Passionné de philosophie et de religion, je me rends souvent au marché central de Port-Louis à la découverte de nouveaux ouvrages sur le sujet. Un beau jour, vers la fin mars de cette année, je fus attiré par un exemplaire de "RAMA NAMA". Je commençai tout de suite à feuilleter le livret. La photo d'un saint homme en faisait la couverture. Je ressentis immédiatement un profond amour, une vénération spontanée pour ce saint homme. Au même moment naquit le désir de le connaître. Qui était-il ? Pourquoi mon coeur se mit-il à battre pour lui ? D'ordinaire, j'éprouve une grande attraction pour les saints, mais la photo du Yogi m'attirait d'une façon singulière, voire forte.
De retour au bureau, je commençai à parcourir le livret. Je pus ainsi découvrir le nom de ce saint homme : YOGI RAMSURATKUMAR. D'autres questions jaillirent en mon esprit. Où pourrais-je le rencontrer ? Il y avait une adresse sur la couverture du livret : Royal Road, Calebasses. Je me posais la question : est-il véritablement un saint, ou un autre charlatan ? J'ai connu d'autres mahatmas, swamis et soi disant gurus qui m'ont laissé un sentiment de profonde déception. Je sentais cependant que le yogi ne tombait pas dans cette catégorie. Une force me poussa à composer le numéro de téléphone qui se trouvait sur le livret. A l'autre bout du fils, je prenais contact avec une personne merveilleuse : KRISHNA. Je ressentis une affection immédiate et spontanée pour Krishna et me suis envolé à sa rencontre en voiture. La rencontre, pleine du yogi, fut sublime. Je fis ainsi plus ample connaissance avec ce saint homme et me suis tout de suite abonné au mensuel RAMA NAMA.
Quelques jours plus tard, Krishna m'invita à une congrégation spirituelle le jour du Ram Navami, c'est à dire le dimanche 5 avril, au Tulsi Krit Hanuman Mandir de Chitrakut. J'ai rencontré là d'autres dévots du Yogi, en particulier Ajay ABBANA que je connaissais déjà. Une procession quitta le temple pour se diriger vers le lieu où le futur YOGI RAMSURATKUMAR ASHRAM serait construit, tout en chantant des bhajans et des kirtans. J'étais émerveillé par la sincérité et la dévotion de ces fidèles.
Dès ce jour le désir de rencontrer le Yogi s'amplifia. D'une façon subtile, je sentais que notre rencontre allait se concrétiser dans un proche avenir. Entre-temps, Krishna et moi maintenions un contact régulier. Je fus invité pour l'inauguration du terrain en temps qu'ashram. Ma foi et mon amour pour le Yogi s'intensifiaient en même temps. Tel fut aussi le cas de mon désir pour son darshan qui, j'en avais le pressentiment, n'allait pas tarder.
Krishna me proposa de devenir membre fondateur de l'Association du YOGI RAMSURATKUMAR ASHRAM, proposition que j'acceptais volontiers. Je sentais que telle était la volonté du Yogi et je m'y pliais. Presque au même moment, on me proposa un cours de huit semaines dans le sud de l'Inde, plus précisément à Hyderabad. Je sentis que c'était le Yogi qui manipulait les choses pour m'attirer vers lui. J'acceptais donc la proposition, laissant dans ses mains le soin du résultat.
Une dizaine de jours avant GURU PURNIMA, je ressentis un besoin intense d'écrire au Yogi. Ce désir était si fort que je n'ai pu m'empêcher d'appeler Krishna pour avoir son adresse. Au moment de poster ma lettre, je ne savais pas que j'allais le rencontrer quatre semaines plus tard.
C'est en effet là que l'on me fit savoir que je devais me rendre dans la Grande Péninsule et que mon départ devait se faire dans la semaine même. Les quelques jours précédant ce départ furent très difficiles et laborieux. A part les préparatifs précipités, j'avais beaucoup de choses à régler concernant ma famille et mes activités professionnelles. J'étais tellement pris que je n'eus même pas le temps d'avertir Krishna. Ce n'est que la veille de mon départ que je pus lui signaler que j'allais partir pour l'Inde et probablement rencontrer le Yogi.
