Swami VIVEKANANDA

 

 

VEDANTA PRATIQUE

 

 

Suite de 4 conférences données à Londres par Swamiji les 10, 12, 17 et 18 novembre 1896

 

 

Traduction par Gaura Krishna

Traduites à Bée (VB), Italie les 1, 2, 3 et 4 juillet 2005.

 

 

 

I

 

 

On m'a demandé de dire quelque chose sur la position pratique de la philosophie Vedanta. Comme je vous l'ai dit, la théorie est vraiment très bonne, mais comment allons-nous la mettre en pratique ? Si c'est absolument impraticable, aucune théorie n'a quelque valeur que ce soit, sauf d'être de la gymnastique intellectuelle. C'est pourquoi le Vedanta, en tant que religion, doit être intensément pratique. Nous sommes capables de le mettre à exécution dans toutes les parties de notre vie. Et non seulement çà, la différenciation fictive entre la religion et la vie du monde doit disparaître, car le Vedanta prêche l'unité : une seule vie partout. Les idéaux de la religion doivent couvrir le champ entier de la vie, ils doivent entrer dans toutes nos pensées et de plus en plus en pratique. J'entrerai petit à petit dans le côté pratique au fur et à mesure que nous avancerons. Mais cette série de conférences à pour but d'être une base, aussi devons-nous nous appliquer d'abord aux théories et comprendre comment elles sont élaborées, en avançant de cavernes de forêt jusqu'aux rues affairées et aux villes; et un trait particulier que nous voyons est que nombre de ces pensées ont été le résultat, non d'une retraite dans la forêt, mais qu'elles ont émané de personnes que nous nous attendons à mener la vie la plus active : des rois régnants.

Shvetaketu était le fils d'Aruni, un sage, très probablement un ermite. Il fut élevé dans la forêt, mais il se rendit à la ville des Panchalas et apparut à a cour du roi, Pravahana Jaivali. Le roi lui demanda : "Sais-tu comment les êtres s'en vont une fois morts ?" "Non, monsieur." Sais-tu comment ils reviennent ici ?" Non, monsieur." "Connais-tu la voie des ancêtres et la voie des dieux ?" "Non, monsieur." Puis le roi posa d'autres questions. Shvetaketu ne put y répondre. Alors le roi lui dit qu'il ne connaissait rien. Le garçon retourna chez son père, et le père admit qu'il ne pouvait pas lui-même répondre à ces questions. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas répondre à ces questions. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas enseigner le garçon, mais il ne connaissait pas ces choses. Il alla alors voir le roi et lui demanda qu'il lui enseigne ces secrets. Le roi dit que ces choses n'avaient jusqu'à présent été connues que des rois; les prêtres ne les avaient jamais sues. Lui, cependant, se mit à lui enseigner ce qu'il désirait savoir. Nous voyons dans diverses Upanishads que cette philosophie Vedanta n'est pas que le résultat de la méditation dans les forêts, mais que ses meilleures portions ont été imaginées et exprimées par des cerveaux qui étaient très occupées aux affaires de tous les jours. Nous ne pouvons concevoir d'home plus occupé qu'un monarque absolu, un homme qui règne sur des millions de gens et, pourtant, certains de ces rois étaient de profonds penseurs.

Tout tend à montrer que cette philosophie doit être très pratique; et plus tard, quand nous en viendrons à la Bhagavad Gita - la plupart d'entre vous l'a lu peut-être, c'est le meilleur commentaire que nous ayons sur la philosophie Vedanta - assez curieusement la scène est posée sur le champ de bataille où Krishna enseigne cette philosophie à Arjuna; et la doctrine qui ressort de manière lumineuse à chaque page de la Gita est une activité intense, mais au sein de cette activité, un calme éternel. C'est le secret du travail, pour atteindre ce qui est le but du Vedanta. L'inactivité, comme nous la comprenons dans le sens de passivité, ne peut certainement pas être le but. S'il en était ainsi, alors les murs autour de nous seraient les plus intelligents, ils sont inactifs. Les mottes de terre, les troncs d'arbre seraient les plus grands sages du monde; ils sont inactifs. Et l'inactivité ne devient pas activité quand elle est combinée avec la passion. L'activité réelle, qui est le but du Vedanta, se combine avec un calme éternel, le calme qui ne peut pas être troublé, l'équilibre du mental qui n'est jamais perturbé, quoiqu'il arrive. Et nous savons tous par notre expérience de la vie que c'est la meilleure attitude pour le travail.

On m'a de nombreuses fois demandé comment nous travaillons si nous n'avons pas la passion que nous ressentons généralement pour le travail. J'ai aussi pensé de cette manière il y a des années, mais alors que je vieillis, obtenant plus d'expérience, je trouve que çà n'est pas vrai. Moins il y a de passion, plus nous travaillons bien. Plus nous sommes calme, le mieux pour nous, et plus nous pouvons faire de travail. Lorsque nous laissons aller nos sentiments, nous perdons tant d'énergie, nous nous détraquons les nerfs, perturbons notre mental et accomplissions très peu de travail. L'énergie que nous aurions du avoir pour le travail est dépensée en pur sentiment, quine compte pour rien. C'est seulement quand le mental est très calme et concentré que la totalité de son énergie est dépensée en faisant du bon travail. Et si nous lisons les vies des grands travailleurs que le monde a produits, nous verrons qu'ils étaient des hommes merveilleusement calmes. Rien, pour ainsi dire, ne pouvait les déséquilibrer. C'est pourquoi l'homme qui se met en colère ne fait jamais une grande quantité de travail, et l'homme que rien ne peut mettre en colère accomplit tant. L'homme qui se laisse aller à la colère, ou à la haine, ou à une autre passion, ne peut pas travailler; il ne fait que se mettre en morceaux et il ne fait rien de pratique. C'est le calme, le pardon, un mental uniforme, bien équilibré qui donne la plus grande quantité de travail.

Le Vedanta prêche l'idéal; et l'idéal, comme nous le savons, est toujours loin en avant du réel, du pratique, comme nous pouvons l'appeler. Il y a deux tendances dans la nature humaine : l'une pour harmoniser l'idéal avec la vie, et l'autre pour élever la vie jusqu'à l'idéal. C'est une grande chose de le comprendre, car la première tendance est la tentation de nos vies. Je pense que je ne peux faire qu'une certaine sorte de travail. C'est mauvais pour la plus grande partie, peut-être; la plus grande partie de cela a une force motrice de passion derrière, la colère, ou l'avidité ou l'égoïsme. Si maintenant un homme vient à me prêcher un certain idéal dont le premier pas est d'abandonner l'égoïsme, d'abandonner le plaisir de soi, je trouve que çà n'est pas pratique. Mais quand un homme amène un idéal qui peut être réconcilié avec mon égoïsme, je suis content et je sauté dessus. C'est pour moi l'idéal. De même que le mot " orthodoxe " a été manipulé sous de nombreuses formes, ainsi l'a été le mot " pratique ". Ma doxie est orthodoxie, votre doxie est hétérodoxie. De même avec praticabilité. Ce que je pense est pratique, c'est pour moi la seule praticabilité du monde. Si je suis commerçant, je pense que le fait d'être commerçant est la seule occupation pratique du monde. Si je suis un voleur, je pense que voler est le meilleur moyen d'être pratique; les autres moyens ne sont pas pratiques. Vous voyez comment nous utilisons tous ce mot 'pratique' pour des choses que nous aimons faire et que nous pouvons faire. Aussi je vous demanderai de comprendre que le Vedanta, quoiqu'il soit intensément pratique, l'est toujours dans le sens de l'idéal. Il ne prêche pas un idéal impossible, si élevé qu'il puisse être, et il est assez élevé pour un idéal. En un mot, cet idéal est que vous êtes divin, "Tue s Vela". C'est l'essence du Vedanta, après toutes ses ramifications et ses gymnastiques intellectuelles, vous savez que l'âme humaine est pure et omnisciente, vous voyez que des superstitions telles que la naissance et la mort seraient des non-sens complets si on en parlait en relation avec l'âme. L'âme n'est jamais née et ne mourra jamais, et toutes ces idées que nous allons mourir et avons peur de mourir ne sont que de simples superstitions. Et toutes ces idées selon lesquelles nous pouvons faire ceci et pas cela sont des superstitions. Nous pouvons tout faire. Le Vedanta enseigne aux homes à avoir foi en eux-mêmes d'abord. De même que certaines religions du monde dissent qu'un homme qui ne croit pas en un Dieu Personnel en dehors de lui-même est un athée, le Vedanta dit qu'un homme qui je croit pas en lui-même est un athée. Ne pas croire en la gloire de notre propre âme est ce que le Vedanta appelle athéisme. Pour beaucoup cela est sans doute une idée terrible; et la plupart d'entre nous pensent que cet idéal ne pourra jamais être atteint; mais le Vedanta insiste sur le fait qu'il peut être réalisé par tout le monde. Il n'y a ni homme ni femme ou enfant, ni différence de race ou de sexe, ni quoi que se soit qui puisse être un obstacle à la réalisation de l'idéal, parce que le Vedanta montre qu'il est déjà réalisé, il est déjà là.

Tous les pouvoirs de l'univers sont déjà nôtres. C'est nous qui avons mis nos mains devant nos yeux et crié qu'il faisait noir. Sachez qu'il n'y a aucune obscurité autour de nous. Enlevez les mains et la lumière est là qui était là depuis le début. L'obscurité n'a jamais existé, la faiblesse n'a jamais existé. Nous qui sommes fous crions que nous sommes faibles ; nous qui sommes fous crions que nous sommes impurs. Ainsi non seulement le Vedanta insiste que sur le fait que l'idéal est pratique, mais qu'il a tout le temps été ainsi, et cet Idéal, cette Réalité, est notre propre nature. Tout ce que nous voyons d'autre est faux, erroné. Dès que vous dites : " Je suis un petit être mortel ", vous dites quelque chose qui n'est pas vrai, vous vous mentez vous-mêmes, vous vous hypnotisez en quelque chose de vil, de faible et de misérable.

Le Vedanta ne reconnaît aucun péché, il ne reconnaît que l'erreur. Et l'erreur la plus grande, dit le Vedanta, est de dire que vous êtes faible, que vous êtes un pêcheur, une créature misérable, et que nous n'avez aucun pouvoir et que vous ne pouvez pas faire ceci ni cela. A chaque fois que vous pensez de cette manière, vous mettez, pour ainsi dire, un maillon de plus à la chaîne qui vous courbe vers le bas, vous ajoutez une couche d'hypnotisme de plus à votre propre âme. Aussi, quiconque pense qu'il est faible a tort, quiconque pense qu'il est impur a tort, et lance une mauvaise pensée dans le monde. Nous devons toujours avoir à l'esprit qu'il n'y a dans le Vedanta aucune tentative de réconcilier la vie présente - la vie hypnotisée, cette vie fausse que nous avons assume - avec l'idéal; mais cette vie fausse doit s'en aller, et la vie réelle qui existe toujours doit se manifester, doit briller. Nul homme ne devient de plus en plus pur, c'est une affaire de manifestation plus grande. Le voile tombe et la pureté originelle de l'âme commence à se manifester. Tout est déjà nôtre : pureté, liberté, amour et pouvoir infinis.

Le Vedanta dit aussi que non seulement cela peut être réalisé dans les profondeurs des forêts et des cavernes, mais par des hommes connaissant toutes les conditions possibles de la vie. Nous avons vu que les gens qui ont découvert ces vérités ne vivaient ni dans des caves ni dans des forêts, qu'ils ne suivaient pas les professions habituelles de la vie, mais qu'ils étaient des hommes qui ,nous avons toute raison de le croire, menaient la plus agitée des vies, des hommes qui devaient commander des armées, s'asseoir sur des trônes et veiller au bien-être de millions, et tout cela à une époque de monarchie absolue, et non comme actuellement où un roi est dans une large mesure une simple figure de proue. Ils ont pourtant pu trouver le temps de trouver toutes ces pensées, de les réaliser et de les enseigner à l'humanité. Combien plus encore cela doit-il être pratique pour nous dont les vies, comparées aux leurs, sont des vies de loisir ? Que nous ne pouvons les réaliser est pour nous une honte, voyant que nous sommes comparativement libres tout le temps, ayant très peu à faire. Mes exigences sont comme rien comparées à celles d'un ancien monarque absolu. Mes besoins sont comme rien comparés aux demandes d'Arjuna sur le champ de bataille de Kurukshetra, commandant une immense armée; et il a pourtant pu trouver le temps au milieu du vacarme et du tumulte de la bataille de parler de la philosophie la plus élevée et aussi de l'appliquer dans sa vie. Nous devrions sûrement être capable d'en fait autant dans notre vie, comparativement libre, aisée et confortable. La plupart d'entre nous ici avons plus de temps que nous pensons, si nous voulons réellement l'utiliser pour de bon. Avec la quantité de liberté que nous avons, nous pouvons parvenir à deux cents idéaux dans cette vie, si nous voulons, mais nous ne devons pas abaisser l'idéal à la réalité. L'un des choses les plus insinuantes vient à nous sous la forme de personnes qui s'excusent pour nos erreurs et nous enseignement comment faire des excuses spéciales pour tous nos besoins insensés et nos désirs insensés; et nous pensons que leur idéal est le seul idéal dont nous avons besoin. Mais il n'en est pas ainsi. Le Vedanta ne prêche pas une chose pareille. Le réel doit être réconcilié avec l'idéal, la vie actuelle doit coïncider avec la vie éternelle.

Car vous devez toujours vous rappeler que l'idée centrale unique du Vedanta est cette unité. Il n'y a pas deux en quoi que ce soit, pas deux vies, pas même deux différentes sortes de vie pour les deux mondes. Vous verrez les Vedas parler des cieux et de choses comme cela d'abord, mais plus tard, quand ils en viennent aux idéaux les plus élevés de leur philosophie, ils balayent toutes ces choses. Il n'y a qu'une vie, un monde, une existence. Tout est cet Un, la différence est en degré et non en genre. Le Vedanta nie totalement des idées comme celle selon laquelle les animaux sont séparés des hommes et qu'ils ont été faits et créés par Dieu pour être utilisés pour notre nourriture.

Certaines personnes ont été assez bienveillantes pour démarrer une société anti-vivisection. J'ai demandé à un de ses membres : " Mon ami, pourquoi pensez-vous qu'il est tout à fait terrible de tuer des animaux pour la nourriture et de ne pas en tuer un ou deux pour des expériences scientifiques ? " Il a répondu : " La vivisection est absolument horrible, mais les animaux nous ont été donné pour nourriture. " L'unité comprend tous les animaux. Si la vie de l'homme est immortelle, celle de l'animal l'est aussi. La différence n'est qu'en degré et pas en genre. L'amibe et moi sont le même, la différence n'est qu'en degré; et du point de vie de la vie la plus élevée, toutes ses différences disparaissent. Un homme peu voir une grande différence entre l'herbe et un petit arbre, mais si vous montez très haut, l'herbe et l'arbre le plus grand sembleront fort semblables. Si vous croyez qu'il y a un Dieu, les animaux et les créatures les plus élevées doivent être pareils. Un Dieu qui est partial envers ses enfants appelés hommes, et qui est cruel envers ses enfants appelés bêtes brutes est pire qu'un démon. Je préfèrerais cent fois mourir que d'adorer un tel Dieu. Ma vie entière serait un combat avec un tel Dieu. Mais il n'y a aucune différence, et ceux qui disent qu'il y en a une sont irresponsables, des gens sans cœur qui ne savent pas. Voilà un cas où le mot 'pratique' est utilisé dans un mauvais sens. Je peux être moi-même un végétarien pas très strict, mais je comprends l'idéal. Quand je mange de la viande, je sais que c'est mauvais. Même si je suis obligé de la manger dans certaines circonstances. Je sais que c'est cruel. Je ne dois pas faire descendre mon idéal jusqu'au réel et m'excuser pour ma faible conduite. L'idéal n'est pas de manger de la chair, il n'est pas de blesser un être, car tous les animaux sont mes frères. Si vous pouvez penser à eux comme à vos frères, vous avez fait un petit progrès vers la fraternité de toutes les âmes, sans parler de la fraternité de l'homme ! C'est un jeu pour les enfants ! Vous verrez que généralement que cela n'est pas acceptable pour beaucoup, parce que cela leur enseigne l'abandon du réel et à aller plus haut jusqu'à l'idéal. Mais si vous faites valoir une théorie qui se réconcilie avec leur conduite actuelle, ils la regardent comme quelque chose de complètement pratique.

Il y a cette tendance fortement conservatrice dans la nature humaine : nous n'aimons pas avancer d'un pas. Je pense à l'humanité exactement de la même manière que je lis quelque chose sur des personnes qui ont été gelées dans la neige; tous les mêmes, disent-ils, ils veulent aller dormir, et si vous essayez de les tirer de leur sommeil, ils disent : " Laissez-moi dormir ; c'est si beau de dormir dans la neige ", et il meurent dans ce sommeil. Telle est notre nature. C'est ce que nous faisons toute notre vie, devenant gelés des pieds à la tête et voulant pourtant dormir. Aussi devons-nous nous efforcer vers l'idéal, et si un homme vient qui veut faire descendre cet idéal à votre niveau et vous enseigner une religion qui ne porte pas cet idéal le plus élevé, ne l'écoutez pas. C'est pour moi une religion impraticable. Mais si un homme enseigne une religion qui présente l'idéal le plus élevé, je suis prêt pour lui. Faites attention si quelqu'un essaye de s'excuser des vanités des sens et des faiblesses des sens. Si quelqu'un veut nous prêcher de cette façon, à nous pauvres mottes de terre attachés aux sens comme nous avons fait de nous en suivant cet enseignement, nous ne progresserons jamais. J'ai vu beaucoup de ces choses, j'ai eu quelque expérience du monde, et mon pays est le pays où les sectes religieuses poussent comme des champignons. De nouvelles sectes apparaissent chaque année. Mais j'ai remarqué une chose, ce sont seulement ceux qui ne veulent jamais réconcilier l'homme de chair avec l'homme de vérité qui font des progrès. Partout où se trouve cette fausse idée de réconcilier les vanité de la chair avec les idéaux les plus élevés, de faire descendre Dieu au niveau de " l'homme, une décadence se produit. L'homme ne doit pas être rabaissé vers l'esclavage du monde mais il doit s'élever jusqu'à Dieu.

