Une puissante personnalité

Ilaiyaraaja

Publié dans  The Hindu, Madras,  8 juillet 1990

Davantage de publicité pour ce mendiant ! est-il certain de s'exclamer avec délice en voyant ceci imprimé. Ses yeux éclatants se fronceraient et il porterait la main à la bouche, cachée derrière une barbe blanche généreuse, comme pour retenir les éclats de rire. Sa joie est contagieuse, en prenant tout le monde et toute chose dans son heureuse demeure. Son rire est un vin (un médicament si vous préférez) puissant, assez puissant pour bannir les soucis de la vie, pour rafraîchir à la fois le corps et l'esprit.

Yogi Ramsuratkumar n'est pas différent de la foule des mendiants qui traînent autour du temple magnifique d'Arunachalesvarar à Tiruvannamalai (Tamil Nadu). Il est peu probable que le passant occasionnel lui accorde un second regard. Ni les robes ocre distinctives du sannyasi ni le blanc sans tâche du saint, les nuances de terre de ses modestes vêtements se mélangent à l'environnement.

La maison qu'il occupe maintenant, à un jet de pierre de l'entrée principale du temple, est elle aussi sans prétention. Son toit incliné et sa véranda munie de barreaux contrastent avec la modernité à plusieurs étages des autres bâtiments qui se tiennent collés l'un à l'autre dans la même rue. L'égout à ciel ouvert devant la maison sert de toilettes publiques.

Pendant trente-huit ans le Yogi a vécu et a joué le rôle de mendiant sans toit avec le panache d'un millionnaire insouciant. Ne demandant rien à personne et n'acceptant aucun mérite pour lui-même, on ne peut que deviner l'énorme influence et l'aide opportune qu'il a tranquillement apportées dans les vies d'innombrables personnes.

Swami, comme on l'appelle affectueusement, est bien connu, non seulement au Tamil Nadu mais aussi bien plus loin en Inde et à l'étranger, quelquefois dans des endroits inattendus. Bien qu'il y ait de brèves périodes où il est seul, il est habituellement occupé à répondre à un courant apparemment sans fin de visiteurs qui le retiennent chez lui ou, quelquefois, dans les cours dallées spacieuses du temple.

Le darshan est toujours quelque chose d'informel. Saisissant dans une main une noix de coco usée servant de bol pour mendier ainsi qu'un éventail en feuille de palmier, l'autre levée haut en bénédiction, le Yogi est vif, même sérieux. La sensibilité, l'empathie et la compassion profondes qui rayonnent de son visage angélique n'ont d'égales que la confiance, l'admiration, voire la véritable vénération des familles des suppliants, des mendiants, fermiers, professionnels, enfants, hommes d'affaires. Alors que certains sont heureux en présentant leurs respects, d'autres racontent leurs problèmes et attendent des réponses.

L'effet cumulatif du spectacle, observé à intervalles réguliers pendant plusieurs mois, est celui de l'abandon à la sainteté. Il se produit un phénomène qui est au-delà de nos compétences. Aucune charpente individuelle de chair et d'os ne peut porter le fardeau de tant de malheurs communs et d'une telle aspiration collective ni personnifier les qualités extra-dimensionnelles habituellement attribuées aux statues de pierre, sans l'essence d'un principe divin.

En un rien de temps, Yogi Ramsuratkumar devance l'idolâtrie. "Mon Père seul existe. Rien d'autre, personne d'autre. Passé, présent, avenir, seulement mon Père, omniprésent, partout. En Lui tout est inclus. Tout objet, tout homme, tout animal, oiseau, arbre, pierre, tout n'est rien d'autre que mon Père."

La douceur de ses paroles - en anglais, en tamil et en hindi - donne une fausse idée de la force de sa personnalité. Beaucoup percent le mendiant de questions. Avez-vous des visions ? Avez-vous des expériences spirituelles ? Avez-vous vu Dieu ? A toutes ces questions, sa réponse est : "Tout ce que je connais c'est le Ram Nam. Pour lui il n'est nul besoin de réalisation, de visions, d'expériences ou de quoi que ce soit d'autre. Le Ram Nam est tout. "Chantez le nom nuit et jour ! Je fais comme me l'a ordonné mon Maître. C'est assez pour ce mendiant !"

