La manière de vivre occidentale
et la manière hindoue
(extraits du discours de K.S. Sudarshan le 25/01/96 à Nagpur
à la Conférence du Centre d'Etudes afro-hindoues nouvellement créé)

 

"... La lutte pour la vie, la survie du plus capable, l'exploitation des ressources naturelles et les droits de l'individu sont les quatre postulats de base sur lesquels est construite la structure sociale occidentale. Mais la manière hindoue de vivre est entièrement différente. La manière de vivre en occident stipule que "la lutte pour l'existence" est essentielle. D'un autre côté, nous tenons que "sarvam khalvidam brahma", c'et à dire qu'il n'y a qu'un Pouvoir Suprême existant dans l'univers et qu'il est la manifestation divine de l'unique et même Entité Suprême, niant ainsi le concept de lutte. Nous reconnaissons l'interdépendance comme une loi de la nature - ouvrant la voie à la coordination, à la coopération, ajoutant aux efforts des uns et des autres pour l'existence, et autres qualités de même genre positives qui vont dans le sens d'une humanisation de l'homme. La lutte résulte de l'ignorance. Dissiper l'ignorance - ce qui est l'éclaircissement - est la voie la plus sûre pour en finir avec toutes les luttes.

"La survie du plus capable" est un autre concept occidental... D'un autre côté la manière hindoue de vivre est basée sur la doctrine du "vivre et laisser vivre". Sarve bhavantu sukhinah - que tous soient heureux - est le principe hindou. Dans notre système les forts sont moralement enclins à protéger les faibles. Les penseurs occidentaux tiennent que "celui qui gagne mangera". Cependant, selon la manière de vivre hindoue ... "Celui qui est né mangera et celui qui gagne nourrira."... Seule cette société peut être considérée comme une société de progrès celle dans laquelle les faibles sont protégés. Le standard de toute société est déterminé par l'importance qu'elle montre à protéger les faibles.

La troisième conception erronée de la culture occidentale repose dans le fait de croire à l'exploitation de la nature, qui à la fin se révèlera suicidaire pour nous-mêmes. ... L'idée dominante de la philosophie hindoue est d'avoir accordé le statut de mère à la nature et de se référer à Mère Nature comme Bhumimata (mère la terre (ndt)) Gangamata, Gomata, Tulsimata, etc. Nous avons un culte pour les arbres, les plantes, les serpents, et nous offrons des bonbons aux fourmis. Cela parce que nous reconnaissons la relation organique entre l'homme et la nature. Les divers membres du corps humain mis ensemble constituent ce qui est appelé le corps. Nous étendons ce concept aussi à l'unité familiale. Chaque individu de la famille est considéré comme un membre de la famille. Le même concept est étendu à la société tout aussi bien qu'à l'humanité et en conséquence à Dieu. L'univers entier est lié par une relation organique. De ce fait notre manière de penser n'admet pas l'exploitation de la nature. L'unité dans la variété et l'harmonie dans la nature sont les doctrines de base de l'hindouisme L'habitude occidentale de l'exploitation de la naturte de manière continue et sans aucune discrimination a causé des perturbations de l'environnement, éteignant environ 130 espèces animales et menaçant la survie de 240 autres espèces du royaume animal.

Tandis que les penseurs occidentaux sont enclins à insister sur les droits illimités de l'individu, l'insistance hindoue se fait sur l'accomplissement de son devoir.... Par exemple, la protection du droit d'un enfant est inhérente aux devoirs des parents et le respect des droits des parents est inhérente aux devoirs de l'enfant... La perspective egocentrique de la vie qui naît du concept des droits illimités de l'individu a fait sombrer l'équilibre de la société dans les pays occidentaux. Un tel phénomène s'exprime dans le taux croissant de crimes et de cassures de la cohésion familiale.....

... Pourquoi Dieu n'est-il dépeint que comme mâle ? Dans la manière de vivre et dans la culture hindoues, Dieu est adoré dans les deux formes (mâle et femelle)....

... Nous ne devons pas hésiter à démolir certains concepts mythiques forgés par les érudits occidentaux...