Sur le buddhisme.-
Le bouddhisme ne prouve rien sur l'entité absolue. Dans
un cours d'eau l'eau change et nous n'avons pas le droit de dire
que le cours d'eau est un.
Les bouddhistes nient l'un et disent qu'il est multiple. Nous
disons qu'il est un et nous nions le multiple. Ce qu'ils appellent
karma, c'est ce que nous appelons l'âme. D'après
les bouddhistes, l'homme est une série de vagues. Chaque
vague meurt, mais il se trouve que c'est la première vague
qui produit la seconde. Ce serait une illusion de croire que la
seconde vague est identique à la première. Pour
nous débarrasser de l'illusion, le bon karma nous est nécessaire.
Les bouddhistes ne supposent rien au-delà de notre monde.
Nous disons qu'au delà du relatif est l'absolu. Le bouddhisme
admet l'existence de la misère, et il estime suffisant
pour nous de nous débarrasser de cette duhkha; que nous
obtenions ou non sukha (le bonheur), nous n'en savons rien. Le
Buddha n'a pas prêché l'âme que d'autres avaient
prêchée. D'après les hindous, l'âme
est une entité ou substance et Dieu est absolu. Tous deux
sont d'accord pour admettre que cela détruit le relatif.
Mais les bouddhistes ne disent pas quel est l'effet de cette destruction
du relatif.
L'hindouisme actuel et le bouddhisme ont poussé sur la
même branche. Le bouddhisme a dégénéré
et Shankara l'a élagué.
On dit que Buddha a renié les Vedas parce qu'ils contiennent
beaucoup de himsa (violence) et d'autres choses. Chaque page du
bouddhisme est une lutte contre les Vedas (dans leur aspect ritualiste).
Mais rien ne l'y autorise.
Le Buddha est expressément agnostique en ce qui concerne
Dieu; mais Dieu est prêché partout dans notre religion.
Les Vedas enseignent Dieu - personnel et impersonnel - Dieu est
prêché partout dans la Gita. Sans Dieu, l'hindouisme
n'est rien. Les Vedas ne sont rien sans Lui. C'est le seul chemin
qui mène au alut. Les sannyasis doivent répéter
plusieurs fois ceci : "Mon moi qui désire mukti, je
cherche refuge en Dieu qui a créé le monde, qui
a exhalé les Vedas".
Nous pouvons dire maintenant que Bouddha aurait dû comprendre
l'harmonie des religions. Il a introduit le sectarianisme...
Prenez de Dieu ce qui vous convient et allez jusqu'au bout.-
Nous ne pouvons rien imaginer qui ne soit pas Dieu. Il est
tout ce qu'avec nos cinq sens nous pouvons imaginer, et plus.
Il est comme un caméléon; chaque homme, chaque peuple
voit une de Ses faces et à différentes époques
sous différentes formes. Que chacun voie et prenne de Dieu
tout ce qui lui convient. Faites la comparaison avec les animaux
dont chacun absorbe dans la nature les aliments qui lui conviennent.
Le défaut de toutes les religions telles que le christianisme,
c'est qu'elles ont fixé une série de règles
pour tout le monde. La religion hindoue, au contraire, convient
à tous les degrés d'aspirations et de progrès
religieux. Elle contient tous les idéals dans leur forme
parfaite. Par exemple, l'idéal de shânta ou de la
béatitude se trouve chez Vasishtha, celui de l'amour chez
Krishna, celui du devoir chez Râma et Sîtâ et
celui de l'intellect chez Shukadeva. Etudiez leurs caractères
et ceux d'autres hommes idéals. Adoptez celui qui vous
convient le mieux.
Suivez la vérité où qu'elle vous conduise;
poussez les idées jusqu'à leur dernière conclusion
logique. Ne soyez pas poltron ni hypocrite.
Il faut avoir un grand dévouement pour votre idéal
: un dévouement qui ne soit pas momentané, mais
calme, stable et persévérant, comme celui du Châtaka
(espèce d'oiseau) qui regarde dans le ciel au milieu du
tonnerre et des éclairs et qui ne veut boire de l'eau que
dans les nuages. Périssez dans la lutte pour être
saints. Que la mort soit mille fois la bienvenue ! Ne perdez pas
courage. Lorsqu'on ne peut pas trouver de bon nectar, il n'y a
aucune raison de manger du poison. Il n'y a pas d'issue. Ce monde
nous est tout aussi inconnu que l'autre.
