Il fume cigarette sur cigarette, mange à partir d'une noix
de coco craquée, brandit un éventail fait d'une
seule feuille de palmier et dort dans les vérandas des
boutiques, dans les enceintes du temple ou sous le ciel étoilé.
Mais Yogi Ramsuratkumar n'est pas un vagabond. Il a des diplômes
de trois des plus grandes universités de l'Inde : Sri Aurobindo,
Ramana Maharishi et Sri Ramdas. Mais à 71 ans, l'étudiant
est lui-même devenu un maître., et ses "étudiants"
vont des savants tamils jusqu'aux simples serviteurs. Ils viennent
d'aussi loin que l'Arizona, USA, pour quelques moments en or.
Son enseignement est simple - et cache une vie complète
d'étude intérieure : "Ressentez la présence
du Père au-dedans et dans tout ce qui vous entoure et la
direction du Divin dans toutes vos actions. Dieu n'est pas loin;
Il est ici, juste là où vous êtes."
Son repaire se trouve dans la ville de Tiruvannamalai, au pied
du Mont Arunachala, dans l'Inde du Sud, où la légende
dit que Shiva est apparu comme une colonne de lumière de
feu. Il s'éveille à la cacophonies des corbeaux
ou aux plaintes des chiens errants qui viennent le voir pour des
aumônes, et qui les obtiennent. Les dévots le cherchent
de la première aube jusque tard le soir. Invariablement
il leur demande brusquement pourquoi ils viennent le voir et il
répète : "Je suis un mendiant. Qu'ai-je à
vous donner ?" Il insistent en restant. Il rit, se réjouissant
de leur foi invincible, et avec son rire commencent les bénédictions.
Mais le voir n'est pas garanti. De nos jours, vous devez être
invité à partir d'une porte en fer dilapidée
qui se trouve à l'extérieur de la seule pièce
qu'il occupe. Pour ceux qui viennent pour la première fois,
c'est plus imposant que la tour d'entrée du temple à
quatre étages sur la rue. Mais juste quand il semble qu'il
n'est pas là, ou que vous avez peur de ne pas être
assez dignes, il apparaît. Il peut être là
avec son éventail de chaume à la drôle de
forme dans une main et agitant l'autre comme s'il repoussait tout
le fardeau que vous avez amené secrètement, puis
il sourit et vous renvoie. Ou il peut vous inviter à entrer.
L'auteur Ma Navaratham et son mari Thiru ont eu cette chance et ils ont prit ces notes : "Sous l'arbre Punnai, au milieu de tas de paquets de journaux, de ramilles séchées, de feuilles fanées et d'ordures pourries, nous l'avons rencontré pour la première fois. Il joue avec ses doigts comme s'il égrenait le mala et les lèvres murmurant "Om Sri Ram Jaya Ram Jaya Jaya Ram." Nous commençons à ressentir une grande vague de joie en sa présence et nous réalisons la Réalité lumineuse qui touche notre conscience. Le Yogi rit, plaisante, jouit de sa cigarette, et dans sa joyeuse liberté il nous permet de nous libérer de l'emprise des désirs, des demandes, des peurs, du stress et de la faiblesse.
"Bine que la discussion aller-retour soit rare, la jeune Kumari Nivedita toucha un jour de manière innocente un nerf sensible lorsqu'elle douta de son identité de mendiant. "Ainsi tu ne crois pas que je suis un mendiant ?" défia-t-il. "Si vous le dites" objecta-t-elle rapidement. "Alors que penses-tu de moi ?" "Je pense que vous êtes un grand yogi", dit-elle carrément. Qu'entends-tu par yogi ?" demanda-t-il. - "Vous n'êtes affecté ni par le plaisir ni par la peine, ni par la louange ou la condamnation..." dit-elle en citant la Gîta. "Mais cette pierre ici est aussi comme çà. Est-ce qu'elle est un yogi ?" demanda-t-il. "Vous n'êtes pas une pierre, la pierre va se casser si on la frappe avec un marteau", insista-t-elle. "Ma jambe aussi", répliqua-t-il. "Non, argua-t-elle, vous n'êtes pas le corps, alors vous ne serez pas affecté." "Mais comment sais-tu que je suis un yogi comme çà ?" harcela-t-il. "Vous avez dit au Dr Radhakrishnan que quiconque pense à vous de n'importe quelle manière, vous apparaissez devant lui comme çà. Je pense à vous comme à un grand yogi et c'est pourquoi vous m'apparaissez comme un grand yogi." Il abandonna et se mit à rire.
