L'analyse des Sankhyas s'arrête avec la dualité de l'existence : nature et âmes. Il y a un nombre infini d'âmes, qui, étant élémentaires, ne peuvent mourir et doivent donc être séparées de la Nature. La Nature en elle-même change et manifeste tous ces phénomènes; et l'âme, selon les Sankhyas, est inactive. Elle est (a simple ?)* en elle-même, et la Nature organise tous ces phénomènes pour la libération de l'âme, et la libération consiste en ce que l'âme discrimine qu'elle n'est pas la Nature. En même temps, nous avons vu que les Sankhyas étaient portés à admettre que toute âme était omniprésente. Etant (a simple), l'âme ne peut pas être limitée, parce que toute limitation vient soit par le biais du temps, ou de l'espace ou de la causation. L'âme étant complètement au-delà d'eux, elle ne peut pas avoir de limitation. Pour avoir une limitation on doit être dans l'espace, ce qui veut dire le dans le corps; et ce qui est corps peut être dans la Nature. Si l'âme avait une forme, elle serait identifiée à la Nature; c'est pourquoi l'âme est sans forme, et on ne peut pas dire que ce qui est sans forme existe ici, là ou quelque part. Cà doit être omniprésent. La philosophie Sankhya ne va pas au-delà de cela.
Le premier argument des Védantistes contre cette analyse est qu'elle n'est pas une analyse parfaite. Si leur Nature était absolue et que l'âme était aussi absolue, il y aurait deux absolus, et tous les arguments qui s'appliquent dans le cas de l'âme pour montrer qu'elle est omniprésente s'appliqueraient aussi dans le cas de la Nature, et la Nature serait elle aussi au-delà de tout temps, de tout espace et de toute causation, et pour résultat il n'y aurait ni changement ni manifestation. Puis viendrait la difficulté d'avoir deux absolus, ce qui est impossible. Quelle est la solution du Védantiste ? Sa solution est que, tout comme les Sankhyas le disent, un Être sensible est requis comme moteur derrière, qui fait penser le mental et travailler la Nature, parce que la Nature dans toutes ses modifications, de la matière grossière jusqu'au Mahat (Intelligence), est tout simplement insensible. Maintenant, dit le Védantiste, cet Être sensible qui est derrière tout l'univers est ce que nous appelons Dieu, et cet univers n'est par conséquent pas différent de Lui. C'est Lui-même qui est devenu cet univers. Il n'est pas seulement la cause instrumentale de l'univers, mais il en est aussi la cause matérielle. La cause n'est jamais différente de l'effet, l'effet n'est que la cause reproduite sous une autre forme. Nous le voyons chaque jour. Ainsi cet Être est-Il la cause de la Nature. Toutes les formes et toutes les phases du Vedanta, dualistes, monistes qualifiées ou monistes, prennent d'abord cette position selon laquelle Dieu n'est pas seulement la cause instrumentale, mais aussi la cause matérielle de cet univers, que tout ce qui existe est Lui. La seconde étape du Vedanta est que ces âmes sont aussi partie de Dieu, une étincelle de ce Feu Infini. "Tout comme d'une masse de feu des millions de petites particules s'envolent, de même de cet Ancien sont venues toutes ces âmes. " Jusqu'ici çà va bien, mais çà n'est pas encore satisfaisant. Qu'entend-on par partie de l'Infini ? L'Infini est indivisible; il ne peut y avoir de parties de l'Infini. L'Absolu ne peut pas être divisé. Que veut-on donc dire en disant que toutes ces étincelles viennent de Lui ? L'advaitiste, le védantiste non dualiste, résout le problème en maintenant qu'en réalité il n'y a pas de partie; que chaque âme n'est pas réellement une partie de l'Infini, mais qu'en réalité elle est le Brahman Infini. Là, comment pourrait-il y en avoir tant ? Le soleil réfléchi à partir de millions de gouttelettes d'eau apparaît être des millions de soleils, et dans chaque gouttelette se trouve une image miniature de la forme du soleil; de même toutes ces âmes ne sont que des réflexions et elles ne sont pas réelles. Elles ne sont pas le véritable " Je " qui est le Dieu de cet Univers, l'unique Être indivisé de l'univers. Et tous ces petits êtres différents, hommes, animaux etc. ne sont que des réflexions et ne sont pas réels. Ils sont simplement des réflexions illusoires sur la Nature. Il n'y a qu'un Être Infini dans l'univers, et cet Être apparaît comme vous et moi; mais cette apparence de divisions est après tout une