Un passage à Tiruvannamalai

A passage to Turuvannamalai
Makarand R. Paranjape

 

Un autre grand ashram est aujourd'hui apparu à Tiruvannamalai, le Yogi Ramsuratkumar Ashram. Le yogi, qui a reçu sa folie divine de son guru, Swami Ramdas, a erré ans l'Inde entière avant de faire sa demeure de Tiruvannamalai. Il a passé quelques 18 années à vivre dans les rues dormant dans les galeries des boutiques ou sous les arbres, se mêlant aux mendiants au temple, évitant toute publicité et toute attention. Mais petit à petit sa grandeur est devenue irrépressible et irrésistible. Même feu le Paramacharya de Kanchi a proclamé que le Yogi était une grande âme, une véritable dynamo spirituelle. S'appelant lui-même 'ce sale mendiant', Yogi Ramsuratkumar avait une simple bénédiction pour tous ceux qui venaient à lui : "Mon Père vous bénit."

Jusqu'à ce qu'il se dépouille de son corps en 2001, Tiruvannamalai a été béni de sa présence. Originairement du Bihar, Yogiji a vécu comme un vagabond sans abri avant que ses dévots décident de créer pour lui un grand ashram. Son enseignement est simple mais très fort : "Mon Père seul existe; personne d'autre, rien d'autre." Il n'a jamais fait de discours et n'a jamais prêché mais il n'a fait que bénir ceux qui venaient à lui. Il parlait anglais, en plus du tamil et de l'hindi. Divers hommes et femmes éminents du Tamil Nadu, des autres parties de l'Inde et de l'étranger étaient ses dévots.

Yogi Ramsuratkumar disait : "Ce mendiant n'a rien à enseigner. Tout ce qui était nécessaire a déjà été enseigné par Ramana Maharhi, Sri Aurobindo, mon maître Papa Ramdas et autres. Ce mendiant n'a que son nom à laisser derrière lui." Lorsque nous réfléchissons à cette déclaration, ses nombreux niveaux de signification se dévoilent petit à petit. D'abord, Bhagavan ne défend à personne de lire d'autres maîtres ni d'apprendre d'eux. En fait il nous les recommande, nous encourageant à lire, à étudier et à élargir nos horizons spirituals. Mais il insiste sur le fait de répéter son nom.

Il avait l'habitude de répéter : "Mon Père seul existe, personne d'autre, rien d'autre." Le nom "Yogi Ramsuratkumar" nous fait immédiatement nous souvenir de cette grande parole, qui en elle-même est une affirmation de la suprême non-dualité. Père seul existe, pas plusieurs mais un seul - pas vous, moi, lui, elle ni cela, mais seulement Père, Père partout. Derrière toute cette diversité apparente, il y a unité : c'est ce que nous rappelle Yogi. C'est vrai il semble que nous soyons plusieurs mais nous devons toujours avoir à l'esprit qu'en vérité nous sommes tous un - en fait aucune d'entre nous n'est en dehors de Père. "Père" indique le principe transcendental, Satchidananda Parabrahman.

Les splendeurs du nom son aussi infinies que ses pouvoirs. Plus vous en parlez et plus ils augmentent. Lorsque nous prononçons son nom, le Seigneur Lui-même répond. C'est comme une connexion directe avec "Père". Lorsque nous chantons le nom 'Yogi Ramsuratkumar', Il renouvelle notre charte à sa promesse d'amour et de protection. Nous nous souvenons de ses lilas et notre esprit se trouve purifié. Yogi chantait Lui-même son propre nom pour nous montrer que le nom était plus grand que n'importe quel individu ou que n'importe quelle personne.

"Mon Père Vous Bénit" :

Lors d'un de mes nombreux voyages à Tiruvannamalai il y a quelques années, c'est vers Yogi Ramsuratkumar que j'allais. Alors que le taxi approchait de la ville et que je jetais les yeux sur la colline sacrée, mon état d'esprit s'est élevé. J'ai ressenti qu'après tout il y avait pour moi de l'espoir; j'ai dû faire quelque chose pour mériter une telle proximité avec la colline de feu. Arunachala était si tranquille et si forte, si solide et vraie - juste là - nous rappelant la pure présence de la Réalité.

Je me suis souvenu de la pradakshina tôt le matin autour de la colline en compagnie d'un dévot plus âgé et de quelqu'un qui m'accompagnait. Nous sommes partis à 3h30 du matin, marchant sur le chemin de la montagne dans le sens des aiguilles d'une montre. La personne que j'accompagnais l'avait fait des douzaines de fois. Elle avait subi dans sa vie des épreuves et des traumatismes sans nom : un mari alcoolique qui s'était suicidé, la laissant pratiquement sans le sou; un fils qui semblait avoir hérité de son père les défauts mortels; une fille essayant de sortit d'un mariage malheureux; des années d'épreuves et de lutte pour s'assurer d'un toit sur la tête et d'un brin de confort pour ses enfants.

Pourtant, aujourd'hui, cette même femme semblait absolument préservée des chagrins du monde. A 65 ans elle était jeune, élégante, rayonnante et pleine d'enthousiasme et de rire. Quoique pieds nus, elle fixait le rythme de notre circumambulation. Plus tard, quand elle m'a dit qu'elle avait aussi de l'asthme, j'ai encore été plus stupéfié. Nous avons marché fermement pendant quatre heures, avec peu de conversation. A la fin nous sommes entrés dans le temple et sommes retournés au Yogi Ramsuratkumar Ashram après avoir rendu hommage au Seshadri Swami Ashram et au Ramanashramam. Quand je lui ai demandé comment elle faisait pour marcher pieds nus tout ce long chemin, elle a dit : "Oh, j'en ai l'habitude maintenant. Mais c'était très difficile la première fois. La peau pelait, mais j'ai pansé mes pieds et continue à marcher." A cette époque la route autour de la colline n'était pas aussi égale et goudronnée qu'elle l'est aujourd'hui. Cette femme n'est que l'une des centaines de milliers de personnes dont la vie a changé après être venus à Tiruvannamalai.

La première fois que j'ai été entraîné à Tiruvannamalai, c'était quand j'étais un adolescent imberbe, trop jeune pour comprendre la signification de la grâce. C'était le pur hasard qui m'avait amené ici. Quelqu'un m'a parlé du grand temple d'Arunachaleshvra et, alors que j'allais à Chennai à partir de Bangalore j'ai décidé de m'arrêter pour jeter un oeil. Ce n'est que plusieurs années plus tard que j'ai compris quelle chance j'avais eue. Quelque part, votre guru vous attend, vous suivant dans l'ombre comme un tigre qui surveille sa proie. Vous pensez que vous le cherchez, mais en vérité il a veillé sur vous, vous poursuivant de vie en vie. Comme l'a dit Ramana Maharshi : 'Arunachala! Tu extirpes l'ego de ceux qui médite sur toi dans le coeur, O Arunachala !' Le Maharshi lui-même est venu à Tiruvannama1ai, jeune home de 16 ans, après son expérience de la mort à Maduraï.

Plus de 100 ans maintenant après l'arrivée du Maharshi et 50 ans après qu'il ait quitté son corps, j'étais de nouveau à Tiruvannamalai, dans une recherche trop ancienne, trop urgente, en fait trop commune pour en parler. J'y suis allé de nombreuses fois entre-temps, j'ai même été une fois conduit au sommet de la colline de 813 m. Je suis allé à de nombreux ashrams et lieux saints, pas seulement par curiosité académique, mais poussé par la même soif ancienne qui fixe l'itinéraire d'innombrables aventuriers de l'esprit vers des terres d'où l'on ne revient pas. Au cours de l'un de ces voyages j'ai été 'présenté' à Yogi Ramsuratkumar. Si je continue d'aller à lui, je peux seulement dire que c'est son souhait, son fait. Loin de la nouovelle espèce de gurus, Yogi Ramsuratkumar était un saint are qui vous forçait à examiner votre être le plus profond.

