YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

(Traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE I

 

CHAPITRE 18

L'OPPROBRE DU CORPS

1.- Notre corps qui se pavane sur la terre n'est qu'une masse d'entrailles humides et de tendons, qui se dirige vers la décrépitude et la maladie, et pour notre seul tourment.

2.- Il n'est ni tranquille ni tout à fait sensible, ni ignorant ni tout à fait intelligent. Son âme inhérente est une merveille, et c'est la raison qui le rend gracieux ou autrement.

3.- Le sceptique doute de son inertie et de son inte'llection; et les gens insensés et ignorants sont toujours sujets à l'erreur et à l'illusion.

4.- Le corps est aussi facilement satisfait de peu qu'il est fatigué en un instant, aussi n'y a-t-il rien d'aussi pitoyable, d'aussi abject et d'aussi peu de valeur que notre corps.

5.- Le visage est aussi frêle qu'une fleur qui fâne : là il avance les dents comme des filmaments, et ici il se dresse avec des sourires resplendissants et rougissants comme des fleurs.

6.- Le corps est comme un arbre, les bras ressemblent aux branches, les omoplates aux tiges, les dents aux rangées d'oiseaux, les orbites à ses creux et la tête à un gros fruit.

7.- Les oreilles sont comme deux piverts, les doigts des deux mains comme autant de feuilles des branches, les maladies comme des plantes (parasites) et les actions du corps sont comme des haches qui fendent cet arbres qui est le siège des deux oiseaux de l'atman et de la buddhi.

8.-Cet arbre qui donne de l'ombre qu'est le corps n'est que le recours te:mporaire de l'atman qui passe, alors qu'importe qu'il soit apparenté ou éloigné de qui que ce soit, ou qu'on doive ou non en dépendre.

9.- Quel homme ici, ô vénérables pères, daignerait penser en lui que ce corps en'est assumé de manière répétée que pour lui servir de bateau pou passer au-dessus de la mer du monde.

10.- Qui peut avoir quelque confiance dans ce corps qui est semblable à une forêt pleine de trous et abonde en poils qui ressemblent à ses arbres ?

11.- Le corps composé de chair, de nerfs et d'os, ressemble à un tambour sans aucun son, et pourtant je le regarde copmme un chat (regarde une souris).

12.- Nos corps sont comme des arbres qui poussent dans la forêt du monde, portant les fleurs de l'anxiété, troués par les vers du malheur et de la misère et sur lequel est monté le mental simiesque.

13.- Le corps, avec son visage souriant, ressemble à une grande plante qui porte les fruit à la fois du bien et du mal; mais il est devenu la demeure du dragon de l'avarice et une coloniede corbeaux de la colère.

14.- Nos bras sont comme les branches des arbres, et nos paumes ouvertes comme de beaux bouquets de fleurs, les autres membres sont comme des ramilles et des feuilles et ils sont continuellement secoués par la respiration de la vie.

15.- Les deux jambes sont les tiges droites et les organes sont le siège des oiseaux des sens. Sa jeune fleur est une ombre pour le passager voyageur de l'amour.

16.- Les cheveux qui pendent de la tête ressemble à l'herbe haute qui pousse sur l'arbre, et l'égoïsme est semblable à un vautour qui casse l'oreille avec ses cris hideux.

17.- Nos différents désirs, comme les racines pendantes et les fibres du figuier, semble supporter le tronc du corps, bien qu'il soit usé par le travail jusqu'au désagréable.

18.- Le corps est la vaste demeure de l'égoïsme de son propriétaire, et c'est pourquoi il n'est d'aucun intérêt pour moi de savoir s'il dure ou s'il tombe.

19.- Ce corps qui est relié à ses membres comme à des bêtes de somme et qui est la demeure de sa maîtresse l'Avarice, recouverte de ses couleurs de passions, ne m'offre absoplument aucun plaisir.

20.- Cette demeure qui est le corps, bâti par la charpente de la colonne vertébtale et des côtes, composé de vaisseaux cellulaires assujettis ensemble par les cordes des entrailles , n'est pour moi en rien attrayant.

