YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

(traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE I

 

CHAPITRE I

INTRODUCTION

 

SECTION 1

1.- Om, salutations à la Réalité Immuable de laquelle procède tous les êtres, par laquelle ils se manifestent, de laquelle ils dépendent et dans laquelle ils s'éteignent.

2.- Il est le connaisseur, la connaissance et tout ce qui peut être connu. Il est le voyant, la vision et tout ce qui peut être vu. Il est l'agent, la cause et l'effet; aussi Salutations à Lui (qui est) la connaissance même.

3.- Salutations à Lui, la Béatitude Suprême elle-même, de laquelle coule la rosée du délice, à la fois dans le ciel et sur la terre, et qui est la vie de tout.

SECTION II

(Histoire de Sutikshana)

4.- Un nommé Sutikshana, un brahmane, dont le mental était rempli de doutes, arriva à l'ashram d'Agasti et demanda respectueusement au sage :

5.- Grand sage, tu es informé de toutes les voies et de toutes les vérités de la vertu, et tu connais avec certitude tous les Shastras. Je suis dans un grand doute que je te prie de bien vouloir faire disparaître aimablement.

6.- Dis-moi si, à ton avis, les actions de l'homme ou si sa connaissance, ou si les deux, sont la cause de son émancipation.

7.- Agastya répondit : Comme le vol des oiseaux dans l'air se fait au moyen des deux ailes, le plus haut état d'émancipation est atteint par l'instrumentalité à la fois de la connaissance et des actions.

8.- Ce ne sont ni nos actions seules ni la seule connaissance qui produit l'émancipation, mais les deux ensemble sont connues pour en être les moyens.


SECTION III

(HISTOIRE DE KARUNYA)

9.- Je vais te donner un exemple sur ce sujet tiré des anciennes traditions et qui concerne un brahmane appelé Karunya qui était jadis un érudit des Vedas.

10.- Il était le fils d'Agnivesya et il était très accompli dans les Vedas et dans toutes leurs branches, et après avoir terminé ses études chez le guru, il s'en retourna chez lui.

11.- Il resta chez lui sceptique, gardant son caractère taciturne et son inertie dans les actes : quand son père Agnivesya vit son fils aussi mou dans ses devoirs, il le réprimanda ainsi pour son bien :

12-13.- Agnivesya dit : Mon fils, pourquoi ne remplis-tu pas tes devoirs, dis-moi comment tu peux réussir si tu restes inactif, et dis-moi aussi la raison pour laquelle tu as arrêté d'agir.

14.- Karunya répondit : L'offrande des oblations quotidiennes et l'accomplissement des dévotions du matin et du soir pendant la vie sont inculquées dans les Vedas et dans la loi comme les devoirs actifs.

15.- Mais ce n'est ni par les actions ou la richesse, ni au moyen de la descendance que l'on obtient sa libération, çà n'est que par la négation de soi que les ascètes goûtent l'amrita.

16.- Dis-moi, père, laquelle de ces deux ordonnances dois-je observer ? Dans le doute à ce propos je suis devenu indifférent aux actions.

17.- Agnivesya dit : Ecoute-moi, mon fils. Kaunteya garda le silence après avoir parlé. Quand son père le vit ainsi, il reprit son discours.

18.- Agnivesya dit : Ecoute-moi te raconter une histoire, mon fils, et quand tu auras pleinement considéré sa signification en ton esprit, fais comme tu voudras.

SECTION IV

HISTOIRE DE SURUCHI

19.- Il y avait une demoiselle nommée Suruchi, la meilleure des Apsaras, qui était assise sur le pic de l'Himalaya, entourée de paons.

20.- Là les Kinnaras enflammés d'amour se divertissaient avec leurs épouses et la chute des courants célestes ((Ganga et Yamuna)) servait à expurger les fautes les plus graves.

21.- Elle vit un messager d'Indra qui passait par le ciel; et alors cette très fortunée et meilleure des Apsaras s'adressa ainsi à lui :

22.- Suruchi dit :Oh toi, hérault des dieux, dis-moi gentiment d'où tu viens et où tu vas maintenant.