illusion. Il n'a pas été divisé, mais Il ne fait qu'apparaître divisé. Cette division apparente est causée par le fait de Le regarder au travers du réseau du temps, de l'espace et de la causation. Lorsque je regarde Dieu à travers le réseau du temps, de l'espace et de la causation, je Le vois comme monde matériel. Lorsque je Le regarde à partir d'un plan un peu plus élevé, pourtant à travers le même réseau, je Le vois comme animal, un peu plus élevé comme homme, un peu plus élevé comme dieu, mais Il est pourtant l'Unique Être Infini de l'univers, et cet Être nous Le sommes. Je suis Cela, et vous êtes Cela. Non des parties de Cela, mais la totalité de Cela. " C'est le Connaisseur Eternel qui se tient derrière tous les phénomènes; Il est Lui-même les phénomènes. " Il est à la fois le sujet et l'objet, Il est le " Je " et le " Vous ". Comment cela se fait-il ? Qui connaît le Connaisseur ? Le Connaisseur ne peut pas Se connaître Lui-même, je vois tout mais je ne peux pas me voir. Le Soi, le Connaisseur, le Seigneur de tout, l'Être réel, est la cause de toute la vision qui est dans l'univers, mais il Lui est impossible de Se voir ou de Se connaître, sauf par réflexion. Vous ne pouvez pas voir votre propre visage sauf dans un miroir, et de la même manière le Soi ne peut pas voir Sa propre nature sauf si Elle est réfléchie, et tout cet univers est donc le Soi qui essaie de Se réaliser. Cette réflexion est renvoyée d'abord à partir du protoplasme, puis des plantes et des animaux, et ainsi de suite à partir de réflecteurs toujours meilleurs, jusqu'à ce que le meilleur réflecteur, l'homme parfait, soit atteint - tout comme un homme qui, voulant voir son visage, regarde d'abord dans un petit basin d'eau boueuse et voit juste une silhouette; puis il va vers une eau claire et il voit une meilleure image; puis à un morceau de métal brillant et il voit une image encore meilleure, et enfin à une glace et il se voit réfléchi tel qu'il est. C'est pourquoi l'homme parfait est la réflexion la plus haute de cet Être qui est à la fois sujet et objet. Vous voyez maintenant pourquoi l'homme adore tout instinctivement, et comment les hommes parfaits sont instinctivement adorés comme Dieu dans tous les pays. Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais c'est eux qui sont portés à être adorés. C'est pourquoi les hommes adorent les Incarnations, telles que Christ ou Buddha. Ils sont les manifestations les plus parfaites du Soi éternel. Ils sont bien plus élevés que toutes les conceptions de Dieu que vous ou moi pouvons avoir. Un homme parfait est bien plus élevé que de telles conceptions. En lui le cercle devient complet; le sujet et l'objet s'unissent. En lui toutes les illusions disparaissent et à leur place arrive la réalisation qu'il a toujours été l'Être parfait. Alors comment cet esclavage est-il arrivé ? Comment a-t-il été possible pour cet Être parfait de dégénérer dans l'imparfait? Comment a-t-il été possible que le libre devienne attaché ? L'Advaitiste dit qu'il n'a jamais été attaché mais qu'il a toujours été libre. Différents nuages de couleurs différentes viennent se placer devant le ciel. Ils y restent une minute puis ils disparaissent. C'est le même ciel bleu éternel qui s'y étend à jamais. Le ciel ne change jamais, c'est le nuage qui change. Ainsi vous êtes toujours parfaits, éternellement parfaits. Rien ne change jamais votre nature ou ne la changera jamais. Touts ces idées selon lesquelles je suis imparfait, je suis un homme, ou une femme, ou un pécheur, ou que je suis le mental, que j'ai la pensée, que je penserai, toutes sont des hallucinations ; vous ne pensez jamais, vous n'avez jamais eu de corps, vous n'avez jamais été imparfaits. Vous êtes le Seigneur béni de cet univers, le Tout-puissant souverain de tout ce qui est et qui toujours sera, l'unique puissant souverain de ces soleils, de ces planètes, de ces lunes, de ces terres, de ces planètes et de tous les petits morceaux de notre univers. C'est à travers vous que le soleil brille, que les étoiles répandent leur éclat et que la terre devient belle. C'est par votre félicité qu'ils aiment tous et sont attirés les uns par les autres. Vous êtes en tout, et vous êtes tout. Qui éviter, et qui prendre? Vous êtes le tout en tout. Lorsque cette connaissance arrive, l'illusion s'évanouit immédiatement.