A la vue d'une Ambassador blanche à Agrahara Collai à Tiruvannamalai, la ligne des pèlerins semet en ordre; mains jointes et têtes inclinées. Le chant commence : "Yogi Ramsuratkumar, Yogi Ramsuratkumar, Yogi Ramsuratkumar, Jaya Guru Raya." La sainte colline regarde sereinement.

De l'intérieur de la voiture, un homme avec un turban vert, une barbe blanche et des yeux perçants, regarde les dévots assemblés et lève la main : "Mon Père vous bénit", semble-t-il dire. Qui est Yogi Ramsuratkumar ? Si quelqu'un devait poser cette question devant lui, cela pouvait provoquer un éclat de rire infectieux. Ceux qui l'ont connu pendant des années se souviennent de plusieurs séances de rire de ce genre pendant lesquelles les problèmes les plus déprimants et les plus persistants se dissolvaient dans un amusement innocent.

Bhagavan parle peu lui-même : "Ce mendiant n'a rien à dire." Quand on le pousse à délivrer un message, il déclare : "Mon Père seul existe, rien d'autre, personne d'autre - passé, présent avenir - ici, là, partout !"

Paradoxalement, cette affirmation de pur non-dualisme exige une méthode de réalisation plutôt dualiste, voire mécanique : le japa, la répétition continuelle du nom du Seigneur. Ramsuratkumar se rappelle son initiation par Papa Ramdas, un maître spirituel célèbre du Kerala : "A ce moment-là, une force est entrée dans le corps, l'esprit, l'âme ou comme vous voulez l'appeler, de ce mendiant. Elle s'est mise à contrôler tous les mouvements. Puis ce mendiant est mort. Maintenant seule cette force dirige tout."

Papa Ramdas a donné le mantra, "Om Sri Ram Jaya Ram Jaya Jaya Ram" à Ramsuratkumar. "Récitez le pendant 24 heures", a ordonné son guru. Au début, Ramsuratkumar n'a pas réussi. Puis un jaillissement soudain d'énergie a provoqué une transformation totale. La récitation est devenue facile. Dans les oeuvres de Ramdas, Ramsuratkumar a été appelé le "Bihari fou". A cette époque-là, Ramsuratkumar se roulait par terre dans une extase incontrôlable. Il voulait rester pour toujours avec son guru, mais Ramdas l'a renvoyé en 1952.

"Où allez-vous aller", a demandé Papa ? " A Tiruvannamalai," a été la réponse spontanée.

Ramsuratkumar est arrivé dans les environs de Tiruvannamalai en 1959. Il avait erré sept années dans l'Inde entière. Arunachala était sanctifiée par une lignée ininterrompue de yogis le dernier étant Ramana Maharshi qui avait lui-même béni Yogi Ramsuratkumar comme il avait béni Papa Ramdas, le guru de Yogi Ramsuratkumar.

Pendant plus de trois décennies, Ramsuratkumar est passé dans les rues de Tiruvannamalai, et sa grandeur spirituelle s'est dévoilée petit à petit. Puis, au milieu des années 70, des dévots lui ont demandé d'aller habiter une maison dans Sannidhi Street, près du grand temple d'Arunachaleshvara. Plus tard, au début des années 1990, il a consenti avec répugnance à la requête de ses dévots pour un ashram. Le rêve est maintenant réalité. Le Yogi Ramsuratkumar Ashram est la dernière attraction de cette ancienne ville de pèlerinage. Il contient un grand auditorium, qui peut loger plus de 15.000 personnes. Il y a une magnifique salle de méditation, circulaire, qui fait face à Arunachala. Ramsuratkumar a prédit que dans les années à venir "cet ashram débordera de dévots, comme le Vatican." L'ashram est bien administré par le Juge T.S. Arunachalam, ancien Président de la Haute Cour de Madras. Il tient la promesse de voir des sadhakas (chercheurs spirituels) pendant de nombreuses années à venir.

Quand il était en vie, seuls quelques rares chanceux étaient appelés pour une audience privée avec Yogi Ramsuratkumar, audience qui était une rencontre stimulante et mémorable.

Elle commence par une conversation ordinaire mais se termine en vous emmenant à un niveau de conscience absolument différent. Si vous le rencontrez pour la première fois, le Yogi parle habituellement de questions générales. Et il termine le darshan par : "Mon Père vous bénit." Le nom de la personne est prononcé clairement comme si c'était d'entrer en sa présence, vous ressentez une subtile transformation intérieure. Vous faites vraiment l'expérience de cette alchimie pour y croire. C'et une forme supérieure d'amour dans laquelle les détritus de l'âme sont emportés et où l'être se retrouve nettoyé.

En présence de Yogi Ramsuratkumar j'ai une fois encore fait l'expérience de l'étrange alchimie d'une subtile transformation. Je ne suis pas sorti de l'ashram, mais j'ai regardé la colline - matin, midi et soir - de là où je me trouvais. Mais toute la ville de Tiruvannamalai était en ma conscience. Les bazars animés, les chansons bruyantes, les gens doux, dignes et cultivés dans des dhotis blancs, les travailleuses fortes et fières du Tamil Nadu, les maisons propres avec rangoli (dessins en couleurs) dans la cour, l'odeur et la vue des fleurs en guirlandes blanches parfumées pour les déités des temples ou les tresses noires des femmes, et les mendiants qui errent autour de la ville, enduits de cendre, portant des colliers de rudraksha et des kamandalus (gourdes). Et par-dessus tout, la colline qui vous ramène à vous-même, au-delà des sens ou de la pensée, au fondement éternel de l'être.

Une fois que vous êtes attaché à la douceur du Visiri Swami, ainsi nommé à cause du visiri (éventail) qu'il porte, vous aurez envie de revenir sur le lieu, encore et encore. Alors que mon taxi allait vers Bangalore, je continuais de tourner la tête pour voir Arunachala. Peut-être continuerait-elle à m'appeler jusqu'à ce que ma poussière se mêle à son sol rouge. Qu'y aurait-il de mieux que d'être enterré là, piétiné par les nombreux pèlerins qui vont leur chemin vers la réalité ultime ? La réalité, qui est notre terre finale de repos.

Seri - C'est Ok

La première rencontre avec un maître spirituel est toujours mémorable. La mienne a eu lieu de manière tout à fait inattendue un après-midi de novembre 1992. Je me rendais pour la première fois à l'Aurobindo Ashram de Pondicherry (maintenant Puducherry). Bien que j'eusse retenu une chambre à l'International Guest House de l'Ashram, Il s'es produit une incomprehension et j'ai du chercher un autre logement. Il était déjà 19 h. Tout e que j'ai pu trouver, c'était un dortoir appelé Samarpan. Samarpan veut dire abandon. J'ai pensé que c'était un signe pour moi. Je devais changer d'attitude, au lieu de tout contrôler je devais simplement céder. "Abandonne-toi, abandonne-toi" me disais-je à moi-même. J'ai pris ma cambre et je suis aller présenter mes respects au samadhi.

J'aurais dû d'abord me rendre au Samadhi. Il y avait une note pour moi au bureau de l'Ashram avec les détails de ma réservation à l'International Guest House. Je ne l'ai découvert que plus tard, après m'être installé au Samarpan. La leçon que j'ai apprise a été : présente-toi d'abord au sanctum sanctorum à ton arrivée; inquiète-toi de tout le reste plus tard.

