Le Temple d'Arunaleshvara se tient au pied de la Montagne Sacrée
Arunachala et domine le plat pays du Tamil Nadu. A la base des
imposantes tours sculptées du temple, de simples mendiants
se rassemblent en de longues files. L'un d'entre eux est assis,
couvert de nombreux vêtements de tailles et de couleurs
différentes, un éventail de campagne à la
main, personnification de splendeur échevelée, et
pourtant son visage brille d'une lueur divine. Ce mendiant heureux,
dont le rire spontané est contagieux et joyeux, c'est Yogi
Ramsuratkumar. Les gens viennent à lui avec leurs problèmes
et il les enveloppe de paix. Sa compassion soulève leur
pesants fardeaux. Rares sont les êtres remarquables qui
vivent dans la présence consciente de la divine grâce
et qui peuvent la distribuer de manière désintéressée
à tous ceux qui viennent à eux.Nous avons aujourd'hui
en Yogi Ramsuratkumar cette présence vivante au pied d'Arunachala.
Yogi Ramsuratkumar est né dans un village près de
Varanasi dans l'Inde du Nord. Il était fasciné par
Ganga d'une manière inexplicable. Jouer sur les rives de
Ganga lui procurait un immense bonheur. Même jeune garçon
il désirait être en compagnie d'hommes saints qui
affluaient vers Ganga. De cette fréquentation, la pulsion
intérieure pour la paix véritable commença
à produire des vagues de désirs spirituel. Un incident,
apparemment ordinaire, changea pour de bon sa manière de
voir. Ce fut de voir la mort d'un oiseau. Cela amena chez lui
le message de la nature passagère de la vie. Petit à
petit, l'ivresse détrempa son âme. L'un des moines
qu'il rencontra à cette époque lui suggéra
de rencontrer Sri Aurobindo de Pondicherry dans l'Inde du Sud.
Les "Lumières sur le Yoga" de Sri Aurobindo élargirent
sa vision intérieure déjà mûre. Le
fait d'être simplement dans l'Ashram de Sri Aurobindo mit
le Yogi dans un état de folie divine. De là il fut
attiré par Sri Ramana Maharishi à Tiruvannamalai.
L'accessibilité totale de fut un cadeau énorme pour
Yogi Ramsuratkumar. Sri Ramana était disponible jour et
nuit pour les dévots. Il resta à Sri Ramanasramam
pendant quelques mois et se trempa dans la grâce qui se
répand partout de Sri Ramana.
Quelques incidents le touchèrent profondément. Comme
c'était une habitude au Sri Ramanasramam après la
puja au sanctuaire de la Mère, le plateau de l'arti lui
placé devant Bhagavan. Il prit un jour, comme d'habitude,
du Kumkum (poudre sacrée de couleur rouge) du plateau.
Il se fit que Yogi fut le premier à prendre le Kumkum que
Bhagavan n'avait fait que toucher. Le simple toucher du même
plateau le mit dans un état d'extase. Une autre fois, le
Yogi tressaillit en voyant la compassion de Sri Bhagavan. Un dévot,
Ekanath Rao, apporta un bol rempli de fruits divers coupés
en morceaux dans le hall où Bhagavan était assis.
Dans le grand bol, il y avait un petit bol avec des morceaux spécialement
coupés pour. Le sens de l'égalité de Bhagavan
était total et, bien que sa tolérance pour les dévots
fût immense, il n'aurait jamais quelque chose de spécial
pour lui. Quand Bhagavan remarqua qu'il y avait un bol à
part pour lui, il fut contrarié et il poussa brutalement
le bol sur le côté. Quelques morceaux tombèrent
par terre et y restèrent. Les dévots commencèrent
alors à distribuer les morceaux de fruits à tous
ceux qui étaient dans le hall. Tous dans le hall s'assirent
avec quelques morceaux dans les mains, ne voulant pas manger tant
que Bhagavan lui-même n'en avait pas eu. Plein de compassion
pour les dévots, Sri Ramana étendit le bras et ramassa
les fruits qui étaient tombés par terre et il commença
à manger. Le reste des dévots put alors manger.
Après avoir passé ces jours glorieux avec Ramana,
le Yogi alla dans les Himalayas. Avec le temps, la ferveur divine
qu'il avait vécue à l'Ashram de Sri Aurobindo et
à celui de Ramana commença à s'affaiblir.
Quand il apprit que Sri Aurobindo et Sri Ramana avaient quitté
leurs corps la même année il se rendit chez Swami
Ramdas. Swami Ramdas lui dit de chanter le Ram Nam (le nom de
Ram : Sri Ram Jaya Ram Jaya Jaya Ram) vingt-quatre heures. Il
le fit et il retourna dans un état de "folie divine".
Se rappelant le temps passé en présence de Sri Ramana,
Yogi Ramsuratkumar a dit : "Un jour, un sadhaka a posé
plusieurs questions au Maharishi. L'une de ces questions, avec
la réponse de Sri Ramana, fut traduite en anglais pour
ceux qui comme moi ne connaissaient pas cette langue. La question
était : "Si le Guru quitte son corps avant même
que le sishya (disciple) ait réussi dans sa sadhana, est-il
nécessaire pour le sishya de rechercher un autre Guru pour
le guider plus loin ?" La réponse fut : "Pas
nécessairement. Il peut continuer sa sadhana. La Direction
et la grâce l'inonderont indubitablement."
Quand quelqu'un s'aventura à demander au Yogi pourquoi
il était allé voir Swami Ramdas après la
mort du Maharishi, il daigna répondre: " J'avais commencé
à voir qu'un Pouvoir plus Grand s'exprimait qui m'utilisait
comme instrument. Bhagavan Sri Ramana Maharishi fut une influence
principale en modelant ce mendiant dans cet état. Après
sa disparition ce mendiant avait besoin d'un Guru incarné.
Il ne vit aucun conflit à aller voir Swami Ramdas. Ce fut
Ramdas qui a initié ce mendiant et qui lui a donné
cette folie ! La vie intérieures des saints comme Sri Ramakrishna
Paramahamsa, Sri Aurobindo, Bhagavan Sri Ramana Maharishi, J.Krishnamurti
and Swami Ramdas est très de très loin éloignée
de ce que nous pouvons percevoir d'eux extérieurement.;
ils ne sont pas seulement des corps. Il sont toujours enracinés
dans l'Infini Eternel."
Il y a autour de Yogi Ramsuratkumar une atmosphère parfumée
de tendresse, de beauté, de coulée éternelle
d'amour divin. Il a trouvé la félicité intérieure
et le rayonnement de cette félicité vers ceux qui
sont autour de lui est palpable; c'est pratiquement comme si on
pouvait le toucher. On peut oublier ses paroles, mais on n'oubliera
jamais sa présence ni le profond pouvoir invincible de
sa personnalité. Souvent après avoir parlé
à un dévot ou lui avoir soulevé son fardeau
'mondain', il le remplit du chant vibrant de Sri Ram Jaya Ram
Jaya Jaya Ram. Sa voix douce résonne, se réverbère
dans l'air. Et l'on sait qu'ici devant soi se trouve un homme
qui s'est libéré de toutes les chaînes du
monde et qui vit dans cet état divin d'union, d' 'unité'
avec toute la création.