Il y a en même temps un autre côté à la question. Nous ne devons pas regarder vers le bas les autres avec mépris Nous allons tous vers le même but. La différence entre faiblesse et force est une différence de degré; la différence entre vertu et vice est une différence de degré; la différence entre ciel et enfer est une différence de degré; toutes les différences de ce monde sont des différences de degré et non de genre, parce que l'unité est le secret de tout. Tout est Un, qui Se manifeste, ou comme pensée, ou comme vie, ou comme âme, ou comme corps, et la différence n'est qu'en degré. Comme telle, nous n'avons aucun droit de regarder vers le bas avec mépris ceux qui ne sont pas développés exactement au même niveau que nous le sommes. Ne condamnez personne; si vous pouvez tendre une main secourable, faites-le. Si vous ne pouvez pas, joignez les mains, bénissez votre frère et laissez-le aller son propre chemin. Tirer vers le bas et condamner n'est pas la manière de faire. Le travail n'est jamais accompli de cette façon. Nous dépensons nos énergies en condamnant les autres. La critique et la condamnation son tune manière inutile de dépenser nos énergie, car à long terme nous venons à apprendre que tous voient la même chose, approchent plus ou moins le même idéal, et que la plupart de nos différence ne sont que des différences d'expression.

Prenez l'idée de péché. Je venais juste de vous en donner l'idée védantique, et l'autre idée est que l'homme est un pécheur. Ce sont pratiquement les mêmes, sauf que l'une prend le côté positif et l'autre le côté négatif. L'une montre à l'homme sa grandeur et l'autre sa faiblesse. Il peut y avoir de la faiblesse, dit le Vedanta, mais peu importe, nous voulons évoluer. On a découvert la maladie dès que l'homme est né. Chacun connaît sa maladie; on n'a besoin de personne pour nous dire quelles sont nos maladies. Mais penser tout le temps que nous sommes malades ne nous guérira pas, la médecine est nécessaire. Nous pouvons oublier tout ce qui se trouve à l'extérieur, nous pouvons essayer de devenir hypocrites envers le monde extérieur, mais au fond de notre cœur nous connaissons nos faiblesses. Mais le Vedanta dit que de se faire rappeler nos faiblesses n'aide pas beaucoup; donnez de la force, et la force n'arrive pas en pensant tout le temps à la faiblesse. Le remède à la faiblesse n'est pas de couver la faiblesse, mais de penser à la force. Enseignez aux hommes la force qui est déjà en eux. Au lieu de leur dire qu'ils sont des pécheurs, le Vedanta prend la position inverse et dit : "Vous êtes purs et parfaits, et ce que vous appelez péché ne vous appartient pas. " Les péchés sont des degrés très bas de la manifestation du Soi ; manifestez votre Soi à un haut degré. C'est la seule chose à se rappeler ; nous pouvons tous le faire. Ne dites jamais : " Non ", ne dites jamais : " Je ne peux pas ", car vous êtes infinis. Même le temps et l'espace ne sont rien comparés à votre nature. Vous pouvez tout faire et n'importe quoi, vous êtes tout-puissants.

Ce sont des principes d'éthique, mais nous allons maintenant descendre plus bas et comprendre les détails. Nous allons voir comment ce Vedanta peut être porté dans la vie de tous les jours, dans la vie de la cite, dans la vie du pays, dans la vie nationale et dans la vie domestique de toute nation. Car, si une religion ne peut aider l'homme où qu'il puisse être, où qu'il puisse se trouver, elle n'est pas d'une grande utilité; elle ne restera qu'une théorie pour quelques élus. La religion, pour aider l'humanité, doit être prêtre et doit être capable de l'aider dans toutes les conditions o mil se trouve, en esclavage ou en liberté, dans les profondeurs de l'avilissement ou sur les hauteurs de la pureté, partout, également, elle doit aide capable de venir à son aide. Le principe du Vedanta, ou l'idéal de la religion, ou quelque soit le nom que vous lui donnez, sera accomplie par sa capacité à remplir cette grande fonction.

L'idéal de la foi en nous-mêmes est la plus grande aide qui soit pour nous. Si la foi en nous-mêmes avait été enseignée et pratiquée de manière plus large, je suis sur qu'une très grande partie des maux et des misères que nous avons aurait disparu. Tout le long de l'histoire de l'humanité, si un pouvoir moteur a été plus puissant qu'un autre dans les vies des grands hommes et des grandes femmes, ce fut celui de la foi en eux-mêmes. Nés avec la conscience qu'ils allaient être grands, ils sont devenus grands. Laissez tomber un homme aussi bas que possible; il doit y avoir un moment où à partir du pur désespoir il prendra une courbe ascendante et apprendra à avoir foi en lui-même. Mais il est mieux pour nous de devoir savoir cela dès le début. Pourquoi devrions-nous avoir toutes des expériences amères pour avoir foi en nous-mêmes ? Nous pouvons voir que toute la différence entre un homme et un autre est due à l'existence ou à la non-existence de la foi en lui-même. La foi en nous-mêmes fera tout. J'en ai fait l'expérience dans ma vie et je continue de la faire ; et en vieillissant cette foi devient de plus en plus forte. C'est un athée celui quine croit pas en lui-même. La vieille religion disait qu'était athée celui qui ne croyait pas en Dieu. La nouvelle religion dit qu'est athée celui qui ne croit pas en lui-même. Mais çà n'est pas une foi égoïste, parce que le Vedanta, encore une fois, est la doctrine de l'unité. Il veut dire foi en tout, parce que vous êtes tout. Amour envers vous-mêmes veut dire amour envers tous, amour envers les animaux, amour envers tout, car vous êtes tous un. C'est la grande foi qui améliorera le monde. J'en suis sur. C'est l'homme le plus élevé celui qui dit avec vérité : "Je sais tout sur moi-même. " Savez-vous combien d'énergie, combien de pouvoirs, combien de forces se cachent encore derrière votre charpente ? Quel scientifique a connu tout ce qu'il y a en l'homme ? Des millions d'années se sont écoulées depuis que l'homme est venu ici pour la première fois, et pourtant seule une partie infinitésimale de ses pouvoirs s'est manifestée. Aussi ne pouvez-vous pas dire que vous êtes faible. Comment savez-vous quelles possibilités se trouvent derrière cette dégradation de surface ? Vous ne connaissez que peut de ce qui est en vous. Car derrière vous se trouve l'océan dj pouvoir et de la félicité infinis.

" On doit d'abord entendre parler de cet Atman." Entendre nuit et jour que vous êtes cette Âme. Répétez-le vous jour et nuit jusqu'à ce que cela entre dans vos veines mêmes, jusqu'à ce que çà fourmille dans chaque goutte de sang, jusqu'à ce que ce soit dans votre chair et dans vos os. Que tout le corps soit plein de cet unique idéal : "Je suis le sans-naissance, le sans-mort, le bienheureux,l'omniscient, l'omnipotent, l'Âme à jamais glorieuse. " Pensez-y jour et nuit; pensez-y jusqu'à ce que çà devienne part et partie de votre vie. Méditez dessus, et à partir de cela le travail viendra. " A partir de la plénitude du cœur la bouche parle. ", et à partir de la plénitude du coeur la main travaille aussi. L'action viendra. Emplissez-vous de l'idée; quoique vous fassiez, pensez-y bien. Toutes vos actions seront amplifiées, transformées, défiées, par le pouvoir même de la pensée. Si la matière est puissante, la pensée est omnipotente. Amenez cette pensée à s'appuyer sur votre vie, emplissez-vous de la pensée de votre toute-puissance, de votre majesté, de votre gloire. Plaise à Dieu qu'aucune superstition n'ait été mise dans votre tête ! Plaise à Dieu de n'avoir pas été entourés depuis notre naissance par toutes ces influences superstitieuses et ces idées paralysantes de notre faiblesse et de notre bassesse ! Mais l'homme devait passer par tout cela ; ne rendez pas le chemin plus difficile pour ceux qui viennent après vous.

Ce sont des doctrines quelquefois terribles à enseigner. Je connais des gens qui s'effrayent à ces idées, mais pour ceux qui veulent être pratiques, c'est la première chose à apprendre. Ne dites jamais à vous-mêmes ou aux autres que vous êtes faible. Faites du bien si vous le pouvez, mais ne blessez pas le monde. Au plus profond de votre cœur vous savez que beaucoup de vos idées limitées, cette humiliation de vous-mêmes et cette prière et ces pleurs à des êtres imaginaires sont des superstitions. Citez-moi un cas où ces prières ont été exaucées. Toutes les réponses qui sont arrivées venaient de notre propre cœur. Vous savez qu'il n'y a pas de fantômes, mais vous n'êtes pas plus tôt dans le noir que vous ressentez une petite sensation qui donne la chair de poule. Il est en ainsi parce que dans notre enfance ces idées effrayantes ont été mises dans notre tête. Mais n'enseignez pas ces choses aux autres par peur de la société ou de l'opinion publique, ou par peur de perdre des superstitions chéries. Soyez maîtres de toutes ces choses. Qu'y a-t-il de plus à apprendre en religion que l'unité de l'univers et la foi en soi-même ? Toutes les œuvres de l'humanité pendant des milliers d'années passées ont été faites dans cet unique but, et l'humanité travaille encore à y arriver. C'est maintenant votre tour et vous savez déjà la vérité. Car elle a été enseignée de tous les côtés. Il n'y a pas que la philosophie et la psychologie qui l'ont déclarée, mais aussi la science matérialiste. Où est aujourd'hui l'homme de science qui a peur de reconnaître la vérité de cette unité de l'univers ? Qui est là qui ose parler de plusieurs mondes ? Toutes ces choses sont des superstitions. Il n'y a qu'une vie et qu'un monde, et cette vie et ce monde unique nous apparaît comme multiple. Cette multiplicité est comme un rêve. De même en est-il dans ce monde de quatre vingt dix neuf pour cent de misère et de dix pour cent de bonheur. Il se peut qu'après un temps il apparaisse comme quatre vingt dix neuf pour cent de bonheur, et nous l'appellerons paradis, mais il arrive un moment pour le sage où toute la chose disparaît, et ce monde apparaît comme Dieu Lui-même et sa propre âme comme Dieu. Aussi n'y a-t-il pas plusieurs mondes, il n'y a pas plusieurs vies. Toute cette multiplicité est la manifestation de cet Un. Cet Un Se manifeste comme plusieurs. Aussi le premier pas à faire pour nous est-il d'enseigner cette vérité à nous-mêmes et aux autres.

Que le monde résonne de cet idéal, et que les superstitions disparaissent. Dites-le aux hommes qui sont faibles et qui persistent à le dire. Vous êtes le Pur Un; réveillez-vous et élevez-vous, O tout-puissant, ce sommeil ne vous convient pas. Réveillez-vous et élevez-vous, il ne vous sied pas. Ne pensez pas que vous êtes faible et misérable. Tout-puissant, réveillez-vous et élevez-vous, et manifestez votre propre nature. Il n'est pas bon que vous pensiez de vous que vous êtes un, pécheur. Dites-le au monde, dites-le à vous-mêmes, et voyez quel résultat pratique apparaîtra, voyez comment tout est manifesté par avec un éclair électrique, comment tout est changé. Dites cela à l'humanité, et montrez-lui son pouvoir. Nous apprendrons alors comment l'appliquer dans nos vies quotidiennes.

Pour être capable d'utiliser ce que nous appelons Viveka (discrimination), pour apprendre comment, à tout instant de notre vie, dans chacune de nos actions, à discriminer entre ce qui est bon et ce qui est mauvais, entre ce qui est vrai et ce qui est faux, nous devons connaître le test de la vérité, qui est la pureté, l'unité. Tout ce qui va dans le sens de l'unité est vérité. L'amour est vérité, et la haine est fausse, parce que la haine va dans le sens de la multiplicité. C'est la haine qui sépare l'homme de l'homme, c'est pourquoi elle est mauvaise et fausse. C'est un pouvoir qui désintègre, il sépare et détruit.

L'amour tend, se dirige vers cette unité. Vous devenez un, la mère avec l'enfant, les familles avec la cité, le monde entier devient un avec les animaux. Car l'amour est Existence, Dieu Lui-même; et tout cela est la manifestation de cet Unique Amour, plus ou moins exprimé. La différence n'est qu'en degré, mais c'est partout la manifestation de cet Unique Amour. C'est pourquoi dans toutes nos actions nous devons juger si elles vont dans le sens de la diversité ou dans le sens de l'unité. Si elles vont dans le sens de l'unité nous devons les abandonner, mais si elle vont dans le sens de l'unité nous sommes sur qu'elles sont bonnes. De même avec nos pensées; nous devons décider si elles vont dans le sens de la désintégration, de la multiplicité ou dans le sens de l'unité, liant l'âme à l'âme et apportant une influence à garder. Si elles le font, nous les accepterons, et sinon nous les rejetterons comme étant criminelles.

Tout l'idée de morale est qu'elle ne dépend pas de quelque chose de non connaissable, elle n'enseigne rien d'inconnu, mais dans le langage de l'Upanishad : "Le Dieu que tu adores comme un Dieu inconnu, c'est le même que je te prêche." C'est au travers du Soi que vous connaissez quelque chose. Je vois la chaise; mais pour voir la chaise, je dois d'abord me percevoir et ensuite la chaise. C'est dans et à travers le Soi que la chaise est perçue. C'est dans et à travers le Soi que vous m'êtes connus, que le monde entier m'est connu; et c'est pourquoi dire que ce Soi est inconnu est pur non-sens. Enlevez le Soi et l'univers entier disparaît. Toute connaissance vient dans et à travers le Soi. Aussi est-il le mieux connu de tous. Il est vous-mêmes, ce que vous appelez 'je'. Vous pouvez vous demander comment ce 'je' de moi peut être le 'je' de vous. Vous pouvez vous demandez comment ce 'je' limité peut être l'Infini illimité, mais il en est ainsi. Le limité est une simple fiction. L'Infini a été recouvert, pour ainsi dire, et un peu de Lui se manifeste comme le 'je'. La limitation ne peut jamais venir au-dessus de l'illimité, c'est une fiction. Aussi le Soi est-il connu par chacun d'entre nous, homme, femme ou enfant, et même par les animaux. Sans Le connaître nous ne pouvons ni vivre ni bouger, ni avoir notre être; sans connaître ce Seigneur de tout, nous ne pouvons pas respirer ni vivre une seconde. Le Dieu du Vedanta est le plus connu de tout et il n'est pas le résultat de l'imagination.

Si cela n'est pas prêcher un Dieu pratique, de quelle autre manière pourriez-vous enseigner un Dieu pratique ? Où y a-t-il un Dieu plus pratique que Lui que je vois devant moi, un Dieu omniprésent, en tout être, plus réel que nos sens ? Car vous êtes Lui, l'Omniprésent Dieu Tout-puissant, l'Âme de vos âmes, et si je dis que vous ne l'êtes pas, je dis un mensonge. Je le sais, même si j'en ai tout le temps conscience ou non. Il est l'Un, l'Unité de tout, la Réalité de toute vie et de toute existence.

Ces idées de l'éthique du Vedanta doivent être vues en détail, aussi devons nous avoir de la patience. Comme je vous l'ai dit, nous voulons voir le sujet en détails et l'étudier complètement, voir comment les idées ont évolué à partir d'idéaux très bas, et comment le grand Idéal de l'unité s'est développé et est devenu façonné dans l'amour universel, et nous devons étudier cela dans l'ordre pour éviter les dangers. Le monde ne peut pas trouver le temps de l'étudier depuis les étapes les plus basses. Mais quel est l'utilité de nous trouver sur des marches plus hauts si nous ne pouvons pas donner la vérité aux autres qui viendront après ? Aussi est-il mieux de l'étudier dans tous ses rouages; et il est d'abord absolument nécessaire de clarifier la partie intellectuelle, bien que nous sachions que l'intellectualité n'est pratiquement rien; car c'est le coeur qui est de la plus haute importance. C'est par à travers le cœur que le Seigneur est vu, et non à travers l'intellect. L'intellect est seulement celui qui nettoie le chemin pour nous, un travailleur secondaire, le policier; mais le policier n'est pas une nécessité positive pour les rouages de la société. Il n'existe que pour arrêter les perturbations, pour contrôler les mauvaises actions, et c'est tout le travail qui est demandé à l'intellect. Quand vous lisez des livres intellectuels, vous pensez après les avoir maîtrisés : "Béni soit le Seigneur d'en avoir fini", parce que l'intellect est aveugle et ne peut bouger par lui-même, il n'a ni mains ni pieds. C'est le sentiment qui travaille, qui bouge à une vitesse infiniment supérieure à celle de l'électricité ou de n'importe quoi d'autre. Sentez-vous ? Telle est la question. Si oui, vous verrez le Seigneur. C'est le sentiment que vous avez aujourd'hui qui sera intensifié, déifié, élevé jusqu'à la plate-forme la plus haute, jusqu'à ce qu'il ressente tout, l'unité en tout, jusqu'à ce qu'il ressent Dieu en lui-même et dans les autres. L'intellect ne peut jamais faire cela. "Différentes méthodes pour dire des mots, différentes méthodes pour expliquer les textes des livres, ces choses sont pour le plaisir de celui qui est cultivé, pas pour le salut de l'âme." (Vivekachudamani, 58).