Mais c'est à Samarpan que j'ai rencontré un homme de Tiruvannamalai. Il s'appelait Pushkar. Il était petit, barbu et portrait des cheveux longs. Il avait les yeux injectés de sang. J'ai été très frappé de voir où il vivait. "J'y suis allé une fois, il y a de nombreuses années, quand j'avais 16 ans… J'espère pouvoir y retourner," ai-je dit. "Mais vous pouvez", a-t-il rétorqué. Il m'a invité à aller le voir là-bas. Il a jouté : "Je vous emmènerai voir un grand maître vivant, Yogi Ramsuratkumar."

J'ai donc pris un bus pour Tiruvannamalai via Villupuram le lendemain même. Ca devait être un voyage d'une journée parce que j'avais besoin de revenir le soir à Pondicherry. Mes bagages y étaient encore, déplacés ce matin-là à l'International Guest House quand je me suis installé dans la chambre qui avait été retenue pour moi. J'ai passé l'après-midi au Sri Ramanashrarnam, puis je suis allé chez Pushkar derrière la Poste vers 1h30 comme prévu.

Nous avons pris une auto(rickshaw) jusque Sannidhi Street, derrière le magnifique temple d'Arunachaleshvara temple. A l'extérieur d'une petite maison, il y avait là une grande foule, la plupart étaient des gosses. J'ai pensé que le Yogi devait être fameux. Il l'était; néanmoins le public était venu voir l'un des compositeurs de musique de cinéma tamil les plus iconiques : Ilayaraja, qui se trouvait déjà à l'intérieur de la maison.

Je me tenais sur les marches avec les maigres offrandes dans les mains, un assortiment de fruits achetés à la hâte. En attendant, les gosses des rues faisaient des ravages. Certains se serraient aux fenêtres comme des singes pour apercevoir le Yogi avec le musicien. D'autres hurlaient et criaient en dessous, dans la rue. Par deux fois quelqu'un est venu pour les chasser. J'avais peur que l'on me demande aussi de partir. Je me tenais là, incertain et quelque peu effrayé.

Ilayaraja est sorti un moment après. Il était petit, noir, homme peu impressionnant, en dhoti blanc. Mais quel grand musicien c'était ! J'avais entendu ses chansons et je les avais aimées. Alors qu'il sortait, je suis entré. Nos yeux se sont croisés un très bref instant, mais ma première impression, fort pour mon embarras postérieur, a été de la répugnance. J'aurais du lui dire combien je le respectais, lui et sa musique, comme je l'aurais souhaité. Avant de pouvoir récupérer, le moment était passé. Ilayaraja était dans cette véranda de couleur crème de la demeure de Yogi.

Dans le coin, j'ai vu des femmes qui chantaient. L'une d'elle, je l'identifierai plus tard comme étant Devaki Ma. Il y avait un autre homme qui semblait être un responsable, qui m'a demandé de m'asseoir. Mais surprise des surprises, le Yogi, qu'enfin je voyais, avec des cheveux libres et une barbe, était entrain de fumer ! Il y avait des paquets de cigarettes Charminar disséminés dans la pièce. Il y avait aussi des tas de fleurs et de fruits.

J'ai fait mon pran?m (salutation) et présenté l'offrande de fruits. Yogiji n'a pas semblé fort intéressé par moi. Il parlait en tamil à l'un ou l'autre des dévots, ponctuant fréquemment ses remarques par 'seri' (bien) qui s'avérait être son mot favori. Il éclatait souvent de rire, d'un rire joyeux et enfantin. Son visage s'éclairait alors que ses yeux brillaient de gaieté.

Un jeune homme est entré, s'est incline, a laissé une grande carte d'invitation à ses pieds, et a rapidement fait sa sortie. Le dévot en charge, sur un signe, a ouvert la carte et a commencé à la lire à haute voix. Elle s'est avérée être une invitation au mariage prochain du jeune homme ! Le Yogi a ri, comme nous tous. Le fiancé, avant de pouvoir être béni convenablement pour ce qui, plus que dans la plupart des occasions, nécessitait des bénédictions, s'était évanoui. A l'évidence il avait beaucoup d'autres choses à faire.

Yogiji s'est alors tourné vers moi. Ses gestes étaient posés, mesurés, comme s'il avait tout le temps du monde; comme si le temps lui-même lui obéissait.

- Quel est votre nom ? a-t-il demandé, en prononçant chaque mot lentement dans un anglais limpide.

- Makarand Paranjape.

- Makarand Paranjape, Makarand Paranjape. Seri, a répété le Yogi. Que fait Makarand Paranjape ?

Je ne savais pas quoi dire. Je me suis exclamé :

- Je travaille à un livre Sarojini Naidu.

- Bien, bien. Sarojini Naidu. Grande dame. Grand leader national.

Puis il m'a donné une pomme et a dit :

- Makarand Paranjape, mon Père vous bénit. Vous pouvez partir maintenant.

Je me suis prosterné devant lui. Il m'a frappe deux fois sur le dos, en riant de bonheur. C'était tout. Ma première rencontre ne pouvait pas avoir été pus simple.

Mais quand je suis parti, j'ai ressenti une montée subite de force et de légèreté d'être. J'avais minutieusement observé le Yogi. Quand il levait les mains pour bénir quelqu'un, tout l'air semblait chargé d'une étrange électricité, comme un courant de grâce. J'i aussi été frappé par le fait que bien qu'il fumât sans cesse, il n'y avait pas d'odeur de cigarette ni de trace de fume dans cette pièce mal aérée.

Dehors, j'ai remercié mon ami Pushkar qui m'avait amené là. Alors que nous marchions vers la gare des bus, j'ai mangé la pomme consacrée, les pépins et tout, lentement et très posément.

Par la suite, j'ai continue d'envoyer des exemplaires de mes livres au Yogi, pratique que je continue encore. Je l'ai commencée avec l'arrière-pensée d'obtenir ses bénédictions pour qu'ils aient du succès, mais je le fais maintenant comme une offrande, un acte d'abandon, même si Bhagavan n'est plus. A propos, le livre sur Sarojini Naidu a connu un grand succès, avec la vente de deux éditions reliées et d'une édition de poche. Il a été récemment réimprimé avec une introduction revue et augmentée.

La Volonté de Père

Tiruvannamalai - la demeure de Shiva et des Siddhas - le nom est lui-même saisissant. Je suis arrivé à 4 heures du matin (quand je l'ai dit plus tard à Yogi, il a dit : "Seri (très bien !"). J'avais pris un bus de nuit à Kalasipalayam, près du City de in Bangalore, me rendant à la gare des bus directement à partir de l'aéroport, après un vol qui venait de Delhi. Cela semblait le meilleur moyen de gagner du temps - je ne voulais pas attendre un autre jour ! Je ne suis même pas allé chez moi voir ma mère, mais je me suis dirigé directement vers Arunachala.

Le bus a d"marré à 11h30 du soir au lieu de l'heure de départ prévue à 10 heures. J'étais très énervé - 'Allez, allez,' ai-je voulu crier à maintes reprises.

