Nous avons Presque terminé la partie métaphysique de l'Advaita. Un point, et peut-être le plus difficile à comprendre, demeure. Nous avons jusqu'ici vu que, selon la théorie Advaita, tout ce que nous voyons autour de nous, et en fait l'univers entier, est l'évolution de cet unique Absolu. Ceci est appelé Brahman en sanskrit. L'Absolu s'est change en toute la nature. Mais ici arrive une difficulté. Comment est-il possible à l'Absolu de changer ? Qu'est-ce qui a fait changer l'Absolu ? Par définition même, l'Absolu est immuable. Changer l'immuable serait une contradiction. La même difficulté s'applique à ceux qui croient en un Dieu Personnel. Par exemple, comment cette création est-elle apparue ? Elle n'a pu apparaître à partir de rien, ce serait une contradiction, quelque chose apparaissant à partir de rien ne peut exister. L'effet est la cause sous une autre forme. L'arbre pousse à partir de la graine ; l'arbre est la graine, plus de l'air et de l'eau qui ont été pris. Et s'il y avait une méthode pour tester la quantité d'air et d'eau qui a été prise pour faire le corps de l'arbre, nous trouverions qu'elle est exactement la même que l'effet, l'arbre. La science moderne a prouvé au-delà de tout doute qu'il en est ainsi, que la cause est l'effet sous une autre forme. L'ajustement des parties de la cause change et devient l'effet. Nous avons ainsi à éviter cette difficulté qui est d'avoir un univers sans cause, et nous sommes obligés d'admettre que Dieu est devenu l'univers.
Mais nous avons évité une difficulté et nous sommes arrivés à une autre. Dans tout théorie, l'idée de Dieu vient au travers de l'idée d'immuabilité. Nous avons suivi historiquement comment l'idée unique que nous avons toujours eue à l'esprit dans la recherche de Dieu, même sous la forme la plus grossière, est l'idée de liberté; et l'idée de liberté et d'immuabilité est exactement la même. Seul ce qui est libre ne change jamais, et seul l'immuable est libre ; car le changement est produit par quelque chose d'extérieur à la chose, ou en elle, ce qui est plus fort que si c'est l'environnement. Tout ce qui peut être changé est nécessairement lié par une certaine cause ou par certaines causes qui ne peuvent immuables. En supposant que Dieu est devenu cet univers, alors Dieu est ici et Il a changé. Et supposer que l'Infini est devenu cet univers fini, tant de l'Infini est parti et alors Dieu est l'Infini moins l'univers. Un Dieu muable ne serait aucun Dieu. Pour éviter cette doctrine du panthéisme, le Vedanta a une théorie très hardie. Elle est que cet univers, tel que nous le voyons et le pensons, n'existe pas, que l'immuable n'a pas changé, que la totalité de cet univers n'est qu'apparence et non pas réalité, que cette idée de parties et de petits êtres et de différenciations n'est qu'apparente et non la nature de la chose elle-même. Dieu n'a pas changé du tout, et il n'est pas du tout devenu l'univers. Nous voyons Dieu en tant qu'univers parce que nous devons regarder au travers du temps, de l'espace et de la causation. Ce sont le temps, l'espace et la causation qui font apparemment cette différence, mais non réellement. Ceci est en vérité une théorie très audacieuse. Cette théorie doit maintenant être expliquée un peu plus clairement. Ca n'est pas de l'idéalisme dans le sens où on l'entend généralement. Elle ne dit pas que l'univers n'existe pas; il existe, mais en même temps il n'est pas ce que nous le pensons être. Pour illustrer cela, l'exemple donné par la philosophie Advaita est bien connu. Dans l'obscurité de la nuit, une souche d'arbre est vue comme un esprit par une personne superstitieuse, comme un policier par un voleur, comme un ami par quelqu'un qui attend son compagnon. Dans tous ces cas, la souche de l'arbre n'a pas changé, mais il y a des changements apparents, et ces changements étaient dans le mental de ceux qui l'ont vu. Du côté subjectif nous le comprenons mieux au travers de la psychologie. Il y a quelque chose en dehors de nous dont la vraie nature nous est inconnue et inconnaissable; appelons-le x. Et il y a quelque chose à l'intérieur qui nous est aussi inconnu et inconnaissable; appelons-le y. Le connaissable est une combinaison de x plus y, et donc tout ce que nous connaissons doit avoir deux parties, le x au-dehors et le y à l'intérieur; et le x plus y est la chose que nous connaissons. Donc toute forme dans l'univers est en partie notre création et en partie quelque chose à l'extérieur. Maintenant le Vedanta dit que cet x est cet y sont une seule et même chose.