Et il donne librement de l'essence de sa vie. Si le cadeau est sous-évalué par le sophistiqué, ça n'est que parce que le Yogi offre le fruit de l'expérience difficilement gagnée pour un prix bien moindre que celui qu'il a payé lui-même. Pour l'âme illettrée, d'un autre côté, ce processus de prendre-et-donner est un échange peu compliqué.

Assis près de l' arbre magizha à l'intérieur du grand temple (le sthala vriksha d'Arunachala), le Swami est approché par un jeune couple avec son bébé d'un an. Son visage s'illumine alors qu'il bénit l'enfant. Les parents disent : "Swamiji, il y a quelques mois nous vous avons apporté notre bébé et nous vous avons supplié de guérir sa jambe arquée et tordue. Vous l'avez bénie en disant que la jambe du bébé allait se remettre. Maintenant, nous ne nous rappelons pas qu'elle ait été arquée. La guérison et si parfaite." Levant les mains au ciel le Yogi dit : "Ce mendiant ne fait rien, Amma ! Tout cela est la gloire de Père. Père seul bénit. Père seul guérit. C'est seulement Père qui protège tout.

Dans sa maison, le sol n'est pas balayé. De petites choses recouvrent salement la surface. Les grilles de fer de la véranda sont complètement cachées par le mur solide que forment les guirlandes de fleurs accumulées. Un tas de sable remplit un coin. Les bruits d'un marché affairé font intrusion dans l'atmosphère mal ventilée, ajoutée à l'odeur âcre qui émane de l'égout au-dehors. Dans ce désordre apparent, un chien des rues trouve de l'espace pour faire une paisible sieste.

Un groupe d'occidentaux qui visitent le Sri Ramanasramam rendent visite au Yogi avec une liste de questions. Il les reçoit chaleureusement mais leur demande de revenir le lendemain, leur demandant du temps pour formuler les réponses. Ils sont de retour le lendemain. Le questionnaire en main, le Yogi lit la première question : "Nous voulons être initiés dans un mantra par une personne compétente. Pourriez-vous s'il vous plaît nous dire vers qui nous tourner. Il répond : "Ce mendiant sent que vous devriez être initiés par Sri Swami Viresvarananda, President du Ramakrishna Matt à Calcutta. " Avant de pouvoir continuer, le groupe se prosterne devant le Yogi et confesse : "Swami ! Pardonnez-nous s'il vous plaît. D'autres gens nous ont dit que vous étiez un grand siddha purusha. Nous voulions tester l'authenticité de votre grandeur. Nous sommes juste venus de Calcutta après avoir été initiés par notre guru, Swami Vireshvarananda.

Le visage du Yogi brille de compréhension en répondant gracieusement : "Non, n'ayez pas de remords. Vous avez parfaitement raison de tester ce mendiant. Le grand maître Sri Ramakrishna Paramahamsa n'a-t-il pas dit que l'on devait complètement tester un mahatma, sous tous les angles, avant de l'accepter comme guru ?"

Né dans un village proche de la ville sainte de Varanasi, Yogi Ramsuratkumar a eu une enfance heureuse, jouant le long des rives de la Ganga. Plus tard, dominé par un sentiment de calme intense, il a commencé à fréquenter le temple de Visvanath et il a recherché la compagnie des sâdhus et des sannyasis. Sa vie a changé. Au lieu de vides pérégrinations dans le monde, il a désiré Dieu. Un moine l'a guidé vers Ramana Maharshi et Sri Aurobindo.

