’a même pas de sandales !

Je ne suis pas même assez digne pour vous dire quelques mots, êtres bénis. Mais je me tiens là seulement comme un outil imparfait qui s’efforce d’exprimer la gloire de mon tendre Père et de ce nom : YOGI RAMSURATKUMAR.

Un sentiment que la plupart de nous éprouvons la première fois que nous rencontrons Yogi Ramsuratkumar est celui qu’il est le Père bienveillant.

Père Yogi Ramsuratkumar est l’Enfant-Dieu et en Sa présence nous devenons tous des enfants innocents. En sa présence nous sommes comme des enfants parce que nous devenons collés à lui exactement comme les enfants affamés s’attachent au sein de leur mère. Avant de venir à Yogiji, nous ne voyons tous que la partie visible de notre ego qui est tel un iceberg. Yogi Ramsuratkumar, comme une véritable mère, par son regard bienveillant, nous rend conscient de sa partie cachée profondément à l’intérieur de nous.

Et les larmes nous viennent tant nous ressentons notre petitesse, notre indignité. Elles ne viennent pas à cause de cette petitesse, mais parce que, malgré elle, Il nous prend et nous bénit. Père ne fait que bénir, bénir, bénir.

Père dit qu'il est un “ sale mendiant ”. S’il est un sale mendiant, que sommes-nous donc alors ? Qu’est-ce qui nous colle à Lui ? Ce doit être sa saleté. Mais cette saleté n’est-elle pas la nôtre-même qu’Il nous ôte ? Cela me rappelle ce que Devaki Ma racontait la semaine dernière : “ Un homme connu vint un jour pour obtenir les bénédictions de Bhagavan. Bhagavan lui demanda : “ Pourquoi venez-vous voir ce sale mendiant ? Pourquoi ne pas aller voir les sannyasis, les swamis ? Pourquoi ce sale mendiant ? ”. Et la merveilleuse réponse arriva : “ Pour prendre un peu de votre saleté, Bhagavan. ”

‘Mendiant’ est un mot plein de sens ! Et nous pouvons nous demander : “ Quelle est cette saleté si ce n’est pas la nôtre qu’il nous enlève ? ”

Après le premier darshan de Père en 1990, trois paroles de Jésus me vinrent à l’esprit. La première est : “ Si tu veux devenir comme Moi, renonce-toi toi-même. ” La seconde est : “ Abandonne tout et suis Moi. ”, et la troisième : “ Soyez comme ces petits enfants qui viennent à Moi. ”. Telle est certainement la saleté. On ne peut trouver un meilleur exemple que Yogiji qui a suivi et qui est une véritable incarnation de ces préceptes.

Père n’enseigne pas ceux qui viennent à Lui par les mots. La méthode de Père est en contraste profond avec ces gens qui font des heures de discours de sèche métaphysique comme nous achetons des kilos de pommes de terre, du style : “ Tout est dans tout, et réciproquement. ”. De telles personnes vivent rarement la “ vérité ” qu’ils expriment. Mais Yogi Ramsuratkumar vit cette Vérité et à Sa manière Il nous enseigne à la fois le chemin et le but. Yogi Ramsuratkumar est un exemple typique de “ TAT TVAM ASI ” (3) .

Père enseigne chacun à la manière de Dakshinamurti. Toute action, tout mouvement exprime l’inexprimable Vérité. Ses doigts qui bougent (4) nous enseignent que nous devons constamment nous rappeler Dieu. Les rares paroles qui sortent de sa bouche pour accueillir les gens nous enseignent comment être humbles et pieux. La manière avec laquelle il se comporte avec tous ceux qui viennent à Lui nous enseigne que nous devons aimer tout le monde. Son rire nous enseigne que nous devons toujours êtres heureux, car Dieu prend soin de chacun.

Alors-même que nous apprenons de tout cela, nous devrions nous efforcer d’obtenir cette divine saleté ! Non ! Le prier de la répandre sur nous !

Comment Le prier de nous donner la divine saleté ? On doit renoncer à soi-même, quitter tout et Le suivre. Mais combien parmi nous sont préparés à tout quitter, y compris la famille, comme cela, sur le champ ?

Le Seigneur Krishna dit que seul un sur mille Le recherche. Que parmi ceux-là seul un L’atteint. MA DEVAKI a renoncé à tout, et elle a obtenu la divine Saleté. Pour nous, moindres mortels, peut-être cela n’est-il pas possible. Il serait suffisant pour nous de regarder Ma Devaki avec une fois et une dévotion complètes lorsqu’elle tourne les yeux vers Père. Nous ressentons alors le degré d’Amour et de Foi qu’il nous faut atteindre et nous nous inclinons devant elle, notre sainte Mère. Et peut-être alors la divine saleté sera-t-elle nôtre.

Ceux qui doutent de cela peuvent jeter un oeil à Mani. Il a tout sacrifié et s’est tourné complètement avec dévotion vers Yogiji, Ma Devaki et les fidèles. Je me rappelle l’année dernière quand il s’appelait lui-même : “ Ce mendiant du mendiant ”. Aussi aujourd’hui Père travaille à travers Mani et l’expression extérieure de ce lieu spirituel sort de la terre, sous nos yeux, en ce jour-même.