Quelques philosophes occidentaux, particulièrement Herbert Spencer, et quelques autres philosophes modernes, sont arrivés à une conclusion très similaire. Quand on dit que le même pouvoir qui se manifeste dans la fleur jaillit de ma propre conscience, c'est la même idée que le Védantin veut prêcher, que la réalité eu monde extérieur et la réalité du monde intérieur son tune seule et même réalité. Les idées même d'intérieur et d'extérieur existent par différenciation et n'existent pas dans les choses elles-mêmes. Par exemple, si nous développons un autre sens, le monde entier changera pour nous, montrant que c'est le sujet qui changera l'objet. Si je change le monde extérieur change. C'est pourquoi la théorie du Vedanta arrive à ceci, que vous et moi et tout ce qui existe dans l'univers sont cet Absolu, non des parties, mais le tout. Vous êtes le tout de cet Absolu, et ainsi sont les autres, parce que l'idée de partie de peut y entrer. Ces divisions, ces limitations ne sont qu'apparentes, et on dans la chose elle-même. Je suis complet et parfait, et je n'ai jamais été limité, prêche hardiment le Vedanta. Si vous pensez que vous êtes limité, vous demeurerez limité; si vous pensez que vous êtes libre, vous êtes libre. Ainsi le but, l'objectif de cette philosophie est de nous faire savoir que nous avons toujours été libres et que nous demeurerons libres à jamais. Nous ne changeons jamais, nous ne mourons jamais et nous ne sommes jamais nés. Alors quels sont tous ces changements ? Qu'advient-il de ce monde phénoménal ? Ce monde est admis comme monde apparent, limité par le temps, l'espace et la causation, et il va à ce qui est appelé Vivarta-vada en Sanskrit, l'évolution de la nature et la manifestation de l'Absolu. L'Absolu ne change pas, ni ne ré-évolue. Dans la petite amibe est cette perfection infinie latente. On l'appelle amibe à partir de son revêtement amibe, et de l'amibe à l'homme parfait le changement n'est pas dans ce qui est à l'intérieur, qui demeure le même, immuable, mais le changement se produit dans le revêtement.
Il y a ici un écran, et dehors un beau paysage. Il y a un petit trou dans l'écran par lequel nous ne pouvons en voir qu'un aperçu. Supposez que le trou vienne à s'élargir ; au fur et à mesure qu'il s'agrandit une partie de plus en plus importante du paysage arrive à notre vue, et lorsque l'écran a disparu, nous nous trouvons face à face avec tout le paysage. Ce paysage dehors est l'âme, et l'écran entre nous et le paysage est Maya, temps, espace et causation. Il y a un petit trou quelque part, par lequel je ne peux attraper qu'un aperçu de l'âme. Quand le trou est plus grand, je voie de plus en plus, et quand l'écran a disparu, je sais que je suis l'âme. Ainsi les changements dans l'univers ne sont pas dans l'Absolu; ils sont dans la nature. La Nature évolue de plus en plus, jusqu'à ce que l'Absolu Se manifeste. Il existe en tous ; en certains Il est manifesté plus que dans d'autres. L'univers entier est réellement un. En parlant de l'âme, dire que l'une est supérieure à l'autre n'a aucun sens. En parlant de l'âme, dire que l'homme est supérieur à l'animal ou à la plante n'a aucun sens; l'univers entier est un. Chez les plantes l'obstacle à la manifestation