C'était en 1949. Comme s'il était emporté par une destinée bienfaisante, il a rencontré Sri Aurobindo à Pondicherry, Ramana Maharshi à Tiruvannamalai et Swami Ramdas à Kanhangad. Tout ce qu'il a absorbé alors allait plus tard porter de riches fruits. En 1950, à la fois Sri Aurobindo et Sri Ramana Maharshi ont disparu Cela l'a reconduit vers "Papa" Ramdas qui l'a initié dans le Ram Nam. Le Yogi soupire. "C'est en 1952 que mon Père, Swami Ramdas, a donné cette folie à ce mendiant."

Dès lors, Yogi Ramsuratkumar a été inséparable d'Arunachala, la magnifique montagne sacrée qui s'élève à une hauteur de plus de 780 mètres, avec la ville de pèlerinage Tiruvannamalai nichée à sa base. Pendant des âges, des sages sont venus ici, explique-t-il, pour s'abriter. C'est une tradition vivante distinguée, une lignée qui comprend Jnanasambandhar, Arunagirinathar, Virupaksha Devar, Guhainamasivaya Jnana Desikar, Seshadri Swamigal et Ramana Maharshi.

Voici un homme qui aurait peut-être pu se vautrer dans le luxe d'un grand ashram ou vivre comme un roi. A la place, il vit comme un mendiant, vêtu d'habits non lavés, mangeant un peu de tout ce qui lui vient, et fumant des cigarettes à la file. Néanmoins, les gens recherchent sa compagnie, invoquent ses bénédictions et sollicitent ses conseils.

Une fois encore, le Yogi débite un démenti : "Père distribue les devoirs. Nous ne faisons tous que Son travail. A Sri Ramakrishna Paramahamsa, Bhagavan Ramana Maharshi, Swami Ramdas et Sri Aurobindo Il a donné le devoir d'enseigner. Il n 'a pas donné ce devoir à ce mendiant. Avoir foi dans les paroles de ces maîtres, c'est le devoir qu'il a accordé à ce mendiant. Ainsi ai-je foi dans les Ecritures, dans les paroles de ces maîtres. C'est assez pour ce mendiant !"

Un dévot sérieux plaide : Si telle est la condition d'une âme aussi élevée que vous, Swami, qu'en est-il de nous ? Swami rugit : "Là où se trouve la foi, il n'y a pas de destin !" Ses paroles retentissent comme des coups de pistolet. "Ayez foi. Le destin deviendra inopérant."

Toutes les paroles pieuses du monde restent lettres mortes si elles ne sont pas pratiquées dans la vie de tous les jours. Est-ce difficile ? Faisant un geste magistral, le Yogi dit : "Pour ceux qui vivent centrés sur Dieu, la vie est différente." C'est simple, n'est-ce pas ?

Et je l'ai entendu chanter Sri Rama, Jaya Rama, Jaya Jaya Rama, Jaya Jaya Rama, Jaya Jaya Ram. D'une voix mélodieuse qui fait arrêter le temps, ce chant obsédant d'amour m'amène des larmes aux yeux.

Un jour que j'étais assis près du Yogi, un vers tamil m'est venu de manière spontanée. Dans ce vers, les noms sacrés de déités chéries de mon coeur sont liés les uns aux autres. Le Yogi a paru embarrassé quand son nom est apparu avec celui des grands saints.

Oh, comme cette vie est bénie !
Comme je suis privilégié de me rappeler,
Même pour un moment fugace
Grand-père Koti Swami, Mère Mayi Ma,
Ce Splendide Soleil de Jnana : Ramana
Et Yogi Ramsuratkumar
Le but de la vie atteint, de quoi ai-je besoin de plus ?

 A forceful personality

By Ilaiyaraaja

Published in the daily  Hindu, Madras,  dated July 8th 1990.

              More publicity for this beggar! he is certain to exclaim in delight when he sees this in print.  His flashing eyes would crinkle and he would put his hand to his mouth, hidden behind a generous white beard, as if to hold back the peals of laughter.  His joy is infectious, sweeping everyone and everything into its blissful fold.  His laughter is potent wine (medicine, if you prefer), enough to banish the cares of life, to refresh both body and spirit.

