Traditionnellement, en Inde, presque toutes les branches de la connaissance et les activités connexes étaient associées et dédiées à un dieu ou à une déesse. L'art, la science et la médecine ne faisaient pas exception. Généralement, les praticiens en ces domaines adoraient leur appel et essayaient ainsi de trouver Dieu. Peut-être l'idée sous-jacente est-elle le noble principe spirituel qui est de voir Dieu partout en tout. En tant que produits d'une telle tradition, il existe encore des professionnels dans tous les domaines qui sont activés par leur forte inclination spirituelle, malgré la domination croissante du rationalisme.

Le Dr Chidambaram en est un exemple typique. Il est médecin généraliste. Il a travaillé pendant de nombreuses années pour le Service de santé du gouvernement central. Plus tard, il a rejoint le Service Volontaire de Santé à Chennai. Maintenant, après avoir pris sa retraite, il sert le Ramanashram à Tiruvannamalai en tant que médecin. Etant quelqu'un qui a une forte inclination spirituelle, il avait visité Ramanashram, ce depuis 1979. Habituellement, il allait là-bas avec des amis médecins ayant les mêmes penchants, et leur programme comprenait le tour de la sainte Arunachala ainsi que des séances de méditation, soit au sanctuaire de l'Ashram soit dans certaines grottes de la sainte colline.

Au cours d'une de ces visites en 1985, un peu avant de terminer la circumambulation d'Arunachala, le docteur et ses amis se sont retrouvés devant la demeure de Bhagavan Yogi Ramsuratkumar près du Theradi Mandapam. Au sein du groupe, le Dr Ravi était un ardent dévot de Yogiji. Il insista donc pour qu'ils aient Darshan du Maître. Les autres, en particulier le Dr Chidambaram, n'étaient pas très enthousiastes. Ils pensaient peut-être que Yogi Ramsuratkumar n'était qu'un de ces sadhus à moitié nus qui étaient communs dans les lieux saints. Cependant, le Dr.Ravi l'emporta. Il demanda au Dr Chidambaram d'acheter des citrons pour offrir au Yogi, tandis que lui-même procédait à l'achat d'une guirlande. Quand revint avec la guirlande, il trouva le Dr Chidambaram debout à la porte de la maison du Yogi, des citrons à la main et de la réticence sur le visage. Il exprima même son refus d'y entrer, prétendant qu'il était complètement épuisé après une longue marche sous le soleil brûlant. Néanmoins, le Dr Ravi, embarrassé, frappa à la porte extérieure de la demeure. En ouvrant la porte intérieure, un préposé émergea et prononça le message énigmatique du Maître : "Swami demande de vous rendre au Ramanashram avec la guirlande et les fruits, et de les offrir là à Bhagavan Ramana".

Inutile de dire que le Dr Ravi fut complètement déçu. Mais, n'ayant pas d'autre alternative, le groupe d'amis procéda vers le Ramanashram. En arrivant là, le Dr Ravi demanda au Dr Chidambaram de prendre des dispositions pour offrir la guirlande et les citrons au sanctuaire de Sri Ramana. Mais le Dr. Chidambaram maintenait son humeur d'indifférence et se rendit à la salle de méditation. Normalement, à cette heure-là, le service du matin au sanctuaire était terminé. Mais étrangement, ce jour-là, le prêtre était bel et bien là. Il semblait attendre les offrandes. Quand l' ârati fut terminé, le Dr. Ravi fut ravi de voir la guirlande qu'ils avaient apportée pour décorer l'idole de Sri Ramana. Leur joie ne connut pas de limites, particulièrement celle du Dr Ravi. Il n'avait aucun doute que tout l'arrangement était le fait de la Lila de Bhagavan Yogi Ramsuratkumar.

Le Dr Chidambaram n'était pas là pour en être témoin. Le Dr Ravi et les autres se rendirent donc à la Salle de Méditation et lui racontèrent avec enthousiasme l'histoire de leur offrande. En l'écoutant, l'humeur du Dr Chidambaram changea. Il réalisa qu'une sorte de transformation se passait en lui, spécialement en ce qui concernait son attitude envers Bhagavan Yogi Ramsuratkumar. Il sentit que Bhagavan avait dû savoir par sa vision divine qu'ils séjourneraient au Ramanashram et qu'il avait donc ordonné que la guirlande et les citrons fussent transportés au sanctuaire. De plus, l'incident lui fit comprendre que Yogiji et Sri Ramana n'étaient pas différents.

