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Je n'oublierai certainement jamais le 7 février 1992, jour de ma rencontre avec Sri Yogi Ramsuratkumar, le déroulé de cette journée parfaite où j'étais vraiment à ma place, au moment juste, dans la disponibilité de l'instant à vivre. Nous arrivons avec mon ami Guido, après deux heures et demie de voyage en taxi, à Tiruvannamalai, où un jeune garçon devant le temple nous indique le chemin qui va nous mener au Maître, qui reçoit vers dix heures du matin. Le temps de flâner, nous prenons un café, puis nous nous installons sur les marches d'une petite maison, et à cet instant la porte intérieure s'ouvre. Le sourire d'un sage nous accueille, et je sens les larmes me monter aux yeux. Des chants d'enfants s'élèvent autour de nous. Nous sommes pris dans un mouvement qui nous introduit, et comme par la force d'une main douce nous place face à cet homme simple, d'une prestance magnifique dans un sari blanc, d'une présence chargée de magnificence et d'un amour incommensurable. Commence le chant d'une femme assise à un mètre de moi, et que timidement j'essaie de suivre. Ensuite viennent des sons qui me semblent familiers. Des Hindus défilent et déposent aux pieds du maître des bananes, des cigarettes, Yogiji a comme un sourire d'ange quand une jeune fille lui enroule autour du cou une guirlande de fleurs. Le Maître reçoit et donne en même temps à chacun sa part. Quelques uns qui se prosternent avec trop d'ostentation se font rembarrer vertement. Guido offre sa chaîne en or avec un cur en pendentif, le Maître la prend et la lui rend avec un sourire, comme s'il lui offrait une fleur. Me voici prise dans un mouvement intérieur tournant, spiralaire, et me laisse aller. Les pleurs arrivent comme une libération, et c'est comme si je me mettais à nue, par le fait même d'être en sa Présence. Cet homme débordant d'amour, qui accueille tout en travaillant assis, les yeux fermés, sur une natte toute simple, avait la faculté de lire en moi. Et cela m'aidait à mettre à jour et faire le tri dans ce méli-mélo familial qui accompagne ma vie depuis mon enfance. Un défilé d'images jaillissent et font redoubler mes pleurs. Je ne pleure pas de joie, je ne pleure pas de peine, mais cela me fait du bien de comprendre que tout est à vivre, que cet homme qui est là me permet d'exprimer les non-dits, l'incompréhension de certains moments de ma vie. Je fais le clair, et comme d'un coup de baguette magique tout s'illumine ! Me voilà devenue bambou, creuse et comme évidée de l'intérieur. J'essaye de regarder discrètement ce qu'il fait. Il a un mouvement extérieur de la main gauche, comme s'il déroulait le temps, et je le vois hocher de la tête se gratter la barbe, cligner des yeux comme s'il jaugeait l'instant, et qu'il réharmonisait une énergie qu'il touchait du bout des doigts Au bout de deux heures de chants, de pleurs, de silence intérieur,
de couleurs qui défilent devant mes yeux fermés,
il prend une grappe de bananes et commence à distribuer,
et chacun reçoit cette offrande venant de cet homme comme
un cadeau du Ciel. Un sourire d'enfant apparaît quand un
homme lui donne un gros paquet de bonbons. Il le regarde et le redonne simplement en guise de remerciement.