J'ai voyagé une fois dans le désert en Inde. J'y ai voyagé pendant plus d'un mois et j'ai toujours trouvé les plus beaux paysages devant moi, des lacs magnifiques et tout cela. Un jour j'ai eu très soif et j'ai voulu boire dans l'un de ces lacs; mais quand je me suis approché ce lac a disparu. L'idée m'est venue d'un seul coup que c'était un mirage sur duquel j'avais lu toute ma vie ; puis je me suis rappelé et j'ai souri de ma folie, car pendant le dernier mois tous ces beaux paysages et ces beaux lacs que j'avais vus n'étaient que ce mirage, mais alors je ne pouvais pas les distinguer. Le lendemain matin j'ai repris ma marche; il y avait le lac et le paysage, mais avec eux est immédiatement venue l'idée : " C'est un mirage. " Une fois connu il a perdu tout son pouvoir d'illusion. Cette illusion de l'univers se brisera un jour de la même manière, elle se dissipera. C'est la réalisation. La philosophie n'est ni un jeu ni un discours. Elle doit être réalisée; ce corps va disparaître, l'idée selon laquelle je suis le corps ou le mental va disparaître quelque temps, ou si le Karma est terminé elle va disparaître et ne jamais revenir; mais si une partie du Karma demeure, alors, comme la roue du potier après que le potier ait terminé le pot continue encore de tourner à partir de l'impulsion passée, il en sera de même de ce corps quand l'illusion aura complètement disparu, il continuera pendant quelque temps. Ce monde reviendra, hommes, femmes et animaux reviendront, tout comme le mirage est revenu le lendemain, mais pas avec la même force; avec l'idée viendra que je connais maintenant sa nature, et elle ne causera pas d'esclavage, plus de souffrance, ni de douleur ni de malheur. A chaque fois qu'arrivera quelque chose de malheureux, le mental sera capable de dire : "Je te connais pour être une hallucination ". Quand un homme a atteint cet état, il est appelé Jivanmukta "libre vivant", libre même en vivant. L'objectif et la fin de cette vie pour le Jnana yogi est de devenir ce Jivanmukta, "libre vivant." Est Jivanmukta celui qui peut vivre dans ce monde sans être attaché. Il est semblable aux feuilles de lotus dans l'eau qui sont jamais humidifiées par l'eau. Il est le plus élevé des êtres humains, non, le plus élevé de tous les êtres, car il a réalisé son identité avec l'Absolu, il a réalisé qu'il est un avec Dieu. Tant que vous pensez que vous avez la moindre différence d'avec Dieu, la peur vous saisira, mais après avoir su que vous êtes Lui, qu'il n'y a aucune différence, absolument aucune différence, que vous êtes Lui, tout de Lui, et l'entièreté de Lui, toute peur cesse. "Là, qui voit qui ? Qui adore qui ? Qui entend qui? Là où l'un voit l'autre, là où l'un parle à l'autre, là où l'un entend l'autre, c'est petit. Là où personne ne voit personne, où personne ne parle à personne, c'est le plus haut, c'est le grand, c'est le Brahman." Etant Cela, vous êtes toujours Cela. Alors que va-t-il advenir du monde? Quel bien allons-nous faire au monde? De telles questions ne viennent pas. "Que va-t-il advenir de mon pain d'épices si je deviens vieux? " dit le bébé! "Que va-t-il advenir de mes billes si je grandis? Alors je ne vais pas grandir", dit le garçon! "Que va-t-il advenir de mes poupées si je vieillis?" dit le petit enfant! C'est la même question en rapport à ce monde; il n'a pas d'existence dans le passé, dans le présent ou dans l'avenir. Si nous avons connu l'Atman tel qu'Il est, si nous avons connu qu'il n'y rien d'autre que cet Atman, que tout le reste n'est qu'un rêve, sans existence en réalité, alors ce monde avec ses pauvretés, ses malheurs, ses atrocités et sa bonté cessera de nous troubler. S'ils n'existent pas, pour qui et pour quoi aurions-nous des troubles ? C'est cela qu'enseignent les Jnana Yogis. Donc, osez être libres, osez aller aussi loin que vous conduit votre pensée, et osez le mettre à exécution dans votre vie. Il est très difficile d'arriver à Jnana. Elle est pour le plus brave et le plus audacieux, qui ose écraser toutes les idoles, non seulement