L'Isha Upanishad la seule upanishad qui fasse partie intégrante d'un Samhita, d'où son second nom de Samhitopanishad. Elle forme le dernier chapitre du Sukla Yajur Veda Samhita (Yajur Veda blanc). Elle est en vers, appelée comme toutes les upanishads en vers une mantropanishad. Son nom dérive du premier mot du premier mantra qui la compose. Dans toutes les listes ou énumérations d'upanishads, elle figure en première place. L'Isha Upanishad est une des Upanishads qui a été commentée par Adi Shankaracharya. Il expose que l'upanishad présente deux voies pour les aspirants spirituels : la première pour les jnanins (voie de la connaissance) et l'autre pour ceux qui n'ont pas atteint le développement intérieur requis pour renoncer aux désirs et adopter cette voie. Un tel jnanin n'a pas à accomplir de rites. L'upanishad le concerne dans ses huit premiers vers. La seconde partie concerne ceux qui sont encore attachés au monde. Ceux-ci doivent accomplir les rites et leurs devoirs tout en acquérant la connaissance.
L'Isha Upanishad a donné lieu à des interprétations différentes qui peuvent ne pas retenir cette division donnée par Shankara. En français la traduction de Sri Aurobindo se distingue. Nous avons autant que faire se peut suivi le texte au mot à mot pour éviter tout glissement, avec en vue aussi bien l'interprétation de Shri Shankaracharya que celle de Shri Aurobindo.
Aum. Tout ce qui est changeant dans le monde, tout cela est enveloppé par le Seigneur. Par la renonciation à cela, aide-toi. Ne convoite pas la richesse d'autrui.
Certes, en faisant les oeuvres, on doit désirer vivre cent ans ici (1) . Pour un homme tel que toi, il n'y a pas d'autre moyen que celui-ci, par lequel l'action ne s'attache pas (à l'homme) (2).
Ces mondes asuriques (démoniaques) sont enveloppés d'aveugles ténèbres. Ceux qui tuent le Soi y vont après leur départ.(3)
Cela demeure sans mouvement, un(ique) et plus rapide que la pensée, les dieux (les sens) ne peuvent l'atteindre dans sa progression en avant. Demeurant stable, il distance tous les autres qui courent. Cela étant là, Matarisva (l'air, l'énergie cosmique) supporte toutes les activités.(4)
Cela se meut, Cela ne se meut pas; Cela est loin, Cela est près; Cela est au-dedans de tout; Cela est aussi à l'extérieur de tout.
Celui qui voit tous les êtres dans l'Atman même et l'Atman dans tous les êtres, ne ressent aucune haine du fait de cela (cette réalisation).
Lorsque pour celui qui sait, tous les êtres sont devenus l'Atman même, alors quelle illusion, quelle peine peut-il y avoir, pour lui qui voit l'unité ?
Il est omnipénétrant, pur, sans corps, sans nerfs, sans blessure, sans tâche, non touché par la faute, omniscient, gouverneur du mental, transcendant et existant par lui-même; Il a assigné les devoirs pour les Prajapatis (années éternelles). (5)
Ceux qui rendent culte à avidya (ignorance ou rites) entrent dans des ténèbres aveuglantes. En de plus grandes ténèbres que celles-ci entrent ceux qui sont engagés en vidya (connaissance, philosophie, méditation sur les dieux).
Ils disent que par vidya un résultat différent (est obtenu) et que par avidya un résultat différent (est obtenu); ainsi avons-nous entendu des sages qui nous l'ont expliqué.
Celui qui connaît à la fois vidya et avidya, ayant conquis la mort par avidya, atteint l'immortalité par vidya.
Ceux qui se vouent au non-devenir (prakrti non manifestée) entrent dans des ténèbres aveuglantes. En de plus grandes ténèbres entrent ceux qui se vouent au devenir (hiranyagarbha).
Ils disent qu'un résultat différent est obtenu par le culte du devenir et qu'un résultat différent est obtenu par le culte du non-devenir. Ainsi l'avons-nous entendu des sages qui nous l'ont expliqué.
Celui qui connaît à la fois le non-devenir (prakriti) et la destruction (le devenir) atteint l'immortalité par le non-devenir en conquérant la mort par la destruction.
L'entrée de la Vérité est cachée par un plateau doré. O toi, Soleil, ôte-le pour que je la voie, moi qui suis par nature véridique.
O nourrisseur, voyageur solitaire, contrôleur, acquéreur, fils de Prajapati, retire tes rayons, ramasse ta lumière. Je vois cette forme qui est tienne qui est la plus bénie. Je suis ce purusha (cette personne) qui est là.
Que mon énergie vitale atteigne maintenant l'Air éternel; que ce corps soit réduit en cendres. Aum. Mental, rappelle-toi de ce qui a été fait, rappelle-toi de ce qui a été fait.
O Agni (Feu), connaissant toutes nos actions, conduis-nous par le bon chemin à la jouissance des fruits de nos actions; ôte de nous toutes les fautes malhonnêtes. Nous t'offrons beaucoup de salutations.
Aum. Cela (Brahman inconditionné) est infini, ceci (Brahman conditionné) est infini. De l'infini (inconditionné) est apparu l'infini (conditionné). En prenant l'infini de l'infini (conditionné), il demeure comme le seul infini (inconditionné). (L'Infini inconditionné) demeure le même, même si l'infini (conditionné) est apparu à partir de lui.