Ceux d'entre vous qui ont lu Thomas a Kempis savant comment il insiste à chaque page sur cela, et presque tout home saint du monde a insisté dessus. L'intellect est nécessaire, car sans lui nous tombons dans des erreurs grossières et faisons toutes sortes de fautes. L'intellect les contrôle; mais au-delà de cela, n'essayez pas de construire quelque chose sur lui. Il est une aide inactive, secondaire ; l'aide véritable est le sentiment, l'amour. Ressentez-vous pour les autres ? Si oui, vous grandissez en unité. Si vous ne ressentez pas pour les autres, vous pouvez être l'intellectuel le plus géant jamais né mais vous n'êtes rien; vous êtes un intellect sec et vous le resterez. Et si vous ressentez, même si vous ne pouvez pas lire de livre et ne connaissez aucune langue, vous êtes sur le bon chemin. Le Seigneur est vôtre.

Ne savez-vous pas, à partir de l'histoire du monde, où se trouve le pouvoir des prophètes ? Où était-il ? Dans l'intellect ? Est-ce que l'un d'entre eux a écrit un excellent livre de philosophie, sur les ratiocinations les plus compliquées de la logique ? Pas un d'entre eux. Ils n'ont dit que quelques mots. Ressentez comme Christ et vous serez un Christ; ressentez comme Buddha et vous serez un Buddha. C'est le sentiment qui est la vie, la force, la vitalité, sans lequel aucune somme d'activité intellectuelle ne peut atteindre Dieu. L'intellect est comme des membres dans le pouvoir de locomotion. C'est seulement quand le sentiment entre et leur donne mouvement qu'ils bougent et agissent sur les autres. Il en est ainsi partout dans le monde, et c'est une chose dont vous devez toujours vous souvenir. C'est l'une des choses les plus pratiques dans la moralité védantique, car c'est l'enseignement du Vedanta que vous êtes tous des prophètes, et que vous devez tous être des prophètes. Le livre n'est pas la preuve de " votre conduite, mais vous êtes la preuve du livre. Comment savez-vous qu'un livre enseigne la vérité ? Parce que vous êtes la vérité et que vous la ressentez. C'est ce que dit le Vedanta. Quelle est la preuve des Christs et des Buddhas du monde ? Que vous et moi ressentons comme eux. C'est ainsi que vous et moi comprenons qu'ils sont vrais. Notre âme-prophète est la preuve de leur âme-prophète. Votre divinité est la preuve de Dieu Lui-même. Si vous n'êtes pas prophète, il n'y a jamais eu rien de vraie de Dieu. Si vous n'êtes pas Dieu, il n'y a jamais eu aucun Dieu et il n'y en aura jamais. Cela, dit le Vedanta, est l'idéal à suivre qu'il y a quelque chose d'impossible pour l'âme. C'est la plus grande des hérésies que de penser ainsi. S'il y a péché, c'est le seul péché, de dire que vous êtes faible, ou que les autres sont faibles.

 

 

II

 

 

Je vais vous raconteur une très ancienne histoire tirée de la Chhandogya Upanishad, qui raconte comment la connaissance est venue à un garçon. La forme de l'histoire est très crue, mais vous verrons qu'elle contient un principe. Un jeune garçon dit à sa mère : " Je vais étudier les Vedas. Dis-moi le nom de mon père et celui de ma caste. " La femme n'était pas une femme mariée, et en Inde l'enfant d'une femme qui n'a pas été mariée est considéré comme un hors caste; il n'est pas reconnu par la société et n'est pas en droit d'étudier les Vedas. La pauvre mère dit alors : " Mon enfant, je ne connais pas ton nom de famille; j'étais en service et je servais à différents endroits; je ne sais pas qui est ton père, mais mon nom est Jabala et ton nom est Satyakama. " Le jeune enfant alla voir un sage et lui demanda de le prendre comme étudiant. Le sage lui demanda : " Quel est le nom de ton père, et quelle est ta caste ? " Le garçon lui répéta ce qu'il avait entendu de sa mère. Le sage dit immédiatement : " Nul autre qu'un brahmane ne pourrait dire une telle vérité préjudiciable sur lui-même. Tu es un brahmane et je vais t'enseigner. Tu n'as pas dévié de la vérité." Il prit ainsi l'enfant avec lui et l'éduqua.

Viennent maintenant quelques méthodes particulières à l'éducation dans l'Inde ancienne. Ce professeur donna quatre cent vaches efflanquées et faibles pour en prendre soin et il l'envoya dans la forêt. Il y alla et y vécu quelque temps. Le professeur lui avait dit de revenir quand le troupeau aurait atteint le nombre de mille. Après quelques années, Satyakama entendit un jour un grand taureau du troupeau lui dire : " Nous sommes maintenant mille; ramène-nous à ton professeur. Je vais t'enseigner un peu de Brahman. " " Dites, monsieur ", dit Satyakama. Le taureau dit alors : " L'Est est une partie du Seigneur, de même que l'Ouest, le Sud et le Nord. Les quatre points cardinaux sont les quatre parties de Brahman. Le feu t'enseignera aussi quelque chose sur Brahman. " Le feu était un grand symbole à cette époque-là, et tout étudiant devait obtenir du feu et faire des offrandes. Alors le jour suivant, Satyakama partit pour aller à la maison de son Guru, et lorsqu'il eut accompli son oblation le soir et adore rendu culte au feu et qu'il était assis près de lui, il entendit une voix venant du feu : " O, Satyakama. " " Parle, Seigneur", dit Satyakama (vous vous rappelez peut-être une histoire très semblable dans l'Ancien Testament, comment Samuel entendit une voix mystérieuse). " Oh Satyakama, je suis venu t'enseigner un peu de Brahman. Cette terre est une partie de ce Brahman. Le ciel et e paradis sont des portions de Lui. L'océan est une partie de ce Brahman." Puis le feu dit qu'un certain oiseau lui enseignerait aussi quelque chose. Satyakama continua son voyage et le jour suivant, après qu'il ait eu accompli son sacrifice du soir un cygne vint vers lui et dit : " Je vais t'enseigner quelque chose au sujet de Brahman. Le feu auquel tu rends culte, O Satyakama, est une partie de ce Brahman. Le soleil est une partie, la lune est une partie, l'éclair est une partie de ce Brahman. Un oiseau nommé Madgu t'en dira plus sur lui." Le soir suivant cet oiseau vint, et Satyakama entendit une voix semblable : "Je vais te dire quelque chose sur Brahman. Le souffle est une partie de Brahman, la vue est une partie, l'ouïe est une partie, le mental est une partie. " L'enfant arriva alors chez son professeur et se présenta devant lui avec la vénération qui lui était due. Le professeur n'eut pas plus tôt vu ce disciple qu'il remarqua : "Satyakama, ton visage luit comme celui d'un connaisseur de Brahman ! Qui donc t'a enseigné ?" "Des êtres autres que des hommes" répondit Satyakama. "Mais je souhaite que vous m'enseigniez, monsieur. Car j'ai entendu, venant d'hommes comme vous, que seule la connaissance qui est apprise d'un Guru conduit un bien suprême. " Le sage enseigna alors à l'enfant la même connaissance que celle qu'il avait reçue des dieux. " Et rien ne fut omis, non, rien ne fut omis."

Maintenant, à part les allégories de ce que le taureau, le feu et les oiseaux ont enseigné, nous voyons la tendance de la pensée et la direction qu'elle prenait à cette époque. La grande idée dont nous voyons ici le germe est que toutes ces voix sont à l'intérieur de nous. Quand nous comprenons mieux ces vérités, nous trouvons que la voix est en notre propre cœur, et l'étudiant comprit tout le temps qu'il entendait la vérité ; mais son explication n'était pas correcte. Il interprétait la voix comme venant du monde extérieur alors que tout le temps elle était en lui. La seconde idée que nous obtenons est celle de rendre pratique la connaissance du Brahman. Le monde recherche toujours les possibilités pratiques de la religion, et nous voyons dans ces histoires comment elle devenait chaque jour de plus en plus pratique. La vérité était montrée à travers tout ce dont les étudiants étaient familiers. Le feu qu'ils adoraient était Brahman, la terre était une partie de Brahman, et ainsi de suite.

L'histoire suivante appartient à Upakosala Kamalayana, un disciple de ce Satyakama, qui vint à être enseigné par lui et qui demeura avec lui pendant quelque temps. Satyakama partit en voyage et l'étudiant devint très déprimé; et lorsque la femme du professeur vint lui demander pourquoi il ne mangeait pas, le garçon répondit : "Je suis trop malheureux pour manger. " Une voix vint alors du feu qu'il était en train d'adorer, disant : "Cette vie est Brahman, Brahman est l'éther, et Brahman est bon. "Je sais,", répondit le garçon, "que cette vie est Brahman, mais qu'Il est éther et bonheur, cela je ne le sais pas." Puis il expliqua que les deux mots éther et bonheur signifiaient en réalité une chose, à savoir l'éther sensible (pure intelligence) qui réside dans le cœur. Il lui apprit ainsi Brahman en tant que vie et en tant qu'éther dans le cœur. Puis le feu lui enseigna : " Cette terre, ce bois, ce feu et ce soleil que tu adores, sont des formes de Brahman. La personne qui est vue dans le soleil, je suis Elle. Celui qui sait cela et qui médite sur Lui, tous ses péchés disparaissent et il a une longue vie et devient heureux. Celui qui vit dans les points cardinaux, dans la lune, dans les étoiles, et dans l'eau, je suis Lui. Celui qui vit dans cette vie, dans l'éther, dans les cieux, et dans l'éclair, je suis Lui. " Nous voyons ici aussi la même idée de religion pratique. Les choses auxquelles ils rendaient culte, comme le feu, le soleil, la lune et ainsi de suite, et la voix avec laquelle ils étaient familiers, forment le sujet des histoires qui leur expliquent et qui leur donnent une signification plus élevée. Et cela est le côté réel, pratique du Vedanta. Il ne détruit pas le monde, mais il l'explique; il ne détruit pas la personne, mais il l'explique; il ne détruit pas l'individualité, mais il l'explique en montrant l'individualité réelle. Il ne montre pas que ce monde est vain et qu'il n'existe pas, mais il dit : " Comprends ce qu'est ce monde, afin qu'il ne puisse pas te blesser." La voix n'a pas dit à Upakosala que le feu qu'il adorait, ou que le soleil, ou la lune, ou l'éclair, ou quoique ce soit d'autre, étaient tous mauvais, mais il lui a montré que le même esprit qui était dans le soleil, dans la lune, dans l'éclair, dans le feu et dans la terre était en lui, de telle sorte que tout se transforma, pour ainsi dire, aux yeux d'Upakosala. Le feu qui n'était qu'un simple feu matériel avant dans lequel faire les oblations assumait un nouvel aspect et devenait le Seigneur. La terre se transforma, la vie se transforma, le soleil, la lune, les étoiles, l'éclair, tout se transforma et devint déifié. Leur nature réelle était connue. Le thème du Vedanta est de voir le Seigneur en tout, de voir les choses dans leur nature réelle, non comme elles semblent être. Puis les Upanishads enseignent une autre leçon : " Celui qui brille au travers des yeux est Brahman. Il est l'Un Magnifique, Il est l'Un Brillant. Il brille dans tous ces mondes." Une certaine lumière particulière, dit un commentateur, qui vient à l'homme pur, est ce qui est entendu par la lumière dans les yeux, et il est dit que lorsqu'un homme est pur une telle lumière brille dans ses yeux, et que cette lumière appartient réellement à l'Âme au-dedans, qui est partout. C'est la même lumière qui brille dans les planètes, dans les étoiles et dans les soleils.

Je vais maintenant vous lire une autre doctrine de ces anciennes Upanishads, sur la naissance, la mort, etc. Peut-être vous intéressera-t-elle. Shvetaketu alla voir le roi des Panchalas, et le roi lui demanda : "Sais-tu où vont les gens quand ils meurent ? Sais-tu comment ils reviennent ? Sais-tu pourquoi l'autre monde ne devient pas plein ?" Le garçon répondit qu'il ne savait pas. Il alla alors voir son père et lui posa les mêmes questions. Le père dit : "Je ne sais pas", et il alla voir le roi. Le roi dit que ce savoir n'avait jamais été connu des prêtres, qu'il n'était que pour les rois, et que c'était la raison pour laquelle les rois gouvernaient le monde. Cet homme resta quelque temps avec le roi, car le roi lui dit qu'il allait l'enseigner. " L'autre monde, O Gautama, est le feu. Le soleil est son combustible. Les rayons sont la fumée. Le jour est la flamme. La lune est les braises. Et les étoiles sont les étincelles. Dans le feu les dieux versent la libation de foi et de cette libation le roi Soma est né." Il continue ainsi. "Tu n'as pas besoin de faire d'oblation à ce petit feu : le monde entier est ce feu, et cette oblation, ce culte, se fait continuellement. Les dieux, les anges et tout le monde l'adorent. L'homme est le plus grand symbole du feu, le corps de l'homme." Nous voyons ici aussi l'idéal devenir pratique et Brahman est vu en tout. Le principe qui est sous-jacent o toutes ces histoires est que le symbolisme inventé peut être bon et utile, mais qu'il existe déjà de meilleurs symboles qu'aucun que nous puissions inventer. Vous pouvez inventer une image à travers laquelle adorer Dieu, mais une meilleure image existe déjà, l'homme vivant. Vous pouvez construire un temple dans lequel adorer Dieu, et cela peut être bon, mais un meilleur, un bien plus haut, existe déjà, le corps humain.

Vous vous souvenez que les Vedas ont deux parties, la partie qui concerne le cérémonial et la partie relative à la connaissance. Avec le temps les cérémonials se sont multipliés et sont devenus si complexes qu'il était pratiquement ans espoir de les débrouiller, et nous voyons ainsi dans les Upanishads que les cérémonials abandonnés, mais doucement, en les expliquant. Nous voyons que dans les anciens temps ils avaient ces oblations et ces sacrifices, puis les philosophes sont venus, et au lieu d'arracher les symboles des mains de l'ignorant, au lieu de prendre la position négative, que nous trouvons malheureusement si généralement dans les réformes modernes, ils leur ont donné quelque chose à la place. "Voici le symbole du feu ", disent-ils. "Très bien ! Mais voici un autre symbole, la terre. Quel grand, grand symbole ! Voici un petit temple, mais tout l'univers est un temple; un homme peut adorer n'importe où. Il y a des dessins particuliers que les hommes tracent sur la terre, et ils y a les autels, mais voici le plus grand des autels, le corps humain vivant, conscient, et adorer à cet autel est bien plus élevé que l'adoration de n'importe quel symbole mort."

Nous en venons maintenant à une doctrine particulière. Je n'en comprends pas beaucoup moi-même. Si vous pouvez en faire quelque chose, je vais vous la lire. Quand un homme meurt, qui par la méditation s'est purifié et a obtenu la connaissance, il va d'abord à la lumière, puis de la lumière au jour, du jour à la demi-lumière de la lune, de là aux six mois où le soleil va vers le nord, de là à l'année, de l'année au soleil, du soleil à la lune, de la lune à l'éclair, et quand il arrive dans la sphère de l'éclair, il rencontre une personne qui n'est pas humaine et cette personne le conduit au Brahman (conditionné). C'est la voie des dieux. Quand des sages ou des personnes sages meurent, ils vont de cette manière et ils ne reviennent pas. Ce qui est entendu par ce mois et cette année et toutes ces choses, personne ne le comprend clairement. Chacun donne sa propre interprétation, et certains disent que c'est un non-sens total. Ce qui est entendu par aller vers le monde de la lune et du soleil, et cette personne qui vient aider l'âme après qu'elle ait atteint la sphère de l'éclair, personne ne le sait .Parmi les Hindous existe une idée que la lune est un endroit om la vie existe, et nous verrons comment la vie est venue de là. Ceux qui n'ont pas atteint la connaissance mais qui ont fait du bon travail dans cette vie font d'abord, quand il meurent, à travers la fumée, puis à la nuit, puis aux quinze jours sombres, plus aux six mois où le soleil va vers le sud, et de là ils vont dans la région de leurs ancêtres, puis à l'éther, puis à la région de la lune, et ils deviennent la nourriture des dieux et, plus tard, il naissent comme dieux et vive là si longtemps que leurs bons travaux le permettent. Et quand l'effet du bon travail est terminé, ils reviennent à la terre par la même route. Ils deviennent d'abord éther, puis air, puis fumée, puis brouillard, puis nuage et ils tombent sur la terre comme gouttes de plus ; puis ils vont dans la nourriture qui est avalée par des être humains, et finalement ils deviennent leurs enfants. Ceux dont les œuvres ont été mauvaises prennent de mauvaises naissances, même dans des corps d'animaux. Les animaux vont à et partent de la terre continuellement. C'est pourquoi la terre n'est jamais ni pleine ni vide.

Nous pouvons aussi tirer plusieurs idées de cela, et plus tard, peut-être, serons-nous capables de mieux le comprendre, et nous pouvons spéculer un peu sur ce que çà veut dire. La dernière partie qui traite de la manière dont ceux qui ont été au ciel reviennent est peut-être plus claire que la première; mais toute l'idée semble être celle qui n'y a pas de paradis permanent sans réaliser Dieu. Maintenant certaines personnes qui n'ont pas réalisé Dieu mais qui ont fait du bon travail dans ce monde, en vue de jouir des résultats, vont, quand ils meurent, à travers cet endroit-ci et cet endroit-là jusqu'à ce qu'ils atteignent le paradis, et ils y vivent aussi longtemps que leurs bonnes oeuvres le permet. De là vient une idée de base du Vedanta qui est que tout ce qui a un nom et une forme est transitoire. Cette terre est transitoire, parce qu'elle a un nom et une forme, et de même les cieux doivent-ils être transitoires, parce qu'ils ont aussi un nom et que la forme demeure. Un paradis qui est éternel serait contradictoire dans les termes, parce que tout ce qui a un nom et une forme doit commencer dans le temps, exister dans le temps et se terminer dans le temps Ce sont des doctrines établie du Vedanta, et en tant que tels les cieux sont abandonnés.