J'ai à peine pu dormir, non pas seulement à cause de l'inconfort du trajet cahoteux, mais parce que je n'étais pas sûr de l'endroit que nous étions supposés atteindre. Je ne voulais pas rater mon arrêt et continuer jusque Pondicherry. J'ai pensé que cela nous prendrait quatre heures pour arriver à Tiruvannamalai. Aussi étais je réveillé à 2 heures du matin, tentant de voir des signes qui pourraient me dire à quelle distance nous étions d'Arunachala. Mais dehors il faisait nuit noire, je n'ai pu remarquer aucun signe à travers la vitre teintée. J'ai trébuché vers le chauffeur, esquivant quelques corps endormis sur le plancher du bus. Il a dit que no us avions encore 50 km à couvrir. "Allez dormir", a-t-il dit.

Nous sommes finalement arrivés. J'ai été déposé au dehors du Ramanasramam. J'ai ressenti une forte impulsion pour entrer et présenter mes respects. C'était comme si le sanctuaire du grand sage de l'Inde moderne m'appelait, mais j'ai décidé de ne pas dévier de mon but, qui était le Yogi Ramsuratkumar Ashram.

Le gardien était somnolent et désagréable. Il marmonné quelques protestations incompréhensibles tout en me laissant entrer vraiment à contrecoeur. Une fois à l'intérieur, les choses ont semblé tourner comme par magie. J'ai repéré Saravanan, l'un des ouvriers; ai obtenu de lui les clés de mon cottage cette fois-ci c'était le troisième cottage, très propre et confortable. Je me suis senti extrêmement bien. J'ai bu de l'eau, déballé un peu (j'avais oublié une serviette e toilette), puis je me suis reposé. C'était bon de s'allonger.

Je me suis levé de nouveau à heures du matin, ai fait ma toilette, en retirant de mes os le froid de janvier de Delhi. Puis je suis allé directement à la ligne pour le darshan (vision bénie) à la grille de l'ashram. Nous nous tenions tous silencieux et immobiles, pieds nus à l'aurore, attendant la voiture de Yogi. Je regardais la colline sacrée dans sa majesté et je priais en silence : "Arunachala, O Arunachala, tu es mon Père et ma Mère et tout !" C'est juste alors que la voiture de Bhagavan s'est fait voir alors qu'elle tournait sur la proche de l'ashram.

Très lentement, tout à fait majestueusement la voiture est entrée. Samajavargama. Nous retentions notre respiration - qui serait appelé ? Qui aurait le privilège de prendre son petit déjeuner avec Bhagavan ? Je me tenais à côté du doux géant américain blond, Brett Carlson. Brett était occupé à construire un petit ashram pour Mr Lee, un guru américain, et ses dévots. Nous nous tenions tous les deux les mains jointes. Justice Arunachalam n'était pas avec nous, ni aucun autre dévot de longue date.

La voiture est passée. J'ai été laissé dans la rangée. Avant de pouvoir enregistrer une déception, la voiture s'est arrêtée à mi-chemin du cottage du petit-déjeuner. Ravi, le chauffeur de Yogi, en est sorti. Il m'a fait signe. J'ai attendu une microseconde pour être sûr de ne pas faire d'erreur en sortant de la rangée avant d'être appelé. Mais c'était moi qu'il montrait. J'ai couru jusqu'à la voiture,;en la suivant jusqu'à ce qu'elle s'arrête en face du cottage.

Bhagavan est sorti, enveloppé dans des châles, personnage barbu et enturbanné, chaudement et confortablement vêtu, une guirlande de colliers autour du cou. Sa démarche était lente, mais ferme. Il n'y avait ni hâte ni inquiétude dans ses gestes. Nous l'avons suivi à l'intérieur. Il avait le dos tourné à la porte et il faisait face à Devaki Ma. Je suis resté debout jusqu'à ce qu'il crie : "Makarand, vokara (asseyez-vous) !"

- Comment êtes-vous venu ?

- Bhagavan, j'ai pris un bus, en allant directement au terminus à partir de l'aéroport - je ne suis même pas allé à la maison voir ma mère. J'ai pris la seule place qui restait, le numéro 30 !

 

Devaki Ma a répété ce que j'avais lâché si rapidement. "Quelle folie", a-t-elle dit. what I'd blurted out so rapidly. "Such madness." she said.

Elle aurait du savoir ! Qui pouvait être aussi folle qu'elle quand il s'agissait de Yogi Ramsuratkumar ? Elle avait quitté un poste d'enseignante dans une université, elle avait quitté sa maison et tout son monde pour devenir son 'esclave'. Tout le monde l'avait abandonnée en la prenant pour une folle.

Bhagavan a pris un morceau de sa nourriture "spéciale" que la Ma avait apportée. Cztte nourriture ne contenait ni épices, ni sucre ni graisse.

Nous avons commencé à manger. Les idlis étaient délicieux, comme d'habitude, mais bien que je me sois régalé, j'étais trop intensément vigilant envers Bhagavan que je n'y ai pas fait attention.

Bhagavan a dit :

- Quelqu'un a dit à Ramana Maharshi que Sri Aurobindo avait fait descendre le Supramental. Savez-vous ce que Ramana Maharshi a dit ?

Il a regardé Devaki Ma et moi. Personne n'a dit mot.

- Eh bien, Ramana Maharshi sad it que s'il était arrivé à Pondicherry, il viendrait aussi à Tiruvannamalai.

D'une manière ou d'une autre, cela paraissait incroyablement drôle. Nous avons tous ri.

- Avez-vous compris ça, Devaki ?'

Ma n'a rien dit, mais a opiné de la tête. Bhagavan a dit tout cela d'une voix haut perchée. Il ne emblait pas très enthousiaste sur la divinisation du corps humain.

- Nous pensions à ce corps comme à de la boue, non, Devaki ?

Puis il a demandé :

- Les théosophes continue aussi de parler d'évolution. Onc la mort elle-même doit être abolie à l'avenir, n'est-ce pas ?

A l manière dont il a dit ça, j'ai pensé qu'i était un peu sceptique, comme s'il n'y avait aucun besoin de tout cela pour atteindre le but de la vie.

Nous avons ensuite chanté des bhajans (chants dévotionnels), fait le japa (répétition), "Arunachala Siva, Arunachala Siva, Arunachala Siva, Aruna Jata.' Finalement, nous avons tus répété la magnifique chanson du Paramacharya de Kanchi , "Maitrim bhajata," que M. S. Subbulakshmi avait chanté aux Nations unies :

Maithrim bhajata akhila hrij jeththrim
Atmavat eva paraan api pashyata
Yuddham tyajata, spardhaam ty ajata,
tyajata pareshwa kramam aakramanam
Jananee prthivi Kaamadughaastey
Janakodeva: sakala dayaalu
Daamyata Datta Dayadhvam Janataa
Sreyo bhooyaath salala janaanaam
(trois fois)

Cultivez l'amitié, qui peut conquérir tous les coeurs;
Considérez les autres comme votre propre soi.
Renoncez à la guerre, abjurez la compétition,
Abandonnez l'usage de la force pour obtenir les possessions des autres.
Notre mère la terre a assez pour combler tous nos besoins
Et le Seigneur, notre Père, est suprêmement miséricordieux.
(Ô gens de cette terre) faites preuve de retenue,
Soyez généreux, et pratiquez la compassion.
Puissent tous les êtres être prospères.
(répété trois fois)

La chanson avait une signification plus profonde pour non seulement là où il existe des désaccords et des divisions partout dans le monde, mais ici même dans l'ashram. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Yogi a voulu répéter les paroles en sanskrit, en tamil et en anglais.

***

Cette fois-ci j'ai lu et terminé le Livre 11. Alors que je lisais à voix haute, il m'est venu à l'esprit que, quoique Savitri soit une grande épopée d'une grande étendue, Il y avait dedans beaucoup de répétitions. Les mêmes choses semblaient être répétées maintes et maintes fois, mais de différentes manières à différents endroits du texte.