Il remercie en donnant, c'est unique, c'est inénarrable,
c'est du sans-nom
Puis il se lève et nettoie avec
une palme l'atmosphère de toutes les peurs cachées
dans cette petite pièce. Il insiste avec certains, moins
avec d'autres, et après ces quelques instants - mais le
temps n'existait plus ! - nous nous levons pour la fin de l'entretien
Nous nous dirigeons vers la porte et Guido insiste encore pour
prendre une photo, et pour la troisième fois il refuse. Nous sortons et je me calme, mais j'attends devant la porte de croiser son regard pour un au-revoir. Un quart de seconde nos regards se croisent, un signe de la main, d'amour, et d'au-revoir me laissent pantoise, émue, secouée. Une rivière d'amour s'écoule en moi et je déborde de ce trop plein d'amour. Je suis moulue, passée à un tamis de sensations. C'est comme s'il avait ajouté juste ce qu'il faut de sel à la vie, d'humilité et de tolérance, l'amour qui me manquait pour qu'une unité s'établisse. Merci Maître de m'avoir tout donné sans même me connaître. Merci de pouvoir être dans cette reconnaissance d'emblée. Je n'ai moi-même rien offert et tu m'as prise sous ton aile protectrice. Tu m'as cajolée sans un geste, tu m'as donné le meilleur de ce que je suis. Saurai-je être à la hauteur de ce que j'ai reçu ? Les événements se déroulent dans une réalité présente, accompagnés d'une vibration intérieure, dans un mouvement continu qui arrive comme une grâce. La Plénitude, la Paix, l'Amour sont là. Chacun vibre à sa façon dans cette situation. Il y a comme une unité retrouvée en soi, qui harmonise intérieur et extérieur. C'est comme une onde d'Amour qui passe à travers soi. C'est un ressenti personnel, chacun trouve ce qu'il cherche profondément. Je n'attendais rien, j'espérais depuis des années une rencontre qui me place face à moi-même comme face à un miroir. Et voilà, je l'avais trouvé ! ! ! Vivre deux heures de sa vie auprès d'un être d'un tel niveau de conscience, quelle leçon de vie merveilleuse ! Comme la découverte de l'homme dans un devenir meilleur que lui-même. Dire après ça que la Présence est constante, omniprésente à qui peut la ressentir n'est pas une gageure, car c'est seulement en vivant cet instant précis que j'ai pu entrevoir la lumière douce et profonde qui était dégagée du présent. Advienne que pourra de ma vie, j'ai reçu plus et plus encore de cet instant magique et je ne m'inquiète plus de ce devenir que sera ma vie . . . Savoir seulement que c'est possible, que l'homme doit encore et toujours travailler sur son miroir intérieur, en prenant appui sur l'amour donné à ce moment là, qui est comme de l'eau que je pressens inépuisable Des effluves de jasmin éclosent dont ne sait où, pour récompenser ce lâcher-prise global, qui nous embaument et nous réchauffent le cur. C'est dans l'air et cela n'a aucun appui matériel ... A moins que nos cellules qui se dénouent soient tellement heureuses d'être libérées qu'elles nous baignent de cette odeur sucrée. Une récompense, un cadeau subtil, un bain de jouvence dans lequel on voudrait se baigner à vie. Pouvoir et vouloir se laisser aller jusqu'au bout de ce fil de lumière, de pureté, d'authenticité, de vérité. Pouvoir encore et pouvoir toujours regarder cette vérité en face, sans aucune crainte, sans ambigüité, avec l'innocence d'un enfant pris en charge, comme l'oisillon sous la patte de l'aigle. La fragilité est là, faire confiance totalement, indéniablement, c'est le plus sûr des chemins. Merci, merci à la vie, merci à Sri Yogi Ramsuratkumar, l'enfant de Dieu |
Surely i will never forget the 7th of February, 1992, the day when I met Sri Yogi Ramsuratkumar, the course of this perfect day when i really was at my place, at the right time, in the receptiveness of the moment to live. We arrive with my friend Guido, after a two and half hour trip in taxi at Tiruvannamalai, when a young boy in front of the temple points to us the way which will lead us to the Master who receives around 10:00 a.m. With time to stroll, we have some coffee, then we settle down of the steps of a little house, and it is at this moment that the inside door opens. The smile of a sage welcomes us, and I feel tears coming up to my eyes. Children songs raise around us. We are caught in a movement that introduces us and, as by the strength of a gentle hand, places us in front of this simple man of magnificent presence dressed in a white garb, whose presence is charged with magnificence and immeasurable love. A woman, seated one metre from me, starts chanting and, shyly, i try to follow. Then some songs sound familiar to me. Hindus file past and put down bananas, cigarettes and other offerings at the Master's feet. When a young girl puts a garland of flowers around His neck, His face blossoms with an angel's smile. The Master receives and gives to everyone his share. Some, who prostrate with too much ostentation, are sharply rebuffed. Guido offers his gold chain with a heart as pendant; the Master takes it and gives it back to him with a