YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

(Traduction françaikse : Gaura Krishna)

 

LIVRE I

 

CHAPITRE 14

DENIGREMENT DE LA VIE HUMAINE

1.- La vie humaine est aussi fragile qu'une goutte d'eau qui pend et qui se triple à l'extrémité d'une feuille, et aussi irrésistible qu'un fou délirant qui se détache de son emprisonnement corporel en dehors de la saison appropriée.

2.- En outre, les vies de ceux dont le mental est infecté par le poison des affaires matérielles et qui sont incapables de juger pour eux-mêmes ne sont que les causes de leur tourment.

3.- Ceux qui connaissent le connaissable, qui demeurent dans l'esprit omnipénétrant et qui acceptent de la même manière leurs besoins et leurs gains, jouissent de vie d'une tranquillité parfaite.
4.- Nous qui avons une certaine croyance en notre être mais qui sommes des êtres limités, nous ne pouvons avoir aucun plaisir dans nos vies passagères qui ne sont que des éclairs de lumière au milieu du ciel nuageux du monde.

5.- Il est aussi impossible de garder les vents emprisonnés, de déchirer le ciel en morceaux et de mettre les vagues en chapelet que d'avoir quelque confiance que ce soit dans nos vies.

6.- Rapides comme les nuages fugaces en automne et courtes comme la flamme d'une lampe sans huile, nos vies semblent disparaître aussi évanescentes que les vagues ondulantes de l'océan.

7.- Plutôt essayer de s'emparer de l'hombre de la lune dans les vagues, des éclairs fugitifs dans le ciel et des fleurs idéales de lotus dans l'éther que de placer quelque confiance en cette vie instable.

8.- Les hommes au mental agité, qui désirent prolonger leur vie inutile et pénible, ressemblent à la mule conçue par un cheval (1)

9.- Ce samsara (ce monde) est un tourbillon au milieu de l'océan de la création, et chaque corps individuel est aussi (évanescent) que l'écume, la mousse ou la bulle, qui ne peut dans cette vie me donner aucune saveur.

10.- Ce qui est appelé véritable vie est celle qui gagne ce qui est digne d'être obtenu, qui n'a aucune cause de chagrin ou de remords et qui est un état de tranquillité transcendantale.

11.- Il y a une vie végétale dans les plantes, et une vie animale dans les animaux et les oiseaux; l'homme mène une vie pensante, mais la vraie vie est au-delà des pensées.

12.- Tous ces êtres vivants sont dits avoir bien vécu sur cette terre qui, une fois nés ici, n'ont plus à y revenir. Les autres ne valent pas mieux que de vieux ânes.

13.- La connaissance est une charge pour l'étourdi, et la sagesse est gênante pour le passionné; l'intellect est un poids lourd pour l'agité, et le corps est un pesant fardeau pour l'ignorant de son âme.

14.- Une sainte personne dotée de vie, de mental, de buddhi, de conscience de soi et de ses occupations (de la conscience) n'est d'aucune utilité pour celui qui n'est pas sage mais elle semble être sa surcharge, semblable à celle d'un porteur.

15.- L'esprit mécontent est la grande arène de tous les maux et le nid de maladies qui s'abat dessus comme les oiseaux du ciel : une telle vie est la demeure du dur labeur et de la misère.

16.- De la même manière qu'une maison se délabre lentement du fait des souris qui la creusent continuellement, le corps de l'être vivant est petit à petit corrodé par les dents du temps qui le percent.

17.- Des maladies mortelles se multiplient à l'intérieur du corps, nourries par notre prana, aussi venimeuses que des serpents nés dans des cavernes des forêts qui consument l'air des près.

18.- Comme l'arbre desséché est perforé par de minuscules vers qui demeurent en eux, nos corps sont ravagés continuellement par de nombreuses maladies congénitales et de nombreuses sécrétions nocives.

19.- La mort regarde sans cesse notre visage et y grogne, comme un chat regarde la souris et ronronne pour la dévorer.

20.- Le vieil âge nous consume aussi vite qu'un glouton digère sa nourriture; et elle nous réduit à la faiblesse comme une vieille prostituée, par nul autre charme que son maquillage et ses parfums.

21.- La jeunesse nous abandonne aussi vite qu'un homme bon abandonne de dégoût son ami méchant après qu'en peu de jours il ait connu ses faiblesses
22.- La mort, amante de la destruction et amie du vieil âge et de la ruine, aime l'homme sensuel, comme le débauché aime une beauté.

23.- Il n'y a ainsi rien qui ait aussi peu de valeur dans le monde que cette vie, dépourvue de quelque bonne qualité que ce soit et toujours sujette à la mort, à moins qu'elle ne soit accompagnée par la félicité permanente de la libération.