de l'âme est très grand; chez les animaux un peu moins, et chez l'homme encore moins, chez les homes cultivés encore moins; et chez les hommes parfaits il a complètement disparu. Toutes nos luttes, nos exercices,nos peines,nos plaisirs, nos larmes et nos sourire, tout ce que nous faisons et pensons tend vers le but, le déchirement de l'écran, agrandissant le trou, amincissant les couches qui demeurent entre la manifestation et la réalité derrière. C'est pourquoi notre travail n'est pas de rendre l'âme libre, mais de se débarrasser des esclavages. Le soleil est recouvert par des couches de nuages, et plus les nuages disparaissent plus la lumière du soleil apparaît. Le travail du vent est de chasser les nuages, et plus les nuages disparaissent plus la lumière du soleil apparaît. Il n'y a aucun changement que ce soit dans l'âme, infinie, Absolue, Eternelle, Connaissance, Béatitude et Existence. Il ne peut y avoir ni naissance ni mort de l'âme. Ces choses sont différentes apparences, différents mirages, différents rêves. Si un homme qui rêve de ce monde rêve de mauvaises pensées et de mauvaises actions, après quelque temps la pensée de ce rêve même produira le rêve suivant. Il rêvera qu'il est dans un endroit terrible et qu'il est torturé. L'homme qui rêve de bonnes pensées et de bonnes actions, une fois la période de rêve terminée, rêvera qu'il est dans un meilleur endroit, et ainsi de suite de rêve en rêve. Mais le temps viendra où la totalité de ce rêve disparaîtra. Pour chacun de nous doit venir un temps où tout l'univers se trouvera avoir été un simple rêve, lorsque nous trouveront que l'âme est infiniment mieux que son environnement. Dans cette lutte à travers ce que nous appelons nos environnements, il y aura un temps om nous trouverons que ces environnement étaient pratiquement zéro en comparaison avec le pouvoir de l'âme. Ce n'est qu'une question de temps, et le temps n'est rien dans l'Infini. C'est une goutte dans l'océan. Nous pouvons nous permettre d'attendre et d'être calmes.
Donc, consciemment ou inconsciemment, l'univers entier va vers ce but. La lune s'efforce de sortir de la sphère d'attraction d'autres corps et à la longue elle en sortira. Mais ceux qui s'efforcent consciemment de devenir libres accélèrent le temps. Un bénéfice de cette théorie que nous voyons pratiquement est que l'idée d'un réel amour universel n'est possible que de ce point de vue. Tous sont nos amis passagers, nos amis voyageurs - toute vie, plantes, animaux ; non seulement mon frère humain, mais mon frère brute, mon frère plante; pas seulement mon frère le bon, mais mon frère le mauvais, mon frère le spiritual et mon frère le méchant. Tous vont vers le même but. Tous sont dans le même courant, chacun se hâtant vers cette liberté infinie. Nous ne pouvons pas arrêter le cours, personne ne peut l'arrêter, nul ne peut aller en arrière même s'il peut essayer; il sera conduit en avant et à la fin il atteindra la liberté. La création signifie la lutte pour retrouver la liberté, le centre de notre être, d'où nous avons été jetés, pour ainsi dire. Le fait même que nous sommes ici montre que nous allons vers le centre, et la manifestation de cette attraction vers le centre est ce que nous appelons amour.