intellectuelles, mais aussi celles qui se trouvent dans les sens. Ce corps n'est pas moi; il doit s'en aller. Toutes sortes de choses curieuses peuvent sortir de là. Un homme se lève et dit : " Je ne suis pas le corps, alors ma migraine doit être guérie", mais où est la migraine si elle n'est pas dans le corps? Qu'un millier de migraines et qu'un millier de corps viennent et s'en aillent. Qu'est-ce que cela peut me faire ? Je n'ai ni naissance ni mort, de père ou de mère je n'ai jamais eus, d'amis et d'ennemis je n'en ai aucun, parce qu'ils sont tous Moi. Je suis mon propre ami, et je suis mon propre ennemi. Je suis Existence - Connaissance - Béatitude. Je suis Lui, je suis Lui. Si je souffre de la fièvre et d'autres maladies dans mille corps, dans des millions de corps je suis en bonne santé. Si je meurs de faim dans mille corps, dans mille autres corps je festoie. Si je souffre la misère dans des milliers de corps, dans des milliers de corps je suis heureux. Qui va blâmer qui, qui va louer qui ? Qui rechercher, qui éviter? Je ne recherche personne ni n'évite qui que ce soit, car Je suis tout l'univers. Je me loue moi-même, je me blâme moi-même, je souffre pour moi-même, je suis heureux selon ma propre volonté, je suis libre. Cela est le Jnani, le brave et l'audacieux. Que tout l'univers s'écroule, il sourit et dit qu'il n'a jamais existé, qu'il était une complète hallucination. Il voit l'univers s'écrouler. Où était-il ! Où est-il passé !
Avant d'entrer dans la partie pratique, nous allons parler d'une autre question intellectuelle. Jusqu'ici la logique est formidablement rigoureuse. Si l'homme raisonne, il n'y pas d'endroit pour lui où il puisse se tenir tant qu'il n'arrive pas à cela, à savoir qu'il n'y a qu'une Existence, que tout le reste n'est rien. Il n'y a pas d'autre voie qui soit laissée à l'humanité qui raisonne que d'adopter ce point de vue. Mais comment se fait-il que ce qui est infini, toujours parfait, toujours béni, Existence-Connaissance-Béatitude Absolue, soit arrivé sous ces illusions ? Ce sont les mêmes questions qui ont été posées dans le monde entier. Sous forme vulgaire la question devient : " Comment le péché est-il apparu dans ce monde ? " C'est la forme la plus vulgaire et la plus capiteuse de la question, et l'autre est la forme la plus philosophique, mais la réponse est la même. La même question a été posée à des degrés différents et de différentes manières, mais sous sa forme plus vile elle ne trouve aucune solution, parce que les histoires de pommes, de serpents et de femmes ne donnent pas l'explication. Dans cet état, la question est enfantine ainsi que la réponse. Mais maintenant la question a pris des proportions très élevées : " Comment cette illusion est-elle arrivée ? ". Et la question est aussi fine. La réponse est que nous ne pouvons pas attendre de réponse à une question impossible. La question même est impossible dans les termes. Vous n'avez aucun droit de poser cette question. Pourquoi? Qu'est-ce que la perfection? Ce qui est au-delà du temps, de l'espace et de la causation, c'est cela qui est parfait. Puis vous demandez comment le parfait est devenu imparfait. En langage logique la question peut se poser sous cette forme : " Comment ce qui est au-delà de la causation est-il devenu causé ? " Vous vous contredisez. Vous admettez d'abord que c'est au-delà de la causation, puis vous demandez ce qui le cause. On ne peut poser la question qu'à l'intérieur des limites de la causation Cette question peut être posée aussi loin que s'étendent le temps, l'espace et la causation. Mais au-delà ce sera un non sens de la poser parce que la question est illogique. A l'intérieur du temps, de l'espace et de la causation, on ne peut jamais y répondre, et quelque réponse qui puisse être au-delà de ces limites ne peut être connue que lorsque nous les avons transcendées; c'est pourquoi le sage enterrera la question. Lorsqu'un homme est malade, il se consacre à guérir sa maladie sans insister sur le fait qu'il doit d'abord apprendre comment il l'a attrapée.