Le tournant : La mort d'un oiseau
Yogi Ramsuratkumar est né en 1918 sur les rives du Gange
près de Bénarès. Garçon il se liait
d'amitié avec les pittoresques sadhus, sages et mendiant,
passant tout son temps libres, et beaucoup de nuits, avec eux
devant le feu dhuni, fasciné par leur histoires merveilleuses
de Dieu et leurs visions yogiques. Le jour il les nourrissait.
Un jour, alors qu'il puisait de l'eau, la corde de son seau se
relâcha et tua un petit oiseau qui s'était perché
dans le puits. Il se sentit écrasé. Il porta la
créature sans vie près du Gange, accomplit un rituel
funèbre, l'immergea dans le fleuve et, les larmes coulants
sur ses joues, il jura que la compassion serait toute sa vie son
guide.
Il semble qu'il ait reçu une bonne éducation au collège mais qu'elle manqua pour lui d'intérêt. Il retourna graviter autour de ses vieux amis sadhus des rives du Gange. Une nuit l'un d'eux lui parla de deux saints de l'Inde du Sud : Sri Aurobindo et Ramana Maharishi. Le jeune chercheur de Dieu partit immédiatement, les trouva et s'assura d'un éveil profond au cours de cette période. Puis en 1950, alors qu'il se trouvait sur les hauteurs des Himalayas couverts de neige, il entendit dire que ses deux maîtres étaient morts. Il retourna immédiatement dans le sud à l'ashram d'une troisième grande âme divine, Ramdas. Deux fois auparavant il avait atteint les marches de l'ashram de Ramdas et était parti prématurément. Il était maintenant déterminé à ne pas perdre une autre "occasion en or d'être en la compagnie du grand maître." Ramdas le reçut, l'initia dans le grand Ram mantra et après quelque temps l'envoya en mission avec des bénédictions secrètes. Il erra dans l'Inde pendant sept ans, accomplissant une sadhana : voir le dedans et le dehors illuminés par la même lumière. Il arriva en 1959 à Tiruvannamalai, le même endroit où son maître Ramana Maharishi avait médité des dizaines d'années.
Hindouisme agressif
Yogi Ramsuratkumar n'a aucun organisation mais sa voix résonne
fortement dans les pages de Tattva Darsana, journal publié
par le Professeur Rangarajan, fondateur de la Sister Nivedita
Acadermy et disciple du yogi ...
Hinduism Today, via le Professeur Rangarajan, pouvait saisir le
Yogi pour quelques pensées candides. Il a rapidement prévenu
: "L'imitation des fausses valeurs qui ne s'accordent pas
avec l'environnement indien" est le plus grand défi
de l'hindouisme aujourd'hui. Faisant écho à la tradition,
il dit : "L'humilité, le désintéressement
et le respect des autres lors de l'accomplissement de nos devoirs
est la qualité spirituelle la plus grande, et les enfants,
convenablement élevé physiquement et mentalement,
sont les plus grand actif de n'importe quelle culture." Bien
que sa peau soit ridée et qu'il ait les cheveux blancs,
ce yogi a le feu dans ses yeux et lorsqu'il lance : "Le besoin
du jour est l'hindouisme agressif", vous prenez conscience
qu'il n'est pas un mendiant; c'est un roi qui donne des ordres.