Nous avons vu dans le Samhita que l'idée de paradis était qu'il était éternel, très semblable à ce qui prévaut chez les Mahométans et chez les Chrétiens. Les Mahométans le concrétisent un peu plus. Ils dissent que c'est un endroit où il y a des jardins, au-dessous desquels coule une rivière. Dans le désert d'Arabie, l'eau est très enviable, aussi le Mahométan conçoit toujours son paradis comme contenant beaucoup d'eau. Je suis né dans un pays où il y a six mois de pluie chaque année. Je dois penser au paradis, je suppose, comme à une place sèche, et ainsi aussi doivent penser les Anglais. Ces paradis du Samhita sont éternels, et les défunts ont de magnifiques corps et vivent avec leurs ancêtres, et ils sont à jamais heureux par la suite. Ils y rencontrent leurs parents et mènent une vie très proche de la vie ici, seulement ils sont beaucoup plus heureux. Toutes les difficultés et tous les obstacles au bonheur dans cette vie ont disparu, et seules les bonnes parties et les plaisirs demeurent. Mais même si l'humanité peut trouver ce genre de choses confortable, la vérité est une chose et le confort en est une autre. Il y a des cas où la vérité n'est pas confortable jusqu'à ce que nous atteignions son apogée. La nature humaine est très conservatrice. Elle fait quelque chose, et une fois faite, il est très difficile d'en sortir. Le mental ne recevra pas de nouvelles idées, parce qu'elles apportent l'inconfort.

Nous voyons dans les Upanishads une énorme exception. Il est déclaré que ces paradis dans lesquels les hommes vivent avec les ancêtres après la mort ne peuvent pas être permanents, considérant que tout ce qui a un nom et une forme doit mourir. S'il y a des paradis avec des formes, ces paradis doivent disparaître avec le temps; ils peuvent durer des millions d'années, mais il doit y avoir un moment où ils devront s'en aller. Avec cette idée en vient une autre selon laquelle ces âmes doivent revenir sur terre, et que les paradis sont des endroits où ils jouissent des résultats de leurs bonnes oeuvres, et après la fin des effets ils reviennent à la vie terrestre. Il y a une chose claire dans cela, c'est que cette humanité avait une perception de la philosophie de causation même dans les temps reculés. Nous verrons plus tard comment nos philosophes font valoir cela dans le langage de la philosophie et de la logique, mais c'est ici presque un langage d'enfants. Vous devez remarquer une chose en lisant ces livres, c'est que c'est entièrement perception intérieure. Si vous me demandez si cela peut être pratique, ma réponse est que çà a d'abord été pratique, et philosophique par la suite. Vous pouvez voir que ces choses ont d'abord été perçues et réalisées et qu'elles ont été écrites ensuite. Ce monde a parlé aux premiers penseurs. Les oiseaux leur parlaient et la lune leur parlait; et ils ont peu à peu réalisé ces choses et sont allés au coeur de la nature. Non par cogitation, non par la force de la logique, non en exploitant les connaissances des autres et en faisant un gros livre, comme c'est la mode dans les temps modernes, pas même comme je fais, en relevant un de leurs écrits et en faisant une longue conférence, mais par une investigation et une patiente découverte ils ont découvert la vérité. Sa méthode essentielle était la pratique, et ainsi doit-il en être toujours. La religion est toujours une science pratique, et il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de religion théologique. C'est pratique d'abord, et connaissance par la suite. L'idée que les âmes reviennent est déjà là. Ces personnes qui ont fait un bon travail avec l'idée du résultat l'obtiennent, mais le résultat n'est pas permanent. Nous avons là l'idée de causation magnifiquement mise en avant, que l'effet est seulement en proportion de la cause. Comme est la cause, tel sera l'effet. La cause étant finie, l'effet ne peut être éternel, mais toutes ces causes, faire du bon travail et autres choses, ne sont que des causes finies, et en temps que telles elles ne peuvent produire de résultat infini.

Nous en venons maintenant à l'autre côté de la question. Comme il ne peut y avoir de paradis éternel, sur les mêmes bases, il ne peut pas y avoir d'enfer éternel. We now come to the other side of the question. Supposez que je sois un homme très mauvais, faisant du mal à chaque minute de ma vie. Pourtant, ma vie entière ici, comparée à ma vie éternelle, n'est rien. S'il peut y avoir une punition éternelle cela voudrait dire qu'il y a un effet infini produit par une cause finie, ce qui ne peut être. Si je fais du bien toute ma vie, je ne pourrai pas avoir de paradis infini; ce serait faire la même erreur. Mais il y a une troisième direction qui s'applique à ceux qui ont connu la Vérité, à ceux qui L'ont réalisée. C'est la seule manière d'aller au-delà du voile de Maya, de réaliser ce qu'est la Vérité; et les Upanishads indiquent ce qu'on entend par réaliser la Vérité.

Cela signifie ne reconnaître ni bien ni mal, mais connaître tout comme venant du Soi; le Soi est en tout. Cela veut dire nier l'univers; lui fermer les yeux; voir le Seigneur dans l'enfant aussi bien que dans le paradis; voir le Seigneur dans la mort aussi bien que dans la vie. C'est la ligne de pensée dans le passage que je vous ai lu; la terre est un symbole du Seigneur, le ciel est le Seigneur, l'endroit que nous remplissons est le Seigneur, tout est Brahman. Et cela doit être vu, réalisé, pas seulement dit ou pensé. Nous pouvons voir comme conséquence logique que lorsque l'âme a réalisé que tout était rempli du Seigneur, de Brahman, elle ne se soucie pas d'aller au paradis ou en enfer ou où que ce soit d'autre; de renaître sur cette terre ou au paradis. Ces choses ont cessé d'avoir du sens pour cette âme, parce que tout endroit est le même, tout endroit est le temple du Seigneur, tout endroit est devenu saint et la présence du Seigneur est tout ce qu'elle voit au paradis ou en enfer ou n'importe où ailleurs. Ni bien ni mal, ni vie ni mort, seul existe l'unique Brahman infini.

Selon le Vedanta, lorsqu'un homme est arrivé à cette perception, il est devenu libre, et il est le seul homme qui est bon à vivre dans ce monde. Les autres ne le sont pas. L'homme qui voit le mal, comment peut-il vivre dans ce monde ? Sa vie est un tas de souffrances. L'homme qui voit les dangers, sa vie est une misère, l'homme qui voit la mort, sa vie est une misère. Seul cet homme peut vivre dans ce monde, lui seul peut dire : " Je me réjouis de cette vie, et je suis heureux dans cette vie ", celui qui a vu la Vérité, et la Vérité en tout. A propos, je peux vous dire que l'idée d'enfer n'apparaît nulle part dans les Vedas. Elle vient bien plus tard avec les Puranas. Selon les Vedas, la pire punition est de revenir sur terre, avec une autre chance en ce monde. Depuis le tout début nous voyons que l'idée prend un tour impersonnel. Les idées de punition et de récompense sont très matérielles, et elles ne s'accordent qu'avec l'idée d'un Dieu humain, qui aime l'un et qui hait l'autre, tout comme nous le faisons. La punition et la récompense ne peuvent être admis qu'avec l'existence d'un tel Dieu. Ils avaient un Dieu de la sorte dans le Samhita, et nous y voyons entrer l'idée de peur, mais dès que viennent les Upanishads, l'idée de peur disparaît et l'idée impersonnelle prend sa place. C'est naturellement la chose la plus difficile à comprendre pour l'homme, cette idée impersonnelle, car il s'accroche toujours à la personne. Même les gens que l'on pense être de grands penseurs sont dégoûtés à l'idée d'un Dieu impersonnel. Mais à moi il me semble si absurde de penser à Dieu comme à un homme avec un corps. Quelle est l'idée la plus élevée, un Dieu vivant ou un Dieu mort ? Un Dieu que personne ne voit, que personne ne connaît, ou un Dieu Connu ?

Le Dieu Impersonnel est un Dieu vivant, un principe. La différence entre personnel et impersonnel est celle-ci, que le personnel n'est qu'un homme, et que l'idée impersonnelle est qu'Il est l'ange, l'homme, l'animal, et encore quelque chose ce plus que nous ne pouvons pas voir, parce que l'impersonnalité inclut toutes les personnalités, elle est la somme totale de tout dans l'univers, et infiniment plus en outre. " Comme le feu unique venant dans le monde se manifeste sous tant de formes, et il est pourtant infiniment plus encore ", tel est l'Impersonnel.

Nous voulons adorer un Dieu vivant. Je n'ai rien vu d'autre que Dieu toute ma vie, et vous de même. Pour voir cette chaise vous voyez d'abord Dieu, puis la chaise en et à travers Lui. Il est partout disant : " Je suis ". Le moment où vous sentez "Je suis", vous êtes conscient de l'Existence. Où irons-nous trouver Dieu si nous ne pouvons pas Le voir dans notre propre cœur et dans tout être vivant ? " Tu es l'homme, Tu es la femme, Tu es la fille, et Tu es le garçon. Tu es le vieil homme titubant avec un bâton. Tu es le jeune homme qui marche dans l'orgueil de sa force." Tu es tout ce qui existe, un merveilleux Dieu vivant qui est le seul fait de l'univers. Cela semble pour beaucoup une contradiction terrible avec le Dieu traditionnel qui vit derrière un voile quelque par et que personne ne voit jamais. Seuls les prêtres nous donne une assurance que si nous les suivons, si nous écoutons leurs remontrances et marchons dans la voie qu'ils nous tracent, alors quand nous mourrons ils nous donneront un passeport pour nous permettre de voir le visage de Dieu ! Que sont toutes ces idées de paradis si ce ne sont simplement que des modifications de cette prêtrise absurde ?

Bien entendu l'idée impersonnelle est très destructrice; elle enlève tout commerce aux prêtres, aux églises et aux temples. En Inde il y a maintenant la famine, mais il y a des temples et dans chacun d'eux il y a des bijoux qui valent la rançon d'un roi ! Si les prêtres enseignaient cette idée impersonnelle aux gens, leur profession disparaîtrait. Nous devons pourtant l'enseigner de manière désintéressée, sans prêtrise. Vous êtes Dieu et je le suis aussi; qui obéit à qui ? Qui adore qui ? Vous êtes le temple le plus élevé de Dieu, je vous adorerais vous plutôt que n'importe quel temple, n'importe quelle image ou n'importe quelle Bible. Pourquoi certaines personnes sont-elles si contradictoires dans leur pensée ? Ils sont comme un poisson qui nous glisse entre les doigts. Ils disent qu'ils sont des hommes pratiques réalistes. Très bien. Mais qu'y a-t-il de plus pratique que d'adorer ici, que de vous adorer ? Je vous vois, je vous ressens, et je sais que vous êtes Dieu. Le Mahométan dit qu'il n'y a d'autre Dieu qu'Allah. Le Vedanta dit qu'il n'y a rien qui ne soit pas Dieu. Je peux effrayer beaucoup d'entre vous, mais vous comprendrez cela petit à petit. Le Dieu vivant est en vous, et vous construisez pourtant des églises et des temples et croyez toutes sortes de non-sens imaginaires. Le seul Dieu à adorer est l'âme humaine dans le corps humain. Bien entendu les animaux sont aussi des temples, mais l'homme est le plus élevé, le Taj Mahal des temples. Si je ne peux adorer dans celui-là, aucun autre temple ne sera d'aucune utilité. Du moment que j'ai réalisé Dieu qui se tient dans le temple de tout corps humain, du moment que je me tiens en vénération devant tout être humain et que je vois Dieu en lui, je suis libéré de l'esclavage, tout ce qui attache disparaît, et je suis libre.

C'est le plus pratique de tous les cultes. Il n'a rien à faire des théories et de la spéculation. Il en effraye pourtant beaucoup. Ils disent qu'il n'est pas bon. Ils continuent à théoriser sur les vieux idéaux que leur ont dits leurs grands-pères, qu'un Dieu quelque part dans le ciel a dit à quelqu'un qu'il était Dieu. Depuis ce temps-là nous n'avons que des théories. Selon eux cela est réaliste, et nos idées le sont peu ! Sans doute, le Vedanta dit que chacun doit avoir son propre chemin, mais le chemin n'est pas le but. L'adoration d'un Dieu dans le ciel et toutes ces choses ne sont pas mauvaises, mais elles ne sont que des étapes vers la Vérité et non la Vérité elle-même. Elles sont bonnes et belles, et quelques idées merveilleuses s'y trouvent, mais le Vedanta dit à chaque point : " Mon ami, Celui que tu adores comme étant inconnu, je l'adore comme étant toi. Celui que tu adores comme inconnu et que tu recherches, à travers tout l'univers, a toujours été avec toi. Tu vis par Lui, et Il est le Témoin Eternel de l'Univers." " Celui que tous les Vedas adore, non, plus, Celui qui est toujours présent dans l'éternel 'je', Lui existent, l'univers entier existe. Il est la lumière et la vie de l'univers. Si le 'je' n'était pas en vous, vous ne verriez pas le soleil, tout sera une masse sombre. Lui brillant, vous voyez le monde."

Une question est généralement posée, et c'est cette question qui peut conduire à un terrible tas de difficulté. Chacun de nous va penser : " Je suis Dieu et tout ce que je fais ou que je pense doit être bon, car Dieu ne peut faire aucun mal. " En premier lieu, même si ce danger de fausse interprétation semble normal, peut-on prouver que le danger n'existe pas de l'autre côté ? Ils ont adoré un Dieu dans le ciel séparé d'eux et dont ils ont très peur. Ils sont nés en tremblant de peur, et ils ont tremblé toute leur vie. Le monde en a-t-il été bien meilleur ? De ceux qui ont compris et adoré un Dieu Personnel, et de ceux qui ont compris et adoré un Dieu Impersonnel, de quel côté ont été les grands travailleurs du monde, des travailleurs gigantesques, des pouvoirs moraux gigantesques ? Certainement du côté de l'Impersonnel. Comment pouvez-vous espérer que la moralité se développe au travers de la peur ? Cela ne peut jamais se produire. " Quand on en voit un autre, quand on en entend un autre, cela est Maya. Quand on n'en voit pas d'autre, quand on n'en entend pas d'autre, quand tout est devenu l'Atman, qui voit qui, qui perçoit qui ? " Tout est Lui, et tout est moi, en même temps. L'âme est devenue pure. Alors et alors seulement nous pouvons comprendre ce qu'est l'amour. L'amour ne peut venir par la peur, sa base est la liberté. Lorsque nous commençons vraiment à aimer le monde, alors nous comprenons ce que l'on entend par fraternité ou par humanité, et pas avant.

Aussi n'est-il pas juste de dire que l'idée Impersonnelle conduit à un énorme tas de mal dans le monde, comme si l'autre doctrine ne se prêtait pas à des oeuvres de mal, comme si elle ne conduisait pas au sectarisme qui inonde le monde de sang et qui font que les homes se déchirent les uns les autres. "Mon Dieu est le dieu le plus grand, décidons-en par un libre combat. " C'est le résultat du dualisme dans le monde entier. Sortez en pleine lumière du jour, sortez de vos petits sentiers étroits, car comment l'âme infinie peut-elle continuer de se contenter de vivre et de mourir dans de petites ornières ? Sortez dans l'univers de la Lumière. Tout ce qui est dans l'univers est vôtre, tendez vos bras et embrassez le avec amour. Si vous avez jamais ressenti vouloir le faire, vous avez ressenti Dieu.

Vous vous souvenez du passage du sermon de Buddha, la manière dont il a envoyé une pensé d'amour vers le sud, vers le nord, vers l'est et vers l'ouest, en haut et en bas, jusqu'à ce que l'univers entier soit rempli de cet amour, si magnifique, si grand et si infini. Lorsque vous avez ce sentiment, vous avez la véritable personnalité. L'univers entier est une seule personne; laissez partir les petites choses. Abandonnez le petit pour l'Infini, abandonnez les petits plaisirs pour la félicité infinie. Elle est toute à vous, car l'Impersonnel comprend le Personnel. Dieu est ainsi Personnel et Impersonnel à la fois. Et l'Homme, l'Infini, l'Homme Impersonnel, Se manifeste en tant que personne. Nous l'infini nous sommes limités nous-mêmes, pour ainsi dire, en petites parties. Le Vedanta dit que l'Infini est notre véritable nature; il ne disparaîtra jamais, il durera toujours. Mais nous nous limitons par notre Karma, qui comme une chaîne autour de notre cou nous a tirés dans cette limitation. Brisez cette chaîne et soyez libres. Foulez la loi aux pieds. Il n'y a aucune loi dans la nature humaine, il n'y a aucune destinée, aucun destin. Comment peut-il y avoir une loi dans l'infinité ? Liberté est son mot d'ordre. La liberté est sa nature, son droit de naissance. Soyez libres, et ayez autant de personnalités que vous voulez. Nous jouerons alors comme l'acteur qui monte sur scène et joue le rôle d'un mendiant. Mettez-le en contraste avec le véritable mendiant qui marche dans les rues. La scène est peut-être la même dans les deux cas, les mots sont peut-être les mêmes, mais pourtant quelle différence ! L'un jouit de sa mendicité tandis que l'autre en souffre misère. Et qu'est-ce qui fait la différence ? L'un est libre et l'autre est attaché. L'acteur sait que sa mendicité n'est pas vrai, mais il l'a assume pour jouer, tandis que le vrai mendiant pense qu'elle est on état trop familier et qu'il doit le porter qu'il le veuille ou non. C'est la loi. Aussi longtemps que nous n'avons aucune connaissance de notre nature réelle, nous sommes des mendiants, bousculés par n'importe quelle force de la nature; et rendus esclaves par tout dans la nature; nous pleurons partout dans le monde pour obtenir de l'aide, mais l'aide ne vient jamais; nous pleurons à des êtres imaginaires, et pourtant elle ne vient jamais. Mais nous espérons toujours que l'aide arrivera, et en pleurant, en gémissant et en espérant ainsi, une vie passé, et le même jeu n'en finit pas.