21.- Cette maison qui est le corps, assujetti avec les cordes des tendons, construit avec l'argile du sang et de l'humidité et plâtré de blanc avec la vieillesse, ne s'accord en rien à mon goût.

22.-Le mental est l'architecte et le maître de cette demeure corporelle et nos activités sont ses soutiens et ses serviteurs; il est rempli d'erreurs et d'illusions que je n'aime pas.

23.- Je n'aime pas cette demeure qu'est le corps avec son lit de plaisir d'un côté et de l'autre les cris de souffrance qui sont semblables à ceux de ses enfants et où nos mauvais désirs sont au travfail comme ses servantes hurlantes.

24.- Je ne peux aimer ce corps qui, comme un tas d'immondices, est rempli de la saleté des affaires profanes et qui tombe en pussière sous la rouille de notre ignorance.

25.- C'est un taudis qui se tient sur les deux appuis de nos talons et qui est supporté par les deux pieux de nos jambes.

26.-Ce n'est pas une maison charmante, là où les organes externes jouent leur rôle tandis que sa maîtresse, l'entendement, est assise à l'intérieur avec sa couvée d'anxiétés.

27.- C'est une hutte couverte du chaume des cheveux de la tête, décorés des tourelles des oreilles et ornés de pierres précieuses au sommet, je ne l'aime pas.

28.- Cette maison qu'est le corps es murée tout autour par tous ses membres et elle est assaillie par les cheveux qui poussent sur elle comme des oreilles de maïs. Elle au-dedans un espace vide qu'est le vendre, et cela je ne l'aime pas.

29.- Ce corps avec ses ongles semblables à ceux de l'araignée, ses entrailles qui grognent à l'intérieur comme des chiens qui aboient et ses vents internes qui émettent des sons effrayants, ne sera jamais pour moi quelque chose de plaisant.

30.- Qu'est-ce que cde corps si ce n'est un passage pour l'inspiration et l'expirations incessante du prana ? Ses yeux sont comme deux fenêtres continuellement ouvertes et fermées par les paupières. Je n'aime pas une maison comme celle-ci.

31.- Cette maison qu'est le corps, avec son immene porte de la bouche, le pêne de la langue et les barres des dents ne m'est pas plaisante.

32.- Cette maison qu'est le corps, avec le blanc des pommades sur la peau, le mécanisme des membres en mouvement continu et le mental agité qui creuse sa base comme la souris malicieuse, je ne l'aime pas.

33.- De doux sourires comme des lampes qui brillent servent à allumer cette maison qu'est le corps pendant un moment, mais elle est aussitôt assombrie par un nuage de mélancolie, c'est popurquoi je ne puis en être heureux.

34.- Ce corps qui est la demeure de maladies, et qui est sujet aux rides et à la décrépitudes, ainsi qu'à toutes sortes de souffrances, est une maison qui ne peut me plaire.

35.- Je n'aime pas ce désert du corps qui est infesté des ours des sens. Il est vide et creux au-dedans, avec de sombres cavernes à l'intérieur.

36.- Je suis incapable, ô chef des sages, de traîner mon domicile qu'est ce corps, tout comme un éléphant faible est inccapable d'en retirer un autre plongé dans une fosse boueuse.

37.- De quel bien est la richesse ou la royauté, ce corps et tous ces efforts, quand la main du temps doit tous les détruire en peu de jours ?

38.- Dis-moi, sage, ce qui est agréable en ce corps qui n'est qu'une composition de chait et de sang tant à l'intérieur qu'à l'extérieur et qui est frêle par nature ?

39.- Le corps ne suit pas l'atman après la mort; dis-moi quel regard doit avoir l'érudit pour une une chose ingrate comme celle-là ?

40.- Il est aussi instable que les oreilles d'un éléphant en furie et aussi inconstant que les gouttes d'eau qui gouttent de ses extrêmités. Aussi aimerai-je l'abandonner avant qu'il vienne à m'abandonner.