La question se pose : De quoi vient cet univers, est-ce qu'il demeure, est-ce qu'il repart en arrière ? Et la réponse est : Il vient de l'Amour, il demeure dans l'amour, il retourne à l'amour. Nous sommes ainsi en position de comprendre que, qu'on le veuille ou non, il n'y a de retour pour personne. Chacun doit atteindre le centre, quoiqu'il puisse lutter pour repartir en arrière. Pourtant si nous luttons consciemment, en le sachant, cela adoucira le passage, cela diminuera la secousse et accélèrera le temps. Une autre conclusion à laquelle nous arrivons naturellement à partir de cela est que toute connaissance et tout pouvoir son au-dedans et non au-dehors. Ce que nous appelons nature est un verre réfléchissant - c'est toute l'utilité de la nature - et toute connaissance est la réflexion du dedans sur ce verre de la nature. Ce que nous appelons pouvoirs, secrets de la nature, et ce que nous appelons force, tous sont à l'intérieur. Dans le monde extérieur n'existent qu'une série de changement. Il n'y a aucune connaissance dans la nature ; toute connaissance vient de l'âme humaine. L'homme manifeste la connaissance, la découvre en lui, ce qui est préexistant de toute éternité. Chacun est l'incarnation de la Connaissance, chacun est l'incarnation de la Béatitude éternelle et de l'Existence éternelle. L'effet moral est le même, comme nous l'avons vu par ailleurs au sujet de l'égalité.
Mais l'idée de privilège est la peste de la vie humaine. Deux forces, pour ainsi dire, sont constamment au travail, l'une créant la caste et l'autre cassant la caste ; en d'autres termes, l'une créant le privilège et l'autre brisant le privilège. Et à chaque fois qu'un privilège est brisé, de plus en plus de lumière et de progrès se produisent chez une race. Cette lutte, nous la voyons tout autour de nous. Bien entendu il y a d'abord l'idée brutale du privilège, celui du fort sur le faible. Il y a le privilège de la richesse. Si un home a plus d'argent qu'un autre, il veut un petit privilège sur ceux qui en ont moins. Il y a encore le plus subtil et plus puissant privilège de l'intellect ; parce qu'un homme sait plus que les autres, il réclame plus de privilège. Et le dernier de tous, et le pire, parce que le plus tyrannique, est le privilège de la spiritualité. Si certaines personnes pensent qu'ils en savent plus en matière de spiritualité, sur Dieu, elles réclament un privilège supérieur sur tous les autres. Elles disent : " "Abaissez-vous et adorez-nous, vous, le people; nous somme les messagers de Dieu, et vous devez nous adorer. " Aucun ne peut être Védantiste et en même temps admettre un privilège pour quelqu'un, qu'il soit mental, physique ou spirituel ; absolument aucun privilège pour qui que ce soit. Le même pouvoir est en tout home, l'un le manifestant plus et l'autre moins; la même potentialité est en tous. Où est la revendication d'un privilège ? Toute connaissance est dans toute âme, même chez le plus ignorant; il ne l'a pas manifestée mais, peut-être, il n'en a pas eu l'occasion, l'environnement n'était peut-être pas adéquat pour lui. Quand il en aura l'occasion, il la manifestera. L'idée qu'un home soit né supérieur à un autre n'a aucun sens dans le Vedanta; qu'entre deux nations l'une est supérieure et l'autre inférieure n'a aucun sens. Mettez-les dans les mêmes circonstances, et voyez si la même intelligence apparaît ou non. Avant cela vous n'avez aucun droit de dire qu'une nation est supérieure à une autre. Et quand à la spiritualité, aucun privilège ne doit y être réclamé. C'est un privilège de servir l'humanité, car c'est le culte de Dieu. Dieu est ici, en toutes ces âmes humaines. Il est l'âme de l'homme. Quel privilège les homes peuvent-ils demander ? Il n'y a pas de messagers spéciaux de Dieu, il n'y en a jamais eu et il ne pourra jamais y en avoir. Tous les êtres, grands ou petits, sont également des manifestations de Dieu ; la différence n'est que dans la manifestation. Le même message éternel, qui a été éternellement donné, vient à eux petit à petit. Le message éternel a été écrit dans le cur de tout être ; il y est déjà, et tous s'efforcent de l'exprimer. Quelques-uns, en des circonstances favorables, l'expriment un peu mieux que d'autres, mais en tant que porteurs du message ils sont tous un. Quelle réclamation de supériorité y a-t-il ? L'homme le plus ignorant, l'enfant le plus ignorant est un aussi grand messager de Dieu que tout messager qui ait jamais existé, et aussi grand que tous les messages qui sont encore à venir. Car le message infini est là imprimé une fois pour toutes dans le cur de tout être. Partout où se trouve un être, cet être contient le message infini du Très-Haut. Il est là. Aussi le travail de l'Advaita est de briser tous ces privilèges. C'est le travail le plus dur de tous, et, curieux à dire, il a été moins actif que partout ailleurs dans le pays qui l'a vu naître. Sil y a un pays de privilège, c'est le pays qui a donné naissance à cette philosophie, privilège pour l'homme spirituel autant que pour l'homme de naissance. Là ils n'ont pas tant de privilège pour l'argent (qui est, je pense, l'un des bénéfices), mais ils le privilège de la naissance et de la spiritualité est partout.