Soyez libres; n'espérez rien de personne. Je suis sur que si vous regardez en arrière dans votre vie vous verrez que vous avez toujours essayé vainement d'obtenir des autres de l'aide qui n'est jamais venue. Toute l'aide qui est venue est venue d'au-dedans de vous. Vous n'avez eu que les fruits de ce pour quoi vous avez travaillé, et vous espériez pourtant étrangement de l'aide tout le temps. Le salon d'un homme riche est toujours plein; mais si vous observez bien, vous n'y trouvez pas les mêmes gens. Les visiteurs espèrent toujours qu'ils vont obtenir quelque chose de ces hommes riches, mais ils ne l'obtiennent jamais. Ainsi passons-nous notre vie à espérer, espérer, à espérer sans que cela finisse. Abandonnez l'espoir, dit le Vedanta. Pourquoi devriez-vous espérer ? Vous avez tout, non, vous êtes tout. Qu'espérez-vous ? Si un roi devient fou et court çà et là pour trouver le roi de son pays, il ne le trouvera jamais parce que c'est lui le roi. Il peut aller dans chaque village et dans chaque ville de son propre pays, rechercher dans toutes les maisons, pleurer et gémir, mais il ne le trouvera jamais, parce que c'est lui le roi. Il est préférable que nous sachions que nous sommes Dieu et que nous abandonnions cette recherche de fous pour Lui; et sachant que nous sommes Dieu nous devenons heureux et satisfaits. Abandonnez ces folles poursuites, et jouez votre rôle dans l'univers comme un acteur sur scène. Toute la vision est changée, et au lieu d'une éternelle prison ce monde est devenu une cour de récréation; au lieu d'un terrain de compétition c'est un terrain de félicité, où il y a un printemps perpétuel, où les fleurs s'ouvrent et où les papillons vont et viennent.

Ce monde même est devenu un paradis qui était avant un enfer. Aux yeux de celui qui est attaché, c'est un terrible endroit de tourment, mais aux yeux de celui qui est libre il en est tout à fait autrement. Cette vie unique est la vie universelle, les paradis et tous ces endroits sont ici. Tous les dieux sont ici, les prototypes de l'homme. Les dieux n'ont pas créé l'homme d'après leur type, mais l'homme a créé les dieux. Et voici les prototypes, voici Indra, voici Varuna, et tous les dieux de l'univers. Nous avons projeté nos petits doubles, et nous sommes les originaux de ces dieux, nous sommes les dieux réels, les seuls dieux qui doivent être adorés. Telle est la vue du Vedanta, et c'est son aspect pratique. Lorsque nous sommes devenus libres, nous n'avons pas à devenir fous et à renoncer à la société et à partir précipitamment mourir dans la forêt ou dans la caverne; nous resterons là où nous étions, seulement nous comprendrons toute la chose. Les mêmes phénomènes demeureront mais avec un nouveau sens. Nous ne connaissons pas encore le monde; ce n'est qu'au travers de la liberté que nous voyons ce qu'il est et que nous comprenons sa nature. Nous verrons alors que cette soi-disant loi, ou destin, ou destinée, n'occupe qu'une partie infinitésimale de notre nature. Cà n'était qu'un côté, mais de l'autre coté se trouvait tout le temps la liberté. Nous ne le savions pas, et c'est pourquoi nous avons essayé de nous sauver du mal en cachant nos visages dans le sol, comme le lièvre que l'on chasse. Au travers de l'illusion nous avons essayé d'oublier notre nature, et pourtant nous ne pouvions pas; elle nous réclamait toujours, et toute notre recherche de Dieu ou des dieux, ou de la liberté extérieure, était une recherche de notre nature réelle. Nous nous sommes mépris sur la voix. Nous avons pensé qu'elle venait du feu, ou d'un dieu ou du soleil, ou de la lune, ou des étoiles, mais à la fin nous avons découvert qu'elle venait de l'intérieur de nous-mêmes. En nous se trouve cette voix éternelle qui parle de la liberté éternelle; sa musique continue éternellement. Une partie de cette musique de l'Âme est devenue la terre, la loi, cette univers, mais elle a toujours été nôtre et le sera toujours. En un mot, l'idéal du Vedanta est de connaître l'homme tel qu'il est en réalité, et son message est : si vous ne pouvez pas adorer l'homme votre frère, le Dieu manifesté, comment pouvez-vous adorer Dieu qui est non-manifesté ?

Vous rappelez-vous de ce que dit la Bible : "Si tu ne peux pas aimer ton frère que tu as vu, comment peux-tu aimer Dieu que tu n'as pas vu ? " Si vous ne pouvez pas voir Dieu dans le visage humain, comment pouvez-vous le voir dans les nuages, ou dans des images faites de matière lourde, morte, ou dans de pures histoires inventées par votre cerveau ? Je vous dirai religieux le jour où vous commencerez à voir Dieu dans les hommes et dans les femmes, et alors vous comprendrez ce que l'on entend par tendre la joue gauche à l'homme qui vous frappe sur la droite. Lorsque vous voyez l'homme comme Dieu, tout, même le tigre, sera le bienvenu. Tout ce qui vient à vous n'est que le Seigneur, l'Eternel, le Béni, qui nous apparaît sous des formes diverses, comme notre père, et notre mère, et notre mai, et notre enfant, ils sont notre propre âme qui joue avec nous.

Tout comme nos relations humaines peuvent ainsi être rendues divines, notre relation avec Dieu peut prendre n'importe laquelle de ces formes et nous pouvons Le considérer comme notre père, ou notre mère, ou notre ami, ou notre bien-aimé. Appelez Dieu Mère est un idéal plus élevé que de L'appeler Père; et de L'appeler Ami est encore plus élevé; mais le plus élevé est de Le voir comme le Bien-aimé. Le point le plus haut de tous est de ne voir aucune différence entre aimant et aimé. Peut-être pouvez-vous vous rappeler la vielle histoire persane, la manière dont un amoureux est venu et a frappé à la porte de sa bien-aimée et auquel on a demandé : " Qui êtes-vous ? " Il a répondu : " C'est moi", et il n'y a pas eu de réponse. Il est venu une deuxième fois et a crié : " Je suis ici ", mais la porte ne s'est pas ouverte. La troisième fois qu'il est venu, la voix demanda de l'intérieur : " Qui est là ? ". il a répondu : " Je suis toi-même, ma bien-aimée ", et la porte s'est ouverte. Ainsi est la relation entre Dieu et nous. Il est en tout. Il est tout. Chaque homme et chaque femme est le Dieu palpable, bienheureux, vivant. Qui dit que Dieu est inconnu ? Qui dit que l'on doit Le rechercher ? Nous avons connu Dieu éternellement. Nous avons vécu éternellement avec Lui; Il est partout éternellement connu, éternellement adoré.

Puis vient une autre idée, que les autres formes de culte ne sont pas des erreurs. C'est l'un des grands points à se rappeler, que ceux qui adorent Dieu au travers de cérémonials et au travers des formes, même si nous pensons qu'elles sont grossières, ne sont pas dans l'erreur. C'est le voyage de vérité en vérité, d'une vérité inférieure à une vérité plus haut. L'obscurité est une lumière moindre, le mal est un bien moindre; l'impureté est une pureté moindre. On doit toujours avoir à l'esprit que nous devons voir les autres avec les yeux de l'amour, avec sympathie, sachant qu'ils suivent le même chemin que celui sur lequel nous avons marché. Si vous êtes libres, vous devez savoir qu'il en sera ainsi tôt ou tard, et si vous êtes libres, comment pouvez-vous voir l'impermanent ? Si vous êtes vraiment purs, comment voyez-vous l'impur ? Car ce qui est au-dedans est au-dehors. Nous ne pouvons pas voir d'impureté sans l'avoir en nous-mêmes. C'est l'un des côtés pratiques du Vedanta, et j'espère que nous allons tous essayez de l'appliquer dans notre vie. Notre vie entière ici existe pour mettre cela en pratique, mais le grand point que nous obtenons est que nous allons travailler avec satisfaction et contentement au lieu de le faire avec mécontentement et insatisfaction, car nous savons que cette Vérité est en nous, nous L'avons comme droit de naissance, et nous n'avons qu'à La manifester et La rendre tangible.

 

 

 

III

 

 

Nous lisons dans la Chhandogya Upanishad qu'un sage appelé Narada était allé en voir un autre appelé Sanatkumara et lui avait posé différentes questions dont l'une était de savoir si la religion était la cause des choses telles qu'elles étaient. Et Sanatkumara le mena, pour ainsi dire, pas à pas, lui disant qu'il y avait quelque chose de supérieur à cette terre, et quelque chose de supérieur à cette-là, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il en vienne à Akasha, l'éther. L'éther est supérieur à la lumière, parce que le soleil et la lune, l'éclair et les étoiles sont dans l'éther ; dans l'éther nous vivons, et dans l'éther nous mourons. Puis la question arriva, de savoir s'il y avait quelque chose de supérieur à çà, et Sanatkumara lui parla de Prana. Ce Prana, selon le Vedanta, est le principe de vie. Il est comme l'éther, un principe omniprésent; et tout mouvement, que ce soit dans le corps ou ailleurs, est le travail de ce Prana. Il est supérieur à l'Akasha, et tout vit par lui. Le Prana est dans la mère, dans le père, dans la sœur, dans le professeur, le Prana est le connaisseur.

Je vais vous lire un autre passage, où Shvetaketu questionne son père sur la Vérité, et le père lui enseigne différentes choses, et conclut en disant : "Ce qui est la fine cause dans toutes ces choses, d'Elle sont faites toutes ces choses. C'est le Tout, c'est la Vérité, tu es Cela, O Shvetaketu." Il donne ensuite " divers exemples : " Comme une abeille récolte son miel à partir de différentes fleurs, ô Shvetaketu, et comme les différents miels ne savent pas qu'il proviennent d'arbres différents et de différentes fleurs, de même nous tous, étant allés à cette Existence, ne savons pas que nous l'avons fait. Maintenant, ce qui est cette essence subtile, tout ce qui existe à son soi en Elle. C'est le Vrai. Il est le Soi et toi, O Shvetaketu, tu es Cela." Il donne un autre exemple des rivières descendant vers l'océan. " Comme les rivières, lorsqu'elles sont dans l'océan, ne savent pas qu'elles ont été différentes rivières, de même lorsque nous sortons de cette Existence, nous ne savons pas que nous somme Cela. " Et il continue avec ses enseignements.

Il y a deux principes de connaissance. Le premier principe est que nous connaissons en rapportant le particulier au général, et le général à l'universel; et le second est que tout dont on cherche l'explication doit être expliqué autant que possible à partir de sa propre nature. En parlant du premier principe, nous verrons que toute notre connaissance consiste réellement en classifications, allant de plus en plus haut. Lorsque quelque chose se produit séparément, nous sommes pour ainsi dire mécontents. Lorsqu'on peut montrer que la même chose arrive encore et encore, nous sommes satisfaits et nous l'appelons loi. Lorsque nous voyons qu'une pomme tombe, nous l'appelons la loi de gravitation sommes satisfaits. Le fait est que nous déduisons le général à partir du particulier.

Lorsque nous voulons étudier la religion, nous devons appliquer ce procédé scientifique. Le même principe est aussi valable ici, et comme un fait exprès nous voyons que çà a toujours été la méthode. En lisant ces livres à partir desquels je vous ai traduits des extraits, la toute première idée que je peux retrouver est ce principe d'aller du particulier au général. Nous voyons comment les " brillants " se sont fondues en un seul principe; et de la même manière avec les idées de cosmos nous voyons les anciens penseurs aller de plus en plus haut, à partir des éléments subtils ils vont à des éléments plus subtils et plus amples, et à partir de ces détails ils vont à l'éther omniprésent, et de là ils vont à une force qui embrasse tout, ou Prana ; et à travers tout cela court le principe que l'on n'est pas séparé des autres. C'est l'éther même qui existe sous la forme plus haute de Prana, ou la plus haute forme de Prana se solidifie, pour ainsi dire, et devient éther; et cet éther devient encore plus grossier, et ainsi de suite.

La généralisation du Dieu personnel est un autre exemple. Nous avons vu comment cette généralisation avait été atteinte et avait été appelée la somme totale de toute conscience. Mais une difficulté apparaît : c'est une généralisation incomplète. Nous ne prenons qu'un seul côté des faits de la nature, le fait de conscience, et là-dessus nous généralisons, mais l'autre côté est omis. Aussi en premier lieu c'est une généralisation défectueuse. Il y a une autre insuffisance, et elle a rapport au second principe. Tout doit être expliqué à partir de sa propre nature. Il peut y avoir eu des gens qui ont pensé que toute pomme qui tombait sur le sol était tirée vers le bas par un esprit, mais l'explication est la loi de gravitation; et bien que nous sachions qu'elle n'est pas une explication parfaite, nous la trouvons pourtant bien meilleure que l'autre parce qu'elle dérive de la nature de la chose même, tandis que l'autre avance une cause étrangère. Il en est de même pour toute l'étendue de notre connaissance; l'explication basée sur la nature de la chose elle-même est une explication scientifique, et une explication qui apporte un agent extérieur n'est pas scientifique.

Aussi l'explication d'un Dieu Personnel comme créateur de l'univers doit supporter ce test. Si ce Dieu est en dehors de la nature, n'ayant rien à faire avec la nature, et que cette nature est le résultat de l'ordre de ce Dieu et qu'elle a été produite à partir de rien, c'est une théorie qui n'est pas du tout scientifique et çà a été le point faible de toute religion déistes à travers les âges. Nous voyons ces deux défauts en ce que l'on appelle généralement la théorie du monothéisme, la théorie d'un Dieu Personnel, avec toutes les qualités d'un être humain très multipliées qui, par Sa volonté, a créé cet univers à partir de rien et qui en est pourtant séparé. Cela nous conduit à deux difficultés.

Comme nous l'avons vu, çà 'est pas une généralisation suffisante, et deuxièmement, çà n'est pas une explication de la nature à partir de la nature. Elle soutient que l'effet n'est pas dans la cause, que la cause est complètement séparée de l'effet. Toute connaissance humaine montre pourtant que l'effet est la cause mais sous une autre forme. Les découvertes de la science moderne tendent chaque jour vers cette idée, et la dernière théorie accepté de tous côtés est la théorie de l'évolution dont le principe est que l'effet n'est que la cause sous une autre forme, un réajustement de la cause, et que la cause prend la forme de l'effet. Les scientifiques modernes se moqueraient de la théorie d'une création à partir de rien.

Maintenant la religion peut-elle affronter ces tests ? S'il peut y avoir des théories religieuses qui peuvent affronter ces deux tests, elle seront acceptable pour le mental moderne, pour le mental pensant. Toute autre théorie à laquelle nous demandons au monde moderne de croire, sur l'autorité de prêtres, il ne peut pas l'accepter, et le résultat est une masse hideuse d'incrédulité. Même chez ceux qui ont un affichage extérieur de croyance, il y a dans leur Coeur une énorme quantité d'incroyance. Le reste se recule de la religion, pour ainsi dire, l'abandonne, la considérant uniquement comme une profession de prêtres.

La religion a été réduite à une sorte de forme nationale. C'est l'un de nos tout meilleurs vestiges sociaux; qu'elle le reste. Mais la vraie nécessité que le grand père de l'homme moderne ressentait pour elle est partie; il ne la trouve plus satisfaisante pour sa raison. L'idée d'un tel Dieu Personnel et d'une telle création, l'idée que l'on connaît généralement comme monothéisme dans toute religion ne peut se maintenir plus longtemps. Elle ne se maintiendrait pas en Inde à cause des bouddhistes, et cela a été le point même où ils ont jadis gagné leur victoire. Ils ont montré que si nous admettons que la nature est possédée d'un pouvoir infini, et que cette nature peut combler tous ses besoins, il n'est tout simplement pas nécessaire d'insister sur le point qu'il y a quelque chose à côté de la nature. Même l'âme n'est pas nécessaire.

La discussion sur la substance et sur les qualités est très vieille, et vous verrez quelquefois que la vielle superstition vit même encore aujourd'hui. La plupart d'entre vous ont lu comment, pendant le Moyen-Âge, et je suis désolé de le dire, même beaucoup plus tard, cela a été un des sujets de discussion, si les qualités adhéraient à la substance, si la longueur, la largeur et l'épaisseur de la substance que nous appelons matière morte, si, la substance demeurant, il y avait des qualités ou non. A cela notre bouddhiste répond : "Vous n'avez aucune base pour maintenir l'existence d'une telle substance; les qualités sont tout ce qui existe; vous ne voyez pas au-delà d'elles." C'est juste la position de la plupart de nos agnostiques. Car c'est cette bataille de la substance et des qualités qui, sur un plan plus élevé, prend la forme du combat entre le noumène et le phénomène. Il y a le monde phénoménal, l'univers du changement continu, et il y a quelque chose derrière qui ne change pas; et cette dualité d'existence, soutiennent certains, est vraie, et d'autres avec une meilleure raison clament que vous n'avez aucun droit d'admettre les deux, car ce que l'on voit, ce que l'on sent et ce que l'on pense n'est que le phénomène. Vous n'avez aucun droit d'affirmer qu'il y a quelque chose derrière le phénomène; et il n'y a aucune réponse à cela. La seule réponse que nous obtenons vient de la théorie moniste du Vedanta. Il est vrai qu'il n'y en a qu'un seul qui existe, et ce seul est ou phénomène ou noumène. Il n'est pas vrai qu'il y en a deux : quelque chose qui change et, dans et à travers cette chose, quelque chose qui ne change pas ; mais c'est l'unique et même chose qui apparaît comme changeante et qui est en réalité immuable. Nous en venons à penser au corps, et au mental, et à l'âme comme plusieurs, mais en réalité il n'y en a qu'un; et cet un apparaît sous toutes ces formes diverses. Prenez l'illustration des monistes qui est bien connue, la corde apparaît comme le serpent. Certaines personnes, dans l'obscurité ou pour toute autre cause, prennent la corde pour un serpent, mais quand la connaissance arrive, le serpent disparaît et on voit que c'est une corde. Par cette illustration nous voyons que lorsque le serpent existe dans le mental, la corde a disparu, et que quand la corde existe, le serpent a disparu. Lorsque nous voyons le phénomène, et seulement le phénomène, autour de nous, le noumène a disparu, mais quand nous voyons le noumène, l'immuable, il s'ensuit naturellement que le phénomène a disparu. Nous comprenons maintenant mieux la position à la fois du réaliste et de l'idéaliste. Le réaliste ne voit que le phénomène, et l'idéaliste ne regarde que le noumène. Pour l'idéaliste, l'idéaliste vraiment authentique, qui est vraiment arrive au pouvoir de perception par lequel il peut quitter toutes idées de changement, pour lui l'univers changeant a disparu, et il a le droit de dire que tout est illusion, qu'il n'y a pas de changement. Le réaliste regarde au changeant au même moment. Pour lui l'immuable a disparu, et il a le droit de dire que tout est réel.