SECTION V

RECIT D'ARISHTANEMI

23.- Le messager divin répondit : Tu as bien questionné, fille aux beaux sourcils, et je vais te raconter tout comme c'est. Tu connais Arishtanemi, le sage royal, qui a transmis son royaume à son fils.

24.- Il est maintenant parti, avec une religieuse indifférence, pour la forêt pour l'ascèse et il pratique ses austérités sur le Gandha Madana (montagnes).

25.- J'en reviens actuellement après avoir accompli ma mission et m'en vais voir Shakra pour lui rapporter l'affaire.

26.- Suruchi dit : Dis-moi, seigneur, ce qui s'est produit là-bas.Je suis, avec soumission, curieuse de cela, aussi ne dois-tu pas me causer d'angoisse.

27.- Le messager répondit : Ecoute-moi, gentille demoiselle, te raconter tout ce qui est arrivé.

28.- En entendant que le roi était en train de pratiquer les austérités les plus dures dans cette forêt, Indra (le dieux dess dieux) a voulu que je prenne cette voiture céleste et que je me rende immédiatement sur les lieux.

29.- "Prends cette voiture", dit-il,"en emportant les Apsaras équipées de tous leurs instruments musicaux et pourvues d'une troupe de Gandharvas, de Siddhas, de Yakshas et de Kinnaras.

30.- "Conduis-les," dit-il, "avec tous leurs instruments à cordes, leurs flûtes et leurs tambours, jusqu'aux auspices du mont sylvestre de Gandha Madama..

31.- Là, après avoir mis le prince Ashtanemi dans le véhicule, amène-le à la jouissance du délice divin dans cette ville d'Amaravati (la demeure des immortels)."

32.- Le messager ajouta : Aprtès avoir reçu cet ordre d'Indra et avoir pris la voiture avec tous ses équipements, je me rendis à cette montagne.

33.- Une fois parvenu à la montagne et m'être avancé jusqu'à l'ashram du roi, je lui transmis les ordres du grand Indra.

34.- En eentendant mes paroles, oh heureuse demoiselle, le roi me parla avec dégoût et dit : "Je souhaite te demander quelque chose, ô messager, à laquelle tu daigneras me répondre.

35.- Dis-moi quels biens et quels maux se trouvent au paradis, de telle sorte qu'en les connaissant je puisse penser à m'y installer comme je peux le choisir."

36.- Je répondis en disant : Au paradis il y a grande récompense pour le mérite, qui confère le bonheur parfait; mais c'est le degré de mérite qui nous conduit vers des paradis plus élevés.

37.- Par une vertu moyenne, on a certainement droit à un rang moyen, et la vertu d'un ordre inférieur nous conduit à une position inférieure.

38.- Mais notre vertu est détruite par notre impatience en voyant l'excellence de ceux qui sont meilleurs que nous, par notre arrogance envers nos égaux et par notre joie de voir l'infériorité des autres.

39.- Quand notre vertu est ainsi détruite, on doit entrer dans la demeure des mortels. Voilà avec d'autres ce que sont au paradis les effets du mérite et du démérite.

40.- En entendant cela, bonne demoiselle, le roi répondit et dit : "Divin messager, je n'aime pas le paradis qui connsaît de telles conditions.

41.- Aussi vais-je pratiquer la forme la plus austère de dévotion et abandonner cette charpente humaine non bénie qui est la mienne de la même manière que le serpent abandonne sa peau usée par le temps.

42.- Sois heureux, ô délégué des dieux, de retourner avec ton char céleste en la présence du grand Indra d'où tu es venu, et porte-toi bien."

43.- L'émissaire céleste reprit : Après ce souhait, j'allais, ô charmante dame, en présence de Shakra pour lui rapporter l'affaire. Après lui avoir répété les choses, il fut frappé d'un grand émerveillement.