Une énorme tentative a été faite une fois de prêcher l'éthique védantique, qui a réussi pendant un durée de quelques centaines d'années, et nous savons historiquement que ces années ont été les meilleurs temps de cette nation. Je parle de la tentative bouddhiste de briser le privilège. Certains des épithètes les plus beaux adressés à Buddha dont je me souviens sont : " Toile briseur de castes, le destructeur des privilèges, le prêcheur de l'égalité de tous les êtres. " Il prêchait ainsi cette unique idée d'égalité. Son pouvoir a été incompris jusqu'à un certain point dans la fraternité des Shramanas, où nous voyons que des centaines de tentatives ont été faites pour en faire une église, avec des supérieurs et des inférieurs. Vous ne pouvez pas faire une bien grande église quand vous dites aux gens qu'ils sont tous des dieux. L'un des bons effets du Vedanta a été la liberté de pensée religieuse dont l'Inde a joui à toutes les époques de son histoire. C'est quelque chose dont on peut se glorifier, c'est le pays où il n'y a jamais eu de persécution, où les gens on tune liberté parfaite quant à la religion.
Ce côté pratique de la moralité védantique est aussi nécessaire aujourd'hui qu'elle ne l'a jamais été, plus nécessaire peut-être qu'elle n'a jamais été, car toute cette réclamation de privilège s'intensifie terriblement avec l'extension de la connaissance. L'idée de Dieu et du diable, ou d'Ahura Mazda et de Ahriman, a pas mal de poésie en elle. La différence entre Dieu et le diable n'existe en rien si ce n'est en désintéressement et en égoïsme. Le diable sait aussi bien que Dieu, il est aussi puissant que Dieu ; seulement il n'a aucune sainteté, ce qui fait de lui un diable. Appliquez la même idée au monde moderne : l'excès de connaissance et de pouvoir, sans sainteté, fait des diables des êtres humains. Une énorme puissance est en train d'être obtenu par la fabrication de machines et autres dispositifs, et aujourd'hui le privilège est réclamé comme il n'a jamais été réclamé dans l'histoire du monde. C'est pourquoi le Vedanta veut prêcher contre lui, pour briser cette tyrannie sur les âmes des hommes.
Ceux d'entre vous qui ont étudié la Gita se rappelleront les passages mémorables : "Celui qui considère le brahmane, la vache, l'éléphant, le chien ou le hors caste du même oeil, il est le sage en vérité, et l'homme avisé "; " Dans cette vie même il a conquis l'existence relative celui dont le mental est fermement fixé sur cette identité, car le Seigneur est un et le même pour tous, et le Seigneur est pur; c'est pourquoi ceux qui ont cette identité pour tous et qui sont purs sont dits ivre en Dieu." Ceci est le fond de la moralité védantique - cette similitude pour tous. Nous avons vu que c'est le monde subjectif qui gouverne le monde objectif. Changez le sujet et l'objet est obligé de changer ; purifiez-vous et le monde est obligé d'être purifié. Cette seule chose demande à être enseignée maintenant plus que jamais auparavant. Nous devenons de plus en plus occupés à propos de nos voisins et de moins en moins à notre égard. Le monde changera si nous changeons; si nous sommes purs le monde deviendra pur. La question est : pourquoi devrais-je voir du mal dans les autres. Je ne peux voir le mal à moins que je sois le mal. Je ne peux pas voir le misérable à moins que je sois faible. Les choses qui avaient l'habitude de me rendre misérable lorsque j'étais enfant ne me rendent pas ainsi maintenant. Le sujet a changé, aussi l'objet a été obligé de changer ; ainsi dit le Vedanta. Toutes ces choses que nous appelons causes de misère et de mal, nous en rirons lorsque nous arriverons à cet état merveilleux d'égalité, à cette identité. C'est ce que l'on appelle dans le Vedanta l'atteinte de la liberté. Le même dans la misère et dans le bonheur, le même dans le succès et dans l'échec, un tel mental est proche de l'état de liberté.
