YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

(Traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE I

 

CHAPITRE 17

SUR LA CUPIDITE

1.- Je vois nos vices comme une bande de hiboux voltigeant dans la région de notre mental, sous l'obscurité de nos attachements et dans la nuit solitaire de notre avarice.

2.- Je suis desséché par mes angoisses comme l'argile humide sous les rayons du soleil, infiltr ant en elle une chaleur intérieure par l'extraction de sa douce moisissure.

3.- Mon mental est comme un désert ilmmense et solitaire, couvert par la brume des erreurs et infesté par le démon du désir où il patauge sans cesse.

4.- Mes plaintes et mes pleurs ne servent qu'à augmenter mlon anxiété et à la murir, comme la rosée de la nuit ouvre et mûrit les bourgeons de fèves et leur donne une teinte doré brillant.

5.- En faisant apparaître des espérances dans les hommes, l'avarice ne sert qu'à les faire tournoyer, comme le tourbillon de la mer baigne les animaux marins qui s'y trouvent.

6.- Le flot de l'avarice matérielle coule comme un courant rapide dans le rocher de mon corps avecv une force empressée et des vagues qui retentissent fortement.

7.- Nos esprits sont lmenés par l'infecdte avarice d'un endroit à un autre, comme les foins secs et poussiéreux sont emportés par les vents, et comme, par la soif, les Chatakas sont poussés à voler.

8.- C'est l'avarice qui détruit toutes les bonnes qualités et la grâce que nous avons adoptées en bonne foi, tout comme la souris malicieuse rompt les cordes (d'un instrument de musique).

9.- Nous tournons sur la roue de nos soucis comme des feuilles desséchées au-dessus de l'eau, comme l'herbe sèche soulevée par le vent, et comme les nuages d'automne dans le ciel.

10.- Succombant à l'avarice, nous sommes hors d'état d'atteindre le but, comme un oiseau empétré dans le piège est empêché de voler.

11.- Je suis si fortement brûlé par la flamme de l'avarice que je me demande si cet inflammation pourrait même être apaisée par l'administration même du nectar.

12.- Comme une jument en chaleur, l'avarice me mène de plus en plus loin de ma place et elle m'y ramène maintes et maintes fois. Elle me précipite ainsi à jamais de haut en bas et ici et là dans toutes les directions.

13.- Nous sommes soulevés et rabaissés comme un seau dans le puits par la corde de l'avarice.

14.- L'homme est mené comme un boeuf par son avarice qui courbe son coeur aussi vite que la corde courbe la bête, corde qu'il lui est difficile de rompre.

15.- Comme la chasserresse étend son filet pour y attraper des oiseaux, notre attachement pour nos amis, nos femmes et nos enfants répand ses pièges pour nous attraper chaque jour.

16.- Comme une nuit sombre, l'avarice terrifie lmême le sage, couvre les yeux de celu qui a l'oeil vif et déprime l'esprit du plus heureux des hommes.

17.- Notre appetit est aussi haïssable qu'un serpent, doux à sentir mais rempli de poison mortel qui nous mord dès qu'on le sent.

18.- Il est aussi semblable à une magicienne noire qui trompe les hommes par sa magie mais qui leur perce le coeur et les expose ensuite au danger.

19.- Notre corps brisé par notre avarice est semblable à un luth usé, fixé par des artères qui ressemblent à des fils de fer mais qui n'émettent aucun son plaisant.

20.- Notre avarice est semblable à une plante grimpante aux longues fibres, sombre et juteuse appelée Kaduka, qui pousse dans les cavernes des montagnes et dont l'odeur rend fous les hommes.

21.- L'avarice est aussi vaine et stupide, stérile et ambitieuse, déplmaisante et dangereuse que la ramille sèche d'un arbre (qui ne porte aucun fruit) mais qui pique de son épine acérée.

22.- La vénalité est semblable à une vieille feme hargneuse, qui, du fait de l'incontinence de son coeur, recherche la compagnie de tout homme sans obtenir l'objet de son désir.

23.- L'avidité, comme une vieille actrice, joue ses divers rôles dans le vaste théâtre du monde, pour plaire aux différents goûts de son public.

24.- La pingrerie est comme une plante vénéneuse qui pousse dans le grand désert du monde, portant le vieil âge et l'infinité l'infirmité comme fleurs et la production de nos troubles comme fruit.

25.- Notre grossièreté ressemble à une vieille actrice qui assiste à une fête masculine qu'elle n'a pas kla force de célébrer et qui continue pourtant de danser sans plaire (à qui que ce soit).

26.- Nos pensées fugaces sont aussi inconstantes que des paonnes, s'élevant à des hauteurs inaccessibles sous les nuages (de l'ignorance) mais s'arrêtant de voler à la lumière (de la raison).

27.- L'avarice est comme une rivière sous les opluies,, s'élevant un molment avec ses vagues houleuses pour ensuite rester bien bas dans son lit vide.