Que ressort-il de cette philosophie ? C'est que l'idée d'un Dieu Personnelle n'est pas suffisante. Nous devons parvenir à quelque chose de plus élevé, à l'idée Impersonnelle. C'est le seul pas logique que nous puissions faire. Non que l'idée personnelle en serait détruite, non que nous apportions la preuve que le Dieu Personnel n'existe pas, mais nous devons aller à l'Impersonnel pour l'explication du personnel, car l'Impersonnel est une généralisation bien plus élevée que le personnel. Seul l'Impersonnel peut être infini, le personnel est limité. Nous préservons ainsi le personnel et ne le détruisons pas. Le doute nous vient souvent que si nous arrivons à l'idée d'un Dieu Impersonnel, le personnel sera détruit, si nous arrivons à l'idée un homme Impersonnel, le personnel sera perdu. Mis l'idée védantique n'est pas la destruction de l'individu, mis s véritable préservation. Nous ne pouvons pas prouver l'individuel par d'autres moyens qu'en se référant à l'universel, en prouvant que cet individuel est réellement l'universel. Si nous pensons à l'individu comme séparé de tout autre chose dans l'univers, il ne peut pas tenir une minute. Une telle chose n'a jamais existé.

Deuxièmement, par l'application du deuxième principe, que l'explication de tout doit sortir de la nature de la chose, nous sommes conduits à une idée encore plus hardie et plus difficile à comprendre. Elle n'est rien de moins que cela : que l'Être Impersonnel, notre généralisation la plus haute, est en nous-mêmes, et que nous sommes Cela. " O Shvetaketu, tu es Cela." Vous êtes cet Être Impersonnel; ce Dieu que nous avons cherché dans tout l'univers est tout le temps vous-mêmes, vous-mêmes non dans le sens personnel mis dans l'Impersonnel. L'homme que nous connaissons maintenant, le manifesté, est personnalisé, mais l réalité de cela est l'Impersonnel. Pour comprendre l'Impersonnel nous devons le référer à l'Impersonnel, le particulier doit être référé au général, et cet Impersonnel est la Vérité, le Soi de l'homme.

Il y aura diverses questions en relation avec cela et j'essaierai d'y répondre au fur et à mesure. Beaucoup de difficultés apparaîtront, mais comprenons d'abord clairement la position du monisme. En tant qu'êtres manifestés nous apparaissons être séparés, mais notre réalité est une, et moins nous pensons que nous sommes séparés de cet Un mieux c'est pour nous. Plus nous pensons à nous comme étant séparés du Tout, plus nous devenons malheureux. A partir du principe moniste nous allons à la base de l'éthique, et je m'aventure à dire que nous ne pouvons obtenir d'éthique de nulle part ailleurs. Nous savons que l'idée la plus vieille de l'éthique était la volonté d'un être ou d'êtres particuliers, mais peu sont près maintenant à l'accepter, parce que ce ne serait qu'une généralisation partielle. Les Hindous disent que nous ne devons pas faire ceci ou cela parce que les Vedas le disent. Le Chrétien dit que vous devez faire ceci ou cela parce que la Bible le dit. Cela ne liera pas ceux qui ne croient pas dans la Bible. Mais nous devons avoir une théorie assez large pour y faire entrer toutes ces différentes bases. Tout comme il y a des millions de gens qui sont prêts à croire en un Créateur Personnel, il y a aussi eu des milliers de brillants esprits dans le monde qui sont senti que de telles idées n'étaient pas suffisantes pour eux et qui ont voulu quelque chose de plus élevé, et partout où la religion n'a pas été assez large pour inclure tous ces esprits, le résultat a été que les plus brillants esprits de la société ont toujours été en-dehors de la religion ; et cela n'a jamais été aussi marqué qu'à l'époque actuelle, spécialement en Europe.

C'est pourquoi pour inclure ces esprits la religion doit devenir assez large. Tout ce qu'elle clame doit être jugé du point de vue de la raison. Pourquoi les religions devraient-elles clamées qu'elle ne sont pas tenues à rester du côté du point de vue de la raison, personne ne le sait. Si l'on ne prend pas le standard de la raison, il ne peut y avoir de vrai jugement, même dans le cas des religions. Une religion peut ordonner quelque chose de très horrible. Par exemple, la religion mahométane permet aux mahométans de tuer tous ceux qui ne sont pas de leur religion. C'est clairement stipulé dans le Coran : "Tue les infidèles s'il ne deviennent pas Mahométans. " Ils doivent être passes par le feu ou par l'épée. Si vous dites maintenant à un mahométan que c'est mal, il vous demandera naturellement : "Comment savez-vous cela ? Comment savez-vous que çà n'est pas bien ? Mon livre dit que çà l'est. " Si vous dites que votre livre est plus ancien, le bouddhiste arrivera et dira : mon livre est encore plus ancien. Puis viendra l'hindou et il dira : mes livres sont les plus anciens de tous. C'est pourquoi se référer aux livres ne sert à rien. Où se trouve le standard par lequel vous pouvez comparer ? Vous direz : Regardez le Sermon sur la Montagne, et le Mahométan répondra : regardez dans la Morale du Coran.. Le Mahométan dira : qui est l'arbitre pour dire quel est le meilleur des deux ? Ni le Nouveau Testament ni le Coran ne peuvent être l'arbitre dans une querelle entre eux. Il doit y avoir une autorité indépendante, et çà ne peut être aucun livre, mais quelque chose d'universel; et qu'est-ce qu'il y a de plus universel que la raison ? Il a été dit que la raison n'était pas assez forte; elle ne nous aide pas toujours à aller à la Vérité; elle fait souvent des erreurs et c'est pourquoi la conclusion est que nous devons croire dans l'autorité d'une église ! Cela ma' été dit par un catholique romain, mais je n'ai pas pu en voir la logique. D'autre part je dois dire que si la raison est si faible, un corps de prêtres serait plus faible, et je ne vais pas accepter leur verdict mais je vais m'en tenir à ma raison parce qu'avec toute sa faiblesse il y a grâce à elle une chance que je parvienne à la vérité; tandis que par les autres moyens il n'y a pas du tout d'espoir.

Aussi devons-nous suivre la raison et aussi sympathiser avec ceux qui n'en viennent à aucune sorte de croyance en suivant la raison. Car il est mieux que l'humanité doive devenir athée en suivant l raison que de croire aveuglément en deux cent millions de dieux sur l'autorité de n'importe qui. Ce que nous voulons est le progrès, l'évolution, la réalisation. Aucune théorie n'a élevé les hommes. Aucun tas de livres ne peut nous aider à devenir plus purs. Le seul pouvoir est dans la réalisation, et il repose en nous et il vient du fait de penser. Que les hommes pensent. Une motte de terre ne pense jamais, mais elle ne reste qu'un morceau de terre. La gloire de l'homme est qu'il est un être pensant. Il est de la nature de l'homme de penser et c'est en cela qu'il diffère de l'animal. Je crois dans la raison et je suis la raison, ayant vu assez de maux venant d'une autorité, car je suis né dans un pays où ils sont allés jusqu'à l'extrême de l'autorité.

Les hindous croient que la création est sortie des Vedas. Comment savez-vous qu'il y a une vache ? Parce que le mot vache se trouve dans les Vedas. Comment savez-vous qu'il y a un homme dehors ? Parce que le mot homme s'y trouve. S'il ne s'y était pas trouvé, il n'y aurait pas eu d'homme dehors. C'est ce qu'ils disent. Autorité à outrance ! Et elle n'est pas étudiée comme je l'ai étudiée, mais quelques-uns des esprits les plus puissants l'ont acceptée et ont délayé de merveilleuses théories logiques tout autour. Ils l'ont solutionnée, et elle est là : tout un système de philosophie, et des milliers parmi les intellects les plus brillants se sont dédiés pendant des milliers d'années à élaborer cette théorie. Tel a été le pouvoir de l'autorité, et grands en sont les dangers. Elle arête l'évolution de l'humanité, et nous ne devons pas oublier que nous voulons évoluer. Même dans une vérité toute relative, plus que la vérité elle-même, nous voulons la pratique. C'est notre vie.

L théorie moniste a ce mérite qu'elle est la plus rationnelle de toutes les théories religieuses que nous pouvons concevoir. Toute autre théorie, toute conception de Dieu qui est partielle, petite et personnelle n'est pas rationnelle. Et pourtant le monisme a cette grandeur d'embrasser toutes ces conceptions partielles de Dieu comme étant nécessaire pour beaucoup. Quelques personnes disent que cette explication personnelle est irrationnelle. Mais elle est consolante; ils veulent une religion qui console et nous comprenons qu'elle est nécessaire pour eux. Très peu dans cette vie peuvent supporter la claire lumière de la vérité, beaucoup moins y sont fidèles. Aussi est-il nécessaire que cette religion commode existe; elle aide beaucoup d'âmes à aller vers une meilleure. Les petits esprits dont la circonférence est très limitée et exige de petites choses pour les développer, ne s'aventurent jamais à s'élever très haut en pensée. Leurs conceptions sont très bonnes et salutaires pour eux, même avec seulement de petits dieux et des symboles. Mais vous devez comprendre l'Impersonnel, car c'est seulement dans et à travers cela que ces autres peuvent être expliquées. Prenez par exemple l'idée d'un Dieu Personnel. Un homme qui comprend et qui croit dans l'Impersonnel - John Stuart Mill par exemple - peut dire qu'un Dieu Personnel est impossible et ne peut être prouvé. J'admets avec lui qu'un Dieu Personnel ne peut pas être démontré. Mais Lui est la lecture la plus élevée de l'Impersonnel qui peut être atteint par l'intellect humain, et qu'est-ce d'autre que cet univers si ce n'est diverses lectures de l'Absolu ? C'est comme un livre devant nous, et chacun a amené son intellect à le lire, et chacun doit le lire pour lui-même. Il y a quelque chose de commun dans l'intellect de tous les hommes; c'est pourquoi certaines choses semblent être les mêmes à l'intellect de l'humanité. Que vous et moi voyons une chaise prouve qu'il y a quelque chose de commun à nos deux mentaux. Supposez qu'un être arrive avec un autre sens, il ne verra pas du tout la chaise; mais tous les êtres constitués de la même manière verront les mêmes choses. Ainsi cet univers lui-même est-il l'absolu, l'immuable, le noumène; et le phénomène en constitue la lecture. Pour vous vous verrez d'abord que tous les phénomènes sont finis. Chaque phénomène que nous pouvons voir, sentir ou auquel nous pouvons penser est fini, limité par notre connaissance, et le Dieu Personnel tel que nous Le concevons est en fait un phénomène. L'idée même de causation n'existe que dans le monde phénoménal, et Dieu comme cause de cet univers doit naturellement être vu comme limité, et pourtant Il est le même Dieu Impersonnel. Cet univers même, comme nous l'avons vu, est le même Être Impersonnel lu par notre intellect. Tout ce qui est réalité dans l'univers est cet Être Impersonnel, et les formes et conceptions lui sont données par notre intellect. Tout ce qui est réel sur cette table est cet Être, et la forme de la table et toutes les autres formes sont données par notre intellect.

A présent le mouvement, par exemple, qui est un accessoire nécessaire du phénomène, ne peut pas être prédit de l'universel. Tout petit morceau, tout atome à l'intérieur de l'univers est en constant état de changement et de mouvement, mais l'univers vu comme un tout est immuable, parce que le mouvement ou le changement est une chose relative; nous ne pouvons penser à quelque chose qui bouge qu'en comparaison avec quelque chose qui ne bouge pas. Il doit y voir deux choses pour comprendre le mouvement. Toute la masse de l'univers, prise comme une unité, ne peut pas bouger. En regard de quoi bougera-t-il ? On ne peut pas dire qu'il change. En regard de quoi changera-t-il ? Ainsi le tout est l'absolu; mais en lui chaque particule est en état constant de flux et de changement. Il est immuable et muable à la fois, Impersonnel et personnel en un. Telle est notre conception de l'univers, du mouvement et de Dieu, et c'est ce que l'on entend par " Tu es Cela ". Nous voyons ainsi que l'Impersonnel au lieu d'abolir le personnel, l'Absolu au lieu de démolir le relatif, l'explique seulement à la pleine satisfaction de notre raison et de notre cœur. Le Dieu personnel et tout ce qui existe da ns l'univers sont le même Être Impersonnel vu au travers de notre mental. Lorsque nous serons débarrassés de notre mental, de notre petite personnalité, nous deviendrons un avec Cela. C'est ce que l'on entend par " Tu es Cela." Car nous devons connaître notre véritable nature, l'Absolu.

L'homme fini, manifesté, oublie sa source et pense être complètement séparé. Nous,en tant qu'êtres personnalisés, différenciés, oublions notre réalité, et l'enseignement du monisme n'est pas que nous devons abandonner ces différenciations, mais que nous devons apprendre à comprendre ce qu'elles sont. Nous sommes en réalité cet Être Infini, et nos personnalités représentent tant de canaux au travers desquels cette Réalité Infinie Se manifeste; et toute la masse des changements que nous appelons évolution est amenée par l'âme qui tente de manifester de plus en plus de cette énergie infinie. Nous ne pouvons arrêter nulle part de ce côté de l'Infini; notre pouvoir, notre bénédiction et notre sagesse ne peut que croître dans l'Infini. Pouvoir, existence et bénédiction infinis sont nôtres et nous n'avons pas à les acquérir; elles sont notre propriété et nous n'avons qu'à les manifester.

Telle est l'idée centrale du monisme, et une idée si difficile à comprendre. Depuis mon enfance tout le monde autour de moi m'a appris la faiblesse; depuis que je suis né on m'a dit que j'étais une faible chose. Il est très difficile pour moi de réaliser maintenant ma propre force, mais par analyse et en raisonnant j'ai obtenu la connaissance de ma propre force, j'en prends conscience. Toute la connaissance que nous avons en ce monde, d'où est-elle venue ? Elle était en nous. Quelle connaissance y a-t-il à l'extérieur ? Aucune. La connaissance n'était pas dans la matière; elle était de tout temps en l'homme. Personne n'a jamais créé la connaissance; l'homme l'amène de l'intérieur. Elle y repose. La totalité de ce grand banyan qui couvre des acres de sol était dans la petite graine qui n'était peut-être pas plus grande qu'un huitième d'un grain de moutarde; toute cette masse d'énergie y était confine. Le gigantesque intellect, nous le savons, repose enroulé dans la cellule protoplasmique, et pourquoi pas l'énergie infinie ? Nous savons qu'il en est ainsi. Cela peut sembler être un paradoxe mais c'est vrai. Chacun d'entre nous est sorti d'une cellule protoplasmique, et tous les pouvoirs que nous possédons y étaient lovés. Vous ne pouvez pas dire qu'ils sont venus de la nourriture; car si vous entasser de la nourriture jusqu'à la taille d'une montagne, quel pouvoir en sort-il ? L'énergie s'y trouvait, potentiellement sans doute, mais elle y était pourtant. Ainsi en est-il du pouvoir infini dans l'âme de l'homme, qu'il le sache ou non. Sa manifestation n'est qu'une question d'en être conscient. Ce géant infini se réveille doucement, pour ainsi dire, devenant conscient de sa puissance, et il se réveille ; et avec sa conscience grandissante, des liens de plus en plus nombreux se brisent, des chaînes se cassent eu deux, et le jour est sur de venir où, avec la pleine conscience de son pouvoir et de sa sagesse infinis, le géant se lèvera sur ses pieds et se tiendra droit. Aidons tous à accélérer cette perfection glorieuse.

 

 

 

IV

 

Nous avons jusqu'ici traité beaucoup de l'universel. Je vais essayer ce matin de vous exposer les idées védantiques de la relation du particulier à l'universel. Comme nous l'avons vu, dans la forme dualiste des doctrines védiques, les premières formes, il y avait une âme particulière et limitée clairement définie pour chaque être. Il y a eu un grand nombre de théories sur cette âme particulière dans chaque individu, mais la principale discussion s'est produite entre les anciens védantistes et les anciens bouddhistes, les premier croyant en l'âme individuelle comme complète en elle-même, les seconds niant in toto l'existence d'une telle âme individuelle. Comme je vous l'ai dit l'autre jour, c'est à peu près la même discussion que vous avez en Europe quant à la substance et la qualité, un groupe tenant que derrière les qualités il y a quelque chose en tant que substance dans laquelle se trouvent les qualités; et l'autre niant l'existence d'une telle substance comme n'étant pas nécessaire puisque les qualités peuvent vivre par elles-mêmes. La plus ancienne théorie de l'âme, bien entendu, se base sur l'argument de l'identité du soi : "Je suis Je", que le 'je' d'hier est le 'je' d'aujourd'hui, et que le 'je' d'aujourd'hui sera le 'je' de demain, qu'en dépit de tous les changements qui arrivent au corps, Je crois pourtant que je suis le même 'je'. Cela semble avoir été l'argument central de ceux qui croient en une âme individuelle limitée et pourtant parfaitement complète.