La charité n'échoue jamais. Le dévouement
à un idéal ne porte jamais sa sympathie, n'essaye
jamais de montrer sa sympathie à autrui. Aimer ses ennemis
n'est pas possible aux hommes ordinaires : ils chassent plutôt
les autres afin de pouvoir vivre eux-mêmes. Il n'y a que
très peu d'hommes dans le monde qui ont pratiqué
les deux. Le roi Janaka en était un. Un tel homme est supérieur
aux sannyasins eux-mêmes...
Non-dualisme et dualisme.-
Le plan de la création est individualité dans
l'universalité. Chaque cellule a son rôle à
jouer pour provoquer la conscience. L'homme est individuel et
en même temps universel. C'est pendant que nous réalisons
notre nature individuelle que nous réalisons notre nature
nationale et uiniverselle. Chacun est un cercle infini, dont le
centre est partout et la circonférence nulle part. Par
la pratique, on peut sentir la nature universelle du moi, qui
est l'essence de l'hindouisme. Celui qui voit son propre moi dans
tous les êtres est un pandit (sage).
Les rishis sont ceux qui découvrent les lois spirituelles.
Dans l'advaïtisme (non- dualisme), il n'y a pas de jivâtman
: c'est uniquement un mirage. Dans le dvaïtisme (dualisme),
il y a un jiva, infiniment distinct de Dieu. Tous deux sont vrais.
L'un s'est désaltéré à la fontaine,
l'autre à l'étang. En apparence, nous sommes tous
des dvaïtistes en ce qui concerne notre conscience; mais
au-delà ? au-delà nous sommes advaïtistes.
En réalité, c'est la seule vérité.
Conformément à l'advaïtisme, aimez votre prochain
comme votre propre moi. La fraternité devrait être
remplacée par l'universalité du moi. Notre devise
n'est pas la fraternité universelle, mais l'universalité
du moi. L'advaïtisme peut embrasser également la théorie
"du plus grand bonheur".
Soham ! Je suis Lui ! Répétez constamment cette
idée par la volonté d'abord et elle deviendra automatique
dans la pratique. Elle s'infiltre dans les nerfs. Aussi doit-on
toujours prendre cette idée par routine et par répétition
jusque dans les nerfs.
Ou bien commencez d'abord avec le dvaïtisme qui est dans
votre conscience, et ensuite prenez le vishishtadvaïtisme
: "Je suis en vous, vous êtes en moi et tout est en
Dieu." C'est ce qu'enseigne le Christ.
L'advaïtisme le plus haut ne peut pas être amené
dans la vie pratique. L'advaïtisme a travaillé pratiquement
depuis le plan du vishishtadvaïtisme.
Dvaïtisme : petit cercle différent du grand cercle
et relié seulement par bhakti (dévotion, amour).
Vishishtadvaïtisme : petit cercle à l'intérieur
du grand cercle et dont le mouvement est réglé par
le grand cercle. Advaïtisme : le petit cercle s'agrandit
et coïncide avec le grand cercle.
Dans l'advaïtisme, le "je" se perd en Dieu. Dieu
est ici, Dieu est là, Dieu est "Je".
Une façon d'arriver à bhakti consiste à
répéter un grand nombre de fois le nom de Dieu.
Les mantras ont cet effet, c'est à dire la simple répétition
des mots.Les pouvoirs de Jalangiman Chetti proviennent de la répétition
d'un mantra : répétition de certains mots avec certains
rites. Les pouvoirs des astras ou vânas (armes, etc...)
qu'on employait autrefois dans la guerre étaient dûs
aux mantras. Ceci est admis dans tous les shastras. Si nous considérions
que tous les shastras sont de l'imagination, ce serait chez nous
une superstition.
Pour obtenir la bhakti, recherchez la compagnie des saints hommes
qui ont la bhakti ou lisez des livres comme la Gîta ou l'Imitation
de Jésus-Christ. Pensez toujours aux attributs de Dieu.
Les Vedas ne contiennent pas seulement le moyen d'obtenir la bhakti,
mais aussi le moyen d'obtenir n'importe quelle chose bonne ou
mauvaise sur la terre. Prenez tout ce que vous voudrez....
Je vais vous dire quelque chose pour vous guider dans la vie.
Acceptez comme vrai tout ce qui vient de l'Inde, jusqu'à
ce que vous trouviez des raisons probantes pour ne pas y croire.
Considérez comme faux tout ce qui vient d'Europe jusqu'à
ce que vous trouviez des raisons probantes d'y croire.
Ne vous laissez pas entraîner par des sottises européennes.
réfléchissez par vous-mêmes.... Se laisser
choquer par une coutume nouvelle est l'origine de toute superstitition.
C'est la première route qui mène en enfer. cela
nous conduit au bigotisme et au fanatisme. la vérité
est le ciel; le bigotisme est l'enfer.