Le D. Chidambaram retourna à Chennai avec ses ami. Au cours du voyage de retour, des pensées sur Bhagavan Yogi Ramsuratkumar occupèrent pleinement son esprit. Il se convainquit que la dévotion à Sri Ramana était de la dévotion à Yogiji. Au cours de ses visites ultérieures, Bhagavan lui demanda de lire les œuvres du Mahatma J. Krishnamuri. Cela renforça son point de vue selon lequel Yogiji soulignait l'unité des Maîtres illuminés et qu'il faisait tout pour les dévots bénéficient de la Grâce et des enseignements d'eux tous.

Leur deuxième visite à Bhagavan a eu lieu trois mois plus tard. Comme à leur habitude, ils restèrent au Ramanashram, eurent quelques séances de méditation, puis firent le tour de la colline sacrée d'Arunachala. Cette fois-là il n'y eu aucune résistance de quiconque à visiter Yogiji. Comme pour répondre à leur désir unifié d'obtenir Sa bénédiction, Swami descendit pour les recevoir. Pour reprendre les propres termes du Dr Chidambaram : " C'était un spectacle extraordinaire de voir Swamiji descendre les marches pour nous recevoir, il nous souriait et il y avait une lueur rare sur son visage. La tête inclinée, il m'a regardé. J'ai touché ses pieds. Bhagavan les conduisit ensuite dans Sa demeure et les fit asseoir face à Lui. Une brève discussion sur divers sujets s'ensuivit. Les médecins furent étonnés de la connaissance actualisée de Bhagavan sur ces sujets et de la facilité et de l'aplomb avec lequel Il en discutait. Au terme de la discussion, le Dr Ravi demanda sa photo au Maître. Le Maître dit qu'il pourrait l'avoir plus tard. À ce moment-là, le Dr Chidambaram se souvint qu'il avait déjà une photo de Bhagavan. C'était une photo qui était parue dans le bimensuel Balajotidam publié par Vidwan Lakshmanan, et qui contenait une brève biographie de Yogiji.

En arrivant chez lui, le Dr Chidambaram rechercha ce numéro particulier, avec la photo de Bhagavan. Mais il ne put pas le trouver. Il laissa alors le paquet de livres et de papiers où ils étaient, et il oublia entièrement la photo. Cependant, quelques mois après, il lui arriva de sortir un numéro au hasard de ce paquet pour le lire. Il y avait len couverture la photo du Seigneur Vinayaka. Au moment-même où il le regardait, le visage de Bhagavan Yogi Ramsuratkumar apparut tout à coup sur la couverture comme s'il s'agissait d'un croquis au crayon. La tête de Swami avec son turban lui apparut d'abord et ensuite son visage dans toute sa sérénité. Ce n'était pas une hallucination. Le médecin dit qu'il se trouvait à ce moment-là dans un état d'esprit tout à fait normal. La vision était réelle et elle dura de 15 à 20 secondes, et quand il ouvrit le livre, il vit que le numéro qu'il cherchait était comme resté coincé. Il était ravi d'y trouver la photo qui l'avait mystérieusement évité. Il la fit vite encadrer, et il la conserve toujours.

Au cours d'une visite ultérieure, lorsqu'il a mentionné cette anecdote à Bhagavan, Il a répondu en disant : " C'est la volonté de Père ". La manièire dont fonctionne la volonté de Père est une véritable merveille. La demande du Dr Ravi pour une photo a amené le Dr Chidambaram à se souvenir qu'il avait déjà une photo de Bhagavan. Il a donc renoncé à en demander une. La "volonté de Père" semble avoir enregistré cette pensée du docteur pour la suite. C'est vraisemblablement la raison pour laquelle le Dr Chidambaram a été invité à chercher
la photo dès qu'il est arrivé chez lui. La découverte de cette photo fut mystérieusement reportée de quelques mois, probablement pour la maturation de la foi du Dr Chidambaram. Naturellement, quand il l'a finalement trouvée, il a réalisé que c'était en fait la " grâce de Père " qui avait rendu cela possible. C'est pourquoi on dit que la dévotion profonde est une affaire entre le dévot et son Guru, qui pour lui n'est autre que Dieu. C'est une merveille, mais un fait, que chaque dévot est à meme de ressentir qu'il est quelqu'un de spécial pour le Guru. Comment le Guru crée ce sentiment d'intimité en chaque dévot est un miracle.