En embarquant dans l'avion le vendredi 8 août, je souhaitais rencontrer le Yogi le jour du KRISHNA JANMASTHAMI, c'est à dire le vendredi suivant si toutefois cela était en conformité avec sa volonté. Tel était le cas, semblait-il, car je pris le train le jeudi 14 août à 19h30 à Hyderabad pour me rendre à Chennai et ensuite à Tiruvannamalai. Après un long voyage en train d'environ 15 heures, suivi de 5 heures d'autobus, j'arrivais finalement à destination. C'était le jour du Janmasthami et je me trouvais à l'ashram à l'heure du darshan. Il y avait environ 200 personnes qui attendaient le Yogi. J'étais visiblement fatigué, mais je me sentais merveilleusement calme. Je demandais des renseignements en indiquant que je venais de l'Ile Maurice. On me répondit que je ne pouvais seulement qu'avoir le darshan du Yogi, mais que le fait de le rencontrer ne dépendait que de lui. Je me sentais découragé lorsque soudain apparut la voiture du Yogi. D'un bond les fidèles se levèrent pour le saluer. Je fis de même. La voiture du Yogi passait lentement afin que tout le monde puisse avoir son darshan. Mon coeur criait : "Je suis arrivé, Bhagavan ... je suis arrivé, ... accepte moi." Après le darshan, on me fit savoir que Bhagavan désirait me voir. J'étais comblé de joie et de gratitude. On me demanda d'attendre pendant que les fidèles se régalaient du darshan et de la bénédiction du Yogi. Une fois le darshan terminé, le Yogi sortit s'asseoir dehors et les fidèles se regroupèrent à l'intérieur de la salle de prière pour chanter des kirtans. On m'invita alors à m'approcher du Yogi. Je ne pouvais plus retenir mes larmes quand je me prosternai aux pieds du Yogi.
- Votre nom ? me demanda-t-il avec une tendresse extraordinaire.
Je déclinais mon identité. Il s'enquit aussi de mes parents et de ma profession.
- D'où venez-vous ? fut l'autre question.
- De l'Ile Maurice, Bhagavan.
- L'Ile Maurice ? Connaissez-vous Krishna Carcelle ?
- Oui, Bhagavan. C'est grâce à lui que j'ai entendu parler de vous, Bhagavan.
Le Yogi était visiblement content en évoquant le nom de Krishna. Je pouvais sentir qu'il tenait Krishna en haute estime et l'aimait profondément.
- Combien de temps allez-vous rester ici ?
- Peut-être jusque dimanche soir ou lundi matin, Bhagavan. Je me rendrai ensuite à Tirupathi avant de reprendre mon cours à Hyderabad.
Yogiji fit appeler Makarandji, un grand dévot et une grande âme comme Krishna. Il pris sa main dans les siennes et lui demanda s'il permettait que je partage la même chambre que lui. Je fus touché par ce geste. Bhagavan savait que je n'avais pas fait d'arrangements pour mon hébergement et, gracieusement, il m'offrait une place dans son ashram. Makaranji, quant à lui, était ravi d'accéder à la requête de Bhagavan. La conversation continua, Makarandji servant d'interprète. Finalement, Bhagavan me demanda de me retirer en me lançant : "Que Mon Père te bénisse." Avec sa permission, je laissais entre ses pieds une carte pleine de dévotion et d'amour confectionnée pour lui par mes enfants.
Après une brève visite au Ramana Ashram, je plongeais dans un profond sommeil pour me réveiller tôt le lendemain. Suivant les conseils de Makarandji, je me précipitais pour le darshan du matin. Je rencontrais là beaucoup d'autres fidèles, dont Ma Rajeshvari, Mani, Shaktivel, Selvaraj et Brett Carlson. Ce dernier vit à Tiruvannamalai depuis plus d'un an et une profonde amitié me lia à lui. Je baignais dans l'amour de tous ces dévots tout le long de mon séjour à l'ashram. Makarandji partit vers onze heures, me laissant seul dans l'appartement. Je profitais de mes temps libres pour prendre plus ample connaissance de l'ashram du Yogi. Lorsque j'exprimai le désir de prendre au moins une photo de Bhagavan, on me fit comprendre que celui-ci n'aimait généralement pas être photographié. J'insistais auprès de Mani pour qu'il transmette mes souhaits à Bhagavan.
C'était dimanche, le dernier jour de mon séjour. Après le darshan du matin, Bhagavan m'appela et m'autorisa à le fixer sur pellicule. Si grandes furent ma joie et mon émotion que je ne pris qu'une seule photo. Il me donna sa bénédiction et me demanda de partir. Les autres fidèles me demandèrent pourquoi je n'avais pas pris plus de photos. Je leur expliquais que je ne voulais pas abuser de la permission qu'il m'avait si généreusement octroyée. Dans mon âme j'étais satisfait de l'avoir photographier, ne serait-ce qu'une fois.
Après avoir passé quelques heures au Ramana Ashram et visité l'Arunachala, je retournai à l'ashram vers l'heure du darshan. Je fus agréablement surpris lorsque, d'une façon inattendue, Bhagavan m'appela. Il prit mes mains entre les siennes. Quelques minutes s'écoulèrent en silence entre nous. Puis, sachant que j'allais bientôt partir, il me donna sa bénédiction.
- Bhagavan, je pars ce soir. Je vais me rendre à Tirupathi.
- Que Mon Père te bénisse ! Que mon Père bénisse Madhu et prenne soin de lui !
Je me jetai à Ses pieds pour faire mes adieux à ce grand saint homme.