Cette question sous une autre forme, un peu inférieure mais plus pratique et illustrative : qu'est-ce qui a produit cette illusion ? Une réalité, quelle qu'elle soit, peut-elle produire une illusion ? Certainement pas. Nous voyons qu'une illusion en produit une autre, et ainsi de suite. C'est toujours l'illusion qui produit l'illusion. C'est la maladie qui produit la maladie et non la santé qui produit la maladie. La vague est la même chose que l'eau, l'effet est la cause sous une autre forme. L'effet est illusion, et donc la cause doit être illusion. Qu'est-ce qui a produit cette illusion ? Une autre illusion. Et ainsi de suite sans commencement. La seule question qui vous reste est : cela ne casse-t-il pas votre monisme, parce que vous obtenez deux existences dans l'univers, la première vous-même et l'autre l'illusion ? La réponse est : l'illusion ne peut être appelée existence. Des milliers de rêves arrivent dans votre vie mis il ne forment aucune partie de votre vie. Les rêves vont et viennent; ils n'ont pas d'existence. Appeler l'illusion existence serait de la sophistique. Aussi n'y a-t-il qu'une seule existence individuelle dans l'univers, toujours libre, et toujours bénie; et c'est ce que vous êtes. C'est la dernière conclusion atteinte par les Advaïtistes.
On peut alors demander : Qu'advient-il de toutes ces diverses formes de culte? Elles demeureront; elles tâtonnent simplement dans l'obscurité pour trouver de la lumière, et par ce tâtonnement la lumière viendra. Nous venons de voir que le Soi ne pouvait pas Se voir Lui-même. Notre connaissance se trouve à l'intérieur du réseau de Maya (irréalité), et au-delà c'est la liberté. A l'intérieur du réseau, il y l'esclavage, on est sous la loi, au-delà il n'y a pas de loi. Pour autant que l'univers soit concerné, l'existence est réglée par la loi, et au-delà c'est la liberté. Tant que vous êtes dans le réseau du temps, de l'espace et de la causation, dire que vous êtes libre est un non-sens, parce que dans ce réseau tout se trouve sous une loi, un ordre et des conséquences rigoureuses. Toute pensée que vous pensez est causée, tout sentiment a été causé; dire que la volonté est libre est pur non-sens. Ce n'est que lorsque l'existence infinie arrive, pour ainsi dire, dans ce réseau de Maya qu'elle prend la forme de volonté. La volonté est une portion de cet être, pris dans le réseau de Maya, et c'est pourquoi " libre volonté " est un nom qui n'est pas approprié. Il ne veut rien dire, pur non-sens. De même tout ce discours sur la liberté. Il n'y a pas de liberté en Maya.
Chacun est attaché en pensée, en parole, en action et en mental, comme un morceau de pierre ou comme cette table. Le fait que je vous parle maintenant est aussi rigoureux en causation que le fait que vous m'écoutez. Il n'y a pas de liberté tant que vous n'allez pas au-delà de Maya. C'est la véritable liberté de l'âme. Les hommes, si fins et si intellectuels qu'ils puissant être, aussi clairement qu'ils puissent voir la force de la logique qui dit que rien ici ne peut être libre, sont tous obligés de penser qu'ils sont libres; ils n'y peuvent rien. Aucun travail ne peut se faire tant que nous ne commençons pas à dire que nous sommes libres. Cela veut dire que la liberté dont nous parlons est l'aperçu du ciel bleu au travers des nuages et que la véritable liberté - le ciel bleu lui-même - est derrière. La véritable liberté ne peut pas exister au sein de cette illusion, de cette hallucination, de ce non-sens du monde, de cet univers des sens, du corps et du mental. Et tous ces rêves, sans commencement ni fin, incontrôlés et incontrôlables, mal ajustés, brisés, disharmonieux, forment notre idée de cet univers. Dans un rêve, quand vous voyez un géant à vingt têtes qui vous poursuit et que vous vous enfuyez, vous ne pensez pas que c'est disharmonieux, vous pensez que c'est juste et vrai. De même est cette loi. Et ce que vous appelez loi est seulement hasard sans signification. Dans cet état de rêve, vous l'appelez loi. En Maya, aussi loin qu'existe cette loi du temps, de l'espace et de la causation, il n'y a pas de liberté; et toutes ces différentes formes de culte sont à l'intérieur de cette