Au milieu de la lecture, Bhagavan a semblé entrer en transe. Devaki Ma est arrivée de l'intérieur et l'a appelé quatre ou cinq fois avant qu'il ouvre les yeux. Tout à coup il a dit :

- Y a-t-il quelque chose d'écrit dans les pages que vous avez lues ? Notez-le avec un stylo.

Quand j'ai sorti un crayon, il est devenu clair qu'il parlait d'un autre livre qu'avait Mataji. Cette dernière tentait d'expliquer une situation compliquée en rapport avec un dévot. Cet homme avait reçu plusieurs appels menaçants après que lui et sa soeur eussent décidé de diviser la propriété après la mort de leur père. Bhagavan a dit :

- Nous penserons à ça plus tard, Devaki. Laissez-moi parler un moment à Makarand.

La lecture a donc continué. Il m'a demandé si quelqu'un m'avait guidé dans mon étude de Sri Aurobindo et des autres mystiques de l'Inde. J'ai mentionné le Professeur Giri Tikku de l'Université de l'Illinois. Bhagavan m'a demandé de parler de mon Doctorat en Philosophie, puis il a soudainement dit :

- L'Illinois…. Pouvez-vous me dire quels états l'entourent ?

J'étais complètement déconcerté. J'"ai murmuré :

- L'Indiana à l'est, le Kentucky au sud-est, le Missouri au sud-ouest, et….'

J'avais complètement oublié l'Iowa à l'ouest. Quand j'ai dit qu'au nord il était délimité par le Lac Michigan, Bhagavan a tout de suite dit : 'Chicago!' Le Yogi avait un grand penchant pour la géographie. A chaque fois que quelqu'un se rendait dans un pays étranger ou dans une ville étrangère, il demandait le nom de la rivière ou un autre détail à se sujet-là. Souvent celui qui était questionné ne savait pas. J'ai pris conscience que c'était une leçon d'attention de plus. Nous nous rendons dans tant de lieux mais nous oublions d'enregistrer les détails les plus évidents.

Après cela j'ai regardé Bhagavan avoir affaire avec un dévot et sa famille. L'homme possédait une imprimerie offset. Il avait deux filles et un fils. Il voulait que son fils trouve un travail. Bhagavan a dit :

- Pas besoin de chercher un travail si tôt. Laissez-le aller avec vous à l'imprimerie plutôt que rester sans rien faire à la maison.

Mais, comme une réflexion après-coup, il a ajouté :

- Je vais prier Père pour que votre fils trouve bientôt un travail;

Puis il a béni les deux filles. Les parents se faisaient du souci à propos du mariage de l'aînée. Il les a bénies de nouveau :

- Avec la grâce de Père, votre mariage aura lieu le plus tôt possible.

J'ai regardé le soulagement visible qui se répandait sur le visage de tout le monde.

Quand la femme du dévot s'est incline devant Bhagavan, il a visiblement été touché. Non seulement son visage, mais tout son être a semblé s'étendre et devenir incandescent. Il a dit :

- Savez-vous qui est ce mendiant ?

La femme s'est levée rapidement et a semblé effrayée. Elle s'est mise à balbutier quelque chose :

- Oui, Maître…. !

Bhagavan a dit :

- Non, pas Maître, seulement sale pécheur. C'est tout.

L'homme est parti après avoir mis de l'argent aux pieds de Bhagavan.

Après leur départ, j'ai poursuivi la lecture sur son ordre. Il m'a demandé de lire les lignes que je préférais. J'ai tourné les pages jusqu'au Livre 11, à la joute entre Savitri et Yama. La mort, en se débarrassant de son masque sombre, se révèle être la Lumière même.

Bhagavan me regardait de temps en temps, d'un regard plein de puissance et d'autorité. Son regard semblait me pénétrer. Je me sentais timide, comme une femme. Tout à coup, il a ramassé l'argent qui était à ses pieds et il me l'a donné, première et dernière fois qu'il a jamais fait ça. Je me suis senti confus, mais j'ai essayé de ne pas le montrer. La lecture a continué. Puis le livre est arrivé à la fin. Entre-temps, il conversait un peu :

- Que faites-vous à Bangalore ? Quel est le sujet de votre conférence ? Quels sont ceux qui y participent ?

Bien entendu, je ne lui avais rien dit de mon travail à Bangalore, mais je suppose qu'il le savait bien, ayant arrange tout ça pour me donner cette occasion d'être avec lui.

Il était environ 6 h du soir. Il m'a béni et m'a donné des bananes. IL a envoyé des bénédictions pour ma mère qui était à Bangalore, puis il a dit :

- Vous pouvez partir.

J'ai dit :

- Bhagavan, s'il vous plaît, appelez-moi encore à vos pieds de lotus.

Il a répondu :

- La volonté de Père, Makarand. Nous devons suivre la volonté de Père.

Ca a été un grand enseignement, peut-être le plus grand que j'aie jamais reçu. En tous temps et en toutes circonstances : "Nous devons suivre la volonté de Père."

 

(Saranagatam, octobre, novembre, décembre 2016 et janvier 2017) citant "Actes de Foi - Voyages dans l'Inde Sacrée."

Today, another big ashram has come up in Tiruvannamalai, the Yogi Ramsuratkumar Ashram. The yogi, who got his divine madness from his guru, Swami Ramdas, wandered all over India before making Tiruvannamalai his home. He spent nearly 18 years living in the streets, sleeping in the verandas of shops or under trees, mingling with the mendicants in the temple, shunning all publicity or attention. But gradually, his greatness became irrepressible and irresistible. Even the late Paramacharya of Kanchi declared that the Yogi was a great soul, a veritable spiritual dynamo. Calling himself 'this dirty beggar', Yogi Ramsuratkumar had a simple one- line blessing for everyone who came to him: "My Father blesses you."

Until he shed his body in February 2001, Tiruvannamalai was blessed with his presence. Originally from Bihar, Yogi lived as a homeless wanderer before his devotees decided to make a grand ashram for him. His teaching is simple but powerful: "My Father alone exists; no one else, nothing else." He never gave talks or preached, but only blessed those who came to him. He spoke English, besides Tamil and Hindi. Several prominent men and women from
Tamil Nadu, from other parts of India and from abroad were his devotees.

Yogi Ramsuratkumar used to say, "This beggar has nothing to teach. Whatever was needed has alrfeady been taught by Ramana Maharhi, Sri Aurobindo, my master Papa Ramdas and others. This beggar has only his name to leave behind." When we ponder on this statement, its many levels of meaning gradually unfold. First of all, Bhagavan not prohibit anyone from reading other masters and learning from them. He actually recommends them to us, urging us to read, study and broaden our spiritual horizons. But he does insist that we repeat his name.

He used to say again and again, ''My Father alone exists, no one else, nothing else." The name "Yogi Ramsuratkumar" immediately reminds us of this great saying, which is in itself an assertion of supreme nonduality. Father alone exists, not many but one - not you, me, he, she and it, but only Father, Father everywhere. Behind all this apparent diversity, there is unity - this is what Yogi reminds us. True, it does appear as if we are many, but we have always to bear in mind that in actuality, we are all one - in fact, none of us really is outside Father. "Father" refers to the supreme transcendental principle, Satchidananda Parabrahman itself.

The glories of the name are endless as are its powers. The more you speak of them, the greater they grow. When we utter his name, the Lord himself answers. It is like a direct connection with "Father." When we chant the name 'Yogi Ramsuratkumar', he renews our charter to his pledge of love and protection. We remember his leelas (sport) and our minds get purified. Yogi himself chanted his own name to show us that the name was greater than any individual or person.