Telle est la grâce de Père. Tout est la Grâce de Père dont les voies sont, comme chacun d’entre nous le sait, impénétrables. Regardez ! Est-il réellement possible pour nous tous de dire que nous sommes ici aujourd’hui par le fait de notre seule volonté ? Non, bien entendu. Pour beaucoup, si nous regardons en arrière dans nos vies, nous pouvons voir que, à un moment ou à un autre, au moment d’un ‘surrender’ (abandon, reddition) même temporaire mais profond, Il nous a pris et nous a amenés à ses Pieds saints, et nous en devenons conscients, de manière très détaillée, quelquefois des années après. Alors qui fait les choses ? Nous-mêmes ou Père ? Père bien entendu. Nous ne sommes pas les acteurs. Et il semble que si nous suivons le Sanatana Dharma, nous faisons juste librement ce qui doit être fait.

Et pour ce stupide bonhomme, il sait pourquoi il a un nez si long. C’est parce que Père le mène par le bout du nez. Regardez comme quelquefois cela est drôle. Lorsque l’année dernière ce stupide Krishna est entré à Sudama, n’était-ce pas la maison de sa mère Devaki ? Et savez-vous ce que Ma Devaki lui a dit en lui présentant un homme un peu plus âgé que lui ? “ Krishna, voici Balaram ! ” Ainsi est la lila de Père. Nous ne sommes pas les acteurs, tout est la lila de Père ! (5)

Ainsi nous a-t-il faits être avec Lui ce jour-même. Et tout le monde sait qu’il ne va pas faire un grand discours. les discours sont encore pour nous. Père est au-delà des mots. Il n’est pas venu sur la terre pour parler, mais pour une étape plus avancée. D’ailleurs il dit que tout a déjà été dit par les nombreux sages de cette terre sacrée de Bharat. On peut maintenant trouver des livres partout pour écouter les mots de ces lumières. Et Père a résumé toute science, toute philosophie et toute religion en une seule phrase : “ Mon Père seul existe ! ”

Chacun d’entre nous sait que les mots ne sont que du domaine du mental et qu’ils ne peuvent nous conduire que jusqu’à un certain point et pas plus loin. Au-delà de ce point commence la véritable réalisation. Mais ce travail n’est pas aisé dans le monde actuel. Yogiji a résumé toute sadhana en un seul mot : le Nom du Seigneur.

Ma Devaki disait la semaine dernière, et que Père pardonne si la citation n’est pas exactement dans les mêmes termes : “ Bhagavan a dit qu’il n’avait rien apporté de nouveau. Mais il a dit qu’il a donné le NOM au monde. ”

Cela est aussi l’indication-même de ce que nous avons à faire : répéter et chanter le Nom, mais aussi donner ce Nom que nous avons reçu au monde qui a tant besoin de RAMA. Répandre partout le nom de RAM et le nom de Yogi RAM-SURATKUMAR qui sont un seul et même Nom.

Ce petit être revient de Nagpur où, avec le Sadhu Rangarajan, nous avons rencontré un homme pieux qui, depuis quinze ans, répand le Ramnam et a créé des centres partout en Inde. Nous avons aussi participé à un beau Ramnam Homa. Cet homme dit qu’un jour il a ressenti que c'était ce qu'il devait faire. Et ainsi s'unissent ceux qui suivent le Ramnam. Telles sont les voies de notre Père divin.

Chanter Son nom, c’est aussi chanter Sa gloire et cette gloire est pratiquement le seul sujet de conversation ici. Il en était ainsi l’autre jour avec un brillant dévôt de Yogiji, qui avait eu la surprise, alors qu’il voulait prendre en photo les saints pieds de Père le jour du Dipam, de les voir imprimés dans son coeur et non sur la pellicule parce qu’il n’y en avait pas dans l’appareil. Nous étions dans un rickshaw et parlions de Père et, aux mêmes moments, nos corps connaissaient la même réaction, vous savez, la peau devient comme celle des poulets, comme nous disons en France. Et la discussion vint sur Sri Ramakrishna et tous deux étions unis dans les mêmes sentiments, dans la même question et dans la même chair de poule. Quelques traits nous vinrent à l’esprit, et il dit : “ Nous n’avons pas eu la bénédiction de voir Sri Ramakrishna mais dans cette vie nous sommes bénis parce que nous avons la grande chance de Le voir sous les traits de Yogiji. ” Mais à la question de savoir si, comme disait Sri Ramakrishna, “ ce n’était pas dans le sens védantique ”, le rickshaw s’arrêta.

Oh Bharat Mata, Sainte Mère, tu as donné et donne à cet être stupide la véritable nourriture, le lait de la Vache, et tu lui as donné le seul Père qu’il cherchait dans l’obscurité. Tu l’as envoyé dans cette vie loin de toi afin que Tu lui manques. O Mère, je m’incline devant Toi ! Vande Mataram ! O Père, vous savez que ce nez n’est pas assez long ! Oh oui, Bharat est ma Mère, Yogiji mon Père ! ”

(Om Om Om)

 

 

1 'Mère Inde'
2 “ Il tient le van (ancien mot, racine du mot ‘vannerie’). Or Yogiji tient le van (en anglais fan), éventail fait en vannerie .
3 “ Toi aussi, Tu es Cela ”.
4 Yogiji, constamment, a le pouce et l’index de la main gauche qui semblent comme égrener un mala.
5 La mère de Krishna se nommait Devaki, et son frère aîné Balaram.