D'autre part, les anciens bouddhistes nient la nécessité d'une telle hypothèse. Ils mettent en avant l'argument que tout ce que nous connaissons, et tout ce que nous pouvons connaître, ce sont simplement ces changements. Avancer une substance immuable est superflu, et même si une telle chose inchangeable et immuable existait, nous ne pourrions jamais la comprendre et nous ne serions non plus jamais capables de la connaître dans tous les sens du mot. Vous verrez la même discussion à l'époque actuelle se dérouler en Europe entre les religionnaires et les idéalistes d'un côté et les positivistes et les agnostiques modernes de l'autre; un groupe croyant qu'il il a quelque chose qui ne change pas (dont le dernier représentant est votre Herbert Spencer), que nous avons un aperçu de quelque chose qui est inchangeable. Et l'autre est représenté par les Comtistes modernes et les agnostiques modernes. Ceux d'entre vous qui étaient intéressés il y quelques années par les discussions entre Herbert Spencer et Frederick Harrison ont pu avoir remarqué que c'était l même vieille difficulté, un parti tenant pour une substance derrière le changeant et l'autre parti niant la nécessité d'une telle hypothèse. Un parti dit que nous ne pouvons pas concevoir de changements sans concevoir quelque chose qui ne change pas; l'autre partie apportant l'argument que cela est superflu; nous ne pouvons que concevoir quelque chose qui change, et quant à l'immuable, nous ne pouvons ni le connaître ni le sentir.

En Inde cette grande question n'a pas trouvé de solution dans les temps très anciens, parce que nous avons vu que cette hypothèse d'une substance qui se trouve derrière les qualités et qui n'est pas les qualités ne peut jamais être substanciée; non, même l'argument de l'identité du soi, à partir de la mémoire, que je suis le 'je' d'hier parce que je m'en souviens et c'est pourquoi j'ai été un quelque chose de continu, ne peut être substancié. L'autre argutie qui est généralement mise en avant est une simple illusion de mots. Par exemple, un homme peut prendre une grande série de phrases telles que " je fais, " je vais ", " je rêve ", " je dors ", " je bouge ", et ici vous le verrez clamé que le faire, l'aller, le rêver etc… ont changé, mais que ce qui est demeuré constant était ce 'je'. De là ils concluent que le 'je' est quelque chose de constant et un individu en lui-même, mais que tous ces changements appartiennent au corps. Cela, bien qu'apparemment très convaincant et très clair, est base sur un simple jeu de mots. Le 'je' et le faire, l'aller et le rêver peuvent être séparés en noir et blanc, mais nul ne peut les séparer dans son mental.

Quand je mange, le pense à moi en tant que mangeant, je suis identifié au fait de manger. Quand je cours, je et le fait de courir ne sont pas deux choses séparées. Ainsi l'argument tiré de l'identité personnelle ne semble pas très fort. L'autre argument tiré de la mémoire est faible lui aussi. Si l'identité de mon être est représentée par ma mémoire, beaucoup de choses que j'ai oubliées s'en sont allées de cette identité. Et nous savons que, dans certaines conditions, les gens oublient tout leur passé. Dans beaucoup de cas d'aliénation mentale un home va penser qu'il est en verre ou qu'il est un animal. Si l'existence de cet homme dépend de sa mémoire, il est devenu du verre, et comme ce n'est pas le cas nous ne pouvons pas faire dépendre l'identité du Soi d'une substance aussi fragile que la mémoire. Nous voyons ainsi que l'âme en tant qu'identité continue limitée et pourtant complète ne peut pas être établie comme séparée des qualités. Nous ne pouvons pas établir d'existence limitée à laquelle s'attache un ensemble de qualités.

De l'autre côté, l'argument des anciens bouddhistes semble être plus fort, que nous ne connaissons pas et ne pouvons pas connaître quoique ce soit au-delà de l'ensemble des qualités. Selon eux, l'âme consiste en un ensemble de qualités appelées sensations et sentiments. Une collection de ces sensations et sentiments est ce que l'on appelle l'âme, et cette collection change continuellement.

La théorie advaïtiste de l'âme réconcilie ces deux positions. La position de l'advaïtiste est qu'il est vrai que nous ne pouvons pas penser à la substance comme séparée des qualités, nous ne pouvons pas penser au changement et au non-changement en même temps; ce serait impossible. Mais la chose même qui est la substance est la qualité, substance et qualité ne sont pas deux choses différentes. C'est l'immuable qui apparaît comme le muable. La substance immuable de l'univers n'est pas quelque chose qui en est séparée. Le noumène n'est pas différent des phénomènes, mais c'est le noumène même qui est devenu les phénomènes. Il y a une âme qui est immuable, et ce que nous appelons sentiments et perceptions, non, même le corps, sont l'âme même, vus d'un autre point de vue. Nous avons pris l'habitude de penser que nous avions un corps et une âme et ainsi de suite, mais réellement parlant, il n'y a qu'une chose.

Quand je pense à moi en tant que corps, je ne suis qu'un corps; dire que je suis quelque chose d'autre n'a pas de sens. Et quand je pense à moi en tant qu'âme, le corps disparaît, et la perception du corps ne subsiste pas. Nul ne peut avoir la perception du Soi sans avoir la perception que son corps a disparu, nul ne peut avoir la perception de la substance sans avoir la perception que les qualités ont disparu.

L'ancienne image de l'Advaita, de la corde qui est prise pour un serpent, peut élucider un peu plus le point. Lorsqu'un homme prend la corde pour un serpent, la corde a disparu, et lorsqu'il la prend pour une corde, le serpent a disparu et seule la corde demeure. Les idées d'existence double ou triple viennent du fait de raisonner sur des données insuffisantes. , et nous les lisons dans des livres ou nous en entendons parler jusqu'à ce que nous soyons dans l'illusion que nous avons réellement une double perception du corps et de l'âme, mais une telle perception n'existe jamais réellement. La perception est ou celle du corps ou celle de l'âme. Cela ne demande aucun argument pour être prouvé, vous pouvez le vérifier dans votre propre mental.

Essayez de penser à vous comme étant une âme, comme quelque chose de désincarné. Vous verrez que c'est pratiquement impossible, et ces rares personnes qui sont capables de le faire verront au moment où ils se réalisent en tant qu'âme qu'ils n'ont aucune idée du corps. Vous avez entendu parler, ou peut-être avez-vous vu, des personnes qui à des occasions spéciales se sont trouvées dans des états particuliers du mental, occasionnés par une méditation profonde, par l'autohypnose, par l'hystérie ou par des drogues. A partir de leur expérience vous pouvez conclure que lorsqu'elles percevaient le quelque chose d'intérieur, l'extérieur avait disparu pour elles. Cela montre que tout ce qui existe est un. Cet un apparaît sous ces diverses formes, et toutes ces différentes formes donnent lieu à la relation de cause à effet. La relation de cause à effet est une relation d'évolution : l'un devient les autres, et ainsi de suite. Quelquefois la cause disparaît, pour ainsi dire, et laisse l'effet à sa place. Si l'âme est la cause du corps, l'âme, pour ainsi dire, disparaît pour le moment et le corps demeure; et quand le corps disparaît, l'âme demeure. Cette théorie s'accorde avec les arguments des bouddhistes qui émettaient des critiques contre l'hypothèse du dualisme du corps et de l'âme, en niant la dualité et en montrant que la substance et les qualités sont une seule chose qui apparaît sou des formes diverses.

Nous avons vu aussi que cette idée de l'inchangeable ne peut être établie qu'en ce qui concerne le tout mais jamais en ce qui concerne la partie. L'idée même de partie vient de l'idée de changement ou de mouvement. Nous pouvons comprendre et connaître tout ce qui est limité, parce que c'est changeable; et le tout doit être inchangeable, parce qu'il n'y a rien à côté en relation avec lequel le changement serait possible. Le changement existe toujours par rapport à quelque chose qui ne change pas, ou qui change relativement moins.

Aussi, selon le Vedanta, l'idée d'âme comme universelle, immuable et immortelle peut être démontrée autant qu'il est possible. La difficulté existerait en ce qui concerne le particulier. Qu'allons-nous faire des vieilles théories dualistes qui on tune telle emprise sur nous et par lesquelles nous sommes tous passes, ces croyances en des âmes limitées, petites, individuelles ?

Nous avons vu que nous sommes immortels quant au tout; mais la difficulté est que nous désirons tant être immortels comme parties du tout. Nous avons vu que nous sommes Infini et que c'est notre réelle individualité. Mais nous voulons tant rendre ces petites âmes individuelles. Qu'advient-il d'elles lorsque nous voyons dans notre expérience quotidienne que ces petites âmes sont des individus, avec cette seule réserve qu'ils sont des individus qui évoluent constamment ? Elles sont les mêmes, et pourtant pas les mêmes. Le 'je' d'hier est le 'je' d'aujourd'hui, et il n'en est pourtant pas ainsi, il a changé un peu. Maintenant, en nous débarrassant de la conception dualiste, qu'u milieu de tous ces changements il y a quelque chose qui ne change pas, et en prenant la conception la plus moderne, celle de l'évolution, nous voyons que le 'je' est une entité continuellement changeante et en expansion.

S'il est vrai que l'homme est l'évolution du mollusque, le mollusque individuel est le même que l'homme, il s'est seulement beaucoup développé. Du mollusque à l'homme il y a eu une expansion continue vers l'infini. Aussi l'âme limitée peut-elle être dite être un individu qui évolue continuellement vers l'Individuel Infini. L'individualité parfaite ne sera atteinte que lorsqu'elle aura atteint l'Infini, mais de ce côté de l'Infini c'est une personnalité qui change, qui évolue constamment. Une des caractéristiques remarquables du système advaïtiste du Vedanta est d'harmoniser les systèmes précédents. Dans beaucoup de cas il a énormément aidé la philosophie; dans certains cas il lui a fait du mal. Nos anciens philosophes connaissaient ce que vous appelez la théorie de l'évolution; que l'évolution est graduelle, pas à pas, et la reconnaissance de cela les a conduit à harmoniser tous les systèmes précédents. Ainsi aucune de ces précédentes idées n'a été rejetée. L'erreur de l foi bouddhiste fut qu'elle n'a jamais eu la faculté ni la perception de cette évolution continue et expansive, et pour cette raison elle n'a jamais fit de tentative pour s'harmoniser avec les pas vers l'idéal qui préexistaient. Ils ont été rejetés comme inutiles et pernicieux.

Cette tendance dans la religion est très nocive. Un homme a une idée nouvelle et meilleure, et il regarde lors en arrière vers ceux qu'il a abandonnés, et il décide aussitôt qu'ils étaient mauvais et inutiles. Il ne pense jamais que, même s'ils peuvent apparaître primitifs du point de vue actuel, ils lui ont été très utiles, qu'ils lui ont été nécessaires pour atteindre son état actuel et que chacun d'entre nous doit évoluer d'un manière similaire, vivant d'abord sur des idées grossières, en en tirant profit, puis en arrivant à un standard plus élevé. Aussi l'Advaita est-il bienveillant avec les théories les plus anciennes. Le dualisme et tous les systèmes qui l'ont précédé sont acceptés par l'Advaita, non pas d'une manière condescendante mais avec la conviction qu'ils sont de véritables manifestations de la même vérité et qu'ils conduisent tous aux mêmes conclusions qu'a atteint l'Advaita.

Tous ces différentes étapes par lesquelles l'humanité doit passer doivent être préservées en bénissant, et non en maudissant. C'est pourquoi tous ces systèmes dualistes n'ont jamais été rejetés ou repoussés, mais dans le Vedanta ils ont été gardés intacts; et la conception dualiste de l'âme individuelle, limitée mais pourtant complète en elle-même, trouve sa place dans le Vedanta.

Selon le dualisme, l'homme meurt et va vers d'autres mondes et ainsi de suite ; et ces idées sont gardées dans le Vedanta dans leur intégralité. Car avec la reconnaissance de l'évolution dans le système advaïtiste, on donne leur propre place à ces théories en admettant qu'elles ne représentent qu'une vue partielle de la Vérité.

De point de vue dualiste cet univers ne peut être considéré que comme une création de matière ou de force, il ne peut être considéré que comme le jeu d'une certaine volonté, et cette volonté ne peut être considérée que comme séparée de l'univers. Ainsi, d'un tel point de vue, un homme doit se voit comme composé d'une nature duelle, corps et âme, et cette âme, quoique limitée, est individuellement complète en elle-même. Les idées d'immortalité et de vie future d'un tel home s'accorderont nécessairement avec son idée de l'âme. Ces phases ont été gardées dans le Vedanta et c'est pourquoi il est nécessaire que je vous présente quelques-unes des idées populaires du dualisme. Selon cette théorie, nous avons un corps, bien entendu, et derrière le corps il y a ce qu'ils appellent un corps subtil. Ce corps subtil est lui aussi fait de matière, seulement cette matière est très subtile. Il est le réceptacle de tout notre Karma, de toutes nos actions et de toutes nos impressions, qui sont prêtes à jaillir sous des formes visibles. Toute pensée que nous avons, toute action que nous faisons deviennent subtiles après un certain temps, vont dans une forme de graine, pour ainsi dire, et vivent dans le corps subtil sous forme potentielle, et après un moment elles émergent de nouveau et portent leurs résultats. Ces résultats conditionnent la vie de l'homme. Ainsi forge-t-il sa propre vie. L'homme n'est lié par d'autres lois que celles qu'il se crée pour lui-même. Nos pensées, nos paroles et nos actions sont les fils du filet que nous lançons autour de nous, pour le bien ou pour le mal. Une fois que nous mettons un certain pouvoir en marche, nous avons à en supporter toutes les conséquences. C'est la loi u Karma. Derrière le corps subtil vit le Jiva ou l'âme individuelle de l'homme. Il y a diverses discussions sur la forme et la taille de cette âme individuelle. Selon certains, elle est très petite comme un atome; selon d'autres, elle n'est pas si petite que çà; selon d'autres encore, elle est très grande, et ainsi de suite. Ce Jiva est une partie de cette substance universelle, et il est aussi éternel; il existe dans commencement et il existera sans fin. Il passe par toutes ces formes afin de manifester sa nature réelle qui est pureté. Toute action qui retarde cette manifestation est appelée mauvaise action; de même pour les pensées. Et toute action et toute pensée qui aide le Jiva à se développer, à manifester sa nature réelle, est bonne.

Une théorie qui est soutenue en Inde par les dualistes les plus primitifs comme par les non-dualistes les plus avancés est que toutes les possibilités et tous les pouvoirs de l'âme sont en elle et ne viennent d'aucune source extérieure. Ils sont dans l'âme sous forme potentielle et tout le travail de la vie se dirige simplement vers la manifestation de ces potentialités.

Ils ont aussi la théorie de la réincarnation qui dit qu'après la dissolution de ce corps, le Jiva en aura un autre, et qu'après qu'il aura été dissous il en aura un autre, et ainsi de suite, ou ici ou dans d'autres mondes; mais ce monde a la préférence du fait qu'il est considéré comme le meilleur de tous les mondes pour notre dessein. Les autres mondes sont conçus comme des mondes où il y a très peu de malheur, mais pour cette raison, soutiennent-ils, il y a moins de chance de penser à des choses supérieures. Comme ce monde contient du bonheur et beaucoup de malheur, le Jiva s'éveille à un moment ou à un autre, pour ainsi dire, et pense à se libérer. Mais de même que les personnes très riches de ce monde ont le moins de chance de penser à des choses supérieures, le Jiva au paradis a peu de chances de progresser, car sa condition est la même que celle de l'homme riche, seulement plus intensifiée; il a un corps très subtil qui ne connaît pas la maladie, et il n'a pas à manger ou à boire et tous ses désirs sont satisfaits. Certains dualistes conçoivent le but comme le paradis le plus élevé, où les âmes vivent à jamais avec Dieu. Ils auront des corps magnifiques et ne connaîtront ni maladie ni mort, ni aucun autre mal, et tous les désirs seront comblés. De temps à autre certains d'entre eux reviennent sur cette terre et prennent un autre corps pour enseigner aux hommes la voie de Dieu ; et les grands enseignants du monde ont été ainsi. Ils sont toujours livres et vivaient avec Dieu dans la sphère la plus élevée ; mais leur amour et leur sympathie envers l'humanité souffrance était si grande qu'ils sont revenus et se sont réincarnés pour enseigner la voie des cieux à l'humanité.

Nous savons bien entendu que pour l'Advaita cela ne peut pas être le but ou l'idéal; l'absence de corps doit être l'idéal. L'idéal ne peut pas être fini. Tout ce qui est moins que l'Infini ne peut pas être l'idéal, et il ne peut y avoir de corps infini. Cela serait impossible, du fait que le corps vient de la limitation. Il ne peut y avoir de pensée infinie, parce que la pensée vient de la limitation. Nous devons aller au-delà du corps, et au-delà de la pensée aussi, dit l'Advaita. Et nous avons aussi vu que, selon l'Advaita, cette liberté n'est pas atteinte, elle est déjà nôtre. Nous l'oublions seulement et nous la nions. La perfection ne doit pas être atteinte, elle est déjà en nous. L'immortalité et la félicité n'ont pas à être acquises, nous les possédons déjà; elle ont été nôtres de tous temps.

Si vous osez déclarer que vous êtes libres, vous êtes libres à ce moment même. Si vous dites que vous êtes attachés, vous resterez attachés. C'est ce que l'Advaita déclare hardiment. Je vous ai parlé des idées des dualistes. Vous pouvez prendre celle que vous voulez.