41.- Il est aussi frémissant que les feuilles d'un arbre secoué par le vent et oppressé par les maladies et les fluctuations du plair et de la peine. Je n'ai aucun goût pour saon aigreur et son amertume.

42.- Avec toute sa nourriture et sa boisson à jamais, il est aussi tendre qu'un feuillet et il est réduit à la maigreur en, dépit de tous nos soins et il court rapidement vers sa dissolution.

43.- Il est à maintes reprises sujet au plaisir et à la peine, et à la succession de la richesse et de la destitution, sans être honteux de lui comme le vulgaire troupeau sans scrupule.

44.- Pourquoi nourrir ce corps plus longtemps, quand il n'acquiert aucune excellence ni aucune durabilité de son état après avoir joui de la prospérité et exercé l'autorité pendant un certain temps.

45.- Les corps des riches aussi bien que ceux des pauvres sont de la même manière sujets à la décrépitude et à la mort au temps fixé.

46.- Le corps est étendu comme une tortue dans la caverne de l'avarice au sein de l'océan du monde. Il y demeure dans la boue dans un état muet et engourdi, sans un effort pour sa libération.

47.- Nos corps qui flottent comme des tas de bois surles vagues du monde servent à la fin de combustible pour le feu des funérailles; excepté quelques-uns de ceux-là qui passent pour des corps humains pour le regard du sage.

48.- Les sages ont peu à faire de cette arbre qu'est le corps et qui est assalli de maux comme des orchidées nocives autour de lui et qui produit le fruit de la perdition.

49.- Le corps, comme une grenouille, repose plongé dans le bourbier de la mortalité où il périt aussitôt qu'il est connu avoir vécu et être parti.

50.- Nos corps sont aussi vides et flottant que des coups de vent, ils passent au-dessus d'un sol poussiéreux où personne ne sait d'où ils viennent ni où ils vont.

51.- Nous ne connaissons pas la route de nos corps, comme nous ne connaissons pas celles des vents, de la lumière et de nos pensées; tous ils viennent et s'en vont, mais d'où et où, nous n'en savons rien.

52.- Honte à ecux, qui sont si frivoles avec l'ébriété de leur erreur qu'ils ont confiance en n'importe quel état ou en n'importe quelle durabilité de leur corps.

53.- Ce sont les meilleurs des hommes, ô sage, cque ceux dont le mental est au repos avec la pensée, dont l'ego ne subsiste pas dans le corps et qui à la fin ne sont pas leurs corps.

54.- Ces hommes dans l'erreur qui ont un sens élevé de l'honneur, qui craignent le déshonneur et qui prennent pllaisir dans l'excès de leurs gains, sont en vérité les assassins à la fois de leur corps et de leur âme.

55.- Nous sommes déçus par l'illusion de l'égoïsme qui, comme une diablesse,; demeure cachée dans la cavité du coeur avec toute sa sorcellerie.

56.- Notre raison sans aide est prise en esclavage comme une esclave dans la prison de nos corps par la diablesse malicieuse de la connaissance fausse.

57.- Il est certain que tout ce que nous voyons ici est irréel, et c'est pourtant merveille que la masse des hommes soit conduite à la tromperie par le vil corps qui a blessé la cause de l'âme.

58.- Nos corps sont aussi flottant que les gouttes d'une chute d'eau, et ils tombent en peu de jours comme les feuilles fânées des arbres.

59.- Ils sont aussi rapidement dissous que des bulles dans l'océan; aussi est-ce en vain qu'il doive s'élancer dans le tourbillon des affaires.

60.- Jze n'ai pas un moment de confiance en ce corps qui se h^pate sans cesse vers la décrépitude; et je regarde ses illusions pleines de changement comme un état de rêve.

61.- Que ceux qui ont foi dans la stabilité de l'éclair, dans celle des nuages d'automne et dans les chateaux de glance placent leur confiance dans ce corps.

62.- Il a surpassé toutes les autres choses qui sont condamnées à la destruction par son instabilité et son caractère périssable. Il est de plus sujet à une foule de maux; aussi l'ai-je réduit à rien et ai ainsi obtenu mon repos.