"My Father Blesses You":

During one of my numerous trips to Tiruvannamalai a few years back, it was to Yogi Ramsuratkumar that I was heading. As the taxi neared the town and I set my eyes on the sacred hill, my spirits lifted up. I felt that there was some hope for me, after all; I must have done something to deserve such closeness to the hill of fire. Arunachala was so still and strong, solid and true - just there - reminding us of the sheer presence of Reality.

I remembered my early morning pradakshina around the hill in the company of a senior devotee and an attendant. We had started at 3.30 am, treading the mountain path in a clockwise direction. The person whom I was accompanying had been this way dozens of times. She had suffered untold hardships and traumas in her life - an alcoholic husband who committed suicide, leaving her almost penniless; a son who seemed to have inherited his father's fatal flaws; a daughter, trying to get out of an unhappy marriage; years of hardship and struggle to secure a roof over her head and a modicum of comfort for her children.

Yet, today, this same lady looked utterly untouched by the sorrows of the world. At 65, she was youthful, stylish, radiant and full of fan and laughter. Though barefoot, she set the pace for our circumambulation. Later, when she told me that she also had asthma, I was even more astounded. We walked steadily for four hours, with little conversation. At the end, we entered the temple and returned to the Yogi Ramsuratkumar Ashram after paying our respects at the Seshadri Swami Ashram and at Ramanashramam. When I asked her how she managed the long trek barefoot, she said, "Oh, I'm used to it now. But the first time was so difficult. The skin peeled off, but i bandaged my feet and walked right on.' In those days the road around the hill wasn't smooth and tarred as it is today. This lady is just one of the hundreds of thousands of people whose lives have changed after visiting Tiruvannamalai.

The first time I was drawn to Tiruvannamalai was when I was a callow teenager, too young to understand the meaning of grace. It was sheer chance which brought me here. Someone told me about the grand temple of Arunachaleshwara and, on my way to Chennai from Bangalore, I decided to stop to take a look. It was only several years later that I realized how fortunate I had been. Somewhere, your guru awaits you, stalking you in the shadows like a tiger watching his prey. You think that you're looking for him, but actually he has been watching over you, pursuing you from life to life. As Ramana Maharshi had said, 'Arunachala! You root out the ego of those who meditate on you in the heart, O Arunachala!' The Maharshi himself had come to Tiruvannamalai, as a youth of 16, after his death-experience in Madurai.

Now more than 100 years after the advent of the Maharshi and 50 years after he left his body, I was once again in Tiruvannamalai, on a quest too ancient, too urgent, in fact, all too common to be spoken about. I had been here many times in between, once even being led to the summit of 2,668 ft. hill. I had been to many ashrams and holy places, not just out of academic curiosity, but propelled by the same primeval thirst which sets the course of numberless adventurers of the spirit to lands of no return. On one of these trips, I was ' introduced' to Yogi Ramsuratkumar. If I keep going to him, I can only say that it is his wish, his doing. A far cry from the new breed of gurus, Yogi Ramsuratkumar was a rare saint who forced you to look into your innermost being.

Sighting a white Ambassador at Agrahara Collai in Tiruvannamalai, the line of pilgrims straightens out; folded palms and bowed heads. The chant starts: "Yogi Ramsuratkumar, Yogi Ramsuratkumar, Yogi Ramsuratkumar, Jaya Guru Raya." The holy hill looks on serenely.

From within the car, a man in a green turban, white beard and piercing eyes looks upon the assembled devotees and raises his hand. "My Father blesses you," he seems to be saying. Who is Yogi Ramsuratkumar? If anyone were to ask this question in front of him, it might provoke a peal of infectious laughter. Those who have known him for years recall several such sessions of mirth during which the most depressing and obdurate problems dissolved into harmless fun.

Bhagawan himself says little: "This beggar has nothing to say." When prodded for a message, he declares: "Only my father exists, nothing else, nobody else - past, present, future - here, there, everywhere!"

Paradoxically, this assertion of sheer non-dualism requires a rather dualistic, even mechanical, method of realization - japa, the continuous repetition of the Lord's name. Ramsuratkumar remembers his initiation under Papa Ramdas, a famous spiritual master in Kerala. "At that moment, some force entered this beggar's body, mind, soul or whatever you may call it. It began to control all the movements. Then this beggar died. Now only this force directs everything.

Papa Ramdas gave the mantra, "Om Sri Ram Jaya Ram Jaya Jaya Ram" to Ramsuratkumar. "Recite it for 24 hours", ordered his guru. Initially, Ramsuratkumar was unsuccessful. Then a sudden burst of energy brought about total transformation. The recitation became effortless. In Ramdas's works, Ramsuratkumar has been called the mad Bihari." In those days, Ramsuratkumar would roll on the ground in uncontrollable ecstasy. He wanted to stay with his guru forever, but Ramdas sent him away in 1952.

"Where will you go? asked Papa. "Tiruvannamalai," came the spontaneous answer.
Ramsuratkumar arrived at the sacred precincts of Tiruvannamalai in 1959. He had wandered a1l over India for seven years. Arunachala was hallowed by the presence of an unbroken line of yogis, the latest being Ramana Maharshi who had himself blessed Yogi Ramsuratkumar as he had Papa Ramdas- Yogi Ramsuratkumar's guru.

For over three decades, Ramsuratkumar traversed the streets of Tiruvannamalai, and his spiritual greatness unfolded gradually. Then, in the mid - 1970s, some devotees asked him to shift to a house on Sannidhi Street, near the big Arunachaleshwara temple. Later, in the early 1990s, he reluctantly consented to his devotees' request for an ashram. That dream is now a reality. The Yogi Ramsuratkumar Ashram is the latest attraction of this ancient pilgrim town. It houses a huge auditorium, which can accommodate over 15,000 people. There is a beautiful, circular meditation hall facing Arunachala. Ramsuratkumar predicted that, in the coming years, "this ashram will be flooded with devotees, 'like the Vatican." The ashram is well-administered by Justice T.S. Arunachalam, former acting Chief Justice of the Madras High Court. It holds a promise to see sadhakas (seekers) for many years to come.

When he was alive, only a few lucky ones were called for a private audience with Yogi Ramsuratkumar, which was an exhilarating and memorable encounter.

It starts as an ordinary conversation but ends up taking you to an absolutely different level of consciousness. If you are meeting him for the first time, the Yogi usually asks general questions. And he ends the darshan with: "My Father blesses you." The person's name is clearly pronounced as if it is being entered in his presence you feel a subtle inner transformation. You actually have to experience this alchemy to believe it. It is a higher form of love in which the soul's detritus is washed away and the being is left cleansed.

In the presence of Yogi Ramsuratkumar I once again experienced the strange alchemy of subtle transformation. I did not stir outside the ashram, but looked at the hill - morning, noon and night - from where I was. The whole town of Tiruvannamalai was in my consciousness, though. The busy bazaars, the blaring songs, the gentle, dignified and cultured people in white dhotis, the strong, proud working women of Tamil Nadu, the clean houses with rangoli (coloured patterns) in the courtyard, the smell and sight of flowers in white, fragrant garlands for the deities in the temples or in the black tresses of the women, and mendicants wandering about the town, ash-smeared, with rudraksha beads and kamandalus (calabashes). And above all, the hill which brought you back to yourself, beyond sense or thought, to the timeless ground of being.

Once hooked to the sweetness of the Visiri Swami, so named because of the visiri (fan) he carries, you will long to visit the place again and again. As my taxi moved towards Bangalore, I kept looking back at Arunachala. Maybe it would keep calling me back until my dust mingled with its red soil. What could be better than being buried there, trodden over by numerous pilgrims on their path to the ultimate reality? The reality, which is our frnal resting ground.