Maya. L'idée de Dieu et les idées de brute et d'homme sont à l'intérieur de cette Maya, et en tant que telles elles sont également des hallucinations; elles sont toutes des rêves. Mais vous devez prendre soin de ne pas discuter comme certains hommes extraordinaires dont nous entendons parler actuellement. Ils disent que l'idée de Dieu est une illusion mais que l'idée de ce monde est vraie. Les deux idées se tiennent ou tombent par la même logique. Lui seul a le droit d'être athée celui qui nie ce monde tout aussi bien que l'autre. Le même argument vaut pour les deux. La même quantité d'illusion s'étend de Dieu jusqu'à l'animal le plus vil, du brin d'herbe au Créateur. La même personne qui voit de la fausseté dans l'idée de Dieu doit aussi la voir dans l'idée de son propre corps ou de son propre mental. Quand Dieu disparaît, alors le corps et le mental disparaissent aussi; et quand les deux disparaissent, ce qui est l'Existence Véritable demeure à jamais. " Là les yeux ne peuvent aller, ni la parole, ni le mental. Nous ne pouvons pas le voir, ni le connaître. " Et nous comprenons maintenant qu'aussi loin que le discours, la pensée, la connaissance et l'intellect peuvent aller, tout est à l'intérieur de Maya, à l'intérieur de l'asservissement. Au-delà se trouve la Réalité. Là ni la pensée, ni le mental ni la parole ne peuvent aller.
Jusqu'ici tout va bien intellectuellement, mais alors vient la pratique. Le vrai travail se trouve dans la pratique. Des exercices sont-ils nécessaires pour réaliser cette Unité ? Très incontestablement. Cà n'est pas que vous devenez ce Brahman. Vous L'êtes déjà. Cà n'est pas que vous allez devenir Dieu ou parfait, vous êtes déjà parfaits; et à chaque fois que vous pensez que vous ne l'êtes pas, c'est une illusion. On peut se débarrasser de cette illusion qui dit que vous êtes Mr ou Mme Untel par une autre illusion, et cela est de la pratique. Le feu mangera le feu, et vous pouvez utiliser une illusion pour en vaincre une autre. Un nuage viendra balayer un autre nuage, et les deux disparaîtront. Alors quelles sont ces techniques ? Nous devons toujours avoir à l'esprit que nous n'allons pas devenir libres, mais que nous sommes déjà libres. Tout idée disant que nous sommes attachés est une illusion. Toute idée disant que nous sommes heureux ou malheureux est une formidable illusion; et une autre illusion arrivera - selon laquelle nous avons fini par travailler, adorer et nous battre pour être libres, et cela chassera la première illusion, et les deux s'arrêteront.
Les Mahométans et les Hindous considèrent le renard comme très malsain. De même, si un chien touche un morceau de nourriture, on doit le jeter, aucun homme ne peut le manger. Un renard entra dans une maison mahométane et il prit un petit peu de la nourriture de la table, la mangea et s'en alla. L'homme était un pauvre, et il s'était préparé un beau festin, et ce festin avait été souillé et il ne pouvait pas le manger. Il alla alors voir le Mulla, un prêtre, et il dit : " Voilà ce qui m'est arrivé, un renard est entré et a pris une bouchée de mon repas. Que peut-on faire ? J'avais préparé un festin et je voulais tant le manger, et puis ce renard est venu et il a tout détruit." Le Mulla réfléchit une minute, puis il trouva une seule solution et il dit : " Le seul moyen que vous avez est de trouver un renard et de lui faire manger un peu de la même assiette, parce que les chiens et les renards se querellent éternellement. La nourriture qui aura été laissée par le renard ira dans votre estomac et celle qui aura été laissée par le chien y ira elle aussi, et les deux seront purifiées. " Nous sommes exactement dans la même situation difficile. C'est une hallucination que nous sommes imparfaits; et nous en prenons une autre selon laquelle nous devons pratiquer pour devenir parfaits. Puis l'une chasse l'autre, et nous pouvons utiliser une épine pour extraire l'autre puis les jeter toutes les deux. Il y a des gens pour lesquels c'est une connaissance suffisante que d'entendre : " Tu es Cela. " En un éclair cet univers disparaît et la nature véritable brille, mais d'autres doivent lutter dur pour se débarrasser de cette idée d'asservissement.