L'idéal le plus élevé du Vedanta est très difficile à comprendre, et les gens se querellent toujours à son sujet, et la plus grande difficulté est que lorsqu'ils se saisissent de certaines idées ils nient et combattent les autres idées. Prenez ce qui vous convient, et laissez les autres prendre ce dont ils ont besoin. Si vous désirez vous attacher à cette petite individualité, à cette virilité limitée, restez-y ayez tous ces désirs et soyez content et satisfait avec eux. Si votre expérience de la virilité a été très bonne et agréable, retenez-la aussi longtemps que vous voulez; et vous pouvez le faire car vous êtes les créateurs de votre propre destinée; nul ne peut vous forcer à abandonner votre virilité. Vous serez des hommes aussi longtemps que vous voudrez ; nul ne peut vous en empêcher. Si vous voulez être des anges, vous serez des anges, c'est la loi. Mais il peut y en avoir d'autres qui ne veulent même pas être des anges. Quel droit avez-vous de penser que leur notion est une terrible notion ? Vous pouvez avoir peur de perdre cent livres, mais il y en d'autres qui ne sourcilleraient même pas s'ils perdaient tout l'argent qu'ils avaient dans le monde. Il y a eu de tels hommes et il y en a encore. Pourquoi osez-vous les juger selon votre standard ? Vous vous attachez à vos limitations, et ces petites idées matérielles peuvent être votre idéal le plus élevé. Libre à vous. Ce sera comme vous le souhaitez. Mais il y en a d'autres qui ont vu la vérité et qui ne peuvent rester dans ces limitations, qui ont eu affaire à ces choses et qui veulent aller au-delà. Le monde avec tous ses plaisirs est pour eux une mare de boue. Pourquoi voulez-vous les abaisser à vos idées ? Vous devez vous débarrasser de cette tendance une fois pour toutes. Accordez une place à chacun.

J'ai lu un jour une histoire sur des bateaux qui avaient été pris dans un cyclone dans les Iles de la Mer du Sud, et il y en avait une photo dans le Illustrated London News. Tous avaient fait naufrage sauf un navire anglais qui s'était tiré d'affaire. La photo montrait les hommes qui allaient se noyer se tenir sur les ponts et acclamer les gens qui naviguaient à travers la tempête. * Soyez braves et généreux comme eux. Ne faites pas descendre les autres là où vous êtes. Une autre notion insensée est celle selon laquelle ni nous perdons notre petite individualité il n'y aura aucune moralité, aucun espoir pour l'humanité. Comme si tout le monde était tout le temps mort pour l'humanité ! Dieu vous bénisse ! S'il y avait deux cents hommes et femmes dans chaque pays qui voulaient vraiment faire du bien à l'humanité, le millénaire arriverait en cinq jours. Nous savons comment nous mourons pour l'humanité ! Tout cà sont des discours et rien de plus. L'histoire du monde montre que ceux qui n'ont jamais pensé à leur petite individualité ont été les grands bienfaiteurs de la race humane, et que plus les homes et les femmes pensent à eux-mêmes et moins ils sont capables d'agir pour les autres. L'un est désintéressement et l'autre égoïsme. S'attacher aux petits plaisirs et désirer la continuation et la répétition de cet état de choses est égoïsme pur. Cà ne vient pas d'un désir pour la vérité, sa genèse n'est pas dans la douceur envers les autres êtres, mais dans l'égoïsme complet du coeur humain, dans l'idée : "J'aurai tout, et je ne me soucie de personne d'autre. " C'est ainsi que çà m'apparaît. J'aimerais voir plus d'hommes moraux dans le monde comme ces grands vieux prophètes et sages des temps jadis qui auraient donné cent vies s'ils avaient pu faire du bien à un petit animal en le faisant. Parler de moralité et faire du bien aux autres ! Stupide discours de l'époque actuelle !

J'aimerais voir des homes moraux comme Gautama Buddha, qui ne croyait pas en un Dieu Personnel ou en une âme personnelle, qui n'a jamais pose de question là-dessus, mais qui était un parfait agnostique et qui était pourtant prêt à quitter sa vie pour n'importe qui, et quia travaillé toute sa vie pour le bien de tous et n'a pensé qu'au bien de tous. Il a été bien dit par son biographe, en décrivant sa naissance, qu'il était né pour le bien de la foule, comme une bénédiction pour la foule. Il n'est pas allé dans la forêt pour méditer pour son propre salut; il a ressenti que le monde brûlait et qu'il devait trouver une issue. " Pourquoi y a-t-il tant de malheur dans le monde ? " fut l'unique question qui domina sa vie entière. Pensez-vous que nous sommes aussi moraux que le Buddha ?

Plus l'homme est égoïste, plus il est immoral. De même aussi pour la race. Cette race qui repliée sur elle-même a été la plus mauvaise du monde entier. Il n'y a pas eu de religion plus attachée au dualisme que celle qui a été fondée par le prophète d'Arabie, et il n'y a pas eu de religion qui ait répandu autant de sang et ait été aussi cruelle envers les autres hommes. Dans le Coran il y la doctrine selon laquelle un homme qui ne croit pas en ces enseignements doit être tué; c'est une grâce de le tuer ! Et le plus sur moyen d'aller au paradis, où il y a de belles houris et toutes sortes de plaisirs pour les sens, est de tuer ces incroyants. Pensez à l'effusion de sang qui a été la conséquence de telles croyances !

Il y a peu de grossièreté dans la religion de Christ; il y a très peu de différence entre la pure religion de Christ et celle du Vedanta. Vous y trouverez l'idée d'unité ; mais Christ a aussi prêché des idées dualistes aux gens fin de leur donner quelque chose de tangible à quoi s'accrocher, pour les conduire à l'idéal le plus élevé. Le même prophète qui prêchait : "Notre Père qui est dans le cieux", prêchait aussi :"Mi et mon Père sommes un", et le même prophète savait que dans le "Père aux cieux" se trouve la voie vers le "Moi et mon Père sommes un." Il n'y avait que bénédiction et amour dans la religion de Christ, mais dès que la grossièreté s'y est glissée, elle a été dégradée en quelque chose qui n'est pas bien mieux que la religion du prophète d'Arabie. C'était en effet de la grossièreté, ce combat pour le petit soi, cet attachement au 'je', pas seulement dans cette vie, mais aussi dans le désir de sa continuation après la mort. Ils déclarent que c'est du désintéressement ; la fondation de la moralité ! Que Dieu nous aide si c'est la fondation de la moralité ! Et d'une manière assez étrange, les homes et les femmes qui devraient mieux savoir pensent que toute moralité sera détruite si ces petits sois partent et ils sont consternés à l'idée que la moralité ne peut que reposer sur leur destruction. Le mot d'ordre de tout bien-être, de toute bonne morale n'est pas 'je' mais 'toi'. Qui se soucie de savoir s'il y a un paradis ou un enfer, qui se soucie de savoir s'il y a une âme ou non, qui se soucie de savoir s'il y a un immuable ou non ? Tel est le mot, et il est plein de malheur. Sortez en lui, comme Buddha l'a fait, et efforcez-vous de l'amoindrir ou mourez dans la tentative. Oubliez-vous vous-mêmes; c'est l première leçon à apprendre, que vous soyez théiste ou athée, que vous soyez agnostique ou védantiste, Chrétien ou mahométan. L'unique leçon évidente pour tous est la destruction du petit soi et la construction du Soi Réel.

Deux forces ont travaillé côte à côte sur des lignes parallèles? L'une dit : " je " et l'autre dit " pas je ". Leur manifestation ne se trouve pas seulement dans l'homme mais dans les animaux, pas seulement dans les animaux mais dans les vers les plus petits. La tigresse qui plante ses crocs dans le sang chaud d'un être humain abandonnerait sa propre vie pour protéger son petit. L'homme le plus dépravé pour lequel ôter la vie de ses frères homes n'est rien se sacrifiera peut-être lui-même sans aucune hésitation pour sauver sa femme et ses enfants affamés. Ainsi ces deux forces travaillent côte à côté dans toute la création ; là où vous trouvez l'une, vous trouvez aussi l'autre. L'une est l'égoïsme, l'autre est le désintéressement. L'une est l'acquisition, l'autre est la renonciation. L'une prend, l'autre donne. Du plus bas au plus haut, tout l'univers est le terrain de jeu de ces deux forces. Cela n'exige aucune démonstration ; c'est évident pour tous.

Quel droit a n'importe quelle section de la communauté de baser tout le travail et toute l'évolution de l'univers sur un seul de ces deux facteurs, sur la compétition et la lutte ? Quel droit a-t-elle de faire reposer tout le travail de l'univers sur la passion et le combat, sur la compétition et la lutte ? Nous ne nions pas qu'ils existent, mais de quel droit nierait-on l'autre force ? Un home peut-il nier que l'amour, ce " non je ", cette renonciation est le seul pouvoir positif de l'univers ? Que l'autre n'est que l'emploi malheureux du pouvoir de l'amour; le pouvoir de l'amour apporte la compétition, la véritable genèse de la compétition se trouve dans l'amour. La véritable genèse du mal se trouve dans le désintéressement. Le créateur du mal est bon; et la fin est aussi bonne. Cà n'est qu'une mauvaise direction du pouvoir du bien. Un homme qui en tue un autre est peut être porté à le faire par l'amour de son propre fils. Son amour est devenu limité à ce petit bébé, à l'exclusion des millions d'autres êtres humains e l'univers. Pourtant, limité ou illimité, c'est le même amour.

Ainsi le pouvoir moteur de tout l'univers, de quelque manière qu'il se manifeste, est cette chose unique magnifique, le désintéressement, la renonciation, l'amour, la réelle force, la seule force vivante qui existe. C'est pourquoi le védantiste insiste sur cette unité. Nous insistons sur cette explication parce que nous ne pouvons pas admettre deux causes à l'univers. Si nous soutenons simplement que par limitation le même amour beau, merveilleux apparaît être mal ou vil, nous voyons l'univers entier expliqué par la seule force de l'amour. Sinon, deux causes à l'univers doivent être considérées comme admises, l'une bonne et l'autre mauvaise, l'une amour et l'autre haine. Laquelle est la plus logique ? Certainement la théorie de la force unique.

Passons maintenant à des choses qui n'appartiennent peut-être pas au dualisme. Je ne saurais rester plus longtemps avec les dualistes, j'ai peur Mon idée est de montrer que l'idéal le plus élevé de moralité et de désintéressement va main dans la main avec la conception métaphysique la plus élevée, et que vous n'avez pas besoin d'abaisser votre conception pour aller à l'éthique ou à la moralité mais, de l'autre côté, pour atteindre une base réelle de moralité et d'éthique vous devez voir les conception philosophiques et scientifiques les plus élevées. La connaissance humaine n'est pas opposée au bien-être humain. Au contraire, c'est la connaissance seule qui nous sauvera dans chaque domaine de la vie; dans la connaissance se trouve l'adoration. Plus nous savons et mieux c'est pour nous. Le védantiste dit que la cause de tout ce qui est apparemment mauvais est la limitation de l'illimité. Le Vedanta dit aussi que la cause de tout ce mal apparent est en nous-mêmes. Ne blâmez pas quelque être surnaturel et ne soyez ni désespéré ni découragé, et ne pensez pas que vous êtes dans un endroit d'où vous ne pouvez pas vous échapper à moins que quelqu'un vienne et vous tende une main secourable. Cela ne peut pas être, dit le Vedanta. Nous aimons les vers à soie; nous faisons le fil à partir de notre propre substance et nous filons le cocon, et au fil du temps nous y sommes emprisonnés. Mais çà n'est pas pour toujours. Dans ce cocon nous allons développer la réalisation spirituelle, et comme le papillon nous en sortirons libres. Ce réseau de Karma nous l'avons tissé autour de nous; et dans notre ignorance nous sentons que nous sommes comme liés, et nous pleurons et gémissons pour avoir de l'aide. Mais l'aide ne vient pas du dehors, elle vient du dedans de nous. Pleurez vers tous les dieux de l'univers. J'ai pleuré pendant des années, et j'ai vu à la fin que j'étais aide. Mis l'ide est venue de l'intérieur, et j'ai du défaire ce que j'avais fait par erreur. C'est la seule voie. J'ai du couper le filet que j'avais jeté autour de moi, et le pouvoir de le faire est à l'intérieur. Ce dont je suis certain, c'est que pas une aspiration, bien ou mal guide dans ma vie, n'a été vaine mais que je suis le résultant de tout mon passé, à la fois bon et mauvais. J'ai commis de nombreuses erreurs dans ma vie; mais notez, je suis sur que sans aucune de ces erreurs je ne devrais pas être ce que je suis aujourd'hui, et je suis tout à fait satisfait de les avoir faites. Je ne veux pas dire que vous devez aller chez vous et commettre exprès des erreurs; ne me comprenez pas mal. Mais ne soyez pas tristes à cause des erreurs que vous avez commises, mais sachez qu'à la fin paraîtra droit. Je ne peux pas être autrement, parce que la bonté est notre nature, parce que la pureté est notre nature, et que cette nature ne peut jamais être détruite. Notre nature essentielle reste toujours la même.

Ce que nous devons comprendre est que ce que nous appelons erreurs ou mal, nous les commettons parce que nous sommes faibles, et nous sommes faibles parce que nous sommes ignorants. Je préfère les appeler erreurs. Le mot péché quoiqu'à l'origine un très bon mot, attrapé une certaine saveur qui m'effraie. Qui nous rend ignorants ? Nous-mêmes. Nous nous mettons les mains sur les yeux et nous pleurons qu'il fait nuit. Retirez les mains et la lumière est là; la lumière existe toujours pour nous, nature auto-lumineuse de la l'âme humaine. N'entendez-vous pas ce que les scientifiques modernes disent ? Quelle est la cause de l'évolution ? Le désir. L'animal veut faire quelque chose mais il ne trouve pas l'environnement favorable et il développe alors un nouveau corps. Qui le développe ? L'animal lui-même, sa volonté. Vous vous êtes développés à partir de l'amibe la plus basse. Continuez d'exercer votre volonté et elle vous mènera encore plus haut. La volonté est toute puissante. Si elle est toute puissante, direz-vous, pourquoi ne puis-je pas tout faire ? Mais vous ne pensez qu'à votre petit soi. Regardez en arrière sur vous-mêmes depuis l'état d'amibe jusqu'à l'être humain; qui a fit tout cela ? Votre propre volonté Nierez-vous alors qu'elle est toute puissante ? Ce qui vous a fait aller si haut peut vous faire aller encore plus haut. Ce que vous voulez est le caractère, le renforcement de la volonté.

Aussi si je vous enseigne que votre nature est mauvaise, que vous devriez rentrer chez vous et vous asseoir dans le sac et la cendre et pleurer sur vos vies parce que vous avez faits des faux-pas, je ne vous aiderai pas mais je vous affaiblirai encore plus, et je vais vous montrer la route vers plus de mal que de bien. Si cette pièce est remplie d'obscurité depuis des milliers d'années et que vous y entrez et commencez à pleurer et à gémir : " Oh l'obscurité ", l'obscurité disparaîtra-t-elle ? Frottez une allumette et la lumière arrive en un instant. Quel bien cela fera-t-il de penser toute votre vie :" Oh j'ai fait mal, j'ai fait beaucoup d'erreurs" ? Cela n'exige aucun fantôme pour nous dire cela. Amenez la lumière et le mal part en un instant. Construisez votre caractère et manifestez votre nature réelle, le Lumineux, le Resplendissant, le Toujours-pur, et invoquez le en toutes les personnes que vous voyez. Je souhaite que chacun de nous soit parvenu à un état tel que même chez les plus vils des êtres humains nous puissions voir le Soi Réel à l'intérieur, et au lieu de les condamner, nous disions : " Lève-toi, toi le lumineux, lève-toi, toi qui est toujours pur, lève-toi toi le sans naissance et le sans mort, lève-toi toi le tout-puissant, et manifeste ta véritable nature. Ces petites manifestations net e conviennent pas." C'est la prière la plus élevée qu'enseigne le Vedanta. C'est l'unique prière, de nous rappeler notre véritable nature, le Dieu qui est toujours en nous, en pensant à lui toujours comme infini, tout-puissant, toujours bon, toujours bienfaisant, désintéressé, dépourvu de toutes limitations. Et parce que cette nature est désintéressée, elle est forte et sans peur ; car la peur n'arrive qu'à l'égoïsme. Celui qui n'a rien à désirer pour lui-même, de qui a-t-il peur et qu'est-ce qui peut l'effraye ? Quelle peur revêt la mort pour lui ? Quelle peur revêt le mal pour lui ? Ainsi si nous sommes advaïtistes, nous devons penser à partir de ce moment que notre vieux soi est mort et parti. Le vieux Mr. la vieille Mme, et Mademoiselle Untel sont parties, ils étaient de simples superstitions, et ce qui demeure est le toujours-pur, le toujours-fort, le tout-puissant, le tout-connaissant, cela seulement demeure pour nous, et alors toute peur disparaît de nous. Qui peut nous blesser, nous l'Omniprésent ? Toute faiblesse a disparu de nous, et notre seul travail est d'éveiller cette connaissance chez nos congénères. Nous voyons qu'eux aussi sont le même pur soi, seulement ils ne le savant pas; nous devons leur enseigner, nous devons les aider à réveiller leur nature infinie. C'est ce que je ressens comme absolument nécessaire dans le monde entier. Ces doctrines sont vieilles, peut-être plus vieilles que de nombreuses montagnes. Toute vérité est éternelle. La vérité n'est la propriété de personne ; aucune race, aucun individu ne peut déposer de revendication exclusive pour elle. La Vérité est la nature de toutes les âmes. Qui peut déposer une revendication spéciale ? Mais elle doit être rendue pratique (car les vérités les plus hautes sont toujours simples), de telle sorte qu'elle puisse pénétrer dans chaque pore de la société humaine et devenir la propriété des intellects les plus élevés et des esprits les plus communs de l'homme, de la femme et de l'enfant en même temps. Toutes ces ratiocinations de logique, tous ces paquets de métaphysique, toutes ces théologies et cérémonies peuvent avoir été bonnes à leur propre époque, mais essayons de faire des choses plus simples et amener les jours dorés où tout homme sera un adorateur, et la Réalité en chaque homme sera l'objet du culte.

 

* H.M.S. Calliope et les homes de guerre américains à Samoa.--Ed.