28.- L'avarice est aussi inconstante que l'oiseau femelle qui parfois change de mâle et quitte l'arbre qui ne porte plus de fruit.

29.- Ceux qui sont avides sont aussi instables que le singe qui s'élance et qui ne reste jamais en place mais va à des endroits impraticables pour les autres et a une envie furieuse de fruits même s'ils est rassasié.

30.- Les actes de l'avarice sont aussi inconstants que ceux de la chance, les deux sont toujours en alerte mais n'assistent jamais à leur suite.

31.- Notre vénalité est comme une abeille noire assise sur le lotus de nos coeurs et qui, de là, fait sa ballade au-dessus, au-dessous et tout autour de nous pendant quelque temps.

32.- De tous nos maux de ce monde, l'avarice est la source du chagrin le plus long. Elle expose au péril même l'homme le plus solitaire.

33.- L'avarice est comme un groupe de nuages, plein d'une épaisse brume d'erreur, obstruant la lumière du ciel et causant une lourde insensibilité.

34.- L'indigence qui semble ceindre les poitrines des gens de ce monde de chaînes de bijoux et de joyaux les attachent comme des bêtes avec des licous autour du cou.

35.- La cupidité s'étend de long en large et nous présente une varitété de couleurs comme l'arc en ciel. Elle est de même sans substance et sans aucune propriété comme l'iris, demeurant dans la vapeur et le vide et n'étant elle-même qu'une ombre.

36.- Elle brûle nos bonnes qualités comme le feu électrique le fait du foin; elle engourdit notre bon sens comme le givre gèle le lotus; elle augmentes nos maux comme l'automne fait croîte l'herbe; et elle accroît notre ignorance comme l'hiver prolonge la nuit.

37.- L'avidité ezst comme une actrice sur la scène du monde; elle est comme un oiseau qui s'envole du nid de nos maisons; comme un cerf qui court dans le désert de nos coeurs; et comme un luth qui nous fait chanter et danser sur sa mélodie.

38.- Nos désirs, comme des flots, nous jettent dans l'océan de nos soucis terrestres; kils nous attachent rapidement à l'illusion comme des chaînes attchent l'éléphant. Comme le ficus indicus, ils oproduisent les racines de notre régénération (renaissance), et comme les rayons de la lune ils font fleurir nos lmalheurs bourgeonnant.

39.- L'avarice comme une boîte est remplie de mlisères, de décrépitude et de lmort, et elle est remplide sésordre et de désastres comme une folle débauche.

40.- Nos souhaits sont quelquefois aussi purs que la lumière et à d'autres moments aussi impurs que l'obscurité; là ils sont aussi clair que la voie lactée, et là aussi obscurs que les brumes les plus épaisses.

41.- Tous nos problèmes corporels sont évités en nous abstenant de l'avarice; tout comme nous somme libérés de la peur des lutins de la nuit à la disparition de l'obscurité.

42.- Aussi longtemps que les hommes demeurent dans leur état de sottise et de délire mental, ils sont sujets à la maladie mortelle de l'avgrice.

43.- Les hommes peuvent se débarrasser de leur misère en se libérant de leurs angoisses. C'est l'abandon des soucis que l'on dit être le meilleur remède à l'avarice.

44.- Comme les poissons d'un étang saisissent naïvement l'appât en pensant recevoir un cadeau, de même l'avaricieux attrappe n'importe quoi, que ce soit du bois, une pierre ou même une paille.

45.- L'avarice, comme une douleur intense, fait bouger même les hommes les plus sérieux, tout comme les rayons du soleil élèvent les boutons de lotus (hors de l'eau).

46.- On la compare au bambou pour sa longueur, pour son creux, pour ses noeuds durs et pour ses épines, et on l'admet pourtant dans l'espoir de récolter la manne et une substance nacrée.

47.- Il est étonnant que les hommes à l'esprit élevé aient été capables de couper ce noeud de l'avarice pratiquement imlpossible à couper par l'épée scintillante de la raison :

48.- Comme ni le fil de l'épée ni le feu de l'éclair nii les étincelles du fer rouge ne sont assez aigus pour couper l'avarice ardente qui siège en nos coeurs.

49.- Elle est comme la flamme d'une lampe qui brille mais qui s'assombrit et brûle intensément à sa fin. Elle est nourrie par les mèches huilées (des années), vive en tout, mais personne jamais ne la tient.

50.- L'indigence a le pouvoir d'abaisser le meilleur des hommes au niveau de la paille en un instant, malgré sa sagesse, son héroïsme et son sérieux à d'autres égards.

51.- L'avarice est comme la grande vallée des collines Vindhya, qui est environnée de déserts et de forêts impénétrables, terrible et pleine de pièges posés par les chasseurs et remplie de poussière et de brume (de l'illusion).

52.- Notre seule avarice a tout dans le monde pour objet, et quoique siégant dans la poitrine, personne ne la perçoit. Elle est comme l'océan de Lait qui ondule dans ce monde fluctuant, balayant tout et pourtant régalant l'humanité de ses vagues odorantes.