smile, as if He was offering him a flower. And now I am caught in a turning, spiralling inner movement and I let myself go. Tears come like liberation, and it is like if I was baring my soul by the very fact of being in His presence. This man who is overflowing with love, who welcomes everything while working seated on a very simple mat, had the power of reading within me. And this helped me updating and sorting all this familial jumble that goes along with my life since childhood. A stream of images springs and makes my tears increase. I don't weep with joy, I don't weep with pain, but how good it is to understand that everything must be lived, that this man who is here allows me to express all the unsaid, the incomprehension of some moments in my life. I tidy up and, by waving a magic wand, everything lights up! I have become bamboo, hollow and as scooped out from within. Discreetly, I try to watch what He is doing. He moves His left hand outwardly, as if He was unwinding Time, and I see Him nodding and scratching His beard, blinking as if He was gauging the moment, putting back in harmony some energy He was touching with His fingertip After two hours chanting, weeping, two hours of silence, of colors passing before my closed eyes, He takes a bunch of bananas and starts distribution, and everyone receives this offering coming from this man as a gift from Heaven. A child smile blossoms when a man gives Him a big packet of sweets. - What is this ? He looks at it and gives it back in appreciation. He thanks by giving, it's unique, it's inexpressible, it's something without any name Then He gets up and, with a palm, cleans the atmosphere from all the fears hidden in this little room. With some He insists, less with others, and, after these few moments - but time did not exist anymore! - we get up for the end of our talk We go toward the gate and Guido still insists on taking a picture, and for the third time He refuses. - No, my friend, with this splendid smile. We get out and I calm down, however I wait before the door to meet his gaze for a goodbye. For a quarter -second our eyes meet; a sign of love and good bye with his hand leaves me astounding, touched, shaken. A river of love flows within me and I am brimming over with this overflow of love. I am milled, passing through a riddle of sensations. It was as if He had added the exact needed quantity of salt to life, of humility and tolerance, the love I was in lack to establish some unity. Thanks, Master, for having given me everything without even knowing me. Thanks for being able to stand in this immediate gratitude. I did not offer anything myself and you took me under your protective wing. You made a fuss of me without a gesture; You gave me the best of what I am. Will I be worthy of what I received? Events take place in a present reality, coming with an inner vibration, in a continuous movement that comes like a grace. Plenitude, Peace, Love are there. In such a situation, everyone vibrates in his own way. There is like a unity recovered within oneself, which harmonises inside and outside. It is like a Love wave that passes through oneself. It is a personal sensation, each one finds what he is deeply searching for. I did not expect anything; since years I was waiting for a meeting that puts me in front of myself like in front of a mirror. Ad lo! I did find it!!! To live for two hours by the side of a being of such a level of consciousness, what a marvellous lesson of life! Like the discovery of man in a better future than himself. After that, saying that the Presence is continual, omnipresent for who is able to feel it is not attempting the impossible, for it is only by living this precise moment that I have been able to have a glimpse of the soft and deep light that was freed from the present. Come what may with my life, I have received more and still more from this magic moment and I don't worry about the future of my life Only knowing that it is possible, that man must still and always work on his inner mirror, leaning on the love given at that moment, which is like water that is, as i feel, inexhaustible Jasmine fragrance comes out nobody knows from where, for rewarding this complete measure of letting go, which fills us and warms our hearts. It's in the air and it has no material support unless our loosing cells are so happy to be freed that they bathe us in this sweet perfume. A reward, a subtle gift, a rejuvenating experience in which one would like to bathe for life. Being able and wanting to let oneself go up to the end of the thread of light, purity, authenticity and truth. Being able, again and again, to look this truth in the face, without any fear, without ambiguity, with the innocence of a child one takes care of, like the young bird under the eagle foot. Fragility is there, totally, undeniably relying, that is the surest way. Thanks, thanks to life, thanks to Sri Yogi Ramsuratkumar, the Godchild
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