AUX PIEDS DE
YOGI RAMSURATKUMAR

Makarand Paranjape

 

 

Pranams aux Pieds de Lotus de Yogi Ramsuratkumar, qui attise la flamme de la Connaissance du Soi avec le japa mélodieux du Ramnam !

Pranams à Ma Devaki, dont la pureté et la grâce nous rappellent que la réalisation est le mieux exprimée par la dévotion et le service.

Les gens matérialistes se gonflent d'autosatisfaction lorsqu'ils connaissent quelqu'un "de grand et de puissant"; ils se vantent de et utilisent (mal) leurs "contacts". Les mendiants de Dieu eux aussi se sentent "fiers" de leurs "contacts". Par exemple, regardez ce fou stupide appelé Makarand Paranjape : combien il est heureux, béni et privilégié de "connaître" le grand Yogi de Tiruvannamalai - là, où Arunachala sacré demeure dans toute sa majesté de tueur d'ego !

Makarand Paranjape, par le contact divin, ne se gonfle pas mais s'effondre, comme un ballon percé. L'ego est l'air; lorsqu'il est touché par l'âme réalisée, il est réduit à son véritable état de non-substance.

Tiruvannamalai, déjà si pure du tapas de tant d'âmes réalisées, à la fois visibles et invisibles, à la fois dans des corps physiques et dans des corps subtils, porte maintenant témoignage d'un autre miracle, l'élévation rapide de l'ashram de Bhagavan. Quelle grande et noble oeuvre de magie et d'espièglerie divines est-ce, cette grande habitation pour le "sale mendiant". Oh Bhagavan, ce doit être si drôle de nous mettre tous au travail, de nous sauvegarder de nos stupidités et de notre égoïsme? Pour une âme enivrée de Dieu, qui a passé des années comme un vagabond sans demeure, dormant aux portes des boutiques ou sous les arbres, comme ce doit être drôle de construire un grand ashram. Ne vous méprenez pas, les amis, cet ashram est l'exaucement de nos propres prières que Bhagavan nous a accordé dans sa bonté. Ici, plusieurs générations de chercheurs spirituels, fatigués et las du stress et de la fatigue du monde, viendront pour trouver leur véritable soi. Ceux qui ont travaillé jour et nuit pour construire cet hymne de béton et d'acier sont de véritables karmayogi, dont la sadhana a fleuri sous la propre conduite spéciale et stricte de Bhagavan.

Tout ce que fait Bhagavan est pour notre bien; vous pouvons penser que nous Le servons, que nous faisons Son travail dans le monde, mais en réalité, tout ceci est pour notre développement spirituel et notre perfection. Le fardeau de péchés de plusieurs vies est allégé par le regard d'un saint homme, telle est notre croyance traditionnelle. La présence en ce temps et cet âge déchu d'Hommes divins comme Bhagavan nous permet d'avoir un aperçu de nos potentialités, de lutter pour nous nettoyer de nos egos, de nous offrir de tout notre coeur au Divin. Car sans une telle transformation de conscience, le monde ne sera jamais changé.

Lorsque le juge Arunachalam m'a téléphoné de Madras, me faisant part de la demande de Bhagavan d'écrire cet article pour Son Souvenir, un frisson à la fois de joie et de crainte a parcouru mon être. De joie parce que Bhagavan s'est souvenu de moi, bien que je sois indigne. Comme il est généreux et aimant ! D'abord de me donner une place dans son coeur et dans ses pensées, et ensuite de me donner une place dans le souvenir pour son Ashram.

Quel privilège. Mais j'eus peur aussi : serai-je capable de lui rendre justice ? Que pourrais-je écrire, moi dont le mental et l'intellect sont faibles et corrompus par le monde ? Même avec ma conscience limitée je savais que la vie d'un saint ou d'un sage ne peut jamais être écrite ou dite du fait qu'elle est au-delà des mots et de la parole. Sri Aurobindo a dit un jour quelque chose à ce sujet : "Personne ne peut écrire sur ma vie car il n'a pas été donné à l'homme de voir." De la même manière, nul ne peut écrire la vie de Yogi Ramsuratkumar. Le feu et vénéré Paramacharya de Kanchi, Swami Chandrasekara Sarasvati, a un jour dit de manière énigmatique : "Il appartient à Suryaloka". Quelle est la véritable nature de ces grandes âmes ? D'où viennent-elles ? Quel est leur rôle dans ce monde ? Personne ne peut répondre à ces questions.