             Yogi Ramsuratkumar is no different from the scores of beggars who hang around the magnificent Arunachaleswarar Temple in Tiruvannamalai(Tamil Nadu).  The casual passerby is unlikely to give him a second glance.  Neither in the distinctive ochre robes of the sanyasi nor the spotless white of the saint, the earthy hues of his unassuming attire blend with the surroundings.

           The house which he now occupies, a stones throw from the main entrance to the temple, is equally unpretentious.  Its sloping red-tiled roof and iron-barred verandah contrasts with the multi-storeyed modernity of the other buildings which stand cheek-by-jowl of the same street. The open sewer in front of the house serves as a public convenience.

            For thirty-eight years the Yogi has lived and played the role of a homeless beggar with the panache of a carefree millionaire.  Asking nothing of anybody, and accepting no credit for himself, one can only guess at the enormous influence and timely aid he has quietly brought into the lives of innumerable persons.

              Swami, as he is affectionately called is well known, not only in Tamil Nadu but also farther afield in India and abroad, sometimes in quite unexpected quarters.   Though there are brief periods of privacy, he is usually engaged in fielding a seemingly endless stream of visitors who catch him at home or, some times, in the spacious flagstoned courtyards of the temple.

              The darshan is always  an informal affair. Clutching a worn, coconut-shell begging bowl and palm-leaf fan in one hand, the other raised high in benediction, the Yogi is brisk, even businesslike.  The deep sensitivity, empathy and compassion radiating from this angelic figure is matched only by the trust, admiration, even sheer reverence of the supplicants:families, mendicants, farmers, professionals, children, businessmen.  While some are content with paying their respects, others relate their problems and wait for answers.

             The cumulative effect of the spectacle, observed at regular intervals over several months, is one of surrender to sanctity.  Here is a phenomenon beyond ones ken.  No individual frame of flesh and bone can carry the burden of so much common woe and collective aspiration, nor personify extra-dimensional qualities usually attributed to images of stone, without the marrow of divine principle.
In a flash, Yogi Ramsuratkumar preempts idolatry.  My father alone exists.  Nothing else, nobody else.  Past, present, future, only my Father, all-pervasive, everywhere.  In Him, everything is included.  Every object-man, animal, bird, tree, stone-all is nothing but my Father.

             The gentleness of his speech-English, Tamil and Hindi- belies the force of his personality.  Many drill this beggar with questions. Do you have visions?, Do you have spiritual experiences?, "Have you seen God?.  For all these, his reply All I know is Ram Nam. For him there is no need for realisation, visions, experiences, or any else. Ram Nam is everything.  Chant the name all 24 hours! I do as ordained by my master.  Thats enough for this beggar!.

            And he gives freely of his life essence.  If the gift is under-valued by the sophisticated, it is only because the yogi is offering the fruit of hard-earned experience for a price far less than what he himself has paid.  For the unlettered soul, on the other hand, this process of give-and-take is an uncomplicated exchange.

            Sitting near the magizha trees inside the big temple (the sthala vriksha of Arunachala), the Swami is approached by a young couple with their year-old baby.  His face lights up as he blesses the child.  The parents say, Swamiji, a few months ago we brought our baby to you and begged you to cure its bent and contorted leg.  You blessed it saying that the babys leg would become all right.  Now, we ourselves do not remember which leg was bent.  The cure is so perfect.  Raising his hands to the sky the Yogi says, This beggar does nothing, Amma!  Its all Fathers glory.  Father alone blesses, Father alone cures.  It is Father alone who protects all.

In his house, the floors are unswept.  Odds and ends litter the area.  The iron grills of the verandah is completely obscured by the solid wall of accumulated flower garlands.  A sandpile fills one corner.  The sounds of a busy marketplace intrude the stuffy atmosphere, laced with the pungent odour emanating from the drain outside.