Seri - It's Ok

One's first meeting with a spiritual master is always memorable. Mine took place quite unexpectedly one afternoon in November 1992. I was visiting the Aurobindo Ashram in Pondicherry. (Now Puducherry) for the first time. Though I had booked a room at the International Guest House of the Ashram, there was some misunderstanding and I had to seek alternate accommodation. It was already 7.00 p.m. all I could find was a dormitory cal1ed Samarpan. Samarpan means surrender. I thought it was a cue to me. I had to change my attitude from trying to control every thing to simply yielding. "Surrender, Surrender," I said to myself. I took my room and went to Pay my respects at the samadhi.

I should have gone to the samadhi first. There was a note for me at the Ashram office with details of my reservation at the International Guest House. I found out all this only later, after I had already checked into Samarpan. The lesson I learned is report first to the sanctum sanctorum on arrival; worry about everything else later.

But it was at Samarpan that I met a man from Tiruvannamalai. His name was Pushkar. He was short, bearded and had long hair. His eyes were bloodshot. I was so struck by where he lived. 'I went there once, many years ago, when I was 16..... I wish I could go there again, "I said. "But you can," he shot back. He invited me to see him there. He added, "I will take you to a great living master, Yogi Ramsuratkumar."

So I took a bus via Villupuram to Tiruvannamalai the very next day. It was to be a one-day trip because I needed to get back to Pondicherry by the evening. My luggage was sti1l there, shifted to the International Guest House that morning, when I moved into the room booked for me. I spent the afternoon at Sri Ramanashrarnam, and then went to Pushkar's house behind the post office around 4.30 p.m. as planned.

We took an auto to the Sannidhi Street, behind the magnificent Arunachaleshvara temple. There outside a small house was a large crowd, mostly of urchins. I thought the Yogi must be famous. He was; nevertheless, the onlookers had come to see one of the most iconic music composers of Tamil Cinema, Ilayaraja, who was already inside the house.

I stood on the steps with the meagre offerings in my hands, an assortment of fruit bought in a hurry. In the meanwhile, the street urchins were making a nuisance of themselves. Some scrambled up to the windows like monkeys to get a glimpse of the Yogi with the musician. Others were screaming and shouting beneath, on the street. Twice somebody came out to shoo them away. I was afraid that I too would be asked to leave. I stood there, uncertain and somewhat afraid.

After a while, Ilayaraja stepped out. He was a short, dark, unimpressive man, in a white dhoti. But what a great musician he was. I had heard and loved his songs. As he walked down, I walked in. Very briefly, our eyes met, but my first impression, much to my later embarrassment, had been one of recoil. I should have wished him, told him how much I respected him and his music. Before I could recover, the moment had passed. Ilayaraja was in his large cream-coloured veranda of the Yogi's abode.

In the corner, I saw some ladies singing. One of them, I would later identify as Devaki Ma. There was another man seemingly in charge, like a major-domo, who asked me to take a seat. But wonder of wonders, the Yogi, whom I saw at last, with flowing locks and beard, was actually smoking! There were packets of Charminar cigarettes strewn in the room. There were also heaps of flowers and fruit.

I made my pranaam (salutation) and proffered the fruit offerings. Yogiji did not seem that much interested in me. He spoke to some of the other devotees in Tamil, frequently punctuating his remarks with 'seri' (all right) which turned out to be his favourite word. He would often burst out laughing, with happy and childlike g1ee. His face would light up as his eyes shone with merriment.

One young man entered, bowed, left a large invitation card at his feet, and quickly made his exit. The devotee-in-charge, when motioned to do so, opened the card and began to read it aloud. It turned out to be an invitation to the young man's forthcoming wedding! The Yogi laughed, as did all of us. The groom, before he could be blessed properly for what, more than most occasions, required blessings, had vanished. Evidently, he had much else to do.

Yogiji now turned to me. His gestures were unhurried, measured, as if he had all the time in the world; in fact, as if time itself did his bidding.

"What is your name? he asked, pronouncing each word slowly in clear English.

'Makarand Paranjape.'

'Makarand Paranjape, Makarand Paranjape. Seri.' repeated the Yogi. "What is Makarand Paranjape doing?'

I didn't quit know what to say to exclaimed, 'I am working on a book on Sarojini Naidu.'

'Good, good. Sarojini Naidu. Great lady. Great national leader.'

Then he gave me an apple and said, 'Makarand Paranjape, my Father blesses you. You may go now.'

I prostrated before him. He thumped my back twice, laughing in happiness. That was all. My first encounter couldn't have been simpler.

But when I left, I felt a surge of power and lightness of being. I had observed the Yogi minutely. When he raised his hands to bless anyone, the whole air seemed charged with strange electricity, like a current of grace. I was also struck by the fact that though he smoked incessantly, there was no smell of cigarettes nor a trace of smoke in that stuffy room.
Outside, I thanked my friend Pushkar, who had brought me here. As we walked to the bus station, I slow1y and very deliberately ate the consecrated apple, seeds and all.

Afterwards, I kept sending the Yogi copies of my books, a practice that I still continue. It was started with the ulterior motive of seeking his blessings for their success, but now I also do it as an offering, an act of surrender, even though Bhagawan, is no more. Incidentally, the Sarojini Naidu book was a great success, selling out two hardback and one paperback editions. Recently, it was reprinted with a revised and enlarged introduction.

Father's Will

Tiruvannamalai - the abode of Shiva and the Siddhas - the name is itself thrilling. I arrived at 04.00 a.m. (when I mentioned this to Yogi later, he said, "Seri. (Very Good!") I had taken an overnight bus from Kalasipalayam, near the City Market in Bangalore, going to the bus stand straight from the airport, having just flown in from Delhi. This seemed the best way to save time - i didn't want to wait another day! I didn't even go home to see my mother, but headed straight for Arunachala.

The bus started at 11.30 p.m. instead of the scheduled departure time of 10.00 p.m. I was so irritated - 'Let's go, 1et's go,' I wanted to scream time and again.

I could hardly sleep, not just because of the discomfort of the bumpy bus-ride, but because I wasn't sure when we were supposed to reach. I didn't want to miss my stop and go on towards Pondicherry. I thought we would take four hours to reach Tiruvannamalai. So I was up by 02.00 a.m., trying to look for signs which could tell me how far we were from Arunachala.
But it was pitch dark outside; I couldn't make out a thing from the tinted windows. I stumbled to the conductor, dodging some sleeping bodies on the floor of the bus. He said we had another 50 km to cover. "Go to sleep," he said.

Finally, we reached. I was dropped off outside Ramanasramam. I felt a strong urge to go inside to pay my respects. The shrine of the great sage of modern India seemed to beckon me, but I decided not to deviate from my goa1, which was Yogi Ramsuratkumar Ashram.

The watchman was sleepy and crabby. He muttered some incomprehensible protests as he very reluctantly 1et me in. Once inside, however, things seemed to work like magic. I located Saravanan, one of the workers, got the keys to my cottage from him - it was the third cottage this time, very clean and comfortable. I felt wonderful. Drank some water, unpacked a bit (i'd forgotten to get a towel), then rested. It was good to stretch out.

I got up again at 06.00 a.m., had a bath, washing out the chill of Delhi in January from my bones. Then I went straight to the darshan (blessed sighting) line at the gate of the ashram. All of us stood silent and still, barefoot in the dawn, waiting for Yogi's car. I looked at the sacred hill in its majesty and prayed silently: "Arunachala, O Arunachala, you are my father and
Mother and everything!" Just then, Bhagavan's car became visible as it turned to the road approaching the ashram.