Le mental ne peut être conquis aisément. Les mentaux qui s'élèvent en vagues à l'approche de n'importe quel petite chose à la plus petite provocation ou au plus petit danger, dans quel état doivent-ils être ! Que dire sur la grandeur et la spiritualité quand ces changements traversent le mental ? Cette condition instable du mental doit être changée. Nous devons nous demander jusqu'à quel point nous pouvons être influences par le monde extérieur, et à quel point nous pouvons nous tenir sur nos pieds en dépit de toutes les forces qui sont à l'extérieur de nous. Lorsque nous avons réussi à empêcher toutes ces forces du monde de nous déséquilibrer, alors seulement nous avons atteint la liberté, et pas avant. C'est le salut. Il est ici et nulle part ailleurs ; c'est ce moment. De cette idée, de cette source, tous les magnifiques courants de pensées se sont répandus sur le monde, généralement incompris dans leur expression,n apparemment se contredisant l'un l'autre. Nous voyons des armées d'âmes courageuses et merveilleusement spirituelles, dans chaque nation, se réfugiant dans des cavernes ou dans des forêts pour méditer, coupant leur relation avec le monde extérieur. C'est la seule idée. Et, d'un autre côté, nous voyons des êtres illustres aller dans la société, essayant d'élever leurs congénères, le pauvre, le misérable. Ces deux méthodes sont apparemment contradictoires. L'homme qui vit dans une caverne, loin de ses congénères, sourit avec mépris sur ceux qui travaillent à la régénération de leurs congénères. " Comme c'est stupide ! " dit-il, "quel travail y a-t-il? Le monde de Maya restera toujours le monde de Maya; il ne peut être changé. " Si vous questionnez l'un de nos prêtres en Inde : "Croyez-vous au Vedanta ?", il dit : "C'est ma religion; bien sûr que j'y crois; c'est ma vie. " " Très bien, admettez-vous l'égalité de toute vie, l'identité de tout ? " "Certainement". L'instant suivant, quand un home de basse caste s'approche du prêtre, il sauté sur le côté de la rue pour éviter cet home. "Pourquoi sautez-vous ?" "Parce que son toucher m'aurait pollué." " Mais vous venez juste de dire que nous sommes tous pareils, et vous admettez qu'il n'y a pas de différence entre les âmes. " Il dit : " Oh, çà n'est qu'en théorie, pour les occupants; quand j'irai dans la forêt je considèrerai alors tout le monde de la même manière. " En Angleterre, vous demandez à vos grands hommes, de grande naissance ou de richesse, si entant que chrétiens ils croient en la fraternité de l'humanité, puisque tous sont issus de Dieu. Ils vous répondront par l'affirmative, mais dans les cinq minutes il criera quelque chose de peu flatteur sur le commun peuple. Ainsi, çà n'a été qu'une théorie pour plusieurs milliers d'années et çà n'a jamais été mis en pratique. Tous le comprennent, le déclarent vrai, mais lorsque vous leur demande de le pratiquer, ils disent que çà va prendre des millions d'années.