44.- Puis le grand Indra me parla de nouveau d'une voix douce et dit : "Mon hérault, retourne voir le roi et emmène-le à l'ashram de Valmiki.

45.- Il est bien informé de toute vérité, dis-lui ma commission pour l'instruction du prince sans passion, en disant :

46.- Ô grand sage ! Fais des remontrances à ce prince qui est humble et sans passion, et qui n'aime pas les plaisirs du paradis,

47.- De telle sorte que ce prince qui est blessé des misère du monde puisse petit à petit atteindre son émancipation."

48.-J'allais donc expliquer ma mission à l'ermite royal, l'emmenai chez le sage Valmiki auquel je délivrai la demande du grand Indra pour la pratique du roi pour sa libération finale.

49.- Le sage accueillit alors le roi avec de gentilles questions sur son bien-être.

50.- Le prince répondit : "Oh grand voyant, tu es informé de toutes les vérités du dharma, et tu es le plus grand de ceux qui sonnaissent ce qui peut être connu, ta vue même m'a donné tout ce que je désirais, et en elle se trouve tou mon bien-être.

51.- Grand père, je souhaite apprendre de toi comment je puis m'échapper des malheurs qui apparaissent du fait de la connexion avec le monde et j'espère que tu me le révèlera sans réserve."

52.- Valmiki dit : Oh roi, écoute-moi. Je vais te raconter tout le Ramayana, en l'entendant et en le comprenant tu sera sauvé dans cette vie même.


SECTION VI

HISTOIRE DE RAMA

53.- Roi grand et intelligent, écoute-moi te répéter la conversation secrète qui eut lieu entre Rama et Vasishtha au sujet de la voie de la libération, et que je connais bien à partir de ma connaissance.""

54.- Le prince dit : "Toi le meilleur des sages, dis-moi précisément qui et quoi était ce Rama, quel a été son asservisselment et comment il s'est est libéré."

55.- Valmiki dit : "Hari avait été proscrit par une malédiction de prendre la forme d'un prince en assumant une ignorance pareille à celle de l'homme de petit entendement..

56.- Le prince sdit : "Dis-moi qui éa été l'auteur de cette malédiction, et comment elle pouvait tmber sur Rama qui était la personnification de la conscience et de la béatitude et l'image-même de la sagesse."

57.- Valmiki répondit : "Sanat-kumara, qui était dépourvu de désirs, résidait dans la demeure de Brahma où Vishnu, le Seigneur des trois mondes, était venu de Vaijhunta pour rendre visite.

58.- Le Seigneur Dieu fut accueilli par tous les habitants du Brahmaloka aussi bien que par Brahma lui-même, sauf par Sanat-kumara que l'on voyait ainsi et auquel le dieu s'adressa : :

59.- "Sanat-kumara, c'est l'ignorance qui te fait renoncer à tes désirs de peur de la renaissance, aussi dois-tu naître sous le nom de Sara-janma pour être troublé par les désirs."

60.- Sanat-kumara s'éleva en retour contre Vishnu en disant : "Même tout-discernant que tu es, tu devras pendant un temps sacrifier ton omniscience et passer pour un mortel ignorant."

61.-Il y eut un autre anathème prononcé contre Vishnu par le sage Bhrigu qui, voyant sa femme tué par lui, s'enflamma de colère et dit : "Vishnu, tu devras aussi être privé de ta femme."

62.- Il fut encore maudit par Vrinda d'être privé de sa femme, ce pour l'avoir séduite (la femme de Vrinda).

63.- En outre quand la femme de Deva-datta enceinte fut tuée en voyant la forme d'homme-lion de Vishnu;

64.- le léonin Hari fut aussi condamné par le mari qui était grandement affligé de la perte de son épouse à être séparé de sa femme.

65.- Ainsi condamné par Bhrigu, par Sanat-kumara, par Deva-datta et par Vrinda, il fut obligé (de prendre) la forme d'un être humain.

66.- Je t'ai ainsi expliqué les causes de toutes les malédictions et je vais maintenant te raconter toutes les autres choses que tu devras suivre attentivement.