YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

(Traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE I

 

CHAPITRE 12

REPONSE DE RAMA

1.- Valmiki réconta : Ainsi questionné avec des paroles apaisantes par le chef des sages, Rama fit sa réponse en un discours doux et bien tourné rempli de bon sens.

2.- Rama dit : "Oh vénérable sage, je vais te dire en vérité, quoique je sois peu instruit, tous les détails que tu m'a demandés, car qui désobéirait à l'odre du sage ?

3.- Depuis que je suis né dans cette maison de mon père, j'y suis toujours resté, y ai grandi et y ai reçu mon éducation.

4.- Puis, ô premier des sages, désireux d'apprendre les bons usages, je suis parti voyager aux endroits sacrés partout sur cette terre environnée par les mers.

5.-C'est à ce moment que se sont levés en mon mental une série de réflexions de la nature suivante qui ont ébranlé ma confiance dans les objets de ce monde.

.- Mon mental était employé à discriminer la nature des choses, ce qui me conduisit petit à petit à écarter toutes les pensées de plaisirs des sens.

7.- A quoi sont bons ces plaisirs des sens, et que signifie la multiplication sur terre ? Les hommes naissent pour mourir, et ils meurent pour renaître.

8.- Il n'y a aucune stabilité dans les tendances des êtres, qu'ils soient mobiles ou immobiles. Ils tendent tous au vice, à la déchéance et au danger, et toutes nos possessions sont les bases de notre indigence.

9.- Tous les objets sont fdétachés l'un de l'autre comme des tiges de fer ou des clous l'un de l'autre; çà n'est que l'imagination qui les attachjes à nos esprits.

10.- C'est le mental qui s'imagine l'existence du monde comme une réalité, mais (connaissant) le caractère trompeur du mental, nous sommes à l'abri d'une telle tromperie.

11.- Si le monde est une irréalité, il est dommage que les hommes ignorants soient déduits par lui, comme le cerf tenté par un mirage lointain qui apparaît être de l'eau.

12.- Nous ne sommes vendus par personne et nous demeurons pourtant comme asservis au monde; et sachant bien cela nous sommes fascinés par les richesses, comme par la baguette magique de Sambara.

13.- Quels sont les plaisirs dans cette quintessence (du monde) si ce n'est de la misère; et nous sommes pourtant bêtement pris dans ses pensées, comme (des abeilles) entravés(e) par le miel.

14.- Ah ! Je perçoit après longtemps que nous sommes insensiblement tombés dans les erreurs, comme des cerfs stupide qui tombent dans des cavernes dans le désert.

15.- A quoi me servent la royauté et ces plaisirs ? Que suis-je et d'où viennent toutes ces choses ? Elles ne sont que des futilités, et qu'elles continuent de la sorte sans bénéfice ni perte pour personne.

16.- En raisonnant ainsi, ô brahmanes, j'en vins à être dégoûté du monde, commeun voyageur d'un désert.

17.- Dis-moi maintenant, ô vénérable, si ce monde avance vers sa dissolution ou s'il va vers une reproduction continue, ou s'il suit le cours d'une progression sans fin.

18.- S'il y a ici du progrès, c'est celui de l'apparition et de la disparition du viel âge et de la mort, de la prospérité et de l'adversité tout à tout.

19.- Voyez comme la variété de nos plaisirs insignifiants accélère notre décadence, ils sont semblables aux ouragans qui fracassent les arbres des montagnes.

20.- Les hommes continuent en vain à respirer de leur prana (souffle vital) comme des trachées de bambou creux qui n'ont aucun sens.

21.- Comment la misère peut-être allégée est la pensée qui me consume comme le feu déchaîné dans le creux d'un arbre desséché.

22.- Le poids des misères humaines pèse lourd sur mon coeur comme un roc et il empêche mes poumons de respirer. J'ai envie de pleurer mais la crainte de mon peuple m'empêche de verser des larmes

23.- Mes pleurs sans larmes et ma bouche sans paroles ne laissent rien entrevoir à personne de ma peine intérieure, sauf à ma conscience qui est le témoin silencieux de ma solitude.

24.- J'attends de penser à des états positifs et négatifs, comme un homme ruiné se lamente en pensant à son état d'abondance antérieure.

25.- Je considère que la prospérité est une tricheuse séduisante, car elle illusionne le mental, altère les bonnes qualités et étend le filet de nos misères.

26.- Pour moi, comme quelqu'un qui est tombé dans de grands problèmes, aucune richesse, aucune descendance, aucune épouse ni aucune maison n'offrent de délice, mais ils semblent être misère.

27.- Comme un éléphant enchaîné, je ne trouve aucun repos en mon mental en réfléchissant aux divers maux du monde et en pensant aux causes de nos faiblesses.

28.- Il y a à tout moment des passions mauvaises sous la brume sombre de la nuit de noter ignorance; et il y a des centaines d'objets qui, comme tant de crapules rusées, sont autour de tous les hommes en plein jour, et se cachent de tous côtés pour nous voler notre raison. Quels grands champions pouvons-nous déléguer maintenant pour combattre contre eux si ce n'est notre connaissance de la vérité ?