Le Dr Chidambaram et ses amis ont continué leur pèlerinage périodique pendant de nombreuses années. Lors de chaque visite à Tiruvannamalai, ils ont suivi le même horaire. Après avoir fait le tour de la colline, ils rendaient invariablement visite à Yogiji. Au cours du Darshan, Swami abordait des sujets dont ils parlaient avec désinvolture lors de leur promenade autour de la colline sacrée. Cela non seulement les a étonnés mais leur a fait aussi prendre conscience de l'aptitude surhumaine du Maître. Le Dr. Chidarnbaram affirme qu'à chaque fois qu'il a rendu visite au Maître, sa conviction qu'Il était une grande force spirituelle s'est renforcée. Il a toujours trouvé la paix, le réconfort et l'apaisement dans la pratique de l'étrange précepte du Saint : "Chantez le mantra, Yogi Ramsuratkumar, mon Père viendra à votre aide".

La grâce d'un guru vraiment éclairé est si complète qu'elle peut même attirer les âmes sceptiques. Dans la perplexité de la rencontre avec un tel Guru, on a tendance à douter de son éligibilité pour être introduit dans Sa Grâce. Mais une étude minutieuse de diverses rencontres de ce genre nous amène à croire qu'il existe une puissance cosmique qui guide et supervise constamment l'évolution des âmes. Vraisemblablement, quand une âme dans son long voyage atteint un stade où un Guru est absolument nécessaire, ce pouvoir toujours vigilant crée une situation favorable pour Le rencontrer, souvent mystérieusement. Peut-être est-ce ce qui est arrivé au Dr Chidambaram.

(Saranagatam, juin 2018)

Traditionally, in lndia, almost all branches of knowledge and the related activities were associated with, and dedicated to some god or goddess' Art, science and medicine were no exceptions. Generally, the practitioners in these fields worshipped their calling and thereby tried to find God. Perhaps, the underlying idea is the lofty spiritual principle of seeing God everywhere in everything. As products of such a tradition, still there are professionals in all fields who are activated by their strong spiritual inclination, in spite of the increasing domination of rationalism.

Dr. Chidambaram's is a case in point. He is a General Practitioner of Medicine. For many years he was working for the Central Government Health Service. Later he joined the Voluntary Health service, Chennai. Now, after retirement, he is serving the Ramanashram, in Tiruvannamalai, as a physician. Being a person with strong spiritual inclination, he had been visiting Ramanashram, since 1979. Usually he would go there with some like-minded doctor friends, and their program would include going round the holy hil1, Arunachala, and sessions of meditation either at the shrine of the Ashram or in some caves of the holy hill.

During one such visit in 1985, a little before completing the circumambulation of Arunachala, the doctor and his friends found themselves in front of Bhagavan Yogi Ramsuratkumar's abode near Theradi Mandapam. Of the group, Dr. Ravi was an ardent devotee of Yogiji. So, he insisted on their having Darshan of the Master. The others, particularly Dr. Chidambaram, were not very keen on it. They might have thought that Yogi Ramsuratkumar was just one of those half-baked Sadhus who were a common sight in holy places. However, Dr.Ravi prevailed upon them. He asked Dr. Chidambaram to buy some lemons to be offered to the Yogi, while he himself proceeded to buy a garland. When he returned with the garland, Dr.Chidambaram was found standing at the door of the Yogi's dwelling, with lemons in his hand and reluctance writ large on his face. He even expressed his unwillingness to go in, on the plea that he was thoroughly exhausted after a long walk in the hot sun. Nevertheless, Dr.
Ravi, embarrassed as he was, knocked at the outer door of the abode. Opening the inner door, an attendant emerged and pronounced the cryptic message from the Master: "Swami has asked you to proceed to Ramanashram with the garland and fruits, and offer them there, to Bhagavan Ramana".

Needless to say, Dr. Ravi got thoroughly disappointed. But, having no alternative, the group of friends proceeded to Ramanashram. On reaching there, Dr. Ravi asked Dr. Chidambaram to make arrangements for offering the garland and lemons at the shrine of Sri Ramana. But
Dr. Cllidambaram maintained his mood of indifference and went to the Meditation Hall. Normally, by that time, morning service at the shrine would be concluded. But strangely, on that day, the priest was very much there. He appeared to be waiting for the offerings. When the Aarathi was performed, Dr. Ravi was thrilled to see the garland they had brought decorating the idol of Sri. Ramana. Their joy knew no bounds, particularly Dr. Ravi's. He had no doubt that the whole arrangement was the Leela of Bhagavan Yogi Ramsuratkumar.

Dr. Chidambaram was not there to witness it. So Dr. Ravi and the others went to the Meditation Hal1 and narrated the story of their offering to him excitedly. As he listened to it, Dr. Chidambaram's mood changed. He realized that some kind of transformation was going on in him, especially with regard to his attitude towards Bhagavan Yogi Ramsuratkumar.
He felt Bhagavan must have known by his divine vision that they were staying at Ramanashram and therefore directed that the garland and lemons should be taken to the shrine there. Moreover, the incident made him realize tl:at Yogiji and Sri Ramana were not different.