En dépit de mes peurs je ne me tourmentai pas. Qui, après tout, écrivait cet article ? Etait-ce "Moi" qui l'écrivais ou était-il écrit à travers moi ? Derrière le mental et l'intellect limités se trouve le pouvoir illimité de la Divinité. Si tel était le cas, Bhagavan lui-même écrivait cet article à travers moi. Je me dis : "Pourquoi m'en ferais-je ? Laisse Bhagavan faire comme il le souhaite." Bien entendu, cela ne veut pas dire que mes fautes et péchés innombrables peuvent être oubliés ou qu'on puisse fermer les yeux dessus, c'est à moi de rectifier et de corriger, avec la grâce de Bhagavan, bien entendu.

Notre première rencontre avec Bhagavan est toujours mémorable. La mienne arriva de manière tout à fait inattendue, un après-midi de novembre 1992. Deux jours plus tôt, je visitai l'Ashram de Shri Aurobindo à Pondicherry, pour la première fois. Bien que j'avais réservé à leur International Guest House, j'étais arrivé trop tard pour en profiter. Le responsable était parti et l'homme qui le remplaçait fut incapable de me donner ma chambre. Préoccupé, je cherchais un autre hébergement. On me dit que la seule chose possible à cette heure (il était 19 heures) était un dortoir qui se trouvait à Samarpan. Samarpan, le nom de la guesthouse, était aussi mon état mental. Abandon, abandon. Parce que nous ne pouvons savoir nous-mêmes ce qui est le mieux pour nous. Ce fut dans ce dortoir que je rencontrais quelqu'un de Tiruvannamalai. Le simple nom de la Colline Sacrée envoya des frissons dans ma colonne vertébrale. Il m'invita à y venir pour le voir. J'étais déjà un prisonnier d'Arunachala et de Bhagavan Ramana. Aussi une visite était-elle inévitable.

Après avoir passé l'après-midi au Ramanashram, je rendais enfin visite à mon ami. Il devait être environ 16h30. Je devais prendre un bus pour repartir à Pondicherry pas plus tard que 18h30. Nous nous sommes inclinés aux portes du Grand Temple, prenant la décision d'y entrer une autre fois. Mon ami m'emmena alors jusqu'à une petite maison derrière le Temple où Bhagavan vivait alors. Il y avait une foule de gosses à la porte. "Regarde, c'est Ilayaraja" (1) s'exclama mon ami... Lorsque nous sommes arrivés à la maison, Ilayaraja était déjà à l'intérieur. La pièce était remplie et personne d'autre ne fut autorisé à entrer.

Je demeurais sur les marches, mes maigres offrandes de fruits à la main, attendant que la porte s'ouvre. Pendant ce temps, les gosses des rues faisaient réellement beaucoup de bruit, montant aux fenêtres, criant et hurlant, essayant de jeter un oeil au fameux Yogi et au compositeur renommé. Par deux fois, quelqu'un sortit pour les faire filer. J'eus peur, on pouvait aussi me demander de partir ou leur mauvaise conduite pouvait affecter la manière dont je pouvais être reçu.

Rien de tel n'arriva. Après un moment, Ilayaraja sortit. Il me fut demandé d'entrer. Nous passâmes les marches l'un et l'autre. Quelque chose me fit hésiter à le saluer, à lui dire combien j'admirais sa musique. Le moment passa. J'étais à l'intérieur et Ilayaraja était de retour dans sa voiture. On me dit que son film devait sortir le jour suivant et qu'il était venu chercher les bénédictions de Bhagavan.