Very slowly, quite majestically, the car entered. Samajavargama. We stood with breaths bated - who would be beckoned? Who would have the privilege of breakfast with Bhagavan? I was standing next to the gentle, blond American giant, Brett Carlson. Brett was busy building a small ashram for Mr. Lee, an American guru, and his devotees. We both stood with folded hands. Justice Arunachalam was not with us, nor any other senior devotee.

The car passed. I was left standing in the line. Before any disappointment could register, the car stopped half way to the breakfast cottage. Ravi, Yogi's driver, got out. He beckoned to me. I waited for a microsecond to ensure that I wasn't making a mistake, stepping out of line before I was called. But it was I to whom he was pointing. I ran to the car, which had begun to move, following it as it halted in front of the cottage.

Bhagavan stepped out, wrapped in shawls, a bearded, turbanned figure, bundled up cosily, a garland of necklaces around his neck. His gait was slow, but steady. There was no hurry or anxiety in any of his gestures. We followed him in. He had his back turned to the door and he was facing Devaki Ma. I remained standing till he ca11ed out, "Makarand, vokara (sit down)!"

"How did you come?"

"Bhagavan, I took a bus, going to the terminus straight from the airport - I didn't even go home to see my mother. I got the only available seat left, number 30!"

Devaki Ma repeated what I'd blurted out so rapidly. "Such madness." she said.

She should have known! Who could be as mad as she when it came to yogi Ramsuratkumar? She had left a teaching position in a college, her home, and her whole world to become his 'slave.' Everyone had given her up as mad.

Bhagavan picked up a morsel of his "special" food the Ma had brought. This food was without spices, sugar and fat.

We began to eat. The idlis were delicious, as usual, but though I enjoyed the food, I was too intensely alert to Bhagavan to bother about it.

Bhagawan said, 'Somebody told Ramana Maharshi that Sri Aurobindo had brought down the Supermind. Do you know what Ramana Maharshi said? He peered at Devaki Ma and me. Neither of us spoke. "We11, Ramana Maharshi said if it has come to Pondicherry, then it will also come to Tiruvannamalai." Somehow, it seemed incredibly funny. We all laughed.

"Did you understand that, Devaki?' Ma didn't say anything, but nodded. Bhagavan said a1l this in a high-pitched voice. He did not seem to be very enthusiastic about divinizing the human body. "We thought this body as mud, no Devaki?" Then he asked, "The Theosophists also keep talking about evolution. So, death itself is to be abolished, is it, in the future?" The way he said it, I thought he was a bit sceptical, as if there was no need for all that in order to achieve the aim of life.

We then sang some bhajans (devotional songs), did the japa (repetition), "Arunachala
Siva, Arunachala Siva, Arunachala Siva, Aruna Jata.' Finally, we all repeated the Kanchi Paramacharya's beautiful song, "Maitrim bhajata," which M. S.Subbulakshmi had sung at the United Nations:

Maithrim bhajata akhila hrij jeththrim
Atmavat eva paraan api pashyata
Yuddham tyajata, spardhaam ty ajata,
tyajata pareshwa kramam aakramanam
Jananee prthivee Kaamadughaastey
Janakodeva: sakala dayaalu
Daamyata Datta Dayadhvam Janataa
Sreyo bhooyaath salala janaanaam
(thrice)

Cultivate friendship, which can conquer all hearts
Consider others even as your own self.
Renounce war, forswear competition,
Give up the use of force to get others' possessions.
Our mother earth has enough to fulfil all our needs
And the Lord, our Father, is supremely merciful.
(O people of this earth) show restraint,
be generous, and practice compassion.
May all beings be prosperous
(repeated thrice)

The song had a deeper significance for not only were there rifts and divisions all over the world, but right here within the ashram. Perhaps, that is why Yogi wanted us to repeat the words in Sanskrit, Tamil and English.

***

This time I read and finished Book 11. While reading aloud, it occurred to me that though Savitri was a great epic with a magnificent sweep, there was so much repetition in it. The same things seemed to be said over and over again, but in different ways and at different places in the text.

In the middle of the reading, Bhagawan seemed to go into a trance. Devakima came from inside and called him four or five times before he opened his eyes. Suddenly, he said, 'Is there something written in the pages that you've read? Mark it with a pen.' When I took out a
pencil, it became clear that he was referring to some other book that Mataji had. The latter was trying to explain a complicated situation pertaining to some devotee. The man was receiving several threatening calls after he and his sister had decided to split the property on their father's death. Bhagawan said, 'We'll think of that later, Devaki. Let me talk to Makarand for some time.'

So the reading continued. He asked me if anyone had guided me in my study of Sri Aurobindo and the other mystics of India. I mentioned Professor Giri Tikku of the University of Illinois. Bhagawan asked me about my PhD, and then suddenly said, 'Illinois. can you tell me which states surrounded it?'

I was totally taken aback. I muttered, 'Indiana to the east, Kentucky to the south-east, Missouri to the south-west, and.....' I had totally forgotten Iowa to the west. When I said that on the north, it was bounded by Lake Michigan, Bhagawan immediateiy said, 'Chicago!' The Yogi had a great penchant for geography. Whenever someone visited a foreign country or city, he would ask the name of the river or some other detail about it. Often the questioned
did not know. i realised that this was one more lesson in mindfulness. We visited so many places but failed to register the most obvious details about them.

After that I watched Bhagawan deal with a devotee and his family. The man owned an offset printing press. He had two daughters and a son. He wanted his son to get a job. Bhagawan said, 'No need to look for a job so soon. Let him come with you to the press rather than remain idle at home.' But as an afterthought, he added, 'l will pray to Father that your son gets a job soon.' He then blessed the two girls. The parents were worried about the elder one's marriage. He then blessed the elder daughter again, 'With Father's grace your wedding will take place early.' I watched the visible relief spread across everyone's face.

When the devotee's wife bowed down to Bhagawan, he was visibly moved. Not only his visage, but his whole being seemed to expand and become incandescent. He said, 'Do you know who this beggar is?' The lady rose up hastily and looked frightened. She started to stammer something, 'Yes, Master.....!' Bhagawan said, 'No Master, only a dirty beggar. That's all!' The man left, placing some money at Bhagawan's feet.

After they left, I carried on reading at his command. He asked me to read my favourite lines. I turned to Book 11, the joust between Savitri and Yama. Death, throwing off his dark mask, is revealed to be Light itself.

Now and then, Bhagawan looked at me, his gaze full of power and authority. His look seemed to penetrate me. I felt shy, like a woman. Suddenly, he picked up the money at his feet and gave it to me, the first and last time he had ever done so. I felt overwhelmed, but tried not to show it. The reading continued. Then the book ended. In between, he would make some small talk. 'What are you doing in Bangalore? What is your conference about? Who are the participants?' I had, of course, told him nothing about my work in Bangalore, but then I suppose he knew it well, having arranged it all to give me this opportunity of being with him.

It was nearly 06.00 p.m. He blessed me and gave me some bananas. He sent blessings for my mother, who was in Bangalore, and then said, 'You may leave.'

I said, 'Bhagawan, please ca1l me again to your lotus feet.'

He replied, 'Father's will Makarand. We must do Father's will.'

That was a great teaching, perhaps the greatest I've ever received: At all times and a under all circumstances, ' We must do Father's will.'

(Saranagatam Oct., Nov., Dec. 2016 and Jan. 2017) Courtesy : "Acts of Faith- Journeys to Sacred India"