A group of foreigners visiting Sri Ramanasramam call on the Yogi with a list of questions.  He receives them warmly but requests them to return the next day, pleading time for formulating replies.  They are back the following day.  The questionnaire in hand, the Yogi reads out their first question: We want to be initiated into a mantra by a competent person.  Will you please suggest whom should we turn to?  He replies this beggar feels that you should be initiated by Sri Swami Vireswarananda, President of Ramakrishna Mutt in Calcutta.  Before he can continue the group prostrate before the Yogi  and confesses, Swami! Please forgive us.  We heard from others that you were a great siddha purusha.  We wanted to test the genuineness of your greatness.  We have just come from Calcutta after being initiated by our guru, Swami Vireswarananda.

The Yogis face shines with understanding as he graciously replies.  No, dont feel remorseful.  You are perfectly right in testing this beggar.  Has not the great master, Sri Ramakrishna Paramahamsa said that one should test a mahatma thoroughly from all angles before accepting him as the guru?.

Born in a village near the holy city of Varanasi, Yogi Ramsuratkumar had a happy boyhood playing along the banks of the Ganga.  Later, overcome by a sense of intense dispassion, he began frequenting the Visvanath temple and sought the company of sadhus and sanyasis.  His life changed.  Instead of empty wanderings in the world, he longed for God.  A monk guided him to Ramana Maharshi and Sri Aurobindo.

It was 1949.  As if swept along by a benevolent destiny, he met Sri Aurobindo in Pondicherry,  Ramana Maharshi in Tiruvannamalai and Swami Ramdas in Kanhangad.  Whatever he imbibed then was to bear rich fruit later.  In 1950, both Sri Aurobindo and Sri Ramana Maharshi passed away.  This drove him back to Swami Ramdas who initiated him into Ram Nam.  The Yogi sighs.  It was in 1952 that my Father, Swami Ramdas gave this madness to this beggar.

Since then, Yogi Ramsuratkumar has been inseparable from Arunachala, the beautiful sacred mountain which rises to a height of over 780 metres, with the pilgrim town of Tiruvannamalai nestling at its base.  For ages, sages have come here, he explains, for shelter.  It is a distinguished living tradition, a lineage which includes Jnanasambandhar, Arunagirinathar, Virupaksha Devar, Guhainamasivaya Jnana Desikar, Seshadri Swamigal and Ramana Maharshi.

Here is a man who could, perhaps, have wallowed in the luxury of a big ashram or lived like a king.  Instead, he lives as a beggar, dressed in unwashed clothes, eating a little of whatever comes his way, and chain-smoking cigarettes.  Nevertheless, people seek his company, invoke his blessings and solicit his advice.

Once again, the Yogi reels off a disclaimer.  Father distributes duties.  All of us do only His work.  To Sri Ramakrishna Paramahamsa, Bhagavan Ramana Maharshi, Swami Ramdas and Sri Aurobindo  He gave the duty of teaching.  To this beggar He has not given that duty.  To have faith in the words of these masters alone, that is the duty allowed to this beggar.  Thus, I have faith in the scriptures, in the words of these masters.  That is enough for this beggar.

An earnest devotee pleads, If this is the condition of such elevated soul like you, Swami, what about us?.  Swami roars, Where there is faith, there is no fate!.  His words ring out like piston shots.  Have faith. Fate will become inoperative.

All the pious words in the world remain dead letters unless practised in everyday life.  Is it difficult?  Executing a masterly gesture, the Yogi says, Those who live centered on God, their lives are different.  Simple, isnt it.

And I have heard him sing Sri Rama, Jaya Rama, Jaya Jaya Rama, Jaya Jaya Rama, Jaya Jaya Ram.  In a mellifluous voice which makes time stand still, this haunting song of love brings tears to my eyes.

Once sitting by the side of the Yogi, a Tamil verse came to be spontaneously.  In it the sacred names of my heart's cherished deities are strung together.  The Yogi looked embarrassed, as his name appeared along with great saints.

Oh, how blessed is this life!
 How privileged am I to remember, even if for a fleeting moment
 Grandpa Koti Swami, Mother Mayee Ma,
That Splendid Sun of Jnana, Ramana
And Yogi Ramsuratkumar,
Lifes purpose gained, what more do I need?