V. Ganeshan, Sri Ramanashram |
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Chacun d'entre nous révère son Guru comme un Mahatma - une grande âme. Le mot 'Guru' signifie aussi 'grand' tandis que le disciple est le "laghu" ou 'petit'. Cette grandeur se rapporte à la présence divine que recherche le disciple. Pourtant, c'est le Guru qui nous recherche. Que pouvons-nous espérer de nos faibles efforts ? C'est le Guru plein de compassion qui vient à nous et nous sauve de l'abîme de l'ignorance et de la souffrance.
Shri Aurobindo disait que l'avènement d'un saint ou d'un sage n'arrivait que "pour racheter, pour aider le chercheur arrêté qui lutte". Les saints ne demandent ni adoration ni reconnaissance. Ce sont les disciples qui s'adonnent à de telles luxures."
Un texte védantique énumère huit types de Gurus :
1.- Bodhaka Guru : professeur qui fait des conférences sur la philosophie et les shastras.
2.- Vedaka Guru : professeur qui clarifie les doutes surgissant de l'expérience personnelle.
3.- Nishidda Guru : adepte des charmes et des sorts, qui s'implique dans le monde des esprits.
4.- Kâmika Guru : conseiller dans les chemins donnés dans les écritures pour satisfaire ses désirs.
5.- Suchaka Guru : il est l'aiguille pour la vie supérieure. Son exemple personnel de calme et de discipline éveille la même chose dans le shishya.
6.- Vâchara Guru : Il implante la soif de la connaissance du Soi dans le shishya qui est mûr.
7.- Kâraka Guru : Il donne l'upadesa de l'unité du jiva et du Brahman.
8.- Vihita Guru : Il détruit toutes les vasanas restantes et accorde la mukti éternelle.
On doit se rappeler que toutes ces distinctions n'existent que pour la compréhension du disciple-étudiant, et que de telles définitions ne limitent en aucune manière la liberté et les pouvoirs d'un saint. Il est toujours libre. "Quoiqu'engagé et quelque soit l'environnement dans lequel il puisse se trouver, celui qui est établi dans le Soi est toujours au repos; et celui qui est satisfait du Soi est toujours pur." (Atma Sakshatkara, v. 45, 46). Celui qui reconnaît un saint 'comme il est' est en vérité très fortuné !
Dans toute l'histoire spirituelle, deux saints n'ont jamais été pareils. Chacun est unique. Il n'y a qu'un Gautama Buddha, un Jésus-Christ, un Adi Shankara, une Mirabaï, un Paramahamsa Ramakrishna et un Bhagavan Ramana, chacun surpassant l'autre en ce qu'il a d'unique. Pourtant, en essence, ils sont identiques dans leur manière d'être. De la même manière, nous trouvons un facteur commun dans leur but (s'ils en ont un !) - soulager la douleur des autres !
Les doctrines et les insistances peuvent différer, les habitudes personnelles et les manières de rencontrer les besoins des gens à des époques différentes et dans des sociétésdifférentes peuvent varier, mais on ne peut manquer de noter la compassion, l'amour, la grâce, les bénédictions, la paix et le silence qui se manifestent en la présence d'un saint. Le propos même de cette existence qui continue dans le corps, après qu'il ait réalisé la Vérité lui-même, est de soulager la souffrance de l'humanité.
Beaucoup de gens sont affligés par des maladies physiques, d'autres sont tourmentés par des problèmes mentaux, tandis que les chercheurs sérieux rencontrent aussi des difficultés. Tous ont une chose en commun : ils ont besoin d'aide. Ils souffrent, et c'est pourquoi ils cherchent celui qui les délivrera de leur souffrance. Ici commence la quête de l'homme pour la fin de la peine terrestre. Et elle se termine avec le plus grand cadeau de sa vie en trouvant et en s'abandonnant aux pieds bénis d'un véritable saint.
Lorsque le coeur est pur, dépourvu des toiles d'araignée du jugement mental, il est facile de tomber dans le giron d'un saint. Je veux dire qu'il est vain d'essayer de tenter et d'estimer un saint par soi-même. On doit plutôt s'abandonner soi-même et permettre au saint de se révéler lui-même, entrant ainsi dans son embrassement éternel. Ce n'est ni de la fiction ni de la conjecture mais une réalité qui connaît des témoignages répétés dans les vies de numbreux chercheurs et 'voyants'.
Une fois, alors que quelqu'un demandait à Sri Ramana Maharshi pourquoi il était en colère avec un homme qui avait fait une erreur, il dit : "Je me suis mis en colère avec l'erreur, pas avec celui qui a fait l'erreur." Telle est la compréhension de celui qui sait !
Des milliers de personnes de tout poil s'attroupent près de Yogi Ramsuratkumar, le Sidda Purusha du siècle. Jamais personne ne l'a quitté les mains vides, tant grand et absolument plein est son don ! Qu'il soit assis parmi les nombreux mendiants dans les enceintes du Temple de Sri Arunachaleshvar, ou dans la petite véranda de sa maison de Sannidhi Street, ou (maintenant) dans son grand ashram à Agrahara Kollai, toute son attention se porte uniquement dans le fait de déverser sa grâce, sa compassion et ses bénédictions sur toutes les âmes ardentes qui se tournent vers lui pour obtenir de l'aide. Il ôte leurs problèmes et leur peine. Peu importe le statut des individus, seul compte l'intensité de leur souffrance. Ce n'est pas celui qui souffre qu'il voit, mais la souffrance.
Comme Sri Yogi Ramsuratkumar le déclare : "Père a donné le travail de prêcher et d'enseigner à Sri Aurobindo, à Bhagavan Sri Ramana Maharshi et à Swami Ramdas. Mais, pour ce mendiant, Père a donné pour seul travail celui de soulager la souffrance des autres !"
Comment pouvons-nous pénétrer la compassion immense derrière chaque acte d'un Sage ? Lorsque Sri Yogi Ramsuratkumar réduisit la forte pression sanguine de l'homme le plus riche de l'Inde du Sud, ou quand il acheta le lot entier de malas d'une tzigane paysane, la sauvant ainsi de son errance à travers les rues cuisantes de soleil, ces deux actes étaient égaux. Les sages vivent pour l'amour des autres.
Ceux qui ont vécu étroitement avec Sri Yogi Ramsuratkumar savent qu'il prenait peu de soin pour son confort physique. Quelle que soit la saison, on pouvait le voir errant dans tout Tiruvannamalai, habillé en guenilles, avec peu pour manger, et avec seulement un arbre pour refuge. Même alors, son attention n'était que pour aider et bénir ceux qui venaient à lui.
La même compassion sans limite donne maintenant l'apparition d'un grand et magnifique ashram, non pas pour s'abriter lui, mais pour protéger et préserver pour la postérité une fidèle qui s'est totalement abandonnée et qui a cherché un refuge entier à ses pieds bénis. Sri Devaki est ainsi suprêmement bénie en vérité ! On ne peut voir ceci comme quelque chose d'autre que le couronnement de son intense guru-bhakti.
Comme les poètes,, les artistes et les hommes de lettres rempliront ce 'Souvenir' de récits sur la gloire de Sri Yogi Ramsuratkumar, je me retiendrai de raconter des anecdotes à son propos, bien qu'il y ait des histoires à profusion qui feraient vibrer les oreilles de beaucoup de lecteurs !
Mon coeur est empli de gratitude, d'amour et de dévotion envers Yogi Ramsuratkumar. J'offre ce coeur, rempli de sa grâce et de sa présence, aux pieds sacrés de ce grand Siddha Purusha.