Tejabindu Upanishad
Upanishad du Point de Feu

(traduction: Gaura Krishna)

 

 

La Tejabindu Upanishad est la dernière des cinq
"bindu" upanishads faisant partie de l'Atharva Veda.

 


1.- Om. Au sujet du Point de Feu (1). Sa méditation suprême est au-delà du monde, située dans le coeur, (atteignable) par l'Anava, le shakta et le Sambhvava (2); (la méditation) est grossière, subtile aussi bien que transcendantale.


2.- Même pour le sage et le penseur, cette méditation est difficile à accomplir, difficile à atteindre, difficile à connaître et difficile à supporter.


3.- (Pour l'atteindre, il faut être) frugal en ce qui concerne la nourriture, maître de la colère, de l'attachement et de ses passions; libre des paires d'opposés, dépourvu du sens de l'ego et libre du sens de la possession.

4.-On doit être quelqu'un qui rend accessible ce qui est inaccessible, quelqu'un dont le seul but est de ne servir que le Guru et sa cause. (Les sages) en atteignent les trois portes. (Aussi) l'Âme Suprême est-elle dite posséder trois accès (3)


5.- Ceci est suprême, caché dans le mystère, lieu de repos et imperceptible; c'est Brahman, sans support, de la nature de l'espace illimité, atomique (indivisible et minuscule) et subtil. C'est la Demeure Suprême de Vishnu (4)


6.- Tryambaka(5), contenant les trois Gunas, support (de tout); les trois mondes sont ses composants élémentaires et essentiels; dépourvu de forme, immuable, inconditionné, qui ne peut être contenu, et sans substratum.


7.- C'est l'état libre de toute condition limitante, au-delà du domaine de la parole et du mental, perceptible par la pensée sur son propre état (d'être), et abandonné par les mots dénotant la pluralité aussi bien que l'unité.


8.- Le Bonheur lui-même, au-delà de la causalité du bonheur, difficile à être vu, sans naissance, immuable, libre de toutes fonctions mentales, éternel, constant et impérissable.


9.- C'est Cela qui est Brahman. Il est Cela qui est adhyatma (spirituel), Il est Cela qui est la limite extrême. Il est Cela qui est le Refuge Suprême; Il est connaissance, indépendant de ce qui est mental, Il est l'Atman, Il est de la nature de l'espace infini, établi (en tout).


10.- Bien qu'Il soit ce qui n'est pas vide, quoique conçu comme vide, Il transcende le vide et Il est fixé fermement. Là il n'y a ni penseur, ni pensée ni pensable. On doit pourtant méditer sur Cela.


11.- Cela est Tout, Suprême, de la nature de l'espace, il n'y a rien qui lui soit supérieur; plus haut que le plus haut, inconcevable et libre des expériences de l'état de veille. Ce n'est pas que les sages qui se dévouent eux-mêmes à la Vérité ne connaissent pas Cela comme Réalité. Ce n'est pas non plus que les dieux ne connaissent pas Le Plus Haut.


12.- Il n'est pas (connu de ceux pourvus d') avarice, d'illusion, de peur, d'égoïsme, de désir, de colère et de péché (ou de maladie) ou qui connaissent froid et chaud, faim et soif ou résolution mentale et indécision, ou qui sont fiers de leur naissance dans une famille brahmane, ou d'avoir lu une masse de livres sur Mukti (la libération).


13.- Il n'est pas (connu de ceux qui connaissent) la peur, ou le plaisir et la peine, ou l'honneur et la disgrâce. A celui qui est libre de ces idées, Brahman se manifeste, à celui dont le plus haut refuge est Brahman, oui, ce Suprême Brahman se manifeste à celui dont le refuge le plus haut est Brahman.


Ici se termine la Tejabindupanishad, contenue dans l'Atharvaveda.

 

(1) Le Point de Feu est bien entendu l'Atman, la Lumière des lumières.
(2) Ce sont les trois modes d'initiation mentionnées dans les écritures : 1) Anava où le Guru communique un mantra à son disciple que ce dernier doit répéter et l'instruit par ailleurs; 2) Shakta : conférée par les siddhas(âmes parfaites) qui peuvent instiller la plus haute conscience spirituelle dans le disciple sans que celui-ci ait à entreprendre une sadhana particulière; 3) Shambhava, où les plus grands instructeurs de l'humanité élèvent le disciple au plus haut stade de réalisation.
(3) Les trois portes, si l'on s'en réfère au vers lui-même et au précédent, sont rle renoncement, l'absence d'ego et le dévotion envers le Guru. Les trois accès : état de veille, de rêve et de sommeil profond.
(4) Dérivé de la racine 'vish", il signifie "ce qui imprègne tout, ce qui réside en tout".
(5) Tryambaka : à trois yeux.