La pièce était sombre. Quelques femmes se tenaient derrière moi, qui chantaient. J'identifierai plus tard l'une d'entre elles comme étant Ma Devaki. Il y avait d'autres dévots à côté de Bhagavan. Mais, merveille des merveilles, il fumait ! Je fus surpris. Il y avait des paquets de cigarettes Charminar éparpillés près de lui. Ils y avait aussi des amoncellements de fleurs et de fruits. Je fis mes pranams et mes offrandes. Bhagavan ne sembla pas beaucoup intéressé par moi. Il parlait en tamil à d'autres dévots, ponctuant fréquemment ses remarques par "seri" (2). Il éclatait aussi de rire de temps en temps dans une joyeuse allégresse d'enfant. Son visage, caché derrière une barbe blanche, rayonnait et ses yeux brillaient de gaîté. Il demandait à d'autres personnes de lui lire et leur posait des questions ici et là. Un jeune homme entra, se prosterna, laissa une carte à Ses pieds, et partit. Lorsqu'on la lut, on vit que c'était une invitation à son mariage imminent ! Avant que Bhagavan puisse le bénir correctement, il avait disparu. Tout le monde rit.

Bhagavan se tourna alors vers moi. Ses gestes étaient calmes et mesurés, comme s'il avait tout le temps été dans le monde.

Bhagavan : "Quel est votre nom ?"

Moi : "Makarand Paranjape."

Bhagavan : "Makarand Paranjape. Makarand Paranjape. Seri."

Puis il fit une pause avant de demander : "Que faites-vous ?"

Moi : "J'écris un livre sur Sarojini Naidu."

Bhagavan : "Sarojini Naidu. Bien. Très grande femme."

Il me donna une pomme et dit : "Makarand Paranjape, Mon Père vous bénit. Vous pouvez partir maintenant."

Je me prosternai devant lui. Il me tapa fortement deux fois le dos et rit de bonheur. Ce fut tout. Ma première rencontre fut très simple, mais elle fut spéciale. Je fus rempli d'un flot de puissance. Je me sentis le coeur léger et heureux. J'avais observé Bhagavan minutieusement. Lorsqu'il levait ses mains pour bénir quelqu'un, l'air entier semblait bourdonner d'une étrange électricité. C'était comme un courant de Grâce. Ma Devaki me dit plus tard que je fus très chanceux de l'avoir reconnu lors de la première rencontre. Dehors, je remerciais mon ami de m'avoir pris avec lui jusqu'au GRAND YOGI et je mangeais le prasad, pépins et tout.

Par la suite, j'envoyai à Bhagavan des exemplaires de mes livres. Je le faisais parce que je ressentais que j'aurais beaucoup de chance si Bhagavan avait ne serait-ce que jeté un oeil sur eux. J'avais raison. Il y avait un livre d'histoires courtes dont l'une d'elles, "le Sufi", obtint beaucoup de Sa grâce. Ce fut cette histoire qui me tira vers Bhagavan de nouveau car il demanda à Ma Devaki de m'écrire.

Ceci est la courte histoire de mon contact avec Bhagavan. Il y a beaucoup d'autres incidents que je n'ai pas racontés pour des raisons de place. Peut-être une autre occasion permettra-t-elle de remplir ces vides. Je peux seulement dire que Bhagavan est pour moi l'incarnation de l'amour et de la grâce. Il répand ses bénédictions sur tous de la même manière, sans se soucier de leur capacité à les mériter ou à les absorber. Je l'ai toujours prié de me donner le courage et la connaissance pour me rappeler à moi-même et pour être moi-même en tous temps et en toutes circonstances. La grâce du Guru est constante; c'est seulement notre capacité de l'absorber qui vacille et oscille comme une flamme instable. Mais si nous prions assez fort, peut-être pourrons-nous même être bénis pour nous abandonner de plus en plus pleinement, pour nous ouvrir à Sa grâce éternelle de telle sorte que graduellement, même sans en avoir conscience, nous devenions de moins en moins comme nous-mêmes et de plus en plus comme Lui - aimant, pardonnant et compatissants envers tous. Le Guru est, après tout, comme le paras-mani, qui transforme le métal de base de l'humanité commune en l'or de la divinité.