Swami Vivekananda

REMARQUES EGAREES SUR LA THEOSOPHIE

(Traduction : Gaura Krishna)

 

(texte trouvé dans les papiers de Swamiji. Il nous a semblé important de le traduire
car ce texte peut s'appliquer au mouvement New Age, typiquement 'spiritualisme américain',
basé d'ailleurs en partie sur la théosophie (v. Blavatsky, Bailey, etc…)

 

 

Les théosophes ont cette année un jubilé, et plusieurs coupures de presse sur leurs faits et gestes lors des vingt-cinq dernières années sont là devant nous.

Nul n'a maintenant le droit de dire que les hindous ne sont pas libéraux à l'excès. On a même vu une coterie de jeunes hindous accueillir ce greffon de spiritualisme américain avec sa panoplie de petits tapes et de petits coups et qui tape et rend coup pour coup coups avec des boulettes mahatmiques.

Les théosophes clament posséder la divine connaissance originale de l'univers. Nous sommes contents de l'apprendre, et encore plus content qu'ils aient l'intention de la garder rigoureusement secrète. Malheur à nous, pauvres mortels, et hindous en plus, si tout cela nous était révélé d'un seul coup ! La théosophie moderne est Madame Besant. Le Blavatkisme et l'olcottisme semblent s'être assis à l'arrière. Mme Besant a au moins de bonnes intentions - et personne ne peut nier sa persévérance et son zèle.

Il y a bien entendu des critiques malveillantes. Nous ne voyons quant à nous que du bon dans la théosophie : du bon en ce qui est directement bénéfique, du bon en ce qui est pernicieux, comme on dit, du bon indirectement comme nous disons - la connaissance géographique intime de paradis variés et autres endroits, et de leurs habitants, et le travail habile sur le plan visible qui accompagne les communications spectrales aux théosophes vivants - tout est dit. Car la théosophie est le meilleur sérum que nous connaissions dont l'infection ne manque jamais de développer les étranges papillons de nuit qui trouvent un logement dans certains cerveaux qui tentent de passer pour sains.

Nous ne souhaitons nullement dénigrer le bon travail de la société Théosophique ou de n'importe quelle autre société. L'exagération a pourtant été dans le passé la peste de notre race et si les nombreux articles sur le travail de la Société Théosophique qui sont parus dans The Advocate de Lucknow sont pris comme l'indicateur du tempérament de Lucknow, nous sommes désolés pour ceux qu'il représente, pour ne pas dire plus ; la folle dépréciation est sûrement vicieuse mais la louange excessive est également répugnante.

Cette greffe indienne de spiritualisme américain- avec seulement quelques mots sanskrits qui prennent la place du jargon spiritualistique - des projectiles de Mahatma qui prennent la place des petits coups et petites tapes de spectres, et l'inspiration mahatmique celle de l'obsession par les esprits.

Nous ne pouvons pas attribuer une connaissance de tout ceci à l'auteur des articles de the Advocate, mais il ne doit pas se confondre, lui et ses théosophes, avec la grande nation hindoue dont la majorité a clairement vu au travers des phénomènes théosophique depuis le début et, suivant le grand Swami Dayananda Sarasvati qui a retiré son patronage au Blavatskisme au moment ou il s'en est rendu compte, ils s'en sont tenus à l'écart.

De plus, quelle que soit la prédilection de l'auteur en question, les hindous ont suffisamment d'enseignement et d'enseignants religieux parmi eux même dans ce Kali Yuga, et ils n'ont pas besoin d'esprits morts de russes ou d'américains.

Les articles en questions sont des diffamations envers les hindous et envers leur religion. Nous hindous - que l'auteur, comme celui des articles auquel il se réfère, sachez le une fois pour toutes - n'a aucun besoin ni aucun désir d'importer de la religion d'occident. La dégradation du fait de l'importation de presque tout le reste a été suffisante.

Dans le cas de la religion, l'importation devrait principalement être du côté de l'occident, nous en sommes surs, et notre travail est toujours allé dans ce sens là. La seule aide que la religion des hindous a obtenu des théosophes d'occident n'a pas été un champ préparé, mais des années de travail pénible, nécessité par les méthodes théosophiques de prestidigitation. L'auteur doit avoir su que les théosophes voulaient se glisser dans la société occidentale, en s'accrochant aux basques d'érudits comme Max Muller et de poètes comme Edwin Arnold, tous dénonçant ces mêmes hommes de la même manière et se posant comme les seuls réceptacles de la sagesse universelle. Et l'on fait un effort pour pousser un soupir de soulagement que cette merveilleuse sagesse soit gardée secrète. La pensée indienne, la charlatanerie indienne et le fakirisme qui pousse comme des mangues se sont tous vus identifiés dans l'esprit des gens éduqués d'occident, et c'est l'aide qui a été rendue par les théosophes à la religion hindoue.

Le grand effet bénéfique immédiatement visible de la théosophie dans chaque pays, pour autant que l'on puisse voir, est de séparer, comme les injections du Prof. Koch dans les poumons des phtisiques, le sain, le spirituel, l'actif et le patriotique des charlatans, des morbides et des dégénérés qui se prennent pour des êtres spirituels.