Swami SATCHIDANANDA |
|
Venir à Anandashram en janvier 1949, c'était comme de revenir chez moi, mon véritable chez moi. Depuis le lendemain de mon arrivée à l'Ashram, j'ai été occupé à servir les Maîtres Swami Ramdas (Bien-aimé Papa) et MèreKrishnabai (Pujya Mataji) de toutes les manières possibles. Je suis devenu en très peu de temps uni à l'Ashram. Ils m'ont appris que la Sadhana ne consistait pas seulement à s'asseoir en méditation les yeux fermés, mais que c'était aussi de vivre une vie normale avec un souvenir constant de Dieu et de faire toutes les actions en les Lui dédiant, faisant ainsi de chaque mouvement du Sadhaka un acte d'adoration.J'ai compris petit à petit qu'ils étaient tout et au-delà, les servir voulait aussi dire servir tous les autres. J'ai trouvé en Papa Bien-aimé et en Mataji mes parents divins et dans tous les adhramites et visiteurs mes frères et soeurs. J'ai trouvé la paix et la joie véritables dans ma vie, une paix et une joie comme jamais depuis je n'ai connues.
En vivant parmi nous avec leur Vision Universelle et par leur spontanéité, leur simplicité, leur humilité et leur noblesse, ils m'ont appris quele but de la vie humaine était de réaliser Dieu et la manière de vivre, de parler et d'agir d'une personne qui a réalisé Dieu. Ils m'ont appris comment on pouvait vivre pour les autres, comment l'on pouvait embrasser le monde entier comme son propre et comment on pouvait aimer les autres non seulement sans attendre quoi que ce soit en retour mais aussi quand ce retour était dur à avaler. Par leurs actions et leur attitude ils m'ont appris comment on pouvait demeurer dans le monde parfaitement détaché comme des gouttes d'eau sur une feuille de lotus. J'ai vu comment ils faisaient quelquefois face à des situations déplaisantes et en riaient comme des enfants.
Je suis venu à eux absolument brut et sans forme comme
une motte d'argile. Je me suis abandonné à eux.
Ils m'ont gracieusement pris en main, pressé, écrasé
et moulé pour me donner forme comme leur instrument pour
servir tout le monde. Papa Bien-aimé m'a aussi donné
une foule d'occasions d'être avec ses enfants spirituels
qui venaient le voir en tant que chercheurs sérieux et
sont plus tard devenus desMahatmas comme Yogi Ramsuratkumarji
Maharaj. Comment, à partir d'une nature apparemment possessive
et obstinée, le Yogii qui avait reçu l'initiation
de Papa s'est élevé à la hauteur d'enfant
Divin d'Arunachala est quelque chose que tous les anciens Sadhakas
doivent imiter. Ne se souciant même pas des nécessités
de base du corps, il s'est complètement jeté aux
pieds de son Maître qu'il appelait toujours 'mon père'.
Il est rare de voir une si intense vairagya. Pendant 40 ans environ,
tout en continuant de se refuser tous les besoins normaux, il
est devenu source de consolation et de protection pour d'innombrables
dévots, particulièrement au Tamil Nadu. Son abandon
à son Guru a été total. Il avait toujours
l'habitude de dire : "Mon Père seul existe, rien
d'autre, personne d'autre." Même après avoir
abandonné son corps, le Yogi continue d'en inspirer baucoup
dans la voie de la dévotion. Je me rappelle encore la référence
touchante qu'il a faite au moment de notre rencontre à
la guest-house du Sri Ramanasramam à Tiruvannamalai après
une longue période de quatre dizaines d'années.
Répondant à quelqu'un qui lui demandait s'il attendait
depuis quelques heures, il a répondu : pas depuis des heures
mais depuis quarante ans.
Rencontrer des saints est une bénédiction. Être
avec eux est une bénédiction plus grande. Avoir
la chance de les servir est un grand privilège.