La première question est : Lesquels sont aptes à devenir des Jnana Yogis ? Ceux qui répondent à ces exigences : premièrement la renonciation à tous les fruits du travail et à tous les plaisirs de cette vie ou d'une autre. Si vous êtes le créateur de cet univers, vous aurez tout ce que vous désirez, parce que vous le créerez vous-mêmes. Cà n'est qu'une question de temps. Certains l'obtiennent immédiatement, pour d'autres les Samskaras (impressions) passés se tiennent sur la voie de l'obtention de leurs désirs. Nous donnons la première place aux désirs de plaisir, dans cette vie ou dans une autre. Nier qu'il y ait quelque vie que ce soit parce que la vie est un autre nom pour la mort. Nier être un être vivant. Qui se soucie de la vie ? La vie est l'une de ces hallucinations, et la mort est sa contrepartie. La joie est une partie de ces hallucinations, et le malheur l'autre partie, etc. Qu'avez-vous à faire de la vie et de la mort. Tout cela ce sont des créations du mental. Cela est appelé : abandonner les désirs de plaisir ou dans cette vie ou dans une autre.
Arrive ensuite le contrôle du mental, le calmer de telle sorte qu'il ne se casse pas en vagues en ayant toutes sortes de désirs, tenir le mental ferme, ne pas lui permettre d'aller en vagues à partir de cause externes ou internes, contrôler parfaitement le mental, simplement par le pouvoir de la volonté. Le Jnana Yogi ne prend aucune de ces aides physiques ou de ces aides mentales : seuls le raisonnement philosophique, la connaissance et sa propre volonté sont les instruments dans lesquels il croit. Vient ensuite Titiksha, la patience, supporter tous les malheurs sans murmurer, sans se plaindre. Quand une blessure arrive, ne pas y faire attention. Si un tigre arrive, rester là. Qui fuit ? Il y a des hommes qui pratiquent Titiksha et qui y arrivent. Il y a des hommes qui dorment sur les rives de Ganga en plein soleil d'été de l'Inde, et en hiver ils flottent pendant toute une journée sur les eaux de Ganga; çà leur est égal. Des hommes s'assoient dans la neige des Himalayas et ils ne se soucient pas de porter un vêtement. Qu'est-ce que la chaleur ? Qu'est-ce que le froid ? Que les choses aillent et viennent, qu'est-ce que cela peut me faire, je ne suis pas le corps. C'est difficile d'y croire dans ces pays occidentaux, mais il est mieux de savoir que çà se fait. De la même manière que vos gens sont courageux pour sauter à la bouche d'un canon ou en plein milieu du champ de bataille, de même nos gens sont courageux de penser et de mettre leur philosophie en pratique. Ils donnent leur vie pour çà. "Je suis Existence-Connaissance-Béatitude Absolue; je suis Lui, je suis Lui. " De même que l'idéal occidental est de maintenir le luxe dans la vie pratique, le nôtre est de maintenir la forme la plus élevée de la spiritualité, de démontrer que la religion ne consiste pas simplement en de pures paroles creuses mais qu'elle peut être mise en pratique, en chacun de ces détails, dans cette vie. Cela est Titiksha, tout supporter, ne se plaindre de rien. J'ai vu moi-même des hommes dire : "Je suis l'âme; qu'est-ce que l'univers pour moi? Ni plaisir ni peine, ni vertu ni vice, ni chaleur ni froid ne sont quoi que ce soit pour moi. " Cela est Titiksha, ne pas courir après les plaisirs du corps. Qu'est-ce que la religion ? De prier "Donne-moi ceci et cela"? Folles idées de religion! Ceux qui y croient n'ont aucune véritable idée de Dieu et de l'âme. Mon Maître avait l'habitude de dire : " Le vautour s'élève de plus en plus haut jusqu'à ce qu'il devienne un point, mais son il est toujours fixé sur le morceau de charogne avariée qui se trouve sur la terre. " Après tout, quel est le résultat de vos idées de religion ? De nettoyer les rues et d'avoir plus de pain et de vêtements ? Qui se soucie du pain et des vêtements? Des millions vont et viennent chaque minute. Qui s'en soucie ? Qui se soucie des joies et des vicissitudes de ce petit monde? Allez au-delà de cela si vous osez; allez au-delà de la loi, que l'univers entier disparaisse, et demeurez seul. " Je suis Existence-Absolue, Connaissance- Absolue, Béatitude-Absolue; Je suis Lui, je suis Lui."
* Nous n'avons pas trouvé de traduction adéquate pour ' the soul being a simple ".