Il y avait un roi qui avait un nombre énorme de courtisans, et chacun de ces courtisans déclarait qu'il était prêt à sacrifier sa vie pour son maître et qu'il était l'être le plus sincère qui fût jamais né. Au cours du temps, un sannyasin vint voir le roi. Le roi lui dit qu'il n'y avait jamais eu de roi qui ait eu tant de courtisans sincères. Le sannyasin sourit et dit qu'il n'y croyait pas. Le roi dit au sannyasin qu'il pouvait faire un test s'il le voulait. Le sannyasin déclara alors qu'il ferait un grand sacrifice grâce auquel le règne du roi serait prolongé pendant très longtemps, à la condition qu'un petit bassin soit construit dans lequel chaque courtisan devrait verser une cruche de lait dans l'obscurité de la nuit. Le roi sourit et dit : "Est-ce que c'est le test ?". Et il demanda à ses courtisans de venir le voir, et il leur dit ce qu'ils devaient faire. Ils exprimèrent leur joyeux accord à la proposition et ils repartirent. Au plus profond de la nuit, ils vinrent et vidèrent leurs cruches dans le bassin. Mais au matin il n'était rempli que d'eau. Les courtisans furent réunis et questionnés là-dessus. Chacun d'entre eux avait pensé qu'il y aurait tant de cruches de lait que son eau ne serait pas détectée. Malheureusement la plupart d'entre nous ont la même idée et nous faisons notre part de travail comme l'ont fait les courtisans de l'histoire.
L'idée d'égalité existe tellement, dit le prêtre, que mon petit privilège ne sera pas détecté. De même dissent nos hommes riches, de même dissent les tyrans de tout pays. Il y a plus d'espoir pour les tyrannisés que pour les tyrans. Cela prendra longtemps aux tyrans pour arriver à la liberté, mais moins de temps aux autres. La cruauté du renard est bien plus terrible que la cruauté du lion. Le lion frappe un coup et après cela il est tranquille pour quelque temps, mais le renard tentant avec persistance de suivre sa proie ne manque jamais une occasion. La prêtrise est par nature cruelle et sans Coeur. C'est pourquoi la religion s'abaisse là où la prêtrise apparaît. Le Vedanta dit que nous devons abandonner l'idée de privilège, alors la religion viendra. Avant cela il n'y a pas de religion du tout.
Croyez-vous en ce que dit Christ : "Vends tout ce que tu as e(t donne aux pauvres ? " Egalité pratique là; pas d'essai de torturer les textes, mais prendre la vérité telle qu'elle est. N'essayez pas de torturer les textes. J'ai entendu dire que cela n'avait été prêché qu'à une poignée de juifs qui écoutaient Jésus. Le même argument s'appliquera aussi aux autres choses. Ne torturez pas les textes; osez regarder la vérité telle qu'elle est en face. Même si nous ne pouvons pas y arriver, confessons notre faiblesse, mais ne détruisons pas l'idéal. Espérons que nous l'atteindrons un jour, et efforçons-nous y. C'est là : "Vends tout ce que tu possèdes, donne aux pauvres et suis-moi." Ainsi, foulant aux pieds tout privilège et tout ce qui en nous travaille pour le privilège, travaillons pour cette connaissance qui apportera le sentiment d'identité envers toute l'humanité. Vous pensez que parce que vous parlez un langage un peu plus châtié vous êtes supérieur à l'homme de la rue. Rappelez-vous que lorsque vous pensez cela vous n'allez pas vers la liberté mais que vous forgez une chaîne neuve pour vos pieds. Et, par-dessus tout, si l'orgueil de la spiritualité entre en vous, malheur à vous. C'est l'esclavage le plus terrible qui ait jamais existé. Ni la richesse ni aucun autre esclavage du Coeur humain ne peut autant lier l'âme que çà. " Je suis plus pur que les autres ", est l'idée la plus terrible qui puisse entrer dans le cur humain. Dans quel sens êtes-vous pur ? Le Dieu en vous est le Dieu en tous. Si vous n'avez pas su cela, vous n'avez rien su. Comment peut-il y avoir une différence ? C'est tout un. Chaque être est le temple du Très-Haut; si vous pouvez voir cela, bien, sinon, la spiritualité n'est pas encore venue à vous.