Dr. Chidambaram, with his friends returned to Chennai in the evening. During the return journey also thoughts about Bhagavan Yogi Ramsuratkumar fully occupied his mind. He was getting convinced that devotion to Sri Ramana was devotion to Yogiji. During his later visits, Bhagavan used to ask him to read the works of the Mahatma, J. Krishnamuri. This reinforced. his view that Yogiji stressed the unity of enlightened Masters and was all for the devotees' benefiting by the Grace and teachings of all of them.

Their second visit to Bhagavan took place three months later. As was their wont, they stayed at Ramanashram, had some rounds of meditation, and then went round the holy hill of Arunachala. This time there was no resistance from anyone to visiting Yogiji. As if in response to their unified longing for His blessing, Swami came down to receive them. To put it in Dr. Chidambaram's own words, "It was an extraordinary sight to see Swamiji coming down the steps to receive us. He was smiling at us and there was a rare glow on his face. With tilted head, he looked at me. I touched his feet. Bhagavan then led them into His abode and made them sit facing Him. A brief discussion of various subjects followed. The doctors were
amazed at Bhagavan's up-to-date knowledge of those topics and the ease and aplomb with which He discussed them. As the discussion concluded Dr. Ravi requested the Master for His Photo. The Master said he could have it later. At that point of time Dr Chidambaram remembered that he already had a photo of Bhagavan. It was a photo that had appeared in the fortnightly, Balajothidam, published by Vidwan Lakshmanan, and had with it a brief biography of Yogiji.

On reaching home, Dr. Chidambaram searched for that particular issue, with Bhagavan's photo. But he could not find it. So he left the bundle of books and papers where they were, and forgot all about the photo. However, a few months later he happened to pull out one issue at random from that bundle for reading. It had the cover photo of Lord Vinayaka. Just as he was looking at it, all of a sudden, Bhagavan Yogi Ramsuratkumar's face appeared on the cover as though it was a pencil sketch. First Swami's head with his turban appeared and then his face in all its serenity. It was not a hallucination. The doctor says he was in an absolutely normal state of mind at that time. The vision was real and it lasted for 15 to 20 seconds and when he opened the book he found that the issue he was searching for had somehow got stuck to it. He was thrilled to find in it the photo that had been evading him mysteriously. Soon he got it framed, and it is still preserved by him.

During a later visit, when he mentioned this anecdote to Bhagvan, He responded, saying, 'It is Father's will'. How the father's will works is a real wonder. Dr. Ravi's request for a photo made Dr Chidambaram remember that he already had a photo of Bhagavan. Therefore he desisted from asking for one. 'Father's will' appears to have registered this thought of the doctor for follow-up. Presumably that is why Dr. Chidambaram was prompted to search for
the photo as soon as he reached home. The discovery of it was mysteriously postponed by a few months, probably for the maturation of Dr. Chidambaram's faith. Naturally, when he found it at last, he realized that actually it was 'Father's grace' that made it possible. This is why deep devotion is said to be an affair between the devotee and his Guru, who to him is none other than God. It's a wonder, yet a fact that every devotee is made to feel that he is somebody special to the Guru. How the Guru creates this sense of intimacy in every devotee is a miracle.

Dr. Chidambaram and his friends continued their periodical pilgrimage for many more years. During every visit to Tiruvannamalai, they followed the same schedule. After going round the hill, invariably they would visit Yogiji. In the course of the Darshan, Swami would touch upon the subjects they were casually talking about during their walk round the holy hill. This not only astonished them but also made them realize the superhuman capability of the Master. Dr. Chidarnbaram affirms that each time he visited the Master his belief that He was a great spiritual force got reinforced. He always found peace, comfort and reassurance in practicing the strange precept of the Saint, "Chant the mantra, Yogi Ramsuratkumar, my father will come to your help".

A really enlightened Guru's grace is so all-embracing that it can attract even sceptical souls. In the puzzlement of the encounter with such a Guru, one tends to doubt one's eligibility for being ushered into His Grace. But a careful study of various such encounters prompts us to believe that there is some cosmic power constantly guiding and overseeing the evolution of souls. Presumably, when a soul in its long journey reaches a stage at which a Guru is absolutely necessary, this ever-watchful power creates a favourable situation for meeting Him, often mysteriously. Perhaps this is what happened to Dr. Chidambaram.

(in Saranagatam, June 2018)