"Le divin descend là où il n'y a pas d'égoïsme. Là où il y ne serait-ce qu'une trace d'égoïsme, le divin ne descendra pas. " Yogi Ramsuratkumar en était un exemple vivant. Il traitait tout le monde de manière égale et il bénissait tous les dévots.
J'ai eu la chance de servir Swami pendant 7 ans de 1995 à 2001. Au début, je ne venais à l'ashram que comme un ouvrier pour la construction. Mon premier darshan de Swami a été mémorable. Avant que le travail de l'ashram commence pleinement, quand un jour Swami est venu voir le site, il a décidé de faire le tour. Au fur et à mesure qu'il marchait, je nettoyais le sol devant lui en enlevant les épines. Vers la fin, il est venu si près de moi que j'ai arrêté de ramasser les épines et je me suis relevé en pensant que je pourrai continuer après qu'il m'ait croisé. Mais Swami a arrêté de marcher, s'est tenu là pendant 5 minutes sans arrêter de me regarder. Ça a été mon premier darshan. Il m'a souri, m'a béni et s'est éloigné. Après 2 ou 3 semaines, l'administrateur, Mr. Mani, m'a appelé pour le travail de construction. Quand je suis allé à l'ashram, Swami m'a demandé si je voulais faire le travail de construction ou si l'aimerais être avec lui. Je lui ai dit que je le servirai. Voilà comment j'ai eu l'occasion de le servir. C'est probablement lors de mon premier darshan même qu'il a décidé de me garder avec lui.
Les premiers jours, alors que je travaillais à l'ashram à faire du travail de construction, je n'y étais qu'un ouvrier et je n'avais aucune grande dévotion envers Swami. Un jour, j'ai informé l'administrateur Mr Mani de mon intention d'aller à ma ville natale. Je suis allé chez moi pour préparer le voyage. Quand j'ai essayé de sortir de chez moi, j'ai ressenti une force qui m'arrêtait. De nouveau par deux fois, j'ai essayé de partir et j'ai été stoppé. Alors j'ai décidé de ne pas sortir de la ville. J'ai pu alors sortir de chez moi. Je suis allé à une boutique et je suis revenu. Quelqu'un de l'Ashram est venu chez moi et m'a dit de me rendre immédiatement à l'Ashram. Quand je suis allé à l'Ashram, Swami m'a appelé près de lui et m'a dit de ne pas sortir de la ville, que cela était dangereux pour ma vie. J'ai consenti à écouter ses paroles. Je me suis assis à ma place. Il m'a appelé de nouveau près de lui et m'a dit la même chose. De nouveau j'ai consenti et me suis assis à ma place. 10 minutes après, il m'a appelé pour me dire la même chose et cette fois-là je lui ai promis de ne pas partir. Il n'était pas encore tout à fait convaincu. Il a appelé Mr Mani et lui a demandé de me dire de ne pas partir, en disant que je pouvais ne pas croire dans les parles du " mendiant ". Mr Mani m'a dit qu'il serait dangereux pour ma vie de sortir de la ville. Je lui ai dit que je confirmais que je ne partirais pas et il a transmis cela à Swami. Swami ne m'a laissé qu'après avoir été convaincu que je ne partirais pas pour ma ville natale ce jour-là. Ce jour-là, j'ai pris conscience du pouvoir divin de Yogi Ramsuratkumar ainsi que de l'intérêt qu'il me portait.
Chaque jour, quand Swami vient en voiture, je dois le recevoir, lui ter la main pour l'aider à descendre de la voiture, marcher avec lui en lui tenant la main et l'aider à s'asseoir sur sa chaise. Il vient trois fois par jour, la première fois pour le petit déjeuner, puis les darshans du matin et de l'après-midi. A chaque visite, je dois être là pour le recevoir. Si je ne suis pas déjà là à l'attendre, il ne sortira pas de la voiture. Il regardera partout pour me voir. Je dois donc être très ponctuel. Pendant le darshan, je remets à Swami la liste que m'a donnée Mr Mani. Swami me dit qui doit être appelé pour s'approcher de lui pour prendre du prasad. Je les appelle. Un jour, un dévot qui demeurait à l'Adhiti Ashram m'a demandé si je pouvais l'aider à obtenir le darshan de Swami. Je lui ai dit de suivre la procédure. C'est ce que l'homme a fait. Quand son nom a été lu à haute voix à Swami, Swami m'a demandé si je connaissais cet ami. J'ai été stupéfait. Je lui ai dit : "Oui, Bhagavan ! Je l'ai vu hier à l'Adhiti Ashram." Swami m'a dit : "Appelle-le !" Il n'y a aucun moyen de dire quelque chose sans qu'il le sache, même s'il n'est pas dans les environs. Il finira toujours par le savoir.
Quand Swami donne le Prasad aux dévots, j'ai la tâche de remettre les fruits à Swami. Parfois, si un dévot (qui m'était) familier arrivait, je sortais un fruit coûteux, comme une pomme, pour qu'il lui soit donné. Swami le regardait et disait : " Donnons du kalkandu (sucre candi)". J'ai alors appris que les choses n'arrivaient pas selon notre souhait. Nous ne pouvons le servir que si nous sommes comme un objet inerte sans aucune préférence personnelle. Lui seul doit décider. La direction sera la sienne et seule l'action sera nôtre.
J'ai étudié jusqu'au deuxième cycle du secondaire. J'ai échoué deux fois en anglais. Mais petit à petit j'ai appris l'anglais et j'ai commencé à parler anglais avec confiance grâce à Swami. Quand des étrangers venaient pour le darshan, Swami me demandait de découvrir ce qu'ils voulaient dire. Je leur demandais : " Que voulez-vous lui dire ? " Je répétais tout ce que j'avais pu comprendre de leur réponse. Au début, c'était très difficile. Parfois je ne pouvais pas comprendre leur prononciation. Ces fois-là je devinais ce qu'ils auraient voulu dire. Si je ne disais pas la bonne chose, Swami ne faisait que de me regarder fixement. Je comprenais que je n'avais pas raison. Je demandais aux étrangers de le répéter à haute voix. Swami l'écoutait lui-même cette fois-là. Néanmoins il ne laissait pas aller avant que je lui transmette le bon message. C'est ainsi que j'ai appris l'anglais en servant Swami.
Quand mon fils est né, j'ai demandé à Swami de donner un nom à l'enfant. Swami a réfléchi quelques minutes, puis il nous a demandé d'attendre un peu. Des mois se sont passés. Comme Swami n'avait pas donné de nom à l'enfant, nous n'avons utilisé aucun petit nom à la maison, même en câlinant le bébé. Un an après, un jour, Swami m'a appelé et m'a donné le nom de son guru, "Aurobindo", pour mon fils d'un an. Nous avons patiemment attendu un an avec la foi que Swami savait ce qui était le mieux pour nous et quand le faire. Nous avons été bénis et récompensés d'un si grand nom pour mon fils !

(Comme raconté à Nivedita le 10 mai 2015)